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Article de revue

Modes de transfert, réflexivité et écart moi‑surmoi

Pages 727 à 734

Notes

  • [1]
    Les propositions théoriques de Fairbairn avancées ici sont issues de W. Ronald D. Fairbairn, Études psychanalytiques de la personnalité, trad. de l’anglais par P. Lecointe, Paris, Éditions In Press, 1998.
  • [2]
    Il en traite explicitement dans une longue note de l’article « La nature des états hystériques » (1953), Structure endopsychique et relations d’objet, vol. 1, Les fondements théoriques, trad. de l’anglais par P. et D. Lecointe, Paris, Éditions In Press, 1999.
  • [3]
    S. Freud (1923), Remarques sur la théorie et la pratique de l’interprétation du rêve, Résultats, idées, problèmes, t. II, 1921?1938, trad. de l’allemand, Paris, puf, 1987.
  • [4]
    C. Seulin, L’excitation transmise, rfp, t. LXIX, n° 1, p. 203?215, 2005.

1Dans son exposé, Jean?Louis Baldacci nous propose d’interroger, je le cite, « les effets de l’interprétation sur la différenciation moi/surmoi ». Cependant, dans son exemple clinique, est soulevée la question cruciale des deux faces du surmoi dans la cure : le surmoi archaïque et le surmoi postœdipien. La séance qu’il nous présente me semble, en effet, mettre en évidence l’activation du surmoi archaïque de la patiente et, grâce aux interventions, constructions et interprétations de l’analyste, le retour d’un surmoi plus impersonnel, mieux tempéré. C’est un incident de cadre, le retard de l’analyste, qui mobilise sur la scène du transfert le surmoi archaïque. De mon point de vue, la première intervention de l’analyste joue un rôle essentiel quant à l’amorce d’un retour du surmoi postœdipien. Je souhaiterais ici défendre l’idée que ce type d’intervention s’avère être une interprétation et un modèle processuel qui réinstaure un transfert processuel à partir d’un transfert d’excitation, avant que ne puisse renaître un transfert objectal par déplacement.

Le surmoi archaïque dans la cure

2Qu’en est?il du surmoi archaïque dans la cure ? D’une façon générale, il me semble que la dynamique régressive et la mobilisation pulsionnelle induites par la situation analysante concourent à faire surgir la face archaïque du surmoi dans le transfert. En proportion variable, vont se conjoindre projections de certains aspects du surmoi dans le champ analytique, repersonnalisation du surmoi à travers la figure de l’analyste et resexualisation des rapports du moi et du surmoi. La dynamique de régression topique et temporelle pourra aller jusqu’aux sources de la naissance du surmoi dans l’identification primaire, naissance d’ailleurs conjointe de celle du moi. Et ici, avec le surmoi archaïque, tend à se dissoudre l’écart moi?surmoi, la différenciation topique. On peut du reste rappeler ici l’oscillation chez Freud entre une perspective de différenciation progressive du moi?surmoi à la périphérie, au contact du monde extérieur (le noyau du moi est issu du système Pc?Pcs en 1923) et une autre perspective qui place d’emblée au sein même du noyau du moi, le surmoi avec ses fonctions d’autocritique, de surveillance et de censure (Une difficulté de la psychanalyse, 1916), reflet des liens du surmoi avec l’identification primaire.

3Mais l’identification primaire est à la fois située par Freud en deçà de tout investissement d’objet et reliée, dans une impossibilité à différencier investissement et identification, à l’incorporation orale cannibalique (Psychologie collective et analyse du moi, 1921), ce qui pose la question des liens entre surmoi archaïque et incorporation. La théorie kleinienne d’un surmoi précoce relie d’ailleurs cette forme précoce du surmoi aux incorporats objectaux, ce que je serais plutôt tenté de considérer comme des incorporats imagoïques persécuteurs tenant lieu de surmoi.

4Il me semble que le cas clinique de J.?L. Baldacci nous conduit à penser que c’est cette forme d’incorporat qui se trouve activée chez sa patiente par son retard. Il est possible que ce soit l’une des raisons qui ait conduit l’auteur à se référer à W. Ronald D. Fairbairn dans son introduction. Fairbairn, en effet, a tenté de théoriser, à partir de sa pratique avec des cas difficiles, une forme de ce que nous pourrions considérer comme un surmoi archaïque dont le support est l’incorporation de l’objet secondairement clivé et relié à des parties clivées du moi. Je dis incorporation (même si le terme chez Fairbairn est intériorisation), car chez Fairbairn, l’objet interne correspond en tout point à l’objet de la réalité (il y a chez lui un moi d’emblée et un principe de réalité d’emblée). Le texte de Fairbairn auquel J.?L. Baldacci se réfère a été écrit très tôt dans son œuvre (1929) mais déjà, il met en lumière l’un des piliers de sa théorie, à savoir le lien libidinal du moi avec l’objet rejetant (rejet du sexuel et de l’amour), ce qu’il énonçait en 1929 en termes de proximité du ça et du surmoi.

Les avatars du surmoi chez W. Ronald D. Fairbairn

5Dans sa théorie, Fairbairn [1] va décomposer le surmoi et abandonner la topique des instances freudiennes comme le concept de pulsion et privilégier une libido « en quête d’objet ». La métapsychologie de Fairbairn est conceptualisée dans les années 1940, et il introduit ce qu’il nomme la « structure endopsychique de base » en 1944.

6Une première remarque s’impose. La métapsychologie de Fairbairn prend sa source dans une tentative de représentation théorique des difficultés d’une clinique aux limites de l’analysable, dans laquelle le clivage tient une place de premier plan ainsi que les formes archaïques du surmoi. Fairbairn fait dériver l’organisation du moi?surmoi de « l’intériorisation » de l’objet, mais avant tout d’un objet « insatisfaisant », soit parce qu’il est « attirant » (désiré et excitant), soit parce qu’il est « rejetant » (rejet, condamnation du sexuel). Il n’y a pas chez lui de place fondatrice du « bon objet » comme chez Melanie Klein [2]. Pour Fairbairn, le lien libidinal aux « mauvais » objets est le moteur de la structure, l’agressivité naît de la frustration libidinale, et cette structure est mise en place pour tenter de résoudre le conflit fondamental d’ambivalence orale par rapport à l’objet. Au conflit potentiel avec l’objet du monde extérieur s’est substitué un conflit intrapsychique. Au prix du conflit entre les structures internes (parties du moi et de l’objet) dans l’intrapsychique peut être conservé un lien de dépendance infantile et vital, sans conflit, avec l’objet du monde extérieur.

7La structure endopsychique de base consiste en une opération de clivage, refoulement du moi et de l’objet qui aboutit à l’organisation de trois structures. L’objet et le moi sont chacun scindés en trois parties. L’objet libidinal (ou attirant) est lié libidinalement au moi libidinal. Cette structure subit un double refou-lement (direct et indirect) de la part des deux autres structures. L’objet antilibidinal (ou rejetant) est lié libidinalement au moi antilibidinal. Cet ensemble réalise ce que Fairbairn a nommé un temps le « saboteur interne », équivalent au fond à une forme archaïque de surmoi. Cette structure est refoulée par la troisième structure et refoule elle?même la structure moi libidinal?objet libidinal. La dernière structure associe le moi central et le résidu désexualisé et idéalisé de l’objet (l’objet accepté). Elle n’est pas refoulée mais, comme nous l’avons vu, refoule les deux autres structures. Le résidu désexualisé et idéalisé de l’objet recouvre les fonctions surmoïques d’idéal et de protection, comme de « défense morale ».

8Ainsi, dans la structure endopsychique de base de Fairbairn, on peut retrouver les deux pôles archaïque (le « saboteur interne ») et impersonnel (moi central objet désexualisé) du surmoi. Notons que pour Fairbairn, le conflit œdipien n’est considéré que comme une superstructure avant tout sociale, tardivement acquise, sans valeur structurante pour la psyché, se contentant de colorer la structure de base qu’il a décrite (par exemple, l’objet libidinal pourra se fondre avec le parent du sexe opposé et l’objet rejetant avec celui du même sexe, alors qu’initialement chacun de ces objets correspondait à des aspects libidinaux ou rejetant du même objet, la mère).

9Le « saboteur interne » chez Fairbairn désigne bien l’alliance libidinale d’une partie du moi avec un objet réprimant le désir sexuel, inclusion imagoïque. Le « saboteur interne » illustre une forme d’alliance du ça et du surmoi dans la terminologie freudienne et entre en résonance avec une conception nucléaire du surmoi comme avec l’existence de parties inconscientes du moi et du surmoi au service de la résistance. Mais il faut ajouter que dans la théorie de Fairbairn, la dédifférenciation du moi et du surmoi, le clivage du moi viennent attester de parties du moi soumises aux objets incorporés, identifiées à eux. D’ailleurs, en ce qui concerne le rêve, l’interprétation qu’en propose Fairbairn est celle d’une autoreprésentation de la topique clivée du rêveur, et fait l’impasse sur la séparation moi?surmoi, condition de l’interprétation du rêve chez Freud en 1923 [3], ce que nous rappelait J.?L. Baldacci.

L’intervention ou la réflexivité de l’analyste comme modèle processuel

10Un retard de l’analyste, le second en fait, pour la séance de sa patiente, en cure depuis plusieurs années, inaugure la présentation clinique. Ce retard qui met la patiente en situation d’attente fait surgir en début de séance la face archaïque du surmoi. Elle est énervée et le dit, « la tension monte ». L’analyste intervient rapidement redoutant le développement d’un processus négatif. Son intervention est la suivante : « Il est difficile de faire quelque chose de psychanalytique de ce que vous éprouvez, car je suis effectivement en retard… à moins que vous n’ayez le sentiment que votre réaction soit excessive. » Le ton de l’intervention est hypothétique et J.?L. Baldacci nous fait bien éprouver son débat intérieur. Il ressent une certaine culpabilité ayant le sentiment d’être pris en faute et est en même temps agacé devant cette réaction excessive de sa patiente.

11Je proposerai quelques réflexions métapsychologiques sur ce début difficile de séance.

12? Du côté de la patiente, le retard, et nous saurons ensuite quelles vérités historiques se lient chez elle au retard, déclenche une frustration et une rage qui activent le surmoi archaïque, une dédifférenciation moi?surmoi et un régime d’identification primaire. Elle vit une régression topique, temporelle et libidinale. Nous saurons au terme de la séance que c’est la figure de la mère primaire, imago terrifiante par sa violence et sa dépression, qui s’est emparée d’elle. La dédifférenciation du moi, capté par l’imago, conduit à la répression affective et au?delà, à mon avis, à la déqualification de la libido. Cette libido est transformée en excitation pour désinvestir les représentations de la mère terrifiante en tant qu’objet. L’excitation envahit le champ analytique et est transmise directement à l’analyste. Notons ici que l’analyste n’évoque pas des paroles de sa patiente qui tendraient à montrer le transfert objectal de l’imago maternelle sur sa personne. D’ailleurs, il écrit qu’il n’y a pas de transfert en représentation à ce moment. Je soutiendrais que les représentations en ce début de séance sont désinvesties peut?être par le biais d’une incessante et rapide oscillation des mouvements d’incorporation et de projection de l’imago archaïque qui empêche « l’accommodation » psychique sur elle. Seule l’énergie, force déqualifiée de la libido, apparaît sur la scène du transfert. C’est cette excitation libre qui rend compte du climat de tension indicible à ce moment de la séance et de l’agacement de l’analyste qui reflète le transfert d’excitation [4].

13? Du côté de l’analyste, le surmoi condamne le retard, mais il ne cède pas au surmoi archaïque qui rendrait la faute insupportable. C’est la face tempérée du surmoi qui prévaut et il y a maintien d’un écart entre le moi et le surmoi. Pourtant, la pression de l’excitation est là, rendant compte du climat de tension induit comme de l’agacement qui en résulte. Le travail rapide d’élaboration interne chez l’analyste lui permet de faire son intervention. Cette dernière conjoint la reconnaissance, non désorganisante de la faute comme de la réalité par le surmoi impersonnel et tempéré, et le travail d’élaboration concernant l’éprouvé d’excitation, témoin du débat interne entre moi et surmoi chez l’analyste. J.?L. Baldacci nous donne des indices de ce travail psychique à travers le sentiment de devoir échapper à une force destructrice qui a été libérée, mais aussi à travers la pensée théorique du transfert par retournement, enfin par le « sentiment d’injustice infantile », je cite la pensée de l’analyste pour lui?même : « Là vous exagérez, pourquoi êtes?vous si sévère avec moi, pourquoi ne me laissez?vous rien passer ? » Il me semble s’agir d’autant de signes d’un échange conflictuel entre le moi et les deux faces du surmoi. L’intervention est vectrice d’une réflexivité liée à la dialectique interne moi?surmoi. Elle montre à la patiente comment fonctionne au niveau processuel son analyste. Ce dernier nomme l’excès qu’il a perçu et se dégage de l’identification primaire, régime que sa patiente veut lui imposer. Il offre donc à mon sens à sa patiente, de façon ouverte, un modèle processuel de sa réflexivité issue de l’écart moi? surmoi et celle?ci pourra ensuite l’utiliser. Cette intervention contribuera à désamorcer le surmoi archaïque activé par le retard. C’est cette dimension de suggestion d’un modèle processuel de réflexivité qui me semble s’accorder avec ce que l’auteur nomme une « proposition d’avancer au nom de la psychanalyse », décrite plus loin comme une proposition surmoïque de travail psychanalytique où, pourrait?on ajouter, le surmoi postœdipien de l’analyste confondu avec le surmoi psychanalytique prend le pas sur la face archaïque du surmoi. Comme l’auteur le souligne, la forme hypothétique de l’intervention contribue à un travail de subjectivation et tend à réinstaurer l’écart moi?surmoi.

14Commentant ce début de séance, l’auteur écrit qu’il s’agit selon lui d’une « sorte de transfert direct proche de la projection à valence négative, une forme de transfert négatif ». Il ajoute que le transfert s’efface au profit de la répé­tition d’une relation archaïque. Puis il va évoquer les modèles de l’identification projective ou de l’identification à l’agresseur. Je ne suivrais pas l’auteur quand il évoque le refus contre?transférentiel de cette projection, car s’il est vrai qu’il ne s’agit pas d’un transfert sur l’objet tel que nous le concevons classiquement, il s’agit néanmoins d’une forme de transfert qu’il endosse, puisqu’il est agacé et n’en a guère le choix. Il refuse pour le plus grand bien de sa patiente de contre?agir dans le même registre.

15Je ne pense pas, à strictement parler, que le concept de projection (à moins d’envisager l’excorporation comme André Green a pu le faire) ou celui d’identification projective rendent compte de ce qui se joue dans le champ analytique, car la seule figure signifiante à ce moment a été apportée par l’agir de l’analyste, son retard. C’est ce retard qui débusque ce que je nomme le transfert d’excitation de la part de la patiente. Seule la tension est perceptible, trahissant un « autre chose » délié de la représentation désinvestie à l’arrière?plan, en même temps qu’agi dans la séance.

16L’après?coup de cette séance choisi par J.?L. Baldacci nous ramène à Fairbairn qui considérait que le conflit psychique fondamental était l’ambivalence orale par rapport au premier objet. Le rêve d’après les vacances que la patiente rapporte met en scène son ambivalence par rapport à l’analyse, l’analyste. Dans le rêve, qui reprend d’une certaine façon la scène réelle d’avant l’été, l’analyste est en retard, elle attend. Elle veut partir, il la retient. On peut se demander si ce n’est pas, chez cette patiente, cette ambivalence profonde qui fut responsable, dans le contexte traumatique que l’on sait, du déploiement de moments de transfert d’excitation. Il s’agit d’une conflictualité que j’ai rencontrée avec d’autres patients rendant compte de ce type de transfert d’excitation. Dans ces cas, « absorber » et « cracher » (incorporer et projeter) simultanément l’imago sidérait l’appareil psychique et abolissait l’aptitude à la présentation comme à la représentation. Le rire qui accompagne la narration du rêve est?il signe de la résolution du conflit ou bien reflète?t?il l’angoisse d’un conflit seulement surmonté pour un temps ?

Trois modes de transfert dans le champ analytique

17La séance que nous évoquons permet de repérer dans son déroulement trois modes du transfert dans le champ analytique. Après le transfert énergétique d’excitation dont je viens de parler, peut se repérer un transfert de processus psychiques avant que ne vienne sur la scène le transfert objectal proprement dit, par déplacement.

18À chacun de ces transferts répond une modalité interprétative de l’analyste dont l’adéquation rend compte du passage d’un type de transfert à l’autre. Une progression se dessine depuis un transfert primitif énergétique massif et sans représentations jusqu’au transfert objectal élaboré supposant fractionnement énergétique et représentations.

19Le transfert d’excitation où se dissout l’écart moi?surmoi, producteur d’une tension sans qualité, impose une intervention qui s’avère suggestive, en appui sur un transfert de base, et qui a comme contenu la proposition d’un modèle processuel de la réflexivité moi?surmoi de l’analyste.

20Ce travail permet alors à la patiente de retrouver son moi et d’associer à nouveau sur le thème du retard, de l’attente et de la séparation sur fond d’asthme et d’exprimer ici un transfert de processus psychiques qui délègue à l’analyste une fonction de liaison et de causalité se révélant dans les constructions qu’il lui offre. Ainsi, en reliant l’asthme à ce qu’elle éprouvait lors de l’attente et de la séparation. Ce sera ensuite, après l’évocation du départ de sa sœur aînée de chez les parents, le constat par la patiente de la concomitance de la pensée « un jour moi aussi je partirai » et de la disparition de l’asthme. L’analyste propose alors la construction suivante : « pouvoir penser partir » et « la pensée du départ comme expression d’une révolte » étaient des pensées impensables, à la place desquelles l’asthme s’était manifesté. Ce transfert de processus se dévoile aussi à travers sa dimension d’explicitation et de décondensation à propos des mots « quasi » et « obsessionnelle ». Mais il y a aussi une part de l’associativité même qui se trouve déléguée à l’analyste, ce qui peut à l’occasion nous donner le sentiment d’être « intelligent » ou nous conduire à être tenté par l’idée de la télépathie comme dans le cas présenté. Analyste et analysant dans la situation présentée pensent tous les deux à la même phrase que commence l’analysant et termine l’analyste. L’emploi du « nous » est bien le témoin de ce transfert processuel, d’un fonctionnement fraternel en double de l’analyste qui met sa psyché au service de l’associativité défaillante (ou inhibée) de l’analysant. Ceci se lie, comme le développe J.?L. Baldacci, avec la dimension culturelle, celle de la communauté humaine qui reprend ses droits, assurant l’écart moi?surmoi.

21Tout ce travail de construction sur la causalité psychique, d’explicitation, d’association étayant le moi et contribuant à affermir sa différenciation du surmoi permet l’apparition dans la séance du transfert des représentations par déplacement, objectal avec la figure jusqu’à présent cachée et agissante de la mère archaïque, puis dans une configuration qui renoue avec la conflictualité œdipienne, celle du père et du transfert paternel que l’analyste peut interpréter de façon classique sur le mode moi aujourd’hui comme votre père autrefois.

22C’est donc le retour à une topique organisée sous l’égide d’un moi renforcé et de la face tempérée du surmoi.

23Le parcours que nous propose l’auteur est exemplaire de cette ligne de crête difficile où l’analyste déploie son art pour maintenir une situation analysante. La clinique présentée questionne non seulement les deux faces du surmoi, mais aussi consubstantiellement le moi et l’appropriation subjective comme l’organisation de la pulsion.


Mots-clés éditeurs : modèle processuel, transfert d'excitation, réflexivité, surmoi archaïque, écart moi‑surmoi

Date de mise en ligne : 06/09/2010

https://doi.org/10.3917/rfp.743.0727

Notes

  • [1]
    Les propositions théoriques de Fairbairn avancées ici sont issues de W. Ronald D. Fairbairn, Études psychanalytiques de la personnalité, trad. de l’anglais par P. Lecointe, Paris, Éditions In Press, 1998.
  • [2]
    Il en traite explicitement dans une longue note de l’article « La nature des états hystériques » (1953), Structure endopsychique et relations d’objet, vol. 1, Les fondements théoriques, trad. de l’anglais par P. et D. Lecointe, Paris, Éditions In Press, 1999.
  • [3]
    S. Freud (1923), Remarques sur la théorie et la pratique de l’interprétation du rêve, Résultats, idées, problèmes, t. II, 1921?1938, trad. de l’allemand, Paris, puf, 1987.
  • [4]
    C. Seulin, L’excitation transmise, rfp, t. LXIX, n° 1, p. 203?215, 2005.

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