Notes
-
[1]
La croissance économique en Afrique est passée de 4,4 % en 2000 à 6,8 % en 2012. Malgré la baisse enregistrée en 2016, où l’économie africaine a connu un taux de croissance de 2,2 %, des signaux assez promoteurs prévoient un taux de 3,9 % en 2020 et, selon les perspectives, la croissance s’établira à 4,1 % en 2021 (Bad [2020]).
-
[2]
Voir l’annexe n°1.
-
[3]
L’indice calculé par l’institution The Fund For Peace classe les pays selon leur degré décroissant de fragilité. Les États les plus fragiles ont des indices plus élevés, contrairement à ceux résilients. Douze composantes mesurées sur 10 points sont utilisées pour déterminer l’indice Fragility State Index. L’indice global est la somme de toutes les composantes.
-
[4]
En considérant l’aspect circulaire, les auteurs soulignent que le sous-développement peut engendrer la fragilité, de même que la fragilité peut entraver le développement.
-
[5]
À savoir : la croissance économique, les IDE, les réserves de change, le taux de change, le crédit bancaire au secteur privé, l’énergie importée, la dette extérieure et le compte de la balance courante. L’échantillon est composé du Brésil, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Afrique du Sud et de la Turquie.
-
[6]
Nous utilisons les TFM et les envois de fonds pour désigner les transferts reçus par les nationaux des membres de leurs familles émigrées.
-
[7]
Une alternative qui intègre de nouvelles mesures peut être obtenue de Adams et Page [2005].
-
[8]
L’annexe n°1 détaille la description des variables, les sources des données et les études antérieures ayant utilisé les variables retenues.
-
[9]
Dans la recherche de meilleurs résultats, plusieurs techniques d’estimation ont été utilisées. Des estimations effectuées, trois constats émergent. Tout d’abord, les estimations par la méthode des variables instrumentales (MVI), en intégrant plusieurs variables de contrôle et des variables d’interaction, ont abouti à des résultats moins satisfaisants car non significatifs. Deuxièmement, après une transformation de la base de données, nous avons estimé le modèle par les moindres carrés ordinaires (MCO). Comme précédemment, les résultats obtenus ont été moins intéressants, aussi bien en termes de signes que de significativités. Enfin, les estimations par la méthode des moindres carrés généralisés (MCG) et des doubles moindres carrés (DMC) ont également abouti à des résultats insatisfaisants. Il nous a alors semblé pertinent de considérer les estimations du modèle de base faites par les méthodes des moments généralisés en système (MMG-S). Cependant, l’introduction des variables de contrôle captant des effets d’interaction n’ont pas abouti à des résultats satisfaisants. C’est le cas des interactions entre transferts de fonds des migrants et désastres naturels ou transferts des fonds de migrants et terrorisme.
-
[10]
Ce test est réalisé sur Stata en combinant les travaux de Durbin [1954], Wu [1973] et Hausman [1978].
-
[11]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modelé par la MMG.
-
[12]
Voir l’annexe n°2.
-
[13]
La dernière moyenne est calculée sur deux années (2015 et 2016). Cette limite se justifie par la base de données de la fragilité de Fund For Peace qui va de 1995 à 2016.
-
[14]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modèle par la méthode des moments généralisés. Le résultat positif de l’effet des transferts de fonds des migrants sur certaines fragilités ne corrobore pas la littérature, malgré les multiples techniques d’estimation employées.
-
[15]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modèle par la MMG.
-
[16]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modèle par la MMG.
1L’Afrique reste l’un des continents les plus fragiles malgré la croissance économique enregistrée depuis deux décennies [1]. En effet, sur 66 pays considérés en situation de fragilité ou d’extrême fragilité dans le monde en 2019, 47 sont en Afrique, contre 7 en Asie de l’Est et du Pacifique, 6 au Moyen-Orient, 3 en Amérique Latine et aux Caraïbes, 2 en Asie du Sud et 1 en Europe (Fund For Peace [2019]). La définition de la fragilité diffère selon les sources. Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE [2017]), elle est appréhendée comme la conjonction d’une exposition à des risques et/ou d’une capacité insuffisante d’un État, d’un système ou d’une communauté à gérer, absorber ou atténuer les risques auxquels ils sont confrontés. Jusqu’à la fin de la guerre froide, le concept d’« État fragile » ou « État défaillant » était utilisé pour caractériser les pays confrontés à la faim, la guerre et une paupérisation extrême de la population. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, son sens a considérablement évolué, pour désigner selon la Banque africaine de développement (BAD [2014, p.16]), « une situation à risque élevé de chute des institutions, d’effondrement social ou des conflits violents ».
2L’intérêt qu’a suscité l’étude de la fragilité des États a conduit à construire un indice de perception de sa réalité. Selon le rapport Index of State Weakness in the Developing World, l’institut américain The Brooking Institution détermine l’indice de fragilité sur la base des indicateurs de pauvreté, de sécurités interne et externe, de gestion et de préservation des ressources naturelles. Alors que l’Agence française de développement (AFD) et la Banque mondiale (BM) évoquent les indicateurs économiques et environnementaux, le Fund For Peace (FFP) la décompose en cinq dimensions : économique, politique, sociale, environnementale et sécuritaire [2].
3Sur la base de cette décomposition, l’OCDE [2017] relève que plus de 1,6 milliard de personnes, soit 22 % de la population mondiale, vit dans des contextes fragiles. Cette proportion atteindra 32 % d’ici 2050 si des politiques publiques internationales appropriées ne sont pas mises en œuvre pour y faire face. En comparant l’indicateur de l’OCDE à celui du FFP [3], sur une échelle de 120 points, la fragilité globale est accentuée en Somalie (113), République centrafricaine (111), République démocratique du Congo (110), Soudan (108) et Tchad (108). Toutefois, selon les pays, l’intensité des dimensions diffère.
4La littérature sur les déterminants de la fragilité des États évoque régulièrement la question des discontinuités de croissance observées et l’insuffisance de bien-être qui en résulte (Judson et Orphanides [1999]). Aussi, McKay et Thorbecke [2019] mettent en exergue l’interrelation existant entre la fragilité économique et le développement [4]. En s’intéressant aux sources de fragilité politique, Dunne et Tian [2019] soulignent le rôle déclencheur et/ou amplificateur des conflits armés qui, en réduisant la résilience économique, fragilisent socialement les pays. De même, De Boer [2015] souligne le rôle prépondérant des facteurs économique et institutionnel. Sans prétendre à l’exhaustivité, de nombreux auteurs s’appuient sur l’instabilité politique, la persistance de la corruption et la volatilité de la croissance, pour expliquer les situations de fragilité que connaissent les pays. Ünver et Doğru [2015] identifient huit facteurs explicatifs de la fragilité économique [5]. En revanche, Macedo et al. [2018], à partir d’une étude au Brésil, montrent que la fragilité environnementale est la conséquence de l’action humaine, des désastres naturels, d’un relief accidenté et de l’irrégularité des précipitations due au changement climatique. Ces résultats, non consensuels, s’expliquent par la diversité des caractéristiques des zones d’études, par les mesures de la fragilité retenues, et par l’approche économétrique adoptée. En effet, prenant en compte sa nature multidimensionnelle et complexe, plusieurs mesures ont été proposées par des institutions internationales. Deux de celles-ci nous semblent pertinentes. La première est celle proposée par le FFP, qui se décline en cinq dimensions : économique, politique, sociale, environnementale et sécuritaire. Tout en intégrant les facteurs réels, elle présente l’avantage de tenir compte d’un échantillon large incluant de nombreux pays africains. Ainsi, un État est considéré comme fragile s’il présente un indice supérieur à 60 sur une échelle allant de 0 à 120. La deuxième est celle proposée par la BM. Elle est mesurée par Country Policy and Institutional Assessment (CPIA), qui considère comme État fragile celui se trouvant parmi les 40 % les plus bas de l’indice CPIA sur 180 pays (Fearon [2011]).
5Malgré la diversité des mesures utilisées, qui s’appuie sur ces déterminants, l’impact des TFM [6] comme source de la fragilité des États reste insuffisamment documenté, notamment en Afrique. Pourtant, l’intérêt d’une telle étude peut être justifié par deux explications complémentaires. Premièrement, beaucoup de pays fragiles enregistrés dans le monde se trouvent en Afrique. Deuxièmement, en considérant la part des TFM dans le PIB qui avoisine 35 %, ces pays sont également ceux ayant reçu plus de TFM au cours des deux dernières décennies (Gubert [2017]). En effet, selon les données produites par l’OCDE [2018], les TFM vers les pays en situation de fragilité ont constitué la forme des flux financiers extérieurs la plus dominante. Les TFM représentaient, en 2016, 45 % du total des flux extérieurs contre 28 % pour l’aide publique au développement (APD), 22 % pour les investissements directs étrangers (IDE) et 5 % pour d’autres apports du secteur public (AASP). Selon la même source, certains pays se sont montrés particulièrement dépendants des TFM, avec une contribution au PIB de 20,5 %, 19,3 %, 14,8 %, 13,6 % respectivement pour la Gambie, les Comores, le Lesotho et le Sénégal.
6Plus spécifiquement, les données disponibles montrent que les États les plus fragiles sont les principaux bénéficiaires des TFM avec un taux d’accroissement de 334 % entre 2002 et 2014. L’OCDE estimait cette augmentation à 155 % entre 2000 et 2016 dans les pays africains en situation de fragilité. Alors que sur la même période les flux d’APD et d’IDE ont augmenté respectivement de 124 % et 35 %. Sans être exhaustives, deux explications peuvent être avancées, à savoir l’augmentation des revenus des migrants dans les pays d’accueil (marge intensive) d’une part, et celle du nombre de migrants (marge extensive) d’autre part. À titre illustratif, en Éthiopie, les TFM sont passés de 261 millions de dollars USD à 1 796 millions USD entre 2009 et 2015. Par ailleurs, au Cameroun, depuis le déclenchement de la guerre contre Boko-Haram, et la récente crise sécessionniste dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, les TFM ont crû fortement de 41,22 % soit 245 millions USD en 2013 à 345 millions USD en 2018 (Cnuced [2019]).
7Sur la base de ces données, la question de l’existence d’une relation robuste entre les TFM et la fragilité reste pertinente et d’actualité. L’OCDE y apporte une réponse affirmative mais insuffisamment investiguée sur le plan empirique.
8Bien que les travaux empiriques examinant les effets des TFM sur la fragilité en Afrique demeurent rares, nous devons toutefois à Todaro [1969] la première analyse théorique du rôle des TFM sur la réduction de la fragilité sociale des ménages dans les pays récipiendaires. La consolidation théorique a permis de distinguer la nature, les causes et les conséquences des TFM, conduisant à l’émergence de deux groupes de théories complémentaires. Les théories microéconomiques développées par Cox [1987] appréhendent les TFM par les motivations individuelles et les objectifs familiaux (assurance, investissements). Les théories macroéconomiques défendues par Böhning [1975] distinguent, d’une part, les effets de court terme des TFM sur l’activité économique, le niveau de prix, la concurrence, les prix relatifs, et d’autre part, ceux de long terme sur la croissance économique, à travers les composantes de la demande finale (consommation et investissement) dans les pays d’accueil.
9Se situant dans le prolongement de ce cadre théorique et s’inspirant des méthodologies empiriques largement documentées dans la littérature, l’objectif de cet article, qui en constitue d’ailleurs son originalité, est d’examiner les effets des TFM sur les cinq dimensions de la fragilité en Afrique. Pour cela, nous considérons un échantillon de 51 pays africains sur la période 1995-2016, et appliquons la méthode des Moments généralisés en système (MMG-S). Les résultats montrent globalement que les TFM accroissent les fragilités en Afrique. À cet effet, et plus spécifiquement, l’étude contribue à la littérature sur le sujet de trois manières au moins. Tout d’abord, elle intègre, en plus des déterminants traditionnels (conflits, guerres, catastrophes naturelles, inflation), les TFM comme un indicateur pertinent de la fragilité des États. Ensuite, elle complète et enrichit empiriquement les travaux de l’OCDE [2018] qui se sont davantage appesantis sur la description théorique de l’APD comme facteur accentuant les situations de fragilité des États. Enfin, elle montre son caractère polysémique, dont la prise en compte des indices désagrégés permet d’en saisir la complexité, pour adresser des recommandations pertinentes.
10À la suite de cette introduction, le reste de l’article est organisé en quatre sections additionnelles. La première identifie quelques faits stylisés sur les TFM et les fragilités. La deuxième présente une revue sélective de l’état de l’art et le positionnement théorique. La troisième expose succinctement les différentes étapes de la stratégie empirique adoptée. La quatrième discute des résultats. Nous concluons avec les suggestions de recommandations de politique économique.
Quelques faits stylisés sur les TFM et les fragilités
11Trois faits stylisés émergent de l’observation des TFM et des fragilités en Afrique.
L’Afrique est une destination majeure des TFM
12L’Afrique a reçu 85,5 milliards USD de TFM en 2016, soit environ l’équivalent de 3,85 % de son PIB selon la BM [2016], se classant ainsi au troisième rang après l’Asie de l’Est et du Pacifique (143 milliards USD) et l’Asie du Sud (131 milliards USD). Deux explications non exhaustives sont à l’origine de cette évolution. Premièrement, les politiques de lutte contre la pauvreté ont suscité une libéralisation des contraintes sur les TFM vers l’Afrique. Deuxièmement, la croissance enregistrée en Europe avant la crise financière de 2008 a contribué à augmenter les revenus des travailleurs migrants (Banque mondiale [2017]). Mais cette évolution globale connaît un recul en 2017.
Évolution accélérée des TFM entre 1995 et 2017 (en pourcentage du PIB)
Évolution accélérée des TFM entre 1995 et 2017 (en pourcentage du PIB)
13L’évolution croissante des TFM en Afrique est inégalement répartie entre les pays (graphique n°2). Pour la BM [2017], les principales causes sont le ralentissement de la croissance économique dans les pays d’accueil, les coûts élevés appliqués sur les transferts, la baisse des cours des produits de rente et, notamment, du pétrole. Pour Sobiech [2019], la mise en place d’un contrôle strict de change concourt à cette baisse tendancielle des TFM dans les pays comme le Lesotho, le Nigéria et le Libéria. En revanche, dans certains pays, leur évolution est restée, malgré l’impact de la crise, en augmentation considérable. Par exemple, en Gambie, les TFM ont enregistré une augmentation de 14,25 % en 10 ans, passant de 7 % en 2007 à 21,25 % en 2017. Cette évolution est consécutive à la réduction des coûts moyens de services. Ils sont passés progressivement de 3,5 % à 1,4 % du montant envoyé. Cette politique de réduction de coûts de services a été également adoptée en Égypte, au Comores et au Kenya.
Évolution des TFM dans quelques pays africains entre 1995 et 2017 (en pourcentage du PIB)
Évolution des TFM dans quelques pays africains entre 1995 et 2017 (en pourcentage du PIB)
L’Afrique demeure le continent le plus fragile au monde
14Le graphique n°3 construit à partir du State Fragility Index montre que l’Afrique reste un continent fragile. Bien que le niveau de fragilité soit passé de 11,65 points en 1995 à 9,57 points en 2016, le continent compte toujours plus de pays fragiles comparativement aux autres régions du monde. Par exemple, sur les 50 pays les plus fragiles au monde en 2016, nous en dénombrons 35 en Afrique. Les comparaisons interrégionales montrent que les sous-régions Afrique de l’Ouest, Afrique australe et Afrique centrale sont les plus fragiles. Les causes d’après Rotberg [2004] sont à la fois endogènes (occurrence des conflits armés, recrudescence des épisodes de famine, faiblesse institutionnelle, catastrophes naturelles, sécheresse etc.), et exogènes (régularité des fortes variations des cours des matières premières, crises financières, etc.). Bien que l’Afrique de l’Est et l’Afrique du Nord aient connu des épisodes de résilience, celles-ci ont été marquées par les conséquences du « Printemps arabe » en 2011.
Évolution de la fragilité en Afrique
Évolution de la fragilité en Afrique
15La situation de fragilité en Afrique appelle toutefois une double analyse. Premièrement, les contingences liées à l’investissement et la soutenabilité des institutions soulèvent à la fois la question du déficit de gouvernance et de sécurité. Deuxièmement, la faible diversification et l’insuffisante transformation structurelle des économies africaines prédisposent les pays à la fragilité lorsqu’ils sont exposés aux chocs exogènes. Malgré le constat de fragilité globale du continent, certains pays (Maurice, Botswana, Tunisie, Maroc) se démarquent en raison de la résilience de leurs économies relativement diversifiées (graphique n°4). D’autres, en revanche (Tchad, RDC, Somalie), demeurent fragiles.
Évolution de la fragilité dans quelques pays africains (moyenne annuelle 1995-2016)
Évolution de la fragilité dans quelques pays africains (moyenne annuelle 1995-2016)
Les TFM et les fragilités en Afrique sont corrélés
16L’évolution des TFM est positivement liée au stock des migrants (Freund et Spatafra [2008]). Les auteurs distinguent deux types de mesures : une mesure macroéconomique calculée en fonction du volume de transferts reçus rapportés au PIB, et une mesure microéconomique déterminée par des enquêtes auprès des ménages. Cette deuxième mesure permet de distinguer les transferts officiels de ceux non officiels. Aussi, la distinction des données macroéconomique et microéconomique des transferts est largement mise en évidence par Clemens et McKenzie [2018] qui montrent que le changement dans la mesure des TFM (macro et micro) contribue à une modification de leurs effets dans les pays en développement. Cette corrélation laisse entrevoir que les TFM entretiennent une relation linéaire et robuste avec l’indicateur global de fragilité. Tout se passe comme si, plus un pays reçoît de TFM, plus ses structures économique et sociale se détériorent, avec un approfondissement des inégalités de revenus et des processus de désinvestissements dans les activités génératrices de revenus (Ebeke et Le Goff [2010]). Les TFM modifient le fonctionnement du marché de l’emploi en réduisant l’offre de main-d’œuvre, tout en favorisant le chômage volontaire et des comportements de dépendance. La survenance d’un choc dans le pays d’origine réduisant fortement les TFM, conduit ainsi au détournement des investissements chez les bénéficiaires.
Revue sélective de l’état de l’art et positionnement théorique
17Cette section présente le cadre conceptuel de la fragilité, utile à la compréhension théorique et aux évidences empiriques des effets des TFM.
La fragilité : une notion discutée
18Concept polysémique et longtemps assimilé à la vulnérabilité, la fragilité est caractérisée par l’incapacité de l’État à fournir les services de base et les nécessités publiques vitales, par une faible gouvernance, une pauvreté persistante, un manque de contrôle du territoire et une exposition à l’occurrence des conflits violents et des guerres civiles (Bertocchi et Guerzoni [2010]). Ces différents aspects ont conduit Carment et al. [2011] à décrire la fragilité d’un État à partir de trois approches : i) l’autorité de l’État qui explique la fragilité par les flux de réfugiés, les conflits, la fragmentation ethnolinguistique, la pauvreté, la faible transformation structurelle, la distribution inéquitable des revenus, l’inefficience de la gouvernance et la pression démographique ; ii) la capacité économique via les contraintes auxquelles les populations font face, le niveau de démocratie, des catastrophes naturelles et les ressources naturelles ; iii) la légitimité de l’élite qui tient compte des violations des droits humains, la faible performance économique et la corruption. Par la suite, l’OCDE [2017] identifie cinq dimensions de la fragilité : politique, économique, sociale, sécuritaire, environnementale.
Les enseignements théoriques des effets des TFM sur les fragilités
19L’ancrage théorique des effets des TFM sur la fragilité des États remonte au travail séminal de Todaro [1969] qui évoquait déjà leur contribution comme facteur de réduction de la précarité des revenus des ménages dans les pays récipiendaires. Puis, d’autres études viendront souligner leurs propriétés cycliques sur l’activité économique des pays d’origine des migrants. Toutefois, deux courants ont émergé dans la littérature. Le premier, qualifié de développementaliste, exposé par Taylor [1999], Azam et Gubert [2005], défend le caractère procyclique des TFM. Plus précisément, les TFM sont corrélés aux cycles économiques, augmentant ou diminuant avec la conjoncture économique des pays d’accueil des migrants (Mandelman et Zlate [2012]). Le second, développé par Reichert [1981] et Wiest [1984], soutient la contracyclicité des TFM qui repose sur l’altruisme des migrants pour amortir les chocs auxquels leurs pays d’origine font face. Dans cette perspective, les TFM joueraient le rôle de stabilisateurs automatiques en contribuant à l’atténuation des chocs macroéconomiques et à la diminution de la pauvreté monétaire. Il apparaît, selon les pays et la conjoncture, que les TFM influent différemment sur les cycles économiques des pays d’origine des migrants (Sayan [2006]).
20Les TFM constituent, en outre, un enjeu de politique économique pour le développement des pays d’accueil. Ainsi, ils influent sur la conduite des politiques monétaire et budgétaire (Barajas et al. [2018]). Plus généralement, leurs effets (micro- économique et macroéconomique) sont bien documentés dans la littérature (Attila et al. [2018]). En tant que flux financiers compensatoires, ils ont un effet stabilisateur sur les pays confrontés aux contraintes de capitaux, tout en renforçant leur résilience. Ils offrent également de nouvelles opportunités aux investissements, ainsi que des mécanismes d’assurance permettant d’atténuer les effets des chocs. Au total, en diversifiant les risques, les TFM réduisent la fragilité des pays d’origine des migrants.
21L’émergence de la nouvelle économie des migrations de travail (NEMT) développée par Stark et Bloom [1985], va prolonger le débat conduisant de manière synthétique à la naissance de deux visions antagonistes. D’une part, la vision optimiste qui insiste sur la contribution des TFM dans l’atténuation de la fragilité dans les pays d’origine des migrants, à travers plusieurs canaux, notamment les dépenses des ménages dans les activités entrepreneuriales et du capital humain (Azizi [2018]), l’équilibre des balances de paiement, la réduction des contraintes d’endettement (Giuliano et Ruiz-Anang [2009]), la substitution au faible développement financier (Aggarwal et al. [2011]). D’autre part, la vision pessimiste qui met en avant la résurgence de la fragilité dans les pays d’accueil, suscitée par les TFM qui seraient ainsi à l’origine de nombreux problèmes tels que le hasard moral (Castaldo et Reilly [2007]), le syndrome hollandais, la dépendance, l’oisiveté et la vulnérabilité (Mein [2007]).
Une synthèse des travaux empiriques des effets des TFM selon les dimensions des fragilités
22Une fine analyse des effets des TFM sur les fragilités, n’est possible qu’avec la prise en compte de chacune de ses dimensions pour mettre en évidence ses spécificités.
Les effets des TFM sur la fragilité économique
23Clemens et McKenzie [2018] montrent que les TFM contribuent à réduire la fragilité à travers des investissements productifs. Pour Bang et al. [2016], les TFM atténuent la fragilité économique dans les pays bénéficiaires par une réponse aux demandes urgentes de financement, dont le rôle complémentaire à une épargne de réserve a été souligné par Zouhair et Cassin [2018]. En revanche, selon Ambrosius et Cuecuecha [2016], les TFM contribuent à l’amplification de la fragilité économique dans les pays d’accueil à travers l’appréciation du taux de change qui renforce les inégalités de revenus en raison du renchérissement des importations. C’est le caractère procyclique des effets des TFM sur la croissance économique.
Les effets des TFM sur la fragilité politique
24Les effets d’atténuation des TFM sur la fragilité politique passent par le renforcement de la culture démocratique, la modification des idéologies et une meilleure perception des offres politiques qui consolident l’engagement des électeurs au processus politique, au détriment des revendications, des manifestations et des oppositions (Coulibaly et Omgba [2019]). L’article de William [2017] conforte l’effet bénéfique des TFM qui réduisent la fragilité institutionnelle en rendant les gouvernements plus attentifs aux pressions politiques, visant ainsi à l’éradication des relations de clientélisme entre les électeurs et le politique. Par ailleurs, les travaux de Pérez-Armendáriz et Crow [2014] ont établi que les TFM exacerbent la fragilité politique à travers les normes, les idéologies, les croyances et les valeurs démocratiques que les migrants transmettent à leur famille. De même, Collier et Hoeffer [2004] montrent que les TFM accroissent la fragilité politique en permettant une pérennité des régimes autocratiques, des mécontentements, des mouvements de déstabilisation, le financement des groupes armés, la contestation des résultats des élections. Leur conclusion est soutenue par Attila et al. [2018] qui soulignent que les TFM accroissent la fragilité politique en favorisant la corruption qui crée des incitations à la recherche de rente, entrave les objectifs politiques et détériore le niveau de démocratie.
Les effets des TFM sur la fragilité sociale
25Les travaux réalisés sur cet aspect, notamment par Akobeng [2016], Wagle et Devkota [2018], ont montré que les TFM réduisent la fragilité sociale dans les pays d’accueil, en permettant une amélioration de conditions de vie. Par exemple, Kumar et Khanam [2018] soutiennent que les TFM réduisent la fragilité des ménages par une contribution directe au budget, un lissage de leur consommation, une diminution des contraintes financières, facilitant un meilleur accès à l’éducation et aux soins de santé.
Les effets des TFM sur la fragilité environnementale
26Dans une investigation des effets des flux financiers sur l’environnement, Mamum et al. [2015] ont trouvé que les TFM réduisent la fragilité environnementale via la diversification des risques et des activités agricoles. De même, les travaux réalisés par Li et Zhou [2015] ont montré que les TFM atténuent la fragilité environnementale par des initiatives d’Organisations non gouvernementales (ONG) qui préservent la protection de l’environnement. Toutefois, Alejandro et Chavèz [2016] ont conclu à l’existence d’un effet amplificateur des TFM sur la fragilité environnementale, conditionné par le déboisement des zones à risques qui participe à l’accélération du changement climatique.
Les effets des TFM sur la fragilité sécuritaire
27S’inscrivant dans une logique de consolidation de la paix, Christensen [2017] trouve que les TFM augmentent la fragilité sécuritaire dans les pays d’accueil. Précisément, ils contribuent aux financements des groupes armés, des activités terroristes, des conflits armés, des réseaux criminels, aux homicides, aux violences humaines et à la criminalité organisée, qui exacerbent l’insécurité, la violence, la perte de légitimité, la répression et la fragmentation ethno-linguistique. À l’opposé, tenant compte des niveaux d’engagement et d’orientation stratégique des fonds, la BM [2006] conclut que les TFM aident à faire face à l’adversité de l’insécurité en constituant une stratégie globale de subsistance des pays d’accueil à la suite des catastrophes naturelles. De même, les travaux réalisés par La et Xu [2017] soutiennent que les TFM atténueraient la fragilité sécuritaire en permettant aux ménages vulnérables de quitter les zones de conflits et de catastrophes, pour s’installer dans celles disposant des habitations plus modestes.
28Trois enseignements peuvent être tirés des développements précédents. Premièrement, la plupart des travaux déterminent l’effet des TFM sur une des cinq dimensions de la fragilité. Ceci limite la compréhension des effets simultanés des TFM sur les autres dimensions. Deuxièmement, du fait de leur complexité, toute analyse de l’impact des TFM doit être globale afin de mieux cerner les facteurs de renforcement de la résilience des pays. Troisièmement, les conclusions non consensuelles des travaux empiriques justifient des investigations nouvelles dans un contexte d’accroissement des situations de fragilité en Afrique.
Stratégie méthodologique
29La stratégie méthodologique est présentée en trois étapes successives : le modèle empirique, la technique d’estimation et les données.
Le modèle empirique
30Le modèle estimé est une extension de celui développé par Williams [2017] et Vacaflores [2017]. Ces derniers ont mis en évidence les effets des TFM sur la pauvreté et les inégalités en Afrique subsaharienne. Le modèle réduit est présenté par l’équation ci-dessous :
32avec Fragilités, le vecteur colonne des variables dépendantes, qui intègre l’indice composite de la fragilité et les cinq indices désagrégés. L’indice de fragilité globale calculé par Fund For Peace à travers son State Fragility Index, présente trois avantages. Premièrement, il fournit les informations sur un panel assez large de pays, notamment ceux d’Afrique. Deuxièmement, l’horizon temporel du calcul de l’indice s’étend dans le long terme. Troisièmement, les indicateurs retenus à cet effet sont multidimensionnels. Contrairement à l’indice de vulnérabilité économique de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi), qui prend en compte le risque économique des États et utilise des indicateurs d’une forte instabilité, le State Fragility Index combine les indicateurs économique, politique, social, sécuritaire et environnemental sur une échelle qui tient compte du niveau de fragilité selon qu’il est faible, moyen ou extrême (McKay et Thorbecke [2019]). Pour Gnangnon [2017], l’indice de vulnérabilité économique renseigne davantage sur le choc macroéconomique que peut supporter un pays. Il se limite à mesurer la fragilité liée aux perturbations macroéconomiques qui, dans bien des cas, sont elles-mêmes liées à la baisse continue de la croissance économique. L’indice de fragilité de la BM présente une limite fondamentale exprimée par les indicateurs contribuant à sa détermination. Précisément, la fragilité observée sur le plan de la stabilité politique et du degré de conflit est inhérente à chaque pays.
33L’indice composite de fragilité de Fund For Peace est calculé à partir des cinq dimensions de la fragilité : i) économique, approximée par l’efficacité économique des pays et prenant en compte le PIB par tête, la part des exportations des biens manufacturiers, la production ou la consommation nette de pétrole, les fluctuations des prix des matières premières entre autres ; ii) politique, approximée par le régime politique, l’instabilité politique, la démocratie, l’autocratie, l’ethnicité ; iii) sociale, calculée en utilisant l’indice de développement humain, la protection du capital humain, le niveau d’éducation, le niveau d’espérance de vie entre autres ; iv) sécuritaire, mesurée par le nombre de guerres civiles et d’attaques armées, les attaques terroristes ; v) environnementale, approximée par le changement climatique, la qualité de l’air et le taux d’approvisionnement en eau potable. Toutes ces variables sont mesurées sur une échelle de 20 (fragilité extrême) à 0 (résilience extrême). En considérant tous les indices, cette étude permet de prendre en compte les réalités de développement des pays africains qui, pour la plupart, font face aux conflits armés, aux inégalités sociales, à une faible alternance politique. Ils subissent les effets des changements climatiques et enregistrent une croissance économique non inclusive. L’indice composite se réfère à la moyenne arithmétique des indices désagrégés. Ces derniers sont calculés en tenant compte de l’analyse en composante principale et des formules de la moyenne géométrique.
34La variable explicative d’intérêt TFM représente les transferts de fonds des migrants rapportés au PIB réel (Feeny et al. [2014]). D’après Williams [2017], ils constituent la part des revenus gagnés à l’étranger par les migrants, puis envoyés vers leur pays d’origine. Pour le FMI, ces flux financiers représentent les montants officiels transférés véhiculés par les banques. Ces montants officiels représentent cependant la moitié des TFM réalisés dans le monde. Des montants importants informels ne sont pas enregistrés. Les difficultés d’accès aux montants non officiels nous imposent de recourir exclusivement aux montants officiels produits par les organisations internationales [7]. La variable TFM [8] est le carré des TFM qui permet de détecter la présence ou non d’un effet non linéaire (Chami et al. [2005]).
35Le vecteur des variables de contrôle X est constitué par : i) le PIB/tête dont l’augmentation, selon La et Xu [2017], accroît la résilience des économies face aux chocs exogènes, à travers une meilleure répartition des biens. Cependant, le caractère ambivalent de la production sur la nature (émission du CO2) et sur la société (accroissement des inégalités) ne doit pas être négligé ; ii) l’inflation qui est approximée par les variations de l’indice des prix à la consommation. Pour Akobeng [2016], c’est un indicateur pertinent de mesure des variations du pouvoir d’achat auxquelles les pauvres sont plus exposés ; iii) les ressources naturelles, mesurées par la rente de la production totale des ressources naturelles rapportée au PIB. Elle intègre principalement le pétrole, le gaz naturel, les minerais et pierres précieuses. Pour Hugon [2009], la dépendance aux ressources naturelles accroît la probabilité d’occurrence des conflits ainsi que la fragilité des États. Mais comme le montrent Collier et Hoeffler [2002], l’effet n’est pas linéaire ; iv) les désastres naturels mesurés par le nombre d’occurrences, comprennent selon l’OCDE [2017] les tremblements de terre, les inondations, les sécheresses, les cyclones, les tsunamis, etc. Généralement, c’est la fréquence des aléas naturels, combinée à une forte vulnérabilité des ménages, des communautés et des États qui augmente la fragilité ; v) le terrorisme qui est apparu depuis les attentats du 11 septembre 2001 comme un facteur aggravant la fragilité des États. Il est mesuré par le nombre d’assauts armés au cours d’une année. D’après Chen et Siems [2004], Abadie et Gardeazabal [2003], il accroît la fragilité des États à travers deux mécanismes : la hausse des dépenses de protection et les déplacements forcés des populations.
36Les indices i et t renseignent sur les pays et les périodes ; νi capte les effets fixes pays non observés ; µt prend en compte l’effet fixe temporel commun à tous les pays, et εit est le terme d’erreur [9].
37Le modèle estimé est spécifié comme suit :
39où Fragilitésit-1 est l’indice des fragilités retardé d’une période.
40Afin de tenir compte des effets des TFM sur les indices désagrégés, nous substituons à chaque fois la variable dépendante respectivement par la fragilité considérée : globale, économique, politique, sociale, sécuritaire et environnementale.
La technique d’estimation et les tests de validation
41L’estimation est faite par la Méthode des moments généralisés (MMG) [9]. Cette méthode a été introduite par Arellano et Bond [1991] et Arellano et Bover [1995], puis approfondie par Blundell et Bond [1998] avec le développement de l’estimateur MMG en système qui résout les problèmes de multicolinéarité, d’endogénéité et de biais de variables omises. La MMG-S présente au moins trois avantages selon Davidson [2000] : i) elle permet d’obtenir, en présence de variables retardées, des estimateurs sans biais, convergents et efficaces ; ii) elle prend en compte les facteurs inobservables géographiques, tels que le climat, l’ouverture à la mer et même l’hétérogénéité des politiques monétaires, qui peuvent avoir une influence à la fois sur l’attractivité des pays, la croissance économique et l’ouverture commerciale (Rodrik [2002]) ; iii) enfin, elle permet de corriger le biais de simultanéité entre les variables d’intérêt et de contrôle (Wooldridge [2013]). La causalité inverse aboutit indubitablement à des estimations biaisées en l’absence d’instruments valides.
42Pour valider nos résultats, nous construisons un instrument externe en plus des instruments internes déterminés par les variables explicatives retardées. L’instrument externe prend en compte les facteurs géographiques et temporels. Il est inspiré par Acosta et al. [2008] et mesuré par le PIB par habitant moyen des principaux pays de destination des migrants africains dans le monde. À partir de la matrice bilatérale des migrations mondiales de la division de la population de l’organisation des Nations unies [2017], nous observons, à titre d’illustration, que les Maliens vont principalement vers le Burkina Faso, la Côte d’ivoire, la Chine, la France, le Gabon, la Guinée, la Mauritanie, la Russie, le Sénégal et les États-Unis. Nous considérons la moyenne des PIB par habitant des pays de destination et construisons, pour chaque année, l’instrument recherché. Pour éviter le problème de prolifération des instruments, la méthodologie est inspirée de Roodman [2009] qui en limite le nombre au tiers des observations critiques. Le test d’endogéneité retenu est celui de Durbin-Wu-Hausman [10] qui analyse l’existence d’une double causalité entre la variable dépendante et celle d’intérêt telle que présentée par Davidson et MacKinnon [1993]. Ce choix suppose que les TFM accroissent la fragilité globale des pays, aussi dans de nombreux cas une fragilité extrême réduit-elle le volume des TFM vers les pays d’accueil. Les résultats du test montrent qu’il existe un problème d’endogénéité à la Durbin-Wu-Hausman entre la fragilité globale et les TFM. En effet, au seuil de 5 %, la probabilité de rejeter l’hypothèse nulle est validée (P-value = 0,000). Les résultats des tests de Sargan des différentes estimations valident les instruments retenus [11].
43L’évolution des TFM en Afrique sur la période considérée présente une rupture entre 2004 et 2007 due à l’accroissement du chômage aux États-Unis et dans la zone euro. La présomption d’une instabilité de la tendance des TFM est mise en évidence à travers un test de stabilité de Chow sur le modèle de base. Ce test de rupture structurelle contribue à apprécier la significativité du changement. De plus, il vérifie dans les faits si le coefficient d’une variable diffère pour deux groupes de données. Sous l’hypothèse nulle, le modèle est stable (pas de changement structurel), les coefficients étant égaux pour les deux groupes de données. Les résultats du test de Chow montrent que la probabilité du test de Fisher est égale à 0,575, soit supérieure à 5 %. La considération de la longue période n’a aucun impact sur les résultats espérés.
44Nous effectuons un test de non-linéarité afin d’apprécier s’il existe un seuil au-delà duquel le signe des TFM change, ce qui rendrait invalide la technique d’estimation choisie et infirmerait nos résultats. En effet, comme le soulignent Adams et Page [2005], non seulement le volume des TFM dépend du degré d’émigration des Africains hors de leur continent, mais aussi de leur impact sur la fragilité de l’utilisation qui est faite (OCDE [2017]). Pour cela, nous effectuons une régression avec l’ensemble des variables explicatives et considérons chaque indice de fragilité. La recherche d’un effet de seuil est vérifiée par le carré des TFM. Le test de non-linéarité n’est pas significatif puisque la probabilité du test de Chi2 du ratio de vraisemblance (LR test) est 0,609 ; 0,562 ; 0,612 ; 0,543 ; 0,502 et 0,623 respectivement pour la fragilité globale et les fragilités économique, politique, sociale, sécuritaire et environnementale. L’inexistence d’un effet non linéaire confirme la pertinence de la technique d’estimation et éloigne simultanément la présomption de l’existence de seuils critiques et de fonctions de transition.
Les données
45Les données macroéconomiques (TFM, PIB/hbt, inflation et ressources naturelles) sont tirées de World Development Indicators [2018]. Celles relatives aux fragilités sont extraites de State Fragility Index [2018] du Think Tank Fund of Peace alors que celles sur les désastres naturels sont fournies par la base Emergency Events Database [2019] du Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres de l’université catholique de Louvain, plus connue sous l’appellation de EM-DAT Database. Elle regroupe trois grandes catégories de catastrophes naturelles : i) les catastrophes hydrométéorologiques (les tempêtes, les inondations et les mouvements de masse humide) ; ii) les catastrophes géophysiques (les tremblements de terre, les tsunamis et les éruptions volcaniques) ; et iii) les catastrophes climatiques (les températures extrêmes, les sécheresses et les incendies de forêt) (Klomp et Valckx [2014]). Les désastres sont mesurés en nombre de survenance au cours de l’année. Les données sur le terrorisme sont issues de Global Terrorism Database (GTD [2018]) qui les fournit aussi bien pour le terrorisme domestique que transnational selon plusieurs catégories d’actes terroristes (Meierrieks et Gries [2013]). Les plus cités sont les attaques ou assauts armés, les explosions d’engins militaires et les actes de kamikazes. Dans le cadre de notre travail, la variable terrorisme est captée par le nombre d’assauts armés au cours d’une année. L’annexe n°1 résume les différentes variables du modèle.
46L’échantillon comporte 51 pays africains [12]. Contrainte par la disponibilité des données pour toutes les variables, l’étude couvre la période 1995-2016. Nous calculons les moyennes de 5 années et obtenons 5 périodes par pays [13]. Il importe de préciser que cette démarche tient à l’application de la MMG-S (Akobeng [2016]). Ainsi, le nombre d’observations est 255, soit N*T = 51*5. Le tableau n°1 résume les statistiques descriptives des différentes variables. Elles montrent de faibles variations, subodorant des résultats non biaisés. La matrice de corrélations contenue dans le tableau n°2 montre de faibles interdépendances, suggérant une absence de multicolinéarité entre la variable dépendante et les variables explicatives.
Statistiques descriptives
Variables | Observations | Moyennes | Écart-types | Min. | Max. |
---|---|---|---|---|---|
Fragilité | 255 | 8,012 | 4,463 | 0,25 | 13,01 |
Fragilité économique | 255 | 11,452 | 0,941 | 0,25 | 16,5 |
Fragilité politique | 255 | 12,572 | 0,887 | 0,37 | 15,76 |
Fragilité sociale | 255 | 12,254 | 0,729 | 0,30 | 13,23 |
Fragilité environnementale | 231 | 13,350 | 26,650 | 0,34 | 18,27 |
Fragilité sécuritaire | 255 | 11,032 | 0,829 | 0,45 | 12,3 |
TFM | 219 | 4,348 | 8,144 | 0,004 | 83,968 |
PIB/tête | 242 | 4,398 | 3,860 | -16,431 | 33,216 |
Inflation | 239 | 52,952 | 564,163 | -8,115 | 8603,275 |
Ressources naturelles | 245 | 13,333 | 12,706 | 0,001 | 84,239 |
Désastres naturels | 202 | 1,432 | 0,507 | 1 | 3,5 |
Terrorisme | 240 | 4,495 | 15,207 | 0 | 140 |
Statistiques descriptives
Matrice de corrélations
Matrice de corrélations
Les résultats
47Nous présentons dans un premier temps les résultats issus des modèles des différentes fragilités, puis dans un second celui du test de robustesse.
Les résultats du modèle de base
48Globalement, les résultats montrent l’existence d’un effet cyclique par l’analyse des signes altérés de la variable retardée. En effet, en considérant les fragilités économique, sociale et environnementale, la variable retardée de la fragilité est négative et significative (cf. tableau n°3). Pour Williams [2017], ce résultat traduit la persistance de la fragilité qui, généralement, s’entretient par la survenance de plusieurs chocs endogènes ou exogènes tels les famines, le chômage, les pandémies et les crises financières. De même, dans un travail portant sur les TFM, le développement financier et la croissance économique, Nyamongo et al. [2012] aboutissent à un effet négatif et significatif de la variable retardée de la croissance économique, validant ainsi la théorie de la convergence des économies. En revanche, la variable retardée est positive et significative dans les autres modèles (fragilité globale, fragilité politique et fragilité sécuritaire) justifiant un effet d’inertie.
Effets des TFM sur les fragilités en Afrique [14]
Effets des TFM sur les fragilités en Afrique [14]
49En général, les TFM accroissent les fragilités globale, économique, politique et environnementale. En effet, la population africaine qui émigre est majoritairement issue des États fragiles. Les transferts effectués par les migrants accroissent la dépendance de leurs familles. Cette situation augmente leur vulnérabilité dès qu’une baisse d’activité économique est enregistrée dans le pays d’accueil. En outre, la mauvaise qualité des institutions qui caractérise la plupart de ces pays influe sur la manière dont les TFM affectent les économies.
50Les TFM accroissent la fragilité politique en Afrique. Précisément, ils contribuent à entraver les normes, les idéologies, les croyances et les valeurs démocratiques via les contraintes imposées par les migrants aux ménages bénéficiaires. Ces TFM, à travers leur orientation, amplifient l’instabilité des régimes, exacerbent les mécontentements, détériorent la qualité de la gouvernance, etc. De ce fait, et en dépit de leurs volumes importants, ils ne permettent pas aux pays africains d’investir dans les secteurs productifs. Les résultats obtenus sont conformes à ceux de Pérez-Armendáriz et Crow [2010] et Attila et al. [2018].
51Les TFM accroissent la fragilité économique par la perte de compétitivité, conséquence de l’encouragement de la production des biens à faible valeur ajoutée, la montée des inégalités de revenus et le développement des activités informelles. Pourtant, considérés comme des filets de sécurité, les TFM devraient accompagner les efforts des pays africains pour faire face aux chocs macroéconomiques. L’évolution cyclique des TFM essentiellement corrélée à la conjoncture des pays d’accueil a, en période défavorable, tendance à se traduire par une baisse des investissements privés et de la consommation des ménages, et à accroître la fragilité des populations. En outre, l’inflation causée par les flux financiers extérieurs réduit le pouvoir d’achat des populations et affecte davantage les pauvres (Ambrosius et Cuecuecha [2016]).
52Les TFM amplifient la fragilité environnementale en encourageant les ménages à participer aux activités portant atteinte à l’environnement (extraction des ressources naturelles, déforestation, activités agricoles traditionnelles sur brûlis). Ce qui augmente les catastrophes naturelles, telles que les tremblements de terre, les inondations, sécheresses, cyclones ou tsunamis, sources d’importantes vulnérabilités. Ces actions néfastes à l’environnement sont à l’origine d’un effet-risque des ménages ruraux résultant de leur participation à l’extraction anarchique des ressources naturelles. Cette situation pourrait s’expliquer par le fait que les TFM détournés de leur objectif de production sont affectés aux activités non productives qui accroissent la dépendance des populations vis-à-vis de l’extérieur. Ces résultats confirment ceux obtenus par Alejandro et Chavèz [2016].
53Le PIB/tête accroît les fragilités économique et sécuritaire en Afrique en raison de son faible niveau, ce qui facilite le développement des activités et des marchés informels. Toutefois, l’inflation, en induisant le renchérissement du coût de la vie, contribue à accroître les fragilités globale et environnementale, contraignant les ménages à se lancer dans des activités agricoles traditionnelles et illicites portant atteinte à l’environnement.
54Les ressources naturelles accentuent les fragilités en Afrique. Leur exploitation crée une rente financière captée et contrôlée par une classe politique. Leurs niveaux élevés favorisent l’apparition des conflits, source de fragilités. Aussi, une mauvaise gouvernance des ressources naturelles, extractives ou non, pénalise la création des emplois décents. Dans certains pays africains, les rentes issues des ressources ne contribuent guère au développement des services sociaux de base. Ces résultats corroborent ceux de Collier et Hoeffler [2004].
55Les désastres naturels réduisent les fragilités globale, politique et sociale. En effet, l’intervention de l’État, consécutive aux désastres naturels, contribue à travers des fonds de secours, des aides et des dons destinés aux ménages vulnérables qu’elle suscite, à restaurer des conditions de vie meilleures. Précisément, pour répondre aux multiples défis engendrés par les désastres naturels, en plus de l’État, la communauté internationale se mobilise pour une gestion intégrée des risques liés aux désastres, afin de sauver des vies, préserver les moyens d’existence et créer un environnement favorable pour lutter efficacement contre la pauvreté et la vulnérabilité aux catastrophes. Il s’en suit des actions immédiates visant à améliorer la résilience des pays par des plans spécifiques, la préparation et la prévention des risques, la consolidation des capacités institutionnelles locales, ainsi que la mise en œuvre de politiques et de mesures de relance économique et le bien-être visant à atténuer les souffrances des communautés directement touchées. Au-delà de la réduction des fragilités, l’enjeu est d’accompagner les populations et les sociétés dans l’anticipation et la gestion de leurs risques afin d’accroître leur résilience. Ces investissements peuvent améliorer la qualité et la résilience des services de base et contribuer à des sociétés prospères. Également, dans le cas d’un phénomène à répétition, la prévision des désastres naturels contribue au renforcement de la résilience des pays face aux catastrophes naturelles. Pour la Banque mondiale [2014], dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), la gestion des risques naturels se traduit par le passage progressif d’un attentisme à une politique d’anticipation destinée à prévenir les effets désastreux des risques naturels.
56Par ailleurs, les désastres naturels accroissent la fragilité sécuritaire. Précisément, les chocs issus de désastres tels les changements climatiques, les pertes en vies humaines, la prévalence des maladies infectieuses, la vulnérabilité des moyens de subsistance, contraignent les ménages à se déplacer. Ces désastres amplifient la fragilité, par la détérioration des moyens de subsistance, accentuent la pression qui pèse sur des systèmes de gouvernance, et alimentent les conflits sous l’effet de mesures de réaction ou de stratégies d’adaptation inéquitables ou insuffisantes. Ces résultats sont identiques à ceux obtenus par Muggah [2014].
57Le terrorisme contribue à accroître les fragilités économique, politique, sociale et sécuritaire. Amplifié par la manipulation politique de groupes d’activistes visant le contrôle partiel des territoires et l’exploitation des ressources naturelles (pétrole, gaz, minerais, or, diamant). Le terrorisme génère les conflits, les homicides, détériore les investissements sectoriels, réduit la création d’emplois, l’acquisition de technologies, le perfectionnement des compétences, accroissant ainsi la vulnérabilité des ménages. En outre, le terrorisme favorise l’usage illicite de la force et de la violence, la remise en cause des droits humains, la destruction des biens qui fragilisent les milieux de vie, et limite les capacités des gouvernements à assurer efficacement la sécurité des citoyens. Ces résultats corroborent ceux de Devlin-Foltz [2010].
Analyse de la robustesse
58Pour éprouver la robustesse de nos résultats, nous considérons deux mesures supplémentaires des TFM. La première prend en compte les TFM par habitant, elle est donnée par la formule suivante :
60où MTFM est le montant des TFM en dollars US ; population la population totale du pays i à la date t. Cette mesure capte la part des fonds étrangers au sein de la population. Elle traduit le niveau d’utilisation des TFM par la population totale. Plus ce taux est élevé, plus le volume des TFM au sein de la population est important. C’est l’approche par le développement humain.
61La seconde mesure prend en compte le poids des TFM dans le volume des échanges commerciaux. En effet, depuis 2015 au moins, comme la plupart des flux financiers, le montant des TFM dépasse celui du commerce mondial. Par exemple, ils ont atteint 490 milliards de dollars contre 434 milliards pour le commerce mondial (BM [2019]). Cette mesure renseigne sur des politiques plus ouvertes des activités sur les TFM. De même, plus il est élevé, plus le niveau de libéralisation des TFM l’est également.
63où com représente les volumes des échanges commerciaux, captés par la somme des exportations et des importations du pays i à la période t.
64Les données des TFM/habitantit et TFM/comit sont extraites de World Development Indicators [2018].
65Globalement, les résultats confortent l’effet de mémoire. Les fragilités (globale, économique et sociale) observées sont statistiquement influencées par les niveaux antérieurs de fragilités (tableaux nos 4 et 5). Les TFM rapportés à la population totale et ceux rapportés aux échanges commerciaux ont des effets positifs et statistiquement significatifs sur les fragilités considérées.
Effets des TFM/habitant sur les fragilités en Afrique [15]
Effets des TFM/habitant sur les fragilités en Afrique [15]
Effets des TFM/com sur les fragilités en Afrique [16]
Effets des TFM/com sur les fragilités en Afrique [16]
66Deux explications peuvent être avancées. Premièrement, les TFM sont sujets à peu de contrôle et deviennent des sources de pratiques illicites notamment des activités de blanchiment d’argent et de criminalité financière. En conséquence, ils sont davantage orientés vers le financement des activités informelles et des activités néfastes qui ne contribuent pas toujours à la création de la richesse nationale. Deuxièmement, les TFM réduisent la propension des ménages à participer au marché de travail, à relancer les investissements en matière de santé, d’éducation et de logement. Autrement dit, les TFM ne constituent pas réellement des flux complémentaires de revenus en tant que sources de capitaux, d’échanges commerciaux, de savoir et de transferts de technologies en Afrique.
67Les TFM contribuent relativement aux moyens de subsistance et se limitent à l’individu par l’intermédiaire des réseaux sociaux, sans véritablement soutenir les marchés locaux. Compte tenu des conflits et crises qui caractérisent l’Afrique, les TFM perturbent les activités économiques normales. Au lieu de jouer le rôle de flux financiers complémentaires, ils contribuent plutôt à l’effondrement du marché. Précisément, ces TFM entravent le bien-être des bénéficiaires en préservant les flux de marchandises et services qui freinent le maintien en résidence dans les régions sujettes aux conflits.
68Les variables contributives aux résultats sont les désastres naturels, le PIB/habitant, l’inflation, les ressources naturelles et le terrorisme. Elles influent sur les fragilités, du fait du renchérissement du coût de la vie qui entrave la concurrence, consolide l’exposition aux risques des banques, la gestion inéquitable de la rente des ressources, et les conflits amplifiés par la résurgence des groupes terroristes qui ont pour objectif de s’accaparer les zones riches en ressources naturelles. Ainsi, l’abondance des ressources naturelles conduit les pays à quatre pièges associés à la fragilité de l’État : conflits et mauvaise gouvernance d’une part, pauvreté et malédiction des ressources naturelles d’autre part, (Collier [2007]). Les résultats sont conformes à ceux obtenus dans le modèle de base et de la littérature empirique.
Conclusion
69Cet article a pour objectif d’examiner l’impact des TFM sur les fragilités en Afrique. Deux principaux faits ont permis d’affiner notre problématique. Les TFM en Afrique ont progressé rapidement au cours des deux dernières décennies et les principaux bénéficiaires étaient les pays en situation de fragilité. Prenant appui sur ces deux faits, nous avons mobilisé les développements théoriques et empiriques pour construire un modèle permettant de vérifier l’hypothèse selon laquelle les TFM accroissent la fragilité dans les pays africains. Plusieurs variantes de modèle ont été estimées par la MMG-S à partir d’un échantillon de 51 pays africains sur la période allant de 1995 à 2016. L’originalité de notre étude par rapport à la littérature existante a été de proposer une analyse à partir des indices désagrégés de fragilité. Nous avons montré, qu’il s’agisse de l’indice global ou désagrégé, que les TFM accroissent les fragilités observées en Afrique. Contrôlés par deux mesures complémentaires des TFM, nos résultats restent dans l’ensemble statistiquement significatifs robustes et stables.
70À partir de ces résultats, quelques suggestions non exhaustives de politiques économiques peuvent être faites dans le but d’atténuer les fragilités en Afrique. Premièrement, un renforcement de la législation sur les TFM doit permettre de mettre en place un système de traçabilité des envois de fonds permettant de contrôler leur volume et de les canaliser autant que possible vers des investissements productifs qui sont susceptibles d’accélérer la croissance économique. Deuxièmement, les gouvernements pourraient consolider les stratégies d’industrialisation pour moderniser la transformation des ressources naturelles afin d’investir les ressources financières issues de l’exploitation des rentes dans la satisfaction des besoins vitaux. Troisièmement, les gouvernements devraient renforcer la sécurité dans les zones à risques et transfrontalières afin de préserver les ménages des attaques armées, financées de l’extérieur, à l’origine des troubles dans les régions riches en ressources naturelles.
Annexe 1. Description des variables et source des données
Variables | Description | Sources |
---|---|---|
Indice de fragilité globale | Scores moyen obtenu sur les cinq dimensions de la fragilité. L’indice va de 1 (forte fragilité) à 12 (fragilité extrême) | SFI [2018] |
Indice de fragilité économique | Score moyen des indicateurs de la dimension économique | SFI [2018] |
Indice de fragilité politique | Score moyen des indicateurs de la dimension politique | SFI [2018] |
Indice de fragilité sociale | Score moyen des indicateurs de la dimension sociale | SFI [2018] |
Indice de fragilité sécuritaire | Score moyen des indicateurs de la dimension sécuritaire | SFI [2018] |
Indice de fragilité environnementale | Score moyen des indicateurs de la dimension environnementale | SFI [2018] |
Transferts de fonds des migrants | Transferts personnels et rémunération des employés (USD courants), indicateurs du développement dans le monde (base de données) | WDI [2018] |
PIB/tête | Le PIB par habitant est le produit intérieur brut divisé par la population en milieu d’année. | WDI [2018] |
Inflation | Variation de l’indice des prix à la consommation | WDI [2018] |
Ressources naturelles | La rente de la production totale des ressources naturelles rapportée au PIB. | WDI [2018] |
Désastres naturels | Le nombre de survenances des désastres au cours d’une année | Emergency Events Database [2019] |
Terrorisme | Le nombre d’assauts armés au cours d’une année | GTD [2018] |
Annexe 2. Liste des pays
71Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Botswana, Burundi, Burkina Faso, Cameroun, Cap Vert, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Libéria, Lybie, Madagascar, Malawi, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigéria, Ouganda, RCA, RDC, Rwanda, Sénégal, Sierra-Léone, Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zambie, Zimbabwe.
72Source : les auteurs.
Références
- A. Abadie et J. Gardeazabal [2003] : The Economic Costs of Conflict: A Case Study of the Basque Country, American Economic Review, 93, pp. 113-132.
- P. Acosta, C. Calderón, P. Fajnzylber et H. Lopez [2008] : What is the Impact of International Remittances on Poverty and Inequality in Latin America? World Development, 36[1], pp. 89-114.
- R. H. Adams et J. Page [2005] : Do International Migration and Remittances Reduce Poverty in Developing Countries? World Development, 33(1), pp. 1645-1669.
- R. Aggarwal, A. Demirguc-Kunt et M. S. M. Peria [2011] : Do Remittances Promote financial Development? Journal of Development Economics, 96, pp. 255-264.
- E. Akobeng [2016] : Out of Inequality and Poverty: Evidence for The Effectiveness of Remittances in Sub-Saharan Africa, Quarterly Review of Economics and Finance, 60, pp. 207-223.
- L. F. Alejandro et E. Chavèz [2016] : Remittances and Natural Resource Extraction: Evidence from Mexico, Ecological Economics, 132, pp. 69-79.
- C. Ambrosius et A. Cuecuecha [2016] : Remittances and the Use of Formal and Informal Financial Services, World Development, 77, pp. 80-98.
- M. Arellano et S. Bond [1991] : Some Tests of Specification for Panel Data: Monte Carlo Evidence and an Application to Employment Equations, Review of Economics Studies, 58(2), pp. 277-297.
- M. Arellano et O. Bover [1995] : Another Look at the Instrumental Variable Estimation of Error-Components Models, Journal of Econometrics, 68(1), pp. 29-51.
- J. Attila, C. Bangake, J. C. Eggoh et G. Semedo [2018] : Les transferts de fonds des migrants influencent-ils la qualité des institutions dans les pays récipiendaires ? Mondes en développement, 184(4), pp. 29-42.
- J-P. Azam et F. Gubert [2005] : Those in Kayes. The Impact of Remittances on their Recipients in Africa, Revue économique, 56(6), pp. 1331-1358.
- S. Azizi [2018] : The Impacts of Workers’ Remittances on Human Capital and Labour Supply in Developing Countries, Economic Modelling, 75, pp. 377-396.
- BAD [2020] : Perspectives économiques en Afrique 2020, Banque africaine de développement, Abidjan, Côte d’Ivoire, p. 222.
- J.T. Bang, A. Mitra et P. V. Wunnava [2016] : Do Remittances Improve Income Inequality? An Instrumental Variable Quantile Analysis of The Kenyan Case, Economic Modelling, 58, pp. 394-402.
- Banque mondiale [2014] : Catastrophes naturelles dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord : aperçu régional, Département du développement durable pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, p. 116.
- Banque mondiale [2016] : Migration and Remittance: Recent Developments and Outlook, Washington DC 20433, p. 48.
- Banque mondiale [2017] : Migration and Development Brief n°29, Recent Developments and Outlook, Banque mondiale, p. 51.
- Banque mondiale [2019] : Bases de données, World Development Indicators.
- A. Barajas, R. Chami, C. Ebeke et A. Oeking [2018] : What’s Different about Monetary Policy Transmission in Remittance-Dependent Countries? Journal of Development Economics, 134, pp. 272-288.
- G. Bertocchi et A. Guerzoni [2010] : Growth, History, or Institutions? What Explains State Fragility in Sub-Saharan Africa? Discussion Paper n° 4817, mars IZA.
- R. Blundell et S. Bond [1998] : Initial Conditions and Moment Restrictions in Dynamic Panel Data Models, Journal of Econometrics, 87, pp. 115-143.
- W. R. Böhning [1975] : Some Thoughts on Emigration from the Mediterranean Basin, International Labour Review, 111(3), pp. 251-277.
- D. Carment, S. Prest et Y. Samy [2011] : The Causes and Measurement of State Fragility. Fragile States: Causes, Costs, and Responses, Oxford Scholarship Online, Print ISBN-13: 9780199693153
DOI: 10.1093/acprof:oso/97801996931 53.001.0001. - A. Castaldo et B. Reilly [2007] : Do Migrant Remittances Affect the Consumption Patterns of Albanian Households? South-Eastern Europe Journal of Economics, 5(1), pp. 25-54.
- R. Chami, C. Fullenkamp et S. Jahjah [2005] : Are Immigrant Remittances Flows a Source of Capital for Development? IMF Staff Papers, 52(1), pp. 55-81.
- A. Chen et Th. Siems [2004] : The Effects of Terrorism on Global Capital Markets, European Journal of Political Economy, 20(2), pp. 349-366.
- J. Christensen [2017] : Dimensions of State Fragility: Determinants of Violent Group Grievance, Political Legitimacy, and Economic Capacity, Electronic Theses and Dissertations, 2004-2019.
5587. https://stars.library.ucf.edu/etd/5587. - M.A. Clemens et D. McKenzie [2018] : Why Don’t Remittances Appear to Affect Growth? The Economic Journal, 128(612), pp. 179-209.
- Cnuced [2019] : Conférences des Nations unies sur le commerce et le développement, base de données.
- P. Collier [2007] : The Bottom Billion, New York: Oxford University Press.
- P. Collier et A. Hoeffler [2002] : On the Incidence of Civil War in Africa, Journal of Conflict Resolution, 46 (1), pp. 13-28.
- P. Collier et A. Hoeffler [2004] : Greed and Grievance in Civil War, Oxford Economic Papers, 56(4), pp. 563-595.
- D. Coulibaly et L. D. Omgba [2019] : Why are Some African Countries Succeeding in their Democratic Transitions while Others are Failing? Oxford Economic Papers, https://doi.org/10.1093/oep/gpz055
- D. Cox [1987] : Motives for Private Transfers, Journal of Political Economy, 95(3), pp. 508-546.
- R. Davidson et J. G. Mackinnon [1993] : Estimation and Inference in Econometrics, New York: Oxford University Press.
- J. De Boer [2015] : Resilience and the Fragile City, Our World, université des Nations unies, Tokyo, https://ourworld.unu.edu/en/resilience-and-the-fragile-city.
- Z. Devlin-Foltz [2010] : Africa’s Fragile States: Empowering Extremists, Exporting Terrorism, Africa Security Brief, n° 6, août https://www.jstor.org/stable/resrep19076.
- J.P. Dunne et N. Tian [2019] : Costs of Civil War and Fragile States in Africa, Review of Development Economics, 23(3), pp. 1-18.
- J. Durbin [1954] : Errors in Variables, Review of the International Statistical Institute, 22, pp. 23-32.
- C. H. Ebeke et M. Le Goff [2010] : Impact des envois de fonds des migrants sur les inégalités de revenu dans les pays en développement, Revue économique, 61(6), pp. 1051-1074.
- J. Fearon [2011] : Fragilité des États, indicateurs de gouvernance et risque de guerre civile, Revue d’économie du développement, 19(4), pp. 153-186.
- S. Feeny., I. Sasi et M. McGillivray [2014] : Remittances and Economic Growth: Larger Impacts in Smaller Countries? The Journal of Development Studies, 50(8), pp. 1055-1066.
- C. Freund et N. Spatafora [2008] : Remittances, Transaction Costs, and Informality, Journal of Development Economics, 86(2), pp. 356-366.
- Fragility State Index [2018] : L’indice de fragilité des États, The Fund For Peace, www.http://fundforpeace.org
- P. Giuliano et M. Ruiz-Arranz [2009] : Remittances, Financial Development and Growth, Journal of Development Economics, 90, pp. 144-152.
- S. Gnangnon [2017] : Structural Economic Vulnerability, Openness and Bilateral Development Aid Flows, Economic Analysis and Policy, 53, pp. 77-95.
- F. Gubert [2002] : Do Migrants Insure those who Stay Behind? Evidence from the Kayes Area (Western Mali), Oxford Development Studies, 30 (3), pp. 267-287.
- F. Gubert [2017] : Migration, Remittances and Development: Insights from the Migration and Development Conference, Revue d’économie du développement, 25(3), pp. 29-44.
- J. Hausman [1978] : Specification Tests in Econometrics, Économétrica, 46, pp. 1251-1272.
- R. Judson et A. Orphanides [1999] : Inflation, Volatility and Growth, International Finance, 2(1), pp. 117-138.
- P. Hugon [2009] : Le rôle des ressources naturelles dans les conflits armés africains, Hérodote 134(3), pp. 63-79.
- J. Klomp et K. Valckx [2014] : Natural Disasters and Economic Growth: A Meta-Analysis, Global Environmental Change, 26, pp. 183-195.
- M. R. Kumar et R. Khanam [2018] : The Impacts of International Migrants’ Remittances on Household Consumption Volatility in Developing Countries, Economic Analysis and Policy, 59, pp. 171-187.
- H. A. La et Y. Xu [2017] : Remittances, Social Security, and the Crowding-Out Effect: Evidence from Vietnam, Journal of Asian Economics, 49, pp. 42-59.
- X. Li et J. Zhou [2015] : Environmental Effects of Remittance of Rural-Urban Migrant, Economic Modelling, 47, pp. 174-179.
- D. R. Macedo, R. M. Hughes, P. R. Kaufmann et M. Calisto [2018] : Development and Validation of an Environmental Fragility Index (EFI) for Neotropical Savannah Biome, Science of the Total Environment, 635, pp. 1267-1279.
- A. L. Md. Mamun, S. C. Kazi, S. U. Gazi et S. Muhammad [2015] : Remittance and Domestic Labour Productivity: Evidence from Remittance Recipient Countries, Economic Modelling, 47, pp. 207-218.
- F. S. Mandelman et A. Zlate [2012] : Immigration, Remittances and Business Cycles, Journal of Monetary Economics, 59(2), pp. 196-213.
- A. McKay et E. Thorbecke [2019] : The Anatomy of Fragile States in Sub Saharan Africa: Understanding the Interrelationship Between Fragility and Indicators of Wellbeing, Review of Development Economics, 23(3), pp. 1073-1100.
- D. Meierrieks et T. Gries [2013] : Causality between Terrorism and Economic Growth, Journal of Peace Research, 50(1), pp. 91-104.
- R. Meins [2007] : Remittances: An Introduction, Foundation for International Migration and Development.
- R. Muggah [2014] : Deconstructing the Fragile City: Exploring Insecurity, Violence and Resilience, Environment and Urbanization, 26(2), pp. 1-14.
- E. M. Nyamongo, R. N. Misati, L. Kipyegon et L. Ndirangu [2012] : Remittances, Financial Development and Economic Growth in Africa, Journal of Economics and Business, 64(3), pp. 240-260.
- OCDE [2017] : États de fragilité 2016 : comprendre la violence, éd. OCDE, Paris, p. 204.
- OCDE [2018] : États de fragilité 2018, éditions OCDE, Paris, p. 318.
- C. Pérez-Armendáriz et D. Crow [2010] : Do Migrants Remit Democracy? International Migration, Political Beliefs, and Behavior in Mexico, Comparative Political Studies, 43(1), pp. 119-148.
- J. Reichert [1981] : The Migrant Syndrome: Seasonal US Wage Labor and Rural Development in Central Mexico, Human Organization, 40(1), pp. 56-66.
- D. Rodrik [2002] : Institutions, Integration, and Geography: In Search of the Deep Determinants of Economic Growth, Analytic Narratives On Economic Growth, Harvard University, 30 p.
- D. Roodman [2009] : A Note on the Theme of too Many Instruments, Oxford Bulletin of Economics and Statistics, 71(1), pp. 135-158.
- R. Rotberg [2004] : When States Fail: Causes and Consequences, Princeton University Press.
- S. Sayan [2006] : Business Cycles and Workers’ Remittances: How Do Migrant Workers Respond to Cyclical Movements of GDP at Home? Washington, DC: Fonds monétaire international.
- I. Sobiech [2019] : Remittances, Finance and Growth: Does Financial Development Foster the Impact of Remittances on Economic Growth? World Development, 113, pp. 44-59.
- O. Stark et D. E. Bloom [1985] : The New Economics of Labour Migration, The American Economic Review, 75, pp. 173-178.
- State Fragility Index [2019] : Fragile States Index, Annual Report 2019, Fund For Peace, 44 p.
- J. E. Taylor [1999] : The New Economics of Labour Migration and the Role of Remittances in the Migration Process, International Migration, 37(1), pp. 63-88.
- M. P. Todaro [1969]: A Model of Labour Migration and Urban Unemployment in less Developed Countries, American Economic Review, 59(1), pp. 138-148.
- M. Ünver et B. Doğru [2015] : The Determinants of Economic Fragility: Case of the Fragile Five Countries, MPRA, n° 68734, 24 p.
- D. E. Vacaflores [2018] : Are Remittances Helping Lower Poverty and Inequality Levels in Latin America? Quarterly Review of Economics and Finance, 68, pp. 254-265.
- U. R. Wagle et S. Devkota [2018] : The Impact of Foreign Remittances on Poverty in Nepal: A Panel Study of Household Survey Data, 1996-2011, World Development, 110, pp. 38-50.
- R. E. Wiest [1984] : External Dependency and the Perpetuation of Temporary Migration to the United States, in Richard C. Jones ed., Patterns of Undocumented Migration: Mexico and the United States, NJ, Rowman et Allanheld, pp. 110-135.
- K. Williams [2017] : Do Remittances Improve Political Institutions? Evidence from Sub-Saharan Africa, Economic Modelling, 61, pp. 65-75.
- J. M. Wooldridge [2013] : Introductory Econometrics a Modern Approach, 5è ed., South-Western Pub, Mason.
- D. Wu [1973] : Alternative Tests of Independence Between Stochastic Regressors and Disturbances, Économétrica, 41, pp. 733-750.
- A. B. Zouhair et L. Cassin [2019] : The Impact of Remittances on Savings, Capital and Economic Growth in Small Emerging Countries, Economic Modelling, https://doi.org/10.1016/j.econmod.2020.02.019.
Notes
-
[1]
La croissance économique en Afrique est passée de 4,4 % en 2000 à 6,8 % en 2012. Malgré la baisse enregistrée en 2016, où l’économie africaine a connu un taux de croissance de 2,2 %, des signaux assez promoteurs prévoient un taux de 3,9 % en 2020 et, selon les perspectives, la croissance s’établira à 4,1 % en 2021 (Bad [2020]).
-
[2]
Voir l’annexe n°1.
-
[3]
L’indice calculé par l’institution The Fund For Peace classe les pays selon leur degré décroissant de fragilité. Les États les plus fragiles ont des indices plus élevés, contrairement à ceux résilients. Douze composantes mesurées sur 10 points sont utilisées pour déterminer l’indice Fragility State Index. L’indice global est la somme de toutes les composantes.
-
[4]
En considérant l’aspect circulaire, les auteurs soulignent que le sous-développement peut engendrer la fragilité, de même que la fragilité peut entraver le développement.
-
[5]
À savoir : la croissance économique, les IDE, les réserves de change, le taux de change, le crédit bancaire au secteur privé, l’énergie importée, la dette extérieure et le compte de la balance courante. L’échantillon est composé du Brésil, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Afrique du Sud et de la Turquie.
-
[6]
Nous utilisons les TFM et les envois de fonds pour désigner les transferts reçus par les nationaux des membres de leurs familles émigrées.
-
[7]
Une alternative qui intègre de nouvelles mesures peut être obtenue de Adams et Page [2005].
-
[8]
L’annexe n°1 détaille la description des variables, les sources des données et les études antérieures ayant utilisé les variables retenues.
-
[9]
Dans la recherche de meilleurs résultats, plusieurs techniques d’estimation ont été utilisées. Des estimations effectuées, trois constats émergent. Tout d’abord, les estimations par la méthode des variables instrumentales (MVI), en intégrant plusieurs variables de contrôle et des variables d’interaction, ont abouti à des résultats moins satisfaisants car non significatifs. Deuxièmement, après une transformation de la base de données, nous avons estimé le modèle par les moindres carrés ordinaires (MCO). Comme précédemment, les résultats obtenus ont été moins intéressants, aussi bien en termes de signes que de significativités. Enfin, les estimations par la méthode des moindres carrés généralisés (MCG) et des doubles moindres carrés (DMC) ont également abouti à des résultats insatisfaisants. Il nous a alors semblé pertinent de considérer les estimations du modèle de base faites par les méthodes des moments généralisés en système (MMG-S). Cependant, l’introduction des variables de contrôle captant des effets d’interaction n’ont pas abouti à des résultats satisfaisants. C’est le cas des interactions entre transferts de fonds des migrants et désastres naturels ou transferts des fonds de migrants et terrorisme.
-
[10]
Ce test est réalisé sur Stata en combinant les travaux de Durbin [1954], Wu [1973] et Hausman [1978].
-
[11]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modelé par la MMG.
-
[12]
Voir l’annexe n°2.
-
[13]
La dernière moyenne est calculée sur deux années (2015 et 2016). Cette limite se justifie par la base de données de la fragilité de Fund For Peace qui va de 1995 à 2016.
-
[14]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modèle par la méthode des moments généralisés. Le résultat positif de l’effet des transferts de fonds des migrants sur certaines fragilités ne corrobore pas la littérature, malgré les multiples techniques d’estimation employées.
-
[15]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modèle par la MMG.
-
[16]
Les résultats des tests de non-stationnarité permettent d’estimer le modèle par la MMG.