1Par quels moyens un enfant de 4 ans peut-il exprimer ce qui, pour ses parents, n’est pas pensable ? Quelles solutions peut-il trouver pour sortir du gel silencieux d’un traumatisme qui immobilise toute une famille ? Quels symptômes peut-il développer pour exister, pour être pensé, alors qu’il est né et qu’il vit dans l’ombre d’un autre enfant malade qu’il a la lourde tâche de réparer ? Je vais parler de la rencontre avec ce petit patient, des aléas du travail thérapeutique avec sa famille, visant à donner une existence propre à ce jeune enfant.
L’IMPOSSIBILITE D’EXISTER DE FRED
2Fred a un peu plus de 4 ans lorsque je le rencontre pour la première fois. Je connais ses parents depuis cinq ans, pour les avoir rencontrés régulièrement lors de consultations thérapeutiques qu’ils ont demandées suite à la naissance d’un premier enfant atteint d’un grave handicap moteur cérébral. Lorsque Fred est né, environ un an plus tard, j’ai été frappée par le silence qui régnait autour de lui au cours des séances avec les parents. C’est moi qui devais régulièrement m’enquérir de son développement et de sa place dans la famille. J’avais en tête les risques et les difficultés que pouvait représenter l’existence d’une maladie grave dans la fratrie d’un enfant. Mais, à chaque fois, mes doutes étaient doucement mais fermement balayés par le couple : tout allait bien, Fred ne posait aucun problème. J’ai fini par me sentir vaguement coupable de chercher des difficultés là où il n’y en avait pas. J’ai été entraînée dans le déni des parents, jusqu’à ce que de petites remarques attirent à nouveau mon attention sur Fred et me laissent penser qu’il pouvait être en souffrance. Cependant lorsque je m’y intéressais, les parents changeaient très vite de sujet, soulignant que Fred était un enfant qui les comblait, que leurs inquiétudes concernaient tout d’abord leur aîné. Je persistais toutefois à évoquer ce deuxième enfant, travaillant avec le couple sur son sentiment de culpabilité éveillé par l’admiration qu’il portait aux progrès de Fred dont le développement avait rapidement dépassé celui de son frère. Cependant, lorsqu’il s’agissait de pouvoir se représenter le vécu de Fred face au handicap de son frère, aucun des parents ne pouvait continuer à penser. Cette idée était si insupportable qu’un clivage et un déni massif s’imposaient. Ils pouvaient toutefois entendre mes encouragements à verbaliser leur propre vécu émotionnel devant Fred, en particulier dans les moments où le handicap de leur fils perturbait lourdement la vie familiale.
3Fred a d’abord été un bébé particulièrement sage, au grand soulagement des parents très pris par leur fils aîné, totalement dépendant d’eux. À l’âge de 2 ans et demi, il est devenu plus difficile, s’opposant systématiquement à ce qu’on lui demandait, réclamant beaucoup d’attention mais jamais de manière directe. Il lui arrivait par exemple de s’isoler dans un coin pour faire une bêtise, comme éparpiller le contenu d’un paquet de lessive sur le sol. Il semblait inconsciemment chercher un compromis entre le rôle d’enfant sage et idéal dans lequel on l’avait placé et son besoin d’exister vraiment dans une famille où toute l’attention était concentrée sur les soins et les préoccupations autour du frère. Cependant, rien de tout cela n’inquiétait les parents, ou alors uniquement très ponctuellement, lorsque quelqu’un d’extérieur s’inquiétait pour Fred. Il a fallu attendre que Fred développe une encoprésie pour que ses parents prennent conscience de sa souffrance. C’est ainsi que, après beaucoup d’hésitations, ils ont finalement pu me l’amener en consultation.
La rencontre avec Fred
4Lors de notre première rencontre, Fred m’apparaît comme un petit garçon au comportement régressé. Il semble plus jeune que ses 4 ans. Après un moment d’agrippement à sa mère, il s’intéresse aux jouets qu’il explore et avec lesquels il commence à s’occuper. Mais ce qui me frappe le plus est sa tendance à se faire oublier ! Il se met dans un coin du bureau, derrière sa mère, en partie caché à mon regard et nous tournant partiellement le dos. Il passe toute la séance à jouer dans cette position, faisant totalement abstraction de notre présence. Après l’entretien, j’ai réalisé qu’il avait découpé les cheveux d’une des poupées et cassé un jouet, sans que nous ne nous en soyons aperçus. À la fin de la séance, lorsque sa mère lui demande de ranger les jouets, il l’ignore, s’installe à la table et découpe de petits morceaux de papier qu’il éparpille sur le sol, dans une opposition passive que je ressens comme très défiante.
5Lors des séances suivantes, Fred n’accepte pas de se séparer de sa mère, elle-même très hésitante. J’invite donc cette dernière à jouer avec nous. Après un moment d’inhibition, Fred prend les animaux et mime des scènes de bagarres. Les pulsions agressives et l’impulsivité sont au premier plan, il ne parle pas, n’échange pas avec nous, ne semble pas prendre beaucoup de plaisir. J’introduis un bébé animal dans le jeu. Fred peut alors construire un petit scénario : il amène le bébé vers deux animaux qu’il nous décrit comme un papa et une maman. Il couche la maman et le bébé dans le même lit, avant de s’inquiéter du manque de place pour toute la famille dans le jeu. L’angoisse l’envahit et déborde les capacités de contenance du jeu : il détruit la mise en scène qu’il a faite, avant d’utiliser un animal sauvage pour littéralement « attaquer » sa mère assise à côté de lui. Il tente alors de déplacer son agressivité en se servant d’une petite éponge avec laquelle il frotte énergiquement le visage de sa mère. Celle-ci, mal à l’aise, ne dit rien. J’interprète alors à Fred son envie d’avoir sa mère pour lui tout seul, ainsi que la colère qu’il peut ressentir lorsqu’il doit la partager avec d’autres, mais aussi combien cette colère lui fait peur, surtout lorsque sa maman ne l’arrête pas et le laisse lui faire du mal. Il s’arrête, m’écoute avec attention puis passe le reste de la séance à assembler et défaire des barrières, testant leur solidité, leur résistance. Mon interprétation, comme c’est souvent le cas dans les consultations parents-enfant, s’adressait également à la maman, visant à lui montrer que sa passivité et son silence augmentaient les angoisses et le sentiment de culpabilité de son fils. Il s’agissait également de lui faire prendre conscience que l’agressivité de Fred, qui était en grande partie déniée par toute la famille, non seulement existait, mais encore pouvait être dite, voire comprise, et qu’elle ne détruirait personne.
Retour sur l’histoire traumatique de la famille
6Durant la première grossesse de Mme F..., on avait annoncé au jeune couple, avec peu de ménagement, que le fœtus avait un problème génétique grave et qu’il valait mieux avorter. Choqués, mais n’ayant pas d’espace pour penser le drame qui leur arrivait, les parents avaient décidé de poursuivre la grossesse déjà bien avancée, dans une sorte de quasi-déni. Deux ans plus tard, le couple vint me consulter. Il se sentait désemparé et très seul face à cet enfant dont le retard de développement et les complications somatiques ne pouvaient plus passer inaperçus. Cette démarche avait été difficile pour ces parents très méfiants vis-à-vis de tout le corps médical qui les avait déçus et contre lequel ils éprouvaient une forte rancune. Un long et lent travail d’apprivoisement a pu commencer. Leur détresse et leurs émotions n’avaient jamais pu être pensées, ni donc partagées. Ils avaient fui dans la réalité les multiples problèmes posés par les soins constants qu’ils devaient donner à leur enfant, sans jamais se permettre de penser à leur vécu. Cet événement avait été traumatique et avait fait effraction dans leur appareil psychique, tout comme dans le système familial où il était resté intact, inchangé parce que non élaborable.
7Je pense avoir surtout joué un rôle de contenant avec eux, rôle très modeste mais primordial dans leur histoire. Il m’a d’abord fallu « recevoir » leurs attaques projectives, puis y « survivre ». J’ai eu parfois beaucoup de peine à ne pas entrer dans la sidération traumatique qu’ils partageaient. En effet, ces parents me touchaient beaucoup. J’admirais leur combativité face à un quotidien tellement lourd où de nombreuses difficultés se révélaient sans issue. Durant les entretiens, je me sentais fréquemment très impuissante, ne pouvant que compatir à cette lourdeur, comme si, par identification projective, je devenais la dépositaire d’affects trop pesants à assumer pour les parents. Je les encourageais toutefois à parler de leurs ressentis, de leurs émotions et de leur histoire. Ils ont progressivement pu utiliser cet espace pour créer l’histoire de cette grossesse et de leur accès à une parentalité compliquée par l’infirmité de leur fils, Hugo. Je dis « créer », car il m’a semblé que cette histoire n’avait pas encore pu exister, ils la subissaient, sans pouvoir ni la ressentir ni la penser. Une fois cette histoire mise en mots et en sens, nous avons ensemble traversé les différentes étapes du deuil de l’enfant idéal, progressivement, et à un rythme souvent individuel avec chacun des parents. Contre toute attente, ce couple, qui m’avait prévenu dès notre rencontre de son hostilité face aux médecins et encore plus face aux « psys », noua un lien très fort avec moi.
L’histoire de Fred
8Lors de notre première rencontre, Mme F... était déjà enceinte de Fred, mais elle ne l’a évoqué qu’après plusieurs séances, « en passant ». Le couple savait que ce deuxième enfant courrait le risque d’être atteint par la même maladie génétique que le premier. Il le savait mais ne pouvait pas y penser et encore moins en parler. Ce n’est que lors de nos séances que chacun pouvait échanger un peu de ses craintes, de ses affects. C’est également en ma présence que les parents ont constaté ne pas avoir le même point de vue sur l’éventualité d’un avortement. Toute la culpabilité face aux souhaits inconscients de mort pour leur premier enfant ressurgissait et rendait difficile l’élaboration de leur ambivalence face à ce deuxième enfant.
9Fred est né en bonne santé, deux ans et demi après son frère Hugo. Je me questionnais régulièrement sur la place qu’il occupait au sein de sa famille et dans le psychisme de ses parents. Ces derniers n’en parlaient pas, ne l’évoquaient même pas. Fred semblait ne pas exister. C’était à moi de le faire exister dans nos séances afin qu’il puisse peu à peu prendre vie aux yeux de ses parents. Bien sûr, le couple savait qu’il avait un second enfant, il s’en occupait et l’aimait. Mais celui-ci, fidèle au modèle d’enfant de remplacement, ne semblait exister qu’en tant qu’ombre de son frère aîné, avec la mission de réparer les failles narcissiques parentales causées par les handicaps de son frère. Ainsi, là où Hugo décevait et inquiétait ses parents, Fred présentait les caractéristiques opposées : la précocité motrice et l’agitation venaient combler l’hypotonie et le handicap moteur de Hugo, l’opposition et la force de caractère venaient se superposer à l’apathie et au manque de contact de Hugo. L’hypersensibilité de Fred contrastait également avec l’indifférence relationnelle si insupportable manifestée par Hugo. Toutes ces caractéristiques pouvaient évoquer une souffrance chez Fred. Cependant, elles étaient perçues par le couple comme des éléments très rassurants de non handicap, des confirmations que Fred n’était pas comme Hugo.
Les identifications projectives des parents sur Fred
10Comment expliquer un tel déni de la part de parents intelligents et très investis dans leur rôle parental ? Ils ne semblaient voir en Fred que la projection narcissique de leur tentative de réparation suite à l’intolérable vécu d’échec avec leur premier enfant. Ils étaient enlisés dans leur traumatisme, leur dépression, leur déni et l’évitement de toute pensée. L’importance de leurs projections idéalisantes leur brouillait la vue.
11Tout cela m’est apparu plus clairement lorsque j’ai rencontré Fred. J’ai alors pu réellement constater le décalage entre ce que j’observais de l’enfant présent en séance et la manière dont le percevaient les parents. Là où je voyais un petit garçon éteint, ils percevaient un enfant sage. Là où je constatais une importante difficulté à contenir ses pulsions et une agitation motrice qui le débordait, les parents voyaient les signes d’une vitalité rassurante. Ainsi, lorsque Fred était frustré, il n’hésitait pas à donner des coups de pied ou à frapper vigoureusement ses parents. Cependant, loin d’y voir de l’agressivité ou un manque de contrôle pulsionnel, ceux-ci y voyaient un comportement normal ; ils ne réagissaient pas, se sentant impuissants face à ce qu’ils considéraient comme un jeu d’enfant, un enfant « bien vivant ». Il leur semblait normal de subir les crises de colère et les attaques agressives de Fred, comme s’ils attendaient effectivement de lui qu’il leur fasse payer l’erreur qu’ils imaginaient avoir commise en mettant au monde un premier enfant imparfait. Mais le plus frappant était le silence qui accompagnait toutes ces interactions qui ne pouvaient pas prendre sens pour le petit garçon, et qui ne pouvaient donc pas trouver de contenant pour être pensées. Fred semblait chercher désespérément des limites, un objet contenant suffisamment solide et vivant pour pouvoir lui renvoyer une image de lui, pour pouvoir lui permettre de se sentir exister. L’absence de réaction parentale ne faisait qu’augmenter son manque de perception de lui-même, l’obligeant à s’agiter de plus en plus à la recherche de limites, ses propres limites, les limites d’une enveloppe ou d’une peau qu’il ne ressentait pas.
12Ainsi, Fred semblait pris dans une triple contrainte : premièrement, il avait la lourde tâche de réparer les failles de son frère aîné, il ne pouvait donc pas exister par lui-même. Deuxièmement, il ne bénéficiait pas d’un environnement suffisamment contenant pour pouvoir transformer ses éprouvés en sensations puis en éléments représentables qui pourraient l’aider à créer du sens. Troisièmement, il vivait lui aussi avec le sentiment d’être responsable du handicap de son frère aîné. Son agressivité ne pouvait pas être reçue et transformée par ses objets parentaux, eux-mêmes trop pris dans leurs sentiments de culpabilité et incapables de se confronter à leurs propres pulsions agressives qu’ils vivaient comme extrêmement destructrices.
LE CHOIX DU SYMPTOME
13Après avoir été un bébé calme et peu exigeant, Fred semble avoir cherché à exister à travers son agitation motrice, puis ses troubles du comportement qui ont progressivement pris de l’importance. Ce changement coïncide avec la période où, durant les entretiens avec les parents, j’ai pu les sensibiliser à l’importance de ne pas cacher leurs affects, de pouvoir les verbaliser devant Fred, y compris les affects négatifs qu’ils parvenaient alors à mieux tolérer face aux multiples contraintes que leur imposait le handicap de Hugo. L’impossibilité pour les parents de pouvoir réagir à ces manifestations, et donc de pouvoir prendre acte de la souffrance que Fred tentait d’exprimer, l’ont poussé à trouver un autre moyen d’expression à travers des manifestations fonctionnelles et somatiques. Peut-être avait-il perçu que le handicap physique de son frère et les soins corporels qui lui étaient prodigués mobilisaient une attention véhiculant une importante quantité d’affects chez ses parents. Les symptômes corporels avaient l’avantage d’attirer l’attention des parents, de les alarmer, et donc de faire exister Fred. C’est donc à travers son encoprésie qu’il a tenté d’exprimer la rage qu’il ne pouvait pas se permettre de penser, rage contre ses parents, mais également contre son frère. Ces éléments ont pu être interprétés en séance avec Fred, le soulageant d’un sentiment de culpabilité très peu refoulé. Mais les troubles sphinctériens pourraient également être compris comme des lacunes de son Moi-peau, comme si cette barrière entre le dedans et le dehors devenait tellement floue que l’enfant n’avait plus la capacité de ressentir et contrôler ces voies de passage que sont ses sphincters. On pourrait également comprendre l’encoprésie comme une nouvelle tentative de l’enfant pour chercher à percevoir ses propres limites, à travers les éprouvés corporels de la maîtrise ou de la non-maîtrise de ses sphincters.
LE TRAVAIL THERAPEUTIQUE
14Lors de mes séances avec Fred, c’est la composante agressive que j’ai choisi d’interpréter, car c’est elle qui semblait la plus proche de sa conscience. Fred éprouvait un grand plaisir à m’entendre interpréter et comparer ses découpages à des bouts de caca qu’il n’osait pas laisser sortir de lui de peur qu’ils n’explosent et ne fassent beaucoup de mal aux personnes qui l’entourent, tout comme il n’osait pas exprimer sa colère envers son frère handicapé qui occupait tout le temps et les pensées de ses parents. Il a osé salir mon bureau de papiers et de déchets, testant mes réactions, puis éprouvant avec plus de modulation sa capacité à contenir et expulser ses selles. Cette progression s’est accompagnée d’une diminution de ses craintes face à sa propre affirmation, passant par des mouvements d’opposition beaucoup plus ouverts, mais également par des phases plus calmes durant lesquelles il pouvait expérimenter de garder en lui les bonnes et les mauvaises choses représentées dans son symptôme par ses selles qu’il apprenait à ressentir et à contrôler. Je pense que, pour cet enfant, le corps et la maîtrise de certaines de ses fonctions lui ont permis de se sentir exister, puis d’accéder à une fonction de symbolisation qui n’avait pas eu l’occasion de se développer suffisamment.
15Les parents ont assisté à la plupart des séances que j’ai eues avec Fred. Respectant leurs résistances et leur crainte inconsciente que Fred ne se différencie trop d’eux, j’ai profité de leur présence pour aider à faire circuler les mots, les représentations et les affects dans cette famille. Je pense que les parents de Fred ont profité de cette expérience nouvelle pour pouvoir l’observer différemment. Ils ont pu voir ses mouvements affectifs face au matériel, ils ont pu s’identifier à mes interprétations. Peu à peu, ils ont pu décoller l’image de l’enfant de réparation qu’ils projetaient sur Fred de l’image du Fred réel, vivant, existant avec ses qualités et ses défauts propres. Cela m’évoque la double peau d’Anzieu, dont les deux feuillets sont d’abord collés, représentant ce stade initial où le bébé est encore confondu avec sa mère et avec les identifications projectives qu’elle fait sur lui, stade indispensable aux prémices d’un sentiment d’identité chez l’enfant. Cependant, ces deux feuillets doivent ensuite se décoller, pour laisser la place à un espace transitionnel qui permettra à l’enfant d’accéder à des représentations et à une capacité de penser, nouveau stade dans l’établissement de son identité. J’ai l’impression que cette étape a partiellement fait défaut chez Fred, peut-être en partie pour des raisons qui lui sont propres, mais probablement, comme nous l’avons vu, de par les difficultés de sa mère dans sa fonction de handling ou, selon Bion, de par un défaut de fonction alpha d’une mère déprimée et prise dans un gel traumatique.
16Les parents ont finalement pu offrir à Fred son propre espace en acceptant qu’il suive une psychothérapie chez un de mes collègues. C’est à ce moment que Mme F... est à nouveau tombée enceinte. Elle disait avoir un besoin impérieux d’un autre enfant... probablement dans le but de combler le vide laissé par Fred lorsqu’il a pu quitter son statut d’enfant réparateur idéal.
17Ces hypothèses et cette construction sont, bien sûr, très réductrices face à la complexité du vécu intrapsychique de cet enfant et de sa famille. Elles ne sont pas exclusives mais démontrent bien, à mon sens, les difficultés auxquelles peuvent être confrontés la fratrie et les parents d’un enfant gravement malade.
Bibliographie
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Mots-clés éditeurs : Traumatisme, Identifications projectives, Enfant, Enveloppe psychique, Famille
Mise en ligne 04/07/2008
https://doi.org/10.3917/rfp.722.0461