Dans L’école fragmentée, Julien Netter propose une analyse de l’évolution de l’école primaire française, au travers d’une étude de la division du travail éducatif dans sept écoles parisiennes différenciées scolairement et socialement. Cette division du travail s’opère, durant le temps scolaire, entre enseignants, animateurs, professeurs de la ville de Paris, intervenants d’associations. La force de l’étude vient de ce qu’elle met l’expérience des élèves au cœur de l’analyse. Confrontés désormais à diverses situations ou « fragments » d’un flux d’école composite, nouveau visage d’une institution ouverte sur son environnement, et faisant une plus grande place au péri-scolaire, les élèves traversent dans une même journée des activités bien différentes, sous l’égide d’adultes aux professionnalités elles-mêmes diverses. Quelle synthèse en font-ils ? Comment recomposent-ils le flux d’école ? L’objet du livre est bien de répondre à ces questions le plus rigoureusement possible.
Le premier chapitre présente l’enquête menée entre 2012 et 2014 à Paris, dans la foulée de la mise en œuvre de la réforme des rythmes. Elle fait une place centrale à l’observation, seule méthode en phase précisément avec une perception continue de situations hétérogènes. 468 heures d’observation ont été menées, la moitié étant filmée, concernant 380 enfants et 128 adultes. Une comparaison initiale de deux écoles situées dans des quartiers favorisés (A et B) et de deux écoles implantées dans des quartiers relevant de la politique de la ville (C et D) a été complétée et précisée dans un deuxième temps à l’aide d’observations ciblées dans trois autres écoles…