Couverture de RFP_694

Article de revue

Le complexe de Jocaste

Pages 993 à 1011

Notes

  • [1]
    S. Freud (1925), Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes.
  • [2]
    H. Deutsch (1944), La psychologie des femmes : étude psychanalytique, Paris, PUF, 1967, vol. II, p. 391-418.
  • [3]
    Ibid, p. 402-403.
  • [4]
    C. Delbès, J. Gaymu, L’automne de l’amour : la vie sexuelle après 50 ans, in Population, revue de l’INEd, Paris, Éd. de l’INEd, no 6, nov.-déc. 1997, 1439-1484.
  • [5]
    Maria Langer (1978) rappelle l’hypothèse de Deutsch selon laquelle une femme à la ménopause aura un choix d’objet incestueux du côté de la génération des fils, mais elle ne la développe pas. Gueydan (1972) aussi la cite en passant, mais ne la discute pas non plus.
  • [6]
    Par exemple, Le Mirage de Thomas Mann ou Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme de Stefan Zweig.
  • [7]
    R. Arnaud, La ménopause à travers l’histoire, Laboratoires Ciba-Geigy, 1995, p. 9.
  • [8]
    H. Le Bras, Le vieillissement n’a pas d’âge, in La Recherche, 322, juillet-août, 1999, 109.
  • [9]
    Des expériences ont récemment permis, dans certains pays, à des femmes d’être mères à la soixantaine. Même si ces expériences sont éthiquement douteuses, il semble qu’il y a là un nouveau phénomène de société qu’il faut au moins citer.
  • [10]
    T. Benedek (1948), Climaterium : A developmental phase, in Psychoanalytic Investigations, New York, Quadrangle, 1973, p. 322-345. Cet article avait été publié une première fois dans le Psychoanalytic Quarterly, XIX (1950), 1-27. Nos pages de référence correspondent à l’édition de 1973.
  • [11]
    T. Benedek, op. cit., p. 344.
  • [12]
    H. Harris H., A critical view of three psychoanalytical positions on menopause, in The Meanings of Menopause, ed. R. Formanek, Hillsdale (NJ), Analytic Press, pp. 65-77.
  • [13]
    Il faut citer le livre de Gueydan (1992) et le livre collectif organisé par Fourcade (2004). Pour l’ensemble des études plus anciennes, voir : M.-C. Laznik, L’impensable désir : sexualité et féminité au prisme de la ménopause, Paris, Denoël, 2003, pp. 17-19.
  • [14]
    S. Freud (1914), Pour introduire le narcissisme, in La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969, pp. 81.105.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    H. Deutsch, op. cit., pp. 407-408.
  • [17]
    M. Lerude, op. cit.
  • [18]
    À propos de cette liaison, voir M.-C. Laznik, op. cit., pp. 235-240.
  • [19]
    H. Lottman (1990). Il cite Bertrand de Jouvenel, La vérité.
  • [20]
    Pour la question de la fragilité de l’identité féminine, voir Laznik (2004), pp. 94-108.
  • [21]
    F. Héritier, Masculin-féminin : la pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 84.
  • [22]
    L. D. Channon, S. E. Ballinger : Some aspects of sexuality and vaginal symptoms during menopause and their relation to anxiety and depression, in Br. J. Med. Psychol., 59, 1986, 173-180.
  • [23]
    P. de Neuter, Le mythe de l’enlèvement d’Europe : considérations actuelles sur le désir de l’homme à l’aube et au midi de la vie, in Le Bulletin freudien, septembre 2001, Bruxelles, no 37-38, 75.105.
  • [24]
    T. Benedek, op. cit., p. 348.
  • [25]
    C. Delbès, J. Gaymu, L’automne de l’amour : la vie sexuelle après 50 ans, in Population, revue de l’INEd, Paris, Éd. de l’INEd, nov.-déc. 1997, no 6, 1439-1484.
  • [26]
    Voir G. Sheehy, Understanding men’s passage, op. cit., p. 179.
  • [27]
    Le moi et le ça (1922), in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981, pp. 300-301.
  • [28]
    P. de Neuter (2001), « Démon de midi » et angoisses masculines de la cinquantaine, article non encore publié.
  • [29]
    N. Stryckman, Désir d’enfant, in Le Bulletin freudien, no 21, 1993, 91-92.
  • [30]
    R. Lax, op. cit., p. 202.
  • [31]
    N’oublions pas que nous parlons ici de désir et non pas d’amour ; ce dernier concerne l’être tout entier.
  • [32]
    M. Gueydan (1991).
  • [33]
    Pour ce concept, voir J. Schaeffer, Le refus du féminin, Paris, PUF, 1997.
  • [34]
    Au milieu de la vie, d’autres remaniements libidinaux sont possibles : celui du choix d’un objet du même sexe, par exemple. Voir M.-C. Laznik (2003), op. cit., pp. 203-216.
  • [35]
    S. Bemesderfer, Psychoanalytic aspects of menopause, in J. of the Amer. Psych. Ass., 44/2, 1994.
  • [36]
    Un nouveau panel sur ce sujet aura lieu au Congrès de l’IPA en 2005. À ma connaissance, rien d’autre n’avait eu lieu entre-temps dans les milieux de l’IPA.
  • [37]
    Renik s’était intéressé un temps à la ménopause par le biais de ses travaux sur les règles. Voir O. Renik, An example of disavowal involving the menstrual cycle, in Psychoanalytic Quarterly, LIII, 1984. A case of premenstrual distress : Bisexual determinants of a woman’s fantasy of damage to her genital, in J. of Amer. Psychoanalytic Ass., vol. 40, no 1, 1992.
English version

LE TROISIÈME TEMPS DE L’ŒDIPE CHEZ UNE FEMME

1La crise du milieu de la vie, qui pour une femme correspond à la ménopause, est un moment crucial dans le remaniement de l’économie libidinale. Mais j’essaierai de montrer que ce n’est pas, uniquement, à cause d’une confrontation avec la réalité objective et inéluctable du temps qui passe et qui nous contraint à une reconnaissance de notre finitude ontologique, même si cela est toujours vrai. Il y aurait un autre élément, bien plus inaudible, qui rendrait compte du silence qui règne au sujet de la ménopause. Pour étayer mon hypothèse, il me faut rappeler ici comment la découverte de la réalité de la castration mène la fille à changer d’objet d’amour : d’être le phallus pour la mère, elle aura à glisser – dans l’équation symbolique – au bébé et aller chercher celui qui pourra le lui donner. Freud (1925) [1] appelle cela l’entrée de la fille dans l’Œdipe. À la ménopause, la promesse d’un bébé substitut phallique n’est plus réalisable. Cela co ïncide, ce qui n’est pas rare, avec le départ des enfants du foyer. Ce qui pouvait lui donner un sentiment phallique dans la maternité – un certain pouvoir imaginaire dérivé de la dépendance de ses enfants par rapport à elle – vient à faire défaut. Alors, la question de la sortie de l’Œdipe se pose. En quoi consistera-t-elle pour une femme ?

2Pendant plus de quarante ans, Freud affirmera qu’il y a une augmentation de la libido au moment de la ménopause. Il la met en parallèle avec la puberté : une jeune fille inhibe son désir parce que c’est trop tôt et une femme au milieu de la vie parce que c’est trop tard. Comment entendre cette inhibition ? Hélène Deutsch (1944) [2] rappelle les travaux de Freud sur les fantasmes incestueux à la puberté : au moment où il y a accroissement des pulsions sexuelles, celles-ci vont prendre comme objet le parent œdipien. La puberté est une deuxième reviviscence du complexe d’Œdipe et, pour elle, la ménopause en serait une troisième. Elle adjoint donc l’hypothèse de l’existence à la ménopause, comme à la puberté, de fantasmes incestueux ; à ceci près que c’est le fils de cette femme mûre, et non plus le père, qui occupe maintenant la place d’objet incestueux. Ce fils n’a-t-il pas, en naissant, été investi de toutes les qualités de l’Idéal dont la mère auréolait, petite fille, son propre père ? Freud disait déjà que le lien tendre à l’enfant est infiltré d’adjonctions sexuelles inconscientes. Deutsch donne ici, me semble-t-il, sa plus importante contribution à la sexualité en milieu de vie.

3Elle affirme que, si certaines femmes ménopausées fuient leur vie sexuelle, ce serait en conséquence de ce type de fantasme incestueux, et elle en donne un exemple [3]. Une de ses patientes, une musicienne de la cinquantaine, avait épousé dix ans auparavant son professeur de quinze ans son aîné. Son mariage fut paisible mais sans jouissances sexuelles ni enfants. Jusqu’au jour où un jeune élève très doué, de trente ans plus jeune qu’elle, vint habiter avec le couple. Agitée et irritable, elle quitta le domicile dans une excitation étiquetée de ménopausique. Il fallut que le jeune homme s’en aille pour qu’elle puisse revenir chez elle et retrouver son calme, mais elle sombra aussitôt dans une grave dépression. Le travail analytique fit apparaître qu’elle avait perdu le jeune homme dont elle était inconsciemment amoureuse. Si son mari avait pu trouver en ce garçon le fils qui lui manquait, elle n’avait pas pu l’investir d’un tendre amour maternel à cause du désir sexuel qu’elle avait ressenti.

4Il n’est pas toujours nécessaire que le jeune homme soit un étranger. Dans ma pratique analytique, je rencontre des inhibitions de la sexualité qui dérivent de ce même complexe : l’angoisse face à la présence d’un fils tendrement aimé qui, du jour au lendemain, devient un bel homme en pleine possession de sa puissance sexuelle.

5Ingrid, une belle et grande blonde de la quarantaine, se plaint d’un désintérêt nouveau pour sa vie sexuelle, d’autant plus étonnant que son mari l’aime et la désire. Légèrement plus âgé qu’elle, cet homme encore vigoureux donne de la valeur à leur vie érotique. Ce désintérêt a co ïncidé, chez elle, avec la puberté de son fils aîné, grand jeune homme, qu’elle décrit avec une abondante chevelure érigée autour de la tête. Elle a d’ailleurs l’impression de trop le surveiller, comme s’il fallait protéger l’humanité contre les excès sexuels qu’elle suppose à ce fils. Elle dit venir en analyse, entre autres, pour être moins sur son dos. L’analyse d’un premier rêve l’amène à prendre la mesure de son lien incestueux au fils, ce qui la rend plus libre et plus tranquille dans sa relation avec lui. Pendant quelque temps, elle retrouve une vie sensuellement plus épanouie avec son mari. Un nouveau désintérêt sexuel surviendra au moment de la ménopause qui co ïncide avec l’entrée en puberté de son second fils. La réactivation du fantasme incestueux inconscient est patente dans le cauchemar qu’elle apporte, très angoissée, à une séance. Elle se trouve sur une plage, avec ce deuxième fils, quand une baleine survient et le mange. Les associations sont plus difficiles que d’habitude. Une baleine ? Cela ne lui rappelle tout d’abord rien. Mais, il y a quelques jours, en se regardant dans la glace, elle a pensé qu’elle était grosse, comme une baleine. Cette analysante vient d’une communauté allemande du sud du Brésil où il est habituel de dire d’une femme un peu forte qu’elle ressemble à une baleine. Pour le reste, elle ne voit rien. Nous menons cette cure en français, langue qu’elle parle fort bien mais, là, je lui demande de traduire son rêve en portugais. Quand elle s’entend dire, dans la langue de son pays, que la baleine a mangé le jeune homme, elle éclate de rire. En effet, au Brésil, comer, « manger », veut dire en argot « baiser ». La baleine avait donc baisé le fils au bord de la mer.

6Pouvoir en parler permet de prendre une distance amusée par rapport à ce type de fantasme inconscient bien plus fréquent que ne le laisserait penser le silence qui l’entoure. D’ailleurs, Hélène Deutsch ne fait pas qu’énoncer la possibilité de pareils fantasmes amoureux, elle affirme que l’objet d’amour de la femme de cet âge est le fils. Pour Deutsch, il s’agit d’un nouveau mythe d’Œdipe. Comme ce fantasme incestueux est intolérable, nous allons voir émerger, chez un certain nombre de femmes, une lutte contre toute fantaisie sexuelle. L’ensemble constitué par le fantasme de désir et les mécanismes propres à l’empêcher d’émerger mérite, à mon sens, le nom de complexe de Jocaste.

7Les études de populations [4] indiquent qu’un certain nombre de femmes montrent une désaffection, voire abandonnent toute vie sexuelle à ce moment de la vie. Certes, il existe une réelle difficulté à trouver des partenaires sexuels pour des femmes de cet âge, mais les études constatent cette désaffection même chez celles qui ont un partenaire. La réponse habituellement apportée à ce phénomène, c’est qu’il y a alors – contrairement à ce que pensait Freud – une baisse de la libido. Une telle hypothèse permet d’écarter toute comparaison entre ménopause et puberté, et rendre caduque l’idée défendue par Freud et Deutsch d’une angoisse suscitée par cette nouvelle poussée libidinale.

8Il me semble possible d’envisager cette désaffection comme l’effet de ce que je propose d’appeler complexe de Jocaste. Le cas n’est pas rare. Il est même typique de la position d’un nombre respectable de mères ménopausées, vouées à l’amour du fils – juives, italiennes et autres – et qui font l’objet de bon nombre de nos plaisanteries. Le prix à payer pour garder l’amour du fils n’est, après tout, que l’abandon de l’intérêt pour la sexualité.

9Ce qui est remarquable, c’est que l’hypothèse même de l’existence de ces fantasmes incestueux n’a jamais été discutée pas les psychanalystes qui, par la suite, ont écrit sur la ménopause. Cette idée a presque [5] toujours été passée sous silence, comme si elle n’avait jamais été formulée. Si, depuis Freud, les fantasmes incestueux des fils par rapport à leur mère sont repris volontiers par n’importe quel psychanalyste, ceux de la mère envers son fils, devenu homme, sont inou ïs. Il en existe pourtant quelques beaux exemples en littérature [6], même si un déplacement s’opère vers un autre homme jeune. L’idée de Freud d’une demande pulsionnelle accrue à la ménopause, comme à la puberté, couplée à l’hypothèse de Deutsch de fantasmes incestueux liés au fils, est inquiétante, voire scandaleuse. Il faut en convenir. N’aurions-nous pas là la clef du silence qui règne sur ce thème dans le milieu psychanalytique ? Ce thème suscite effroi, même parmi nous.

10Les psychanalystes des générations suivantes, ceux de la seconde moitié du XXe siècle, se sont vite chargés de le faire disparaître. Pour certains, la solution a été de dénier à la ménopause tout intérêt en tant que sujet psychanalytique. Quand ils traitent du désir ou de la sexualité des femmes, ils refusent, en général, d’aborder la ménopause. Les livres sur la sexualité féminine s’arrêtent tous, comme d’un commun accord, à la quarantaine. L’initiative de la Revue française de Psychanalyse de faire un numéro sur le sujet de la crise du milieu de la vie est donc à saluer par son courage.

11Il semble plus facile d’aborder la crise du milieu de la vie dans son lien avec la vieillesse. Or, quinze années séparent son début de la ménopause ; et encore en laissant de côté le grand âge, puisqu’une trentaine d’années, en moyenne, restent à vivre à une femme après la perte de sa capacité d’enfanter. Sandra Bemesderfer (1994) remarque qu’il n’y a pas si longtemps que ne sont plus traités systématiquement ensemble ménopause et vieillesse. Sembleraient-elles, alors, moins dangereuses, ces Jocastes assoiffées de désirs pour leurs jeunes Œdipes ?

Pourquoi ménopause et vieillesse ?

12La capacité de procréer – tant qu’elle existe chez une femme – fait écran à la mort. Au-delà, rien n’arrête plus la fuite du temps vers l’annihilation finale, peu importe pour l’inconscient le nombre des décennies encore à vivre. Les choses n’ont guère évolué depuis le Talmud, où il est écrit : « Une femme est vieille, c’est-à-dire atteinte par la ménopause, quand, à l’approche de l’âge critique, elle ne voit pas son flux cataménial pendant trois époques consécutives. » [7]

13Mais à quel âge est-on considéré comme vieux ou vieille ? Cet âge régresse-t-il parallèlement à celui où l’on devient ménopausée ? Les progrès techniques de la médecine, de la chirurgie esthétique, le Botox®, le collagène permettent de ralentir l’apparition des signes de vieillissement, et le critère de l’âge où l’on considère que la vieillesse commence a changé dans les dernières décennies. En 1932, le terme « vieillard » désigne toute personne de plus de 50 ans. Aujourd’hui, une personne est âgée à partir de 65 ans [8]. L’âge de la vieillesse se déplaçant en fonction de l’espérance de vie, ce sont quinze années qui ont été gagnées entre 1931 et 2001. Mais ces progrès n’ont pratiquement pas modifié la date à laquelle une femme cesse irrémédiablement de pouvoir être mère [9].

14Mais il ne me semble pas que l’absence de barrière entre la ménopause et la vieillesse puisse être seule en cause dans ce tabou autour du thème dans la littérature psychanalytique. J’en veux pour preuve que quelques psychanalystes anglo-saxons ont pu l’aborder à condition de laisser tomber l’idée d’une augmentation de la libido à ce moment de la vie.

15Pour Benedek [10], l’affirmation freudienne d’une excitabilité sexuelle accrue au climatère comme à la puberté est dépassée. L’angoisse des femmes est motivée « par un sentiment de frustration interne causé par la perception de l’incapacité à se sentir gratifiée » [11]. Ce qui renvoie à la difficulté de trouver un partenaire mais surtout, me semble-t-il, à la crainte inconsciente des fantasmes incestueux. Mais ceux-là ne sont même pas évoqués par Benedek. L’énergie libérée par l’émancipation de la compétition sexuelle et de la peur d’être rejetée comme objet sexuel laisse place à l’émergence de talents et qualités insoupçonnables, pense-t-elle. Le climatère est donc une phase de développement grâce à l’abandon de la sexualité.

16Harris [12] est la première à être allée regarder de près ce que Freud avait écrit au sujet de la ménopause et à en rendre compte. Mais sa très pertinente consultation de l’index de la Standard Edition a pour but de montrer combien toutes ses remarques relèvent des fausses idées véhiculées par la médecine de l’époque. Non seulement ses opinions sont erronées, mais il s’est entêté à les répéter pendant un demi-siècle. Harris nous donne un aperçu de l’approche que certains psychanalystes américains ont de Freud. Jusqu’à récemment, peu d’autres études psychanalytiques avaient été consacrées au sujet [13].

17Cela me conduit à penser que l’inou ï du fantasme incestueux d’une mère envers son fils est à la racine du tabou concernant la ménopause. Ce qui a amené Deutsch à découvrir ces amours incestueux chez les femmes au milieu de la vie, c’est sans doute son intérêt pour Ninon de Lenclos, femme aux mœurs libres, qui a marqué tout le XVIIe siècle et qui fut la maîtresse de grands personnages de son temps. À la cinquantaine, elle n’a pas dédaigné l’amour que lui vouait le jeune marquis de Sévigné. Hélène Deutsch attribue le succès tardif de Ninon de Lenclos auprès des hommes à ce qu’elle appelle un certain narcissisme féminin, véritable eau de Jouvence. Elle cite Freud : « L’amour pour sa propre personne est peut-être le secret de la beauté » qui ajoute qu’ « on ne saurait surestimer l’importance de ce type de femme pour la vie amoureuse de l’être humain. De telles femmes exercent le plus grand charme sur les hommes, non seulement pour des raisons esthétiques, car elles sont habituellement les plus belles », mais aussi à cause de « l’attrait pour le narcissisme de ceux qui savent le montrer tout en tenant à distance de leur moi tout ce qui le diminuerait » [14]. Il s’agit donc de femmes capables de susciter un regard qui n’est pas sans rappeler celui du parent émerveillé devant son bébé. C’est d’ailleurs sur cela que Freud associe : « Il apparaît en effet avec évidence que le narcissisme d’une personne déploie un grand attrait sur ceux qui se sont dessaisis de leur propre narcissisme et sont en quête de l’amour d’objet ; le charme de l’enfant repose en bonne partie sur son narcissisme. » [15]

18Une des méthodes les plus efficaces, selon Deutsch, pour surmonter le désastre de la ménopause, « consiste à savoir se faire aimer de façon continue, méthode qui caractérise les femmes d’une structure nettement narcissique » [16]. Lacan nous a appris à entendre la passivation du verbe faire comme indiquant le troisième temps du circuit pulsionnel. Quand, sans le savoir, Deutsch écrit se faire aimer, elle est sortie, à mon avis, du champ purement narcissique, elle est dans le registre pulsionnel. Celle qui se fait se met en place d’objet pour un autre qui est proprement sujet de l’action, ne serait-ce que de celle d’aimer.

19Hélène Deutsch érige Ninon de Lenclos en Idéal pour des générations de femmes ménopausées restées séductrices. Mais comment faire pour tenir cette position quand le réel du corps sonne à la porte de l’âge avec ses inéluctables altérations ? Quelles seraient les formes possibles du charme à la ménopause ?

20Martine Lerude [17] suggère que l’investissement narcissique de l’image du corps ne serait qu’un des versants de ce qui pourrait séduire un partenaire masculin. Il y en aurait un autre qu’une femme investirait de façon particulièrement créative : « Elle peut avoir de l’esprit, de l’humour, inventer son art du bien dire, trouver un style de discours et faire valoir une parole qui lui permette de tenir cette place d’idéal phallique. » Bien qu’elle ne s’exprime pas en termes pulsionnels, Lerude interroge ici, me semble-t-il, les diverses façons pour une femme de se faire objet de désir.

21Un des exemples les plus touchants du pouvoir séducteur du bien dire féminin nous est donné dans un trait particulier de la liaison entre Colette et Bertrand de Jouvenel. Liaison qui constitue une illustration d’une des formes que peut prendre le complexe de Jocaste [18]. La « puissance du bien dire » prend ici la forme d’une lettre, rédigée par une femme dont le corps est maintenant celui d’une quinquagénaire qui porte son âge. Cette lettre, écrite au moment où son jeune amant de 24 ans devait la quitter pour se marier avec une jeune fille, ne lui parvint jamais. Sa nouvelle fiancée l’avait interceptée – elle le lui avoua bien plus tard et la lui récita [19]. Elle l’avait apprise avant de la détruire, tant elle la trouvait belle. La jeune femme redoutait la puissance de cette prose sur celui qu’elle aimait. Ce que la jeune fiancée jette à la corbeille, ce sont des mots dont le charme opère à l’instar d’un filtre. Nous avons là, en action, le pouvoir du bien dire qui demeure au-delà de la possibilité d’offrir l’image d’un corps féminin, promu idéal phallique. Mais rares sont les femmes qui ont le talent d’écriture d’une Colette. Quelles formes de séduction resterait-il pour les autres ? Pour y répondre, il nous faut faire un détour par la crise du couple au milieu de la vie.

LE MILIEU DE LA VIE ET LA CRISE DU COUPLE

22À la ménopause, quand l’image corporelle change, seul le regard du partenaire peut apaiser l’impitoyable condamnation d’un miroir. Ce dernier, nous le savons, dira au mieux qu’il y en a quand même une plus belle. Or il en va de la fragilité de l’identité féminine, toujours à reconstruire, de ne pouvoir se contenter de ne pas être la une, la seule [20]. La détresse alors ressentie peut la mener par les chemins de la régression à la mégère ou au dragon, dit Freud. Françoise Héritier rappelle qu’un des destins possibles de la femme ménopausée est la sorcière [21].

23Pour ne pas finir sorcière, la pauvre belle-mère de Blanche Neige aurait mieux fait d’interroger le regard aimant du roi qui aurait pu la soutenir et la rassurer. Où était-il ? Courait-il après une bergère ? La clinique nous enseigne qu’un certain nombre de couples traversent alors une crise dont la fragilité narcissique de l’image corporelle féminine ne peut pas, à elle seule, rendre compte. Il y a aussi le réel du corps du partenaire masculin.

24Les recherches en andrologie nous enseignent que, dans un quart des cas, la diminution des rapports sexuels est due aux difficultés d’érection du conjoint [22]. Or, si l’identité féminine ne se soutient que d’un regard-parole de l’Autre, les défaillances du partenaire à garder érigé son hommage peuvent avoir des effets sur elle. La défaillance de la puissance mâle peut être interprétée par l’épouse comme témoignant de la perte de ses charmes. Pour peu qu’il aille alors vérifier sa virilité auprès d’une autre, certes parfois plus jeune, et l’hypothèse de départ que faisait sa femme s’en trouve confirmée.

25Car « la sexualité de l’homme mûr subit elle aussi quelques modifications inéluctables auxquelles il ne reste pas insensible. Parmi celles-ci, l’érection qui ne réagit plus aux seuls incitants psychiques et qui prend plus de temps à s’établir, la période réfractaire qui devient plus longue et l’impuissance secondaire qui devient de plus en plus fréquente », écrit le psychanalyste Patrick de Neuter [23]. Face à cet organe viril qui pourrait venir à défaillir et, au-delà de l’organe, que le phallus imaginaire – symbole de fécondité et de toute-puissance – puisse faire défaut, l’homme aux tempes grisonnantes revit son angoisse de castration, et, ajoute de Neuter : « Ces craintes et frayeurs sont d’autant plus probables et plus fortes que l’homme conjugue sa vie à celle d’une femme qui a fait carrière, qui a du pouvoir et du savoir, qui prend l’initiative dans la relation de séduction ou encore qui peut le dominer par son intelligence ou par l’importance de ses biens matériels. De telles femmes, qui ont réussi leur vie selon certains critères d’aujourd’hui, peuvent, bien malgré elles, réactiver chez l’homme des fantasmes d’enfance, de domination par une imago maternelle phallique et donc féminisante. »

26Freud parle d’un climatère au masculin, pour désigner ce moment où un homme connaît une certaine baisse de sa puissance. Ce qui ne veut pas dire que son désir diminue : Freud affirme clairement qu’il y a, chez l’homme aussi, augmentation de la libido. Il arrive ainsi que ce partenaire masculin aille chercher ailleurs où satisfaire sa libido, tout en se rassurant sur sa puissance. Avec une partenaire bien plus jeune, il pourra plus facilement compenser sa perte de puissance.

27Souvenons-nous que, selon Benedek, pour qu’une femme se sente gratifiée, il suffit qu’elle renonce aux pulsions sexuelles et se consacre à des buts plus socialisés, sublimés. Son ego se trouve alors investi d’un narcissisme secondaire. Or cette solution proposée pour le climatère féminin, elle la dénonce comme mettant en danger l’équilibre de l’homme au milieu de la vie. En abordant ce que nous nommerions la fonction phallique chez un homme, elle écrit : « L’auto-estime chez un homme n’est pas uniquement dérivée de sa fonction professionnelle mais aussi de sa puissance sexuelle ; ces deux sources de gratifications sont complémentaires. » [24] Chez une femme, ajoute-t-elle, cette auto-estime lui vient surtout de sa fonction maternelle, sa carrière sera donc plus tranquille que celle de l’homme et d’autant plus épanouissante qu’elle saura, au climatère, récupérer toute l’énergie employée pour élever ses enfants.

28Si le phallus renvoie à ce qui, sur le plan symbolique, manque au sujet, les remarques de Benedek montrent que ce même signifiant est à double tranchant : sur le plan imaginaire, il marque la puissance virile. Dans le jeu du désir entre homme et femme, c’est bien dans la méconnaissance de ce double caractère du phallus que réside souvent une des causes de la crise des couples au milieu de la vie. Voyons comment.

29Tout d’abord, quel rapport y a-t-il entre le phallus et l’organe masculin ? Cet organe, Lacan ne l’appelle pas le phallus, il constate surtout combien il est défaillant à tenir cette place. Remarquons d’ailleurs l’angoisse que suscite une situation où cet organe ambocepteur devient l’unique preuve de phallicité qu’un homme puisse donner à sa compagne. Cela peut se produire quand l’organe est la seule forme imaginaire de phallicité dont elle serait encore dépourvue. Disposition d’autant plus angoissante pour un homme à la soixantaine s’il ne peut plus lui renouveler, sur-le-champ, son hommage. Cette situation concernerait moins les « grands hommes », car, du phallus imaginaire, ils en ont ailleurs.

30Énoncer qu’il y a danger dans un couple quand la « balance de pouvoir » penche du côté féminin n’est pas dans l’air du temps. Néanmoins, les femmes cadres restent plus souvent seules que leurs homologues masculins. Les études démographiques à ce sujet montrent une disparité [25] que la fonction du phallus permet, me semble-t-il, de lire. Pourquoi le phallus imaginaire (argent, pouvoir) des femmes n’attire-t-il pas les hommes ? N’est-ce pas leur nécessité d’avoir le phallus dans leur champ, ce qui explique, en partie, leurs couples avec des femmes plus jeunes ? La fonction du phallus permet aussi de comprendre pourquoi des hommes plus âgés, à salaire supérieur, ont autant de chances d’avoir une partenaire sexuelle que des hommes plus jeunes à salaire inférieur. Dans notre société, l’argent est une des formes du phallus imaginaire. Pour ce qu’il en est des rapports sexuels, avoir du phallus imaginaire favorise les hommes et non les femmes, et cela pour des raisons de structure.

Une dissymétrie nécessaire au désir masculin

31Pour viser l’objet cause de son désir, encore faut-il qu’il puisse se soutenir sur le phallus comme étant de son côté, comme constituant son assiette de sustentation. Il s’agit donc d’un phallus coloré d’une positivation imaginaire, indispensable pour que le désir puisse s’ériger. Tout désir implique cet élément légèrement pervers : la positivation du phallus. Or, chez tout sujet névrosé, le phallus ne se présente que sur le mode du manque. Le sujet ne peut trouver de phallus positivé que dans le regard de l’Autre, sa compagne de l’autre sexe. C’est elle qui lui garantira qu’à ses yeux le phallus – ou, plutôt, l’un de ses avatars imaginaires – se trouve bien dans son champ à lui. Il y a là une faiblesse masculine que la féminité devine, à condition cependant qu’une femme supporte de viser le phallus dans le champ de son partenaire, ce qui suppose qu’elle s’en reconnaisse manquante. Si, sur le plan intellectuel, les deux partenaires ont la même puissance phallique, ce n’est pas là que jouera la dissymétrie. Voilà sans doute pourquoi les couples formés par un grand professeur et sa jeune élève émerveillée fonctionnent plutôt bien.

32Pour qu’un sujet puisse soutenir sa virilité désirante à l’adresse d’une compagne de l’autre sexe, il lui faut avoir l’impression que le phallus se trouve dans son champ à lui. Il peut arriver qu’une femme ait des difficultés à signifier à son conjoint qu’à ses yeux il en a, du phallus. Son indépendance financière à elle ôte à l’argent du mari la valeur d’un phallus imaginaire dont il serait nanti et dont elle serait manquante. Dans les générations précédentes, les mères des actuelles quinquagénaires ne travaillaient pas, ce qui garantissait une dissymétrie. Sa carrière la mène à recevoir tout autant d’honneurs, sinon plus, que lui. Ce n’est donc pas non plus la reconnaissance sociale qui peut incarner, imaginairement, la présence du phallus dans son champ à lui. À la ménopause, sa femme ne pourra même plus recevoir de lui un enfant. Ce processus de destruction de toute dissymétrie ne fait que s’accélérer. Beaucoup de femmes de la trentaine mènent aujourd’hui des carrières très réussies, mieux que celles de leurs éventuels partenaires masculins. Un nouveau phénomène de société commence à apparaître, déjà souligné en Angleterre. Il semblerait qu’il y ait plus d’un million de femmes cadres supérieurs de la trentaine qui n’ont aucun partenaire masculin. Un certain nombre d’entre elles en loueraient pour se présenter à certains dîners ou réceptions. Gail Sheehy [26] remarque que, même dans les couples constitués, la perte du désir sexuel dès la fin de la trentaine est en rapport avec une lutte pour le pouvoir entre les deux partenaires.

33Certaines femmes ont, néanmoins, suffisamment d’ingéniosité pour continuer à signifier à leur partenaire qu’à leurs yeux à elles le phallus est bien dans son champ à lui. Sinon, il se trouvera réduit à ne faire preuve de sa phallicité que sous la forme de son organe érectile. Cet organe, même s’il imaginarise pour beaucoup la fonction phallique, n’en est qu’un des avatars et l’un des plus fragiles. Sommé de venir tout seul faire preuve de l’existence de cette puissance, il peut d’autant plus défaillir que l’homme de la fin de la cinquantaine n’est plus au zénith de ses performances dans ce domaine.

34Chez l’homme de cet âge, l’angoisse de castration est réactivée aussi par le sentiment que la mort n’est plus une abstraction. Dans la mesure où elle signifie l’arrêt de la possibilité de procréer, la ménopause de sa compagne ôte, nous l’avons dit, ce qui pouvait faire obstacle à la mort. Freud écrivait, à 59 ans : « Nous soutenions volontiers que la mort est la fin nécessaire de la vie... Cependant, en réalité, nous avions l’habitude de nous comporter comme s’il en était autrement. Nous manifestons une nette tendance à mettre de côté la mort, à l’éliminer de notre vie. Nous essayons d’étouffer l’affaire... Personne ne croit à l’éventualité de sa propre mort... Dans l’inconscient, tout le monde est convaincu d’être immortel. » [27]

35De Neuter dresse la liste des réactions possibles de « l’homme au tempes grisonnantes » pour tenter de maintenir la dénégation et les diverses formes du « je n’en veux rien savoir ». Celle qui touche le plus la partenaire ménopausée est assurément le besoin qu’ont certains de se lancer « dans de nouvelles amours, avec des jeunes femmes bien plus jeunes qu’eux. D’aucuns même se lancent dans de nouvelles paternités. Amour et procréation se font tentatives de guérison de l’angoisse suscitée par la vieillesse et la mort, angoisse que Freud a rapprochée de l’angoisse de castration » [28].

36Tout nouvel amour, rappelle de Neuter indépendamment de l’âge de l’aimé, induit chez les amants un sentiment de renaissance : « On comprend que ce sentiment de renaissance sera d’autant plus grand que l’aimée sera en âge d’être la fille de l’amant envahi par les angoisses du vieillissement et de la mort. » L’enfant n’est pas lourd de sens pour la femme seulement. La clinique montre que l’homme peut en espérer l’attestation visible de sa virilité, la confirmation de sa puissance, la prolongation de sa vie au-delà de sa mort et l’assurance de la perpétuation de la généalogie (Stryckman, 1993) [29].

Le mythe de Zeus et Europe

37Zeus, ayant succombé aux charmes d’une jeune mortelle, se métamorphose alors en un beau taureau blanc et doux sur lequel la jeune fille monte. Il lui déclare sa flamme, l’épouse et lui fait trois enfants. Non seulement pourvoyeur de phallus imaginaires pour la jeune fille, Zeus incarne la puissance même, soulignée par le taureau.

38Pour de Neuter, le mythe de Zeus et Europe figure bien « l’homme aux tempes grisonnantes » assailli par le « démon de midi ». Beaucoup de femmes, dont les maris courent de bien plus jeunes, voient dans les marques du temps qui commencent à se faire sentir sur leur corps la raison de la désaffection maritale. Or, dans le mythe, rien ne dit que Zeus ait délaissé sa femme Héra parce que celle-ci aurait perdu ses charmes. Il est d’ailleurs difficile d’imaginer qu’une divinité de l’Olympe se flétrisse. Par contre, de Neuter souligne que Zeus devait avoir quelques difficultés dans son couple par rapport à la dissymétrie phallique. Certains mythes rappellent qu’Héra est bien l’épouse de Zeus mais qu’elle est d’abord sa sœur. C’est elle qui « donne » la souveraineté.

39Zeus ne serait-il pas allé vers la jeune fille pour des raisons liées à la structure même du désir masculin ? Avec Héra, rien ne lui indique que le phallus se trouve de son côté, au contraire. Ce genre de situation est fréquente dans notre bas monde. « Ceci nous aide aussi à comprendre les difficultés que peuvent rencontrer certains hommes avec des femmes pourvues de ces attributs phalliques que constituent le savoir universitaire, le pouvoir politique ou encore la réussite financière », dira de Neuter.

40Le problème est plus aigu encore quand la compagne ne peut plus porter d’enfants, preuves visibles de la puissance phallique de son mari. Or il n’est venu à l’idée de personne qu’une déesse puisse se retrouver ménopausée, castration impensable pour une divinité. Par contre, ses rejetons les plus célèbres, Héra les conçoit seule, soit en frappant le sol de sa main, soit en mangent une laitue qui la rend féconde sans que Zeus ne la touche. Ainsi, les Grecs avaient déjà prévu la procréation médicalement assistée, à ceci près que la divine se passe aussi du médecin. Et, du coup, Héra se trouve dans la même situation que beaucoup de femmes ménopausées : son mari va aller chercher ailleurs où prouver sa puissance paternelle et phallique.

41Quand une femme se met dans l’idée que c’est l’usure de son corps qui désamorce le désir du partenaire, elle baisse souvent les bras et considère qu’il n’y a plus lieu de continuer à jouer le rôle de celle qui a ce qu’il faut pour causer son désir. Il est des féministes, bien sûr, pour dénoncer ce qu’elles appellent la réduction d’une femme en objet, réduction que Lacan lui-même reconnaît : « Elle ne devient pas objet total ; elle devient totalement objet », écrit-il. Mais beaucoup tout en n’en étant pas dupes, s’y prêtent volontiers, voire, jouent de cet objet qui cause le désir du partenaire. Souvenons-nous qu’il y a, dans le désir, un élément nécessairement pervers : l’objet ne peut pas être que manquant. Il faut pouvoir jouer du côté d’un cacher-montrer du phallus que l’on feint de supposer là, tout en sachant qu’il n’y est pas.

42Le film de Claude Berry, La Débandade, est une parabole. Un homme de la fin de la cinquantaine s’inquiète de ne plus pouvoir tenir aussi glorieusement érigé l’organe avec lequel il rend hommage à sa femme. À l’acmé de sa carrière, on aurait pu croire que cet expert international trouverait dans sa notoriété de quoi asseoir son assurance phallique. Il va de soi, aux yeux de son entourage professionnel, qu’il en a, du phallus. Mais ni cela ni son immense culture ne semblent plus guère impressionner sa femme. D’autant qu’elle aussi, à présent, a une belle carrière. Alors, il s’entête : de son pauvre petit organe, il veut des preuves indubitables de puissance.

43Du côté de sa femme, qu’il la fasse jouir autrement lui suffit et que l’organe envié dans l’inconscient de l’enfance ne soit plus en mesure de lui exhiber sa splendeur phallique, tant mieux ; elle n’aura plus à ressentir l’humiliante blessure d’en être, comme toute femme, privée. C’est peut-être cette dimension qui confère au personnage féminin, délicieusement joué par Fanny Ardant, une certaine épaisseur subjective. Néanmoins, elle l’aime, c’est indubitable, elle souhaite même l’entourer et le protéger sur un mode assez maternel, ce qui lui confère une certaine hauteur sur son mari.

44J’avais souligné que, lorsque le désir d’un homme se met à défaillir, sa femme – elle-même souvent autour de la cinquantaine – impute cela à ce qu’elle pense être la diminution de ses propres charmes. Dans ce film, le choix d’une actrice aussi belle que Fanny Ardant ouvre un parti pris simplificateur : quand le mari ira se rassurer auprès d’une autre, plus jeune, elle ne l’attribuera pas à la perte de sa beauté. Et quand surgit la blondinette, amie de la fille du quinquagénaire, il est évident qu’elle ne fait pas le poids face à la légitime, elle ne risque pas de lui faire ombrage. Souvent, dans la clinique de la crise du couple au milieu de la vie, la nouvelle ne fait pas le poids face à l’ancienne ; c’est d’ailleurs pour cela qu’elle est choisie : pour qu’elle pèse moins du côté phallique ! Même la beauté parfois pèse de ce côté-là. Preuve, s’il en est, que jeu de séduction et beauté ne sont pas du même ordre. Cela reste souvent ignoré de la femme du quinquagénaire en crise.

45Ruth Lax pense que les femmes – toutes à leur honte face aux changements corporels et à leur propre détresse psychique – ont tendance à dénier les problèmes, tant psychiques que physiques, que traversent leurs conjoints dans la crise du milieu de la vie. Une patiente, dont le mariage était en crise pendant sa ménopause, se sentait mise en danger par les attentions que son mari prodiguait à des femmes plus jeunes. Elle éclate à une séance : « Et lui il peut se tirer, et tout recommencer, autant de fois qu’il le voudra, et moi je suis coincée avec les mômes et je ne peux même plus en avoir d’autres. Comme si j’étais desséchée et ne pouvais plus refleurir. Je suis coincée dans ma vie... pas lui. » [30] Je dirais que, faute de pouvoir entendre que lui aussi faisait là face à sa propre castration, elle ne pouvait que retrouver, dans toute sa vivacité, son Penis neid renouvelé. Cela risque de rendre une femme sourde à ce qui se passe dans son couple.

46Pour qu’un homme puisse ériger son hommage à sa partenaire, deux conditions me semblent nécessaires ; il est amusant de voir comment Claude Berry les met en scène dans son film.

47Premièrement, pour se soutenir sur sa phallicité, il faut qu’un homme puisse voir dans son regard à elle, qu’il en a, qu’elle l’admire. Pour le héros de La Débandade, après quinze ans de vie commune, ce n’est plus aux yeux de sa femme qu’il est nanti, malgré l’amour qu’elle lui porte ; amour et désir ne sont pas du même registre. Quant à la petite jeunette, ce n’est ni sa beauté ni son sex-appeal qu’elle lui apporte, mais son admiration. Stagiaire de son étude, elle boit littéralement ses paroles en l’écoutant discourir sur tel peintre, telle œuvre d’art ou telle antiquité, jusqu’à oublier ce qu’elle a dans son assiette lorsqu’il l’emmène dîner dans un grand restaurant. Il parle, elle – les yeux écarquillés – l’écoute.

48Deuxièmement, le désir masculin vise, chez la femme, un objet qui le cause. Il opère pour cela comme une découpe sur le corps féminin. Notre héros trouvait à soutenir son désir sur celles que bas, porte-jarretelles et autres dessous affriolants opéraient sur le corps de sa femme. Or, dans le film, il se plaint que depuis un certain temps elle ne porte plus que des culottes blanches « Petit Bateau ». De toute évidence, elle n’a plus envie de se prêter à être objet de son désir. Pas plus que de prêter son corps aux jeux de la mascarade qui prennent, dans le film, la forme d’une invite à ce qu’elle se costume en nonne et lui en prêtre. Ce jeu coquin, d’autant que le personnage est juif, comporte une note un tantinet perverse de transgression des interdits, propre au désir. De ces jeux, ils ne s’étaient pas privés, quinze ans auparavant ; maintenant, c’est fini. Elle le rembarre, non sans souligner le côté inconvenant et même fou de ses propositions.

49Le quinquagénaire rentre à la maison à des heures chaque fois plus tardives, ayant même couru des femmes de vie facile, dans l’espoir de trouver auprès d’elles un peu de compréhension quant aux conditions du désir masculin. Mais l’épilogue est sympathique : une nuit, après une nouvelle aventure malheureuse, il soulève le drap et découvre sa femme, semblant dormir, avec guêpière rouge, bas noirs à résilles et chaussures à talons. Le film se termine sur cette image de la femme aimée, qui veut bien, à nouveau, se prêter à tenir la place de l’objet a, cause de son désir à lui d’homme. Claude Berry, le réalisateur, n’y a pas été dans la subtilité. Le désir masculin envers une femme vient certes s’accrocher à un trait de celle-ci : les jambes ou les fesses, un brillant dans le regard ou sur la chevelure, le galbe d’un sein ou encore telle tenue vestimentaire. Mais il peut aussi prendre pour objet une certaine façon de s’asseoir, de s’habiller, une certaine modulation de la voix. C’est l’objet a, qui peut se découper de son corps à elle, qui cause son désir à lui [31]. La fin heureuse du film n’est possible que parce qu’elle n’a pas cru que les difficultés de son mari venaient de la perte de ses charmes. Enseignement à méditer.

50Si tel n’était pas le cas du personnage joué par Fanny Ardant, nous savons que certaines femmes deviennent plus demandeuses au milieu de leur vie. Ce n’est pas uniquement pour être rassurées car il est vraisemblable que, pour certaines, la fin de leur rôle maternel – ou, en tout cas, la fin de la possibilité d’enfanter – leur permette de redécouvrir, ou de découvrir, leur désir sexuel pour leur partenaire. Leur refus du féminin, c’est-à-dire leur refus de la jouissance vaginale, semble s’émousser au moment où elles font le deuil d’être mère, en même temps qu’un certain deuil de leur propre mère [32] (Gueydan, 1992). Les voilà enfin aptes à recevoir le mari-amant, l’ « effracteur nourricier » [33] qui les portera aux cieux d’une jouissance qui vient enfin de s’entrouvrir à elles.

51Mais quand le mari n’a plus, face à elle, d’autre preuve de sa puissance phallique à fournir que celle – bien mince – des performances de son organe, il peut être pris de craintes. Il tendra à éviter les situations où sa puissance phallique risque de se mesurer essentiellement en termes de ses performances érectiles. Une plaisanterie américaine, rapportée par le très sérieux journal Le Monde, résume parfaitement cette situation : « Un mari est paniqué de ne pas retrouver sa femme à la maison, une heure après avoir avalé du Viagra®. – “Essayez avec la femme de ménage”, conseille le médecin. – “Mais avec elle je n’ai jamais eu de problème”, rétorque le patient très énervé... » C’est ainsi qu’en France nous nous retrouvons avec un nombre égal d’hommes et de femmes seuls à la cinquantaine, à ceci près que les femmes ont en moyenne le bac plus cinq et les hommes le bac moins cinq.

52Entendre quelque chose aux conditions spécifiques du désir masculin suppose, pour beaucoup de femmes, tout un travail psychique sur son envie du pénis, sur sa rivalité phallique, questions qui peuvent se travailler dans une psychanalyse au milieu de la vie. Si, comme il a été dit, les réussites professionnelles d’une femme peuvent inquiéter le partenaire de l’autre sexe, paradoxalement il est moins difficile alors à une femme d’entrevoir sa division entre son être de sujet, qui réussit professionnellement, et son féminin qui pourrait se prêter au jeu de « qui perd gagne », comme l’exprime Schaeffer. Il est plus facile d’accepter de se faire l’objet de l’autre quand on sait ne pas se réduire à être cet objet. Division propre au jeu féminin de la mascarade, qui permet à une femme de retrouver sa capacité de séduction. Il ne serait alors pas impossible d’espérer que, les charmes brûlants de son été indien ayant cesser de l’inquiéter sur le plan des fantasmes incestueux, elle pourrait faire la place qu’il convient au partenaire de l’autre sexe [34] pour qu’il désire la suivre vers l’automne de la vie en en savourant les fruits.

LA CRISE DU MILIEU DE LA VIE : MOMENT PROPICE POUR UN TRAVAIL ANALYTIQUE CHEZ UNE FEMME

53Supposons que, comme souvent, Freud ait raison. Que l’homme de 30 ans soit en effet un individu juvénile plutôt inachevé tandis qu’une femme au même âge présente une rigidité psychique qui semble immuable. À la trentaine, son narcissisme de jeune mère et de jeune femme adulée peut faire penser que sa libido se soit installée sur des positions qu’elle n’abandonnera plus. Mais, à la ménopause, il y a perte de ces deux dimensions narcissiques. Les positions libidinales, que l’on croyait prises de façon définitive, s’écroulent. Il n’y a plus rien à perdre, puisque c’est déjà perdu. Dépersonnalisée en tant que femme, elle peut alors être prête à remettre bien des choses en cause : son identité féminine dont les bases sont à revoir ; ses investissements libidinaux, à délocaliser. Dans mon expérience clinique, bien des femmes sont capables, maintenant, d’investir un travail analytique qui progresse souvent plus vite que chez les plus jeunes.

54Mais une condition préalable est nécessaire, que le déni de l’importance de la crise du milieu de la vie soit levé chez son analyste, qu’il soit capable d’entendre que la ménopause est un moment majeur de dépersonnalisation pour une femme. Or cela n’est pas évident. En 1994, dans le cadre de la réunion annuelle de l’American Psychoanalytic Association (APA), un panel consacré à la ménopause [35] s’est réuni à l’initiative d’Owen Renik [36]. En soulignant le caractère inédit de cette première rencontre, il a fait remarquer que les règles et la ménopause étaient des thèmes éludés dans la littérature psychanalytique jusqu’à produire du déni et il s’est demandé pourquoi [37]. Sandra Bemesderfer constate, elle aussi, la pauvreté des productions analytiques qui contraste avec la pléthore de livres « grand public » écrits sur le sujet. Et, à propos d’un cas clinique, elle avoue d’ailleurs comment elle-même n’a pu entendre, dans les plaintes d’une patiente, que celle-ci abordait la ménopause, par crainte, analyse-t.elle, de la sienne propre. Sans pour autant préciser les racines de cette crainte, elle invoque un déni chez les patients comme chez les analystes. Ce qui est dénié, lui répond Ruth Lax, ce n’est pas le fait même de la ménopause mais ses effets psychiques. Or, ajoute-t-elle, ce n’est que si ces derniers sont correctement reconnus que les deuils des pertes deviennent possibles et qu’une femme peut alors regarder de l’avant. Supposons que son analyste ne soit pas lui-même sourd à l’inou ï du fantasme jocastien, qu’il accepte l’idée que le milieu de la vie est un moment majeur de dépersonnalisation pour une femme et qu’il lui permette de réécrire son identité féminine. Sur le plan érotique, ne pourrait-on espérer qu’une femme soit alors à même de vendanger les raisins de sa jouissance féminine ? Après tout, il n’y a de vendanges qu’en automne.

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Mots-clés éditeurs : Fantasmes maternels incestueux, Complexe d'Œdipe, Féminité, Sexualité féminine, Ménopause, Sexualité masculine, Crise du couple, Pulsions

https://doi.org/10.3917/rfp.694.0993

Notes

  • [1]
    S. Freud (1925), Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes.
  • [2]
    H. Deutsch (1944), La psychologie des femmes : étude psychanalytique, Paris, PUF, 1967, vol. II, p. 391-418.
  • [3]
    Ibid, p. 402-403.
  • [4]
    C. Delbès, J. Gaymu, L’automne de l’amour : la vie sexuelle après 50 ans, in Population, revue de l’INEd, Paris, Éd. de l’INEd, no 6, nov.-déc. 1997, 1439-1484.
  • [5]
    Maria Langer (1978) rappelle l’hypothèse de Deutsch selon laquelle une femme à la ménopause aura un choix d’objet incestueux du côté de la génération des fils, mais elle ne la développe pas. Gueydan (1972) aussi la cite en passant, mais ne la discute pas non plus.
  • [6]
    Par exemple, Le Mirage de Thomas Mann ou Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme de Stefan Zweig.
  • [7]
    R. Arnaud, La ménopause à travers l’histoire, Laboratoires Ciba-Geigy, 1995, p. 9.
  • [8]
    H. Le Bras, Le vieillissement n’a pas d’âge, in La Recherche, 322, juillet-août, 1999, 109.
  • [9]
    Des expériences ont récemment permis, dans certains pays, à des femmes d’être mères à la soixantaine. Même si ces expériences sont éthiquement douteuses, il semble qu’il y a là un nouveau phénomène de société qu’il faut au moins citer.
  • [10]
    T. Benedek (1948), Climaterium : A developmental phase, in Psychoanalytic Investigations, New York, Quadrangle, 1973, p. 322-345. Cet article avait été publié une première fois dans le Psychoanalytic Quarterly, XIX (1950), 1-27. Nos pages de référence correspondent à l’édition de 1973.
  • [11]
    T. Benedek, op. cit., p. 344.
  • [12]
    H. Harris H., A critical view of three psychoanalytical positions on menopause, in The Meanings of Menopause, ed. R. Formanek, Hillsdale (NJ), Analytic Press, pp. 65-77.
  • [13]
    Il faut citer le livre de Gueydan (1992) et le livre collectif organisé par Fourcade (2004). Pour l’ensemble des études plus anciennes, voir : M.-C. Laznik, L’impensable désir : sexualité et féminité au prisme de la ménopause, Paris, Denoël, 2003, pp. 17-19.
  • [14]
    S. Freud (1914), Pour introduire le narcissisme, in La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969, pp. 81.105.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    H. Deutsch, op. cit., pp. 407-408.
  • [17]
    M. Lerude, op. cit.
  • [18]
    À propos de cette liaison, voir M.-C. Laznik, op. cit., pp. 235-240.
  • [19]
    H. Lottman (1990). Il cite Bertrand de Jouvenel, La vérité.
  • [20]
    Pour la question de la fragilité de l’identité féminine, voir Laznik (2004), pp. 94-108.
  • [21]
    F. Héritier, Masculin-féminin : la pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 84.
  • [22]
    L. D. Channon, S. E. Ballinger : Some aspects of sexuality and vaginal symptoms during menopause and their relation to anxiety and depression, in Br. J. Med. Psychol., 59, 1986, 173-180.
  • [23]
    P. de Neuter, Le mythe de l’enlèvement d’Europe : considérations actuelles sur le désir de l’homme à l’aube et au midi de la vie, in Le Bulletin freudien, septembre 2001, Bruxelles, no 37-38, 75.105.
  • [24]
    T. Benedek, op. cit., p. 348.
  • [25]
    C. Delbès, J. Gaymu, L’automne de l’amour : la vie sexuelle après 50 ans, in Population, revue de l’INEd, Paris, Éd. de l’INEd, nov.-déc. 1997, no 6, 1439-1484.
  • [26]
    Voir G. Sheehy, Understanding men’s passage, op. cit., p. 179.
  • [27]
    Le moi et le ça (1922), in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981, pp. 300-301.
  • [28]
    P. de Neuter (2001), « Démon de midi » et angoisses masculines de la cinquantaine, article non encore publié.
  • [29]
    N. Stryckman, Désir d’enfant, in Le Bulletin freudien, no 21, 1993, 91-92.
  • [30]
    R. Lax, op. cit., p. 202.
  • [31]
    N’oublions pas que nous parlons ici de désir et non pas d’amour ; ce dernier concerne l’être tout entier.
  • [32]
    M. Gueydan (1991).
  • [33]
    Pour ce concept, voir J. Schaeffer, Le refus du féminin, Paris, PUF, 1997.
  • [34]
    Au milieu de la vie, d’autres remaniements libidinaux sont possibles : celui du choix d’un objet du même sexe, par exemple. Voir M.-C. Laznik (2003), op. cit., pp. 203-216.
  • [35]
    S. Bemesderfer, Psychoanalytic aspects of menopause, in J. of the Amer. Psych. Ass., 44/2, 1994.
  • [36]
    Un nouveau panel sur ce sujet aura lieu au Congrès de l’IPA en 2005. À ma connaissance, rien d’autre n’avait eu lieu entre-temps dans les milieux de l’IPA.
  • [37]
    Renik s’était intéressé un temps à la ménopause par le biais de ses travaux sur les règles. Voir O. Renik, An example of disavowal involving the menstrual cycle, in Psychoanalytic Quarterly, LIII, 1984. A case of premenstrual distress : Bisexual determinants of a woman’s fantasy of damage to her genital, in J. of Amer. Psychoanalytic Ass., vol. 40, no 1, 1992.

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