Notes
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[1]
D’ailleurs, l’aspect féminin était présent au rendez-vous, devenant parfois manifeste, par exemple lorsque Ferenczi écrit qu’il attend que son transfert envers Freud « va sûrement le ‘‘féconder’’ » (lettre du 10 juillet 1916, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 2, p. 151).
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[2]
Dans la Correspondance Freud-Ferenczi (p. 503), nous lisons à propos du contenu de ce télégramme de Freud : « Lu conférence Ferenczi inoffensif bête sinon inabordable impression désagréable ».
1 Pour aborder la question du transfert de Ferenczi sur la personne de Freud, diverses voies sont possibles : d’abord, la voie indiquée par Freud (et par Ferenczi lui-même), celle du transfert dit « négatif ». Peu avant la fin de sa propre vie (et quelques années après la mort de son ami et élève), Freud aborde cette question ; ses avancées s’articulent avec, voire se fondent sur « le cas Ferenczi », car il est couramment admis que l’homme « qui a pratiqué l’analyse lui-même avec grand succès », dont il parle en 1937 dans son texte « L’analyse avec fin et l’analyse sans fin », c’est bien Ferenczi (Freud, 1937, pp. 236-237).
2 Dans la fameuse lettre du 17 janvier 1930, Ferenczi se plaint, se révolte et manifeste le côté le plus agressif et en même temps le moins élaboré de son transfert à l’égard de son ex-analyste :
dans la relation entre vous et moi il s’agit (du moins en moi) d’un amalgame de divers conflits de sentiments et de dispositions. D’abord, vous avez été mon maître adoré et mon modèle inatteignable […] Puis vous êtes devenu mon analyste, mais les circonstances défavorables n’ont pas permis de mener mon analyse jusqu’à son terme. Ce que j’ai particulièrement regretté, c’est que vous n’ayez pas, dans le cours de l’analyse, décelé en moi et conduit à l’abréaction les sentiments et fantasmes négatifs, qui en partie n’étaient que de l’ordre du transfert (Correspondance Freud-Ferenczi, t. 3, p. 431).
4 Mais au-delà de cette voie, nous pourrions également en chercher d’autres, comme par exemple celle de l’identification, notamment de l’identification à l’agresseur (Ferenczi, 1933-[1932], p. 130), celle de l’homosexualité latente (Press, 2012), de l’idéalisation et du surmoi, enfin celle d’une « analyse » entre un maître et son élève, entre un inventeur et un admirateur, une analyse qui en plus fut très brève et précocement « terminée » pour des raisons multiples : historiques, géographiques mais aussi profondément personnelles, je dirais « constitutionnelles » (qu’il s’agisse de la constitution psychique des deux protagonistes ou celle de leur entourage psychanalytique, de « la horde sauvage » et donc de la constitutionalité du mouvement psychanalytique).
Le destin tragique d’un transfert paternel
5 Ferenczi a été désigné comme « l’enfant terrible de la psychanalyse ». S’agirait-il d’un enfant admirable qui terrifie les adultes autour de lui ? Si tel est le cas, la question qui se pose alors est de savoir si Ferenczi fut un enfant qui a refusé de grandir ou plutôt qui a grandi précocement (wise baby). Sans doute, fut-il un enfant difficile qui s’est retrouvé dans le tourbillon d’une « confusion de langues » entre les adultes de son entourage et un infantile implacable qui le hantait et dont il ne voulait pas se départir.
6 Il a également été désigné comme « l’homme malade de la psychanalyse », ce qui, comme le souligne P. Miller (2015, p. 58), peut s’entendre en deux sens. « Malade », dans le sens de celui qui est pathologique dans le mouvement analytique, et « malade » dans le sens de celui qui tombe malade par la psychanalyse. Nous pourrions ajouter aussi, malade pour la psychanalyse.
7 La question qui se pose ainsi est de savoir si Ferenczi s’est « sacrifié » pour elle, s’il est mort en son nom. Dans cette perspective, il serait tentant d’associer la place de cet « enfant » malade, faible et asthénique, jadis le préféré du père, au rôle d’une Iphigénie moderne [1]. En effet, dans la tragédie d’Euripide Iphigénie à Aulis, Agamemnon refuse d’abord le sacrifice de son enfant mais il en est enfin convaincu par Ulysse et Ménélas. Iphigénie, quant à elle, finit par accepter de se sacrifier et d’offrir son corps pour sauver l’honneur de sa patrie.
8 Freud avait proposé à Ferenczi d’accepter la présidence de l’API en 1932 et y avait insisté (Correspondance Freud-Ferenczi, t. 3, p. 493), malgré les hésitations de celui-ci qui ne pouvait pas « concevoir la présidence comme un remède de cheval contre un mal » qu’il ne reconnaissait pas pour tel (ibid., p. 495). Dans les lettres que les deux hommes échangent vers la fin août 1932 (ibid., pp. 501-503), à peine quelques jours avant l’ouverture du congrès à Wiesbaden, Ferenczi écrit que ce ne serait pas honnête de sa part d’occuper cette position, puisqu’il avait été éloigné des principes de la psychanalyse, techniques et théoriques. Freud lui écrit qu’il n’est pas vraiment convaincu par cet argument et lui précise : « Tant que les modifications techniques et théoriques qui se sont imposées à vous ne bouleversent pas suffisamment les fondements pour vous pousser à fonder une nouvelle variété d’analyse, vous n’avez pas besoin de renoncer à la présidence ». Ferenczi écrit une nouvelle lettre où il affirme qu’il se sent « libre de tout penchant à fonder une nouvelle école » mais que « le degré même d’esprit critique » auquel il avait fait allusion « convient mieux à un membre ordinaire qu’à un président », pour arriver à préciser qu’il avait pensé que Freud, justement, ne voudrait pas d’un tel président. À la fin de sa lettre, il informe Freud de son intention de lui rendre visite à Vienne, sur son chemin vers Wiesbaden. Comme nous informe Ernest Jones (1957, t. 3, p. 197), Ferenczi envoya le lendemain un télégramme à Eitingon pour lui demander de ne pas entreprendre de négociations avec Jones « avant qu’il ait vu Freud ». Pendant leur rencontre qui fut dramatique, Freud lut le travail de Ferenczi sur la confusion de langues, lui déconseilla de donner sa conférence, tout en lui demandant de s’abstenir de toute publication pendant une année (Correspondance Freud-Ferenczi, t. 3, pp. 503-505). Ensuite, c’est Freud qui télégraphia à Eitingon, en lui écrivant : « Ferenczi inaccessible. Impression défavorable » [2]. Eitingon « qui pensait depuis quelque temps que, vu les circonstances, Ferenczi ferait un candidat insatisfaisant, en fut soulagé » et demanda immédiatement à Jones d’accepter de poser sa candidature (Jones, op. cit., p. 197). Lors du congrès à Wiesbaden, « une question délicate se posa » à propos de la contribution de Ferenczi. « Brill, Eitingon et Van Ophuijsen déclarèrent qu’il serait scandaleux de présenter un pareil travail devant un congrès psychanalytique. Eitingon décida donc d’interdire fermement cette présentation ». Selon Jones, c’est grâce à lui que le travail de Ferenczi a pu être présenté et ceci car Jones estimait que « ce travail était trop vague pour laisser une impression précise, bonne ou mauvaise » (ibid., pp. 198-199).
9 Mais, pourquoi « mourir au nom de la psychanalyse » et comment comprendre cela ? Dans une lettre d’octobre 1932, un mois après la communication de Ferenczi au congrès de Wiesbaden, Freud lui écrit : « Je ne crois plus que vous vous corrigerez, comme je me suis corrigé il y a quelques lustres […] Je suis convaincu que vous êtes inaccessible à la réflexion » (lettre du 2 octobre 1932, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 3, p. 505). Bien que Ferenczi soit encore en pleine possession de tous ses moyens pour une critique intellectuelle face aux attaques de Freud, il vit cette remarque comme une catastrophe interne, selon P. Miller, consistant en « l’écroulement de ses instances idéales et l’effondrement de son surmoi protecteur » (2015, op. cit., p. 58).
10 Comme le souligne P. Miller, Ferenczi instaure un lien entre cet effondrement et la maladie sanguine qui l’emportera définitivement quelques mois plus tard. C’est d’ailleurs le même jour qu’il commence à écrire sa dernière entrée dans son ultime écrit, le « Journal clinique ». Il l’achève le même mois, complétant ainsi un journal de vie dont il avait amorcé l’écriture dix mois plus tôt. Mais un journal est toujours un bilan pour ce qui s’est achevé ou ce qui s’achève, ce qui veut dire que là, dans son encre ultime, il cherche une solution, en examinant « l’impasse existentielle où il se trouve acculé » et le dilemme dans lequel il sent qu’il s’est enfermé à cause de « la partie la plus haineuse de son surmoi, qui a trouvé un relais puissant dans les propos de Freud : changer ou mourir » (Miller, 2015, op. cit., p. 59).
11 Ferenczi « sait déjà qu’il ne peut plus y avoir d’autre issue que la mort » (ibid.). Il écrit ainsi : « Ai-je ici le choix entre mourir et “me réaménager” – et ce à l’âge de 59 ans ? » Un peu plus loin il poursuit : « […] je me sentais abandonné aussi par les collègues (Radó, etc.) qui tous ont trop peur de Freud pour, en cas d’une dispute entre Freud et moi, se comporter à mon égard de façon objective, voire sympathisante. Un échange plus étroit de circulaires entre Freud, Jones et Eitingon est certainement déjà en cours depuis longtemps. Je suis traité comme un malade qu’il faut ménager » (Ferenczi, 1932, pp. 284-285). Cependant, ce « malade » a été le premier à écrire sur « l’identification à l’agresseur », « l’organisme qui commence à penser », la « décomposition organique ». Il a conçu l’introjection comme une espèce d’extension du moi (Ferenczi, 1909, 1912) et a été le premier qui, ayant relié l’introjection au transfert, a ouvert la voie de l’introjection d’une relation d’objet. Dans ce contexte d’homme malade, correspondant à un enfant traumatisé qui ne peut vivre sans père ni hors du cadre de l’API, Ferenczi s’écroule, et cela même sans l’apparition salvatrice d’Artémis qu’il attendait probablement. Ceci n’est pas une simple figure de style, il espérait vraiment un coup de théâtre, le coup de main d’un deus ex machina en sa faveur, ce qui devient évident lorsqu’il écrit : « Dans mon cas, une crise sanguine est survenue au moment même où j’ai compris que non seulement je ne peux pas compter sur la protection d’une ‘‘puissance supérieure’’, mais qu’au contraire, je suis piétiné par cette puissance indifférente, dès que je vais mon propre chemin – et non le sien » (Ferenczi, 1932, p. 284).
12 Dans l’autosacrifice de Ferenczi, tout comme dans le sacrifice d’Iphigénie, nous rencontrons la liaison maligne de l’idéal avec le masochisme moral, combinaison se trouvant peut-être au noyau de toute tentative sacrificielle.
Analyse inachevée, transfert interminable
13 Le transfert de Ferenczi sur Freud n’a pas été seulement celui sur son analyste-maître mais aussi sur l’ami-collaborateur et enfin sur l’inventeur de la psychanalyse et par là sur la psychanalyse elle-même (Roussillon, 1995, p. 100). En ce sens, il correspondait, je crois, à un transfert multiplement scindé, voire profondément clivé. Parallèlement, à travers ses élaborations théoriques et expérimentations techniques, il semble que Ferenczi se présentait dans le fond à Freud soit comme un bon enfant et son meilleur élève, soit comme celui qui le contestait ; indices et reliquats d’un transfert intense et plutôt insoluble.
14 Ferenczi fut l’auteur d’une contribution majeure qui, paradoxalement, tout comme bien d’autres, ne lui a pas été largement reconnue. Il s’agit de la deuxième règle fondamentale de la psychanalyse : « l’analyste, dont le sort de tant d’êtres dépend, doit connaître et maîtriser jusqu’aux faiblesses les plus cachées de sa propre personnalité, ce qui est impossible sans une analyse entièrement achevée » (Ferenczi, 1928-[1927], pp. 49-50). L’analyse de l’analyste témoigne d’une nécessité clinique qui est aujourd’hui indéniable et évidente, mais à l’époque elle ne l’était pas autant. Elle témoigne aussi d’une demande s’adressant toujours à Freud, ce qui peut se comprendre de deux manières. D’abord « l’analyse de l’analyste » est une nécessité dont Ferenczi a été en réalité privé à cause de son « analyse » trop courte et deuxièmement il s’agit d’une nécessité réclamée par Ferenczi pour désigner au fond que son propre analyste aurait dû, lui aussi, avoir fait une analyse personnelle.
15 Ferenczi fut l’analysant de Freud à deux périodes distinctes, en 1914 et en 1916. Son analyse s’est déroulée un certain temps après le développement de leur amitié et de leur collaboration, mais aussi à une époque où ni la seconde topique, ni la seconde théorie des pulsions n’avaient vu le jour. Ces paramètres, se surajoutant à la courte durée de l’analyse, ont conduit à une analyse insuffisante, voire impossible, bref une analyse inachevée. Ce n’est pas un hasard si dans toute l’œuvre de Ferenczi, on peut percevoir un souci constant de se positionner par rapport à Freud. Ce souci, qui n’a pas été univoque (négatif ou positif) et ne s’est pas déroulé sans revirements ou régressions, semble avoir suivi un parcours imprégné par l’analyse de Ferenczi et l’aspect transférentiel de son attitude à l’égard de son ex-analyste. À la réelle difficulté de Freud de reconnaître et avant tout d’analyser à temps la haine transférentielle de Ferenczi à son égard (C. Janin, 1988), a répondu, d’après Bokanowski (1993), une dépression de transfert de Ferenczi, une dépression dont l’impact sera lourd pendant de longues années et dont la source pourrait être recherchée dans le rapport à l’objet primaire. Lorsque Ferenczi accuse Freud de ne pas avoir analysé son transfert négatif à cause de difficultés narcissiques et d’une inhérente « antipathie [de Freud] pour les faiblesses et les anomalies » (Ferenczi, 1932, p. 113), au fond, c’est Ferenczi lui-même qui, par son insistance sur ce « transfert négatif », tente de le déplacer vers un autre champ, celui des échanges scientifiques, et ainsi de le transférer en dehors de l’analyse et cela même des années après l’« achèvement » de celle-ci. C’est ainsi que s’esquisse une revendication continue, revendication visant aussi bien à la différenciation vis-à-vis de son ex-analyste qu’à la reconnaissance par le Maître. En l’accusant d’ailleurs de ne pas avoir supporté et de n’avoir vu que le transfert paternel, Ferenczi ne voit pas que lui-même, se mettant dans une position d’antagonisme permanent à l’égard de Freud, se trouve précisément (encore et toujours !) dans un tel transfert paternel envers lui. En février 1922, par exemple, il parle à Groddeck des « mouvements de haine face au père tant aimé » (lettre du 27 février 1922, Correspondance Ferenczi-Groddeck, p. 65). Ce qu’il recherche à travers son œuvre, de manière de plus en plus insistante, c’est de réélaborer son analyse avec Freud, et en fin de compte de se dégager de la sorte des impasses transféro-contre-transférentielles dont il ressent les effets et qui n’ont pas pu être analysées à temps en l’absence d’outils théoriques et conceptuels (Bokanowski, 1995, p. 136).
16 Si Freud et Ferenczi ont progressivement été en désaccord sur la technique, ce désaccord a été centré en grande partie autour du degré d’implication de l’analyste (Cahn, 1995) et notamment autour de la question du couple activité-passivité chez ce dernier au cours du processus analytique. Mais ce désaccord semble précisément refléter et reproduire l’aventure transférentielle et contre-transférentielle des deux hommes. S’ils s’accusent réciproquement, l’un de froideur excessive et de distance au niveau de l’affect et l’autre d’être un enfant insatiablement assoiffé de tendresse maternelle, nous sommes alors en mesure de supposer que leur désaccord sur la technique reflétait en réalité et reproduisait fidèlement leur ambiance analytique, à cette différence que le désaccord était désormais devenu public, au lieu de privé, et qu’il s’était déplacé tant du point de vue du contexte que du temps. Cette « expulsion » du conflit, sa réactualisation et sa mise en acte « en dehors du cadre analytique » jouent peut-être un rôle dans l’auto-expulsion progressive de Ferenczi en dehors de la technique psychanalytique et dans l’abolition du cadre analytique qu’il esquisse progressivement dans sa pratique. Quant au retour – à travers sa théorie sur la confusion des langues – à la neurotica de Freud, il représente à son tour un prolongement, un bouleversement, voire un renversement de la temporalité. Ce renversement semble également se reproduire dans leur conflit qui devient public parce qu’il n’a pas pu se dérouler en privé, qui devient actuel parce qu’il n’a pas eu lieu dans le passé, qui devient maintenant manifeste parce qu’il est resté alors latent.
17 Néanmoins, les désaccords sur la technique ne peuvent tous être attribués à ce qui s’est passé ou ne s’est pas passé entre Freud et Ferenczi au cours de l’analyse de ce dernier, quand bien même les écrits de Ferenczi sur la technique semblent avoir Freud comme destinataire et critiquer sa technique et son attitude analytique, dans un « dialogue » interminable avec l’analyste qu’il sent indisponible d’entendre ce que lui, Ferenczi, croit lui adresser.
18 Cependant, la recherche de l’étiologie de leurs désaccords concernant la théorie de la technique psychanalytique devrait également être liée à un autre facteur, aussi majeur que le précédent : la pratique clinique. Celle-ci confrontait souvent Ferenczi à des cas cliniques bien difficiles, puisque pendant des années les patients les plus difficiles lui ont été confiés (entre autres par Freud lui-même). Ainsi, du point de vue de la pratique analytique, l’« expérience vécue » de Ferenczi face à de tels cas difficiles a probablement réactivé un fond traumatique qu’il avait éprouvé dans sa propre analyse avec Freud, et par conséquent a agi de manière complémentaire (mais aussi de façon cumulative) à l’« expérience vécue » de son analyse personnelle avec Freud. Ceci signifie que les insuffisances, le désespoir, les déceptions, les ambiguïtés tout comme les incertitudes liés à ces expériences ont permis petit à petit l’émergence en lui d’une exigence, qui s’est progressivement imposée parmi les diverses techniques qu’il a proposées : il s’agit de l’exigence d’une expérience vécue afin qu’un traumatisme puisse être surmonté. Le fantasme organisant une telle exigence intérieure est celui d’une répétition-reviviscence du traumatisme, une reviviscence qui correspond pour Ferenczi à une exigence interne, du fait d’une défaillance du masochisme primaire et de l’attraction concomitante d’un masochisme secondaire (mais d’un masochisme mortifère, dans le sens décrit par B. Rosenberg en 1991).
19 Un troisième facteur qui pourrait expliquer les désaccords de Ferenczi quant à la technique – des désaccords qui ont progressivement pris la forme d’une déviation – est en rapport avec les conséquences du tournant freudien de 1920 : suivant l’argumentation d’Ilse Barande (1972, 1974, pp. 551 et 554, 1995, p. 61), nous pourrions supposer que les idées freudiennes exprimées dans Au-delà du principe de plaisir ont eu un impact traumatique chez Ferenczi, un impact qui a cédé sa place à une contre-attaque déplacée sur un autre champ. Initialement cette contre-attaque prend forme, peu de temps après, dans le travail que publient en commun Rank et Ferenczi (1924-[1923]). Les auteurs du volume en question tentent entre autres une critique de la technique en vigueur jusqu’alors, selon eux trop centrée sur la phénoménologie clinique et régie par un fanatisme de l’interprétation, au détriment de la compréhension du transfert, ainsi que par l’habitude d’accorder une place trop importante à l’analyse du symptôme. En parallèle à cette critique, Ferenczi et Rank proposent un élargissement des indications du traitement analytique, refusant la limite classique que posait jusqu’alors le narcissisme du patient quant aux limites de l’analysable (Pragier, 1995, p. 13).
20 Dans Au-delà du principe de plaisir (Freud, 1920, pp. 57-58), le transfert est considéré par Freud comme une condition inévitable mais désagréable, liée au démon de la compulsion de répétition ; ainsi, il se révèle être plus du côté de l’Agieren que de la remémoration, contrairement à la thèse principale exprimée en 1914 où il avait plutôt été vu du côté de la remémoration (Freud, 1914, p. 113). En 1920, le patient au lieu de se remémorer, répète (par l’acte du transfert) le passé.
21 Ferenczi tente par la technique active de répondre exactement à cette question. Dans une lettre où il demande à Freud ce que le maître désapprouvait exactement dans les thèses exprimées en commun avec Rank, Freud lui répond ni plus ni moins ceci : « […] je ne saurais quand même pas dire avec quoi je ne suis pas d’accord » (lettre du 4 février 1924, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 3, p. 142).
22 Comme le signale Jean-Luc Donnet (1982, 1983, pp. 1138 et 1140), Ferenczi, dans ce livre, donne une lecture erronée des idées du texte freudien de 1914, dans lequel Freud expose les relations entre répétition et résistance, en affirmant que plus la résistance augmente plus l’acte remplace, par le biais de la répétition, la remémoration (Freud, 1914, p. 109). Cette thèse n’est pourtant pas la seule, ni même la principale dans ce texte de 1914, mais Ferenczi semble l’oublier. Encore plus impressionnant que l’oubli de Ferenczi, c’est l’oubli de Freud lui-même qui a été le premier à concevoir le maniement du transfert comme d’une importance majeure quant aux processus de répétition dans la cure. En février 1924, dans la lettre qu’il envoie à Ferenczi, il semble donc oublier ce qu’il avait soutenu dix années plus tôt, lorsqu’il écrivait :
C’est dans le maniement du transfert que l’on trouve le principal moyen d’enrayer la compulsion de répétition et de la transformer en une raison de se souvenir. […] Nous lui permettons l’accès du transfert, cette sorte d’arène, où il lui sera permis de se manifester dans une liberté quasi totale et où nous lui demandons de nous révéler tout ce qui se dissimule de pathogène dans le psychisme du sujet (Freud, 1914, p. 113).
24 Pourtant, dans le fond, ceci est exactement l’invitation continue de Ferenczi adressée à Freud, et ce qui est impressionnant c’est qu’il s’agit d’une invitation initiée par Freud lui-même. Néanmoins, comme l’a souligné Donnet (1982, p. 963), entre l’approche de Freud de 1914 et celle de Ferenczi de 1923, il y a une différence essentielle : pour Freud l’utilisation de la répétition agie dans le cadre du traitement analytique – et par le biais du transfert – doit se limiter in statu nascendi (Freud, 1914, p. 112), tandis que dans la pensée de Ferenczi l’utilisation de la répétition est sollicitée à l’extrême, jusqu’au point d’être pleinement vécue. Lorsque Freud parlait de répétition agie in statu nascendi (Donnet, 1982, p. 964), il semblait vouloir diminuer le laps de temps entre l’expérience vécue et l’interprétation, et, par conséquent, vouloir diminuer, autant que possible, le temps pendant lequel on ne sait pas, en d’autres termes le temps de l’« ignorance ». Pour Ferenczi « il est utile de découvrir, aussi largement que possible, les tendances à l’action, cachées, avant de passer au travail de la pensée », car « personne ne peut pendre un voleur avant de l’avoir attrapé » (Ferenczi, 1931, p. 103). En revanche, si l’on veut trouver dans la perspective freudienne quelque chose qui serait pleinement vécu, ceci vient seulement après l’interprétation (et pas avant) et concerne l’expérience de la prise de conscience de la résistance, et non pas l’expérience de la répétition vécue. Il s’agit du temps de la perlaboration et concerne ce laps de temps qui s’écoule entre interprétation et vécu et non pas entre vécu et interprétation. Il s’agit d’une différence cruciale quant à la technique proposée par les deux hommes.
25 Toutes ces aventures, ces malentendus, l’oubli de l’un et de l’autre concernant l’utilisation du transfert et de la répétition agie dans la cure, ont, dans une certaine mesure, un rapport avec ce qui allait se répéter en actes dans leur relation. Leur malentendu a conduit en fin de compte à un désaccord qui a revêtu les caractéristiques d’une rupture. Et pour revenir au transfert de Ferenczi, nous pourrions soutenir que l’idée d’un transfert intense sur la personne de Freud – d’un transfert non résolu et pour cette raison interminablement actuel – ne devrait pas occulter le transfert de Ferenczi sur la psychanalyse elle-même. Ceci devient clair dans une lettre adressée à Freud en décembre 1912 où Ferenczi écrit : « J’ai, moi aussi, traversé une période de révolte contre votre “traitement” » (lettre du 26 décembre 1912, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 1, p. 471).
26 Qu’est-ce que, d’emblée, Ferenczi ne supportait probablement pas dans la psychanalyse ? Il me semble que pour répondre à cette question, il faudrait se référer à une résistance fondamentale de Ferenczi, organisée autour d’un refus profond : le refus de la passivité, en particulier face au surmoi paternel. L’attitude analytique, comme Freud l’avait prescrite, nécessitait la règle de l’abstinence et de la neutralité bienveillante. Ces règles frustrantes – d’abord pour l’analyste lui-même et pas seulement pour l’analysant – étaient dictées par la confiance dans le cadre analytique, mais aussi progressivement par la reconnaissance de ses limitations, c’est-à-dire de ses indications restreintes. Ferenczi n’a pu intérioriser aucune de ces deux conditions.
27 Ainsi, il a refusé de quitter une position de toute-puissance, qui lui dictait fermement l’exigence d’une solution, même là où il n’y en avait pas. Envahi par ce projet, prisonnier de son exigence pulsionnelle de différenciation d’avec le maître mais aussi de son désir de lui « démontrer » la justesse de ses exigences, il a commencé à expérimenter ; d’ailleurs, son expérience clinique avec des cas difficiles lui a offert le « laboratoire » le plus approprié (mais en même temps le plus inapproprié) pour ces expérimentations. Refus de passivité d’une part et refus de soumission à la castration d’autre part, refus enfin de reconnaître les limites de la technique ont conduit Ferenczi au procès du cadre analytique (Cahn, 1983), auquel il a reproché d’être plein d’hypocrisie (Ferenczi, 1931, 1932, 1933-[1932]). Parallèlement, les mêmes facteurs ont « imposé » l’avancement progressif de techniques qui, ayant comme point de départ « la technique active », conduiront par la suite à « l’élasticité technique », à la « relaxation », avant que Ferenczi ne parvienne à ce qu’il a appelé « l’analyse mutuelle », dans un parcours témoignant du trajet destructif de son créateur. Ce parcours, comme le signale T. Bokanowski (1995, p. 133), montre toute l’impasse tragique de Ferenczi, impasse que nous devons considérer non seulement comme une impasse clinique, mais également comme une impasse profondément existentielle. Pourtant ces deux dimensions (existentielle et clinique) ont trouvé en la personne de Freud une composante commune, dans la mesure où Freud avait été aussi bien son analyste que son maître. Le résultat en fut le bouleversement du cadre analytique : la séance (dont le temps exact est aboli) est régie par l’abréaction, s’organisant ainsi autour d’un fantasme de « solution », de soulagement, de guérison (Ferenczi, 1931, p. 107). S’ensuit ainsi une voie par laquelle Ferenczi recherche l’événement réel, mais en même temps il semble refuser de manière impressionnante la condition traumatique et séductrice créée par le cadre qu’il propose. Derrière la tendresse, les caresses et les étreintes avec les patients se cache ce qu’il refuse. D’un certain point de vue, ce qu’il semble ne pas voir, c’est qu’il reproduit lui-même une « confusion de langues » entre lui et ses patients. Dans une lettre au ton sévère, Freud pointe les risques :
Vous n’avez pas fait un secret du fait que vous embrassez vos patientes et que vous vous laissez embrasser par elles […] Mais comme vous jouez volontiers le rôle de la mère tendre envers d’autres, alors peut-être aussi envers vous-même. Il faut donc que vous entendiez, par la voix brutale du père, le rappel que – d’après mon souvenir – la tendance aux petits jeux sexuels avec les patientes ne vous était pas étrangère dans les temps préanalytiques, si bien qu’on pourrait établir un rapport entre la nouvelle technique et les errements d’autrefois (lettre du 13 décembre 1931, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 3, pp. 477-480).
29 La tourmente de l’analyse mutuelle vers laquelle Ferenczi est amené à la fin de son œuvre pourrait refléter le vœu de pouvoir échanger les rôles avec son analyste ; en effet, lorsque Freud subit deux bénignes crises de douleurs angineuses en février 1926, Ferenczi, persuadé que « les facteurs psychiques peuvent jouer un rôle décisif dans les soi-disant myocardites ou sténoses cardiaques », lui proposera de venir à Vienne pour quelques mois « pour se mettre à sa disposition comme analyste » (lettre du 26 février 1926, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 3, p. 278). Dans le même esprit, nous pourrions nous demander si la technique active ne reflétait pas au fond le vœu d’avoir lui-même, en tant qu’analysant, un analyste plus interventionniste, une idée qui sous-entend également l’identification de Ferenczi à l’enfant passivement traumatisé. Mais admettre une telle hypothèse signifierait également que l’auto-clivage narcissique, une notion avancée par Ferenczi (1931, 1933-[1932], 1934), serait valable avant tout pour lui-même, puisque Ferenczi devient, par le biais de l’analyse mutuelle, simultanément celui qui observe et offre l’aide tout autant que celui qui la reçoit. En la personne de ses analysants il cherche à aider son moi infantile, alors qu’en la personne de l’analyste du type mère tendre, il cherche à trouver ce parent-analyste qu’il n’a pas eu mais qu’il aurait recherché.
30 Mais ce que Ferenczi cherche incessamment c’est franchise et mutualité de la part de Freud – et cela depuis les tout débuts de leur relation et juste après leur voyage commun en Sicile en 1910. Dans une lettre datée du 3 octobre 1910 qu’il clôt par un « assoiffé de franchise », Ferenczi souligne que :
Il n’est pas vrai que je n’aurais toujours cherché en vous que le grand savant – et que j’aurais été déçu en constatant des faiblesses humaines, etc. […] Ce qui m’inhibait et me rendait silencieux – et en même temps un peu bête – c’était cela même dont vous vous plaignez. Je désirais ardemment une camaraderie personnelle avec vous, gaie et sans contrainte […] et je me sentais – peut-être à tort – replacé dans un rôle infantile. Il est vrai que je me suis peut-être fait une idée exagérée de la camaraderie entre deux personnes qui se disent mutuellement la vérité sans ménagement (lettre du 3 octobre 1910, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 1, p. 227).
32 Très tôt dans leur relation, Ferenczi ressent donc une frustration, considérant que Freud ne peut répondre à ces deux demandes. Mais ce sont précisément ces deux éléments que nous retrouvons, des années plus tard, au sein de ses expérimentations techniques, notamment dans la figure d’un analyste franc avec ses analysants et qui, par l’intermédiaire de l’analyse mutuelle, finit par arriver à la mutualité.
Conclusion
33 Ferenczi fut une personnalité au génie clinique exceptionnel qui s’est distingué par sa capacité d’articuler la pratique clinique à l’élaboration théorique. Paradoxalement, même si certains concepts élaborés vers la fin de sa vie préexistaient en lui dès le début de son œuvre, il avait à l’époque été le premier à les condamner. Par exemple, dans une lettre qu’il envoie à Freud le 26 décembre 1912, en réponse à Freud quant aux provocations de Jung envers ce dernier, il écrit : « L’analyse mutuelle est un non-sens, et aussi une impossibilité. Chacun doit être capable de supporter une autorité au-dessus de lui » (lettre du 26 décembre 1912, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 1, p. 470).
34 Selon E. Berman (2003, p. 30) ce dont parle Ferenczi lorsqu’il soutient que l’« analyse mutuelle est une impossibilité » aurait à voir avec ce que Elma (son ex-analysante et son ex-amante) lui avait écrit quelques mois plus tôt : « Pour une fois, parle aussi de toi, jusqu’à présent tu n’as toujours parlé que de moi ! » (cf. lettre de Ferenczi à Freud, sans date, probablement été 1912, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 1, p. 405). En décembre 1912, dans la même lettre où il se réfère à l’analyse mutuelle, Ferenczi informera Freud de son intention de venir à Vienne pour une analyse avec lui (lettre du 26 décembre 1912, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 1, p. 471). L’analyse ratée avec Elma aurait ainsi donné sa place à une nouvelle analyse, mais cette fois-ci Ferenczi aurait réservé pour lui-même la place de l’analysant.
35 Pour Berman (2003, p. 31, 2004, pp. 500-501), ce n’est pas un hasard qu’à la fin de sa vie, dans le Journal Clinique, lorsque Ferenczi sent revivre une déception quant à son analyse avec Freud, resurgit l’idée de l’analyse mutuelle, c’est-à-dire la réémergence de l’idée que l’analyste parle aussi de lui, qu’analyste et analysant parlent en fin de compte franchement entre eux, « comme on parle à une personne adulte » (Correspondance Freud-Ferenczi, t. 1, p. 405) ; qu’ils se parlent donc comme « deux personnes qui se disent mutuellement la vérité sans ménagement », ce qui signifie se parler ouvertement, franchement…
36 Ce qu’il n’a pourtant pas prévu, c’est que pendant de longues années personne ne parlerait ouvertement de lui… Mais cela constitue une « autre » histoire, aussi douloureuse que celle présentée ici, où le silence établi serait l’équivalent du vent favorable pour la flotte en route vers Troie.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : Ferenczi, Refus de passivité, Expérience vécue, Transfert négatif
Mise en ligne 19/06/2018
https://doi.org/10.3917/rfps.053.0137Notes
-
[1]
D’ailleurs, l’aspect féminin était présent au rendez-vous, devenant parfois manifeste, par exemple lorsque Ferenczi écrit qu’il attend que son transfert envers Freud « va sûrement le ‘‘féconder’’ » (lettre du 10 juillet 1916, Correspondance Freud-Ferenczi, t. 2, p. 151).
-
[2]
Dans la Correspondance Freud-Ferenczi (p. 503), nous lisons à propos du contenu de ce télégramme de Freud : « Lu conférence Ferenczi inoffensif bête sinon inabordable impression désagréable ».