Notes
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[1]
P. Marty (1967), La dépression essentielle, Revue française de Psychanalyse, 1968, t. XXXII, no 3, 595-598.
-
[2]
C. Smadja (1998), Étude sur la pensée opératoire. Le fonctionnement opératoire dans la pratique psychosomatique, Revue française de Psychanalyse, t. LXII, no 5, 1367-1441.
-
[3]
Ibid., 1422-1423.
-
[4]
C. Smadja (2001), La vie opératoire. Études psychanalytiques, Paris, PUF. Voir p. 78.
-
[5]
P. Marty (1980), L’ordre psychosomatique. Les mouvements individuels de vie et de mort, Paris, Payot, 1998.
-
[6]
Ibid., p. 80.
-
[7]
Le Moi-Idéal est élaboré pour Lacan à partir de l’image du corps propre dans le miroir. Cette image est le support de l’identification primaire. Nous remarquerons qu’il est toujours question du « corps », mais d’un corps sans pulsions.
-
[8]
P. Marty, La psychosomatique de l’adulte, Paris, PUF, 1996.
-
[9]
J. Chasseguet-Smirgel, L’Idéal du Moi. Essai psychanalytique sur la maladie de l’idéalité, Paris, Tchou, 1975.
-
[10]
Cette projection est liée dans l’esprit de l’auteur à la conception d’un narcissisme organisé en instance selon B. Grunberger.
-
[11]
D. Braunschweig, M. Fain, La nuit, le jour, Paris, PUF, 1975.
-
[12]
Dont Freud, selon André Green, a laissé « la théorie en suspens » (A. Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort, Paris, Éd. de Minuit, 1983).
-
[13]
P. Marty, M. Fain (1954), Importance du rôle de la motricité dans la relation d’objet, Revue française de Psychanalyse, t. XIX, no 1-2, 1955, 205-284.
-
[14]
Rôle du stade anal dans le vécu corporel et la formation de l’image du corps. Inédit, non publié.
-
[15]
D. Lagache (1961), Psychanalyse et structure de la personnalité, La Psychanalyse, 6, 5-54. Je suis avec quelques nuances le fil directeur de Daniel Lagache ; voir p. 42.
-
[16]
C. Smadja (2001), La vie opératoire. Études psychanalytiques, Paris, PUF. Voir p. 217.
-
[17]
Ibid., p. 217 : « La distinction clinique entre maladie opératoire et régression opératoire nous conduit à différencier deux processus psychiques, l’un de désobjectalisation, l’autre de désinvestissement. »
-
[18]
S. Freud (1921), Psychologie des masses et analyse du Moi, OCP, Paris, PUF, 1991. Voir le chapitre intitulé « L’identification », p. 42.
-
[19]
P. Denis, Fixations dynamiques, fixations dépressives, Revue française de psychosomatique, 6, 1994, 139-147.
-
[20]
Ibid., p. 143.
-
[21]
Ibid.
-
[22]
Ibid., p. 84.
-
[23]
P. Marty (1966), La dépression essentielle, Revue française de Psychanalyse, t. XXX, no 3, 595-598.
-
[24]
B. Grunberger (1950), Le narcissisme, Paris, Payot. Je suis de manière très schématique les deux études de l’auteur sur la relation d’objet orale et anale ; voir p. 145 et 171.
-
[25]
Ibid., p. 174 : « Il s’installe à son compte, pour ainsi dire, et cette fois-ci contre le milieu dont il a si mal supporté jusqu’ici la sujétion. »
-
[26]
Ibid., p. 175.
-
[27]
C. Smadja (2003), La dépression inachevée, dans le présent numéro.
-
[28]
S. Freud (1917), Deuil et mélancolie, OCP, XIII, Paris, PUF, 1988. Voir p. 271.
-
[29]
N. Nicola ïdis (1997), De la perception au Moi-Idéal, in Elsa Schmid-Kitsikis, Ariel Sanzana et al., Concepts limites en psychanalyse, Neuchâtel, Delachaux & Niestlé. Voir p. 336.
-
[30]
P. Marty, M. M’Uzan de (1962), La pensée opératoire, Revue française de Psychanalyse, t. XXVII, numéro spécial, 1963, 345-356.
1Le but du présent travail est de mettre en évidence une dynamique conflictuelle qui préside à la survenue de cette “ essence de la dépression [1] ” que représente la dépression essentielle.
2La seule dimension économique a véritablement retenu la réflexion psychanalytique durant de nombreuses années.
3Mais, depuis le Congrès de Lausanne, la dimension narcissique est reconnue [2] ; même si cette importance n’est conçue que comme l’émanation d’un narcissisme déficitaire [3].
4La dépression essentielle, à la différence de la dépression névrotique, ne prétend pas au sens et exprime peu d’affects. La plupart des manifestations cliniques sont inconstantes. Elles peuvent s’exprimer parfois corporellement par des manifestations « physiques » ; quelquefois, par des angoisses fugaces sans véritables représentations d’objet. Ces « malaises » appartiennent à des états décrits par Freud, sous l’expression « névroses actuelles ». Nous savons que leur axe économique a conduit à une véritable approche psychanalytique de l’économie psychosomatique.
5Lors d’une étude relativement récente, C. Smadja [4] rapproche les descriptions de Freud d’une entité qu’il qualifie de « dépression actuelle », notion voisine de la dépression essentielle où existe « une série de défauts dans la trajectoire de l’excitation sexuelle somatique et plaçant le sujet en dehors de l’affect ».
6Dans son chapitre intitulé « Désorganisations progressives » et consacré à l’étude de la dépression essentielle, P. Marty [5] introduit entre « Perspectives théoriques » et « Perspectives thérapeutiques » un chapitre intitulé « Hypothèse concernant le Moi-Idéal ».
7Cet enchaînement n’est pas pour nous un simple effet de présentation mais révèle l’importance que P. Marty accordait au Moi-Idéal pour la théorie et la thérapeutique. Il développe une hypothèse qui « touche à l’évolution individuelle et vise la trajectoire qui mène de l’objet pulsionnel à la conception de l’objet réalité ».
8La place du Moi-Idéal dans la survenue d’une dépression essentielle, son rôle dynamique au sein de l’économie narcissique, n’ont pas été véritablement discutés. Il est vrai que le Moi-Idéal est un concept qui n’à pas de définition métapsychologiquement ! P. Marty semble en avoir été tout à fait conscient lorsqu’il écrit dans une note de bas de page : « Souvent mis en cause, le Moi-Idéal semble jamais n’avoir été défini », et ajoute, au début du chapitre qu’il lui consacre : « Certaines perspectives (...) dépasseront notre intérêt direct [6] ».
LE MOI-IDÉAL SELON PIERRE MARTY
9Pierre Marty décrit le Moi-Idéal au plus proche de son expérience clinique. Il s’agit d’une entité narcissique provisoire dans l’histoire du développement libidinal. Le Moi-Idéal est resté à distance du mouvement œdipien, il garde la fraîcheur et la vigueur de son époque de formation : la période pré-œdipienne.
10Les exigences du Moi-Idéal sont présentes d’emblée dans les névroses de comportement. Elles se manifestent de manière plus feutrée, mais tout aussi impérieuses au cours de la dépression essentielle. Le Moi-Idéal apparaît dans toute sa vigueur au cours du traitement lorsque la dépression essentielle est devenue, après les quelques angoisses fugaces du début, une forme de pensée : la pensée opératoire.
11Classiquement « issu de la toute-puissance narcissique », le Moi-Idéal ne lui apparaît pas « comme une formation intrapsychique, comme une fonction mentale, mais plutôt comme l’une des incidences psychiques d’un phénomène général lié au manque de mesure d’une certaine époque du développement et, plus précisément, au manque préconscient de représentations spatiales suffisamment évoluées. » Il s’agit d’une époque où l’objet est nommé, parlé, reconnu. Mais cet aspect souligne combien le langage, la parole sont en avance sur l’organisation du schéma corporel et par rapport à la conception de l’objet réalité. Ce dernier est mal différencié de la réalité interne et du corps propre du sujet. P. Marty insiste sur cette formation narcissique transitoire qui doit être dépassée et qui, lorsqu’elle reste active, « fixée », révèle que l’adaptation sensori-motrice, l’ « accommodation » du sujet vis-à-vis des objets, n’a pu se faire. »
12Il évoque le Moi-Idéal comme un phénomène qui surgit au carrefour de l’imaginaire et du symbolique (en référence à la topique de Lacan [7]). P. Marty nous livre alors le cœur des identifications conduites par le Moi-Idéal : il s’agit de représentations préconscientes « dans lesquelles les protagonistes sont identifiés (ils pourraient être désignés et nommés) mais dans lesquelles néanmoins les objets externes, soi-même et les objets internes mal isolés, mal abstraits se trouvent mêlés en des inclusions réciproques ». Il précise que « la distance effective n’est pas figurée » et que « l’accommodation aux objets ne peut s’envisager ». Il n’est pas non plus question d’un « vécu triangulaire, malgré le poids des fantasmes originaires ».
13P. Marty apporte une précision chronologique qui s’accorde à mon expérience clinique : « Sa présence peut être fondamentale ou apparaître seulement lors de désorganisation ou de régression psychique [8] ».
14Mais comment se constitue cette formation narcissique provisoire dont le destin est de s’intégrer au Surmoi/Idéal du Moi, couple qui naît du complexe d’Œdipe ?
LA GÉNÉTIQUE
15Quels que soient les auteurs (Lacan, Lagache, Marty), le Moi-Idéal est une forme de passage obligatoire dans le développement du Moi.
16J. Chasseguet-Smirgel [9] présente une conception de la formation de l’Idéal du Moi qui peut éclairer notre réflexion. Elle nous rappelle que l’Idéal est pour Freud un degré de développement du Moi. Au début de son développement, le Moi est à l’origine son propre idéal. Il projette cet idéal, donc sa libido narcissique [10] sur un objet qui devient un idéal. Il lui faudra « suturer par divers moyens les deux lèvres dont il est maintenant marqué ».
17J. Chasseguet-Smirgel insiste sur l’aspect maturatif. Il y aurait un Idéal du Moi présent à chaque étape du développement du Moi, l’idéal du Moi génital œdipien intégrant les précédents.
18La force de ce Moi-Idéal, sa persistance, son pouvoir attractif sont très dépendants de la manière dont l’objet primaire a conduit son enfant à projeter son Idéal sur des modèles successifs, c’est-à-dire à dépasser cette formation narcissique transitoire. Cette médiation est, comme nous le savons, pleine d’imprévus. Les éventuelles complications se développent dans le champ du « narcissisme primitivement secondaire », selon les conceptions de D. Braunschweig et M. Fain [11]. La force du Moi-Idéal, sa persistance dans l’économie psychosomatique du sujet interrogent la qualité de la « censure de l’amante », selon le modèle de Fain et Braunschweig. Cette conception peut nous permettre de comprendre cliniquement les différentes présences du Moi-Idéal. La force et la présence manifestes d’emblée de cette formation narcissique nous renvoient à une « censure de l’amante » défaillante : la libido narcissique serait restée clivée structuellement du courant pulsionnel et investirait un Idéal démesuré.
19Par ailleurs, dans certains cas, la régression, la dédifférenciation du couple Surmoi/Idéal du Moi pourrait permettre la résurgence de cette formation psychique narcissique qu’est le Moi-Idéal qui apparaît secondairement.
20Dans les strates les plus anciennes du développement du Moi, la conception du Moi-Idéal est différente selon les conceptions relatives au narcissisme : il serait, en tenant compte des travaux de Braunschweig et Fain, une identification au narcissisme de la mère. Le Moi-Idéal serait le résultat du détour de la libido par l’objet primaire.
21Ou bien, en accord avec des conceptions plus classiques, il témoignerait d’un narcissisme ayant valeur d’une instance (Grunberger) ou serait un aspect retrouvé du narcissisme primaire [12] ».
MOI-IDÉAL ET ANALITÉ
22Marty et Fain [13] ont suivi le destin de l’activité musculaire et nous ont montré que « l’adaptation motrice à l’objet tire l’essentiel de ses racines du stade anal ».
23J. Chasseguet-Smirgel [14], par une étude à la fois littéraire et clinique, aboutit aux mêmes conclusions quant à l’image du corps.
24Les exigences du Moi-Idéal sont liées à la motricité, à l’acte moteur. La vigueur, la force du Moi-Idéal puisent leur source dans la libido liée à l’analité.
25Ces données cliniques et théoriques peuvent nous permettre de préciser quel- que peu notre point de vue. Le Moi-Idéal est porteur, dans ses strates originaires, d’un certain nombre d’exigences issues de la toute-puissance narcissique. Tout ce qui peut faire obstacle au sentiment d’expansion illimitée liée à l’activité corporelle est une blessure narcissique : rien ne peut limiter le corps, il ne doit jamais rappeler sa vulnérabilité. Les zones érogènes seront autant de blessures narcissiques car elles signeront autant de contraintes liées à une « activité » du corps qui échappe à la toute-puissance. Cette condamnation des zones érogènes, particulièrement de la zone érogène anale, est une exigence narcissique du Moi-Idéal.
26La pratique clinique nous montre que la force et la présence du Moi-Idéal sont variables et qu’elles intéressent des organisations psychiques aussi différentes que la névrose de comportement ou la névrose hystérique.
27Dans le cadre des structures œdipiennes, dont le fonctionnement est hystérique ou obsessionnel, le Moi-Idéal est comme effacé, intégré au couple Surmoi-Idéal du Moi [15], ce qui témoigne de la présence d’une organisation œdipienne conséquente.
28Mais, dans certains cas, il peut exister par exemple un conflit entre l’Idéal du Moi et le Moi, conflit qui peut s’exprimer par une dépression d’infériorité (F. Pasche). La régression libidinale et le mode de fonctionnement mental de cette organisation dépressive peuvent s’accompagner d’une régression libidinale importante. Le Moi-Idéal apparaît alors en une sorte de deuxième temps. Il semble être « sorti » du couple Surmoi-Idéal du Moi. Il est possible d’appréhender cette dimension topique différemment selon les options théoriques.
29P. Marty souligne la forte présence du Moi-Idéal lors des désorganisations progressives où se révèle la dépression essentielle. Le Moi-Idéal s’affirme alors d’emblée. C’est dans ces cas que Marty conçoit le Moi-Idéal comme un rejeton du narcissisme primaire.
30Un exemple clinique me permettra d’illustrer la conflictualité liée à la présence du Moi-Idéal. Nous devons, pour la clarté de l’exposé, rappeler la différence introduite par C. Smadja entre la maladie opératoire et les « états opératoires de la vie quotidienne ». Dans les états opératoires de la vie quotidienne, « ce sont les objets du Moi qui sont affectés et soumis à un processus de désinvestissement. Ce sont des objets momentanément malades, surchargés en excitation. Ils sont en quelque sorte le lieu d’un processus inflammatoire [16] ». Cette distinction permet de circonscrire une régression opératoire [17] qui peut surprendre l’analyste.
31Cette régression opératoire précipite silencieusement le patient dans des activités qui sont en fait des comportements destinés à évacuer les liens à l’objet de la pulsion.
UN EXEMPLE CLINIQUE
32M. B... est un homme de 47 ans. Il est marié depuis l’âge de 20 ans et père de deux grandes filles (22 et 20 ans) et d’un jeune garçon de 17 ans. La psychothérapie a été instaurée au rythme d’une séance par semaine au Centre Pierre-Marty. Le consultant, lors de l’investigation préliminaire, notait : « Ce patient présente des troubles d’allure neurologique (troubles de la mémoire, fatigue généralisée et douleurs musculaires). Les médecins suggèrent qu’il a développé une dépression atypique. Il se présente sur un mode discrètement défensif, affichant un discours de modalité opératoire, centré sur les événements en insistant sur sa volonté de se débarrasser des symptômes gênants. Après un premier temps de consultation sur un mode médical, je l’invite à parler de sa famille. Il évoque la mort de son père lorsqu’il avait 13 ans, « un père magasinier et alcoolique, violent avec sa mère ».
33Le consultant dégage autour de cette consultation un contre-investissement à une identification du patient à son père. Les troubles neurologiques ont commencé lorsque son fils a eu l’âge qu’il avait lui-même à la mort de son père (les troubles neurologiques du patient sont probablement semblables à ceux de son père qui est décédé d’un accident cérébral).
34Lors des deux premières années, les séances se résumaient peu ou prou à des réflexions « communes » sur les problèmes en relation avec nos ordinateurs respectifs. C’était la seule solution, car, en dehors de ce thème, il me semblait ne pouvoir me parler. M. B... prit conscience progressivement, entre deux commentaires sur certains logiciels, de sa difficulté à « dire » quelque chose de personnel sur sa vie. La répression de ses affects était manifeste ainsi que certains mécanismes de rétention abrupts sans érotisation de la pensée, sans symptômes de la série obsessionnelle, ni ambivalence. Il se produisit un tournant important quand je pus lui montrer à propos d’une émission de télévision la peur de sa violence.
35Il associa – pour la première fois de la thérapie – en évoquant son adolescence où il écartait toute agressivité de peur que « ça explose ». Il accepta, en référence à l’émotion qu’il avait ressentie, l’idée que la violence de son père à l’égard de sa mère l’avait « peut-être » marqué personnellement.
36Il est maintenant admis que les modalités opératoires recouvrent une destructivité importante. Au cours de cette thérapie, ce patient me montra que les modalités opératoires sont d’autant plus importantes que le champ de l’idéalisation a été entravé.
37Au cours d’une séance, je lui proposais l’idée suivante : il n’avait jamais pu adorer son père. Ce fut cette intervention qui fut véritablement mutative, intervention qui répondait au contre-investissement de l’identification au père toujours présent de manière conflictuelle dans sa vie psychique. Pour M. B..., la difficulté provenait tout d’abord non pas d’avoir ce qu’avait le père, mais de cette part qui joue un rôle important dans l’identification. Freud écrit : « L’iden- tification est connue de la psychanalyse comme la manifestation la plus précoce d’une liaison de sentiment à une autre personne. Elle joue un rôle dans la préhistoire du complexe d’Œdipe. Le petit garçon fait montre d’un intérêt particulier pour son père (...) disons-le tranquillement : il fait de son père un idéal. Ce comportement n’a rien à voir avec une position passive ou féminine. Il est bien plutôt masculin par excellence. Il se concilie très bien avec le complexe d’Œdipe qu’il aide à préparer [18] ».
38Lors de cette étude de l’identification, Freud fait une distinction entre deux types de liaison : la première concerne le père qu’on voudrait être (identification au père) ; la deuxième, ce que l’on voudrait avoir du père (choix d’objet portant sur le père), et d’observer : « Ce qui fait donc la différence, c’est que la liaison s’attaque au sujet ou à l’objet du Moi. C’est pourquoi la première de ces liaisons [ce qu’on voudrait être] est possible, préalablement à tout choix d’objet sexuel. »
39Cette illustration me permet de proposer l’idée suivante : les modalités opératoires qui surviennent dans les dépressions de structure œdipienne se rattachent à une idéalisation impossible d’un objet parental ou de son substitut.
40M. B..., et d’autres patients de structure œdipienne qui adoptent un certain nombre de modalités opératoires, m’ont montré que cette difficulté qui s’attache à l’idéalisation d’un objet parental avait pour conséquence d’empêcher les mouvements identificatoires œdipiens. Les propos de Freud que nous venons de rappeler au sujet de l’identification nous montrent les conditions nécessaires d’une identification structurante pour le Moi. Elles doivent permettre une intrication entre le registre de l’être (dimension narcissique) et celui de l’avoir (dimension pulsionnelle). Cette condition est configurée par une idéalisation de l’objet qui, dans ces cas, prépare l’identification œdipienne.
41Spinoza évoquerait un trouble de l’admiration primaire. La désidéalisation brutale d’un objet œdipien dont Paul Denis nous a montré qu’elle pouvait être à l’origine d’une fixation dépressive [19] est proche mais différente. Mais très souvent certains patients nous montrent que « l’Idéal du Moi se confond avec un objet désidéalisé et l’image parentale interdictrice disparaît [20] », et, d’autre part, que l’« effondrement des instances [21] » s’accompagne d’une dédifférenciation de l’Idéal du Moi, et le Moi-Idéal, par sa permanence, semble être devenu proche d’une instance narcissique. Cette formation psychique viendrait, par la force de ses exigences narcissiques (que nous allons préciser), faire obstacle à toute régression et fixation au sens de la psychanalyse. L’investissement objectal est dirigé par un Moi commandé par le Moi-Idéal vers la motricité, l’acte, le comportement : le refoulement est exclu.
42Les exigences du Moi-Idéal apparaissent dans les oscillations des modalités opératoires autour d’une « pensée » dont la motricité s’exprime par une forme de « réflexion » en acte. M. B... peut par exemple rechercher par la réflexion un « fichier » perdu sur son ordinateur et, dans le même mouvement, appuyer sur le clavier pour « vérifier ». Ce serait une erreur de considérer ces actes comme des « équivalents auto-érotiques » ou un symptôme compulsionnel. Il s’agit, pour le patient, de décharger sur un mode « moteur » la tension pulsionnelle ; s’il existe un auto-érotisme lié à cette tension pulsionnelle, il serait celui d’une pénurie fantasmatique !
43La force du Moi-Idéal apparaît dans cette disparition d’une pensée abstraite à la recherche d’un acte moteur. Un autre patient m’a bien fait comprendre cette importance du règne du Moi-Idéal. Il présentait peu ou prou les même symptômes de névrose actuelle que M. B... mais de manière plus limitée : il souffrait de sensations de brûlure dans les jambes. La psychothérapie progressant, il me confia sa surprise de constater qu’il ne pouvait pas, entre les séances, « penser librement » mais qu’il lui fallait un support à ses pensées, quelque chose de concret.
LE CONFLIT INTRANARCISSIQUE. LA DYNAMIQUE
44Selon Pierre Marty, « (...) il ressort donc que le Moi-idéal de toute-puissance se présente au mieux avec un contexte préconscient de représentations, particulières en ce que sujet et objet sont désignés et reconnus bien que règne une indistinction spatiale de l’intérieur, de l’extérieur, de la distance. Les représentations parfois se montrent à peine, indistinction intérieur-extérieur et indistanciation paraissent seulement vécues ». Pierre Marty conclut : « C’est ainsi que le Moi-Idéal nous apparaît davantage comme un phénomène négatif mettant en relief l’insuffisance évolutive ou l’effacement plus ou moins durable d’une organisation mentale [22] ». Il ne modifiera plus dans ses écrits ultérieurs sa conception du Moi-Idéal dont la persistance témoigne d’une insuffisance évolutive partielle de l’appareil mental.
45Nous sommes en présence d’une description magistrale à laquelle je souscris. Mais les conclusions nous paraissent négliger la force du narcissisme et sa dynamique propre. La toute-puissance narcissique livre son combat contre un Moi. Les déficits que nous rencontrons sont indiscutables et se soldent par une désorganisation. Un des piliers du modèle théorique de Pierre Marty est constitué par le rôle de l’économie psychique : « la pointe évolutive ». Cette économie psychique est appréciée en référence à un bon fonctionnement de la première topique freudienne.
46Le fonctionnement normal, continu, de la première topique, en psychosomatique, « garantit l’absence (...) de dépression essentielle, de vie opératoire ». Notre attention est attirée par cette pointe évolutive. C’est-à-dire par un conflit intranarcissique entre une formation psychique : le Moi-Idéal, et le Moi. Lorsque le Moi est soumis à cette figure du narcissisme qui devrait être dépassée au cours de l’évolution libidinale, il doit se conformer à ses exigences. S’il veut être digne, avoir quelque estime de lui-même, le Moi doit se plier aux exigences d’une toute-puissance narcissique. Mais quelles sont ces exigences ? L’idéal invoqué par le Moi-Idéal et celui de la motricité.
47Nous avons évoqué précédemment le lien entre la toute-puissance narcissique du Moi-Idéal et la motricité dans son lien à l’analité. Tout ce qui peut faire obstacle à l’acte moteur, à la sensorimotricité est une injure faite au Moi. Comment comprendre cela en termes de conflit dynamique ? La réponse se trouve dans la description de P. Marty, mais à condition que nous sachions prendre la dynamique du narcissisme en considération.
48En effet, lorsqu’il évoque le Moi-Idéal, Marty remarque : « Le stade, la plupart du temps transitoire, sur lequel nous attirons l’attention et qui précède obligatoirement l’organisation de la deuxième topique, prend sans doute part dans l’évolution individuelle à la constitution initiale de la première topique. » Il a toujours souligné que « l’achèvement, la maturité de la première topique est liée à la seconde phase du stade anal [23] ». Cette constatation signifie qu’à l’époque où apparaît le Moi-Idéal l’enfant est sorti de son univers oral non sans avoir essuyé les affronts faits à son intégrité narcissique mise à mal par son impuissance motrice.
49Il découvre la motricité, sa puissance est une révélation, ce dont témoignent les jubilations des « premiers » pas du jeune enfant. Le Moi-Idéal est celui de cette toute-puissance que retire l’enfant de son propre corps : celui du renforcement de son appareil moteur, de ses sphincters. Un bouleversement qui lui permet de remédier à cet affront que constitue le monde oral certes sans limite, mais sans véritable « prise » où l’écoulement est de rigueur [24].
50Le Moi-Idéal apparaît au cours du passage de l’univers oral à l’univers anal. Ce passage se heurte à l’activité de la zone érogène anale qui se manifeste dans un premier temps par les pulsions sadiques-anales. Les contraintes de la zone érogène anale qui définit un univers où la clôture est de rigueur sont une atteinte faite à son idéal moteur, idéal qui vise la toute-puissance narcissique sans limite, écho de la période narcissique orale. Il est habité, comme l’a remarqué Marty avec des patients adultes, par « un sentiment de forte puissance vis.à-vis de lui ainsi que vis-à-vis du monde extérieur ».
51Le passage de la relation d’objet orale à la relation d’objet anale est marqué par un affrontement qui est caractéristique de ce franchissement : l’opposition entre un narcissisme moteur et les pulsions sadiques-anales. Lors d’un développement libidinal normal, cette dialectique entre les intérêts narcissiques et pulsionnels se résout aisément.
52En effet, l’enfant, en renonçant à la toute-puissance motrice, entre véritablement dans l’analité : il s’établit à son propre compte [25]. Ce « sacrifice » est source de bénéfices narcissiques et pulsionnels considérables. En effet, l’enfant possède un objet sur lequel il peut projeter ce qui est de l’ordre du déplaisir, pour garder en lui ce qui est source de plaisir et de plénitude narcissique [26]. Ce « passage » est « vectorisé » par l’objet excrémentiel. Mais cette traversée est toujours délicate pour l’enfant. Freud, dans son étude consacrée à la transformation des pulsions, écrit : « La défécation met l’enfant devant son premier choix entre une attitude narcissique et objectale. » Nous concevons, dans ce « contexte » narcissique et pulsionnel, toute l’importance de la manière dont les parents vont investir l’enfant lorsqu’ils lui demandent de « faire » sur son « pot », enfant qui devra consentir à « faire » un cadeau inestimable, ce dont une « mère suffisamment bonne » ne doute pas !
53Le Moi-Idéal commande une attitude narcissique motrice qui tente d’écarter la zone érogène anale. Cet Idéal de motricité condamne toute régression. Il s’agit alors d’une clinique du silence et de l’activité.
54Ces précisions sont théorico-cliniques. Mais comment se présente la réalité clinique ?
55Ce sont les effets du conflit intranarcissique que nous constatons au cours de la dépression essentielle. En effet, lorsque les patients souffrent d’une atteinte somatique, le conflit intranarcissique est présent depuis un certain temps. Nous ne pouvons que rarement observer, dans ces conditions, la dynamique du conflit Moi-Idéal du Moi. La dépression essentielle est silencieuse, au point que sa sémiologie « est tout entière contenue dans celle de la pensée opératoire et de la désorganisation psychique qui l’accompagne [27] ».
56C’est au cours des analyses que le psychanalyste psychosomaticien peut le plus aisément cerner la dynamique et la topique du conflit intranarcissique entre le Moi et le Moi-idéal.
57Un patient au cours de son analyse me l’a bien montré.
UN CAS D’ANALYSE
58André avait été un enfant élevé dans un univers maternel constitué par deux femmes homosexuelles qui méprisaient les hommes et les considéraient comme des « reproducteurs ». Lors des « vacances analytiques », ce patient me montrait son utilisation d’activités assez variées et relativement complexes qui lui servaient, selon son expression, « à ne pas penser. » Les activités de maîtrise (les jeux informatiques, par exemple) lui servaient avant tout à « annihiler » la perception de la perte de l’objet (un objet idéal paternel « enflammé »). Ce mode de fonctionnement opératoire qui n’était pas une maladie opératoire, ni une dépression essentielle, s’accompagnait cependant de différentes somatisations (nodules thyro ïdiens, sensations nauséeuses, acouphènes et bourdonnement d’oreilles, angines récidivantes, douleurs lombaires, douleurs du nerf sciatique) qui me semblaient pouvoir être issues, pour partie, d’une désorganisation. André avait consulté, avant de me « choisir », une trentaine d’analystes. Je devais son choix (par défaut, me dira-t-il au cours d’une séance) à la confiance que m’avait accordée un psychanalyste qu’il avait consulté. Ce psychanalyste avait, selon ses dires, « une surface sociale », « connaissait ses profs ». Je percevais bien sa déception de n’avoir pas pu entreprendre une analyse avec lui. C’est durant cette période qu’il entreprit de se former à la pratique d’une profession prestigieuse, se décida à vendre son appartement pour vivre en quasi-« autarcie » dans une chambre d’hôtel. Il répondait ainsi aux exigences d’un Idéal : être riche et puissant. Mais son Moi devint assez rapidement « incapable » de répondre aux exigences de cet Idéal.
59Il exprima tous les éléments d’une dépression sans souffrance, faite de fatigue, de perte d’intérêts et de longues heures passées devant son ordinateur « pour ne pas penser » mais qui lui donnait un sentiment de très grande puissance. La situation analytique et ma simple présence lui permettaient d’endiguer quelque peu ce mouvement. Il évoqua des symptômes somatiques à type de rachialgies et d’angines traînantes et récidivantes. Un ami lui confia être en analyse avec une sommité « lacanienne ». Il déversa sur la SPP une série de critiques. André insistait sur l’analyste « prestigieux » de son ami.
60Je lui fis remarquer que le psychanalyste de son ami était donc au « top ! » et que, moi, j’étais un « petit top ! ». Cette intervention à visée interprétative du transfert (nous étions dans sa troisième année d’analyse) fit « flamber » son désintérêt effectif, sa fatigue. Il utilisait ce dont il ne souffrait pas, surtout pour me souligner la déception qu’il ressentait à mon égard. Ce mouvement d’effondrement libidinal était combattu par son agressivité à l’égard de l’idéal paternel impossible que je représentais pour lui – un idéal qu’il était venu chercher auprès d’un psychanalyste. Toutefois, les séances semblaient l’aider par le simple effet de la situation analytique. J’en profitais pour lui dire une nouvelle fois qu’il ne supportait pas que je sois un petit « top ! ». Il en sourit dans un premier temps, puis il me dit : « Je suis paralysé dans ma déception, avec cette sensation de vide intérieur, cette partie de moi qui me manque, je ne peux pas ne pas vous admirer. » Cette dénégation me laissait entrevoir quelques changements à l’égard d’une idéalisation préparatoire, qui pourrait « peut-être » assurer une identification à un père œdipien.
61La force du Moi-Idéal avait été dans un premier temps légèrement modérée par la situation analytique source d’un rétablissement narcissique (selon la conception de Grunberger). Mais l’ampleur des exigences se modifia à partir de cette dénégation : « Je ne peux pas vous admirer. » Nous avons privilégié dans ce fragment d’analyse les éléments qui pouvaient illustrer notre réflexion. D’autres lectures restent possibles.
LA PENSÉE OPÉRATOIRE. QUELQUES PRÉCISIONS
62Freud, dans « Deuil et mélancolie » souligne l’importance des « tendances sadiques et haineuses », qui opèrent, comme dans la névrose obsessionnelle, un retournement sur la personne propre. Il insiste sur le destin de l’investissement d’amour dont une partie a été « reportée, sous l’influence du conflit ambivalentiel, au stade du sadisme le plus proche ». Et poursuit : « (...) l’un des caractères frappants de la mélancolie, le relief pris par l’angoisse d’appauvrissement, dérive de l’érotisme anal qui est arraché à ses liaisons et régressivement transformé [28] ». Nicos Nicola ïdis [29] a proposé, à partir de la réflexion de Michel Fain, une voie féconde de réflexion autour du dysfonctionnement du processus primaire et de la régression au perceptif.
63Cependant, il me semble que la notion soulignée par Freud d’un « arrachement de l’érotisme anal à ses liaisons » semble indiquer une régression au narcissisme. Cette indication demanderait à être mise en perspective avec celle de « Mélancolie sans objet » proposée par Claude Smadja à Lausanne. Ces différents points mériteraient tout un développement que nous ne pouvons étudier dans le cadre nécessairement limité de cet article. Mais nous pouvons comprendre pourquoi les auteurs de la Communication de Barcelone [30] ont insisté sur les liens entre la pensée opératoire et la motricité. La présence de la motricité dans la pensée opératoire mériterait d’ailleurs toute une réflexion.
64En effet, l’importance variable du Moi-Idéal condamne peu ou prou le Moi à ne pas se dégager de ses racines sensori-motrices. Le champ de la destructivité dans lequel s’inscrit cette pensée gagnerait selon nous à être repris à la lumière non pas de la pulsion de mort, mais d’une sorte de clivage entre la libido narcissique et pulsionnelle issue de l’analité. Les pulsions sadiques anales et leur destin sous les effets d’un Moi-Idéal auraient, selon nous, un rôle fondamental. Cette « dialectique » pourrait peut-être se poursuivre du fait de la régression au narcissisme, dans le cadre de l’analité primaire proposée par André Green.
CONCLUSIONS
65La dépression essentielle et sa compagne de misère, la pensée opératoire, témoignent d’une économie libidinale de pauvreté. Cette dimension économique ne doit pas nous faire négliger la dimension topique et dynamique. En effet, nous sommes en présence d’un conflit spécifique intranarcissique entre le Moi et le Moi-Idéal. L’importance plus ou moins définitive du Moi-Idéal, qui ne devrait être qu’une formation transitoire, témoigne de difficultés narcissiques. Le Moi-Idéal devient selon nous une formation narcissique qui dicte ses exigences au Moi de ces patients. Il témoigne d’une régression topique et d’une dédifférenciation de l’Idéal du Moi.
66L’idéal du Moi-Idéal est la motricité « délivrée » de la zone érogène anale – un Idéal qui écrase le Moi. Il entraîne par régression le Moi à devenir « sensorimoteur ». Ce Moi sensorimoteur est dans l’incapacité de traiter par le refoulement les tensions pulsionnelles qui sont en fait des « chercheuses » d’objet. Elles sont pour ce Moi, en raison de sa soumission aux exigences du Moi-idéal, une effraction narcissique, véritables attaques traumatiques non symbolisées, non symbolisables. Les exigences du Moi-Idéal commandent au Moi, au nom de la toute-puissance narcissique, l’évacuation par la motricité des excitations pulsionnelles et non leur refoulement : les voies du comportement, de l’opératoire sont « ouvertes ». La dynamique conflictuelle conduit à des impératifs de conformité sociale, à des figures régressives du Surmoi et à un narcissisme de comportement, bien soulignés par C. Smadja.
67L’importance du conflit intranarcissique entre le Moi-Idéal et le Moi a des conséquences non seulement théoriques mais aussi pratiques. C’est la raison pour laquelle il serait sûrement important de caractériser plus précisément ces mouvements dans la cure analytique et dans les psychothérapies psychanalytiques en « face à face ».
Notes
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[1]
P. Marty (1967), La dépression essentielle, Revue française de Psychanalyse, 1968, t. XXXII, no 3, 595-598.
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[2]
C. Smadja (1998), Étude sur la pensée opératoire. Le fonctionnement opératoire dans la pratique psychosomatique, Revue française de Psychanalyse, t. LXII, no 5, 1367-1441.
-
[3]
Ibid., 1422-1423.
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[4]
C. Smadja (2001), La vie opératoire. Études psychanalytiques, Paris, PUF. Voir p. 78.
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[5]
P. Marty (1980), L’ordre psychosomatique. Les mouvements individuels de vie et de mort, Paris, Payot, 1998.
-
[6]
Ibid., p. 80.
-
[7]
Le Moi-Idéal est élaboré pour Lacan à partir de l’image du corps propre dans le miroir. Cette image est le support de l’identification primaire. Nous remarquerons qu’il est toujours question du « corps », mais d’un corps sans pulsions.
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[8]
P. Marty, La psychosomatique de l’adulte, Paris, PUF, 1996.
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[9]
J. Chasseguet-Smirgel, L’Idéal du Moi. Essai psychanalytique sur la maladie de l’idéalité, Paris, Tchou, 1975.
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[10]
Cette projection est liée dans l’esprit de l’auteur à la conception d’un narcissisme organisé en instance selon B. Grunberger.
-
[11]
D. Braunschweig, M. Fain, La nuit, le jour, Paris, PUF, 1975.
-
[12]
Dont Freud, selon André Green, a laissé « la théorie en suspens » (A. Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort, Paris, Éd. de Minuit, 1983).
-
[13]
P. Marty, M. Fain (1954), Importance du rôle de la motricité dans la relation d’objet, Revue française de Psychanalyse, t. XIX, no 1-2, 1955, 205-284.
-
[14]
Rôle du stade anal dans le vécu corporel et la formation de l’image du corps. Inédit, non publié.
-
[15]
D. Lagache (1961), Psychanalyse et structure de la personnalité, La Psychanalyse, 6, 5-54. Je suis avec quelques nuances le fil directeur de Daniel Lagache ; voir p. 42.
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[16]
C. Smadja (2001), La vie opératoire. Études psychanalytiques, Paris, PUF. Voir p. 217.
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[17]
Ibid., p. 217 : « La distinction clinique entre maladie opératoire et régression opératoire nous conduit à différencier deux processus psychiques, l’un de désobjectalisation, l’autre de désinvestissement. »
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[18]
S. Freud (1921), Psychologie des masses et analyse du Moi, OCP, Paris, PUF, 1991. Voir le chapitre intitulé « L’identification », p. 42.
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[19]
P. Denis, Fixations dynamiques, fixations dépressives, Revue française de psychosomatique, 6, 1994, 139-147.
-
[20]
Ibid., p. 143.
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[21]
Ibid.
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[22]
Ibid., p. 84.
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[23]
P. Marty (1966), La dépression essentielle, Revue française de Psychanalyse, t. XXX, no 3, 595-598.
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[24]
B. Grunberger (1950), Le narcissisme, Paris, Payot. Je suis de manière très schématique les deux études de l’auteur sur la relation d’objet orale et anale ; voir p. 145 et 171.
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[25]
Ibid., p. 174 : « Il s’installe à son compte, pour ainsi dire, et cette fois-ci contre le milieu dont il a si mal supporté jusqu’ici la sujétion. »
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[26]
Ibid., p. 175.
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[27]
C. Smadja (2003), La dépression inachevée, dans le présent numéro.
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[28]
S. Freud (1917), Deuil et mélancolie, OCP, XIII, Paris, PUF, 1988. Voir p. 271.
-
[29]
N. Nicola ïdis (1997), De la perception au Moi-Idéal, in Elsa Schmid-Kitsikis, Ariel Sanzana et al., Concepts limites en psychanalyse, Neuchâtel, Delachaux & Niestlé. Voir p. 336.
-
[30]
P. Marty, M. M’Uzan de (1962), La pensée opératoire, Revue française de Psychanalyse, t. XXVII, numéro spécial, 1963, 345-356.