En se détournant du contact visuel et tactile avec l’analysant en séance, en cherchant à éviter l’influence des expressions de son visage sur le patient ou encore la fatigue des longues heures en face à face, Freud affirmait la psychanalyse en tant que cure de parole.
Ce retrait du voir, marque symboliquement l’abandon de l’hypnose, l’éloignement du corps-à-corps soignant et l’ouverture du champ du regard « psychanalytique » vers le dedans. En différenciant le visible et l’invisible, il révèle du même coup en négatif non seulement la pulsion scopique, le désir et l’interdit de voir mais le vaste champ du regard, tant interrogé depuis toujours par les philosophes.
Au fil des recherches freudiennes et postfreudiennes, le regard apparaît à la fois comme constituant du sujet, impliqué dans les aléas de son devenir, source et objet de la pulsion, actif et passif, objet et sujet, identifié parfois à l’âme elle-même, puis, comme outil de l’exploration de la psyché et du monde ou inversement voie d’entrée de celui‑ci. Enfin, last but not least, il se présente comme une forme de langage fondamental pour toucher, séduire, aimer ou tuer, comprendre ou fuir, il est autant imprégné d’animalité que de culture.
Les innovations technologiques dès le xixe siècle, du microscope au télescope, de la photographie au rayon X, à l’endoscopie, à l’échographie, aux instruments de plus en plus perfectionnés, exaltent son pouvoir de pénétration à (ou de) l’infini, faisant simultanément courir à la vision le danger d’être réduite au scopique…
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