Alors que je n’avais pas encore eu entre les mains le dernier ouvrage de Catherine Chabert, La Jeune Fille et le Psychanalyste, son titre convoquait immédiatement en moi des références, puissantes et éloquentes, tant en musique qu’en peinture et littérature. Le plaisir initial, donc, de repenser un instant aux Jeunes filles en fleurs, à La Jeune fille à la perle, au baiser nostalgique de Marguerite au rouet et à La Jeune fille et la Mort. L’évocation de ces figures met déjà en scène le destin sexué que l’auteur va traiter durant tout son livre, en rendant compte des graves difficultés que rencontrent tant de jeunes filles à le vivre harmonieusement. Titrer sur l’adolescence aurait davantage fait lien avec une étape du développement, alors que » la jeune fille » condense temps et féminin. Et si le psychanalyste est ici mentionné comme partenaire (au masculin) de la jeune fille, c’est au nom, chez l’auteur, d’une intuition-conviction, peut-être provocante, à mon sens tout à fait légitime, car la présence de la bisexualité reste toujours en jeu dans le transfert et ses mouvements identificatoires.
Sur fond de cette présence, Catherine Chabert nous emmène dans un parcours foisonnant sur ce thème de « la jeune fille » et explore un champ, parmi d’autres, qu’elle a beaucoup approfondi : celui des voies de la passivité comme ouverture et/ou entrave à la féminité.
J’ai personnellement suivi beaucoup de ces jeunes adolescentes blessées, déçues, désenchantées, après avoir longtemps travaillé dans le service de psychiatrie pour adolescents du Professeur Jeammet, soutenue et enrichie dans mon cheminement par les diverses équipes…