Notes
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[1]
Voir tout récemment la contribution originale d’E. Laufer (2012).
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[2]
P. Gutton, (1991, p. 47) : « La violence de l’Œdipe génital a tendance à ramener à un “inceste primordial mère-bébé” et fait resurgir l’archaïque. »
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[3]
Cette formulation fait écho à la notion greenienne de « position phobique centrale » (La pensée clinique, 2002) et à son corollaire, la distinction entre une bonne et une mauvaise passivité (« Passivité-passivation : jouissance et détresse », 1999) – ainsi qu’à la conception proposée par B. Penot dans La Passion du sujet freudien (2001) : la réussite du processus de subjectivation à l’adolescence suppose un dur apprentissage des éprouvés pulsionnels comme passivants, du point de vue du moi ; le moi intrusé et effracté tant par l’objet cause de son désir que par ses pulsions propres, s’engage dans un travail d’introjection et de symbolisation, il devient « sujet » dans un double rapport passif à la pulsion et à la signifiance.
1Un patient fait souvent une demande d’analyse lorsqu’il est un jeune adulte, dans l’idée qu’une cure analytique pourrait l’aider à devenir plus pleinement lui-même grâce à une reprise interprétative des avatars de son adolescence toute proche. Si le psychanalyste suppose qu’une telle demande recouvre des conflits inconscients d’origine plus infantile, il peut aussi, et ce n’est nullement contradictoire, envisager une spécificité des troubles psychiques à l’adolescence. On peut penser avec R. Cahn que les états limites de l’âge adulte résultent de l’inachèvement du processus de subjectivation qui caractérise selon lui le moment adolescent, et ajouter qu’un tel inachèvement présume une difficulté plus originaire de la différenciation du moi-sujet, du Ich freudien, lors de l’enfance. À côté des états limites sur fond de pathologie structurelle de la différenciation subjectalisante, on trouve souvent, dans la clinique psychanalytique contemporaine, en particulier avec les jeunes adultes, des fonctionnements limites mélangés à une conflictualité névrotique – typiquement le tableau de ce que j’ai proposé récemment de concevoir comme « l’Œdipe déformé des patients d’aujourd’hui » (Richard, 2012). Cet Œdipe déformé est biface, d’un côté le conflit intrapsychique génère une dynamique de symbolisation des représentations pulsionnelles et une ré-organisation des instances topiques (ça, moi et surmoi), mais d’un autre côté l’envahissement par la libido narcissique, les tendances à la déliaison des représentations et entre instances, détériorent les gains psychiques résultant de l’élaboration de la conflictualité œdipienne, qui devient moins perceptible, de sorte que l’on croit être confronté à un état limite carentiel – à tort : l’intériorité, sa créativité, restent mobilisables, en particulier si le psychanalyste sait entendre dans les pathologies en extériorité, une souffrance de l’intériorité.
2L’expérience du travail analytique avec les adolescents nous rend plus sensibles à ces difficultés complexes à être – à la fois névrose et fonctionnements limites – de nos patients en cures d’adultes. La situation analysante génère une parole vouée à la nostalgie des objets perdus des amours infantiles. La temporalité est réinvestie comme répétition aggravante d’une séparation originaire et l’infantile se voit du même coup construit comme une représentation atemporelle. Si l’enfance s’éloigne, l’éclat d’éternité de l’infantile s’avère au contraire hallucinatoire dans les éprouvés pubertaires que la parole analysante après-coup dépeint comme une folie que l’on a frôlée. La construction adolescente de l’infantile – et plus spécifiquement de l’archaïque de la petite enfance – devient ainsi le propre de l’adulte, lorsqu’un patient par exemple se souvient d’une errance ou d’une expérience toxicomaniaque de son adolescence, et repère ainsi une virtualité, en lui, de fonctionnement psychotique sous-jacent au fonctionnement limite.
3Selon P. Aulagnier, « c’est surtout en fin d’adolescence qu’on assiste au passage d’une potentialité psychotique à sa forme manifeste » (Aulagnier, 1984, p. 9), parce qu’à ce moment-là le « je » peut se trouver écartelé entre son propre mouvement (« identifiant ») vers de nouvelles identifications et l’exigence inconsciente d’un système familial pathologique qu’il ne change pas (ou qu’il demeure « identifié »). Il est alors confronté « à ce qu’il ne savait pas être devenu, à la réalisation de ce qu’il ne voulait pas devenir, à l’écart qui sépare le “devenu” de ce qu’il imaginait devenir » (Aulagnier, Ibid., p. 13). L’adolescent est condamné à un travail autobiographique propre à modifier la version infantile de son histoire dans une « auto-altération bien difficile à assumer » nécessaire à la poursuite de son « projet identificatoire ». La décompensation psychotique à l’adolescence révèle une impossibilité structurelle de changer et dévoile le réel de l’originaire qui s’exprime directement dans l’intensité des éprouvés pubertaires – à la fois génitaux incestueux et qui revivifient régressivement la proximité infantile avec le corps de la mère. P. Aulagnier découvre la « catastrophe identificatoire » de l’adolescent ne parvenant pas à devenir autonome à partir de sa pratique des cures d’adultes : l’analyse, dit-elle, des souvenirs après-coup de la confusion qui peut accompagner l’errance ou la fugue la plus banale lors de l’adolescence, est parfois la seule façon de reconnaître, puis d’analyser, dans une psychanalyse d’adulte, une potentialité psychotique demeurée pour l’essentiel silencieuse.
4L’insistance d’une potentialité psychotique, ou de fonctionnements psychotiques, se traduit, dans ce type de situation, par des mouvements régressifs inattendus, que le clinicien peut prendre pour une réaction thérapeutique négative, alors qu’ils représentent une invitation à prendre les choses autrement – à reconnaître et à analyser un défaut du refoulement originaire, comme Freud en fait l’hypothèse lorsqu’il cherche à comprendre ce qui parfois s’oppose au traitement, au-delà de toutes les explications connues sur les résistances : il en vient en effet à envisager une « correction après-coup du processus de refoulement originaire » (Freud, 1937 c, p. 242) comme la condition d’un changement réel, véritable et durable. Le travail analytique devrait-il aller jusqu’à l’originaire, jusqu’à ces zones de sidération face à des représentations pulsionnelles qui n’auraient jamais dû être conscientes ? Les hypothèses de P. Aulagnier sur l’examen après-coup des troubles limites à l’adolescence comme une bonne méthode pour s’approcher prudemment de l’originaire, peuvent être mises en relation, nous le verrons, avec celles d’A. Green sur le désengagement subjectal dans le travail du négatif. Il faut aussi noter ici la proximité avec les conceptions sur la prégnance structurelle de fonctionnements psychotiques engendrés par les avatars du processus d’adolescence dans les états limites, aussi bien chez les adolescents que chez les adultes [1].
5Finir l’adolescence dans une cure d’adulte jette sur ces zones périlleuses une couverture protectrice : les interprétations et les constructions peuvent reconstituer l’épaisseur d’un espace préconscient, à condition que les attaques psychotiques n’aient pas trop endommagé les capacités de symbolisation du patient.
6L’adolescent ne veut rien savoir de son enfance et construit donc l’infantile – la névrose infantile – comme système atemporel de représentations. A. Green a pu dire de ce point de vue que l’adolescence était une « deuxième phase de latence » (Green, 1990) correspondant à l’opération suivante : « Psychiser – si l’on peut dire – en narcissisme pour préparer les changements dans les relations d’objet » (Green, 1988, p. 230). Freud suppose une pluralité de strates mnésiques correspondant à des époques différentes, ainsi que leur remaniement permanent, leur « traduction » en signes autres (Freud, 1985 c [1887-1904]). La modification est incessante, la trace mnésique est frayée une fois pour toutes, ce paradoxe freudien introduit à une pensée de l’historicité comme complexe. Si, le plus souvent, la scène adolescente fait écran à l’enfance, parfois ce qui se présente comme un souvenir d’enfance sert à refuser un désir pubertaire (Freud, 1899 a). Freud repère dans l’imaginaire adolescent une temporalité en spirale, voire une authentique capacité de mise en perspective historienne :
« On doit se rappeler que les “souvenirs d’enfance” des hommes ne sont fixés qu’à un âge plus avancé (le plus souvent à l’époque de la puberté) et qu’ils subissent alors un processus de remaniement compliqué, tout à fait analogue à celui de la formation des légendes d’un peuple sur ses origines. On peut reconnaître clairement que l’adolescent cherche à effacer, par des fantasmes concernant sa première jeunesse, le souvenir de son activité auto-érotique. Il y arrive en élevant au niveau de l’amour objectal les traces laissées par l’auto-érotisme, tout comme le fait le véritable historien qui tâche d’envisager le passé à la lumière du présent ».
8La réécriture adolescente de l’enfance est le préambule du « travail de construction ou, si on préfère, de reconstruction » propre aux cures d’adultes, qui porte sur « quelque chose qui est encore vivant et non plus sur un objet détruit » (Freud, 1937 d, p. 271). Telle est la supposition minimale du psychanalyste lorsqu’il propose une analyse plutôt qu’une psychothérapie à un jeune adulte en proie aux remugles d’une adolescence inachevée. Comme le disent K. Bournova, A.-K. Kebir et S.-M. Passone :
« Quand le narcissisme est à vif pour avoir dû composer avec la réactivation œdipienne à l’ouverture à la bisexualité psychique, ou quand il y a eu recours prépondérant à des mécanismes de défense non névrotiques, et davantage encore chez ces patients se plaignant d’inhibitions et de difficultés existentielles sans symptomatologie précise ni conflictualité intrapsychique verbalisable, à travers et au-delà du travail du négatif, on peut chercher ce qui de l’adolescent et de son achèvement aurait absolument besoin même tard dans l’âge adulte d’une dynamique transféro-contre-transférentielle pour trouver enfin à se résoudre ».
L’apport des théories psychanalytiques de l’adolescence
10L’émergence pubertaire, parce qu’elle entraîne une reviviscence de la conflictualité et des émois œdipiens que la phase de latence avait mis en sommeil, peut susciter un vécu angoissant de rapprochement fusionnel avec l’objet primaire maternel interne, et, dit P. Gutton (1991, p. 47) [2], induire une régression brutale vers les ressentis psychiques du bébé : sensation de morcellement du moi, sidération face à des perceptions trop intenses, excitation vécue dans la passivité et la dépendance envers l’autre. La problématique œdipienne génitale peut ainsi involuer, selon P.-C. Racamier (1995), en relation « incestuelle » où sujet et objet se fétichisent réciproquement sur un mode psychotisant, après une phase de grande hystérie, où le refoulement échoue à contenir la régression vers l’archaïque dont parle P. Gutton. La logique du conflit œdipien peut ici coexister avec d’importants troubles des limites, il faudra veiller à analyser ces deux niveaux en sachant que la prégnance apparente de l’archaïque peut servir à éviter le conflit œdipien et inversement, qu’une prévalence apparente de l’Œdipe peut faire sous-estimer ce que J. Bergeret appelait la « lignée dépressive-limite » (Bergeret, 1992). Interpréter la dimension archaïque à partir de et par l’Œdipe, en fonction de « l’attracteur œdipien » dont parle M. Ody (1986), est susceptible de transformer l’angoisse de l’adolescent en nouveaux investissements objectaux dès lors que l’interprétation est faite dans un échange calme et étayant. Commencer par analyser le complexe d’Œdipe pour seulement ensuite élucider l’archaïque préserve la relation à la réalité là où l’adolescent est menacé de basculer dans un univers où l’imaginaire envahit tout. Mais on ne saurait se contenter de cette technique, parce qu’elle peut donner à notre partenaire l’impression que nous voulons à tout prix le tirer vers le haut – ce qui suscite un sentiment d’être mal compris, et une résistance à ce qui est reçu comme un désir du psychanalyste animé par ses idéaux propres. En fait, c’est la contradiction entre les niveaux œdipien et archaïque qui est dynamisante parce qu’elle exige un travail psychique. À l’adolescence, dit R. Cahn (1991), l’interprétation doit porter de façon privilégiée sur les angoisses narcissiques de néantisation parce qu’elles condensent l’angoisse de la castration et l’angoisse dépressive. La contradiction entre l’Œdipe et l’archaïque correspond à un écart entre le deuxième et le troisième des Trois essais sur la théorie sexuelle : dans le deuxième, Freud fait de la plasticité du sexuel infantile l’essence de la psyché humaine, dans le troisième il parle de transformations qui mènent la vie sexuelle infantile à une forme adulte normale bien différente – tout en notant cette difficulté : le moi pour rencontrer l’objet génital et l’autre, la personne humaine, renonce à l’objet partiel prégénital qu’il se représentait comme total (le sein). Mais du même coup l’univers des objets partiels prégénitaux le hante, entre hystérie et perversion. Si l’idéal de normalité adulte contredit trop la perversité polymorphe et la bisexualité psychique de la sexualité infantile, une « cassure » ou, plus exactement, un breakdown (Laufer, 1983, 1989), à la fois cassure et effondrement vers le bas, risque de se produire, qui laisse des traces profondes et durables, réparables et analysables, ou non, plus tard, dans une analyse à l’âge adulte. De ce point de vue, l’épreuve œdipienne a lieu à l’adolescence plus que dans l’enfance, l’échec dans cette épreuve entraînant un trouble d’allure psychotique mais qui n’est pas la psychose :
« Je crois que décrire certains comportements de l’adolescent comme psychotiques est une erreur très importante… Toute psychopathologie de l’adulte, au-delà de la névrose, comporte dans son histoire une “cassure” à la puberté. Je suis aussi persuadé que la psychopathologie grave de l’adulte – et j’y inclus ce que l’on décrit comme la pseudo-psychose – est le résultat de l’intégration de cette “cassure”… Nos hôpitaux psychiatriques sont bondés de patients qui ne devraient pas y être ».
12Dans ce type de trouble psychique adolescent, le sujet, convaincu d’être l’objet adéquat du parent incestueux régresse au mode de la relation du bébé au sein de la mère. La référence à la fonction paternelle est fragilisée, l’identification primaire structurante à la figure du père idéal se dissociant entre une représentation grandiose de celui-ci et un mépris disproportionné par rapport aux arguments allégués. P. Blos considérait que la crise régressive comportait des potentialités de transformation : « Il s’agit de reculer pour mieux sauter en réexpérimentant des états moïques abandonnés » (Blos, 1997, p. 131), pour ensuite reprendre un développement plus satisfaisant, rythmé par l’expérience créatrice d’une dialectique souple entre régrédience et progrédience. De ce point de vue, le caractère dramatique de certaines pathologies adolescentes d’allure psychotique (schizoïdie, déréalisation, quête de l’hallucinatoire dans les addictions et les conduites extrêmes) mais en fait non psychotiques, exprimerait une tentative paradoxale de vaccin contre le danger d’un morcellement, destructeur du moi, encore plus radical.
13On gagne, me semble-t-il, à resituer la problématique du développement par rapport à l’ensemble moi idéal/idéal du moi/surmoi, lui-même relié à la perspective de la subjectivation. Lorsque le petit garçon, dit Freud, s’identifie à son père comme à un idéal, ce mouvement est tout à la fois narcissique et objectal, plus encore, il est intersubjectif, puisqu’alors « le lien porte sur le sujet du moi » – Subjekt das Ich (Freud, 1921 c, p. 168) – désignant dans la figure identificatoire (qui est aussi l’objet d’amour) la rencontre avec l’intériorité psychique d’un autre moi-sujet (Richard, 2011). Selon cette vue, le « développement » est transposé en césure topique, en modification dans la topique ça-moi-surmoi en direction d’un surmontement de l’Œdipe dans la relation à ce surmoi culturel (ou civilisé, ou encore collectif) dont parle Freud dans Malaise dans la civilisation. On passe ainsi d’une conception des fonctionnements limites comme limitrophes de la psychose à l’hypothèse d’une fissuration du moi idéal s’accompagnant d’une légère dépersonnalisation corollaire d’un sentiment d’omnipotence narcissique. La qualité de la subjectivation se décline selon une « échelle des degrés d’altérité de l’objet… l’auto-érotisme, le narcissisme, l’homosexualité, l’hétérosexualité » (Brusset, 1998, p. 180). Le « sujet du moi » dont parle Freud n’est autre, au fond, que le point d’oxymore de la perception de l’altérité interne de l’objet. Et, inversement, les auteurs qui pensent en termes de développement s’approchent souvent de la problématique de la subjectivation. Ainsi, M. Laufer : « Le traitement consiste à ce que la cassure qui s’est produite à la puberté soit revécue et ré-expérimentée avec le thérapeute… Ce n’est qu’au travers de la propre autorisation que l’adolescent se donne d’être dépendant de nous que l’on peut atteindre la déformation de sa vie interne » (Laufer, 1983, p. 69). L’adolescence « récapitule » la petite enfance dit Anna Freud, entre danger de chaos si le moi est débordé par les pulsions et danger de rigidification si la lutte défensive réussit trop bien. Cette tension peut mener au « mental breakdown » (par cette expression, Anna Freud anticipe M. Laufer). Comme P. Blos, elle juge que la pathologie régressive peut contribuer au travail de détachement avec les parents et d’attachement à de nouveaux objets : « Parfois, l’adolescence procure quelque chose de l’ordre d’une cure spontanée » (Freud A., 1997).
14La notion de subjectivation est apparue comme issue de la spécificité du travail analytique avec les adolescents présentant ces symptomatologies complexes que des cliniciens comme A. Freud, P. Blos, E. et M. Laufer avaient déjà perçues. Selon R. Cahn, dans Wo Es war, soll Ich werden, le moi apparaît comme « l’instrument en même temps que l’obstacle » d’une expansion de « ce qui de lui-même et de son fait même lui échappe » (Cahn, 2006, p. 8). Le terme de subjectivation parcourt son livre Adolescence et folie. Les déliaisons dangereuses (1991) et, en 1995, le sous-titre d’un autre de ses ouvrages, L’Adolescent dans la psychanalyse, sera « L’aventure de la subjectivation ». À sa suite, B. Penot publie La Passion du sujet freudien en 2001, la même année que celle de la parution de mon livre Le Processus de subjectivation à l’adolescence. La rencontre psychanalytique avec l’adolescent introduit à un meilleur entendement de la complexité des systèmes défensifs des adultes contemporains, dès lors que le point de vue de la subjectivation s’attache autant, et peut-être même plus, au devenir de l’adolescence, à la processualité difficile de sa terminaison, qu’au moment pubertaire. On comprend bien, à partir d’une clinique de l’adolescence, que la fréquente prévalence du clivage et de la projection – ainsi que les conduites addictives, la recherche de l’excitation et son expulsion dans des actes peu investis – chez les patients d’aujourd’hui, recouvre une angoisse de castration devenue si grande qu’elle envahit le moi tout entier. Avec l’adolescent, on appréhende en effet plus directement la dimension d’Œdipe déformé, et parfois même complètement distordu, recouverte par la projection, les passages à l’acte et l’angoisse de séparation. La façon dont de nombreux jeunes adultes évacuent l’érotisme psychique (l’élaboration interne des pulsions) dans des actes sexuels peu investis – ou, en tout cas, peu verbalisables – n’est-elle pas un prolongement de la dissociation entre le « courant tendre » et le « courant sensuel » dont parle Freud dans le troisième (consacré aux « transformations de la puberté ») des Trois essais ? On peut être surpris du mélange d’agirs pulsionnels en processus primaires, avec un sentimentalisme, parfois un discours néo-puritain, dans la société contemporaine : tout se passe comme si un moi adolescent, c’est-à-dire encore puéril, avait troqué la névrose actuelle et la psychonévrose d’angoisse contre l’économie étrange des procédés autocalmants par excès, puis saturation d’excitation. Les fonctionnements limites expriment cette tendance au désengagement subjectal à l’objet passant par la pulsion dont parle A. Green, mais restent ici intriqués à la problématique sexuelle. Le clivage n’est pas encore devenu structurel. L’équilibre est instable entre le conflit pulsionnel œdipien et les avatars de la reconnaissance primordiale par les premiers objets d’amour, en conséquence entre deux modalités transférentielles, l’une plus objectale et l’autre plus narcissique, relevant de ce que R. Cahn dénomme « transfert subjectal ». Le point de vue de la subjectivation favorise une tiercéité émergente qui reprend les avatars de la reconnaissance primordiale. Le point de vue de l’attracteur œdipien permet de relier cette problématique à une perspective plus symbolisante. On voit bien qu’il ne s’agit pas seulement de décrire certains adultes comme des « adolescents attardés », mais d’élargir la dimension cas-limite des adolescences sans fin en une vue plus globale. La propension du psychisme à aménager des clivages multiples, minuscules et peu visibles, dans une lutte défensive foncièrement phobique, est, avec le refoulement, au cœur du conflit névrotique – la banalisation des conduites en processus primaires, chez de nombreux adolescents mais aussi chez de nombreux adultes, traduit une tentative de dégagement brutal par déplacement massif vers un autre mécanisme, lequel ne se substitue pas au précédent mais le recouvre.
15Ce propos se situe dans le prolongement de contributions plus anciennes, qui en sont les précurseurs. J. Bergeret par exemple a théorisé l’état limite de l’adulte dans la continuité des avatars de l’échec de l’élaboration du complexe d’Œdipe à l’adolescence ; plus encore il voit dans celle-ci un carrefour subjectal :
« L’adolescence constitue le seul moment historique et psychogénétique de passage possible entre les lignées névrotique et psychotique, c’est-à-dire le seul moment où une pré-structure jusque-là de modèle névrotique pourrait encore donner naissance à une structure psychotique définitive, de même qu’une pré-structure jusque-là de modèle psychotique pourrait encore donner naissance à une structure névrotique définitive ».
17L’adolescence peut déboucher sur un flottement, la « lignée dépressive limite », autant que sur une stabilisation soit névrotique, soit psychotique. Il existe, selon E. Kestemberg, à l’adolescence, des états limites transitoires permettant au sujet de faire l’expérience d’un trouble subjectalisant, lorsque les identifications hystériques s’avèrent trop superficielles :
« On peut en effet postuler que les adolescents se considèrent du fait qu’on les considère… Identité et identification sont alors pratiquement un seul et même mouvement. On retrouvera dans l’adolescence, à la faveur du remaniement biologique et avec une acuité particulière, cette constante communication anxieuse entre l’autre et soi-même, entre identification et identité ».
19L’état limite résulterait du décalage entre « identification » et « identité » ; si l’identité tend à se fondre dans le mouvement identificatoire, elle disparaît et ré-apparaît dans une altération incessante ; le sentiment d’identité s’égare dans la fausse solution d’une néo-identité, celle des symptômes mis en scènes, il s’exprime aussi dans une soif de contact. La subjectivité se veut irréductible à quelque identification que ce soit, particulièrement à l’adolescence, en fait à tous les âges de la vie, ajoute E. Kestemberg dans un propos qui prolonge la notion d’élaboration de la position dépressive tout en lui procurant une acception autre : la dépression, à l’adolescence, « réveille et entraîne la déception sous-jacente qui court dans l’appareil psychique tout au long de l’existence » (Kestemberg, 1997, p. 154). L’idéal développemental promettait à l’enfant un accomplissement grandiose et ça n’était que ça, de sorte qu’il faut alors savoir retrouver le temps d’attendre et de fantasmer pour surmonter cette déception, le temps d’une adolescence peut-être sans fin, d’autant plus ardue à dépasser qu’en serait méconnu, dit P. Mâle, le caractère de répétition des « organisations anciennes profondes » à l’œuvre dans sa typique « morosité » (Mâle, 1982, p. 205). La dépressivité (adolescente et post-adolescente) correspondrait à une réédition d’un « refus d’investir le monde, les objets » (Mâle, Ibid.) que l’enfant a mis en place en réaction à une déception relationnelle première. Selon E. Kestemberg et P. Mâle, la psychothérapie de l’adolescent éclaire progressivement cette déception infantile, et devient ainsi une psychothérapie psychanalytique du jeune adulte. De ce point de vue, il faudrait commencer par traiter les blessures narcissiques primitives dans un style dialogique d’échange. Mais la causalité sexuelle doit être elle aussi travaillée, puisque la douleur d’avoir à se séparer avec les objets parentaux se renforce de la peur de s’engager avec de nouveaux objets de désir et d’amour – ce qui peut susciter de façon contra-phobique une précipitation dans un grand premier amour impossible en un « procédé de décollage d’urgence » (Guillaumin, 1999, p. 104) – occurrence propre à nourrir le récit des premiers entretiens préalables à une cure analytique du jeune adulte, récit dont les accents mélancoliques alertent et orientent vers une indication d’analyse. Le clinicien se trouve dans la situation évoquée par Freud :
« On ne peut pas clairement reconnaître ce qui fut perdu, et l’on est, à plus forte raison, en droit d’admettre que le malade, lui non plus, ne peut pas saisir consciemment ce qu’il a perdu. D’ailleurs, ce cas pourrait aussi se rencontrer encore lorsque la perte occasionnant la maladie est connue du malade, celui-ci sachant certes qui il a perdu, mais non ce qu’il a perdu en cette personne ».
Un cas d’analyse après-coup de l’adolescence dans une cure d’adulte
21La nostalgie de l’adolescence et la prégnance d’une économie libidinale juvénile chez un patient peuvent induire une résistance spécifique du côté de l’analyse.
22Dans les moments difficiles d’une analyse, on peut découvrir que le patient est plus qu’on ne le pensait la proie de processus de déliaison et d’une haine de soi. Il se peut aussi que le psychanalyste perçoive sa propre résistance inconsciente au changement chez le patient. Contre-transfert négatif ou ambivalent, voire tout simplement transfert négatif ambivalent de l’analyste, mais aussi préconceptions et théories implicites, ou plutôt certaines valeurs, forment un ensemble que l’on pourrait nommer le « complexe du psychanalyste ». Le contre-transfert s’y fond dans un système plus vaste, lequel inclut, dans l’exemple que je vais donner, l’attachement de l’analyste à une certaine représentation des buts d’une cure, qui l’empêche de porter une attention suffisante aux désirs restés en fait juvéniles et adolescents du patient, Aurélien, un homme dans la trentaine, père de famille et heureux avec sa femme, ainsi que créatif dans son travail. Mes interprétations cherchaient légitimement à lui permettre d’affirmer mieux cette situation, qui avait été conquise durant les premiers temps de l’analyse – jusqu’à ce que le processus tombe en panne et la situation s’éternise dans une impasse où le découragement commençait à s’emparer des deux partenaires. Comment ces séances défensives où le patient se contentait de récits descriptifs factuels, pouvaient-elles succéder à une période où de nombreux conflits inconscients, en particulier œdipiens, avaient été utilement analysés ? Je me suis demandé si je n’avais pas accordé trop d’importance à son appropriation de sa place d’homme adulte au détriment de son besoin de rester en contact avec sa sexualité infantile psychique et avec des objets imaginaires pubertaires (rêveries concernant des aventures plus ludiques que relevant d’un état amoureux, souhaits de partir en voyage avec des amis et de tout laisser tomber, préoccupations auto-érotiques à propos de son corps propre). Pour le dire autrement : n’avais-je pas fixé en miroir sur Aurélien des valeurs d’épanouissement normal, pour refouler ce que je percevais en lui de trop enfantin et adolescent, parce que cette dimension contredisait mes idéaux concernant la résolution de l’Œdipe ? J’aurais pu anticiper cette difficulté tranféro-contre-transférentielle : il était venu consulter pour « trouver la force » d’assumer une activité professionnelle exigeante et sa toute nouvelle fonction de père, et pour lutter contre la tentation de retrouver une vie plus juvénile en se séparant de sa femme qu’il aimait pourtant. Il avait été un enfant physiquement fragile, des troubles de croissance s’étaient manifestés à la puberté. Sa mère est omniprésente, admirable, intrusive. Chaque fois qu’il fait l’amour, il croit ressentir que de la force lui est retirée.
23Au début de chaque séance, il balbutie quelques syllabes, s’interrompt, puis énonce sa difficulté à me parler. J’interprète cette inhibition répétitive comme indice d’une censure de sa révolte contre les règles du cadre, contre moi qui les lui impose, contre son père, qu’il dépeint comme lointain, rigide et autoritaire – tout en essayant de lui montrer qu’elle exprime aussi un fort désir d’entrer en contact avec moi. La situation est alors débloquée un certain temps, puis ça recommence. Lorsque je le sens ainsi à peine oser exister, je suis envahi par une exaspération qu’il me faut veiller à ne pas trahir.
24Ayant l’impression de donner beaucoup à quelqu’un qui donne peu, je comprends que je ressens ce que pourrait ressentir son père, ou du moins « un père » qui ne supporterait pas de voir son fils d’âge adolescent s’abandonner aux délices de la passivité et refuser de devenir adulte. Aurélien le dit en effet : il aime se reposer dans une « bulle » lors des séances, délivré de tout, presque somnolent, mettant en scène une grande fatigue, pour susciter une sollicitude maternelle de la part de l’analyste. À la fin des séances, ses gestes sont incertains, il semble tassé sur lui-même, en une posture d’auto-enveloppement, quittant à regret le divan qu’il utilise comme une sorte de berceau imaginaire.
25Un jour, il déclare qu’il me croit énervé par sa difficulté à parler et me demande de m’en expliquer. S’ensuit une séquence interprétative de son désir de ne plus avoir peur de moi et de son père, ce qui débouche sur une capacité accrue de faire face aux empiètements permanents, dans sa vie de tous les jours, d’une mère aimée mais castratrice (elle lui reproche violemment mille manquements). Il se montre ferme et calme avec elle au lieu de ravaler sa colère : cet énervement qu’il avait cru ressentir en moi, c’était le sien, ajoute-t-il ; oui, c’était vrai, il prenait trop de plaisir à des scènes passionnelles avec sa mère (je lui avais donné cette interprétation) et tenait délibérément son père à distance.
26Je livre ce matériel pour montrer qu’un travail analytique était possible.
27Mais chaque fois qu’il « progresse » de la sorte, il déconstruit ensuite subtilement cette « avancée » : il revient en effet sur sa position psychique antérieure sans que je m’en rende compte dans un premier temps. L’économie libidinale d’une compassion soumise envers sa « pauvre mère qui vieillit seule » (ses parents sont séparés) semble plus puissante que tout, et je ne sais si je dois incriminer l’incapacité d’Aurélien à renoncer à ce lien (plus incestuel qu’incestueux) ou mes propres réactions intérieures de désapprobation de ce que je ne peux m’empêcher de considérer comme une faiblesse. J’étais prisonnier d’un système. N’était-il pas venu, tel un adolescent qui cherche un étayage paternel, pour s’autonomiser en introjectant les qualités de force qu’il supposait être les miennes, de sorte qu’il était difficile d’entendre que la faiblesse dont il se plaignait représentait en fait un profond besoin de passivité et de désengagement subjectal (moins travailler, moins faire l’amour, plus de rêveries et d’expériences adolescentes) ? Le désengagement est bien ici celui dont parle A. Green (1993) – une négativité insidieuse qui clive les pulsions des investissements objectaux et intersubjectifs – mais il comporte aussi le caractère émancipateur d’une subjectivation narcissique, typiquement celle d’un adolescent pour qui l’autonomie s’oppose à toute relation objectale forte, ressentie comme un risque de dépendance (Jeammet, 1990).
28Je ne suis parvenu à me départir de mon dépit de le voir ainsi « régresser » qu’après une phase de répétition qui engendra une saturation, puis une modification, une sorte de désengagement de mon côté : je commençais à ne plus attendre grand-chose de ce traitement tout en persistant à attendre quelque chose. La répétition de son système défensif produit une saturation, et cette saturation produit une déconstruction du système qui s’épuise de lui-même. Il dit : « Deux pas en avant, quatre pas en arrière… Qu’est-ce que je régresse ces temps-ci… Qui suis-je, pourquoi est-il pour moi si ardu d’exister ?… Je vois mon fils, lui il sait plonger en lui-même dans la lecture… Vous aussi vous savez dire “Moi je”. » La prise de conscience après-coup d’un trouble du processus de subjectivation à l’adolescence, arrêté après avoir pourtant commencé, a produit un état limite masqué par une normalité adulte de surface. Il précise : « Les séances, je n’y arrive pas, j’essaye d’associer librement et je ressens un chaos intérieur, des pensées qui partent dans tous les sens, mon corps qui s’effondre, puis il y a un grand vide. » La prégnance de l’archaïque infantile et des angoisses de morcellement avait été inaudible pendant longtemps. Le processus de subjectivation immobilisé par la prégnance d’une économie libidinale adolescente pouvait-il redémarrer à partir de son éprouvé, traumatique, mais aussi cathartique, de sa psyché mal organisée et différenciée ? Une série d’événements favorise une reprise élaborative :
- Dans son activité professionnelle il est confronté à une supérieure hiérarchique avec laquelle il entretient une relation passionnelle, entre dévouement excessif et quérulence maladroite, qui aboutit à un risque de rupture.
- Une opération chirurgicale bénigne revivifie un épisode de la puberté, dont il avait peu parlé parce qu’il était empreint de honte. Le changement pubertaire avait composé dans un premier temps des formes féminines et une prise de poids dont se moquaient les autres garçons à l’école. C’était quelque chose qu’il ressentait encore.
- En venant à une séance à moto, Aurélien est renversé par un taxi qui « l’écrase, lui passe dessus » ; le chauffeur était manifestement en faute selon son récit, or c’est lui, pourtant commotionné et contusionné, qui va le rassurer pour qu’il ne se sente pas coupable ; lui qui s’empare souvent du moindre prétexte pour ne pas venir à une séance, me téléphone : « Puis-je encore venir ? N’est-il pas trop tard ? », puis « Ce n’est pas de votre faute. » Dans cette séance raccourcie par l’accident, sera discutée l’interprétation selon laquelle il se sent écrasé par moi. Le lendemain, il se blesse un doigt dans un petit accident ménager qu’il aurait pu éviter, prend quelques jours de congés, réfléchit intensément à tout cela, et fait l’hypothèse qu’il souhaite peut-être « être écrasé ».
Conclusion
29L’analyse de l’adolescence dans une cure d’adulte n’est pas une simple action à retardement ou différée, elle devient une action différente. Littéralement Nachträglichkeit (mot allemand que traduit « après-coup ») c’est « porter vers un après ». Comment mieux dire l’invitation au processuel ? On le voit avec le cas d’Aurélien : après une phase de régression, les auto-érotismes psychiques, ou, si on préfère, la créativité de la psyché, redémarrent à partir du moment où sont pris en considération les registres de l’archaïque et du sexuel infantile, qui s’exprimaient au travers de préoccupations adolescentes. Finir l’adolescence, dans une cure d’adulte, c’est expérimenter et analyser le plus intime d’une difficulté à être, autrement dit c’est mener le travail analytique jusqu’au plus singulier de la psyché. Le questionnement sur un vide intérieur est ici indistinct d’une angoisse résultant d’un excès de présence d’objets excitants et fusionnels. Les fonctionnements limites sont ainsi élucidés et contenus sans qu’une potentialité psychotique (Aulagnier), une désobjectalisation (Green) ou des fonctionnements psychotiques propres à l’adolescence (Laufer) rendent l’analyse impraticable. La cure est alors cette « aventure » (Cahn) au cours de laquelle les forces qui entravent le processus de subjectivation devront être mises en évidence et réduites, aventure ouvrant à une quête et à une remise en cause personnelle indéfinies.
Bibliographie
Références bibliographiques
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Mots-clés éditeurs : régression, adolescence, potentialité psychotique, Œdipe déformé, subjectivation, état limite, contre-transfert, après-coup
Date de mise en ligne : 21/06/2013.
https://doi.org/10.3917/rfp.772.0333Notes
-
[1]
Voir tout récemment la contribution originale d’E. Laufer (2012).
-
[2]
P. Gutton, (1991, p. 47) : « La violence de l’Œdipe génital a tendance à ramener à un “inceste primordial mère-bébé” et fait resurgir l’archaïque. »
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[3]
Cette formulation fait écho à la notion greenienne de « position phobique centrale » (La pensée clinique, 2002) et à son corollaire, la distinction entre une bonne et une mauvaise passivité (« Passivité-passivation : jouissance et détresse », 1999) – ainsi qu’à la conception proposée par B. Penot dans La Passion du sujet freudien (2001) : la réussite du processus de subjectivation à l’adolescence suppose un dur apprentissage des éprouvés pulsionnels comme passivants, du point de vue du moi ; le moi intrusé et effracté tant par l’objet cause de son désir que par ses pulsions propres, s’engage dans un travail d’introjection et de symbolisation, il devient « sujet » dans un double rapport passif à la pulsion et à la signifiance.