Notes
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[1]
Ce n’est pas la première fois que cette référence du catalogue Wichard connaît un détournement d’usage par des sportifs : les parapentistes et les pratiquants de vol libre (delta-plane) l’avaient déjà « adapté » à leur pratique. Sur les sites de plaine, lors de la phase de décollage, le largueur de sécurité sert à libérer le câble de 1 000 m de long reliant le treuil (au sol) au pratiquant (en vol).
-
[2]
Il s’agit de la norme NF S 52-503 « Kite – Exigences de sécurité relatives à la réduction ou à l’annulation de l’effort de traction et à la désolidarisation ».
-
[3]
Par instruction en date du 16 juillet 2003 (instruction n° 03-118JS), les pouvoirs publics avaient attiré l’attention des autorités préfectorales sur les risques du kitesurf et sur les précautions à prendre en termes d’organisation afin d’éviter une multiplication des accidents.
1 Le leadership de l’innovation n’est plus l’apanage des seules entreprises. Les utilisateurs sont de plus en plus impliqués dans l’élaboration des nouveaux produits. On parle désormais de co-conception, de co-création ou encore de co-design. Les innovations ascendantes (ou d’usage) qui découlent de cette activité suivent un processus de réalisation où ce sont l’inventivité et la créativité des utilisateurs les plus experts, les super-utilisateurs ou les utilisateurs-pionniers (les UP) (Lilien et al., 2002) qui sont les principaux leviers du changement. Les modes d’émergence, puis de construction, de ces innovations sont fondés sur des relations interutilisateurs très performantes, ainsi que sur un travail collaboratif qui échappe au périmètre habituel d’intervention, d’expertise et de vision d’une majorité d’entreprises. C’est en imaginant de nouvelles possibilités d’utilisation, en transformant, en adaptant et en partageant le fruit de leur expérience que les utilisateurs arrivent à concevoir ce que les entreprises réalisent mal… ou pas du tout ! Comme le démontre M. Akrich (1998), les super-utilisateurs génèrent des solutions techniques innovantes par adaptation ou ajout, mais surtout en détournant le scénario d’usage initialement prévu par les concepteurs. Le best-seller mondial d’hydratation Camelback (plus connu sous le nom de poche à eau) est un bon exemple. Il a été conçu, à l’origine, par un sportif inventif à partir de tubes et de pochettes de goutte à goutte utilisés en chirurgie.
2 Largement amplifié par les possibilités offertes par internet et les réseaux sociaux, le détournement d’usage réalisé par les utilisateurs devient une réalité susceptible de remettre en cause la suprématie des entreprises dans la fabrique des innovations. Ce nouvel état de fait dans l’ingénierie de conception augure très certainement un nouveau paradigme, même si, pour l’instant, la connaissance sur le sujet reste relativement embryonnaire. On est encore loin d’un champ de savoir académique institué. Cependant, les problématiques portant spécifiquement sur l’activité des UP et leur rôle dans la dynamique du changement ne manquent pas d’interroger les chercheurs en sciences de gestion. Cet article tente de faire le point sur ce nouveau mode de production des innovations. Il cherche à entrevoir aussi des axes prometteurs d’investigation. À partir d’un cas de construction de l’offre par la demande (Toussaint et Mallein, 1994) où les UP ont joué un rôle majeur dans l’émergence de ce qui deviendra ultérieurement une innovation ascendante, l’objectif de cette étude est de mieux cerner la participation proactive des utilisateurs inventifs dans la construction de nouvelles solutions techniques. Dans une première partie, nous exposons le cadre théorique de la recherche. Dans une seconde partie, en prenant comme cadre d’analyse un secteur industriel précis, nous tentons de comprendre pourquoi l’activité inventive et créative des UP est capable d’influencer un segment de marché en devenir. Autour d’un cas de détournement massif d’un produit d’une marque par des UP, la discussion porte sur notre interprétation de la manière dont la marque en question a su profiter (ou pas) de la créativité des utilisateurs. La question de la difficulté des entreprises à intégrer correctement cette inventivité exogène dans la fabrique des innovations (problème de captation de la valeur) est abordée dans la conclusion.
I – L’ACTIVITÉ CRÉATIVE DES UTILISATEURS-PIONNIERS ET LA GENÈSE DES INNOVATIONS ASCENDANTES
3 Contrairement aux innovations descendantes issues de l’activité des entreprises, les innovations ascendantes naissent de l’imaginaire, des pratiques et de l’expérience des utilisateurs. C’est une multitude d’idées et d’améliorations initiées par eux qui, reliées ensemble, formeront le terreau de ce qui deviendra après une innovation (Benkler, 2006). Son mode d’émergence est horizontal (von Hippel, 2005) et se réalise de manière concentrique, c’est-à-dire autour d’un noyau central constitué d’utilisateurs inventifs, les UP. Ceux-ci sont impliqués proactivement (Parmentier, 2009), ce qui n’est pas le cas avec les innovations descendantes où les utilisateurs sont seulement considérés comme une source potentielle d’idées novatrices (von Hippel, 1988 et 2005).
4 Les innovations ascendantes se distinguent des innovations descendantes sur plusieurs points. Au niveau efficience tout d’abord. Parce qu’elles sont initiées par les utilisateurs eux-mêmes, elles collent parfaitement aux besoins du marché ainsi qu’à des attentes futures insuffisamment palpables, sur le moment, par les entreprises. Ensuite, elles ont l’avantage d’être très pragmatiques, les utilisateurs se souciant peu des contraintes industrielles telles que la rentabilité des investissements, l’importance des coûts de fabrication et des difficultés liées à la mise en place d’un réseau de distribution performant. Enfin, lorsqu’elles sont intégrées très tôt dans le processus de conception de l’entreprise, les idées et solutions techniques imaginées par les utilisateurs ont un très bon rendement commercial (Urban et von Hippel, 1988). Mieux encore, lorsqu’elles sont assimilées le plus en amont possible, c’est-à-dire au niveau des phases d’émergence idéative et de R&D, le pourcentage d’innovations connaissant le succès est excellent (Shah, 2000 ; Lüthje, 2004 ; Morrison et al., 2004).
5 Contrairement aux innovations descendantes, les innovations ascendantes remettent en cause l’idée d’une frontière non poreuse entre l’intelligence des entreprises (par définition, propriétaire, privée et non-partagée) et l’intelligence des utilisateurs (par définition collective, publique et partagée). Dans le domaine des logiciels libres par exemple, l’open source software repose ainsi sur l’absence de frontière entre les concepteurs et les utilisateurs de nature à marquer une quelconque propriété ou revendication commerciale (Chesbrough et Appleyard, 2007). Via internet et les plateformes de partage, la mutualisation des ressources y est poussée à l’extrême et l’activité entre utilisateurs-développeurs, généralement amateurs, repose sur des modèles d’élaboration totalement coopératifs (Foray et Zimmermann, 2001).
6 S’intéresser de près aux utilisateurs au regard non pas de ce qu’ils pensent ou rêvent mais de ce qu’ils sont capables de réaliser – avec des moyens souvent dérisoires – soulève de nouveaux questionnements dans le champ du management de l’innovation, et plus largement dans celui de l’économie de la connaissance et du knowledge management (De La Mothe et Foray, 2001). La nécessité de ne plus considérer les utilisateurs comme des individus aux capacités créatives limitées, mais bien comme des contributeurs essentiels dans le principe actif de la catalyse du processus d’innovation, présente un réel intérêt dans la compréhension des mécanismes actuels touchant l’émergence des nouveaux produits.
1. Le rôle central joué par les UP dans le processus d’innovation ascendante
7 Qu’ils prennent le nom d’utilisateurs-pilotes (von Hippel, 1986), de consommateurs-collaborateurs (Cova et al., 2010), de co-designers (Berger et Piller, 2003), de consommateurs créatifs (Cova, 2008), d’utilisateurs-fabricants (Baldwin et al., 2006), ou bien d’utilisateurs co-inventeurs (Lüthje, 2003), en imaginant des solutions nouvelles par tâtonnement, expérimentation, détournement, substitution ou encore par ritualisation (Musso et al., 2005), les UP cherchent à imaginer des produits conformes à des besoins utilitaires, fonctionnels et consommatoires qu’ils jugent comme prioritaires. Dans le monde hospitalier par exemple, 10 % à 40 % des utilisateurs modifieraient ainsi les équipements qu’ils achètent (von Hippel, 2005). À côté d’une forte capacité inventive, les UP savent aussi entrevoir les besoins émergents avant les autres utilisateurs de leur catégorie (von Hippel et al., 1999). À l’avant-garde des tendances (the ahead of trend), ils sont animés par une motivation à innover (the high expected benefit) qui augmente proportionnellement au regard du bénéfice que les autres utilisateurs peuvent tirer des solutions qu’ils élaborent (Franke et al., 2006 ; Morrison et al., 2000). Il faut également voir dans les solutions imaginées par les UP une réponse du milieu social à la (trop) forte domination des entreprises fonctionnant encore sur le modèle de la pensée unique, sur une seule manière de voir et résoudre les choses. Casser les limites entre experts et non-experts, entre inconnus (amateurs) et spécialistes patentés (les entreprises), serait finalement une manière de se soustraire aux idéologies téléguidées, aux mentalités régentées et aux représentations infécondes régnant très souvent au sein d’un même secteur d’activités. Les solutions imaginées par les UP sont techniquement performantes car elles résultent d’un long cheminement constitué d’observations critiques et constructives, d’itérations et d’essais-erreurs (Thomke et von Hippel, 2002). Elles sont le résultat d’un intense partage d’expériences. Confrontée aux autres utilisateurs, l’inventivité des UP est évaluée, testée et valorisée, ce qui fait que celle-ci se bonifie au fur et à mesure de l’apport de chacun des membres d’une même communauté d’appartenance. C’est en « braconnant » dans l’espace d’usage et de consommation qui leur est offert – phénomène d’adhérence du besoin au contexte d’utilisation (stickiness) (von Hippel, 1998) – que les UP réalisent finalement ce que les entreprises ne peuvent pas envisager, ou ne souhaitent, pas effectuer. Dans ce sens, les innovations ascendantes s’élaborent sur le modèle des bricolages low-tech (Cardon, 2005 ; Lüthje et al., 2003). Le bricoleur ramasse des indices qui, mis ensemble, produisent du sens. Au modèle déductif de production de savoir et à la rationalité du scientifique et du manager, s’oppose finalement le modèle inductif du bricoleur (Kao, 1999).
2. L’industrie du sport : un secteur caractérisé par une forte activité des UP
8 Il existe des industries où l’implication des UP est plus prégnante qu’ailleurs. Par exemple dans l’industrie des logiciels (Lakhani et von Hippel, 2003), des télécommunications et de la téléphonie mobile (Kim et al., 2008 ; Burger-Helmchen et Guittard, 2009), des instruments de musique (Jeppesen et Fresderiksen, 2006), des jeux réels (Cova et Ezan, 2008), des jeux vidéos et virtuels (Parmentier et Mangematin, 2009) et celui des équipements médicaux et de la santé (Lettl et Herstatt, 2004 ; Lüthje, 2003 ; Biemans, 1991). Cependant c’est dans l’industrie du sport que l’activité des UP est la plus significative (Hyysalo, 2009). Dans les secteurs du snowboard, de la planche à voile et du skate-board par exemple, 58 % des innovations les plus importantes sont le fait des UP (Shah, 2000). De même dans le surf et les sports extrêmes (Franke et Shah, 2001 et 2003), dans le VTT (Lüthe et al., 2005) et le kayak (Baddwin et al., 2006 ; Hiernerth, 2006). Dans ces niches de marché, les UP sont très actifs (Dahlander et al., 2008). Leur activité est opérante soit au stade de l’émergence ex nihilo de nouveautés (inventions) qui, en se transformant, deviennent des nouveaux sports (Von Hippel, 2005), soit au stade de la fabrique des innovations incrémentales qui, dans ce cas, ponctuent l’évolution des disciplines sportives en offrant de meilleures conditions de pratique, d’accessibilité, de performance, de sécurité et de confort (Franke et al., 2006). Si, sans conteste, l’activité créative des UP est importante dans le secteur, il nous semble néanmoins nécessaire d’en cerner précisément les fondements et raisons. Le cas de détournement d’usage réalisé par des UP que nous allons évoquer maintenant est en mesure d’apporter un éclairage nouveau en matière de genèse des innovations ascendantes, tout en dégageant des apports intéressants en matière de management de l’innovation.
II – LE CAS DU DÉTOURNEMENT DE LARGEUR DE SÉCURITÉ WICHARD PAR LES KITESURFERS- PIONNIERS
9 Arrivé récemment dans l’univers des sports de glisse, le kitesurf est une évolution de la planche à voile qu’il remplace peu à peu. Exploitant une aile de traction en lieu et place d’un gréement comme moyen de captation de l’énergie vélique, il s’agit d’une innovation de rupture impulsée par des pratiquants experts. L’activité est devenue en quelques années un sport à part entière avec, en 2008, plus de 30 000 kitesurfers en France, plus de 300 000 dans le monde. Cependant, cette discipline est foncièrement dangereuse. Des accidents graves, parfois mortels, entachent sa croissance. Sur une période de six mois, une étude a recensé sept traumatismes pour 1 000 heures de pratique (Nickel et al., 2004). Dans 26 % des cas, les blessures sont consécutives à l’incapacité du kitesurfer à larguer immédiatement l’aile de traction lors d’une perte de contrôle. L’International Kiteboarding Organisation confirme cette dangerosité. Entre 2000 et 2002, sur 100 accidents répertoriés, 16 ont été fatals et 35 ont occasionné des blessures graves ! En définitive, cette accidentologie s’explique aisément : dans certaines conditions de navigation (décollage violent sur une vague, changement de trajectoire incontrôlé, forte rafale de vent, etc.), les kitesurfers doivent pouvoir se désolidariser instantanément de leur aile, mais souvent ils n’y parviennent pas à cause d’un système de largage défaillant. N’ayant rien trouvé du côté de l’offre des entreprises, certains kitesurfers experts et bricoleurs par nature, vont alors imaginer des solutions appropriées pour eux-mêmes et pour les autres. Si cette démarche de « self-conception » semble originale, elle n’est cependant pas exceptionnelle dans cette communauté de pratique. Depuis l’origine de cette discipline, les UP ont toujours été très actifs. Franke et al. (2006) ont démontré que 31,7 % des kitesurfers ont imaginé au moins une fois une nouvelle solution technique, 27,6 % ont construit un prototype utilisable, et 13 % des solutions conçues par les UP seraient utilisées par d’autres kitesurfers. Par contre, si ces auteurs font bien état du problème non résolu du largage sous charge du kitesurfer lors d’une situation extrême de navigation, ils n’expliquent pas comment des UP sont parvenus, au bout du compte, à créer des solutions techniques répondant aux attentes des pratiquants de la discipline. Pour pallier l’absence d’une offre idoine sur le marché, des kitesurfers-pionniers vont détourner de son usage initial un largueur de sécurité, de la marque Wichard, qui est utilisé en nautisme pour désolidariser immédiatement la voile de spinnaker en cas d’urgence, notamment lors d’une risée un peu forte. Pendant près de cinq années, des kitesurfers connus mais aussi anonymes, vont, à partir de ce largueur, expérimenter toutes sortes de solutions bricolées, parfois à partir de quasiment rien, ici un bouchon provenant d’une bouteille de sirop, là un boîtier pour prise électrique murale. Au sein de la communauté des kitesurfers, de nombreuses expériences et inventions seront partagées sur internet. Et si « Wichard s’est retrouvé impliqué sur ce marché un peu par hasard, en découvrant l’intérêt porté par les kitesurfers à l’un de ses mousquetons » (SPM, 2004), inéluctablement, le détournement de son largueur posera problème, sur le plan technique, comme sur le plan juridique [1]. Utilisé dans un environnement différent de celui prévu initialement, le système peut connaître des défaillances graves. Par exemple, la présence de grains de sable dans le mécanisme entraîne un grippage, l’ouverture (et donc l’action de largage) devenant inopérante. C’est non seulement la sécurité des kitesurfers qui est compromise, mais aussi celle de toutes les autres personnes présentes dans l’environnement immédiat (pilotes de jet ski, funboarders, surfeurs, plaisanciers, etc.). Le public situé à terre est également concerné, plusieurs accidents mortels ayant malheureusement montré qu’un kitsurfer ne pouvant se décrocher de son aile, pouvait percuter de plein fouet des voitures ou des bâtiments.
MÉTHODOLOGIE
10 Dans le but de se dédouaner du détournement de son largueur et pour se prévenir des poursuites judiciaires éventuelles en cas d’accidents graves, Wichard va s’engager dans une série d’actions préventives auprès des kitesurfers. Avec la Fédération française de vol libre (FFVL), qui a la délégation du kitesurf, la marque sera a l’initiative d’une note de sécurité à destination des pratiquants. Le risque important d’accidents avait d’ailleurs été soulevé auparavant par les pouvoirs publics. Le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative ainsi que la DGCCRF avaient demandé que des travaux soient entamés par l’Afnor et la FFVL en vue d’une normalisation des systèmes d’accroche des ailes tractées. Les études engagées par les différentes parties prenantes sur les bonnes façons d’utiliser les largueurs des ailes tractées aboutiront d’ailleurs à la création d’une nouvelle norme de sécurité [2].
11 Dans une perspective de reconstruction ex ante du processus de détournement d’usage effectué par les UP, puis de l’enchaînement des mesures coercitives engagées par les parties prenantes, des actions « correctives » et des prises d’initiative menées par Wichard, nous pouvons identifier sept phases : 1) prise de conscience, par les utilisateurs, d’un problème grave pouvant nuire à leur sécurité, mais malheureusement insoluble car absence, sur le marché, de systèmes techniques satisfaisants ; 2) appropriation, puis détournement, par les UP d’un produit proposé dans l’offre de la marque mais destiné initialement à un autre usage ; 3) création, par bricolages low tech, de solutions novatrices conçues à partir du produit détourné ; 4) partages d’expérience et validation par les membres de la communauté des solutions imaginées et développées par les UP (tests, essais, propositions d’amélioration) ; 5) prise de distance de la marque prenant la forme d’une mise en garde, validée par les autorités, sur la forte dangerosité en cas de défaillance des systèmes bricolés par les UP ; 6) rédaction d’une nouvelle norme Afnor établissant des critères précis de fiabilité, de qualité et de sécurité concernant les futurs systèmes de largage élaborés par les fabricants qui souhaiteraient investir ce segment en devenir ; 7) lancement, sur le marché, de largueurs de sécurité homologués.
III – DISCUSSION
12 Avec les innovations ascendantes, l’intensité créative des utilisateurs provient en premier lieu du besoin impératif de satisfaire une préoccupation personnelle mais qui est aussi (un utilisateur n’étant jamais isolé) l’expression d’une attente collective. Il s’agit d’une intentionnalité importante chez les UP, entre 10% et 40% des cas d’innovations ascendantes (Lüthje, 2004 ; Franke et Shah, 2001). En cherchant à résoudre, d’abord pour eux-mêmes, le problème de largage en urgence, l’intentionnalité des kitesurfers-pionniers étaient de répondre conjointement aux besoins de l’ensemble de leur communauté de pratique. La création de valeur aux yeux des autres utilisateurs conditionne beaucoup l’engagement des UP dans la recherche de solutions alternatives (Franke et Shah, 2003 ; von Hippel, 2005). Il s’agit même d’une source principale de motivation (Cardon, 2005). En l’espèce, le don/contre-don est une notion fortement mobilisée (Dang Nguyen et Pénard, 2001). Mais si les solutions conçues « devancent », d’une certaine façon, l’offre des entreprises, ceci tendrait à démontrer que ces dernières font preuve d’une incapacité à anticiper convenablement les nouveaux besoins des utilisateurs, et donc implicitement, à cerner correctement l’évolution d’un marché. Les bricolages inventifs menés par les utilisateurs pour combler un « vide technologique » conforteraient d’ailleurs l’idée que les entreprises ne sont pas nécessairement performantes dans des niches où des innovations sont pourtant attendues. Absente d’un segment en construction dont elle ne voyait pas d’intérêt, ce n’est qu’après une période d’interrogations sur les meilleures façons de réagir, et surtout après une série de mesures visant à mettre en garde la communauté d’utilisateurs, que l’entreprise Wichard va se décider à mettre au point un système de sécurité adapté aux attentes des kitesurfers. Ce projet d’extension de gamme se traduira par un programme de co-branding – qui, au bout du compte, n’a pas abouti – avec l’entreprise Panacea, une marque bien connue des kitesurfers.
1. Prévenir des dangers liés aux détournements d’usage et au bricolage des UP
13 Pour anticiper les détournements opérés de manière « sauvage » par les utilisateurs, les entreprises sont encore peu armées. Il faut dire que chaque détournement constitue un cas d’espèce. Seules ou associées aux autorités, pour faire face à l’urgence de la situation, les entreprises doivent souvent imaginer des stratégies de riposte en menant des actions de sensibilisation/concertation leur permettant de se dédouaner tout ou partie de leur responsabilité. Ensuite, les entreprises concernées doivent décider des conduites à tenir au regard des opportunités industrielles et économiques que l’inventivité des utilisateurs ont mis en exergue.
14 Au-delà du but premier de sensibiliser les kitesurfers sur les risques occasionnés par le détournement d’usage du largueur de sécurité Wichard, l’intervention des pouvoirs publics et de l’autorité sportive de tutelle va entraîner la création d’une nouvelle norme. Mais celle-ci ne sera pas ici, dans son intention principale, de légiférer sur des systèmes déjà existants qui ne répondraient pas aux exigences minimales de sécurité – en l’espèce aucun produit du genre n’existait encore sur le marché ! –, mais d’éviter aux utilisateurs de bricoler eux-mêmes des solutions techniques pouvant les mettre en péril [3]. En plus du cadrage législatif indispensable, la nouvelle norme aura cependant une vertu inattendue. Elle sera un signal fort à destination des entreprises du secteur, les incitant à concevoir des systèmes de sécurité fiables qui, de la sorte, assainiraient un « marché du détournement d’usage ». Après l’officialisation de la norme Afnor, étant désormais « couverts » par le législateur, quelques fabricants qui jusqu’alors ne souhaitaient pas se lancer dans ce type de produits car trop risqué et pas suffisamment rémunérateur, vont contre toute attente se lancer dans le développement, puis la commercialisation, de largueurs homologués. Aujourd’hui, malgré la présence sur le marché de systèmes fiables et sécurisés, la problématique du largage de l’aile en urgence a cependant évolué. Les utilisateurs sont moins confrontés aux risques d’accident qu’auparavant car les ailes ont connu, de leur côté, une évolution technologique importante. Les kitesurfers utilisent désormais des ailes – dites depower – qui permettent d’annuler très facilement la puissance de traction de l’aile, et donc in fine de limiter les embardées incontrôlées pouvant conduire à la catastrophe.
2. Intégrer l’activité créative et inventive des UP dans le processus d’innovation
15 Passé le temps des mesures préventives et conservatrices permettant de les dégager de toute responsabilité, les entreprises se rendent compte que l’inventivité des UP est précurseur de produits ou familles de produits à fort potentiel de développement. La question est alors de savoir comment celles-ci peuvent capter, dans un premier temps, la créativité inépuisable des utilisateurs, et dans un second temps, l’intégrer dans leur propre démarche de conception. En d’autres termes, comment exploiter dans un processus d’innovation descendante l’ADN d’une innovation ascendante en devenir ? Et sous quelle forme et de quelle manière (Prahalad et Ramaswamy, 2000) ? Car bien assimilées dans les étapes de conception, les solutions techniques développées par les utilisateurs permettent non seulement de mieux innover (Lilien et al., 2002) mais d’augmenter des volumes de ventes escomptés de plus de sept fois (Pötz, 2006) ! Émerge ici une difficulté managériale et organisationnelle nettement plus complexe qu’il n’y paraît. Alors même que l’inventivité des UP est créatrice de valeur exploitable pour les entreprises, classiquement, lancer des nouveaux produits, satisfaire les nouvelles attentes de consommation… a toujours été de la compétence de la R&D, du marketing et de la prospective avancée. Facteur aggravant, les études marketing, préliminaires au lancement des nouveaux produits, ont toujours eu pour ambition de collecter des besoins d’utilisateurs, pas les solutions imaginées et conçues par eux ! En outre, nombre d’entreprises se concentrent encore sur des questionnements et des territoires se situant au cœur des marchés et non pas en périphérie, c’est-à-dire en dehors du périmètre de l’offre existante, là où pourtant fourmillent la créativité des utilisateurs et leurs visions d’avenir (Eliashberg et al., 1997). Le détournement du largueur de sécurité Wichard par la communauté des kitesurfers est, dans ce sens, révélateur d’un maillon faible des entreprises. Et même s’il s’avère quasi anecdotique sur le plan industriel, ce cas soulève des interrogations légitimes en termes de management de l’innovation. Les formes de fabrique des innovations ascendantes, et plus largement des innovations collaboratives et ouvertes, sont de nature à re-qualifier le processus d’élaboration des innovations tel qu’il se pratique dans la plupart des entreprises, notamment dans les dimensions amont, lors des phases idéatives. À ce niveau, le déterminisme et l’efficience du processus reposent fondamentalement sur un bon management de la créativité (Fitzgerald, 2000). Le cas Wichard formule justement ici une question cruciale : comment identifier les idées prometteuses et les concepts initiés par les utilisateurs, les intégrer aux processus de conception normés des entreprises et faire en sorte que celles-ci puissent en profiter (Lüthje et Franke, 2003). Dit autrement, comment valoriser les idées et ressources captées à l’extérieur et les intégrer dans la R&D interne de l’entreprise (Loilier et Tellier, 2011) ? Les utilisateurs sont de vraies sources de compétences productives qu’il ne s’agit plus d’ignorer (Prahalad et Ramaswarny, 2000). Cependant pour capter correctement leur créativité, les entreprises doivent nécessairement modifier leurs interfaces avec l’extérieur, en d’autres termes augmenter leur perméabilité, leur porosité. Aujourd’hui, pour les y aider des outils existent. Ils ont pour noms méthodes de conception de type lead experience (von Hippel, 2005), user tool kit for innovation (von Hippel, 2001 ; von Hippel et Katz, 2002 ; Jeppenson, 2005 ; Parmentier, 2008) ou encore user-oriented design (Veryzer et Borja de Mozota, 2005). Dans le secteur informatique, dans celui des jeux vidéos, et plus récemment au niveau des réseaux de distribution automobile, ces méthodes ont fait leurs preuves.
CONCLUSION
16 Parce qu’il en va de leur devenir, les entreprises doivent être très attentives à l’activité des UP, et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, les UP sont très intéressants car ils attendent d’une solution censée répondre à leurs besoins que les bénéfices liés à l’innovation soient attrayants pour eux-mêmes et pour les autres. Deuxièmement, ils ressentent avant les autres utilisateurs un besoin jugé comme prioritaire (von Hippel, 1986 ; Lilien et al., 2005). Troisièmement, ce sont des experts dans leur secteur d’activités. Et c’est bien entendu cette expertise qui donne beaucoup de valeur à leur créativité (Voss, 1985), même si certaines recherches contestent cette idée de correspondance entre niveau de connaissance et potentialité créative. Kristensson et Magnusson (2005) ont par exemple montré que des clients non contraints par la technologie sont plus aptes à développer des idées originales de futurs produits et services les concernant. Les utilisateurs qui n’ont pas trop de connaissances techniques, et qui sont éloignés des centres d’intérêts d’un secteur d’activités, seraient donc plus inventifs que les autres.
17 Au-delà d’un changement de paradigme dans les usages et systèmes de faire des entreprises, l’intégration des solutions techniques conçues par les UP dans le processus de conception des nouveaux produits et les différents modes de valorisation afférents, sont des postures managériales encore mal connues et mal perçues. Relevant d’une prise de conscience récente, les innovations ascendantes et l’activité des UP devraient présenter un intérêt croissant de la part des chercheurs en sciences de gestion. Le cas du détournement du largueur de sécurité Wichard par des pratiquants imaginatifs et experts ne traduit-il pas, en définitive, l’émergence d’un processus d’innovation alternatif ? Parmi les nouvelles pistes d’investigation, il s’agirait maintenant de savoir si les méthodes de gestion des idées et des solutions imaginées par les utilisateurs (i.e. user tool kit for innovation et user-oriented design) sont vraiment efficaces, et si elles sont aussi de bons outils de captation de valeur, c’est-à-dire permettant d’améliorer, de manière mesurable, la performance des entreprises. Ces axes de réflexion nous semblent pertinents car, comme l’indique Gladwell (2000), les fabricants ne savent pas bien comment transformer une idée sensée pour les adoptants précoces (les lead user, les UP) en une idée sensée pour les membres de la majorité (la communauté des utilisateurs). Aujourd’hui, le challenge des entreprises n’est-il pas de parvenir à observer correctement ce qui se passe dans le laboratoire planétaire (Musso et al., 2005) afin d’y puiser les initiatives les plus novatrices, et les valoriser ensuite pour en tirer la meilleure profitabilité ?
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Date de mise en ligne : 07/06/2012
Notes
-
[1]
Ce n’est pas la première fois que cette référence du catalogue Wichard connaît un détournement d’usage par des sportifs : les parapentistes et les pratiquants de vol libre (delta-plane) l’avaient déjà « adapté » à leur pratique. Sur les sites de plaine, lors de la phase de décollage, le largueur de sécurité sert à libérer le câble de 1 000 m de long reliant le treuil (au sol) au pratiquant (en vol).
-
[2]
Il s’agit de la norme NF S 52-503 « Kite – Exigences de sécurité relatives à la réduction ou à l’annulation de l’effort de traction et à la désolidarisation ».
-
[3]
Par instruction en date du 16 juillet 2003 (instruction n° 03-118JS), les pouvoirs publics avaient attiré l’attention des autorités préfectorales sur les risques du kitesurf et sur les précautions à prendre en termes d’organisation afin d’éviter une multiplication des accidents.