Couverture de RFLA_221

Article de revue

La psycholinguistique en Russie et les dictionnaires d’associations évoquées par les mots

Pages 75 à 88

Notes

  • [1]
    Par convention, les stimuli sont indiqués en italiques gras et les réactions en italiques.
  • [2]
    On appelle thésaurus un DA (direct et indirect) résultant d’une série de trois expériences, la première utilisant une liste de 1000 stimuli hautement fréquents, la deuxième les réactions les plus fréquentes données dans la première expérience, etc.
  • [3]
    Dans le cadre des études dites ‘conceptuelles’, il est usuel de les indiquer en majuscules.

Introduction

1 Nous présenterons ici une méthode d'objectivation de relations lexicales le plus souvent éludées par les lexicographes, et qui reflètent, en une certaine mesure, le lien entre le lexique et l'image du monde. Il s’agit d’appliquer la méthode psycholinguistique de fixation de la première réponse à un stimulus lexical et créer ainsi ce qu'on appelle des ‘dictionnaires d'associations évoquées par les mots’ (infra DA). Ces dictionnaires diffèrent sur certains points des dictionnaires classiques. Ainsi, si les dictionnaires ordinaires sont le fruit de l’activité lexicographique d’une personne ou d’un groupe de personnes sur la base de leurs connaissances personnelles établies au cours de l’analyse d’un certain nombre de contextes, chaque item d’un DA a été présenté à 500 personnes. Par ailleurs, les DA contiennent non seulement des hapax, réponses non répétitives, tributaires de la situation spatio-temporaire de l'expérience (par ex. Sarko comme réaction à président[1]), et mais également une très importante partie générale, constante, dans laquelle sont réunies les associations les plus largement partagées.

1. Les dictionnaires d'associations évoquées par les mots

2 Les premiers à utiliser des expériences d'associations dans l’étude du discours ont été les chercheurs allemands A. Thumb et K. Marbe (1901). A l’origine, ce type d’expérience était surtout utilisé pour étudier les processus psychiques, notamment ceux de généralisation ou de reproduction. Depuis, ces expériences ont été utilisées en sémantique, pour déterminer ce qui y était dû aux facteurs psychiques et ce qui était lié à la langue.

3 On distingue plusieurs types d'expériences d'associations. Les expériences libres, dans lesquelles la forme de la réaction demandée (substantif, verbe etc, éventuellement idiome ou même émoticon) n'est pas indiquée, et les expériences dirigées, quand on doit donner une réponse d'un type précis (par ex. uniquement des adjectifs). Par ailleurs les associations peuvent être uniques (une seule réaction par stimulus) ou en chaîne (en général de trois à cinq associations à un stimulus donné). Pour créer un DA on demande une réaction libre par stimulus.

4 En règle générale on propose 100 stimuli à chaque participant de l'expérience, choisis parmi les mots pleins les plus fréquents de la langue donnée. Dans les expériences de grande envergure on propose à chaque personne une sélection aléatoire prise dans une liste plus grande, de 1000 mots par exemple. Même si, ainsi qu'il a été prouvé (Ufimtseva & al. 2016), des résultats significatifs sont obtenus à partir de 200 participants, on préfère étendre l'expérience de manière à obtenir au moins 500 réponses par stimulus.

5 Le premier DA a été publié en 1910 (Kent & Rosanoff 1910) à partir d’une liste de stimuli de 100 mots hautement fréquents proposés à 1000 personnes. D’autres études ont été ensuite entreprises aux Etats-Unis avec la même liste de stimuli, par exemple W.A. Russel et J.J. Jenkins (1954). Populaires un temps en Occident (voir la compilation de Postman (1970)), puis abandonnées, ces recherches se sont poursuivies en Russie et concrétisées par un premier DA du russe en 1977 (Leont’ev 1977), puis par Karaulov & al. (1994-1998).

6 La popularité des DA en Russie a donné naissance à une nouvelle branche de la linguistique, la ‘linguistique des associations’. Outre de très nombreuses études ponctuelles, longitudinales ou transversales des normes associatives dans telle ou telle communauté linguistique, les chercheurs appliquent cet appareil à l'analyse des représentations naïves de la langue chez les locuteurs ordinaires, de l'image linguistique du monde et son caractère systémique, de ses modifications au cours de la vie de la société, de la construction d'un modèle en réseau du lexique. De nombreuses bases de données associatives se sont développées, par exemple le Dictionnaire associatif des langues slaves (bulgare, biélorusse, russe et ukrainien, Ufimtseva & al. (2004)), ou celui des normes associatives de l'espagnol (Puig 2001). On citera également les travaux de E. Guts sur les associations évoquées par les mots chez les adolescents d'Omsk (2004) et celui des écoliers de Saratov (Goldin 2009), grand projet longitudinal commencé en 1998. Ces chercheurs sont réunis en une communauté active et élaborent différentes méthodes d'exploitation des résultats obtenus (Ufimtseva & al. 2016). Enfin, une nouvelle série d'expériences a été lancée en 2008, dans le but de créer un thesaurus [2] du russe du XXIe siècle qui permettra d'évaluer l'évolution des normes associatives des locuteurs de cette langue à la lumière des immenses changements qui ont affecté le pays depuis les années 1990, date à laquelle avaient été récoltées les données du premier dictionnaire. Dans le cadre de ce projet, trois bases de données régionales, entièrement informatisées, sont accessibles en ligne.

7 Ces études sont à rapprocher d'un projet récent de l'Université de Louvain, le Small World Of Word (<http://www.smallworldofwords.com/new/visualize/>) dont le but est de construire le réseau associatif des principales langues du monde et d'en mettre en évidence les éléments les plus importants, les ‘super-connecteurs’ selon la terminologie de Solé (2005), appelés ‘noyaux de la conscience linguistique’ par les psycholinguistes russes. D'un côté, cette étude est remarquable par le nombre de personnes interviewées, de l'autre elle soulève les critiques des psycholinguistes ‘purs et durs’ car elle ne tient pas compte du plurilinguisme éventuel des participants à l'expérience et du fait que la langue pour laquelle ils répondent n'est pas forcément leur langue maternelle.

2. Les dictionnaires d'associations évoquées par les mots pour le français

8 On dispose actuellement des dictionnaires suivants (accessibles en ligne sur le site <www.dictaverf.nsu.ru>).

2.1. Le Dictionnaire des associations verbales du français (DAF)

9 Ce DA (Debrenne 2010) a été réalisé entre 2007 et 2010 par une équipe mixte (Université de Novossibirsk / Paris-3). Une liste de stimuli de 1000 mots a été établie, sur la base de la liste de fréquence prise sur <http://eduscol.education.fr>, augmentée de 100 lexèmes spécifiques prévus pour une future étude comparative des normes associatives des Français hexagonaux et de leurs contemporains en Afrique. Les mots ainsi introduits ont joué un rôle de ‘bruit’ pour certains locuteurs hexagonaux qui ne les connaissaient pas. La récolte des données s’est faite sur Internet, par l'intermédiaire d'un site dédié, à la différence des expériences psycholinguistiques traditionnelles qui s’effectuent sur papier. On a par ailleurs démontré que la méthode employée pour la collecte des données n'influençait pas notablement les résultats (Ufimtseva & al. 2016, 6). Conformément au protocole des expériences anglaise et russe, nous nous sommes adressés à un public d'étudiants.

10 La partie informative du questionnaire contient des questions sur le sexe, l’âge, le niveau et le domaine d’études, la langue maternelle, la ville et région de résidence. L’expérience s’est tenue de novembre 2008 à novembre 2009, 5 500 questionnaires ont été validés. Au total on a obtenu plus de 25 000 réactions, un peu moins de la moitié sont des hapax.

11 Le traitement ultérieur des données a porté d'une part sur l'unification de la partie informative (toponymes, régions, spécialisations) et sur la correction orthographique des réactions, inexploitables dans l'état, par ex. biza, bizard, bizarrre, bizarrze, bizzar, bizzard et bizzarre pour le même adjectif. La correction orthographique automatique était inapplicable ici, le choix de la bonne graphie dépendant du stimulus d’origine. Ainsi, toto en réponse à tard doit être corrigé en tôt, en réponse à résultat, en totaux, tandis que la forme est correcte quand il s’agit d’une réaction au stimulus enfant. Quelques séquences indéchiffrables ont dû être éliminées. On note un nombre restreint de mots familiers, argotiques ou grossiers, (l’anonymat d’internet nous en faisait attendre plus) et foison de jeux de mots et contrepèteries, par ex. badour comme réponse à trou ou d’estal à pied.

12 La structure des articles de tout DA direct est la suivante : l’entrée (en caractères gras) est suivie par les associations, réparties dans l’ordre inverse de fréquence, indiquée après chaque réaction ou un groupe d’associations de même fréquence (présentées alors dans l’ordre alphabétique); les italiques indiquent les réactions coïncidant avec des stimuli. A la fin de chaque article sont donnés : le nombre total de réactions à ce stimulus, celui des réactions différentes, des refus de réponses et le nombre de réactions uniques. La structure classique d’un article de tout DA a la forme d’une hyperbole : sur 500 réactions, quelques-unes sont partagées par un grand nombre, puis cette courbe chute pour montrer un grand nombre de réactions individuelles :

13 bon : mauvais 266; bien 46; gentil 21; mal 19; délicieux 13; manger 10; bonbon, chocolat 7; agréable, beau, brute, généreux, goût, meilleur 6; juste, goutu, miam 4; brave, gâteau, méchant, nourriture, succulent 3; aimer, appétissant, bad, bonne, correct, excellent, glace, goûteux, homme, jour, savoureux, sens, sucré, trouant 2; alléchant, aloi, ange, apotropaïque, appétit, bisou, bleu, bon, bonheur, bonté, con, coup, coupon, crumble, d'achat, dégueulasse, délectable, désagréable, dessert, docile, doué, envie, fort, fruit, géant, générosité, heur, hmmmm, humain, justice, kost', marche, mieux, ok, paradis, parfait, pâtisserie, pied, plaisant, plaisir, plat, pomme, positif, pouvoir, réduction, résultat, roi, Samaritain, saveur, sentir, sexe, solde, sourire, sucre, tabac, talentueux, temps, ticket, valable, vin, vivant 1 (546, 97, 4, 61)

14 Les articles du DA inverse sont formés des réactions données aux stimuli proposés lors de l’expérience. On a obtenu plus de 26 000 mots, locutions, chiffres et signes typographiques (dont des émoticones) en réponse. Les entrées des articles (en caractères gras) sont données dans l’ordre alphabétique, suivies des stimuli isolés ou réunis par groupes de même fréquence (par ordre décroissant). A l’intérieur d’un groupe, les stimuli de même fréquence sont donnés par ordre alphabétique. Ainsi, le début de l’article absence - présence 213 ; manquer 15, ignorer, personne, vide 4 - signifie que la réaction absence a été donnée 213 fois au stimulus présence, 15 fois au stimulus manquer et 4 fois aux stimuli ignorer, personne, vide. A la fin de l’article sont indiqués le nombre de stimuli ayant provoqué cette réaction et le nombre total de fixations de cette réaction dans le corpus. Les entrées qui coïncident avec un stimulus sont marqués d’une astérisque:

15 grand* : petit 293 ; vaste 188 ; immense 183 ; taille 90 ; large 71 ; énorme 42 ; moyen 30 ; hauteur, supérieur 18 ; long 15 ; devenir 14 ; gros, important 13 ; haut 11 ; importance 10 ; empire 9 ; dieu, espace 7 ; debout, magnifique, monde 6 ; évolué, frère 5 ; cour, fier, grandir, nombre, père, public, ville 4 ; beau, fort, grand, meilleur, ouvert, palais, profond, puissant, type 3 ; âge, entier, général, maître, mesure, œuvre, place, puissance, vide 2 ; accomplir, acte, africain, aimer, ami, amour, ancêtre, appartement, arbre, avenir, capable, chef, cheval, chose, court, digne, dresser, élever, enfant, européen, événement, faim, geste, gouverneur, honneur, imposer, inconnu, jeu, jour, l’est, mer, montagne, oncle, ouvrir, pièce, pied, président, représenter, rocher, sac, saint, salle, seigneur, sexe, siècle, terrible, travers, université, un pas, vêtement, vieille, voyage 1 (1 185, 100)

2.2. Le Dictionnaire des normes associatives de la Francophonie (DINAF)

16 Ce nouveau dictionnaire, plus modeste que le précédent, illustre le projet de comparaison des normes associatives en usage dans diverses zones de la francophonie. L’expérience s’est déroulée de septembre 2013 à septembre 2015. Pour cela il a été proposé à des locuteurs du français de France, Belgique, Suisse et Canada (par l’intermédiaire d’un questionnaire Google) de participer à une expérience de fixation de la première réaction à une liste de 100 mots, identique pour tous. Nous avons évité d’y introduire des stimuli pluri-sémantiques pouvant porter à confusion (par exemple fin qui peut être interprété par les participants à l’expérience comme un adjectif masculin ou comme un substantif, ou marche comme un substantif, par ailleurs pluri-sémantique, ou une forme verbale). Dans le cas de bien, que nous avons conservé à cause de sa fréquence, nous n’avons pas cru bon de préciser s’il s’agissait de l’adverbe ou du substantif. Enfin, nous avons introduit quelques mots qu’il nous semblait intéressant de comparer dans différentes variations de la francophonie bien qu’ils ne soient pas d’une grande fréquence, comme, par exemple, mer. L'ordre de présentation des items dans la liste a pour but d’éviter le voisinage de mots sémantiquement proches ainsi que le caractère artificiel de l’ordre alphabétique.

17 Malgré une méthode de collecte des données strictement identique pour les quatre zones (des messages électroniques renvoyant vers un site internet), les réponses sont arrivées dans une proportion très différente : les 500 réponses nécessaires ont été récoltées en France (notée F infra) au bout de six mois pour atteindre les 604 réponses valables à la fin de l’expérience. Deux ans après le début de l’expérience et de nombreuses relances, les 500 réponses requises étaient atteintes pour la Belgique et le Canada (notés respectivement B et C), mais seules 326 réponses avaient été obtenues de Suisse romande (S). N’ont été pris en compte que les formulaires dans lesquels la partie informative, très succincte, avec des questions sur le sexe, l’âge, le pays et la ville de résidence ainsi que la profession, était renseignée. Aucune restriction d'âge ou de profession n'a été imposée.

18 Le DINAF existe en deux versions. Dans la première, les réactions n'ont subi qu'une correction orthographique, semblable à celle décrite plus haut pour le DAF. Dans la deuxième, nous avons entrepris un travail d'unification des réactions afin d'en faciliter le regroupement. En effet, la méthodologie traditionnelle pour les DA préconise de compter comme réactions différentes, par exemple, blanc, blancs, blanche et blanches, ce qui est justifié quand il s'agit d'analyser les relations syntagmatiques entre le stimulus et la réaction, mais mène à l'apparition de quatre entrées différentes dans le DA inverse. De même pour les idiomes, dictons et autres locutions souvent cités en réaction sous diverses formes, par exemple c'est voler; c'est volé; donner c'est donner, reprendre c'est voler etc. au stimulus reprendre. Nous nous sommes donc efforcés de présenter sous une seule forme (la plus fréquente) des réactions originellement proposées sous différentes formes.

19 Une étude comparative des résultats obtenus en cours porte, pour chaque stimulus, chaque zone et en comparaison avec l’ensemble du corpus, sur les réactions les plus fréquentes avec leur fréquence, la répartition et les proportions des réactions communes aux différentes zones, le contenu sémantique des champs associatifs. De même, dans le dictionnaire inverse, nous avons en particulier analysé pour chaque zone les réactions provoquées par le plus grand nombre de stimuli.

20 A ce stade de notre étude, nous pouvons affirmer que dans l’ensemble, quand il s’agit des réactions les plus fréquentes, les locuteurs du français des quatre zones étudiées ont tendance à réagir sensiblement de la même manière, ce qui s’explique peut-être par le choix des stimuli, mots très courants de la langue française, partagés de manière identique par tous ses locuteurs. Les différences se cachent toutefois dans les détails, ce qu’une analyse plus approfondie devra montrer. Ainsi, si les normes associatives des locuteurs du Canada sont les mêmes que celles des ‘Européens’ ayant participé à l’expérience, les fréquences relatives de ces réactions sont souvent différentes (Debrenne 2016).

3. L’exploitation des données des DA

21 Nous donnerons ici quelques pistes d’études qui peuvent être menées grâce à l'utilisation de des DA. Comme nous l'avons souligné, des recherches de ce genre sont particulièrement bien développées en Russie, en synchronie (contrastive ou non) et, depuis peu, en diachronie. Par manque de place nous nous limiterons ici aux exploitations sémantiques ; il existe cependant des études des liens paradigmatiques et syntagmatiques et autres relations lexicales dans le champ associatif, liées notamment à la nature grammaticale du stimulus (Morel 2011). Nous n’évoquerons pas non plus les applications à l’apprentissage d’une langue étrangère telles l’étude de la charge culturelle partagée ou le choix du vocabulaire à enseigner en priorité, qui mériteraient qu’on s’y attache en particulier.

3.1. L'analyse sémantique du champ associatif

22 On appelle ‘champ associatif’ l’ensemble structuré des réactions obtenues à un stimulus, tirées de l'article d’un DA direct. Les psycholinguistes russes ont développé de nombreuses méthodes pour l’analyse de leur structure. Nous en présenterons ici trois, illustrées par des exemples tirés du DINAF.

23 Pour le stimulus maison (voir table 1) nous avons utilisé la méthode proposée par Goldin (2010, 100), qui propose un schéma universel en dix catégories :

24 1. situation mettant en scène le stimulus S ;

25 2. liens logiques du S (supercatégorie, subdivisions, objets du même type, contraires) ;

26 3. parties du S ;

27 4. relations chronotypiques ;

28 5. objets relatifs ;

29 6. qualités, évaluations (paramétriques, matière, forme, taille, couleur, pragmatiques, esthétiques, émotionnelles, etc.) ;

30 7. actions, états du S ;

31 8. relation à l’homme (catégories d’humains liés au S, interaction avec le locuteur, objets fonctionnellement liés au S) ;

32 9. aspects discursifs du lexème représentant le S (synonymes, définition métalinguistique, allusions textuelles, jeux de mots, définition) ;

33 10. valeur symbolique.

Table 1. Extrait de l’analyse du champ associatif du stimulus maison selon la méthode de Goldin. (Catégorie 2 : liens logiques du S (supercatégorie, subdivisions, objets du même type, contraires),

Table 1. Extrait de l’analyse du champ associatif du stimulus maison selon la méthode de Goldin. (Catégorie 2 : liens logiques du S (supercatégorie, subdivisions, objets du même type, contraires),

Catégorie 3 : parties de S).
(pour passer = traverser).

34 Pour analyser le champ associatif du stimulus passer nous présentons la méthode de l’analyse de la signification psychologique (Sternin & Rudakova 2011,139) qui préconise de délimiter dans le champ associatif autant de zones de réactions qu’on définit de significations différentes du lexème (voir table 2).

35 Pour passer nous proposons les significations suivantes :

36 1. déplacement (en particulier ‘mouvement le long de qqch.’, ‘mouvement rapide’, ‘ce qui peut passer’, ‘mouvement répété’) ;

37 2. franchissement (en particulier « doubler, dépasser »;

38 3. continuation ;

39 4. changement d’activité (de thème de conversation) ;

40 5. mort ;

41 6. venir chez quelqu’un, éventuellement pour prendre quelque chose ou cette personne ;

42 7. cesser ;

43 8. occuper le temps ;

44 9. transmettre ;

45 10. réussir ;

46 Toutes ces catégories sont présentes dans les quatre corpus, avec, là aussi, des contenus variables en mots et en quantités : par exemple un locuteur canadien pense à une passe de hockey alors qu’un Français évoque le volley-ball. Les locuteurs des quatre zones ont également proposé des calembours basés sur l’homophonie passer/passé : nous trouvons dans chaque corpus un présent, un futur et même un composé.

Table 2. Extrait de l’analyse du champ associatif du stimulus passer selon la méthode de Sternin

Table 2. Extrait de l’analyse du champ associatif du stimulus passer selon la méthode de Sternin

(pour passer = traverser).

47 Enfin pour le stimulus noir, nous avons utilisé la méthode dite de la Gestalt sémantique, (Karaulov 2000, 194). C’est, de loin, la méthode la plus fréquemment utilisée en Russie pour l’analyse des champs associatifs, elle est assez intuitive puisqu’elle préconise pour chaque champ de définir environ 5-7 sous-ensembles :

48

  • une Gestalt associative est mise en évidence quand les associations tendent vers des caractéristiques en se regroupant autour de quelques réactions (en général les plus fréquentes) qui définissent ou nomment un ensemble d’images mentales, les concepts. Ces concepts signalent de la manière la plus générale les liens typiques du référent désigné dans la culture en question par le stimulus, c’est pourquoi on peut utiliser la Gestalt sémantique pour la comparaison interculturelle des données associatives (Markovina & Danilova 2000, 119).

49 Dans le cas de noir, qui pouvait indifféremment être interprété par les participants à l’expérience comme un adjectif ou un substantif, les réactions se sont réparties selon les zones suivantes :

50 1. couleur (avec une forte préférence pour blanc comme réaction);

51 2. objets de cette couleur ;

52 3. obscurité ;

53 4. sentiments évoqués ;

54 5. couleur de peau ;

55 On peut également déterminer quelques autres sous-zones plus restreintes :

56 6. vêtements ;

57 7. mort ;

58 ainsi que les inclassables allusions textuelles et jeux de mots, notamment d’assez fréquents ‘noir c’est noir’ ou ‘Désir’ (en relation au groupe ‘Noir Désir’).

59 Là aussi nous retrouvons sensiblement les mêmes zones pour les quatre sous-ensembles étudiés, avec cependant des différences de contenu (voir table 3). Seuls les interrogés français ont évoqué l’ivresse (réactions comme un Polonais, ivre). De même nous n’avons trouvé des émotions positives que dans le corpus français : positif ou négatif, vie et mort, protection, rassurant, etc.

Table 3. Extrait de l’analyse du champ associatif du stimulus noir selon la méthode de Karaulov.

Table 3. Extrait de l’analyse du champ associatif du stimulus noir selon la méthode de Karaulov.

3.2. Les superconnecteurs

60 L'analyse des données du DA inverse permet d'établir la liste des réactions les plus fréquemment citées et celles qui sont liées au plus grand nombre de stimuli, ce qui n’est pas forcément la même chose. Cette liste, désignée par les psycholinguistes russes comme ‘noyau de la conscience linguistique’, est représentative de la structure en réseau du lexique. Les premières réactions de cette liste, liées à des centaines de stimuli, et interconnectées entre elles, sont les superconnecteurs du ‘small world’ du lexique. Des notions analogues sont développées dans les travaux d’A. Polguère (2014) sur les réseaux lexicaux. Ce sont les mots les plus importants, les plus riches en connotations, de cette langue.

61 On peut voir ci-dessous (table 4) сes listes établies pour le français (données du DAF), le russe et l’anglais :

Table 4. Liste comparative des 25 réactions liées au plus grand nombre de stimuli dans les DA du français (DAF), du russe (Karaoulov) et de l’anglais (Kiss).

Table 4. Liste comparative des 25 réactions liées au plus grand nombre de stimuli dans les DA du français (DAF), du russe (Karaoulov) et de l’anglais (Kiss).

Table 4. Liste comparative des 25 réactions liées au plus grand nombre de stimuli dans les DA du français (DAF), du russe (Karaoulov) et de l’anglais (Kiss).

Sont indiqués la réaction et le nombre de stimuli qui l’ont provoquée.

62 Dans chaque case du tableau sont portés la réaction et le nombre de stimuli pour lesquels cette réaction a été proposée au moins une fois. Les données du DINAF confirment que la réaction vie est là aussi celle qui est liée au plus grand nombre de stimuli, (48/100 pour les locuteurs de France), avec une fréquence totale de 369 occurrences. La liste des stimuli qui ont provoqué l’apparition de la réaction vie et sa fréquence varient selon les zones étudiées de la francophonie ; cependant 18 stimuli sont communs aux quatre : mort, cœur, amour, vivre, aimer, reprendre, âme, air, jeune, mourir, soleil, corps, donner, ami, comprendre, enfant, gens, devenir (dans l’ordre décroissant du nombre d’occurrences de cette réaction dans le corpus).

63 L’étude des listes de superconnecteurs pour telle ou telle langue permet de compléter l’analyse linguistique traditionnelle et d’observer les divergences sur le contenu réel d’une notion selon les langues. Envisageons l’objet culturel qu’est un ami.

64 Analysant le contenu des concepts AMITIÉ [3] et AMI, A. Wierzbicka aboutit à la conclusion que l’assertion selon laquelle ‘dans toutes les cultures les amis sont considérés comme catégorie psychologique et sociale importante’ est fausse. En ce qui concerne la culture anglaise, le sens et le fond de l’idée d’AMITIÉ et d’AMI se sont essentiellement dévalués durant le temps. Comme l’affirme A. Wierzbicka (1997, 69),

65

  • au total la signification du mot friend est devenue plus faible, et maintenant, pour qu’elle retrouve son ancienne force, il faut utiliser l’expression a close friend. Il est conservé quelque chose de l’ancienne signification dans le substantif dérivé friendship : tandis que dans l’ancien usage les amis (friends) sont liés par les relations d’amitié (friendship), dans l’usage contemporain un homme peut avoir beaucoup plus d’amis (friends), que d’amitiés (friendship) et ce n’est que d’amis proches (close friends) dont on peut maintenant dire qu’ils sont liés par une relation d’amitié (friendship).

66 Wierzbicka indique que, dans la culture anglo-américaine, l’idée de ‘connaissance avec de nouvelles personnes’ a pris la place de celle de ‘amitié’ comme un rapport constant entre les personnes. Dans cette culture ces personnes s’appellent des ‘amis’. Par contre, selon N.M. Lebedeva (2000), ‘la protection de la famille, la santé, l’amitié vraie, la fidélité, l’intellect, le sens de la vie, l’harmonie intérieure’ font partie des valeurs de base de la culture russe et elles se transmettent de génération en génération.

67 Considérons maintenant les données des DA. D’après le DA indirect du russe la notion d’ami, donnée comme réaction à 565 stimuli différents et occupant le 9e rang dans le noyau, tient une place très importante dans le noyau de la conscience linguistique des Russes. Le champ associatif de друг (ami) montre qu'il est avant tout верный (fidèle 69), надежный (sûr 9), настоящий (vrai 9), старый (vieux 4). D’autres caractéristiques importantes de l'ami sont близкий (proche 16), любимый (aimé 4), сердечный (cordial 4). Il est naturel qu’un tel ami soit лучший (le meilleur 20), любезный (aimable 12), единственный (unique 9), c’est un ami детсвта (d’enfance 33). L'ami est товарищ (camarade 27) et брат (frère 10), mais aussi très souvent c’est un собака (chien 17). L’opposition ami / враг (ennemi 47), bien qu’elle soit permanente dans la conscience des Russes contemporains, est présentée en général par un groupe de réactions très peu important dans le champ associatif du stimulus ami. Ces données sont confirmées par celles du dictionnaire de Beresneva & al. (1995), où l’on voit que, dès l’âge de dix ans, l’ami occupe une place très importante chez les enfants russes, ce qui est également confirmé par les données de Goldin pour Saratov (Goldin & al. 2004). Dans le dictionnaire inverse, on voit que le mot ami apparaît le plus souvent comme réaction aux stimuli настоящий (vrai 215), лучший (meilleur 156), верный (fidèle 64), надежный (sûr 52).

68 Parmi les locuteurs de l'anglais, selon Kiss, nous obtenons une image tout à fait différente. La notion friend occupe la 73e place dans le noyau de leur conscience linguistique et se distingue par une couleur émotionnelle tout à fait différente. Dans le dictionnaire direct (Kiss & al. 1972) friend est associé avant tout avec enemy (22), foe (19), suivi par girl (4) et good (4). D’après les données du Dictionnaire inverse, la réaction friend apparaît le plus souvent aux stimuli acquaintance (68), acquuaintance (67), companion (67), college (50), buddy (36), neighbor (36), neighbourg (33), ally (35).

69 Apparaissant en réaction à 133 mots différents, ami occupe la 22e place parmi les superconnecteurs du français, plus encore, si on lui rajoute la forme plurielle amis, cité 104 fois comme réaction (Debrenne 2010) ; c’est une place assez importante. Dans le dictionnaire direct on constate, que pour les Français un ami est associé tout d’abord à copain (82) ou pote (16), et presque deux fois moins souvent, à ennemi (54). Il est fidèle (15), proche (12), c’est le meilleur (8). Les sentiments qu’on éprouve pour lui sont de l’amitié (18) ou de l’amour (16). Dans le dictionnaire inverse, on constate (Debrenne 2010) que la réaction ami apparaît le plus souvent à compagnon (544), camarade (213), ennemi (185), conseil (78), confiance (64), voisin (61), compagnon (50) confier (29).

70 Ajoutons que d'après les données de 2015, et ce, malgré la popularité des réseaux sociaux et de la notion d'ami qu'ils véhiculent, cette réaction a fortement reculé et n'occupe plus que la 35e place au Canada, la 53e en France, la 69e en Belgique et la 72e en Suisse. Ainsi, tout en restant dans le ‘noyau de la conscience linguistique’, limité arbitrairement aux 75 premières réactions, cette notion semble avoir perdu de son importance pour les locuteurs du français. Nous tenons à souligner cependant qu'à nos yeux les DA ne sont que des instruments de mesure qui mettent en évidence des tendances. Pour respecter les principes de rigueur scientifique ces mesures doivent impérativement être répétées. Elles ne doivent en aucun cas être utilisées pour des interprétations hasardeuses et forcément réductrices sur la mentalité des locuteurs.

Conclusion

71 Le DINAF a été entrepris notamment pour apporter une réponse la plus objective possible à la question de l’existence d’une ‘vision du monde’ soutenue par la langue, dite également ‘image linguistique du monde’ (ILM) autour de laquelle se déroulent de vifs débats (voir par exemple Russo (2012) et sa bibliographie) et qui peut être définie ainsi :

72

  • La sémantique des unités lexicales comprend un certain nombre de ‘présomptions’, c’est-à-dire de représentations du monde non reflétées dans les usages assertifs courants de cette unité et qui passent souvent inaperçues des participants de la communication (présupposés, connotations, composants de base de la signification). […] Au cours de la communication ces présomptions ne sont généralement pas mises en doute, et un emploi de cette unité de langue en contradiction avec elles provoque une réaction négative des communicants […]. C’est précisément de l’ensemble de ces présomptions que se compose l’image (le modèle) linguistique du monde (Shmelev 2011).

73 Nous affirmons que l’étude des associations évoquées par les mots est une méthode adéquate et relativement objective pour étudier ce phénomène. Ainsi, si les locuteurs d’une même langue se trouvant dans des conditions sociolinguistiques différentes (tels, dans le cas du DINAF, les Belges et les Canadiens) présentent néanmoins des réactions d’association semblables, on peut donc en conclure que cela dépend de la langue donnée et non pas de l'environnement. On sait que, par ailleurs, ces associations sont sensiblement différentes d’une langue à l’autre (la traduction est ici un biais méthodologique très délicat à manier, s'agissant de mots tirés hors de leur contexte, c'est pour cela qu'on parle généralement de ‘pseudoéquivalents’), donc, là aussi, on peut penser qu'il y a un lien entre ‘image linguistique du monde’ et langue, mais également à différentes époques d’une même langue (Ufimtseva 2013).

74 Nous sommes parfaitement conscients que cette méthode a ses limites : tout d’abord, jusqu'à présent les expériences d'association lexicales ne prenaient en compte qu'un nombre limité de réponses, éternel sujet de discussion entre les psycholinguistes et les sociolinguistes. A l'heure actuelle, grâce à internet, cette difficulté peut être surmontée, pour une plus grande objectivité. Par ailleurs, l’analyse de la structure d’un champ associatif est subjective, seules les premières associations, partagées par le plus grand nombre, donnent une réponse stable. Enfin, il convient d’être très prudent dans l'interprétation des résultats obtenus. Très populaires en Russie et usités dans les recherches à tous niveaux, les DA donnent lieu trop souvent à des généralisations hâtives ou injustifiées au vu du peu d'ampleur de l'étude réalisée. Trop souvent des expressions telles ‘le dictionnaire associatif russe’ ou ‘l’image linguistique russe du monde’ sont données comme ‘le dictionnaire des associations verbales des Russes (ethniques)’ et non pas ‘de la langue russe’ ou ‘des locuteurs du russe’. Si on analyse l’immense quantité de recherches publiées en Russie ces dernières années à propos de l’ILM (image linguistique du monde) ou des ‘concepts’, on peut y trouver des formulations douteuses telle ‘la langue nationale forme le caractère national’, ce qui a été relevé à plusieurs reprises (Apresjan 2006, 35 ; Pavlova 2009, 2010). De même, nous considérons comme abusifs des conclusions sur la ‘westernisation de la mentalité russe’ basées sur la présence d'anglicismes dans les réponses du SIBAS (Shaposhnikova 2016).

75 Ces dernières années les technologies numériques permettent notamment l'analyse de grandes masses de données linguistiques et une visualisation aisée des résultats, sous forme de cartes (voir le projet le français de nos régions, <https://francaisdenosregions.com>) ou de réseaux (Polguère 2014). Nous considérons que ces avancées offrent de grandes perspectives aux travaux sur les associations évoquées par les mots qui sont un formidable instrument d'objectivation de la structure du lexique de langues diverses, et notamment du français.

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Mots-clés éditeurs : psycholinguistique, lexique, associations, dictionnaire

Date de mise en ligne : 05/06/2017

https://doi.org/10.3917/rfla.221.0075

Notes

  • [1]
    Par convention, les stimuli sont indiqués en italiques gras et les réactions en italiques.
  • [2]
    On appelle thésaurus un DA (direct et indirect) résultant d’une série de trois expériences, la première utilisant une liste de 1000 stimuli hautement fréquents, la deuxième les réactions les plus fréquentes données dans la première expérience, etc.
  • [3]
    Dans le cadre des études dites ‘conceptuelles’, il est usuel de les indiquer en majuscules.

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