Notes
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[1]
Die Tatsache geschlechtlicher Bedürfnisse bei Mensch und Tier drückt man in der Biologie durch die Annahme eines “Geschlechtstriebes” aus. Man folgt dabei der Analogie mit dem Trieb nach Nahrungsaufnahme, dem Hunger. Eine dem Worte “Hunger” entsprechende Bezeichnung fehlt der Volkssprache ; die Wissenschaft gebraucht als solche “Libido”.
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[2]
« Envie, désir, désir de la volupté, désir amoureux », dit le dictionnaire Gaffiot.
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[3]
« Désir, envie, passion, ambition, convoitise, cupidité », in Gaffiot.
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[4]
Commission linguistique pour l’unification du vocabulaire psychanalytique français, séance du 29 mai 1927. « Sur la proposition de M. Hesnard, le vocable pulsion est adopté à l’unanimité pour traduire Trieb. » Revue française de psychanalyse, 1927, t. I, n° 2, pp. 403-405. Je remercie Alain de Mijolla de m’avoir fourni cette précision.
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[5]
Kalmanovitch traduit « la continuité d’existence de chaque individu humain, continuité qui constitue le self » ; traduction maintenue dans la seconde édition de 1989, p. 141. Cette traduction efface la force de la formulation.
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[6]
lgbtiq : Lesbien Gay Bisexuel Transgenre Intersexe Queer. Queer est un mot anglais qui signifiait « bizarre » et a été utilisé pour stigmatiser les homosexuels, puis a été repris avec fierté d’abord par les homosexuels, ensuite pour caractériser une identité indifférenciée, d’aucun sexe/genre, de l’un ou l’autre, ou des deux à la fois : on pourrait dire que, être queer, c’est se débarrasser du genre vécu comme carcan.
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[7]
Les journalistes présentent cette affaire comme si l’ensemble des Suédois adhérait avec enthousiasme à ces manifestations militantes, ce qui n’est pas le cas.
1Ce texte ne passera pas en revue toutes les acceptions données au concept de narcissisme par les successeurs de Freud, ce qu’a fait récemment, avec une grande clarté, Paul Denis dans son livre Le Narcissisme. On fera ici travailler ce concept seulement à partir de Freud et de Winnicott et à propos de deux situations cliniques, un cas d’autisme et le transsexualisme.
Les trois temps de la théorie de la libido
2Freud n’était pas un philosophe : il ne se sentait pas obligé pour penser son expérience de vie avec ses patients de rappeler ce qui avait été dit sur la condition humaine depuis les présocratiques jusqu’au dernier auteur en vogue, même s’il avait lu Emmanuel Kant et d’autres qui figurent dans sa bibliothèque, et s’il était allé écouter Franz Brentano. Mais il pensait en forgeant soigneusement ses concepts, ce qui est une autre manière de philosopher, et il le faisait à partir de mots simples, exceptionnellement des néologismes.
3Libido fut un néologisme, un recours au latin pour désigner le désir ou besoin sexuel en pendant à la « faim », Hunger, qui désignait le désir ou besoin alimentaire. Il est utile de rappeler une fois de plus (personne ne parvient à l’accepter !) que le premier paragraphe des Trois essais sur la théorie de la sexualité s’ouvre sur la présentation de cette terminologie et que Freud, c’est clair, ne fait pas de distinction entre désir et besoin, Bedurfnis [1]. Libido, c’est le désir amoureux, le besoin sexuel [2]. Aujourd’hui, de manière intéressante, de nombreux neuroscientifiques se réfèrent à Spinoza, un philosophe bien différent des autres ; dans L’Éthique, il parle du « désir », mais la traduction en français masque que, dans le texte original en latin, il s’agit de cupiditas [3], dont les connotations ne sont pas les mêmes que celles de libido.
4La libido, c’est un instinct sauvage, une force animale. En nous plaçant avec Freud dans la perspective de Charles Darwin, nous sommes aux antipodes de Jean Laplanche qui dénonce Le Fourvoiement biologisant de la sexualité chez Freud (1993) et se situe ainsi dans « la psychanalyse à la française », où l’on ne se remet pas de « la blessure biologique infligée au narcissisme humain » par Darwin, comme le dit Freud dans Une difficulté de la psychanalyse (1917 a [1916]) : on veut oublier que l’être humain est un animal, ce pourquoi, contre toute la tradition antérieure, on a traduit Trieb par « pulsion » au lieu d’« instinct » [4]. L’animal humain n’est pas une parole incarnée, la parole tombant du ciel transcendantal dans un vil corps, mais un animal qui parle.
5Avant qu’il y ait des mots et une prise de conscience, il y a une force vitale qui pousse le bébé à trouver le mamelon et à téter, il y a son besoin de se lover, de trouver la protection du giron et de la tendresse. On a lu Freud définissant le plaisir comme la réduction de la tension du désir, ce qu’il a fait, mais on a opposé à tort pleasure-seeking et object-seeking, car le sein, qui permet satisfaction et détente, vient avec la mère ou le biberon avec un porteur plus apprécié en lui-même s’il est de velours que s’il est de fil de fer (voir les expériences de Harry Frederick Harlow avec le petit singe). Freud a clairement parlé de tout ce que la mère apportait avec le lait, et l’opposition entre théorie de l’attachement et théorie de Freud n’est pas là : elle est dans l’ambivalence, qui est primaire pour Freud, secondaire pour John Bowlby (Chiland, 1999).
6Le conflit est au cœur de la vie pour Freud ; il est au cœur de la clinique parce qu’il est au cœur de la vie. Mais Freud a évolué dans la formulation des forces conflictuelles en présence.
7Dans un premier temps, Freud voit le conflit entre l’instinct sexuel au service de l’espèce et les instincts du moi au service de la préservation de l’individu. La libido pousse à l’accouplement et à la procréation. Dans une perspective darwinienne, l’être humain est poussé à s’accoupler, mais la disparition de l’œstrus rend l’accouplement possible en dehors des périodes de fertilité, dissocie plaisir et procréation. Ce pourquoi certains considèrent la sexualité humaine comme perverse dans sa dérive vers le plaisir et pensent que, chez l’enfant, la sexualité ne naît pas de son corps, mais de la séduction par l’adulte.
8La libido est cette force qui pousse vers l’autre pour s’accoupler. Ainsi conçue, elle est investissement objectal, investissement de l’autre et non de soi-même. Le bébé est dans une dépendance totale à l’égard de l’autre, des soins maternels, qui peuvent devenir « paternels ou parentaux ou substitutifs » avec l’utilisation du lait animal, produit de l’élevage. Freud ne dit pas qu’il n’y a pas un bébé et un parent, un moi et un objet, présents dès le début de la vie ; il dit qu’il n’y a pas de « représentation » des frontières séparant l’un de l’autre avant la fin de la première année ; les frontières se construisent en découvrant peu à peu que tout ce qui est bon n’est pas identique à ce qui est au-dedans de soi et tout ce qui est mauvais n’est pas identique à ce qui est au-dehors de soi ; il faut relire deux textes fondamentaux à cet égard : Pulsions et destin des pulsions (Freud, 1915 c) et La Négation (Freud, 1925 h).
9Dès lors, il y a deux pôles d’investissement et deux modalités d’investissement. Freud arrive au deuxième temps de la théorie de la libido avec la reconnaissance d’un investissement libidinal du moi. On peut discuter s’il faut dire investissement libidinal « du moi » avec Freud ou « du soi » avec Winnicott. Le moi de Freud est un appareil psychique structuré. Le soi est la pure « continuité d’être de l’être humain individuel » selon la définition que Winnicott en donne : « the individual human being’s continuity of being which constitutes the self [5] » (Winnicott, 1969, p. 248 en anglais, p. 72 en français).
10Appeler « narcissisme » l’investissement libidinal de soi convoque le mythe de Narcisse : ne plus aimer que soi et en mourir, alors que le narcissisme bien tempéré, bien arrosé de libido, est une nécessité vitale. Sans estime de soi, sans regard bienveillant porté sur soi-même, comment affronter la condition humaine et sa triple finitude, ontologique, temporelle et sexuée ? Les « écritures » judéo-chrétiennes prescrivent d’aimer son prochain comme soi-même. Le bouddhisme invite à porter un regard bienveillant sur soi-même comme sur autrui. Francis Pasche aimait à parler d’un rôle oublié du surmoi qui était d’aimer le moi et non pas seulement de le surveiller, critiquer, punir.
11Il est fâcheux d’utiliser le même vocable « narcissisme » pour l’investissement positif de soi et pour la faille de cet investissement, pour le narcissisme normal et le narcissisme pathologique, le narcissisme de vie et le narcissisme de mort.
12Pour fonctionner au mieux de ses possibilités, la personne ne doit pas être constamment en position de « défense narcissique » ; pour être autonome, se prendre en charge, veiller sur elle-même, elle doit être capable de s’accorder de la valeur. Quel est le lien entre le manque d’empathie pour l’autre et le manque de regard bienveillant sur soi-même ? La capacité d’empathie se développe-t-elle grâce à un circuit neuronal complexe intact dans sa structure et son fonctionnement ? Le regard plein d’amour et d’admiration de la mère a-t-il fait défaut ou l’enfant a-t-il été incapable de le percevoir ?
13Le troisième temps de la théorie de la libido fut de voir le conflit comme plus fondamentalement interne au sujet que le conflit entre conservation de l’espèce et conservation de l’individu, un conflit métaphorisé comme conflit entre la vie et la mort au sein de la psyché. La vie, c’est-à-dire la libido qui permet la perpétuation de la vie, la vectorisation de l’énergie vers la sexualité, et l’ensemble des forces de liaison qui maintiennent l’individu en vie, et la mort, force de déliaison. Plutôt que de perdre le lien avec l’objet, maintenir le lien avec un mauvais objet qui fait souffrir, ce dont témoignent la réaction thérapeutique négative, la répétition des rêves traumatiques, la dépression mélancolique avec l’ombre de l’objet qui plane sur le moi…
14Certains ont vu dans l’apoptose dont parle Ameisen (1999), dans les mécanismes de destruction au sein d’une cellule, un « suicide cellulaire » et une justification de l’instinct de mort tel que Freud l’a introduit. Je continue de penser que le terme de suicide suppose un soi conscient et une volonté de se donner la mort, ultime tentative désastreuse de maîtriser la souffrance. Les arguments cliniques de Freud en faveur d’une force autodestructrice me paraissent plus convaincants que sa spéculation « métabiologique » sur un retour à l’état premier inanimé (Chiland, 1970 ; 1975).
L’histoire de Caroline
15Dans « Narcisse ou le meilleur des mondes possibles », j’ai rapporté, en 1976, l’histoire de Caroline. Depuis la parution de ce texte, plus de trente ans se sont écoulés. J’ai cessé de voir Caroline quand elle a eu 27 ans après un traitement de seize années. Comme Evelyne Kestemberg (1958) l’a écrit, un moment vient où certains patients demandent à arrêter leur traitement ; ils pensent que c’est le traitement qui les rend malades ou les maintient dans la maladie. Le diagnostic porté au moment où l’on m’avait adressé Caroline était « pré-psychose ». Aujourd’hui, on dirait « syndrome d’Asperger », mais on parle de supprimer ce diagnostic… Ce n’est pas l’étiquette qui importe, mais le vécu.
16Caroline avait conscience d’être « bizarre » et pensait qu’il fallait arrêter le traitement pour être moins bizarre. J’accédai à sa demande, j’avais le sentiment de ne plus rien pouvoir lui apporter de neuf. Il faut se méfier des traitements interminables, mais il y a des patients qu’il faut suivre au long cours, qu’il faut soutenir faute de pouvoir les guérir (Chiland, « Jusques à quand ? », 1991). Je l’ai revue au moment où elle a pris sa retraite ; titulaire d’une licence, elle avait travaillé régulièrement à mi-temps dans un emploi protégé jusqu’à 59 ans.
17Dans l’année qui suivit l’arrêt du traitement, Caroline fit des crises d’épilepsie, une bouffée délirante et développa une agressivité inhabituelle à l’égard de ses parents chez qui elle vivait. Naturellement, on sait qu’un pourcentage important d’autistes font des crises d’épilepsie. Et un certain nombre d’éléments peuvent laisser penser à un lien entre la pathologie de Caroline et ses structures cérébrales. Mais la combinaison brutale de ces trois pathologies survenant au moment où notre relation s’interrompit laisse penser que je parvenais à « contenir » ce qui s’agitait en elle. De même qu’on ne peut pas écarter, à côté des structures cérébrales, le rôle des interactions avec l’environnement dans leur fonctionnement.
18En raison de circonstances adverses, elle avait dû être confiée à sa grand-mère, que tout l’entourage décrivait comme redoutable. Plus tard, Caroline a écrit un petit poème :
20Caroline était atteinte d’une amblyopie sévère qui ne fut pas diagnostiquée d’emblée ; pendant plusieurs mois, si un regard bienveillant se porta sur elle, elle ne put pas s’en apercevoir. Il lui arrivait de vomir le lait du biberon, et sa grand-mère lui faisait ravaler le vomi, m’a-t-on dit.
21Quand elle entra à l’école maternelle, elle passait ses récréations, non à jouer avec ses camarades, mais à rester sous la cloche à attendre qu’elle sonne la fin de la récréation. Grande malvoyante, elle eut une éducation de voyante, apprit très bien à lire, excella dans le maniement du langage, plus tard dans celui de l’alphabet grec. Durant ses loisirs, elle se réfugiait dans un monde imaginaire, « Toulayinte », c’est-à-dire « tout joli » : elle en avait dessiné les rues, les maisons, les costumes, inventé les lois, écrit la messe… Depuis toujours, je ne comprends pas l’expression « manque d’accès à la symbolisation » que les collègues français utilisent pour caractériser l’autisme, alors même que certains autistes sont des calculateurs prodiges ou jonglent avec le langage et toutes sortes de symboles. C’est d’autre chose qu’il s’agit, qui se rattache au trouble de la communication, à l’absence de prise en compte de l’univers de l’autre, au défaut d’empathie. Depuis qu’on a découvert le circuit complexe de l’empathie, qui ne se limite pas aux neurones-miroirs, je pense que le trouble nodal de Caroline peut être décrit en termes de défaut d’empathie, structural et fonctionnel.
22Je mis longtemps à découvrir dans quel désert relationnel elle vivait. Elle ne s’en plaignait pas, elle ne disait jamais : « Je n’ai pas d’amis, j’en suis malheureuse. » Avec les amis de ses parents qui venaient à la maison, elle entrait en relation en leur montrant ses productions sur son monde tout joli ; on admirait ce qu’elle faisait. Mais en fait elle ignorait complètement les autres. C’est au cours de la cinquième année de son traitement que j’en pris une pleine conscience : je découvris qu’elle était incapable de reconnaître à l’allure, au visage et à la voix si deux filles rencontrées dans la rue étaient des inconnues ou ses camarades de classe au lycée privé à petit effectif qu’elle fréquentait alors (elle avait dû quitter le lycée public où ses conduites avaient angoissé condisciples et professeurs) ; il y avait douze filles dans sa classe et l’on était au mois de mai…
23On aurait pu porter cette non-reconnaissance au compte de l’amblyopie. Mais, dès qu’un détail me concernant changeait (une nouvelle broche au revers de ma veste), elle le voyait. Non, fondamentalement, elle pouvait « voir », mais ne percevait rien de ce que les autres vivaient, leurs pensées, leurs sentiments, etc. Plus même que l’impossibilité de les « percevoir », c’était l’impossibilité de « s’y intéresser » qui dominait. Elle aurait peut-être réussi des épreuves de la théorie de l’esprit, de « décentration piagétienne ». Ce dont elle manquait, ce n’est pas de l’« empathie sèche » de la théorie de l’esprit à la Berthoz, mais de l’« empathie humide » à la Decéty (Berthoz, 2004), pour reprendre une distinction faite par Jacques Hochmann (2012). Ce désintérêt de l’autre, Bruno Bettelheim a considéré qu’il répondait à ce que l’enfant ressentait chez ses parents, à tort ou à raison, comme désir de mort de leur part et on lui en a fait grand grief ; il comparait le monde extérieur tel que l’avait vécu l’autiste à l’univers concentrationnaire et essayait de lui procurer un univers où tout était bon, d’où le grand placard à friandises en libre accès et la nourriture dans toutes les pièces. Quand j’ai visité l’école orthogénique de Bettelheim à Chicago, j’ai été frappée par le fait que les autistes de haut niveau qui étaient là (Bettelheim n’accueillait que des patients de haut niveau) étaient capables de parler avec le visiteur des heures durant, mais d’eux-mêmes seulement. D’où venait ce besoin de Caroline de se replier dans un monde interne où tout était joli, comme si l’autre ne pouvait être que dangereux ? Quelle blessure tentait-elle de réparer ? Caroline ne disait pas que l’autre était dangereux, elle disait qu’il était sans intérêt : « Je ne parle pas avec mes compagnes de classe, parce qu’elles ne parlent que de choses futiles, de rouge à lèvres, de foulards… » Rétrospectivement, à soixante ans, elle me dit : « J’étais bien orgueilleuse avec Toulayinte. » Elle ne dit pas qu’elle souffrait, se sentait en danger et cherchait à se protéger, ce que l’interlocuteur est tenté de penser ; et lui donner une telle interprétation n’a jamais fait « tilt ».
24Caroline est capable d’éprouver des sentiments pour certains autres. Elle aime certainement ses parents, qui l’ont remarquablement accompagnée tout au long de sa vie et lui ont permis de mener une vie intéressante ; elle en parle avec humour. Mais elle n’a jamais noué une relation d’amitié personnelle, à plus forte raison une relation amoureuse. Avec moi, elle a eu une relation privilégiée, j’ai été celle à qui elle a confié ce qu’elle n’a confié à personne d’autre, c’est elle qui l’a dit. À partir du moment où elle a cessé de venir me voir, elle m’a écrit deux fois par an, pendant les vacances d’été et à l’occasion du Nouvel An ; j’ai toujours répondu.
25Un jour m’est venue l’idée de la revoir, une idée à la Winnicott ; je lui ai proposé de prendre un rendez-vous avec moi, ce qu’elle a fait avec empressement. Son père l’a conduite chez moi, le trajet faisait problème pour elle. Quand nous nous sommes retrouvées seules, elle m’a dit : « Reprenons où nous en étions restées. » Ce qu’elle a fait. J’ai été étonnée. Elle m’a parlé des lettres qu’elle m’envoyait où elle me parlait d’elle, de ce qu’elle faisait et m’a reproché d’avoir été trop « professionnelle » dans mes réponses, de ne pas parler de moi, de ce que je faisais. J’ai de nouveau été étonnée. J’ai tenu compte de sa demande. Mais en fait cela n’a pas changé grand-chose à nos échanges épistolaires.
26« Vaincre l’autisme », c’est le nom d’une association de parents attaquant violemment la psychanalyse. Est-il possible de vaincre l’autisme ? Personne ne sait encore comment. L’accompagnement de longue durée que j’ai donné à Caroline a certainement permis qu’elle ait une vie meilleure et a été un soutien pour ses parents. Mais le noyau autistique dans la relation avec autrui a perduré.
27Une conséquence de l’autisme est qu’elle n’est pas non plus capable de se prendre en charge, d’avoir un regard bienveillant sur elle, de se regarder « elle-même comme un autre » avec empathie, si je puis dire. L’année où elle a habité à Paris seule dans une chambre d’étudiante, elle se nourrissait le soir de boîtes de conserve qu’elle ne faisait pas chauffer. J’ai l’habitude de dire qu’un certain cassoulet qu’elle a mangé un soir avec la graisse figée sur les haricots m’est resté sur l’estomac… J’ai été inquiète pour sa survie (elle avait des moments suicidaires) et j’ai dû alerter ses parents.
28Aujourd’hui, elle sait avec lucidité qu’elle serait incapable de veiller sur elle-même et de vivre ailleurs que dans une maison de soins.
29Pour aimer un autre ou soi-même, il faut avoir été aimé. Évidemment la résilience du bébé au manque d’amour est plus ou moins grande. Et la capacité de percevoir l’amour plus ou moins grande aussi. Il faut s’exprimer avec prudence sur ces situations complexes.
30Le bébé a besoin de lire sur le visage de sa mère, ou d’un autre care-giver, l’admiration et l’amour qu’on lui porte, ce que Winnicott (1971) a si bien dit. Mais il peut se faire que le bébé soit incapable de voir ce regard qui est pourtant là, soit parce qu’il ne voit pas clair, soit parce qu’il n’est pas en quête de l’autre. Il y a des bébés qui font de leur mère une mère et d’autres qui découragent leur mère, tel « L’enfant qui venait du froid », décrit par Michel Soulé. La plus grande chance serait d’intervenir très tôt pour empêcher ou limiter la constitution de conséquences impossibles à mobiliser.
Le besoin vital d’occuper la place de l’autre sexe
31Le bébé dans des situations diverses peut vivre un grand malaise et tenter de s’en sortir en essayant d’occuper la place de l’autre sexe, telle qu’il la voit ou l’imagine. Il peut « transformer l’essai » et jouer si bien le rôle de l’autre sexe qu’il convainc son entourage, qui peut avoir ou non de bonnes raisons de se laisser convaincre qu’il appartient à l’autre sexe.
32Plus de trois décennies de travail avec les transsexuels m’ont conduite à cette hypothèse étiopathogénique de la constitution du transsexualisme. À l’intérieur du mouvement transgenre, le transsexualisme se caractérise par le refus du sexe biologique dans lequel la personne a été socialement assignée, assorti d’une demande de transformation hormono-chirurgicale (thc) du corps et de changement d’état civil.
33Cette hypothèse étiopathogénique dérange. Elle suppose que l’on croit à l’existence d’une réalité psychologique non réductible à la réalité neuronale, et susceptible d’entraîner des troubles lourds et irréversibles. Les médecins somaticiens ont du mal à croire à la puissance du psychisme et certains psychiatres renoncent à être des « médecins de l’âme » pour ne plus s’occuper que du corps. En répondant à la demande des transsexuels, on prend une décision lourde ; on transforme une personne dont le fonctionnement endocrinien est normal en un malade qui requiert un traitement hormonal substitutif pour le reste de sa vie. La seule justification de le faire est que la personne très malheureuse, au bord du suicide, va mieux après cette opération si l’indication en a été soigneusement portée. Néanmoins, on a ainsi ouvert une boîte de Pandore sans imaginer les maux qui allaient en sortir.
34Naturellement, il faut continuer de chercher les facteurs biologiques susceptibles de favoriser la croyance qu’on appartient à un sexe dont on n’a aucune des caractéristiques biologiques connues à ce jour. Mais quel que soit l’équipement biologique, le développement est épigénétique et se fait dans des interactions avec l’environnement. Des facteurs phénotypiques sans aucune portée biologique jouent un rôle décisif par les interactions avec l’environnement qu’ils déclenchent ; Kenneth J. Zucker et son équipe (Zucker et al., 1993 ; Fridell et al., 1996) ont montré que les garçons très féminins qui désirent devenir des femmes ont souvent été des bébés très jolis devant lesquels tous s’écriaient : « Quelle jolie petite fille vous avez là ! », tandis que les filles très masculines rêvant de devenir des hommes manquaient d’attractiveness et étaient hypertoniques et remuantes.
35On m’a ridiculisée parce que j’ai écrit que le transsexualisme était une maladie du narcissisme. C’était soit un truisme, soit un non-sens, a-t-on dit. Je maintiens que la personne transsexuelle souffre de l’impossibilité de s’estimer, de s’aimer, bref de vivre en tant que personne de son sexe. « Je ne veux pas crever dans la peau d’un mec », dit l’un d’eux dans un remarquable document télévisé (Gaillard et al., 1983). La personne transsexuelle ne supporte absolument pas son image dans le miroir. La création d’un néo-sexe est importante parce que, à celui qui ne croirait pas à la vérité de sa nouvelle identité, il pourrait montrer « son sexe », dit un homme transformé en femme (une personne transsexuelle mf, male to female, masculin vers féminin). Une personne transsexuelle fm (female to male, féminin vers masculin) dit : « Ma phalloplastie est très importante pour moi. Elle n’est pas très sensible, je ne peux pas pisser debout à travers elle, elle n’est pas érectile, elle ne me sert à rien dans mes relations sexuelles. Mais quand je me regarde dans la glace et que je la vois, elle est la preuve que je dis vrai quand je dis que je suis un homme. »
36Si l’on interroge les personnes transsexuelles sur ce que sont le féminin et le masculin, leur discours est remarquablement pauvre. J’ai mis longtemps à comprendre pourquoi. Le désir, le besoin vital d’appartenir à l’autre sexe a commencé à une époque où elles ne parlaient pas, n’avaient pas de représentation de la condition sociale de l’un ou l’autre sexe ; il n’y a pas de souvenir verbalisable. Les bébés garçons ressentaient fondamentalement le féminin comme plaire, séduire, déclencher le rire et le propos : « Comme il est mignon ! How cute, how smart ! » Les bébés filles ont ressenti fondamentalement le besoin d’échapper à la dépréciation du féminin régnant dans la famille et à la dépression de la mère, et de s’exprimer comme actifs, responsables, protecteurs. Le résultat à l’âge adulte est l’insertion sociale meilleure des fm ; c’est seulement chez les mf qu’on trouve en nombre important des personnes vivant de subsides sociaux.
37Les personnes transsexuelles ne veulent pas la suppression de la distinction de sexe/genre et des stéréotypes par lesquels on l’annonce. Ce que la personne transsexuelle veut fondamentalement, c’est occuper la place de l’autre sexe. Pour ce faire, elle joue le rôle de l’autre sexe ; elle peut le jouer de manière parfaitement convaincante, ce qui ne prouve rien, car les acteurs dans certains films jouent, impersonate dit la langue anglaise, très bien le rôle de l’autre sexe. Le néo-vagin est nécessaire pour jouer le rôle sexuel de l’autre sexe, avoir des relations sexuelles. La phalloplastie n’est pas un pénis fonctionnel et un pourcentage important de fm renoncent à en avoir une en France (un tiers à un quart) en attendant qu’on ait fait des progrès techniques, et le couple se déclare suffisamment satisfait de ses relations sexuelles ; certains pourtant sont prêts à risquer leur vie pour avoir quelque chose de leur corps propre avec quoi pénétrer leur partenaire, mais le mobile essentiel de la thc chez une personne fm n’est pas l’envie du pénis.
38Les compagnes de fm regardent leur partenaire comme un homme. Ce n’est pas le pénis qui fait l’homme, ou la complétude narcissique et la valeur sous le nom de phallus, mais l’identification aux caractéristiques masculines et paternelles de la culture. Ces femmes, à l’exception d’une seule sur soixante-huit que j’ai rencontrées, n’ont jamais eu de relation homosexuelle avec une femme auparavant, seulement des relations hétérosexuelles avec des hommes ; l’une d’elles a formulé de manière remarquable que cet homme-là « n’est pas une femme, pas un homme comme les autres, il est un homme construit » et toutes disent qu’il est plus gentil que les autres hommes qu’elles ont connus…
39À partir du moment où l’on n’interdit pas la thc, il est nécessaire d’accorder le changement d’état civil pour ne pas mettre la personne dans une situation absurde. Il s’agissait, quand on l’a fait, d’un petit nombre de personnes. Mais avec le développement du mouvement transgenre, l’adhésion au militantisme lgbtiq [6], le nombre de ceux qui demandent le choix libre du genre ou la disparition de sa mention à l’état civil a considérablement augmenté. Avec des décisions prises au coup par coup, on n’a jamais réfléchi à la situation que l’on créait et au sens nouveau que prennent les mots « homme » et « femme », si l’on dissocie l’homme ou la femme biologique de l’homme ou de la femme psychologique et sociale. La notion de genre au sens identitaire et non pas grammatical était apparue avec John Money en 1955 pour distinguer le psychologique et le social du sexe biologique. Mais elle a abouti avec ce qu’on appelle en France « la théorie du genre » à une absurdité : le déni de la réalité biologique. Les principes de Yogyakarta (2006) proclament que c’est un droit humain de choisir son genre. Dans le texte du commissaire aux droits humains auprès du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg (2009), le genre est défini comme une « identité innée », il ne se distingue donc plus du sexe, il s’agit de choisir son sexe/genre.
40Un mouvement militant qui se développe de plus en plus déclare qu’on ne doit pas dire à l’enfant qu’il est un garçon ou une fille, c’est à lui de le décider. Et l’on met en place des établissements d’accueil pour les jeunes enfants en Suède, aux États-Unis, où toute distinction entre filles et garçons disparaîtra : on les appellera en suédois [7] avec un pronom inhabituel, hen au lieu de han (il) ou hon (elle) ; hen avait été introduit récemment pour désigner à la fois des hommes et des femmes, de la même manière qu’en français de France ou du Québec des militants refusent que le masculin pluriel renvoie à des hommes et des femmes et veulent qu’on écrive : « les professeurs et les professeures » (Québec) ou les « professeur-e-s » (France), etc. Mais fait-on d’un être humain un homme ou une femme par le seul fait de le regarder et de le nommer comme tel ? On va multiplier le nombre de ceux qui vont souffrir de découvrir qu’on leur a menti, qu’ils n’ont pas le corps qui correspond à leur nomination. Ceux qui sont à l’origine de cette « théorie du genre » ne pensent pas à cette souffrance ; ils n’ont en tête que la déstigmatisation la plus complète possible de l’homosexualité et se réfèrent aux premiers écrits de Judith Butler (1990) où elle avait affirmé que les sociétés ont inventé la distinction des sexes pour fournir un appui à la discrimination des genres, en particulier au rabaissement de la femme et à l’oppression des lesbiennes. Nous sommes hostiles à la stigmatisation de l’homosexualité. Mais la « théorie du genre » est un curieux amalgame de l’identité sexuée et de l’orientation sexuelle associant les deux propositions suivantes, comme si l’on pouvait choisir de façon aussi simple son sexe et sa sexualité :
42– Certains garçons sont attirés par des garçons, certaines filles par des filles, ce sont des différences naturelles, il ne faut pas les persécuter.
43Le premier propos, qui est repris de Simone de Beauvoir, est subverti : de la lutte légitime contre des stéréotypes arbitraires rabaissant les femmes, on passe à la négation de la distinction biologique des sexes ; cette différence éclate pourtant dans leur rôle différent dans la procréation, mais précisément on veut libérer les femmes de l’hétérosexualité obligatoire (Gayle Rubin) ou de leur arraisonnement (Nicole-Claude Mathieu, 1985) lié à la procréation.
44Le deuxième propos s’autorise du constat que les garçons très féminins deviennent environ trois fois sur quatre des homosexuels ou des bisexuels pour accuser de « génocide homosexuel » quiconque essayant d’éviter à un petit garçon les moqueries et les persécutions par une meilleure acceptation de son sexe. C’est la société qui doit changer, dit-on, et laisser à l’enfant la liberté d’exprimer sa féminité ; mais exprimer de la féminité en jouant à la poupée, etc., est autre chose que déclarer qu’on est ou deviendra une fille quand on a un corps de garçon.
45Ce que l’on doit enseigner aux enfants (et faire respecter aux adultes !), c’est de n’avoir pas peur des différences de toutes sortes : sexe, origine, couleur de peau, langue, religion, handicaps, etc. C’est aussi faire connaître aux enfants ce qu’est la réalité de leur corps et les préparer aux événements biologiques qui surviendront. Ce à quoi on doit travailler dans toute la société, c’est à la suppression des stéréotypes inégalitaires et infamants et de la hiérarchisation des différences, mais non pas à la suppression de toute différence et de toute annonce du sexe auquel on appartient. Il ne faut pas confondre différences de nature et inégalité de droits. Quand Henri Atlan (2005) écrit que l’utérus artificiel, dont il ne semble pas douter qu’on le réalise prochainement, établira enfin l’égalité entre hommes et femmes, est-ce une provocation comme ses amis le disent ou un propos aberrant ? Certes l’utérus artificiel supprimera la différence entre engendrer (« un petit coup de quéquette ») et enfanter (neuf mois de gestation, qui ne sont pas sans danger pour la femme, et l’accouchement dans la douleur pour punir les filles d’Ève de la faute de leur mère) et l’homme n’aura plus à envier à la femme son pouvoir d’enfanter. Mais l’égalité entre les salaires, la parité et tutti quanti ne seront pas acquis pour autant.
Conclusion
46La réflexion sur le narcissisme comme investissement positif, bénéfique, de soi nous a entraînés loin. Le mythe de Narcisse débouchait sur la mort. Le regard positif de l’autre nous permet une bienveillance à l’égard à la fois d’autrui et de nous-mêmes. À la lumière de ces considérations, nous avons essayé de mieux comprendre le noyau dur de l’autisme.
47Notre appartenance sexuée occupe une place centrale dans notre investissement narcissique. Nous avons débouché sur la nécessité d’une réflexion approfondie sur ce que sont un homme et une femme avant de prendre des mesures sociétales au sujet du sexe/genre au lieu de traiter de ringards ceux qui pensent qu’on ne construira pas une société nouvelle meilleure sur la base du déni de la réalité biologique.
48Le Narcisse sauvage des montagnes est arrosé par l’eau fraîche des torrents et fleurit blanc, beau et odorant. Arrosons chacun notre petit Narcisse de libido pour favoriser notre relation aux autres, à l’autre de l’autre sexe et à l’autre du même sexe.
Références bibliographiques
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Mots-clés éditeurs : autisme, regard de l'autre, narcissisme, libido, empathie
Date de mise en ligne : 29/03/2014
https://doi.org/10.3917/rfp.781.0110Notes
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[1]
Die Tatsache geschlechtlicher Bedürfnisse bei Mensch und Tier drückt man in der Biologie durch die Annahme eines “Geschlechtstriebes” aus. Man folgt dabei der Analogie mit dem Trieb nach Nahrungsaufnahme, dem Hunger. Eine dem Worte “Hunger” entsprechende Bezeichnung fehlt der Volkssprache ; die Wissenschaft gebraucht als solche “Libido”.
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[2]
« Envie, désir, désir de la volupté, désir amoureux », dit le dictionnaire Gaffiot.
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[3]
« Désir, envie, passion, ambition, convoitise, cupidité », in Gaffiot.
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[4]
Commission linguistique pour l’unification du vocabulaire psychanalytique français, séance du 29 mai 1927. « Sur la proposition de M. Hesnard, le vocable pulsion est adopté à l’unanimité pour traduire Trieb. » Revue française de psychanalyse, 1927, t. I, n° 2, pp. 403-405. Je remercie Alain de Mijolla de m’avoir fourni cette précision.
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[5]
Kalmanovitch traduit « la continuité d’existence de chaque individu humain, continuité qui constitue le self » ; traduction maintenue dans la seconde édition de 1989, p. 141. Cette traduction efface la force de la formulation.
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[6]
lgbtiq : Lesbien Gay Bisexuel Transgenre Intersexe Queer. Queer est un mot anglais qui signifiait « bizarre » et a été utilisé pour stigmatiser les homosexuels, puis a été repris avec fierté d’abord par les homosexuels, ensuite pour caractériser une identité indifférenciée, d’aucun sexe/genre, de l’un ou l’autre, ou des deux à la fois : on pourrait dire que, être queer, c’est se débarrasser du genre vécu comme carcan.
-
[7]
Les journalistes présentent cette affaire comme si l’ensemble des Suédois adhérait avec enthousiasme à ces manifestations militantes, ce qui n’est pas le cas.