Louis Althusser est apparemment marxiste, mais son marxisme est remarquablement dénué de dogmatisme. Il épargne aux lecteurs de ce petit livre dense et vif les références d’usage à la bonne doctrine et les habituelles considérations sur la biographie de l’auteur étudié et l’influence qu’ont exercée sur sa pensée son milieu familial et la société dans laquelle il a vécu. C’est par une analyse interne que Louis Althusser met en lumière l’unité de l’œuvre de Montesquieu et qu’il souligne les présupposés politiques et les partis pris qui l’inspirent.
Louis Althusser commence par montrer ce qu’ont de révolutionnaire la méthode de Montesquieu et sa théorie de la loi. Refusant de juger ce qui est par ce qui doit être et de soumettre les faits politiques aux concepts abstraits du droit naturel. Montesquieu propose de la loi une définition proprement scandaleuse, puisqu’il en fait non pas un commandement auquel il convient d’obéir, mais un rapport entre des variables qu’il convient d’observer. Ainsi s’expliquent la typologie des gouvernements que propose Montesquieu et sa distinction classique entre la république (qui appartient, selon lui, au passé), le despotisme (derrière lequel il vise la monarchie absolue) et enfin la monarchie.
C’est ici qu’apparaissent clairement les préférences politiques de Montesquieu. Reprenant et prolongeant les observations de Charles Eisenmann, Louis Althusser montre que Montesquieu n’a jamais été un théoricien de la séparation des pouvoirs. L’intention profonde de son œuvre est de convaincre le monarque qu’il a tout à perdre s’il ne s’appuie pas sur la noblesse et la noblesse qu’elle a tout à craindre d’un despote, qui risquerait de provoquer des convulsions populaires…
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