Notes
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[1]
Tout au long de cet article, les valeurs sont exprimées en dollars courants.
-
[2]
Sur les multiples applications de l’aluminium, on consultera Ivan Grinberg (avec le concours de Florence Hachez-Leroy et Jean Plateau), L’aluminium. Un si léger métal, Paris, Découvertes Gallimard (coll. Sciences et techniques, no 435), 2003, 128 p. ; Mimi Sheller, Aluminium Dreams. The Making of Light Modernity, Cambridge (Mass), The MIT Press, 2014, XII+368 p. ; Dominique Barjot et Marco Bertilorenzi (dir.), Aluminium. Du métal de luxe au métal de masse (XIXe-XXIe siècle) / From Precious Metal to Mass Commodity (19th–21st Century), Paris, PUPS, 2014, 424 p.
-
[3]
Les investissements en Asie, en Afrique et en Océanie ne figurent pas dans ce tableau, car il n’a pas été possible de les départager vu qu’elles sont rassemblées sous la rubrique « Reste du monde ».
-
[4]
RA 1947, p. 6.
-
[5]
« Reste du continent américain », « Autres pays du Commonwealth britannique », « Reste du monde ».
-
[6]
RA 1965, p. 9. Il n’a pas été possible d’obtenir ces données avant les amortissements. Ces dernières auraient donné une proportion encore plus grande aux investissements canadiens. Par ailleurs, les données concernant les intérêts d’Alcan au Mexique sont incluses dans la région « Amérique du Sud et Antilles ».
-
[7]
Alcan Aluminium Limitée, rapport annuel de 1969 (dans les notes qui suivent, cette source sera désignée par les lettres RA suivies de l’année du rapport), p. 12. Ces taux tiennent compte du pourcentage du capital que possède Alcan dans les usines d’aluminium de ses filiales et joint ventures.
-
[8]
Le groupe favorise désormais une intégration de plus en plus régionale des secteurs d’activité. Sur les stratégies globales d’Alcan à cette époque, on consultera : Dominique Barjot et Philippe Petitpas, « Alcan et Pechiney : une comparaison des processus d’internationalisation de deux multinationales du secteur de l’aluminium durant les années 1950 et 1960. Premiers résultats. », dans Cahiers d’histoire de l’aluminium / Journal for the History of Aluminium, nos 52-53, décembre 2014, p. 107-139 ; Cécile Coursiéras, « Pechiney et ALCAN, deux entreprises face à la modernisation de l’industrie de l’aluminium », dans Dominique Barjot et Marco Bertilorenzi, op. cit., p. 233-250 ; Matthias Kipping et Ludovic Cailluet, “Mintzberg’s Emergent and Deliberate Strategies : Tracking Alcan’s Activities in Europe, 1928-2007”, Business History Review, Vol. 84, No.1, spring 2010, p. 79-104 ; Pierre Lanthier, « Alcan de 1945 à 1975 : les voies incertaines de la maturation », dans Florence Hachez-Leroy (dir.), L’Europe de l’aluminium (1945-1975), numéro hors série des Cahiers d’histoire de l’aluminium, 2003, p. 63-84.
-
[9]
Le secteur de la transformation suppose une part plus importante des actifs circulants que dans le secteur primaire.
-
[10]
George David Smith, From Monopoly to Competition. The Transformations of Alcoa, 1888-1986, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 202.
-
[11]
Les données comptables dans les paragraphes qui suivent sont toutes tirées des rapports annuels d’Alcan Aluminium Limited.
-
[12]
David Massell, Quebec Hydropolitics. The Peribonka Concessions of the Second World War, Montreal & Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2011, xvi+242 p. ; M.E. Gooding, The History of Reduction Plants at Shawinigan Falls from 1901 to 1945, document dactylographié, Alcan, avril 1947.
-
[13]
RA 1950, p. 7, et RA 1951, p. 8.
-
[14]
RA 1958, p. 14.
-
[15]
Porté à 6,3 millions l’année suivante. RA 1951, p. 8 et 17 ; RA 1952, p. 19.
-
[16]
R. Gendron, « Canada and the Nationalization of Alcan’s Bauxite Operations in Guinea and Guyana », dans Robin S. Gendron, Mats Ingulstad et Epsen Storli (dir.), Aluminum Ore. The Political Economy of the Global Bauxite Industry, Vancouver, UBC Press, 2013, p. 220.
-
[17]
RA 1970, p. 115 ; RA 1971, p. 20.
-
[18]
Il n’a pas été possible d’obtenir le chiffre exact en 1970.
-
[19]
Quatorze au Canada et quatre aux États-Unis.
-
[20]
On notera que le reste du monde en prenait 22 : 6 en Océanie, 6 en Afrique et 10 en Asie, principalement au Japon et, dans une moindre mesure, en Inde.
-
[21]
Duncan C. Campbell, Mission mondiale. Histoire d’Alcan, volume II, s.l., Publication privée, 1989, p. 789-790.
-
[22]
RA 1965, p. 6 et 15 ; RA 1966, p. 11.
-
[23]
RA 1970, p. 6.
-
[24]
RA 1970, p. 40-41.
Introduction
1La Seconde Guerre mondiale constitue l’élément déclencheur des gros investissements dans le groupe Alcan. L’effort militaire requiert une quantité considérable d’aluminium et la région du Saguenay avait le potentiel pour la produire. Et de fait, la valeur des immobilisations totales avant amortissement passe de 66,4 millions $ en 1939 à 336,1 millions en 1945 [1]. La hausse se poursuit après la guerre : en 1950, à elles seules, la valeur des immobilisations atteint 459,7 millions $. En 1960, les immobilisations du groupe valent 1 506 millions et en 1970, 2 390 millions $.
2Les années 1950, en quelque sorte, prolongent la Seconde Guerre mondiale, avec de gros investissements dans le primaire, surtout au Canada. Mais à partir de la seconde moitié des années 1950 et surtout pendant les années 1960, les investissements sont de préférence accordés à la transformation, avec des montants totalisant environ 300 millions $ de 1959 à 1965.
3Proportionnellement, les investissements ne sont pas de la même ampleur dans le secteur primaire et dans celui de la transformation. Le premier requiert des montants autrement plus considérables que le second. Toutefois, les démarches en vue d’acquérir des capitaux ont été plus simples pour le primaire que pour la transformation. Dans ce dernier cas, Alcan a dû complexifier sa gestion et ses stratégies de financement. La transition du primaire à la transformation a exigé de nouvelles pratiques financières, ce dont nous chercherons à rendre compte dans le présent article.
Les sources d’investissements selon la nature des activités
4Le financement d’un groupe ne sert pas seulement à se procurer des capitaux pour accroître les immobilisations ou les participations. Il a également un aspect stratégique, en ce sens qu’il permet au groupe de s’associer à des entreprises ou des groupes potentiellement concurrents et, du coup, de substituer la collaboration à de ruineuses batailles, en particulier par le biais de joint ventures. Le groupe Alcan a connu les deux aspects du financement, celui de se procurer de volumineux investissements et celui de se tisser des alliances. Le besoin en capitaux a été particulièrement important dans les années 1940 et 1950 ; la recherche de liens d’affaires prend le relais au milieu des années 1950 pour se poursuivre la décennie suivante. Le passage de l’un à l’autre s’explique par le fait, comme on le verra plus bas, qu’Alcan a d’abord dû accroître sa capacité de production dans les secteurs de la bauxite et du primaire, pour ensuite investir plus systématiquement dans le secteur de la transformation.
5Chacun de ces secteurs requiert des stratégies différentes les unes des autres. Dans le cas de la bauxite, il importe d’avoir accès à des gisements miniers et à des installations portuaires pour transporter le minerai, ce qui requiert des investissements appréciables. La production d’alumine et d’aluminium reste néanmoins la plus gourmande en investissements : ériger des usines d’électrolyse et surtout aménager des cours d’eau en vue de produire de l’électricité exigent des travaux d’infrastructure majeurs, surtout, comme c’est le cas ici, lorsque la demande d’aluminium est massive et pressante (en raison de la conjoncture militaire). Pour sa part, la transformation de l’aluminium est très diversifiée, pouvant aller du papier d’aluminium à la charpente de véhicules, en passant par le recouvrement d’édifices, les cannettes de boissons gazeuses, les plaques d’immatriculation, les ustensiles de cuisine, et ainsi de suite [2]. Dans cette perspective, les stratégies de financement se complexifient : certes, les besoins en capitaux ne sont pas aussi volumineux que dans les secteurs minier et primaire, mais il faut pouvoir s’assurer de débouchés importants et réguliers, en plus de mobiliser les compétences adéquates. Nous allons examiner les stratégies de financement relatives à chacun de ces secteurs.
6Nous aurions aimé diviser les activités du groupe selon les secteurs de la bauxite, du primaire et de la transformation. Toutefois, les rapports annuels d’Aluminium Limited, la maison mère qui consolide les activités du groupe, n’offrent pas de renseignements financiers spécifiques à chaque secteur. Il a fallu recourir à une approche indirecte et, du coup, imprécise pour obtenir les renseignements recherchés. Les rapports annuels, après la Seconde Guerre mondiale, présentent des données financières selon les lieux d’activité du groupe. Le tableau 1 donne, aux cinq ans de 1950 à 1970, les principaux postes du bilan consolidé selon trois grandes régions géographiques, c’est-à-dire le Canada en 1950 et 1955, puis l’Amérique du Nord, les Antilles avec l’Amérique du Sud et le tandem Europe-Royaume Uni en 1960, 1965 et 1970 [3].
Les principaux postes du bilan d’Alcan selon les grandes régions géographiques (1950 à 1970)
Les principaux postes du bilan d’Alcan selon les grandes régions géographiques (1950 à 1970)
Note : 1- actions privilégiées7Avant de commenter ce tableau, quelques explications s’imposent. Tout d’abord, pourquoi avoir commencé le tableau en 1950 et non avant ? Cela s’explique par le fait que les données sont absentes. Les premières remontent à 1947 [4], mais elles ne reprennent pas les mêmes entités géographiques que celles des années suivantes. Par ailleurs, un important changement survient en 1960 dans la répartition géographique des données financières. Avant cette année, les statistiques, celles du Canada mises à part, étaient présentées en régions trop vagues pour être significatives [5]. Ce n’est qu’en 1960 qu’apparaissent les régions « Amérique du Nord », « Amérique du Sud et Antilles », « Royaume-Uni et Europe continentale ». Si nous avons conservé le titre de « Canada » pour la première des régions, c’est que la part des États-Unis dans les immobilisations et autres investissements reste minoritaire : en 1965, après amortissements, elle ne dépasse pas les 90 millions $, alors que celle du Canada tourne autour de 630 millions [6].
8Par ailleurs, dans ce tableau, nous avons présenté les grands chapitres financiers du bilan tels que publiés par Alcan, d’abord en millions de dollars canadiens puis en pourcentage des investissements totaux. C’est à partir de ces données que nous allons reconstituer les stratégies financières des secteurs.
9Enfin, nous avons choisi ces trois régions parce que leurs activités sont grandement concentrées dans l’une ou l’autre des étapes de la production de l’aluminium. Les activités d’Alcan dans les Antilles et l’Amérique du Sud sont principalement axées sur l’extraction de la bauxite et, de plus en plus, la production d’alumine ; celles au Canada et en Amérique du Nord privilégient le primaire ; et celles en Europe et au RU concernent avant tout la transformation. Certes, au fur et à mesure que l’on avance dans le temps, ces régions tendent à diversifier leur production. L’Amérique du Nord, Canada y compris, mais aussi les Antilles et l’Amérique du Sud s’ouvrent de plus en plus à la transformation, tandis qu’en Europe, les filiales scandinaves et espagnole œuvrent dans le secteur primaire et le Royaume-Uni, à la fin de la période, a commencé à investir dans une importante usine d’électrolyse complétée par une centrale thermique. Si, au début des années 1950, la quasi-totalité de l’aluminium brut produit par Alcan provenait du Canada, il n’en est plus de même une vingtaine d’années plus tard : la production canadienne tourne désormais autour de 70 %, tandis que l’Europe prend près de 15 % [7]. Bref, au fur et à mesure que nous approchons de la fin des années 1960, les données régionales sont moins fiables en ce qui concerne la représentativité de tel ou tel secteur [8]. Les changements survenus se répercutent dans les données financières. Il n’en reste pas moins que les données que nous avons réunies dans le tableau 1 demeurent éloquentes. Il faut les interpréter avec prudence. La présente étude doit être considérée comme un coup de sonde devant servir à une recherche plus approfondie.
10Dans le cas du Canada / secteur primaire, il faut constater le poids immense des immobilisations : les usines d’électrolyse et d’alumine, combinées aux centrales hydroélectriques, assurent aux immobilisations une part oscillant de 66 à 82 % des actifs totaux. La chute du pourcentage des immobilisations en 1970 doit être attribuée au poids grandissant des investissements du groupe dans la transformation, notamment aux États-Unis [9]. La part des capitaux courants est relativement faible, allant de 15 à 21 %. Elle n’est vraiment élevée qu’en 1950, à la veille de la construction de l’usine électrolytique de Kitimat, en attente d’investissements dans les immobilisations les années suivantes. Au passif prédominent les emprunts (environ 35 %). Pour sa part, l’autofinancement, de 42 % en 1950, chute à 29 % en 1955, pour ensuite remonter vers les 40 %. Encore une fois, le recul de 1955 soit être attribué à la nouveauté des investissements dans les immobilisations.
11Pour ce qui est des Antilles et de l’Amérique du Sud / secteur de la bauxite et de l’alumine, ici aussi la part des immobilisations est prépondérante, avec 81 %, tandis que celle des actifs circulants se contente de 15 %. Mais au passif, les actions se combinent à l’autofinancement pour accaparer 80 %.
12Enfin, en Europe / secteur de la transformation, les immobilisations occupent une place moindre que dans les deux précédentes régions, avec 41-47 %, alors que les capitaux circulants sont plus élevés, encore qu’ils tendent à diminuer en 1970 (de 52 à 36 %), sans doute sous le poids des investissements consentis dans le secteur primaire en Espagne puis au Royaume-Uni. Les actions, avec 45 %, et les emprunts, qui augmentent de 35 à 40 %, ont la nette prédominance, tandis que l’autofinancement demeure modeste, à 17 %. En revanche, la part du crédit à court terme est beaucoup plus élevée que dans les deux autres régions, avec près de 30 % en 1960 et 18 % une décennie plus tard.
13Déjà, ces données dressent des réalités financières fort différentes d’une région / secteur à l’autre. Le Canada / secteur primaire, avec ses usines d’électrolyse et ses centrales hydroélectriques, a la part du lion des investissements dans les immobilisations, ce qui exige une mobilisation financière autrement plus considérable qu’ailleurs. Du côté de l’Amérique latine, le financement répond à des besoins moins volumineux, ce qui donne plus de poids aux capitaux propres. Enfin, le secteur des transformations en Europe offre un tableau plus complexe, avec un financement moins stable. Cette description nécessite des explications plus détaillées suivant les secteurs.
Analyse par secteurs
14Les stratégies financières du groupe ne se ressemblent pas d’un secteur d’activité à l’autre, comme on vient de le voir. Il importe donc de les examiner selon chaque secteur. Au préalable, cependant, il n’est pas mauvais de rappeler le rôle joué d’une part par l’évolution des applications de l’aluminium et de l’autre par la conjoncture.
15L’aluminium est fille de la seconde industrialisation. Cela signifie que, tout comme l’électricité ou l’automobile, elle a dû construire son propre marché. Elle l’a fait d’abord en concurrençant des métaux plus anciens grâce à sa légèreté (dans le secteur de l’aviation, notamment), ensuite en créant de nouvelles applications (cannettes de boissons gazeuses, par exemple). Et constamment, elle doit faire face à une rude concurrence, en particulier de l’acier inoxydable et du plastique. Dans cette perspective, l’industrie de l’aluminium doit non seulement pratiquer l’intégration verticale afin de lancer et de stabiliser sa part du marché, mais également investir dans la recherche et développement (R&D). Donc, en plus de la concentration verticale, elle doit pratiquer la diversification. Cependant, l’aluminium a tardé à s’engager de manière décisive dans cette voie. Elle a certes mené de la recherche, et ce, dès avant la Première Guerre mondiale afin de trouver de nouveaux débouchés. Mais il faut attendre le milieu du XXe siècle pour que cette recherche soit considérablement élargie et complétée par des stratégies systématiques de mise en marché.
16La conjoncture économique et militaire peut expliquer ce décalage. L’instabilité économique de l’entre-deux-guerres et plus encore deux guerres mondiales, de même que les guerres de Corée et du Viet Nam ont exercé une forte influence sur le développement de l’aluminium. Un groupe comme Alcan (et il n’est pas le seul) a largement bénéficié des contrats militaires. Il en a profité pour accroître largement ses infrastructures de production d’aluminium primaire au Canada. Sa croissance entre 1940 et 1960 a été soutenue et elle s’est faite en bonne partie au détriment de la R&D. Il faut attendre le milieu des années 1950 pour que la diversification et, du coup, les activités de transformation reçoivent toute l’attention voulue. Or à cette époque, la transformation a déjà entamé sa croissance. Certains groupes, comme Reynolds, ont d’ailleurs acquis une longueur d’avance sur Alcan dans ce domaine [10]. Ce scénario donne aux politiques d’Alcan un caractère d’urgence : il faut se dépêcher pour satisfaire les commandes militaires, il faut se dépêcher également pour décrocher une part du marché de l’aluminium dans les biens de consommation.
17L’examen des stratégies financières propres aux trois secteurs illustre bien ce sentiment de précipitation [11].
Le secteur primaire
18La crise des années 1930 a été dure pour Alcan. Sa croissance a été minimale : de 40 millions $ en 1929, la valeur des immobilisations n’atteignait que 66 millions dix ans plus tard, les investissements les plus importants n’ayant été effectués qu’après 1936. Les dividendes n’étaient versés qu’aux actions préférentielles, et encore ils ne l’étaient pas toutes les années. L’entreprise devait cumuler le plus de réserves possible, car emprunter était difficile : après une émission d’obligations de 20 millions $ en 1928, il faut attendre neuf ans pour qu’une deuxième (12,5 millions $) soit faite.
19Avec la préparation pour la guerre avant 1939 et, plus décisivement, après la déclaration de la guerre, la situation change en profondeur. Non seulement le groupe parvient-il à dépasser le stade de la précarité, mais, avec l’appui des gouvernements britannique, américain, canadien et québécois, il entreprend une expansion gigantesque dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et, dans une moindre mesure, en Mauricie (Shawinigan et La Tuque), avec la construction d’un vaste ensemble hydroélectrique et l’agrandissement ou l’ajout d’usines d’électrolyse [12].
20La croissance du primaire se fait alors en suivant deux avenues financières. D’abord, elle reçoit des prêts avantageux de la part du gouvernement britannique. En 1941, à la suite d’accords conclus avec le gouvernement britannique, Aluminum Company of Canada, la filiale canadienne du groupe, bénéficie d’un prêt de 55,6 millions $ de la part de ce gouvernement, sous la forme de bons remboursables avec intérêt de 3 % et venant à échéance en 1961. En retour, la compagnie s’engage à assurer la priorité au gouvernement sur une production d’aluminium équivalant à 107 500 tonnes métriques. Le prêt a été refinancé en 1951 pour une vingtaine d’années selon les mêmes conditions, avec possibilité d’un prêt supplémentaire de 25 millions $ remboursable en 1971 avec intérêt de 3½ %. En échange, la production garantie au gouvernement britannique est portée à 200 000 tonnes. Le remboursement de ces prêts peut cependant diminuer si, une année, la compagnie ne parvenait pas à écouler une part déterminée de sa production [13].
21Ensuite, Alcan effectue en parallèle de nombreux emprunts, en particulier sur le marché américain. De 1940 à 1950, le groupe procède à une quinzaine d’émissions d’obligations et de bons, sans oublier trois importants prêts bancaires, pour des montants variant entre 1 et 56 millions $. Désormais, grâce aux commandes militaires, le groupe est en mesure d’emprunter régulièrement, ce qui lui permet d’accroître ses immobilisations au Québec puis en Colombie britannique. Entre 1951 et 1954, Alcan investit 483 millions dans des immobilisations nouvelles. Cela a été financé par des emprunts valant 277 millions $, 30 millions $ sous forme d’actions privilégiées, 53 millions $ grâce aux actions ordinaires et 195 millions $ en autofinancement.
22Dans les années 1950 et 1960, le groupe accroît ses emprunts, à la fois pour terminer la construction du complexe de Kitimat et pour investir davantage dans la transformation. Désormais, le groupe entretient d’excellentes relations avec le milieu bancaire, dont il obtient aisément des prêts relais (bridge loans). Par exemple, en 1956, Alcan obtient un crédit bancaire de 100 millions $, qu’il rembourse grâce à une émission de 125 millions $. Et c’est sans difficulté que les stratégies financières utilisées dans le secteur primaire sont appliquées au secteur de la transformation. En 1958, il fallait financer des centrales hydroélectriques au Canada et des usines de transformation, notamment en Grande-Bretagne. Citons le rapport annuel de cette année :
« Ces immobilisations ont été financées par des emprunts au chiffre de E.U. $ 61 000 000 contractés par l’Aluminum Company of Canada Ltd auprès d’un groupe de banques américaines et canadiennes, dans le cadre d’une ouverture de crédit à moyen terme qui lui avait été auparavant consentie et dont le plafond est en voie d’être relevé de E.U. $ 130 millions à E.U. $ 160 millions. La Northern Aluminium Company Ltd [filiale britannique d’Alcan] a effectué, en décembre 1958, le placement d’une émission de débentures 6 % à l’échéance de 1983 au nominal de £ 3 000 000, dont £ 750 000 ont servi à retirer un montant équivalent de débentures 3 3/8 % à l’échéance de 1959/1961 et dont £ 1 125 000 restent à livrer en 1959. » [14]
24Le soutien financier public et les commandes militaires fournissent un crédit imposant au groupe, ce qui lui permet de sauter sans difficulté dans le secteur de la transformation. Dès les années 1960, le groupe retire des revenus de plus en plus importants de la transformation, au Canada comme ailleurs. On notera cependant à la longue le poids de plus en plus important de l’autofinancement, tel que le révèlent les amortissements des immobilisations. En fait, l’importance relative des amortissements s’explique par le fait que les grands investissements liés au secteur du primaire sont graduellement remplacés par des investissements de moindre envergure dans le secteur de la transformation.
Le secteur de l’alumine et de la bauxite
25La Guyane et la Jamaïque ont toutes les deux extrait de la bauxite et produit de l’alumine. La Jamaïque, en particulier, a produit de l’alumine pour les besoins de l’usine d’Alcan à Kitimat. D’une manière générale, les investissements sont autrement moins importants dans ces secteurs que dans celui de la production de l’aluminium en tant que telle. La bauxite exige avant tout de la machinerie et la construction d’un port pour le transport océanique du minerai. Cela représente des investissements fixes, mais de peu d’ampleur comparés à ceux requis pour aménager des cours d’eau, ériger un barrage et construire une centrale électrique. Dans cette perspective, ce sont les actions, et non les emprunts à long terme qui tiennent le rôle central. Les emprunts demeurent en général de taille modeste. En 1951, pour financer la construction de son usine d’alumine, d’une capacité de 165 000 tonnes métriques, la Jamaica Bauxite Limited, filiale d’Alcan, a pu obtenir un prêt du Gouvernement américain de 4,7 millions $ (4,5 millions en dollars américains) [15], ce qui est relativement peu. En 1971, la filiale d’Alcan exploitant les gisements de bauxite de la Guyane, la Demerara Bauxite Co. Ltd, est nationalisée. Après négociations, il a été décidé qu’Alcan recevrait 53,5 millions $ comme indemnité [16], un montant plutôt modeste comparé aux investissements nord-américains du groupe.
26Cependant, dans les Antilles et surtout en Amérique latine, la transformation prend de plus en plus de l’influence. C’est ce qui explique, en 1970, le recul relatif des immobilisations au profit des actifs circulants et la baisse des actions en faveur des emprunts. Notons quand même la progression des amortissements, de 38 à 41,5 % de la valeur des actifs totaux de 1965 à 1970. Une progression qui est essentiellement due à la bauxite et à l’alumine. En 1971, avec la nationalisation des biens d’Alcan à la Guyane, la valeur relative des amortissements a chuté de 42,5 à 32,5 % [17]. Bref, la bauxite combinée à l’alumine exige des investissements moindres, ce qui donne la première place aux actions. Mais quand la transformation s’implante, les stratégies financières commencent à converger avec ce que l’on observe en Europe.
Le secteur de la transformation
27La fin de la guerre de Corée déstabilise Alcan, en attendant l’intensification de la guerre au Viet Nam. Au milieu des années 1950, Alcan vit une situation de grande incertitude. La période des commandes massives provenant du secteur militaire tire à sa fin. Il faut trouver d’autres débouchés qui puissent assurer, le plus rapidement possible, l’équivalent en termes de commandes.
28Alcan décide alors d’investir dans la transformation. De 1959 à 1965, le groupe engage 300 millions $ dans le secteur, et ce, partout dans le monde. Les trois régions que nous avons retenues sont donc touchées par les investissements dans ce secteur, ce qui explique la similitude de bien des données en 1970. Notons toutefois que l’intérêt que porte le groupe à la transformation n’est pas nouveau. Il remonte à bien avant la Première Guerre mondiale. L’idéal aurait été, dès cette époque, d’investir plus massivement dans la transformation afin d’élargir le marché de l’aluminium. Les événements militaires et la crise ont toutefois incité le groupe à agir autrement. Il faut attendre les années 1950 pour que le groupe Alcan s’introduise plus systématiquement dans le secteur : en 1958, il gère déjà 26 usines de transformation, par filiales ou par joint ventures interposées ; en 1970, le groupe compte au moins 115 usines de transformation [18].
29Dans le domaine de la transformation, Alcan donne en effet la nette préférence aux filiales et aux joint ventures. En 1970, 77 d’entre elles se spécialisaient dans la transformation (sans compter les sous-filiales). Parmi ces filiales, 26 se trouvaient en Europe, 18 en Amérique du Nord [19], et 11 en Amérique du Sud et dans les Antilles [20]. Sans détenir la majorité, le continent européen a quand même la prépondérance. À ces données, il faut ajouter les participations minoritaires et les investissements non consolidés (tableau 2). Ces dernières restent faibles au Canada, où elles passent de 3 à 16 millions $ de 1960 à 1970. Il en est de même aux Antilles et en Amérique du Sud, avec une hausse de 3 à 8 millions $ pendant ces mêmes années. En revanche, elles augmentent considérablement en Europe, allant de 13 millions en 1960 à 28 millions en 1965 et à 97 millions $ en 1970. On notera une poussée semblable dans le reste du monde, grimpant de 7 à 46 millions $ pendant la même décennie.
Les participations minoritaires (1960-1970)
Montants en millions de dollars canadiens courants | En pourcentage des capitaux investis | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
1960 | 1965 | 1970 | 1960 | 1965 | 1970 | |
Amérique du Nord | 3 | 3 | 16 | 0,2 | 0,2 | 0,8 |
Antilles/Amérique latine | 3 | 1 | 8 | 1,2 | 0,3 | 1,7 |
Royaume-Uni/Europe | 13 | 28 | 97 | 7,0 | 8,4 | 16,8 |
Les participations minoritaires (1960-1970)
30Ces participations demeurent très faibles dans les deux Amériques, mais fortes en Europe, avec seulement 2,5 % en 1970 dans le premier cas, contre 16,8 % dans le second. Cela dit, partout, leur part augmente en 1970, signe du poids grandissant du secteur de la transformation.
31Le groupe doit en effet recruter des compétences dans des domaines avec lesquels il n’est pas familiarisé, ce qui signifie très souvent des investissements pour lesquels le contrôle n’est pas absolu, mais partagé. Dans cette perspective, le groupe va racheter bien des entreprises qu’il transforme en filiales. Il s’agit ici d’un phénomène important : Alcan a moins cherché à créer des filiales qu’à racheter des entreprises déjà existantes. Et quand il a créé des filiales, c’est souvent en association avec des groupes qui ont déjà investi dans le secteur. C’est le cas, en 1959, de Chryslum Ltd, un joint venture associant le fabricant d’automobiles Chrysler et Alcan. Parallèlement, le groupe lance des ensembles intégrés, allant de la bauxite jusqu’à la transformation, comme en Inde et au Brésil. Dans ce dernier pays en 1946, Alcan participe à l’acquisition de gisements à Poços de Caldas. Il lance un joint venture, Companhia de Aluminio Poços de Caldas, dont il prendra le contrôle absolu en 1953. Entre-temps, Alcan se porte acquéreur des actions d’Alubrasil, qui lamine l’aluminium, le cuivre et le laiton [21]. Le groupe peut également partager un joint venture de transformation pouvant recevoir l’aluminium de ses usines en mêmse temps que de celles d’un concurrent. Par exemple, en 1965, voit le jour Aluminium Norf GmbH, filiale à parts égales d’Aluminum Limited et de Vereinigte Aluminium-Werke A.G., destinée à ériger un laminoir d’une capacité annuelle de 200 000 tonnes dont la production commence en 1968 [22]. Dans la seule année 1960, le groupe lance une vingtaine d’entreprises de transformation, si bien qu’en 1962, 47 % de ses ventes consolidées viennent de la transformation. En 1970, le produit total des ventes et des revenus d’exploitation du groupe se chiffrait à 1 368 millions $, dont 723 millions, soit 52,8 %, provenaient du secteur de la transformation [23].
32Le groupe se livre donc à une importante intégration verticale en amont. Cette évolution a de nombreux impacts sur les finances du groupe.
331 - Alcan doit accorder plus d’attention au contrôle des actions, en particulier avec la croissance des filiales. Dans cette perspective, il doit constituer un portefeuille de plus en plus volumineux de participations minoritaires. Cela ne signifie toutefois pas que le groupe doive tout financer dans la transformation, loin de là. Il doit rechercher la participation stratégique de clients et même de concurrents afin de s’assurer une part appréciable du marché.
342 - Le groupe encourage d’ailleurs ses filiales et joint ventures à trouver du financement dans leurs pays respectifs, de façon à ne pas trop mobiliser ses propres capitaux. Par exemple, Indian Aluminium Company Ltd (Indal), dans les années 1960, s’est beaucoup développée, autant dans l’extraction de la bauxite (Lohardaga, Kolhapur) que dans le primaire (Hirakud, Belgaum et Alupuram) et la transformation (Kalwa, Taloja, Belur, etc.). Or, Alcan ne fournit que 12 % des investissements requis [24]. Beaucoup de filiales vont négocier directement leurs propres emprunts auprès de banques locales.
353 - Par ailleurs, la transformation accroît le fonds de roulement. Dans toutes les années 1950, le groupe a consacré 175 millions $ au fonds de roulement ; et, dans les seules cinq premières années de la décennie suivante, 250 millions $. Les actifs circulants sont nettement plus élevés en Europe que dans les Amériques, encore qu’ils tendent à s’accroître dans ces dernières en raison du poids grandissant de la transformation. Cela signifie donc que le groupe doit consacrer une part de plus en plus large de capitaux à autre chose que des investissements à proprement parler.
364 - Enfin, la concurrence est autrement plus redoutable dans ce secteur, ce qui finit par affecter le prix même de l’aluminium. Dès 1953, on s’en plaint. Et en 1963, malgré des ventes record, le prix ne cesse de fléchir. L’autofinancement, comme on peut le voir avec les amortissements (tableau 1), ne suffit pas, il faut emprunter de plus en plus. Les filiales prennent d’ailleurs une part croissante dans les emprunts à plus d’un an du groupe : de 12,2 % en 1955, cette part monte à 33,9 % en 1970 et à 67,7 % en 1980.
Conclusion
37En soi, les stratégies financières d’Alcan n’ont guère rencontré d’obstacles. Le groupe a pu dès les années 1940 se procurer d’importants capitaux pour financer ses infrastructures destinées à l’extraction de la bauxite et à la production du primaire. Cela lui a procuré d’importantes relations avec les milieux financiers (bancaires en particulier) d’Amérique du Nord les décennies suivantes. Du coup, le groupe s’est retrouvé en excellente situation pour plonger dans le secteur de la transformation et y investir sans pour autant éliminer la concurrence. Il a plutôt recherché la collaboration, et ce, même avec ses propres concurrents dans le primaire.
38Les difficultés rencontrées par Alcan après 1960 dans la transformation sont d’un autre ordre : l’intégration verticale vers les produits finis a eu lieu trop tardivement, au moment où la transformation était déjà passablement occupée par des entreprises plus ou moins autonomes, voire par des PME. L’intégration verticale n’a donc pas consisté, comme ce fut le cas dans le domaine de l’électricité, à lancer un marché, mais à racheter des entreprises déjà bien en place, lesquelles ont vu dans leur association avec Alcan la possibilité d’accroître leur capacité concurrentielle. Or rien de tel ne s’est produit. Le mariage n’a pas donné les fruits attendus. Malgré la croissance des ventes dans le secteur de la transformation, Alcan n’est plus en mesure de générer des bénéfices pouvant lui procurer un autofinancement comparable à celui qui fut le sien dans les secteurs minier et primaire.
39On pourrait donc, de bon droit, déplorer l’intégration verticale vers les produits finis. Les problèmes suscités par la transformation dès les années 1950 n’incitent-ils pas à abandonner ce secteur ? Ce sera d’ailleurs la politique adoptée par Alcan par la suite. Et pourtant, l’aluminium a besoin de la transformation la plus diversifiée qui soit. Les pages qui précèdent montrent bien que l’orientation vers la transformation, en se produisant aussi tardivement, a contraint un groupe comme Alcan à des investissements sans doute précipités et mal assurés sur le plan de la rentabilité. Cette trop longue parenthèse amenée par les commandes militaires a procuré une voie de facilité à une industrie qui aurait dû consacrer plus d’efforts à la diversification avant 1950. La diversification des produits de l’aluminium s’est faite initialement sans intégration verticale. Dans la seconde moitié du XXe siècle, se lancer tous azimuts dans la diversification des applications de l’aluminium représentait une politique d’autant plus risquée que l’aluminium devait se battre avec de redoutables concurrents, comme l’acier et le plastique, pour garder ou augmenter ses parts de marché. Que le groupe ait pris ses distances face à certains produits de transformation qui croissent bien sans son intervention directe, il y a peu à redire sur ce point.
40Cela dit, en délaissant la transformation, l’industrie de l’aluminium ne prend-elle pas le risque de laisser le marché des produits finis à la concurrence d’autres industries ? La R&D destinée à de nouvelles applications pour l’aluminium n’en est plus à ses premières tentatives et mettre au point un produit neuf qui peut se vendre exige des investissements en temps et en organisation qui sont de moins en moins à la portée d’entreprises de petite ou de moyenne taille. Il revient à des sociétés de plus grande dimension de prendre de tels risques. Et celles qui œuvrent dans le primaire ont cette capacité. Dans cette perspective, n’est-ce pas renoncer au marché que de renoncer à lancer des produits nouveaux pour se confiner au primaire ?
41Si l’abandon du secteur de la transformation a pu être une politique appropriée dans le court terme, c’est beaucoup moins le cas dans le moyen et surtout dans le long terme.
Mots-clés éditeurs : aluminium, stratégies, intégration verticale, diversification, financement
Date de mise en ligne : 01/01/2018.
https://doi.org/10.3917/rfhe.004.0032Notes
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[1]
Tout au long de cet article, les valeurs sont exprimées en dollars courants.
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[2]
Sur les multiples applications de l’aluminium, on consultera Ivan Grinberg (avec le concours de Florence Hachez-Leroy et Jean Plateau), L’aluminium. Un si léger métal, Paris, Découvertes Gallimard (coll. Sciences et techniques, no 435), 2003, 128 p. ; Mimi Sheller, Aluminium Dreams. The Making of Light Modernity, Cambridge (Mass), The MIT Press, 2014, XII+368 p. ; Dominique Barjot et Marco Bertilorenzi (dir.), Aluminium. Du métal de luxe au métal de masse (XIXe-XXIe siècle) / From Precious Metal to Mass Commodity (19th–21st Century), Paris, PUPS, 2014, 424 p.
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[3]
Les investissements en Asie, en Afrique et en Océanie ne figurent pas dans ce tableau, car il n’a pas été possible de les départager vu qu’elles sont rassemblées sous la rubrique « Reste du monde ».
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[4]
RA 1947, p. 6.
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[5]
« Reste du continent américain », « Autres pays du Commonwealth britannique », « Reste du monde ».
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[6]
RA 1965, p. 9. Il n’a pas été possible d’obtenir ces données avant les amortissements. Ces dernières auraient donné une proportion encore plus grande aux investissements canadiens. Par ailleurs, les données concernant les intérêts d’Alcan au Mexique sont incluses dans la région « Amérique du Sud et Antilles ».
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[7]
Alcan Aluminium Limitée, rapport annuel de 1969 (dans les notes qui suivent, cette source sera désignée par les lettres RA suivies de l’année du rapport), p. 12. Ces taux tiennent compte du pourcentage du capital que possède Alcan dans les usines d’aluminium de ses filiales et joint ventures.
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[8]
Le groupe favorise désormais une intégration de plus en plus régionale des secteurs d’activité. Sur les stratégies globales d’Alcan à cette époque, on consultera : Dominique Barjot et Philippe Petitpas, « Alcan et Pechiney : une comparaison des processus d’internationalisation de deux multinationales du secteur de l’aluminium durant les années 1950 et 1960. Premiers résultats. », dans Cahiers d’histoire de l’aluminium / Journal for the History of Aluminium, nos 52-53, décembre 2014, p. 107-139 ; Cécile Coursiéras, « Pechiney et ALCAN, deux entreprises face à la modernisation de l’industrie de l’aluminium », dans Dominique Barjot et Marco Bertilorenzi, op. cit., p. 233-250 ; Matthias Kipping et Ludovic Cailluet, “Mintzberg’s Emergent and Deliberate Strategies : Tracking Alcan’s Activities in Europe, 1928-2007”, Business History Review, Vol. 84, No.1, spring 2010, p. 79-104 ; Pierre Lanthier, « Alcan de 1945 à 1975 : les voies incertaines de la maturation », dans Florence Hachez-Leroy (dir.), L’Europe de l’aluminium (1945-1975), numéro hors série des Cahiers d’histoire de l’aluminium, 2003, p. 63-84.
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[9]
Le secteur de la transformation suppose une part plus importante des actifs circulants que dans le secteur primaire.
-
[10]
George David Smith, From Monopoly to Competition. The Transformations of Alcoa, 1888-1986, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 202.
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[11]
Les données comptables dans les paragraphes qui suivent sont toutes tirées des rapports annuels d’Alcan Aluminium Limited.
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[12]
David Massell, Quebec Hydropolitics. The Peribonka Concessions of the Second World War, Montreal & Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2011, xvi+242 p. ; M.E. Gooding, The History of Reduction Plants at Shawinigan Falls from 1901 to 1945, document dactylographié, Alcan, avril 1947.
-
[13]
RA 1950, p. 7, et RA 1951, p. 8.
-
[14]
RA 1958, p. 14.
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[15]
Porté à 6,3 millions l’année suivante. RA 1951, p. 8 et 17 ; RA 1952, p. 19.
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[16]
R. Gendron, « Canada and the Nationalization of Alcan’s Bauxite Operations in Guinea and Guyana », dans Robin S. Gendron, Mats Ingulstad et Epsen Storli (dir.), Aluminum Ore. The Political Economy of the Global Bauxite Industry, Vancouver, UBC Press, 2013, p. 220.
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[17]
RA 1970, p. 115 ; RA 1971, p. 20.
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[18]
Il n’a pas été possible d’obtenir le chiffre exact en 1970.
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[19]
Quatorze au Canada et quatre aux États-Unis.
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[20]
On notera que le reste du monde en prenait 22 : 6 en Océanie, 6 en Afrique et 10 en Asie, principalement au Japon et, dans une moindre mesure, en Inde.
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[21]
Duncan C. Campbell, Mission mondiale. Histoire d’Alcan, volume II, s.l., Publication privée, 1989, p. 789-790.
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[22]
RA 1965, p. 6 et 15 ; RA 1966, p. 11.
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[23]
RA 1970, p. 6.
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[24]
RA 1970, p. 40-41.