Notes
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[1]
On notera que, sans mésestimer leurs traits nationaux, ces systèmes ont souvent été fondés au niveau local, comme l’illustre le cas très important des systèmes scandinaves.
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[2]
L’assistance sociale républicaine française se trouve en large opposition à cette catégorie (Barbier et Théret, 2001).
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[3]
Les prestations de logement sont inégalement séparées du reste de l’assistance, ce qui accroît la difficulté de comparaison.
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[4]
Cette base de données présente, elle aussi, des limites méthodologiques. Elle adopte un point de vue similaire à celui de l’OCDE en définissant les « minimum income benefits » comme des : « last resort schemes, which are intended to prevent destitution and to ensure a decent minimum standard of living for individuals and their dependents when they have no other or insufficient means of financial support » (Frazer et Marlier, 2016, p. 6). L’appréciation d’un niveau de vie « décent » est fortement discutable au regard des constats généraux du rapport. Les données sur lesquelles ont travaillé les experts recrutés par la Commission européenne (Direction générale de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion) ont été compilées à partir d’une base de données de l’université d’Anvers.
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[5]
Bulgarie comparée au Danemark. Eurostat (2014), « Statistiques sur la protection sociale », principaux tableaux – Prestations sociales par habitant (tps00107).
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[6]
Il s’agit de l’indicateur qui fait la synthèse entre les trois définitions admises de la pauvreté : soit pauvreté monétaire en dessous du niveau de 60 % du revenu médian ; soit pauvreté en conditions de vie ; soit pauvreté en termes d’intensité de travail dans le ménage.
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[7]
La stratégie dite Europe 2020, lancée en 2010, prévoyait de sortir 20 millions de personnes de la pauvreté. Dans sa dernière revue datant de 2016, la Commission européenne reconnaît que le nombre des pauvres s’est accru dans l’Union de 118 millions à 121 millions et en attribue la cause à la crise économique, malgré une amélioration légère entre 2012 et 2014.
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[8]
La méthode retenue est celle de la synthèse de rapports nationaux dont la qualité est inévitablement aléatoire, et les critères hétérogènes.
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[9]
La recherche dont il est rendu compte ici a commencé en 1993. Le premier débat publié à ce propos figure dans deux articles de la Revue française des affaires sociales (1996), dont le thème conçu avec J.-L. Outin (1996) était « la contrepartie ».
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[10]
Il faut souligner que les politiques originelles suédoises étaient différentes des orientations keynésiennes alors en vigueur ailleurs, même si elles s’y rallièrent, mais seulement en partie, plus tard.
-
[11]
L’OCDE, dont les statistiques peuvent servir souvent à des comparaisons de première urgence, compile des ratios de politiques actives et passives depuis 1982.
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[12]
Une confusion que ne fait pas l’allemand avec sa distinction entre Beschäftigungspolitik et Arbeitsmarktpolitik. Sur cette distinction, cependant, le droit de l’Union européenne est plus vague, comme on l’a vu avec l’insertion du chapitre « Emploi dans le traité de l’Union ».
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[13]
Les contrastes idéologiques n’en étaient pas moins importants, ainsi cette opposition du débat public entre la dénonciation de l’underclass aux États-Unis, et la problématique de l’exclusion et de l’insertion en France (Fassin, 1996).
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[14]
De ce point de vue, les politiques d’activation ont rarement et surtout très partiellement été évaluées (Immervoll, 2009).
-
[15]
Il ne faut pas oublier que les systèmes scandinaves beveridgiens sont à la fois très « dé-commodifiés » et très « commodifiés ».
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[16]
Nous avons observé un cas extrême à New York, au printemps 2004, où une controverse naquit à propos des habitants d’une cité qui se voyaient menacer d’avoir à effectuer de petits travaux de proximité pour continuer d’avoir droit à la perception de prestations d’aide au logement.
-
[17]
Ces réformes seront dites en anglais « employment-friendly », c’est-à-dire favorables à la création d’emploi. Il s’agit de l’intention de ces réformes d’activation ; la question de leurs effets réels doit être soigneusement distinguée.
-
[18]
Loïc Wacquant en a fourni l’un des exemples les plus typiques, pour qui l’insertion n’est qu’une variante d’un « nouveau sens commun pénal » visant à « criminaliser la misère et par ce biais à normaliser le salariat » (1999, p. 11).
-
[19]
Par exemple, jusqu’à la réforme du revenu minimum d’insertion (RMI) et même après la mise en œuvre du revenu de solidarité active (RSA), contrairement à la plupart des pays, l’inscription des bénéficiaires de l’assistance auprès du service public de l’emploi n’a jamais été une obligation générale et exclusive.
-
[20]
Les choses devinrent plus ambiguës avec la sélection, souvent implicite, des étrangers.
-
[21]
Le ratio assistance/seuil monétaire de pauvreté à 60 % est de 95 %. L’équivalent pour la Suède est de 67 % (66 % en Finlande, 50 % en Norvège) selon la même source de l’enquête de la Commission européenne citée.
-
[22]
Avec ce système il existe désormais quatre niveaux de sanctions finement graduées. Dans le cas de l’absence à une convocation pour emploi, les sanctions commencent à 182 jours, et dans le cas d’une troisième « offence » (délit) cela va jusqu’à trois ans de suspension de prestations. Ces sanctions sont accompagnées d’amendes de 50 à 350 livres (Dwyer et Wright, 2014, p. 32).
-
[23]
C’est une des raisons de pousser les expérimentations aux Pays-Bas et en Finlande quant à la conditionnalité et au revenu minimum en 2016-2018.
-
[24]
Au Royaume-Uni, la différence entre prestations de chômage et d’assistance a pratiquement disparu, et elle a fortement baissé pour les prestations d’invalidité.
-
[25]
Pendant ce temps, les bénéficiaires continuent de percevoir leurs anciennes prestations. À la mi-2016 encore, il y avait moins de 300 000 bénéficiaires, principalement des personnes seules au chômage (Timmins, 2016, p. 60).
-
[26]
Dans le principe des « droits et obligations », même après les réformes successives du RMI, l’inscription au service public de l’emploi n’est pas la seule façon d’honorer l’obligation d’activité correspondant à la perception d’un minimum social pour une personne d’âge actif.
-
[27]
Si l’on laisse à part les contrats aidés dans le secteur marchand, difficilement comparables au plan international, il y avait encore plus de 300 000 contrats aidés en stock fin 2015 dans le secteur non marchand, malgré des décennies de critiques politiques (DARES, 2016) – le stock des années 1995 était de 500 000, du moins jusqu’à la décision du gouvernement Philippe en septembre 2017 de le réduire fortement.
-
[28]
Pour la France, entre 1997 et 2005, la part totale des dépenses sociales correspondant au chômage, à l’exclusion et à l’invalidité, est restée de 15 % dans les dépenses de protection sociale selon les chiffres Eurostat ; pour le Royaume-Uni, elle a baissé de 15 % à 12,3 % et pour le Danemark, elle est passée de 27,4 % à 26,4 %.
-
[29]
Pour garder les trois mêmes pays de comparaison, la tendance s’est maintenue en France et au Danemark entre 2008 et 2014, alors que le Royaume-Uni a réalisé, sous le gouvernement conservateur, une diminution importante des coûts (la part des prestations chômage et exclusions dans les dépenses britanniques est passée de 6 % du total en 2008 à 4, 3 % en 2014. Ces parts étaient respectivement de 8 et 9,12 % pour les mêmes années en France, et de 6 et 7,45 % au Danemark.
Introduction
1Pour comparer les systèmes d’assistance sociale au sein de l’Union européenne, il faut abandonner l’idée franco-française de « minima sociaux ». On peut recourir au terme de minimum income benefits (MIB), comme le font plusieurs travaux comparatifs récents (Wang et van Vliet, 2016 ; Immervoll, 2009 ; Barbier et Knuth, 2010). Il faut souligner d’emblée cependant que les études comparatives sur ce domaine de la protection sociale ne sont pas nombreuses et qu’elles restent souvent partielles et fondées sur des données difficiles à rendre homogènes. Immervoll (ibid.) signale que « presque tous les pays de l’OCDE » ont de telles prestations, qu’elle range sous la catégorie safety-net benefits censés fournir an acceptable standard of living for families unable to earn sufficient incomes from other sources. Qu’il s’agisse d’un niveau de vie « acceptable » est certainement, on va le voir dans cet article, une question hautement contestable. Qu’il s’agisse de « presque tous les pays » est également difficile à accepter quand on sait que, parmi les pays du sud de l’Europe, l’Italie, après tant de projets manqués, n’a toujours pas, au début 2017, de prestations d’assistance nationales, que les systèmes grec et espagnol sont aussi très disparates, et qu’enfin, l’immense majorité des pays ex-communistes ne mettent en œuvre que des programmes très peu généreux. Les études comparatives incluent souvent les prestations d’assurance chômage, ou, là où elles sont ainsi désignées, d’assistance chômage, et présentent des recoupements nombreux avec les prestations familiales ou les prestations d’invalidité. Chacun sait que la lutte contre la pauvreté est un très ancien objectif politique, qui remonte aux origines de la protection sociale, et que, dans certains pays, comme la Grande-Bretagne ou les pays scandinaves et les pays protestants (Kahl, 2005), le poor relief (les subsides aux pauvres) a été un axe central des politiques, et le reste parfois, comme en Grande-Bretagne.
2En ouverture de l’article, il est indispensable de fixer les grands caractères de ce que « représente quantitativement l’assistance sociale » en Europe aujourd’hui, et ce, « pour une double raison » : la littérature comparative, se concentrant sur sa réforme, a trop souvent complètement laissé de côté cette précision, tout en dissertant abondamment sur les variations de ce qu’on a appelé « l’activation » des chômeurs. Il n’est pourtant pas difficile de montrer (voir tableaux 1, 2 et 3) combien les dépenses d’assistance sont une très faible part des dépenses de la protection sociale. Dans cette première partie, on part de l’observation selon laquelle il y a une vingtaine d’années, dans de nombreux pays, un objectif volontariste a été formulé par une poignée de dirigeants politiques qui ont prétendu qu’ils allaient « éradiquer » la pauvreté « en rendant le travail payant (rémunérateur) ». Le premier à énoncer la promesse fut le Premier ministre Blair, pour qui la pauvreté des enfants serait vaincue en 2020. On sait aujourd’hui que cet objectif ne sera pas atteint, comme l’ont montré, en particulier, les travaux de la fondation Rowntree. Outre celui qui se présentait volontiers en rénovateur profond de la protection sociale, d’autres dirigeants lui ont emboîté le pas dans beaucoup de pays pour promouvoir ce qui devait être, étalée sur un grand nombre d’années, une réforme politique centrale de ce qu’on appelle en France les minima sociaux, et qu’on appelle partout ailleurs l’assistance (welfare aux États-Unis et en Grande-Bretagne, Sozialhilfe et Hartz IV en Allemagne, dagpenge au Danemark). Il s’agissait de mettre en avant des « stratégies d’activation » dont le bilan en demi-teinte de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mérite d’être cité d’emblée : « Depuis les années 1990, les débats de politique sociale dans les pays de l’OCDE ont mis de plus en plus l’accent sur la nécessité de politiques actives ou « activantes » de soutien […] ce qui a signifié l’apport d’assistance pour favoriser l’autonomie, associée à la possibilité de sanctions concernant les prestations si les bénéficiaires ne se conformaient pas à une conduite adéquate. […] Ces réformes sont devenues centrales dans un grand nombre de domaines de politique sociale. Mais les succès ont été incertains […] ils ont été bien plus difficiles à atteindre, en matière de revenus et d’insertion sur le marché du travail, pour les bénéficiaires de l’assistance sociale et des autres prestations de dernier recours » (Immervoll, 2009, p. 4 ; voir aussi Martin, 2014, pour une appréciation analogue). C’est cette réforme qui a occupé le devant de la scène et les propos des dirigeants politiques : c’est à son examen que l’essentiel de l’article est consacré.
Pourcentage des prestations chômage et exclusion dans le total des dépenses sociales
Pourcentage des prestations chômage et exclusion dans le total des dépenses sociales
Taux de risque de pauvreté et d’exclusion sociale, pourcentage de la population totale
Taux de risque de pauvreté et d’exclusion sociale, pourcentage de la population totale
Note : les pays où l’indicateur AROPE était le plus faible en 2015 sont la République tchèque (14,0), la Finlande, la Suède et les Pays-Bas (respectivement 16,8 ; 16,8 et 16,0).Ratios entre le salaire minimum net, les prestations d’assistance et le seuil de pauvreté monétaire. Couple avec deux enfants (2012)1,2
Ratios entre le salaire minimum net, les prestations d’assistance et le seuil de pauvreté monétaire. Couple avec deux enfants (2012)1,2
Note : 1. Les chiffres correspondants sont de 67 % pour la Suède et 50 % pour la Norvège.2. Ce chiffre correspond uniquement aux niveaux géographiques où il existe des prestations.
3Pourtant, dans le détail empirique, les institutions (acteurs, financements, règles, etc.) sont très variables. Elles entretiennent des liens étroits avec l’histoire de longue durée de chaque communauté politique, mais un vocable politique courant s’est imposé quand on en parle, que ce soit en Pologne ou au Portugal, c’est le mot venant de l’anglais européen activation. J’ai montré qu’un concept sociologique pouvait en capturer les traits, « l’activation de la protection sociale » (Barbier, 2002) sur l’histoire de laquelle nous revenons ici en détail. Cette réforme, qui a modifié partout (à des degrés divers) l’architecture des systèmes de protection sociale et de sécurité sociale au cours des vingt dernières années, a passionné la plupart des hommes politiques qui en ont fait une question de justice sociale et de « droits et responsabilités » dans leur société, alors même que la place des prestations d’assistance restait cependant très faible dans l’ensemble de la protection sociale. L’écart a été le plus manifeste aux États-Unis où le workfare fut une cause nationale à l’importance démesurée à partir de la présidence Reagan jusqu’à celle de Bill Clinton. On montrera aussi qu’il a existé depuis la fin des années 1990 des types-idéaux d’activation, qui se sont maintenus au cours des deux décennies. L’analyse en « mondes du welfare » s’est largement révélée inadéquate à cet égard.
4Dans la deuxième partie, on pourra alors faire un point de l’état actuel des systèmes d’assistance, après la mise en œuvre transnationale de la réforme du « workfare » et de « l’activation ». Depuis ses premières réalisations, il n’y aura pas eu d’autres réformes significatives de l’assistance sociale, dans l’Union européenne ou aux États-Unis. Alors même qu’on se posait la question, au seuil de la crise de 2008, de la pertinence du maintien des stratégies dites d’activation en raison de la raréfaction des emplois − donc : des occasions concrètes « d’activation des pauvres » − (Immervoll, 2009 ; Martin, 2014), tout s’est passé comme si la crise avait eu très peu d’effet sur les politiques d’assistance sociale : on a continué à défendre et à illustrer ces politiques dans le but de promouvoir l’emploi d’abord et sur la base du fait que les dispositifs devaient être conçus comme « incitatifs », comme l’a bien illustré l’introduction du revenu de solidarité active (RSA) en France. Les types d’intervention repérés dans la première partie, différents selon les pays et leurs traditions de protection sociale, ont pour l’essentiel persisté, parfois après, comme en Allemagne, un changement radical. En outre, on s’aperçoit, grâce au recul, que les effets de la réforme ont été très peu et très partiellement évalués (Barbier, 2009). Comme s’il y avait, en matière d’activation de l’assistance, un effet d’hystérésis : les réformes se maintiendraient pour leur intérêt politique, alors même que leurs effets en matière d’emploi et d’exclusion sociale sont incertains selon les pays, selon les catégories de personnes – par exemple, les chômeurs de longue durée – et pour l’essentiel, impossibles à transférer d’un pays à l’autre (Martin, 2014, p. 26). Ainsi, dans le même temps, la diversité très grande des façons de faire l’assistance sociale en Europe s’est maintenue. Ce serait la matière d’un autre article que de réfléchir plus qualitativement sur des réformes en quelque sorte alternatives à la doxa dont bénéficie l’activation de l’assistance sociale.
La réforme politique de l’assistance en Europe (1988-2017) : « workfare » et « activation »
5Chaque système national [1] d’assistance – en anglais social assistance [2] – s’est construit avant que l’opposition structurante entre assurance et assistance ne se stabilise, et pendant un temps, l’assurance fut réputée devoir remiser l’assistance au magasin d’un passé révolu. L’assistance sociale n’a pour autant pas disparu, en France comme ailleurs. Les prestations d’assistance versées par les pouvoirs publics n’existent pas partout (elles sont absentes en Italie sauf dans quelques villes et régions) et elles sont concurrencées par les secours privés, versés par les organisations religieuses ou philanthropiques. Dans la plupart des pays européens, des systèmes publics existent cependant, surtout gérés au niveau local et parfois national, distribuant des prestations plus ou moins discrétionnaires. Ils s’accompagnent d’une multiplicité de suppléments, versés en raison de circonstances de santé particulières, de circonstances de logement [3], de la taille des familles, etc. La grande diversité de leurs formes et de leur gestion interdit les comparaisons faciles. C’est pourquoi les bases de données existantes aujourd’hui ont toutes des spécificités. À part l’étude déjà citée publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2009, il en existe plusieurs qui ne couvrent pas exactement les mêmes champs : celle de l’université de Leiden (Wang et van Vliet, 2016), celle utilisée par Nelson, (2013) et celle exploitée par la Commission européenne [4] (Frazer et Marlier, 2016).
Un secteur en général marginal, à l’importance paradoxale
6Selon les statistiques collectées par Eurostat, en 2014, en raisonnant en termes de parité de pouvoir d’achat (PPA) entre les pays les plus pauvres de l’Union européenne et les plus riches et, surtout, généreux (hors le cas spécial du Luxembourg), les prestations de la protection sociale dans son ensemble vont de 1 − 2 461 euros par personne − à plus de 4,2 − 10 644 euros [5]. C’est le premier trait de l’assistance sociale en Europe : l’écart est majeur entre eux, et particulièrement grand entre les pays du nord de l’Europe, les pays du Sud et les pays d’Europe centrale, ce qui souligne les différences considérables de niveau de vie au sein de l’Union. En deuxième lieu, le secteur de l’assistance reste marginal au sein la protection sociale. Ceci ressort de l’examen du tableau 1 de l’annexe qui compare, dans le total de la protection sociale, la part des dépenses sociales consacrées au chômage et à l’exclusion dans une sélection des 28 pays. Notons que le contenu de ce tableau illustre la complexité des comparaisons de l’assistance sociale, dans la mesure où, pour les dépenses consacrées à l’exclusion sociale, les pourcentages ont des explications à la fois économiques, mais d’abord institutionnelles, voire culturelles-politiques (faiblesse insigne en Grèce et Italie ; cas inverse de la Bulgarie) ; il y a aussi des explications spécifiques à l’importance relative et conjoncturelle du chômage (cas de l’Espagne, cas inverse de l’Allemagne). À part l’Espagne, les pays du Sud et les pays d’Europe centrale ne consacrent au total à leur indemnisation du chômage et de leurs prestations « de dernier ressort » que moins de 5 % de leurs dépenses sociales, et l’exclusion émarge en général à moins de 1 %. Les inégalités résultantes en termes de pauvreté sont un troisième trait essentiel : elles peuvent être analysées via l’indicateur dit AROPE (At Risk of Poverty and Social Exclusion), lequel a désormais été intégré dans les indicateurs auxiliaires du suivi de la procédure du semestre européen [6] ; le tableau 2 illustre les écarts très nets entre les pays ex-communistes, les pays du Sud – avec le Royaume-Uni –, et les pays du nord de l’Europe, desquels la France se rapproche, sur la période qui inclut la crise économique de 2008. Les évolutions des différents indicateurs doivent être interprétées au regard des circonstances politiques et économiques particulières à chaque pays et à ses réformes institutionnelles. Certaines performances apparaissent notables dans le groupe des pays d’Europe centrale, ce qui n’empêche pas le niveau relatif de cet indicateur d’y rester élevé ou très élevé. Pour le reste, on notera évidemment le cas des très hauts taux de pauvreté de la Grèce après 2012, et aussi des taux relativement élevés dans les pays latins (la valeur de l’indicateur du Portugal – qui ne figure pas dans le tableau – est proche de celle de l’Espagne), qui ont tendance à s’accroître après 2010. Dans les pays les plus riches, le cas de l’Allemagne tranche enfin par son haut niveau relatif, à l’encontre de sa réputation de prospérité économique ; le cas de la France aussi, qui se rapproche du groupe des pays scandinaves en fin de période avec un taux AROPE inférieur de plus de deux points à celui de l’Allemagne. Cette évolution se situe, par ailleurs, dans le cadre d’une trajectoire d’échec radical de la stratégie Europe 2020 quant à son objectif de diminution de 20 millions de pauvres dans l’Union européenne, objectif qui ne sera pas atteint en 2020 [7]. On ne peut, pour autant, établir précisément des liens de causalité ou corrélation entre les valeurs du taux AROPE et des facteurs bien identifiés (comme les évolutions des politiques) : l’on retrouve ici la difficulté particulière de l’évaluation déjà signalée dans le domaine de l’assistance sociale. L’inégalité interne de l’Union européenne est tout aussi marquée dans le tableau 2 que dans les tableaux précédents. Ce qui domine dans les pays du Nord (y compris la France) est une certaine stabilité des taux, y compris au Royaume-Uni, même dans les années les plus défavorables de la crise. Cependant, y compris dans ces pays, il ne fait aucun doute que la réponse des pouvoirs publics en matière de prestations est largement insuffisante. Le cas des pays scandinaves est spécifique – compte tenu de leur orientation égalitaire, qui, toutefois a eu tendance à s’amenuiser –, car ce sont toujours, en 2017, les sociétés les moins inégalitaires de l’Union. Enfin, l’insuffisance relative des prestations d’assistance sociale est un trait général (tableau 3). Dans les nouveaux États-membres adhérents en 2010, les prestations d’assistance équivalent en général à un tiers du niveau du seuil de pauvreté monétaire. Dans les pays du Sud (hors Grèce), ce taux est plutôt de la moitié, et entre la moitié et les deux tiers pour les autres pays, sauf le Danemark, qui est l’exception de générosité. Ces éléments ne sont pas nouveaux. Aussi n’est-il pas étonnant que les experts réunis par la Commission européenne aient de grandes difficultés à faire apparaître des aspects positifs dans leur évaluation comparative des systèmes d’assistance sociale. Ces experts ont choisi dans leur rapport de 2016 cinq critères (Frazer et Marlier, 2016) : l’adéquation des systèmes, leur taux de couverture, le non-recours, l’impact sur la réduction de la pauvreté, et le lien avec les politiques actives du marché du travail et les autres services de qualité. Sur tous ces critères, ils formulent un jugement très global : quant à l’adéquation, seuls deux pays de l’Union européenne sont vraiment qualifiés selon eux, Chypre et les Pays-Bas ; quant à l’impact sur la pauvreté, seuls les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Irlande sont censés avoir un fort impact de leur système sur la réduction de l’indicateur, et sept pays sur l’intensité de la pauvreté : Autriche, Belgique, Chypre, Irlande, Luxembourg, Portugal et Royaume-Uni (ibid., p. 35-36). Sur tous les autres critères, l’évaluation est : « partielle » ou « inadéquate ». Pour autant qu’une évaluation soit possible à ce niveau si agrégé, les liens efficaces avec les politiques actives ne sont enfin notés que dans deux pays, la Hongrie et Malte. Pour le reste, l’immense majorité des pays est classée dans une catégorie « moyenne », à l’évidence très aléatoire dans sa détermination, le document de la Commission souffrant d’approximations, compte tenu de sa méthode [8].
7En définitive, bien que les personnes les plus vulnérables dépendent de ces systèmes de prestations d’assistance dans la majorité des pays, la conclusion générale, confirmée par d’autres études (Immervoll, 2009 ; Nelson, 2013 ; Pfeiffer, 2012), est qu’ils sont globalement insuffisants et qu’ils couvrent une fraction toujours insuffisante des besoins des personnes pauvres et exclues socialement. Ces conclusions ne sont pas récentes (voir Pfeiffer, 2012, qui utilise des données des années 2000, avant la crise, et qui fait le point des travaux précédents pour les pays les plus riches), et ne tiennent pas à une dégradation subite due à la crise économique, « elles s’imposent de façon structurelle et permanente ». L’appréciation des experts de la Commission sur le lien avec les politiques dites « actives » jette en outre un soupçon sur l’efficacité de celles-ci (Frazer et Marlier, 2016, p. 36) que nous allons aborder plus précisément maintenant. On notera que des appréciations générales très mitigées se retrouvent de façon comparable au fur et à mesure que de nouvelles études sont publiées (Immervoll, 2009 ; Pfeiffer, 2012 ; Wang et van Vliet, 2016).
La grande réforme des années 1980-1990
8On dispose désormais d’un recul adéquat pour rendre compte de la réforme de l’assistance – laquelle a pris généralement la dénomination de « politique d’activation ». Très souvent, cette réforme est décrite à partir des traits simplifiés correspondant aux mots d’ordre politiques dans les différents pays. Ces mots d’ordre sont traduits en anglais (ou de l’anglais), ce qui a pour conséquence qu’on pourrait croire toutes les réformes identiques. Ainsi, on évoque souvent le thème « droits et obligations », qui fait, par exemple en France, entrer le bénéficiaire dans une situation juridique l’obligeant à certaines démarches de recherche d’emploi ou d’activité. En danois, la formule présentée au bénéficiaire est ret og pligt, mais le contenu des droits et obligations est extrêmement différent de ce qu’il est en France. En Grande-Bretagne, toutes les prestations sont désormais soumises à un work test obligatoire qui n’existe pas dans la plupart des autres pays. Comme on s’en doute, les réformes se sont construites selon des calendriers et avec des méthodes très diverses, avec également des justifications idéologiques, morales et politiques différentes. L’accès à une prestation de solidarité quand on manque de ressources est, en effet, typiquement une opération qui met en jeu la solidarité au sein de la communauté politique (Rothstein, 1998 ; Barbier, 2008). Il faut donc procéder en deux temps : tout d’abord, il s’agit d’expliquer comment les réformes se sont succédé dans le temps en Europe. C’est la France qui, avec le revenu minimum d’insertion (RMI) − au même moment que les États-Unis, avec le Family Support Act et le workfare associé − a été le pays pionnier. L’Allemagne au contraire a été la dernière. En second lieu, on peut tirer de l’examen de cette histoire les traits essentiels qui caractérisent les réformes, jusqu’à former des types. C’est en passant ainsi à la généralité qu’on peut jauger avec précision ce qui est commun et ce qui est spécifique aux différents types et pays.
Les stratégies d’activation de la protection sociale en Europe et aux États-Unis
9En 2017, le vocable « activation » est couramment employé sans aucun complément dans la recherche en sciences sociales sur les politiques sociales, dans les différentes langues (Aktivierung ; activation ; attivazione ; aktivering, etc.). L’expression est le plus souvent inconnue des personnes qui perçoivent l’assistance, sauf dans le cas où l’administration leur parle avec ce mot, comme c’est le cas au Danemark depuis le début des années 1990. Cette expression ressortit en fait directement à un « langage politique » qui s’est vraiment installé dans la deuxième partie des années 1990. Peu de chercheurs ont mis en question le vocable en soi, beaucoup se contentant de reprendre la notion de la bouche des hommes et femmes politiques sans essayer de la définir comme un concept de la politique sociale. Au début des années 2000, une définition a été suggérée (Barbier et Ludwig-Mayerhofer, 2004) à partir d’une comparaison par paires de huit pays (Royaume-Uni, Slovénie, Italie, France, Danemark, Norvège, Allemagne et Autriche) Pour synthétiser, la réforme, depuis les années 1990, a essentiellement consisté en deux objectifs : exiger des personnes recevant les prestations qu’elles changent leur conduite et transformer les systèmes de protection sociale pour les rendre plus compatibles avec la création d’emplois.
10On évitera ici l’expression « activer les chômeurs » ou « activer les pauvres » (Barbier, 2011, p. 48), parce qu’elle est douteuse sur le plan éthique. On « active » en général des mécanismes, des choses, mais pas des personnes ; c’est un signe du temps présent que d’utiliser de façon croissante pour les personnes des verbes traditionnellement réservés à l’action sur les choses. Beaucoup de confusions se sont glissées dans l’incertitude initiale de la définition d’un type de réforme destiné à « traiter » les bénéficiaires de l’assistance. L’histoire de ces programmes permettra d’en rencontrer deux au moins : celle du workfare, et celle de la nouveauté des programmes par rapport à ceux qui existaient auparavant sous la forme des « politiques actives de l’emploi ». L’examen historique faisant place à un grand nombre de pays permet de comprendre pourquoi les dirigeants politiques ont saisi le mot d’ordre dans leur action politique. Ce travail historique rétrospectif ne saurait pourtant être ici exhaustif [9]. L’étude de l’histoire est d’autant plus importante que les bases définitionnelles et pratiques des politiques dites « d’activation » sont toujours, pour l’essentiel, en vigueur en 2017. Certes, de nombreuses inflexions ont été pratiquées, comme l’a par exemple montré en détail H. Jørgensen (2013) à propos du Danemark. Enfin, si la littérature à propos des formes de « l’activation des chômeurs » est très abondante, celle sur l’activation des systèmes l’est beaucoup moins. Le pays où le choc du changement a été le plus fort a été l’Allemagne, comme en témoigne l’ouvrage coordonné par Eichhorst et al. (2008). Plusieurs analyses ont eu tendance à se fixer uniquement sur les transformations de la situation des chômeurs et des personnes recevant l’assistance, alors même que des réformes plus amples prenaient place – par exemple, l’expansion puissante des crédits d’impôt ou en France, la réduction des cotisations sociales.
Politiques actives suédoises et politiques contemporaines d’activation
11Il faut donc rappeler d’abord la première origine de l’emploi du mot « actif » dans le domaine des politiques sociales et de l’emploi en Europe. C’est en Suède que fut inventée la notion de « politiques actives du marché du travail » − on parlait aussi à l’époque de « politiques actives de la main-d’œuvre » − (Barbier et Sylla, 2004). Débattue à partir des années 1930, elle y fut mise en œuvre dans les années 1950. Il en est resté historiquement une « conception originelle de l’activation », comme pierre angulaire de la politique de l’emploi suédoise ; celle-ci impliquait que tout chômeur qui ne peut trouver un emploi doit en premier lieu se voir proposer une formation ou une mesure appropriée. Combinées avec une politique solidaire et centralisée des salaires, et avec une politique budgétaire restrictive [10], les politiques actives de l’emploi ainsi conçues ont représenté pendant quelques années ce qu’on a appelé le modèle Rehn-Meidner. C’est d’ailleurs Gösta Rehn lui-même, en tant que responsable à Paris du secrétariat de l’Emploi et des Affaires sociales de l’OCDE, qui fit la promotion de l’activation des politiques de la main-d’œuvre, de 1962 à 1973 (Wadenjsö, 2001). Une première référence internationale d’« activation », qu’on peut considérer comme « ancienne activation » avec le recul, a donc pris forme ainsi. Alors que les conceptions économiques dominantes changeaient à la fois à la tête de l’OCDE et dans les grandes nations, la notion de politiques actives changea par la suite de nature. Comme la politique de l’emploi – au sens de la « politique du plein emploi » précédemment préconisée – disparaissait des recommandations, les politiques de l’emploi (au pluriel) devinrent des interventions diversifiées censées aider les nouvelles recommandations fondées sur les références monétaristes et néolibérales. On parla ensuite systématiquement des réformes structurelles – dont celles du marché du travail. À partir de 1964, l’OCDE modifia assez vite la conception héritée de Rehn et de Meidner, la détachant de ses interactions avec la politique économique et des revenus, pour fonder une critique de ce que l’organisation désigna comme « politiques passives [11] » (indemnisation du chômage et retraites anticipées). D’où la conséquence très importante sur la différence entre « l’ancienne conception » de l’activation des politiques et la contemporaine : les politiques actives (sociales ou de l’emploi) sont devenues des équivalents de politiques de l’offre de travail. Ces dispositifs visèrent, au moins partiellement, à délégitimer, sous le couvert de justifications orthodoxes de politique économique, la protection sociale (assistance et assurance chômage) considérée comme susceptible de décourager la recherche de travail. Cependant, l’OCDE, jusque dans la deuxième moitié des années 1990, ne parla pas pour autant de politique ou de « stratégie d’activation ». Il a fallu d’autres innovations pour que ce mot d’ordre triomphe. Mieux, le nouveau vocabulaire, à l’OCDE du moins, n’a pas fait disparaître la distinction entre les classiques « politiques du marché du travail » (qu’on appelle souvent en français « politiques de l’emploi » en risquant la confusion avec les politiques de plein emploi [12]). Aujourd’hui encore, les responsables de l’OCDE et ses experts dirigeants insistent sur la distinction (Martin, 2014).
Workfare et insertion
12Au moment même où se développaient ces nouvelles politiques de l’emploi, celles d’après le keynésianisme dominant, qui donnaient lieu à un déploiement résolument varié en Europe (Barbier et Gautié, 1998), une volonté de réforme de l’assistance et de la prise en charge du chômage a progressivement pris forme dans différents pays. La réflexion s’est rapidement développée dans les pays scandinaves, mais, du point de vue des réalisations, ces derniers ne furent pas les premiers à prendre l’initiative sur le sujet des bénéficiaires de l’assistance, qui, nombreux depuis les années 1970 dans ces pays (Norvège, Suède, Danemark), bénéficiaient de prestations relativement élevées vis-à-vis des prestations d’assurance chômage, en liaison avec l’esprit « de droit commun » qui inspire les régimes nordiques (Rothstein, 1998). Cependant, dans la littérature comparative, on ne s’est pas assez aperçu, et surtout pas en France, du fait que les pays pionniers de ce qu’on est en droit rétrospectivement d’appeler une « activation avant la lettre » ont été les États-Unis et la France. Pour le premier pays, c’est en 1988 que le Family Support Act, sous Ronald Reagan, a été adopté par le Congrès et a généralisé le recours au workfare, pour la mise en œuvre du programme Aid for Families with Dependent Children − AFDC (King, 1998, p. 276-277). Le workfare avait été inventé bien avant, sous la présidence de Richard Nixon, le mot ayant été formé (de work et welfare) par le journaliste William Safire. Une partie significative de la littérature a pourtant utilisé cette expression malencontreusement en dehors de son contexte d’origine américain (en particulier Rosanvallon, 1995). L’expression fut promue avec un grand succès par Nixon en 1969. Elle est utilisée de façon polémique par les critiques républicains de l’assistance aux familles pauvres, pour leur opposer des programmes qui obligent les bénéficiaires à travailler − ou à accepter des activités liées au marché du travail en échange de la perception de l’aide − (Morel, 2000). Ces programmes, existant depuis les années 1970, ont connu une large notoriété au moment de la réforme de 1996 de l’assistance, sous Bill Clinton, qui a finalement durci les conditions d’éligibilité à l’aide sociale pour les bénéficiaires (en majorité, des mères isolées). La première « activation » des chômeurs dans les États-Unis contemporains consistait principalement à mettre en œuvre des punitions (par le travail), et elle bénéficia, avec Clinton, d’un soutien « bi-partisan ». Les deux bords du spectre politique s’entendirent sur le fait d’en « finir avec l’assistance telle qu’on la connaît » (« End welfare as we know it » fut le slogan de Clinton). Exactement au même moment, la loi du revenu minimum d’insertion (RMI) était votée en France, apportant une étape nouvelle à la politique de l’insertion qui s’était construite, de façon multiforme depuis les années 1970 (Eme, 1997). Si la France se trouva aussi parmi les pays pionniers, cela ne fut pas du tout dans la même logique que la logique punitive américaine (Morel, 2000). À cette époque, personne n’aurait pensé en France la politique de l’insertion française comme une réforme « d’activation ». Cependant, le contraste entre les deux initiatives, américaine et française, allait changer le regard, avec le temps. Ce qui est apparu à quelques chercheurs, a posteriori, c’est que, par rapport à la réforme Clinton qui se dessinait, la réforme du RMI constituait une option presque opposée (Barbier et Théret, 2001). La notion d’insertion (Maclouf, 1992), incluant d’abord les jeunes, puis les personnes handicapées, allait s’avérer constituer une innovation française durable de politique sociale. D’un côté, la réforme punitive, menaçant par des sanctions les personnes supposées réticentes au travail, voire tricheuses, de l’autre la visée républicaine cherchant à faire entrer tous les citoyens dans leurs droits y compris quand ils sont pauvres et exclus. On sait bien que ces formes stylisées ont souvent été différentes de la réalité prosaïque de la mise en œuvre, jusqu’aux nouvelles réformes qui devaient s’échelonner depuis cette époque. En tous les cas, bien qu’on n’employât jamais le mot, ni aux États-Unis ni en France, les deux pays conduisaient à l’époque une « forme d’activation de l’assistance sociale avant la lettre en modifiant de façon très importante les politiques publiques. Cette modification, dans les deux pays, était centrée sur les personnes pauvres et non sur les chômeurs en tant que tels ». Cette distinction est très importante : en effet, à côté de ces innovations qui prenaient une importance politique inédite [13] des deux côtés de l’Atlantique, les formes classiques d’indemnisation du chômage dans les deux pays restaient bien entendu en vigueur ainsi que les formes héritées du passé des politiques du marché du travail (avec de grandes différences, là aussi, entre les deux pays pionniers).
L’aktivering à la danoise
13La réflexion politique, en liaison avec un débat sur la place du travail dans la société, se poursuivait dans les pays scandinaves. En Suède et en Norvège, on vit s’installer une forme « d’activation » de l’assistance qui n’en prit pas d’abord le nom, sous l’étiquette de la « ligne du travail » dans la première moitié des années 1990 (en Norvège, « arbejdslinjen » [Dahl et Dropping, 2001, p. 270-77] ; en Suède [Hort, 2001, p. 252 sqq.], « arbetslinje »). En Norvège, d’ailleurs, les chercheurs, par ailleurs familiers des évolutions américaines, se mirent à parler des réformes comme d’un workfare (Lødemel et Trickey, 2000), utilisant le mot américain avec leurs collègues américains. Déjà à cette époque, les justifications qui allaient se généraliser ailleurs quant à la préférence du travail (ou « le travail en premier ») par rapport à l’assistance, étaient présentes. Mais c’est le Danemark qui devait connaître la notoriété, avec son introduction de la politique d’aktivering. Le mot fit mouche, « activation » au sens strict employé en connivence entre le parti social-démocrate au pouvoir et les syndicats qui participèrent étroitement à la mise en œuvre de ces programmes. Le Danemark, à l’époque, entrait dans une phase d’activisme sur la scène européenne, mettant en avant son « modèle » qu’il allait plus tard promouvoir, de la « flexicurité ». Aktivering et flexicurité étaient étroitement liées, et les deux réformes comportaient une dimension nette de rivalité (classique) avec la Suède. La politique d’activation de l’assistance et des chômeurs fut déployée au Danemark à partir de 1992, sous le gouvernement socialiste de P. Nyrup Rasmussen, en trois étapes : la première réforme concernait les jeunes et les obligeait à accepter un emploi si l’administration leur en proposait un (ou une formation). L’introduction de cette première réforme fut un succès et les jeunes cessèrent de s’inscrire pour les prestations d’assistance. Ils étaient « activés » par la menace de l’imposition d’un emploi, et par la tentation, dirent alors les autorités, de se former. La mesure de « l’activation » des personnes fut généralisée ensuite à tous les chômeurs, puis, en 1998, aux bénéficiaires de l’assistance. Bien entendu, les personnes éligibles à l’assistance (communale au Danemark) ne furent pas d’un seul coup considérées comme « disponibles pour le marché du travail », et l’histoire de l’aktivering au Danemark illustre une longue série de réformes qui ont fait suite à celles introduites dans les années 1990. À chaque fois, il s’est agi d’être de plus en plus exigeant avec les chômeurs et les bénéficiaires de l’assistance (Jørgensen, 2013).
Grande-Bretagne et Allemagne
14Le Royaume-Uni a été parmi les plus fervents adeptes de « l’activation » en Europe, à partir de 1997 et de l’arrivée du New Labour au pouvoir. Contrairement à ce qu’on croit souvent cependant, il ne s’agissait pas d’une application simple des principes anciens de la protection sociale britannique. Le Royaume-Uni, en adoptant ses propres politiques d’activation de la protection sociale, n’est pas un pionnier, puisqu’il vient après les États-Unis, la France et les pays scandinaves. Le tournant décisif est pris par le parti travailliste préparant son accession au pouvoir, sous l’influence d’un sociologue (A. Giddens) et d’un économiste (R. Layard). En cela, le Labour s’inspire à la fois des politiques américaines de crédits d’impôt (l’Earned Income Tax Credit − EITC) et de la réforme des exigences pour les titulaires de l’AFDC. Les critiques ont parlé de wisconsinization de la protection sociale britannique, parce que les expérimentations pionnières venaient de l’État du Wisconsin. L’influence de l’EITC fut plus discrète. Les Britanniques, au demeurant, ne reconnaissaient pas volontiers l’influence du workfare, notamment parce que ces programmes avaient mauvaise réputation. Les syndicats britanniques ne voulaient pas de l’exemple américain, et ils prirent soin d’expliquer, quand ils soutinrent les premières réformes du Labour, que ce qu’on faisait en Grande-Bretagne n’était pas du workfare, mais du welfare-to-work. Ce n’est que beaucoup plus tard que la gauche travailliste devait reprendre la critique du workfare, sous le gouvernement Cameron, quand le ministre Iain Duncan Smith présenta ses réformes radicales. Les conservateurs (menés par John Major), au début des années 1990, caressaient l’idée d’aggraver les conditions restrictives d’accès aux prestations chômage, mais ils ne voulaient pas entendre parler d’initiatives d’aide à l’emploi, craignant que l’État ne se transforme en « employeur de dernier ressort » : ils ne menèrent pas réellement une stratégie d’activation. La logique d’activation travailliste fut donc une réelle innovation. La politique prit la forme des New Deals, l’un des piliers de l’activation contemporaine. Son premier et principal programme a été destiné, à partir de 1998, aux jeunes de 18 à 24 ans au chômage depuis plus de six mois. Ces programmes se sont ensuite étendus peu à peu à d’autres catégories et ils s’insérèrent dans une logique générale d’extension des crédits d’impôt (les cotisations sociales ayant par ailleurs été systématiquement réduites pour tous les employés). Les News Deals visèrent dès leurs débuts une insertion professionnelle rapide sur le marché du travail ; d’autres options que le placement immédiat sur le marché sont restées marginales en termes quantitatifs (en particulier, le recours aux subventions à l’emploi, d’abord réservées au secteur privé, puis étendues au secteur public). Le rejet par l’État d’une fonction d’employeur de dernier ressort est resté constant. Les programmes des Intermediate labour markets (ILM) et des emplois aidés sont toujours restés marginaux. Le projet d’activation du New Labour ne s’est pas limité pourtant à la mise en œuvre de cette stratégie de passage de l’assistance à l’emploi ordinaire, à travers la mise en œuvre de programmes de dynamisation de la recherche d’emploi et de fourniture de services améliorés par le service public de l’emploi. Il utilisa une logique fortement punitive (marquée par un programme prévisionnel de sanctions très rigoureux, qui ne cessera de devenir plus rigoureux encore au cours des années 1997-2017). Mais au-delà d’une simple adoption d’un workfare à l’anglaise, les travaillistes entreprirent, à partir du cœur de l’assistance, une réforme d’ensemble de la protection sociale avec des exigences effectives de qualité du service public de l’emploi et une installation de salaires minimums relativement élevés en même temps qu’ils généralisaient les crédits d’impôt supposés être incitatifs.
15L’Allemagne est incontestablement le bon dernier de la réforme de l’activation de la protection sociale. Au sein de l’Agenda 2010, le gouvernement Schröder voulait réformer profondément la protection sociale. Sur les questions d’emploi, un scandale opportunément découvert à propos des fausses statistiques de l’ex-Bundesanstalt für Arbeit (le service public de l’emploi, devenu Bundesagentur) a déclenché une chaîne de réformes. L’Allemagne avait déjà adopté une loi importante, à la fin 2001, dite JobAqtiv Gesetz, mais elle apparaissait plutôt rétive à accueillir une logique d’activation, qui heurtait la logique de l’assurance chômage (comme en France, d’ailleurs). De nombreuses réformes ont suivi, mais la plus marquante, décidée péniblement et appliquée au 1er janvier 2005, marque un profond tournant dans la protection sociale allemande fondée sur le principe de l’assurance. À cette époque, une immense majorité des bénéficiaires de l’assistance, qui, en théorie, devaient déjà, depuis la loi de 1961, être « activés » (mais ne l’étaient pas), sont classés comme aptes à l’emploi (les personnes en âge de travailler et employables au moins trois heures par jour) et doivent chercher du travail, tout en étant admissibles à une nouvelle prestation appelée Arbeitslosensgeld II (Alg II). Dans la même catégorie sont aussi versés les jeunes entrant sur le marché du travail et les anciens assurés contre le chômage qui avaient épuisé leur droit à l’allocation d’assurance, pour une majorité, des assurés de plus de 45 ou 50 ans. Il s’agit d’un « changement de paradigme » (Knuth, 2009), parce qu’auparavant, les assurés ayant épuisé leurs droits continuaient à percevoir une prestation d’assistance proportionnelle à leur précédent revenu (Arbeitslosenhilfe). Parallèlement, depuis le milieu des années 1990, une logique de flexibilisation des contrats de travail est couplée avec la réforme, qui voit s’accroître considérablement le rôle des emplois précédemment dénommés « marginaux » (geringfügige Arbeit) et plus tard « minijobs ». En théorie, avec la réforme, c’est l’ensemble des personnes aptes à l’emploi qui sont « activées », y compris dans des emplois nommés par l’opinion, par dérision, « à un euro », emplois du « deuxième marché » que l’Allemagne avait toujours refusés, contrairement aux contrats aidés français introduits dès les années 1980. Dans le même temps, de nombreuses mesures réforment les modalités des cotisations sociales, ce qui rend le système allemand moins bismarckien, comme le français de son côté, et lui fait chercher à jouer conjointement sur l’incitation au travail et sur la demande de travail par les entreprises.
L’activation de la protection sociale : traits essentiels de la restructuration
16La précédente revue des étapes de la réforme de l’activation de la protection sociale illustre que le processus, diversifié selon les pays, s’est mis en place sur une longue période, de la fin des années 1980 au début des années 2000. Depuis, ces stratégies d’activation de la protection sociale, banalisées, font désormais partie des politiques d’assistance dans tous les pays riches et, par contagion, de tous les États-membres de l’Union. Dans ces derniers, ces réformes ont été souvent limitées par le simple fait que les éléments de la protection sociale susceptibles d’être « activés » étaient fort restreints (voir le tableau 3). Mais le mot d’ordre politique a été diffusé en anglais, par l’OCDE et les services de l’Union européenne. La tâche des différents pays consistait donc d’abord à se conformer à ces mots d’ordre, dans les plans d’action qu’ils établissent régulièrement. Les organisations internationales ont propagé le mot d’ordre politique avec constance depuis la deuxième moitié des années 1990. Dans sa livraison de 1995 de Employment Outlook, l’OCDE a fait l’éloge de la méthode inventée par le Danemark, qui introduisit un individual handlingsplan (plan d’action individuel) pour les bénéficiaires des prestations d’assistance et de chômage. Parallèlement, l’OCDE fit aussi la promotion des réformes fiscales et sociales rehaussant l’intérêt pécuniaire du travail (avec le mot d’ordre Make work pay – rendre le travail rémunérateur). Tous les dirigeants politiques et administratifs se sont mis à parler, dans tous les pays, de making work pay, ce qui n’a pas entraîné, pour autant, le fait que les politiques convergent effectivement. Mais les discours des organismes internationaux ont indubitablement concouru à faire exister ces politiques sur le plan discursif et symbolique (Barbier, 2006, p. 13-14). Le mot d’ordre de l’application des stratégies actives aux personnes assistées et aux chômeurs, ainsi qu’à la réforme des systèmes sociaux pour les rendre plus favorables à l’emploi, n’a pratiquement pas été interrompu par la crise de 2008. Les orientations politiques en faveur de « l’activation » sont donc encore présentes en 2017, constituant désormais une constante des politiques d’assistance (Frazer et Marlier, 2016). Un trait général les caractérise : les politiques d’assistance ont été profondément remaniées partout par le fait que, désormais, elles ne font plus de distinction entre les personnes pauvres, qui faisaient l’objet d’un traitement particulier en tant que pauvres, et les chômeurs, qui relevaient classiquement des politiques de l’emploi. Désormais, toutes ces personnes sont des actifs potentiels, des personnes susceptibles d’être insérées sur le marché du travail (des « personnes d’âge actif » dans la nouvelle appellation). Mieux, la meilleure politique d’assistance, partout, est censée être celle qui procure du travail, de l’emploi [14].
17Le Norvégien I. Lødemel et sa collègue britannique H. Trickey furent les premiers à publier une analyse comparative internationale de la réforme de l’assistance aux pauvres et aux chômeurs en termes d’activation. Influencés par leur travail aux États-Unis, ils prirent le terme de workfare dans le jargon politique américain et proposèrent une définition minimale selon laquelle il s’agissait de programmes and schemes that require people to work in return for social assistance (2000, p. 6). À la suite de cette recherche pionnière, le terme workfare fut non seulement remplacé par la notion d’activation, mais, surtout, étendu dans sa signification au-delà des effets empiriques les plus apparents, à savoir les obligations des chômeurs et assistés. En fait dans la réforme, l’activation existe dès qu’un lien explicite (réglementaire ou légal) est introduit ou renforcé − réactivé, même, quand il existait à un niveau plus informel − entre la protection sociale et l’activité professionnelle. Qu’il s’agisse de systèmes beveridgiens ou a fortiori bismarckiens, ce lien, comme l’a montré G. Esping-Andersen, est historiquement constitutif de leur structure, quel que soit leur degré de « dé-commodification [15] ». En ce sens, une forme ancienne d’activation a existé depuis les débuts de la protection sociale : qu’il s’agisse des obligations faites aux pauvres dans le système britannique de la workhouse, ou encore des obligations de chercher de l’emploi dans les organisations mutualistes de chômeurs en Allemagne, etc. (Barbier, 2004). Ce qui est nouveau dans l’activation contemporaine, c’est que la liaison (ou son renforcement) donne lieu à une redéfinition critique des programmes sociaux, sous la double justification de l’efficacité et de l’équité, dans le sens d’une préférence systématique accordée à l’engagement des bénéficiaires sur le marché du travail − l’activité. De plus en plus souvent cela prend l’aspect d’une condition d’activité – plus ou moins contraignante, en termes de « droits et obligations » – renforcée pour l’éligibilité aux prestations [16].
18Autrement dit, il y a à la fois « activation des personnes » et « activation des systèmes ». À cet égard, dans la réforme des systèmes de protection sociale, on a mis assez longtemps à reconnaître l’importance de l’introduction des crédits d’impôt (les divers Working Tax Credits britanniques, inspirés de l’exemple des Earned Income Tax Credits − EITC – américains utilisés à la fois au niveau fédéral et au niveau des États). En France, un équivalent fonctionnel est la diminution des cotisations sociales dont les montants sont considérables, au point qu’on a pu parler « d’État-providence caché » (Zemmour, 2014). Pour autant, les chercheurs dans leur majorité se sont plutôt concentrés sur ce qu’ils ont appelé « l’activation des chômeurs », « l’activation des pauvres », souvent activation tout court. Dans la réalité, les segments de la protection sociale faisant l’objet de cette transformation toujours en cours en 2017 ne se sont pas limités à l’assistance sociale. Ils ont été, d’abord, l’indemnisation du chômage, les politiques (actives) de l’emploi, les prestations d’assistance et de solidarité ; le domaine des retraites et des pré-retraites est désormais pleinement concerné. Les politiques qu’on peut considérer comme des « équivalents fonctionnels » des politiques familiales françaises sont aussi « activées » dans plusieurs pays (par exemple au Royaume-Uni avec les crédits d’impôt). La maladie, parce qu’elle prend de plus en plus une forme universelle de couverture, n’est en revanche pas concernée, encore qu’à la marge, des réformes des indemnités journalières de maladie peuvent aussi s’interpréter comme participant d’une logique générale d’activation (comme dans le cas suédois). La réforme du financement de la protection sociale et l’articulation impôts-cotisations font aussi partie de la même dynamique systémique, dans l’objectif officiel de favoriser l’activité professionnelle, que ce soit au plan global de la demande de travail (par exemple, diminution des cotisations sociales d’employeurs en France, introduction et extension de la contribution sociale généralisée – CSG –, fiscalisation de la Sécurité sociale) [17], soit au plan des incitations individuelles (tax credits à la britannique ou à l’américaine ; formes dites « d’intéressement » associées aux prestations de chômage en Allemagne, en France, etc.). Ces stratégies ne doivent pas être confondues avec la « flexibilisation » des systèmes juridiques (le droit du travail principalement), qui continuent d’avoir leur logique propre (Barbier et Fargion, 2004), même si elles sont aussi coordonnées.
19Par rapport à la notion de workfare, celle d’activation est plus neutre : elle limite les débordements d’une analyse qui, dans une de ses versions normatives caricaturales, considère que le soi-disant « État-providence » s’est partout transformé en système « pénal [18] ». Elle permet l’analyse de programmes empiriques tels qu’ils fonctionnent réellement [19]. L’avantage tient dans le fait qu’avec une définition large de l’activation, on étend opportunément l’angle de vision au système d’ensemble. En effet, c’est de la réforme de la protection sociale dans son ensemble qu’il s’agit, et pas simplement du seul secteur de l’assistance. L’activation, en ce sens, se conçoit bien comme une forme de ce que Pierson (2001) a appelé la « restructuration » des « États-providence ». Elle est indissociablement activation des personnes, des prestations et des systèmes. Comme la restructuration, elle est susceptible de se diversifier en plusieurs dimensions, voire en plusieurs formes, selon la famille de protection sociale dont il s’agit (voir Barbier, 2002 ; 2004). En définitive, si l’on met à part les cas particuliers des États-Unis et de la France évoqués plus haut, les réformes de l’assistance ont d’abord eu lieu en effet dans des systèmes beveridgiens (systèmes scandinaves classés comme « sociaux-démocrates », généreux, et système britannique à tendance résiduelle). Le tableau 4 schématise le problème politique auquel la réforme de l’activation est censée répondre, et aussi les normes collectives en vigueur dans ce type. Identifiés au début des années 2000, ces deux types ont persisté avec l’évolution des politiques dans les différents pays, alors qu’un type plus conforme à l’idéal type bismarckien n’a jamais vraiment trouvé sa place (Barbier et Knuth, 2010).
20Ajoutons à ces traits principaux des réformes de l’assistance des vingt dernières années une précision : alors même que la représentation des bénéficiaires des politiques – les personnes pauvres, les chômeurs – a eu tendance à les confondre dans une seule catégorie de « sans emploi », la distinction a persisté dans les politiques publiques entre les politiques d’activation et les politiques actives de l’emploi (héritées de la tradition suédoise), comme l’ont souvent souligné les dirigeants de l’OCDE (Martin, 2014 ; voir aussi Weishaupt, 2011). Cette distinction est importante au moment où certaines analyses ont tendu à confondre « stratégies d’activation » et « politiques actives de l’emploi ». À la différence de Bonoli (2013), Martin rappelle en effet que l’OCDE a changé sa vision des choses. Au début, dit-il, il s’agissait de promouvoir des politiques actives de préférence à des « politiques passives », mais c’était pour lui une vision trop « naïve » car elle négligeait le fait qu’un pays pouvait dépenser peu en politiques « actives » du marché du travail tout en affichant un faible taux de chômage. « La théorie économique a en effet mis en lumière les interactions importantes qui existent entre le niveau des systèmes de compensation du chômage, la variété des programmes et les conditions de recherche d’emploi des programmes de compensation » (ibid. : p. 10-15). Dans le tableau 4, dans les deux cas typiques, la question du coût des dispositifs d’assistance reste une motivation essentielle de la mise en œuvre de la réforme, qu’il s’agisse de la Grande-Bretagne ou de pays comme le Danemark : relativement équilibrée dans le cas scandinave entre les droits et les devoirs, la mise en œuvre est strictement plus exigeante vis-à-vis des bénéficiaires dans le cas britannique. Dans les deux cas pourtant, la restructuration des systèmes comportait une exigence de contenir les coûts croissants de cette partie de la protection sociale. L’exigence était au cœur de la réforme américaine, car l’électorat « trans-partisan » de la réforme Clinton en 1996 fut mobilisé contre les bénéficiaires de l’assistance représentés comme des parasites. Une présentation analogue eut lieu en Grande-Bretagne, par le New Labour, à la suite des conservateurs. En revanche, dans les pays scandinaves, cette argumentation ne fut jamais utilisée au début de la réforme, censée correspondre à l’esprit égalitaire et universel des systèmes scandinaves de protection sociale [20].
Les deux types-idéaux historiques d’activation d’origine beveridgienne
Les deux types-idéaux historiques d’activation d’origine beveridgienne
Des types ancrés profondément dans les communautés politiques, malgré la réforme générale et ses exigences accrues pour les personnes, mais incapables de faire diminuer la pauvreté
21La place manque, dans cet article, pour présenter en détail la situation de l’assistance sociale aujourd’hui en Europe, en relation notamment avec le critère essentiel de la pauvreté. On se contentera d’en dessiner quelques caractéristiques essentielles. Tout d’abord, il faut réaffirmer que l’orientation en faveur des stratégies d’activation a perduré en Europe : loin de converger vers des solutions homogènes, elle laisse voir que les solutions nationales restent conformes à des caractères très anciens des systèmes d’assistance qu’on peut interpréter dans les termes d’une « empreinte des origines » (Merrien, 1990). Celle-ci n’est pas incompatible avec la tendance commune à la restructuration que nous avons identifiée, laquelle comprend un renforcement de la rigueur des exigences vis-à-vis des personnes pauvres et sans emploi. Les formes de cette rigueur sont bien différentes par exemple au Danemark et en France de la rigueur britannique. Force est surtout de reconnaître qu’il persiste un écart considérable, dans tous les pays, entre les promesses initiales des réformes entamées à la fin des années 1990 et la situation actuelle. L’affirmation du caractère désirable de « l’activation » des systèmes et des personnes a persisté partout, malgré les doutes qui sont apparus aux débuts de la crise économique (Immervoll, 2009 ; Martin, 2014). Pour apprécier de façon très synthétique l’état actuel de « l’activation de la protection sociale », en matière d’assistance sociale, on évoquera les types beveridgiens identifiés dans la précédente partie, mais aussi les cas de la France et de l’Allemagne. Faute de place, on n’évoquera qu’allusivement le cas des pays d’Europe centrale et celui des pays du Sud.
22Pour les pays d’Europe centrale, on dispose de travaux comparatifs dans certains pays (notamment Sirovatka et Winkler, 2011). Ces auteurs ont souligné l’écart existant entre la conception des plans d’action qui font se ressembler les stratégies et la réalité des mises en œuvre, du moins dans certains pays (voir aussi Falkner et Treib, 2008). Dans sa recherche sur les services sociaux, Sirovatka (2015) montre ainsi à la fois que la République tchèque est en général un « bon élève » des systèmes de coordination européenne des politiques sociales, mais que cette coordination reste en surface en raison de l’état très embryonnaire des services sociaux dans ce pays, une situation héritée du communisme. Il montre aussi que ce sont les changements politiques internes au pays qui influencent fondamentalement l’impact de l’adoption des tendances européennes. Vis-à-vis de l’assistance, et de son « activation », c’est la faiblesse des programmes publics qui est déterminante et le rôle des fonds européens (dont le Fonds social européen – FSE) y est essentiel. Comme l’a noté Avram (2013, p. 53-54), à partir des données du panel Statistics and Income on Living Conditions (SILC), les pays baltes ont des programmes très limités. S’il y a eu des améliorations en Pologne et en Hongrie juste avant la crise, elles ne semblent pas avoir duré, et les systèmes relativement meilleurs, en République tchèque et en Slovénie, battaient de l’aile. L’auteur qualifie les systèmes de soutien au revenu et au logement de « tellement faibles qu’ils ne peuvent contribuer à diminuer la pauvreté et son intensité » (ibid.).
23La situation des pays du Sud est très différente, mais elle offre des points communs avec les précédents (Italie, Espagne, Portugal – on met à part le cas spécifique de la Grèce dont le système de protection sociale a été dévasté par le programme imposé par la Troïka). La très mauvaise situation de l’assistance sociale et le caractère hypothétique de la possibilité d’une « activation » n’ont pas radicalement changé depuis la comparaison France-Italie faite il y a treize ans (Barbier et Fargion, 2004). Malgré de nombreux progrès, comme le montrent Jessoula et al. (2015), l’Italie n’a des prestations d’assistance que dans un nombre limité de villes et de régions, et ce système est d’une grande hétérogénéité. Son service public de l’emploi est très sous-équipé. Dans le cas de l’Espagne, les auteurs du rapport (Rodríguez-Cabrero et al., 2015) insistent aussi sur l’hétérogénéité des prestations (revenus minima administrés par les communautés autonomes), qui empêche de porter une appréciation précise sur ces inégalités territoriales. Cependant, la question du renforcement des exigences pour les bénéficiaires est bien présente et une attention politique accrue est notée depuis 2015.
24Dans les pays scandinaves, les systèmes d’assistance, très décentralisés, sont restés parmi les pays de l’Union les plus performants, au cours des deux décennies qui viennent de s’écouler. Ils sont restés les plus généreux également : cette générosité n’a cependant pas cessé de s’amoindrir. Le Danemark peut être pris comme un cas typique ; alors même qu’il est resté globalement le pays le plus généreux, sauf pour les étrangers, il a suivi globalement la même tendance que la Norvège et la Suède. Par rapport aux orientations sociales-démocrates qui prévalurent dans les années 1990, un considérable chemin a été parcouru dont les traits essentiels ont été notés par Jørgensen (2013) dans sa recherche récapitulative (voir aussi Kvist [2015], pour les années les plus récentes). La compensation par l’assistance sociale est encore très élevée (voir tableau 3 [21]). Excepté le bref intervalle du gouvernement social-démocrate (2011-2015) l’évolution s’est faite vers des restrictions de plus en plus sévères et des conditions plus rudes, avec un maintien très relatif des conditions structurelles de la flexicurité. L’une des restrictions importantes a touché les étrangers, en raison du soutien (au Parlement) du parti d’extrême droite depuis 2001 – sauf la parenthèse sociale-démocrate. L’autre tendance a été, avec la rupture du modèle corporatiste, un accroissement d’une version danoise du néo-libéralisme, déjà présente et notée par Campbell et Pedersen (2001). Lors de la réforme récente de l’assistance en 2016, c’est aussi l’universalisme et l’égalitarisme du système danois qui ont été atteints gravement avec la réforme des prestations pour les moins de trente ans, et la réforme fiscale typique d’une volonté de relance de l’activation sur le marché du travail. Avec le dépassement de la période de la remontée du chômage pendant la crise, et les nouveaux succès économiques du pays, la relance des stratégies d’activation est désormais justifiée par certaines pénuries de main-d’œuvre.
25La constance et la cohérence de la politique britannique sont également remarquables, à ceci près que les exigences vis-à-vis des chômeurs et des titulaires du classique Income support de l’époque thatchérienne se sont encore aggravées [22]. Le symptôme en est la « conditionnalité » et les sanctions, toujours plus fortes. Si la communauté universitaire s’est organisée (voir Watts et al., 2014) pour montrer que l’efficacité en était douteuse [23], cette conditionnalité n’a cessé de se renforcer. On sait très bien qu’avec la clause dite less eligibility, il s’agit d’un trait structurel des politiques d’assistance et de chômage en Grande-Bretagne depuis les Poor Laws du xixe siècle. Après la période où la politique du Labour associait des augmentations de qualité dans les services à l’introduction des salaires minimums, la dominante est vite revenue avec l’aggravation des sanctions, et en particulier avec le projet titanesque d’unifier toutes les prestations en une seule, l’Universal Credit, qui n’est que très partiellement mise en œuvre à l’heure où ces lignes sont écrites. Le ministre Iain Duncan Smith a abandonné sa politique à mi-chemin, pour cause de défense du Brexit, mais le projet suit son cours. La conditionnalité a été en outre introduite, ce qui est une nouveauté, pour les crédits d’impôt des salariés (in-work benefits). Les bénéficiaires sont très critiques à propos de cette mise en œuvre qui est facilitée par la réalisation d’un guichet unique (Job centre plus) : la Grande-Bretagne a été en effet la seule à réaliser ce projet caressé aussi, mais en vain, vers 2005, par d’autres pays comme la France, le Danemark et l’Allemagne. L’esprit des Poor Laws est évidemment modernisé – en particulier avec le projet d’enseigner l’informatique, et les rudiments de l’établissement d’un budget avec l’introduction du versement mensuel des prestations, pour des raisons « pédagogiques » d’autonomie individuelle. Le projet d’une grande prestation unifiée d’assistance et de chômage [24], voté en 2010, fut mis en œuvre expérimentalement seulement depuis 2013 avec de grandes difficultés (Barbier, 2015). À terme (on parle désormais de 2021), la prestation devrait couvrir huit millions de ménages, mais on en est encore loin [25], puisque la réforme qui doit remplacer à la fois l’Income Support, l’allocation Job Seeker’s Allowance, l’allocation pour les personnes handicapées (Employment and Support allowance), et les crédits d’impôt Working Tax Credit, Child Tax Credit ainsi que l’allocation logement, n’a commencé que pour les allocations des chômeurs célibataires. Avant la défaite de Cameron, le nouveau ministre qui a remplacé Iain Duncan Smith, Damien Green, a parlé de la réforme dans ces termes : « The biggest transformation of the welfare state since its inception » (la plus grande réforme du welfare state depuis son invention).
26Si la constance des deux types beveridgiens semble donc réelle, contrairement aux espoirs des années 2000 selon lesquels on pourrait construire un troisième type, bismarckien ou « corporatiste » selon la typologie proposée par Esping-Andersen (Barbier et Knuth, 2010), cette réalité ne s’est pas matérialisée : la France et l’Allemagne ont aussi chacune leur façon de faire et elles ont eu tendance à s’éloigner l’une de l’autre, à mesure des succès allemands et des échecs français en matière de chômage, ainsi qu’avec l’augmentation de la pauvreté allemande et la réduction de la pauvreté française. Du point de vue de notre comparaison d’ensemble, le système français a été situé à la fois comme pionnier et comme marqué par l’héritage républicain incorporé dans l’invention de l’insertion. Cet héritage s’ancrait lui-même, on l’a vu, dans les références elles aussi pionnières des mesures de la Révolution française et d’une mise en œuvre d’un principe de fait d’employeur de dernier ressort, qui a des précédents dans l’histoire française. Différentes réformes ont introduit de constantes restrictions, dont la justification a été précisément un renforcement de « l’activation des personnes » sur fond d’une réforme continue du système socio-fiscal. La plus récente réforme a donné lieu à l’introduction de la prime d’activité, mais la réforme dite « Sirugue » n’est pas terminée et sera vraisemblablement reprise par le nouveau gouvernement issu des élections de 2017. Du point de vue comparatif, la France se caractérise toujours, comme au moment de l’instauration du RMI en 1988 et malgré les constantes réformes, par deux traits importants : la multiplicité des minima sociaux, d’une part, la moindre articulation de la perception de ces minima avec l’inscription sur le marché du travail, d’autre part. Les chercheurs étrangers ne laissent pas de s’étonner que l’obligation de la recherche d’emploi ne soit pas univoque dans la réglementation française [26]. Le recours aux emplois aidés, en particulier dans le secteur public, reste également un trait spécifique français [27]. En définitive, depuis la crise, la politique française, malgré une augmentation de la rhétorique anti-« assistanat », se caractérise par une adaptation pragmatique cahin-caha, même si le taux de pauvreté a récemment diminué (pas son intensité). Un des auteurs qui a le plus précisément étudié la réforme de l’assistance et l’activation du système en Allemagne, dans un texte récapitulatif (Knuth, 2015), insiste sur le « changement de paradigme » allemand. Ce diagnostic a été fait après la réforme dite Hartz IV (Knuth, 2009). La réforme a été contemporaine de l’extension d’un secteur de bas salaires très important (plus de 24 % de la population active en 2014), extension qui a commencé bien avant la réforme de 2004. Par ailleurs, contrairement à ce qui est parfois affirmé, cette réforme n’a pas été à l’origine d’un succès des mesures d’insertion ni d’une sortie de la pauvreté pour les pauvres et les chômeurs les plus en difficulté : le nombre de chômeurs de longue durée est resté stable et ceux qui ont trouvé des emplois sont les chômeurs de courte durée, y compris via les « minijobs » (450 euros mensuels, environ 7,5 millions en 2015, dont près de cinq millions de femmes et près de trois millions de deuxièmes emplois) non soumis aux cotisations de sécurité sociale. En revanche, les allocations précédentes basées pour ces chômeurs de longue durée sur un principe d’assurance ont été alignées sur la base de l’aide de droit commun Hartz IV, qui concerne aussi les jeunes chômeurs et les jeunes pauvres. Les succès comparatifs enregistrés sur le marché du travail n’ont donc pas concerné prioritairement les chômeurs de longue durée, lesquels restent soumis aux dispositions d’activation introduites par la réforme Hartz, en 2004, malgré quelques changements mineurs. Comme l’a montré Knuth (2015), deux facteurs du succès relatif allemand ont été la situation démographique, avec, depuis 2006, une diminution de la population active potentielle, d’une part, et de l’autre, les succès d’exportation dans les trois secteurs de l’automobile, de la construction des machines et de la chimie. Ces éléments « coexistent » en quelque sorte avec la présence d’un large secteur à bas salaires, et celle d’un chiffre stable désormais d’actifs qui combinent leur revenu de travail faible et l’assistance sociale. C’est pourquoi Knuth (ibid.) invite à parler de « deux modèles allemands » plutôt que d’un seul. Du point de vue de l’assistance sociale, une fois intégré le changement de paradigme, les choses sont donc relativement stables, et le taux AROPE (voir tableau 2) est resté globalement stable (20 % en 2015) depuis 2006.
Conclusion : l’assistance, une question politiquement cruciale
27L’appréciation d’un état des lieux de l’assistance en Europe part du constat structurel de l’écart manifeste entre les prestations et la réalité des phénomènes persistants de pauvreté et d’exclusion sociale. Elle n’en montre pas moins une immense inégalité entre les pays de l’Union. Ces données lourdes doivent être gardées à l’esprit quand on aborde l’histoire, elle aussi extrêmement diverse, des réformes qui ont pris le nom d’activation de la protection sociale (des systèmes et des personnes). Au total, on peut raisonnablement affirmer que les politiques d’activation des personnes se sont maintenues au cours de la crise, et que cette réforme de l’assistance continue de marquer, dans tous les pays, une rigueur accrue des exigences vis-à-vis des chômeurs et des pauvres. Les divers pays ont évolué en quelque sorte parallèlement (si l’on met à part le cas spécial des pays d’Europe centrale) et trahissent dans leurs politiques actuelles l’empreinte d’origines historiques très différentes, avec des générosités et des performances déjà présentes, qui les différenciaient au moment de l’introduction des premières stratégies d’activation. Dans le même temps, avec les réformes, l’enjeu politique de l’assistance est partout monté en priorité de l’agenda politique – malgré la relative marginalité des coûts des prestations qui ont été contenus. Alors même que les pays de l’Union ont tous traversé une crise économique d’ampleur inconnue depuis les années 1930, il est remarquable que la part des prestations de chômage et d’exclusion dans la protection sociale soit restée contenue et relativement faible. Ce point pouvait déjà être souligné pendant la période faste de croissance (Barbier, 2009, p. 30) qui coïncidait avec le déploiement des réformes de la fin des années 1990 [28]. Les questions de justice sociale pour les plus pauvres et les chômeurs sont traitées au sein des communautés politiques nationales principalement : elles sont à la racine de représentations communes de « droits et obligations » dans le cadre d’une réciprocité vécue (Rothstein, 1998). Un souci analogue de contenir les dépenses – qui correspond bien à la tendance analysée par Pierson (2001) – a marqué la suite des réformes y compris au cours de la crise [29]. Du point de vue des promesses relativement volontaristes en matière de pauvreté et de chômage avancées dans les différents pays (par exemple aussi bien par le président Clinton en 1996, Tony Blair en 1997 ou par le président français en 2007), les résultats sont donc à relativiser : la pauvreté n’a pas été éradiquée, ni la « pauvreté laborieuse », même si, çà et là, le travail a pu devenir plus « rémunérateur » pour certains groupes de population ; l’accueil généreux officiel sur le marché du travail pour tous – « toujours plus d’entre nous au travail » fut un temps le slogan du gouvernement danois –, pour lutter contre l’exclusion sociale, tous ces espoirs n’ont malheureusement pas tenu longtemps. Pour la protection sociale, le domaine de l’assistance en Europe (avec ses 120 millions de pauvres en 2017) représente une question qui reste politiquement cruciale et pour laquelle des choix politiques implicites échouent structurellement à éradiquer la pauvreté.
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Notes
-
[1]
On notera que, sans mésestimer leurs traits nationaux, ces systèmes ont souvent été fondés au niveau local, comme l’illustre le cas très important des systèmes scandinaves.
-
[2]
L’assistance sociale républicaine française se trouve en large opposition à cette catégorie (Barbier et Théret, 2001).
-
[3]
Les prestations de logement sont inégalement séparées du reste de l’assistance, ce qui accroît la difficulté de comparaison.
-
[4]
Cette base de données présente, elle aussi, des limites méthodologiques. Elle adopte un point de vue similaire à celui de l’OCDE en définissant les « minimum income benefits » comme des : « last resort schemes, which are intended to prevent destitution and to ensure a decent minimum standard of living for individuals and their dependents when they have no other or insufficient means of financial support » (Frazer et Marlier, 2016, p. 6). L’appréciation d’un niveau de vie « décent » est fortement discutable au regard des constats généraux du rapport. Les données sur lesquelles ont travaillé les experts recrutés par la Commission européenne (Direction générale de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion) ont été compilées à partir d’une base de données de l’université d’Anvers.
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[5]
Bulgarie comparée au Danemark. Eurostat (2014), « Statistiques sur la protection sociale », principaux tableaux – Prestations sociales par habitant (tps00107).
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[6]
Il s’agit de l’indicateur qui fait la synthèse entre les trois définitions admises de la pauvreté : soit pauvreté monétaire en dessous du niveau de 60 % du revenu médian ; soit pauvreté en conditions de vie ; soit pauvreté en termes d’intensité de travail dans le ménage.
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[7]
La stratégie dite Europe 2020, lancée en 2010, prévoyait de sortir 20 millions de personnes de la pauvreté. Dans sa dernière revue datant de 2016, la Commission européenne reconnaît que le nombre des pauvres s’est accru dans l’Union de 118 millions à 121 millions et en attribue la cause à la crise économique, malgré une amélioration légère entre 2012 et 2014.
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[8]
La méthode retenue est celle de la synthèse de rapports nationaux dont la qualité est inévitablement aléatoire, et les critères hétérogènes.
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[9]
La recherche dont il est rendu compte ici a commencé en 1993. Le premier débat publié à ce propos figure dans deux articles de la Revue française des affaires sociales (1996), dont le thème conçu avec J.-L. Outin (1996) était « la contrepartie ».
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[10]
Il faut souligner que les politiques originelles suédoises étaient différentes des orientations keynésiennes alors en vigueur ailleurs, même si elles s’y rallièrent, mais seulement en partie, plus tard.
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[11]
L’OCDE, dont les statistiques peuvent servir souvent à des comparaisons de première urgence, compile des ratios de politiques actives et passives depuis 1982.
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[12]
Une confusion que ne fait pas l’allemand avec sa distinction entre Beschäftigungspolitik et Arbeitsmarktpolitik. Sur cette distinction, cependant, le droit de l’Union européenne est plus vague, comme on l’a vu avec l’insertion du chapitre « Emploi dans le traité de l’Union ».
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[13]
Les contrastes idéologiques n’en étaient pas moins importants, ainsi cette opposition du débat public entre la dénonciation de l’underclass aux États-Unis, et la problématique de l’exclusion et de l’insertion en France (Fassin, 1996).
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[14]
De ce point de vue, les politiques d’activation ont rarement et surtout très partiellement été évaluées (Immervoll, 2009).
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[15]
Il ne faut pas oublier que les systèmes scandinaves beveridgiens sont à la fois très « dé-commodifiés » et très « commodifiés ».
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[16]
Nous avons observé un cas extrême à New York, au printemps 2004, où une controverse naquit à propos des habitants d’une cité qui se voyaient menacer d’avoir à effectuer de petits travaux de proximité pour continuer d’avoir droit à la perception de prestations d’aide au logement.
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[17]
Ces réformes seront dites en anglais « employment-friendly », c’est-à-dire favorables à la création d’emploi. Il s’agit de l’intention de ces réformes d’activation ; la question de leurs effets réels doit être soigneusement distinguée.
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[18]
Loïc Wacquant en a fourni l’un des exemples les plus typiques, pour qui l’insertion n’est qu’une variante d’un « nouveau sens commun pénal » visant à « criminaliser la misère et par ce biais à normaliser le salariat » (1999, p. 11).
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[19]
Par exemple, jusqu’à la réforme du revenu minimum d’insertion (RMI) et même après la mise en œuvre du revenu de solidarité active (RSA), contrairement à la plupart des pays, l’inscription des bénéficiaires de l’assistance auprès du service public de l’emploi n’a jamais été une obligation générale et exclusive.
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[20]
Les choses devinrent plus ambiguës avec la sélection, souvent implicite, des étrangers.
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[21]
Le ratio assistance/seuil monétaire de pauvreté à 60 % est de 95 %. L’équivalent pour la Suède est de 67 % (66 % en Finlande, 50 % en Norvège) selon la même source de l’enquête de la Commission européenne citée.
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[22]
Avec ce système il existe désormais quatre niveaux de sanctions finement graduées. Dans le cas de l’absence à une convocation pour emploi, les sanctions commencent à 182 jours, et dans le cas d’une troisième « offence » (délit) cela va jusqu’à trois ans de suspension de prestations. Ces sanctions sont accompagnées d’amendes de 50 à 350 livres (Dwyer et Wright, 2014, p. 32).
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[23]
C’est une des raisons de pousser les expérimentations aux Pays-Bas et en Finlande quant à la conditionnalité et au revenu minimum en 2016-2018.
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[24]
Au Royaume-Uni, la différence entre prestations de chômage et d’assistance a pratiquement disparu, et elle a fortement baissé pour les prestations d’invalidité.
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[25]
Pendant ce temps, les bénéficiaires continuent de percevoir leurs anciennes prestations. À la mi-2016 encore, il y avait moins de 300 000 bénéficiaires, principalement des personnes seules au chômage (Timmins, 2016, p. 60).
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[26]
Dans le principe des « droits et obligations », même après les réformes successives du RMI, l’inscription au service public de l’emploi n’est pas la seule façon d’honorer l’obligation d’activité correspondant à la perception d’un minimum social pour une personne d’âge actif.
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[27]
Si l’on laisse à part les contrats aidés dans le secteur marchand, difficilement comparables au plan international, il y avait encore plus de 300 000 contrats aidés en stock fin 2015 dans le secteur non marchand, malgré des décennies de critiques politiques (DARES, 2016) – le stock des années 1995 était de 500 000, du moins jusqu’à la décision du gouvernement Philippe en septembre 2017 de le réduire fortement.
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[28]
Pour la France, entre 1997 et 2005, la part totale des dépenses sociales correspondant au chômage, à l’exclusion et à l’invalidité, est restée de 15 % dans les dépenses de protection sociale selon les chiffres Eurostat ; pour le Royaume-Uni, elle a baissé de 15 % à 12,3 % et pour le Danemark, elle est passée de 27,4 % à 26,4 %.
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[29]
Pour garder les trois mêmes pays de comparaison, la tendance s’est maintenue en France et au Danemark entre 2008 et 2014, alors que le Royaume-Uni a réalisé, sous le gouvernement conservateur, une diminution importante des coûts (la part des prestations chômage et exclusions dans les dépenses britanniques est passée de 6 % du total en 2008 à 4, 3 % en 2014. Ces parts étaient respectivement de 8 et 9,12 % pour les mêmes années en France, et de 6 et 7,45 % au Danemark.