Couverture de RFAS_031

Article de revue

Que nous apprend l'enquête HID sur les personnes âgées dépendantes, aujourd'hui et demain ?

Pages 75 à 101

Notes

  • [*]
    Chef du bureau de la politique de la vieillesse, du handicap et de la dépendance à la DREES, ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées.
  • [1]
    Recommandation n° 98 (9) du Comité des ministres aux États membres relative à la dépendance : « La dépendance est un état dans lequel se trouvent des personnes qui, pour des raisons liées au manque ou à la perte d’autonomie physique, psychique ou intellectuelle, ont besoin d’une assistance et/ou d’aides importantes afin d’accomplir les actes courants de la vie. Toutes les sections de la population peuvent se trouver affectées par la dépendance, et pas uniquement les personnes âgées […] ».
  • [2]
    Le questionnement sur les incapacités dans HID est réparti en sept chapitres : toilette-habillage-alimentation ; mobilité-déplacement ; vue-ouïe-parole ; tâches ménagères et gestion ; élimination urinaire et fécale ; communication-orientation ; souplesse-manipulation.
  • [3]
    Y compris les logements-foyers.
  • [4]
    « Personnes Âgées QUID » est une cohorte épidémiologique qui vise à étudier le vieillissement fonctionnel et cérébral (présentée par exemple dans Dartigues, Gagnon, Michel et alii (1991)).
  • [5]
    Le suivi de 1 082 personnes de 65 ans et plus habitant la région de Haute-Normandie a débuté en 1978-1979, et s’est poursuivi pendant vingt ans afin d’étudier l’évolution de leurs capacités fonctionnelles (voir par exemple Robine, Labbé, Seroussi, Colvez, (1989)).
  • [6]
    À partir du questionnaire HID, l’incohérence est définie comme : l’impossibilité de communiquer sans aide, ou des troubles du comportement (ne se lave pas pour des raisons psychologiques ; a besoin qu’on lui rappelle qu’il faut aller aux toilettes ; ne sort jamais sans l’aide de quelqu’un en raison de difficultés psychologiques ou émotionnelles…). La désorientation est définie comme : ne pas se souvenir à quel moment de la journée on est, ou avoir besoin d’aide pour retrouver son chemin quand on sort.

1Le groupe des personnes dites « âgées » prend une importance numérique croissante au fil des ans. Depuis les années soixante-dix, suite à la baisse de la fécondité et à la baisse de la mortalité aux âges élevés, la proportion de personnes de 60 ans et plus dans la population totale française n’a cessé de croître, passant de 18 % en 1970 à 21 % en 2000. Elles sont aujourd’hui 12,1 millions, et selon les dernières projections démographiques publiées par l’Insee au début de l’année 2001, pourraient être 17 millions en 2020 soit 1,4 fois plus qu’en 2000. Le nombre de personnes de 80 ans et plus croît encore plus vite ; actuellement environ 2,4 millions de personnes ont 80 ans ou plus, et à l’horizon 2020, elles seraient près de 4 millions, soit 1,8 fois plus, et près de 7 millions à l’horizon 2040, soit 3,2 fois plus.

2Plusieurs difficultés se combinent lorsqu’on s’intéresse à la population des personnes âgées, et les exploitations réalisées à partir de l’enquête HID n’échappent pas à la règle. La première tient à la définition même de la « population âgée », du choix d’un seuil d’âge, question qui sera examinée dans la première partie de cet article. La seconde difficulté méthodologique tient au choix des critères retenus pour définir les personnes âgées « handicapées » ou « dépendantes », l’arrivée aux âges élevés s’accompagnant, pour certaines personnes, de la survenue de handicaps qui peut se traduire par un besoin d’aide pour la vie quotidienne. Ce n’est qu’après avoir résolu, même de manière imparfaite, ces questions, que l’on peut, à travers une enquête comme HID, dénombrer les personnes âgées dépendantes (c’est l’objet de la deuxième partie), puis les décrire (en troisième partie). Les informations précieuses et souvent inédites issues de l’enquête HID peuvent également servir de base à des projections sur les évolutions possibles à l’avenir, qui sont présentées dans la quatrième partie.

Quelle définition de la population « âgée » adopter ?

Le seuil des 60 ans n’est qu’un seuil administratif…

3Il est très courant de parler de « personnes âgées » pour les personnes de 60 ans et plus ou 65 ans et plus. Ce seuil est en fait utilisé depuis le rapport Laroque, et le vieillissement démographique est souvent commenté comme l’augmentation de la proportion de personnes de 60 ans et plus (ou 65 ans et plus) dans la population.

4Or, ce seuil de 60 ou 65 ans renvoie à des définitions administratives de la vieillesse qui sont liées, d’une part, au passage à la retraite (règles de liquidation des pensions) et, d’autre part, à l’accès aux prestations destinées aux personnes les plus âgées.

5En effet, depuis la loi du 24 janvier 1997 instaurant la prestation spécifique dépendance (PSD), les politiques publiques françaises prennent en compte un critère d’âge pour l’attribution des prestations destinées aux personnes qui ont besoin d’aide pour accomplir les tâches de la vie quotidienne. Avant 60 ans, c’est l’allocation compensatrice pour tierce personne qui intervient, à partir de 60 ans, c’est la prestation spécifique dépendance (PSD) et, depuis le 1er janvier 2002, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou l’aide ménagère pour les personnes les moins dépendantes. Avant 60 ans, les personnes sont « handicapées », après cet âge, elles deviennent « dépendantes » ou « en perte d’autonomie », selon les textes. Quoi qu’il en soit, les prestations auxquelles elles ont droit sont différentes, à la fois en termes de modes d’accès que de montants. L’existence en France de dispositifs de prise en charge et de solvabilisation différents avant et après 60 ans est par ailleurs contraire aux recommandations internationales, telles celles du Conseil de l’Europe ou du Comité des ministres européens [1]. La France se distingue ainsi de plusieurs pays étrangers proches, comme l’Allemagne, le Luxembourg ou la Suède.

6Lorsqu’on s’intéresse en France aux personnes susceptibles d’entrer dans le champ des prestations destinées aux personnes âgées dépendantes, on est conduit à s’intéresser aux personnes de 60 ans et plus. Or, les bénéficiaires de ces prestations sont, en fait, très âgés : par exemple, 84 % des bénéficiaires de l’APA au 30 juin 2002 avaient 75 ans ou plus, et la moitié avaient 85 ans ou plus (Kerjosse, 2002). En effet, ce seuil administratif des 60 ans, qui crée une barrière d’âge entre les personnes âgées dépendantes et celles, plus jeunes, en situation de handicap, n’est pas non plus pertinent pour caractériser un âge des difficultés, des incapacités dans la vie quotidienne.

… qui ne correspond pas à un âge où les incapacités se multiplient

7Pour qualifier le grand âge, on peut préférer identifier des seuils d’âge à partir desquels le risque de besoin d’aide pour les actes de la vie courante est relativement élevé, ou s’accroît de manière importante. On préférera, alors, le seuil de 75 ou 80 ans (Badeyan, Colin, 1999). Un tel seuil ne signifie pas, bien sûr, qu’à partir de cet âge tout le monde est dépendant ou le devient, et qu’auparavant personne ne l’est, puisqu’il s’agit là de risque au niveau d’une population donnée.

8À ce titre, l’enquête HID montre qu’avant 80 ans, les incapacités, difficultés ou impossibilités de réaliser des actes élémentaires comme se lever, s’habiller, faire sa toilette, sont rares (Colin, 2001 ; Goillot, Mormiche, 2002). Seules certaines activités de déplacement ou d’effort (par exemple sortir du domicile ou de l’institution, porter 5 kg sur 10 mètres) nécessitent une aide pour plus de 5 % des individus dès 60 ans. Si on considère huit incapacités recensées dans l’enquête HID (graphique 1), on constate que leur fréquence s’accroît de manière notable avec l’âge, mais aussi que, schématiquement, pour les différentes activités les plus courantes, la fréquence du besoin d’aide est 3 à 5 fois plus grande (selon les activités) pour les personnes âgées de 80 à 89 ans que pour celles âgées de 70 à 79 ans, et elle est encore 2 à 3 fois plus élevée pour les 90 ans et plus que pour les octogénaires. Par exemple, le besoin d’aide pour la toilette concerne 5 % des 70-79 ans, mais 19 % des 80-89 ans, et 44 % des 90 ans et plus, quant au besoin d’aide pour sortir, il concerne 15 % des 70-79 ans, mais 43 % des 80-89 ans et 76 % des 90 ans et plus.

Graphique 1

Fréquence des incapacités selon l’âge

Graphique 1

Fréquence des incapacités selon l’âge

Sources : Insee, enquêtes HID 1998-1999. Extrait de Colin (2001).

La frontière des 60 ans pose un problème de transition entre handicap et dépendance

9La frontière arbitraire des 60 ans pose par ailleurs le problème du passage de 59 à 60 ans, et renvoie au thème des personnes handicapées vieillissantes, qui passent du régime administratif appliqué aux personnes handicapées à celui appliqué aux personnes âgées (avec des prestations différentes mais aussi des interventions différentes de l’obligation alimentaire, du recours sur succession…). Ce thème est développé plus largement dans l’article d’Alain Colvez dans ce numéro.

10Retenir le seuil de 60 ans pour s’intéresser aux personnes âgées dépendantes conduit également à inclure des personnes dont le profil s’écarte de la vision classique de la personne âgée qui, avec l’âge, a des polypathologies qui restreignent sa capacité à accomplir les actes ordinaires de la vie. Il s’agit en particulier :

  • des personnes de plus de 60 ans qui résident en institution, mais pas dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées ;
  • des personnes présentant une dépendance psychique uniquement (sans dépendance physique), plus jeunes que l’ensemble des personnes âgées dépendantes. Environ 216 000 personnes de 60 ans et plus présentent des problèmes d’orientation ou des troubles du comportement sans une lourde perte d’autonomie physique, et un tiers d’entre elles ont moins de 70 ans, contre 13 % des personnes lourdement dépendantes physiquement (Bontout, Colin, Kerjosse, 2002).
Environ 19 000 personnes de 60 ans ou plus sont ainsi hébergées dans des établissements pour adultes handicapés ou dans des établissements psychiatriques et leurs caractéristiques sont bien différentes de celles qui résident dans des établissements pour personnes âgées (tableau 1) : nettement plus jeunes, elles sont également entrées plus jeunes dans l’institution (Dufour-Kippelen, 2001). Leurs durées de séjour sont très longues dans les établissements pour adultes handicapés (près de 80 % y sont hébergés depuis au moins cinq ans, contre 30 % en EHPA), et soit très longues soit très courtes en établissement psychiatrique : près de 60 % sont présents depuis moins d’un an, contre 21 % en EHPA, et 30 % dans les deux cas sont présents depuis au moins cinq ans.

Tableau 1

Caractéristiques comparées des résidents de 60 ans et plus en EHPA, en établissement pour adultes handicapés et en établissement psychiatrique

Tableau 1
Âge médian des résidents de 60 ans et plus Âge médian d’entrée en institution des résidents de 60 ans et plus En EHPA En établissement pour adultes handicapés En établissement psychiatrique En EHPA En établissement pour adultes handicapés En établissement psychiatrique Hommes Femmes 80 ans 86 ans 65 ans 68 ans 69 ans 71 ans 76 ans 83 ans 52 ans 53 ans 66 ans 69 ans Source : Insee, enquête HID 1998. Données extraites de Dufour-Kippelen (2001).

Caractéristiques comparées des résidents de 60 ans et plus en EHPA, en établissement pour adultes handicapés et en établissement psychiatrique

11Ainsi, retenir le seuil des 60 ans conduit à étudier une population relativement hétérogène, en termes d’état de santé si on considère l’ensemble des personnes de 60 ans et plus, et en termes de profil de dépendance et d’histoire de vie si on ne considère que les personnes dépendantes. Malgré ces réserves et difficultés, la suite de cet article s’intéressera à la population dépendante âgée de 60 ans et plus, du fait de l’existence de dispositifs spécifiques de prise en charge.

Les personnes âgées dépendantes : une « catégorie » difficile à définir et à dénombrer

12Les maladies et, en particulier, les affections chroniques et les altérations physiques, intellectuelles ou psychiques peuvent entraîner des réductions de capacités ou des incapacités à effectuer les activités de la vie courante, qui, elles-mêmes, entraînent un besoin d’aide. La loi du 24 janvier 1997, instaurant la PSD, indiquait que la dépendance est « l’état de la personne qui, nonobstant les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie et requiert une surveillance régulière », la loi du 20 juillet 2001 relative à l’APA indique que « cette allocation […] est destinée aux personnes qui, nonobstant les soins qu’elles sont susceptibles de recevoir, ont besoin d’une aide pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou dont l’état nécessite une surveillance régulière ».

13Pour compter les personnes âgées dépendantes, au-delà des définitions générales comme celles rappelées ci-dessus, de nombreux indicateurs synthétiques ont été élaborés, que ce soit au niveau international ou plus spécifiquement en France. Ils se limitent souvent à la dépendance physique pour les tâches élémentaires de la vie courante, mais intègrent également parfois les détériorations psycho-intellectuelles qui induisent un besoin d’aide ou de surveillance.

Comment mesurer la dépendance dans HID ?

14L’enquête HID n’a pas privilégié tel ou tel indicateur de dépendance. Sans a priori en faveur de l’un ou l’autre, on y trouve une série de questions sur les activités de la vie quotidienne qui concernent les thèmes suivants : toilette, habillage, alimentation, hygiène de l’élimination, mobilité, déplacements, tâches ménagères et gestion, communication à distance, cohérence, orientation, vue, ouïe, parole, souplesse, manipulation. On retrouve par exemple les ADL, Activities of daily living, ou AVQ définies par Katz (Katz, 1963) – s’habiller, faire sa toilette, aller aux toilettes et les utiliser, se déplacer du lit au fauteuil, se nourrir, contrôler ses selles et ses urines – ainsi que les IADL, Instrumental activities of daily living, définies par Lawton (Lawton, 1969) – faire ses courses, préparer les repas, entretenir sa maison, laver son linge, utiliser des moyens de transport, prendre ses médicaments, gérer son budget. Pour chacune de ces activités, le degré d’aptitude de la personne est relevé, en général avec les niveaux suivants : fait seul, sans aide et sans difficulté ; fait seul, sans aide et avec quelques difficultés ; fait seul, sans aide et avec beaucoup de difficultés ; ne fait pas sans aide (en distinguant parfois l’aide partielle et l’aide totale). Les incapacités peuvent donc être compensées par des aides techniques qui permettent à la personne âgée de faire seule ; en revanche, on relève bien le besoin d’aide humaine.

15Il est ainsi possible, à partir de ces différentes questions, de reconstruire différents indicateurs standard d’évaluation de la dépendance, présents dans la littérature internationale ou mis au point par des experts français. Les travaux réalisés à partir de l’enquête HID jusqu’à présent ont utilisé les indicateurs de Katz, de Colvez, l’indicateur EHPA, ou des équivalents des groupes iso-ressources (GIR) de l’outil AGGIR. Tous ces indicateurs sont présentés de manière détaillée en annexe.

16L’indicateur de Katz, le plus ancien, synthétise le besoin d’aide pour les six activités élémentaires de la vie quotidienne retenues par Katz (les ADL précédemment rappelées) à l’aide de différents niveaux : indépendant pour les six activités, dépendant pour une seule des six activités, etc. L’indicateur de Colvez mesure, quant à lui, la perte de mobilité à l’aide de quatre niveaux. Ces deux indicateurs appréhendent uniquement la perte d’autonomie physique.

17Les deux autres indicateurs, EHPA et les GIR, visent à pallier cette limite. Ainsi, l’indicateur EHPA croise l’indicateur de Colvez avec un indicateur de l’existence ou non de troubles du comportement ou de désorientation dans l’espace et dans le temps, et définit ainsi huit groupes de personnes. L’outil AGGIR, outil de mesure de l’autonomie de la personne âgée sur différentes dimensions, retient parmi celles-ci deux variables qui visent à appréhender l’autonomie mentale et la perte de celle-ci : la « cohérence » (converser ou se comporter de façon logique et sensée) et l’« orientation » (se repérer dans le temps, les moments de la journée et dans les lieux). Les autres dimensions d’AGGIR s’inspirent très largement des ADL ou IADL, base de la plupart des indicateurs synthétiques de dépendance. À partir des notes attribuées pour les différentes activités, un algorithme attribue un groupe iso-ressources, le GIR. Il existe au total six groupes, qui permettent de classer les personnes âgées des plus dépendantes (GIR 1) aux plus autonomes (GIR 6).

18Le cas d’AGGIR demande à être précisé car le mode de recueil de l’information est très différent dans l’enquête HID et dans les conditions standard d’utilisation de cet outil. En effet, c’est habituellement une équipe médico-sociale qui évalue le degré d’autonomie de la personne et attribue des notes aux variables permettant de calculer le GIR (c’est le cas par exemple dans le cadre d’une demande d’allocation personnalisée d’autonomie). Or l’enquête HID est basée sur les déclarations des personnes ou de leurs aidants (famille ou soignants), et non sur une évaluation par une équipe médico-sociale.

19Par ailleurs, l’attribution des notes « A » (fait seul, totalement, habituellement et correctement), « B » (fait partiellement, ou non habituellement, ou non correctement), ou « C » (ne fait pas) implique également des choix : choix des modalités du questionnaire qui correspondent à A, à B ou à C. Or, la référence au temps (faire habituellement ou non) est souvent absente du questionnaire d’HID et la référence à l’environnement, aux mœurs (faire correctement) est absente du questionnaire. Dans l’enquête HID, pour la plupart des variables d’incapacité, les modalités possibles sont : « fait sans aide, sans difficulté », « fait sans aide, avec quelques difficultés », « fait sans aide, mais avec beaucoup de difficultés », « a besoin d’une aide partielle », « ne fait pas sans aide ».

20Enfin, une légère modification des notes attribuées aux variables discriminantes d’AGGIR provoque parfois de fortes variations du groupe iso-ressources, avec un basculement d’un GIR donné vers un GIR très différent (Bevernage, 1998 ; Coutton, 2000). Cette propriété de l’outil AGGIR amplifie la sensibilité des estimations via une enquête statistique comme HID.

21Compte tenu de ces difficultés, dix-sept questions de l’enquête HID sur les incapacités ont été utilisées pour reconstituer les dix variables discriminantes d’AGGIR. Si le choix des questions correspondant aux différentes variables est souvent aisé, une part d’arbitraire subsiste. De ce fait, on peut seulement dire qu’on a tenté, à travers l’enquête HID, de reconstituer des « équivalents-GIR ». Ce problème n’est toutefois pas spécifique à l’enquête HID et la comparaison, à partir d’autres sources, des estimations de GIR issues d’enquêtes avec des évaluations directes par du personnel médico-social montrent des écarts importants entre les deux types d’évaluation, du fait des différences de perception des évaluateurs, de l’adaptation des données utilisées et de la difficulté de mettre en œuvre un programme de codification des variables de l’enquête (Coutton, 2001b).
Un autre problème général relatif à l’enquête HID est le faible nombre de questions permettant d’appréhender les problèmes psychiques, les troubles du comportement, les détériorations intellectuelles. La difficulté à poser des questions permettant de repérer ces troubles relativement diffus et variables dans le temps n’a pas été complètement résolue à ce jour dans les enquêtes statistiques (cf. l’article de François Chapireau dans ce numéro).

Différentes estimations de la population âgée dépendante

22Selon l’indicateur de dépendance et le degré de sévérité du besoin d’aide retenus, les estimations du nombre de personnes dépendantes de 60 ans et plus en France à partir de l’enquête HID varient dans un rapport de près de 1 à 3 (de 600 000 à 1,5 million environ). Le tableau 2 tente d’en faire une synthèse d’après les différentes études publiées par la Direction de recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES). Il montre à la fois la difficulté des chiffrages du nombre de personnes âgées dépendantes, les évaluations variant fortement selon les critères, mais aussi une certaine convergence entre les indicateurs, dès lors qu’on retient des seuils comparables (par exemple entre les groupes EHPA 11 à 22 et les équivalents-GIR 1 à 4, ou entre les deux premiers niveaux de l’indicateur Colvez et la dépendance pour au moins deux ADL de Katz, estimations notées en gras dans le tableau).

Tableau 2

Le nombre de personnes âgées dépendantes selon différents indicateurs synthétiques

Tableau 2
Indicateur Effectifs Colvez Confiné au lit ou au fauteuil (niveau 1) 225 000 Besoin d’aide pour la toilette et l’habillage (niveau 2) 403 000 Total dépendance physique lourde (niveaux 1 et 2) 628 000 Besoin d’aide pour sortir (niveau 3) 789 000 Total dépendance physique (niveaux 1 à 3) 1 417 000 EHPA Dépendance physique lourde et dépendance psychique* (EHPA 11-12) 295 000 Confiné au lit ou au fauteuil ou aidé pour la toilette et l’habillage (dépendance physique lourde) sans dépendance psychique* (EHPA 21-22) 333 000 Total dépendance physique lourde (EHPA 11 à 22) 628 000 Dépendant psychique* sans dépendance physique lourde (EHPA 13-14) 216 000 Total dépendance physique lourde ou dépendance psychique* (EHPA 11 à 22) 844 000 Besoin d’aide pour sortir, sans dépendance psychique* (EHPA 23) 672 000 Total dépendance (EHPA 11 à 23) 1 516 000 AGGIR Équivalents-GIR 1 à 3 532 000 Équivalents-GIR 1 à 4 796 000 Équivalents-GIR 1 à 5 1 186000 Katz Dépendant pour les six ADL 80 000 Dépendant pour au moins 1 ADL 1 255 000 Dépendant pour au moins 2 ADL 697 000 * Existence de troubles du comportement ou de désorientation dans le temps ou l’espace. Sources : Insee, enquêtes HID 1998 et 1999. Tableau construit d’après Colin, Coutton (2000), et Bontout, Colin, Kerjosse (2002).

Le nombre de personnes âgées dépendantes selon différents indicateurs synthétiques

23Ainsi, selon l’indicateur Colvez et d’après l’enquête HID, environ 225 000 personnes de 60 ans et plus sont confinées au lit ou au fauteuil et 400 000, non confinées, ont besoin d’aide pour la toilette et l’habillage. Si l’on tient compte de la dépendance dite « modérée » au sens de l’indicateur Colvez, il faut ajouter à ces 628 000 personnes lourdement dépendantes physiquement, 789 000 personnes qui ne sont pas confinées, ni aidées pour la toilette et l’habillage, mais qui ont besoin d’aide pour sortir de leur domicile ou de l’institution où elles résident.

24Selon l’indicateur de Katz, environ 700 000 personnes de 60 ans et plus ont besoin d’aide pour au moins deux activités de la vie quotidienne parmi les suivantes : faire sa toilette, s’habiller, aller aux toilettes et les utiliser, se coucher ou quitter son lit et s’asseoir et quitter son siège, contrôler ses selles et ses urines, manger des aliments déjà préparés. Parmi celles-ci, 80 000 personnes sont dépendantes pour l’ensemble de ces six activités.

25Ces deux indicateurs mettent en évidence uniquement la dépendance physique. Or les détériorations psycho-intellectuelles sont également fréquentes chez les personnes âgées. De plus, dépendance physique et troubles du comportement ou désorientation se combinent souvent, puisque parmi les 628 000 personnes confinées au lit ou au fauteuil ou aidées pour la toilette et l’habillage, près de la moitié présentent également une perte d’autonomie mentale.

26Selon l’indicateur EHPA, qui permet d’appréhender ces différentes dimensions, et d’après l’enquête HID, 844 000 personnes de 60 ans ou plus présentent des troubles du comportement ou une désorientation dans l’espace et dans le temps, ou sont lourdement dépendantes physiquement, au sens où elles ont besoin d’aide pour se lever, s’habiller ou se laver. Parmi elles, 333 000 personnes (soit 39 %) présentent uniquement une dépendance physique, 295 000 (soit 35 %) à la fois une dépendance physique et des problèmes de cohérence ou d’orientation, et 216 000 (soit 26 %) présentent des problèmes d’orientation ou des troubles du comportement sans une lourde perte d’autonomie physique. Ainsi, d’après l’indicateur EHPA, 511 000 personnes au total présentent une perte d’autonomie mentale.

27Enfin, avec les conventions précédemment rappelées sur la construction des « équivalents-GIR » à partir d’HID, environ 530 000 personnes seraient classées dans les équivalents-GIR 1 à 3, 260 000 en équivalent-GIR 4 et 390 000 personnes âgées en équivalent-GIR 5.

28L’estimation des effectifs par groupe iso-ressources à partir de l’enquête HID se révèle cependant sensible, essentiellement pour les personnes à domicile. Ainsi, 72 000 personnes à domicile classées en équivalent-GIR 5 ou 6 peuvent basculer en équivalent-GIR 4 si l’on considère, pour une seule des activités prises en compte dans la définition de la dépendance, que « faire sans aide » mais « avec de grandes difficultés » retrace une incapacité. De la même manière, 85 000 personnes supplémentaires peuvent basculer de l’équivalent-GIR 5 ou 6 à l’équivalent-GIR 4 si l’on interprète différemment non plus une, mais deux variables. L’intégration de ces deux groupes de « cas limites » peut conduire à inclure 157 000 personnes de 60 ans et plus en équivalent-GIR 4, soit deux tiers de plus que dans l’estimation initiale (232 000 à domicile). Au total, d’après l’enquête HID, entre 800 000 et 960 000 personnes âgées de 60 ans et plus peuvent être classées dans les équivalents-GIR 1 à 4.
En institution, les résultats issus d’HID sont peu sensibles à l’interprétation des variables. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’en institution, les personnes sont généralement aidées lorsqu’elles ont beaucoup de difficultés à effectuer un des actes et que, par ailleurs, l’aide partielle est rare. À domicile, en revanche, l’aide partielle est plus fréquente.

Les différents indicateurs se recouvrent assez largement pour les dépendances les plus lourdes…

29Le croisement des différentes grilles de dépendance permet d’affiner la description des populations concernées. Par exemple, les résultats de l’enquête HID indiquent globalement un fort recouvrement entre les groupes de Colvez 1 et 2 et les équivalents-GIR 1 à 3, c’est-à-dire pour l’appréhension des dépendances les plus lourdes. Ainsi, 74 % de l’ensemble des personnes qui au sens de la grille Colvez sont confinées au lit ou au fauteuil ou ont besoin d’aide pour la toilette et l’habillage sont classés dans les équivalents-GIR 1 à 3. Inversement, 86 % des personnes des équivalents-GIR 1 à 3 se trouvent dans les groupes Colvez 1 ou 2.

30Autre fort recouvrement : les deux premiers groupes de la grille Colvez représentent 78 % des équivalents-GIR 1 à 4, et 74 % de l’ensemble des personnes lourdement dépendantes physiquement ou qui souffrent de troubles du comportement ou de désorientation (groupes EHPA 11 à 22).

… mais diffèrent dans leur appréhension des personnes désorientées ou incohérentes

31Les différentes grilles ne se recoupent toutefois que partiellement, avec des divergences dans la prise en compte des personnes présentant une perte d’autonomie mentale. Ainsi, environ 60 000 personnes sont classées en équivalent-GIR 2 ou 3, et ne sont ni confinées au lit ou au fauteuil ni aidées pour la toilette et l’habillage. Inversement, si l’outil AGGIR prend en compte les détériorations intellectuelles dans leurs formes les plus sévères, les désorientations ou incohérences partielles, surtout si elles ne s’accompagnent pas d’incapacités à effectuer les activités élémentaires de la vie quotidienne, peuvent ne conduire qu’à un classement dans les GIR 4 à 6. Ceci peut être approfondi en croisant la grille AGGIR et l’indicateur EHPA. Ainsi, environ 160 000 personnes présentant une perte d’autonomie mentale selon l’indicateur EHPA sont en équivalent-GIR 5 ou 6.

Le détail de l’enquête HID permet aussi de réaliser des travaux spécifiques sur certains indicateurs, comme les GIR…

32Des travaux détaillés de l’équipe Inserm « Démographie et santé » ont porté plus spécifiquement sur la grille AGGIR, devenue depuis la loi du 24 janvier 1997 grille nationale d’évaluation de la dépendance en France. Après une étude théorique de la grille AGGIR (Coutton, 2001a), ces travaux se sont intéressés à la codification des GIR à partir de l’enquête HID, aux profils d’incapacités des différents équivalents-GIR, aux combinaisons effectivement rencontrées dans l’enquête HID et à leurs caractéristiques, ainsi qu’aux quantités de ressources utilisées par les personnes dépendantes selon leur équivalent-GIR. Toutes ces analyses sont bien sûr conditionnées à la codification des GIR via l’enquête HID, avec la difficulté du mode de recueil déclaratif propre à HID.

33L’étude des profils d’incapacités par équivalent-GIR a ainsi montré qu’au sein d’un même groupe, les personnes âgées qui vivent à domicile ont souvent moins d’incapacités que celles qui vivent en institution, et plus généralement, que les profils d’incapacités au sein d’un équivalent-GIR donné peuvent être très variables (Coutton, 2001b). Ainsi, les équivalents-GIR 2, 3 et 4 regroupent chacun des profils de dépendance physique très différents, et en même temps les équivalents-GIR 3 et 4 apparaissent relativement proches. Globalement toutefois, de manière logique, le nombre d’activités de la vie quotidienne pour lesquelles les personnes ont besoin d’aide croît globalement au fur et à mesure qu’on passe de l’équivalent-GIR 6 à l’équivalent-GIR 1.

34Cette hétérogénéité des GIR tient au fait que la grille AGGIR, avec ses trois notes possibles (A, B, C) sur huit variables discriminantes utilisées pour le calcul du groupe iso-ressources, propose 3 8, soit 6 561 combinaisons de notes, dont huit en GIR 1, 3 208 en GIR 2, 2 400 en GIR 3, 760 en GIR 4, 157 en GIR 5 et 28 en GIR 6. Un très grand nombre de combinaisons conduisent à un même GIR, en particulier pour les GIR 2 et 3. Toutefois, toutes ces combinaisons ne s’observent pas dans la réalité. Les auteurs d’AGGIR en avaient eux-mêmes observé, sur un échantillon de 32 112 individus, seulement 1 703 (Vetel, Leroux, Ducoudray, Prévost, 1998). Les travaux réalisés à partir de l’enquête HID (15 000 personnes de 60 ans et plus) en ont reconstitué 1 277 en institution et 447 à domicile.

35Enfin, au-delà de l’hétérogénéité des profils de dépendance au sein des équivalents-GIR, les configurations d’aide par GIR apparaissent également variables au sein d’un GIR, en particulier en fonction de la présence ou non de problèmes de cohérence et d’orientation (Coutton, 2002).

… ou d’étudier de manière fine la fréquence des différentes incapacités

36Les indicateurs synthétiques de dépendance permettent de classer la population âgée en différents groupes, et d’identifier des niveaux, relativement grossiers, de besoin d’aide. Pour affiner la description de l’état de santé des personnes âgées, il faut s’intéresser au détail des incapacités auxquelles elles peuvent être confrontées. Pour cela, l’enquête HID est tout à fait précieuse puisqu’elle permet d’étudier la fréquence des incapacités, y compris chez les personnes âgées, en fonction du sexe, de l’âge, du type d’établissement, du niveau d’études, du milieu social… (Goillot, Mormiche, 2001 ; Goillot, Mormiche, 2002).

37Il apparaît ainsi que deux catégories d’incapacités [2] se distinguent à domicile (graphique 2) : celles relatives à la mobilité et aux déplacements, à la souplesse et la manipulation, aux tâches ménagères et à la gestion touchent déjà 10 % des personnes de 60 à 69 ans et s’accroissent avec l’âge pour atteindre au moins 70 % des personnes de 90 ans et plus, alors que les autres, et en particulier celles relatives à la toilette, l’habillage et l’alimentation, ou à la cohérence et l’orientation, touchent à peine 5 % des personnes de 60 à 69 ans et pas plus de 40 % de celles de 90 ans et plus (Goillot, Mormiche, 2002).

Graphique 2

Proportion d’individus ayant au moins une incapacité selon l’âge et le type de chapitre

Graphique 2

Proportion d’individus ayant au moins une incapacité selon l’âge et le type de chapitre

Source : Insee, enquête HID 1999. Graphique extrait de Goillot, Mormiche, (2002).

38On peut également s’interroger sur le processus qui conduit à l’apparition de ces incapacités. Des travaux sur le rôle des facteurs sociaux dans le développement du processus dynamique qui mène de la limitation fonctionnelle à la restriction d’activité ont été engagés (Cambois, 2002). En effet, les limitations fonctionnelles (difficultés à mobiliser les fonctions physiques, sensorielles ou mentales par exemple pour marcher, tendre un bras, entendre) ne conduisent pas forcément à des limitations d’activité (difficultés à réaliser des activités essentielles de la vie de tous les jours, comme s’habiller, se nourrir, faire ses courses). La transition dépend du type de limitations et de la capacité des individus à gérer ces limitations. De fait, par exemple, la prévalence par âge des limitations fonctionnelles pour se déplacer à l’étage ou pour monter et descendre des escaliers augmente bien sûr avec l’âge, mais est systématiquement plus élevée que celle des restrictions d’activité pour se nourrir, se vêtir, faire sa toilette (graphique 3).

Graphique 3

Prévalence par âge des limitations fonctionnelles de mobilité (se déplacer à l’étage, monter et descendre des escaliers) et des restrictions d’activité (se nourrir, faire sa toilette, se vêtir)

Graphique 3

Prévalence par âge des limitations fonctionnelles de mobilité (se déplacer à l’étage, monter et descendre des escaliers) et des restrictions d’activité (se nourrir, faire sa toilette, se vêtir)

Source : Insee, enquêtes HID 1998-1999. Extrait de Cambois (2002).

Les personnes âgées dépendantes : principalement des femmes, qui majoritairement vivent à domicile

39Une fois « identifiées », il est possible de décrire les personnes âgées dépendantes et d’étudier leurs caractéristiques sociodémographiques, leur lieu de vie, les aides humaines ou techniques dont elles disposent, leur environnement sociofamilial, etc. Les conditions de vie des personnes âgées, en particulier dépendantes, sont l’objet des contributions dans ce numéro de Marie-Eve Joël pour les personnes à domicile et d’Annie Mesrine et Sandrine Dufour-Kippelen pour celles en établissement.
Sans anticiper sur le contenu de ces articles, si on se limite aux principales caractéristiques des personnes âgées dépendantes, l’enquête HID confirme les trois résultats suivants, valables quel que soit l’indicateur retenu :

40

  • les personnes dépendantes vivent majoritairement à domicile ;
  • les personnes dépendantes sont surtout des femmes ;
  • le taux de prévalence de la dépendance augmente fortement avec l’âge.
Tous états de santé confondus, les personnes âgées vivent très majoritairement à domicile, et le taux d’institutionnalisation global des personnes de 60 ans et plus est de 4 %, croissant cependant fortement avec l’âge (Ankri, 2001) : un cinquième des personnes de 80 ans et plus et un tiers de celles de 90 ans et plus résident ainsi dans des maisons de retraite, logements-foyers, unités de soins de longue durée, contre moins de 5 % avant 80 ans (Courson, Madinier, 2000). Même lorsque leur état de santé nécessite une aide pour les tâches de la vie quotidienne ou une surveillance régulière, nombre de personnes âgées restent à domicile, qu’elles vivent chez elles ou chez un membre de leur famille. Quel que soit l’indicateur de dépendance utilisé, environ deux tiers des personnes ayant besoin d’aide pour les actes élémentaires de la vie vivent à domicile [3] (par exemple 64 % si on considère les groupes Colvez 1-2, 66 % si on considère les équivalents-GIR 1 à 4…) et un tiers en institution.

41Les personnes âgées dépendantes sont essentiellement des femmes. Ceci tient à plusieurs facteurs : d’une part, elles vivent plus longtemps que les hommes (l’écart d’espérance de vie à la naissance entre hommes et femmes était de 7 ans en 2001) et sont donc plus nombreuses aux âges élevés, âges auxquels survient la dépendance et d’autre part, elles sont, à chaque âge, plus fréquemment dépendantes que les hommes (graphique 2). Ainsi, les deux tiers des personnes confinées au lit ou au fauteuil ou aidées pour la toilette et l’habillage ou classées dans les groupes EHPA 11 à 22 sont des femmes.
Enfin, pour les différents indicateurs, la prévalence de la dépendance augmente de manière très forte avec l’âge, surtout à partir de 75-80 ans (graphique 4). Par exemple, les personnes dépendantes psychiquement ou lourdement dépendantes physiquement (EHPA 11 à 22) représentent environ 7 % de la population des 60 ans et plus ; à 70 ans, 3,5 % des hommes ou des femmes sont dépendants selon ce critère, mais c’est le cas de 10 % des hommes et 12 % des femmes de 80 ans, de 15 % des hommes et 20 % des femmes de 85 ans et de 23 % des hommes et 32 % des femmes âgés de 90 ans (Bontout, Colin, Kerjosse, 2002).

Graphique 4

Proportion de personnes dépendantes par âge (outil AGGIR et indicateur EHPA)

Graphique 4

Proportion de personnes dépendantes par âge (outil AGGIR et indicateur EHPA)

Source : Insee, enquêtes HID 1998-1999. Extrait de Bontout, Colin, Kerjosse, (2002).

Quelles évolutions du nombre de personnes âgées dépendantes ?

42Le vieillissement démographique à l’œuvre en France et dans les pays développés conduit à s’interroger sur les évolutions possibles du nombre de personnes âgées dépendantes à l’avenir : assistera-t-on à une hausse spectaculaire de ce nombre ? Sera-t-il relativement contenu, grâce à des progrès médicaux importants ? Ces interrogations montrent l’intérêt des exercices de projection qui peuvent être réalisés, et l’enquête HID apporte à cet égard des données indispensables.

Une baisse probable de l’incidence de la dépendance physique lourde au cours de la décennie 1990

43Si l’on se tourne vers le passé, en 1990 le nombre de personnes de 65 ans et plus confinées au lit ou au fauteuil ou ayant besoin d’aide pour la toilette et l’habillage était estimé à 670 000 (Lebeaupin, Nortier, 1996). Ces estimations étaient basées sur les données de l’enquête sur la santé et les soins médicaux (1991-1992) pour les personnes à domicile et de l’enquête EHPA (1990) pour celles en établissement. Près d’une décennie plus tard, les données issues de l’enquête HID indiquent une baisse de la population lourdement dépendante physiquement, de 670 000 à 600 000 personnes de 65 ans et plus. Pendant la même période, la population âgée de 65 ans et plus est passée d’environ 7,9 millions à environ 9,4 millions. Même si le constat n’est pas établi avec les mêmes sources statistiques, il semble donc qu’entre 1990 et 1999, la proportion de personnes lourdement dépendantes physiquement ait baissé de deux points, passant de 8,5 % à 6,4 %. Pour les plus de 80 ans, cette baisse des taux de prévalence aurait été plus rapide que les gains d’espérance de vie (Bontout, Colin, Kerjosse, 2002).

Différents scénarios de projections

44Les constatations précédentes permettent d’élaborer différents scénarios pour les évolutions à venir. Sur la base du nombre de personnes âgées dépendantes estimé à l’aide de l’enquête HID, des taux de prévalence par sexe et âge issus de cette même enquête et des projections démographiques réalisées par l’Insee à la suite du recensement de population de 1999, la DREES a réalisé des projections à l’horizon 2020 puis 2040, de personnes âgées dépendantes de 60 ans et plus. Ces projections concernent les personnes classées dans les équivalents-GIR 1 à 4, d’une part, et lourdement dépendantes physiquement ou dépendantes psychiquement au sens des groupes EHPA 11 à 22 (Bontout, Colin, Kerjosse, 2002), d’autre part.

45Ces projections permettent d’appréhender les effets des évolutions démographiques futures en fonction de différents scénarios possibles d’évolution de la dépendance aux âges élevés. Des projections concernant le nombre d’aidants potentiels apportent également un éclairage sur les perspectives d’accompagnement des personnes âgées dépendantes.

46Trois scénarios de projection ont été construits en fonction des évolutions de la prévalence de la dépendance physique lourde observées au cours de la décennie quatre-vingt-dix :

  • un scénario dit « pessimiste », dans lequel on suppose que les gains d’espérance de vie sans dépendance évoluent de façon parallèle à l’espérance de vie générale : les proportions de personnes dépendantes à chaque âge diminueraient alors à un rythme identique aux gains d’espérance de vie projetés. Ce scénario correspond à une hypothèse où le temps passé dans une situation de dépendance serait globalement stable (théories de l’équilibre dynamique de K.G. Manton (Manton, 1982)), les gains d’espérance de vie se traduisent par des gains d’espérance de vie sans dépendance ;
  • un scénario dit « optimiste » dans lequel on suppose que les proportions de personnes dépendantes à chaque âge vont continuer à baisser à un rythme comparable à ce qui a été observé sur la décennie quatre-vingt-dix (rythme rapide pour les plus de 80 ans) ;
  • un scénario dit « central », moyenne des deux précédents, qui repose sur l’hypothèse que les proportions de personnes dépendantes à chaque âge vont baisser à un rythme un peu moins rapide que dans l’hypothèse optimiste.
Les deux dernières hypothèses introduisent des gains d’espérance de vie sans dépendance plus rapides que les gains d’espérance de vie projetés. Elles correspondent à une diminution de la durée de l’état de dépendance et se réfèrent plutôt à la théorie de compression de la morbidité de J.-F. Fries (Fries, 1980).

47Selon l’horizon considéré, ces trois scénarios de projection ne sont pas forcément équiprobables. À l’horizon d’une dizaine d’années, des progrès notables permettant de limiter le développement des démences semblent difficilement envisageables, ce qui peut rendre le scénario central et le scénario pessimiste les plus probables ; à 1’horizon 2020, il est possible que des traitements efficaces permettent de retarder nettement l’arrivée des troubles du comportement ou des désorientations (plus vite du moins que les gains d’espérance de vie), ce qui rendrait le scénario central le plus probable, voire le scénario optimiste. À un horizon plus lointain, les projections sont assorties d’une incertitude plus grande dans la mesure où les différents scénarios divergent assez nettement, surtout à partir de 2025.

Une augmentation prévisible du nombre de personnes âgées dépendantes

48Ces trois scénarios conduisent à une augmentation du nombre de personnes dépendantes de 60 ans ou plus au cours des quarante années à venir (graphique 5), augmentation irrégulière dans le temps car très liée aux mouvements démographiques et au passage des générations dans les différentes classes d’âge. La croissance du nombre de personnes âgées dépendantes s’accélérerait ainsi une première fois à partir de 2005-2010, quand les cohortes nées après la première guerre mondiale, plus nombreuses que leurs aînées, atteindront des âges où les taux de prévalence de la dépendance sont élevés, puis une seconde fois à partir de 2030, lorsque les générations nombreuses du baby-boom auront plus de 80 ans.

Graphique 5

Nombre de personnes dépendantes de 60 ans et plus pour différents scénarios

Graphique 5

Nombre de personnes dépendantes de 60 ans et plus pour différents scénarios

Source : graphique extrait de Bontout, Colin, Kerjosse, (2002).

49Les augmentations projetées du nombre de personnes dépendantes de 60 ans et plus varient fortement selon les scénarios et selon l’horizon considéré. Entre 2000 et 2020, selon l’indicateur de dépendance retenu, le nombre de personnes âgées dépendantes augmenterait de 23 ou 26 %, cette hausse pouvant être limitée à 14 ou 18 % dans le scénario optimiste mais aller jusqu’à 31 ou 33 % dans le scénario pessimiste. Si on poursuit les projections jusqu’à l’horizon 2040, la hausse du nombre de personnes âgées dépendantes de 60 ans et plus atteindrait 53 % dans le scénario central, serait comprise entre 32 à 38 % dans le scénario optimiste et entre 79 à 81 % dans le scénario pessimiste.

50Ces projections ont été mises en regard avec les évolutions démographiques à venir concernant les aidants informels (ou aidants non professionnels) potentiels. En effet, actuellement, le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes est souvent possible grâce à l’aide de la famille ou de l’entourage. Les aidants familiaux principaux des personnes dépendantes sont aujourd’hui le conjoint dans la moitié des cas et l’un des enfants dans un tiers des cas (Dutheil, 2001). Dans huit cas sur dix, il s’agit d’une personne qui a entre 50 et 79 ans. Or, dans les prochaines décennies, les effectifs de cette classe d’âge augmenteront de manière beaucoup moins importante que le nombre de personnes âgées dépendantes : par exemple, entre 2000 et 2040, selon les projections démographiques de l’Insee, le nombre de femmes de 50 à 79 ans augmenterait de 10 %, celui des hommes de cette même tranche d’âge de 12 %, tandis que dans le scénario central, celui des personnes dépendantes de 60 ans et plus croîtrait de 53 %.
Ce constat ne prend en compte que les évolutions démographiques des aidants potentiels des personnes âgées dépendantes. L’évolution du nombre effectif d’aidants familiaux peut dépendre de nombreux autres facteurs, tels que l’augmentation de l’activité professionnelle des femmes, la plus grande implication éventuelle des fils dans l’aide, l’éloignement géographique entre enfants et parents âgés, les choix personnels des conjoints ou enfants de s’investir plus ou moins dans le rôle d’aidant.

Perspectives : que peut-on encore apprendre grâce à HID sur le nombre de personnes dépendantes et leur évolution ?

51Les projections de personnes âgées dépendantes déjà réalisées reposent sur une méthode simple d’application à des populations par âge issues de projections démographiques, de proportions qui varient dans le temps de personnes dépendantes à chaque âge. L’exploitation du deuxième passage de l’enquête HID (nouvelle interview deux ans plus tard des personnes interrogées en 1998 dans HID « Institutions » ou en 1999 dans HID « Domicile ») permettra d’étudier les transitions entre états, entre niveaux de dépendance, entre dépendance et décès, et en particulier de construire de nouveaux scénarios de projections. Il s’agit d’une voie de recherche très importante, car on ne dispose jusqu’à présent en France que de peu de données longitudinales, hormis celles issues des cohortes épidémiologiques comme PAQUID [4] ou la cohorte Haute-Normandie [5]. Par exemple, des thèmes d’étude pourraient être la réversibilité des états de dépendance, les déterminants du processus d’entrée en dépendance, de la durée de vie en dépendance, etc.

52De telles données sur les transitions pourraient également être utilisées dans des modèles de microsimulation comme le modèle Destinie de l’Insee. Un travail similaire avait été réalisé pour le Commissariat général au Plan sur la base des données américaines du Longitudinal Survey On Aging, faute de données françaises (Breuil-Genier, Chanut, Flipo, Mahieu, Lièvre, 1998). Cette étude avait analysé l’évolution dans le temps du potentiel d’aide familiale en tenant compte des liens familiaux effectifs et de l’état de santé des personnes âgées et de leurs conjoints et enfants : évolution d’ici 2020 du nombre de personnes âgées n’ayant ni conjoint valide, ni enfant valide, du nombre de personnes âgées ayant un conjoint valide mais pas d’enfants valides, etc., ainsi que du nombre moyen d’aidants (conjoint valide, enfants valides, beaux-enfants valides) par personne âgée dépendante.

53De manière générale, les études à venir à partir de l’enquête HID devraient permettre de mieux comprendre les trajectoires d’état de santé des personnes âgées et d’en déduire des éléments prospectifs sur les besoins de prise en charge en cas de dépendance.


Annexe

Les indicateurs synthétiques de dépendance

L’indicateur de Colvez

54C’est un indicateur d’appréhension de la dépendance (au sens du besoin d’aide), qui mesure la perte de mobilité (Colvez, Gardent, 1990). Il classe les personnes en quatre groupes :

  • niveau 1 : personnes confinées au lit ou au fauteuil ;
  • niveau 2 : personnes non confinées au lit ou au fauteuil, ayant besoin d’aide pour la toilette et l’habillage ;
  • niveau 3 : personnes ayant besoin d’aide pour sortir de leur domicile ou de l’institution où elles sont hébergées, mais n’appartenant pas aux niveaux 1 et 2 ;
  • niveau 4 : autres personnes (considérées comme non dépendantes).
Les niveaux 1 et 2 correspondent à la dépendance lourde, le niveau 3 à la dépendance modérée.

L’indicateur EHPA

55L’indicateur Colvez est limité à la mesure de la dépendance physique. Pour pallier cette limite, un indicateur croisant la grille Colvez avec un indicateur de dépendance psychique a été construit pour les enquêtes du SESI (ex-service statistique du ministère de l’Emploi et de la Solidarité) relatives à la clientèle des établissements d’hébergement pour personnes âgées (Kerjosse, 1992). Cet indicateur, dit EHPA, a été repris pour l’enquête HID. On y considère qu’il y a dépendance psychique lorsque la personne est soit totalement incohérente, soit totalement désorientée, soit partiellement incohérente et partiellement désorientée [6]. Le croisement des quatre groupes de Colvez sur la dépendance physique avec les deux groupes définis selon l’existence ou non de troubles du comportement ou de désorientation dans l’espace et dans le temps permet de répartir les personnes âgées en huit groupes qui conjuguent les deux approches de la dépendance (physique et psychique).

56Ces huit groupes EHPS sont :

tableau im8
EHPA 11 Dépendance psychique et confiné au lit ou au fauteuil EHPA 12 Dépendance psychique et besoin d’aide pour la toilette et l’habillage EHPA 13 Dépendance psychique et besoin d’aide pour sortir du domicile ou de l’institution EHPA 14 Dépendance psychique et pas de dépendance physique EHPA 21 Peu ou pas de dépendance psychique et confiné au lit ou au fauteuil EHPA 22 Peu ou pas de dépendance psychique et besoin d’aide pour la toilette et l’habillage EHPA 23 Peu ou pas de dépendance psychique et besoin d’aide pour sortir du domicile ou de l’institution EHPA 24 Peu ou pas de dépendance psychique et pas de dépendance physique

L’indicateur de Katz

57Une autre mesure usuelle de la dépendance (Katz) évalue la capacité de la personne âgée à réaliser six activités de la vie quotidienne (Activities of Daily Living, ADLs) : 1 – faire sa toilette ; 2 – s’habiller ; 3 – aller aux toilettes et les utiliser ; 4 – se coucher ou quitter son lit et s’asseoir et quitter son siège ; 5 – contrôler ses selles et ses urines ; 6 – manger des aliments déjà préparés (Katz, 1963). L’indicateur de Katz synthétise ce besoin d’aide à l’aide de différents niveaux :

  • indépendant pour les six activités ;
  • dépendant pour une seule des six activités ;
  • dépendant pour deux activités, dont la première (faire sa toilette) ;
  • dépendant pour trois activités, dont les deux premières ;
  • dépendant pour quatre activités, dont les trois premières ;
  • dépendant pour cinq activités, dont les quatre premières ;
  • dépendant pour les six activités ;
  • dépendant pour au moins deux activités, sans être classable dans les catégories précédentes.
Cet indicateur est utilisé de manière internationale.

L’outil AGGIR

58AGGIR est un outil multidimensionnel de mesure de l’autonomie, à travers l’observation des activités qu’effectue seule la personne âgée, mis au point pas le Syndicat national de gérontologie clinique (Vetel, Leroux, Ducoudray, Prévost, 1998). Il comprend dix variables discriminantes :

  • cohérence : converser et/ou se comporter de façon logique et sensée ;
  • orientation : se repérer dans le temps, les moments de la journée et dans les lieux ;
  • toilette : assurer son hygiène corporelle ;
  • habillage : s’habiller, se déshabiller, choisir ses vêtements ;
  • alimentation : se servir et manger les aliments préparés ;
  • hygiène de l’élimination : assurer l’hygiène de l’élimination urinaire et fécale ;
  • transferts : se lever, se coucher, s’asseoir ;
  • déplacement à l’intérieur du logement ou de l’institution (éventuellement avec canne, fauteuil roulant ou déambulateur) ;
  • déplacement à l’extérieur : à partir de la porte d’entrée, à pied ou en fauteuil ;
  • communication à distance : utiliser les moyens de communication (téléphone, alarme, sonnette).
Chaque variable a trois modalités :

59A : fait seul, totalement, habituellement et correctement ;

60B : fait partiellement, ou non habituellement, ou non correctement ;

61C : ne fait pas.

62AGGIR comprend aussi sept variables illustratives :

  • gestion ;
  • cuisine ;
  • ménage ;
  • transports ;
  • achats ;
  • suivi des traitements ;
  • activités de temps libre.
À partir des réponses aux dix variables discriminantes (notes A, B, C), un algorithme attribue des points, calcule un score, et en fonction de celui-ci, attribue à chaque personne un groupe iso-ressources (GIR). Il existe six groupes, dits « groupes iso-ressources », qui sont censés regrouper des personnes qui peuvent avoir des profils d’incapacités différents, mais ont besoin d’une même quantité d’heures de soins (Vetel, Leroux, Ducoudray, Prévost, 1998). En pratique, dans AGGIR, seules les huit premières variables discriminantes sont utiles pour le calcul du GIR. Il existe par ailleurs une description « littéraire » des six groupes iso-ressources, qui décrit les caractéristiques de la majorité des personnes de chaque groupe. Ainsi, selon les auteurs d’AGGIR :
  • le premier groupe (GIR 1) comprend les personnes confinées au lit ou au fauteuil et ayant perdu leur autonomie mentale, corporelle, locomotrice et sociale, qui nécessitent une présence indispensable et continue d’intervenants ;
  • le GIR 2 est composé de deux sous-groupes : d’une part, les personnes confinées au lit ou au fauteuil dont les fonctions mentales ne sont pas totalement altérées et qui nécessitent une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante ; d’autre part, celles dont les fonctions mentales sont altérées mais qui ont conservé leurs capacités motrices. Le déplacement à l’intérieur est possible mais la toilette et l’habillage ne sont pas faits ou sont faits partiellement ;
  • le GIR 3 regroupe les personnes ayant conservé leur autonomie mentale, partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui nécessitent quotidiennement et plusieurs fois par jour des aides pour leur autonomie corporelle.
    Ainsi, la toilette et l’habillage ne sont pas faits ou sont faits partiellement. De plus, l’hygiène de l’élimination nécessite l’aide d’une tierce personne ;
  • le GIR 4 comprend les personnes qui n’assument pas seules leur transfert mais qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l’intérieur du logement. Elles doivent être aidées pour la toilette et l’habillage. La plupart s’alimentent seules ; ce groupe comprend aussi celles qui n’ont pas de problèmes locomoteurs mais qu’il faut aider pour les activités corporelles et les repas ;
  • le GIR 5 est composé des personnes qui assurent seules leurs déplacements à l’intérieur de leur logement, s’alimentent et s’habillent seules. Elles peuvent nécessiter une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et le ménage ;
  • le GIR 6 regroupe les personnes qui n’ont pas perdu leur autonomie pour les actes discriminants de la vie quotidienne.
Cette description littéraire n’a toutefois pas vocation à décrire tous les profils possibles des personnes d’un groupe donné. Par exemple, contrairement à ce qu’elle indique, il suffit d’avoir « C » aux deux variables toilette et habillage pour être classé en GIR 3. La définition littéraire vise surtout à montrer la gradation des niveaux de dépendance.

63La grille AGGIR s’est imposée comme grille nationale d’évaluation de la dépendance depuis la loi du 24 janvier 1997 instaurant la prestation spécifique dépendance (PSD). Elle est utilisée actuellement pour l’attribution de l’APA et dans le cadre de la réforme de la tarification des établissements accueillant des personnes âgées dépendantes.

Bibliographie

Bibliographie

  • Ouvrages et articles présentant des résultats de l’enquête HID :

    • Ankri J., (2000), « Les personnes âgées en institution en France à la fin de 1998 », communication au colloque « Handicaps, incapacités, dépendance » de Montpellier, 30 novembre-1er décembre.
    • Ankri J., (2001), « Dépendance du sujet âgé : quels chiffres ? », La revue du praticien, n° 15.
    • Badeyan G., Colin C., (1999), « Les personnes âgées dans les années 1990 : perspectives démographiques, santé et modes d’accueil », Études et résultats, n° 40, DREES.
    • Bontout O., Colin C., Kerjosse R., (2002), « Personnes âgées dépendantes et aidants potentiels : une projection à l’horizon 2040 », Études et résultats, n° 160, DREES.
    • Cambois E., (2002), « De la limitation fonctionnelle à la restriction d’activité : étude du rôle des facteurs sociaux dans le développement de l’incapacité », note méthodologique pour la DREES.
    • Colin C., avec la collaboration de Coutton V., (2000), « Le nombre de personnes âgées dépendantes d’après l’enquête “Handicaps, incapacités, dépendance” », Études et résultats, n° 94, DREES.
    • Colin C., (2001), « L’autonomie des personnes de 80 ans et plus », Gérontologie et société, n° 98.
    • Colin C., Kerjosse R., coordination (2001), « “Handicaps, incapacités, dépendance”, premiers travaux d’exploitation de l’enquête HID », colloque scientifique, Montpellier, 30 novembre et 1er décembre 2000, Document de travail, série Études n° 16, DREES.
    • Coutton V., (2001b), La grille AGGIR confrontée à la réalité du terrain, rapport pour la DREES.
    • Coutton V., (2002), Les quantités de ressources utilisées par les personnes âgées dépendantes selon les groupes iso-ressources (GIR) qu’elles obtiennent dans la grille AGGIR, rapport pour la DREES.
    • Dufour-Kippelen S., (2001), « Les incapacités des personnes de 60 ans et plus résidant en institution », Études et résultats, n° 138, DREES.
    • Dutheil N., (2001), « Aides et aidants des personnes âgées », Études et résultats, n° 142, DREES.
    • Goillot C., Mormiche P., (2001), « Enquête “Handicaps, incapacités, dépendance” en institution en 1998 – Résultats détaillés », Insee Résultats, Démographie-Société n° 83-84, Insee.
    • Goillot C., Mormiche P., (2002), « Enquête “Handicaps, incapacités, dépendance” à domicile en 1999 – Résultats détaillés », Insee Résultats, Démographie-Société à paraître, Insee.
  • Autres références bibliographiques :

    • Bevernage F., (1998), « La grille AG-GIR : un enfer pavé de bonnes intentions ? », La revue du généraliste et de la gérontologie, n° 42, février.
    • Breuil-Genier P., Chanut J.-M., Flipo A., Mahieu R., Lièvre A., (1998), « Une simulation de la dépendance et de sa prise en charge dans le modèle Destinie » in Applications des méthodes de la microsimulation dans les domaines de la santé et de la dépendance, rapport au Commissariat général au Plan coordonné par D. Blanchet.
    • Brutel C., (2001), « Projections de population à l’horizon 2050 », Insee Première, n° 762, mars, Insee.
    • Colvez A., Gardent H., (1990), Les indicateurs d’incapacité fonctionnelle en gérontologie, Éditions CTNERHI.
    • Courson J.-P., Madinier C., (2000), « La France continue de vieillir », Insee Première, n° 746, novembre.
    • Coutton V., (2001a), « Évaluer la dépendance à l’aide de groupes iso-ressources (GIR) : une tentative en France avec la grille AGGIR », Gérontologie et société, n° 99.
    • Dartigues J.-F., Gagnon M., Michel P. et alii, (1991), « The Paquid research program on the epidemiology of dementia. Methods and initial results », Review of Neurology, vol. 147, p. 225-230.
    • Fries J.-F., (1980), « Aging, natural death and the compression of morbidity », New England Journal of Medicine, vol. 303, n° 3, July, p. 130-135.
    • Katz S., Ford A.B., Moskowitz R.W., Jackson B.A., Jaffe M.W., (1963), « Studies of illness in the aged : the index of ADL, a standardized measure of biological and psychological function », Journal of the American Medical Association, vol. 1985, p. 914-919.
    • Kerjosse R., (1992), « La mesure de la dépendance des personnes âgées dans les enquêtes du SESI », Solidarité Santé, n° 3, juillet-septembre 1992, SESI.
    • Kerjosse R., (2002), « L’allocation personnalisée d’autonomie au 30 juin 2002 », Études et résultats, n° 191, DREES.
    • Lawton M.P., Brody E., (1969), « Assesment of older people : self maintening and instrumental activities of daily living », Gerontology, vol. 9, p. 179-186.
    • Lebeaupin A., Nortier F., (1996), « Les personnes âgées dépendantes : situation actuelle et perspectives d’avenir », Données sociales, Insee, p. 468-473.
    • Manton K.G., (1982), « Changing concepts of morbidity and mortality in the elderly population », Health and society, vol. 60, p. 183-244.
    • Robine J.-M., Labbé M., Seroussi M.C., Colvez A., (1989), « L’enquête longitudinale de Haute-Normandie sur les capacités fonctionnelles des personnes âgées, 1978-1985 », Revue d’épidémiologie et de santé publique, vol. 37, p. 37-48.
    • Vetel J.-M., Leroux R., Ducoudray J.-M., Prévost P., (1998), « AGGIR : précisions sur sa genèse, conseils pratiques d’utilisation », La revue du généraliste et de la gérontologie, n° 47, septembre.

Notes

  • [*]
    Chef du bureau de la politique de la vieillesse, du handicap et de la dépendance à la DREES, ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, ministère de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées.
  • [1]
    Recommandation n° 98 (9) du Comité des ministres aux États membres relative à la dépendance : « La dépendance est un état dans lequel se trouvent des personnes qui, pour des raisons liées au manque ou à la perte d’autonomie physique, psychique ou intellectuelle, ont besoin d’une assistance et/ou d’aides importantes afin d’accomplir les actes courants de la vie. Toutes les sections de la population peuvent se trouver affectées par la dépendance, et pas uniquement les personnes âgées […] ».
  • [2]
    Le questionnement sur les incapacités dans HID est réparti en sept chapitres : toilette-habillage-alimentation ; mobilité-déplacement ; vue-ouïe-parole ; tâches ménagères et gestion ; élimination urinaire et fécale ; communication-orientation ; souplesse-manipulation.
  • [3]
    Y compris les logements-foyers.
  • [4]
    « Personnes Âgées QUID » est une cohorte épidémiologique qui vise à étudier le vieillissement fonctionnel et cérébral (présentée par exemple dans Dartigues, Gagnon, Michel et alii (1991)).
  • [5]
    Le suivi de 1 082 personnes de 65 ans et plus habitant la région de Haute-Normandie a débuté en 1978-1979, et s’est poursuivi pendant vingt ans afin d’étudier l’évolution de leurs capacités fonctionnelles (voir par exemple Robine, Labbé, Seroussi, Colvez, (1989)).
  • [6]
    À partir du questionnaire HID, l’incohérence est définie comme : l’impossibilité de communiquer sans aide, ou des troubles du comportement (ne se lave pas pour des raisons psychologiques ; a besoin qu’on lui rappelle qu’il faut aller aux toilettes ; ne sort jamais sans l’aide de quelqu’un en raison de difficultés psychologiques ou émotionnelles…). La désorientation est définie comme : ne pas se souvenir à quel moment de la journée on est, ou avoir besoin d’aide pour retrouver son chemin quand on sort.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.171

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions