Normalien, professeur émérite des universités, membre honoraire de l’Institut Universitaire de France (iuf), Jean-Claude Daumas est l’auteur d’un ouvrage majeur portant sur l’histoire de la consommation en France des années 1840 à nos jours. Comme le rappelle l’introduction générale (p. 7-16), la consommation a été l’objet d’une révolution marquée par la démocratisation du vêtement grâce l’industrie, l’émergence d’une nouvelle culture et la transformation des rapports entre classes dans l’espace public. Sans renier l’apport des historiens anglo-saxons, notamment à propos des origines de la révolution industrielle, J.C. Daumas s’inscrit dans la droite ligne des travaux de Fernand Braudel et de Daniel Roche, tout en adoptant une approche très large prenant en compte l’ensemble des acteurs, dont le consommateur, mais aussi les industriel et les distributeurs, les spécialistes des marketing et des médias, les pouvoirs publics ou les mouvements consuméristes. Envisagée dans sa double dimension matérielle et symbolique, la consommation se définit d’abord comme un rapport aux objets, où s’investissent besoins et désirs. De ce fait, une partie de la consommation échappe à la sphère marchande : fonction des besoins et de leur hiérarchie, servant en partie à afficher un statut social, les objets sont inséparables de pratiques et de discours par lesquelles le consommateur se les approprie. De plus, les modes de consommations se différentient socialement, soit qu’il y ait rattrapage des plus riches par les plus pauvres, soit qu’il y ait diffusion des modèles de consommation du sommet vers la base de la hiérarchie sociale, sachant que le processus d’imitation s’accompagne toujours de phénomènes de sélection, de réinterprétation et d’adaptation…