Conduire le changement dans les associations d’action sociale et médico-sociale, Joseph Haeringer, Fabrice Traversaz (dir.), préface de Jean-Louis Laville, Dunod, coll. « Action Sociale », 2002, 240 pages, 25,92 euros

1Diriger autrement, tel est l’objectif que peuvent formuler la plupart des responsables au sein des associations du secteur sanitaire et social. Cet ouvrage rend compte d’un travail auquel se sont attelés un certain nombre de dirigeants associatifs confrontés à la conduite d’un changement. Pour ce faire, ces derniers ont été conduits à explorer le fonctionnement de leur organisation – afin de mieux identifier la dynamique sociale qui s’y développe – et à prendre en compte la complexité des problématiques mises en jeu – place de l’usager, développement des compétences associatives organisées, consolidation de l’espace public associatif...

2Ce livre donne à comprendre les systèmes sociaux produits par les organisations associatives, et analyse les interventions retenues pour assurer efficacement le changement.

3La première partie identifie les enjeux de l’intégration d’une association dans l’espace public et le débat démocratique : reconnaissance de la diversité des logiques institutionnelles, adaptation de l’association aux dispositifs publics, gestion du changement, conditions de fonctionnement en réseau. La seconde partie formule des stratégies de changement à travers des interventions portant sur la dynamique sociale mise en évidence : entrée de nouveaux acteurs, valorisation des compétences, innovation et partenariat.

Mettre en œuvre le développement social territorial : méthodologie, outils, pratiques, Jean-François Bernoux, Dunod, coll. « Action Sociale », 2002, 224 pages, 21,50 euros

4Dépassée l’ère de l’assistance, puis de l’insertion : l’action sociale aborde désormais celle du développement social territorial. Responsables des politiques sociales, et organisations des régions – départements, CAF, MSA, villes, associations –, renouvellent ainsi leur approche de la question sociale. Mais la démarche reste difficile d’accès, tant l’évidence de ses principes séduit et minimise la complexité de sa mise en œuvre. Explorant chacun de ses « outils séquences » du développement social territorial, cet ouvrage propose une vision transversale de leurs modalités de mise en œuvre, pour une autre intelligence de l’action. À l’aide de nombreuses situations commentées, l’auteur invite les acteurs du social – responsables institutionnels, cadres travailleurs sociaux professionnels ou étudiants, élus, bénévoles – à explorer les voies et le sens d’un développement social authentique.

L’annonce du handicap au grand accidenté. Pour une éthique de responsabilité partagée, Marc Brzustowski, Ed. Érès, coll. « Connaissances de l’éducation », 256 pages, 23 euros

5L’annonce du handicap est un événement terrible pour la famille et l’adulte qui la reçoit. Mais ici Marc Brzustowski ajoute une autre analyse : c’est aussi un événement déstabilisateur pour ceux qui annoncent ; c’est aussi une stratégie de l’équipe qui doit l’annoncer. Faut-il l’annoncer d’un coup ? De quelle manière ? À qui revient la charge principale de l’annonce : au médecin, à l’équipe collectivement ? Que nous disent les pratiques effectives ? Les équipes qui ont en charge la redoutable tâche de l’annonce doivent aussi s’interroger sur elles-mêmes, sur ce qui commande leur façon de faire, sur les relations entre les membres de l’équipe. L’auteur a compris que, pour dégager l’arrière-plan complexe sur lequel se situe l’annonce, le mieux était de comparer des contextes différents et des pratiques dissemblables. Sa préférence va finalement à la stratégie québécoise qui tente de donner à l’annonce une progressivité, une sorte de rythme, de ponctuation, de scansion, laquelle permet une diversité d’annonceurs échelonnés sur une évolution de la personne et la découverte de la déficience.

Enfants au travail, attitudes des élites en Europe occidentale et méditerranéenne aux XIX^e et XX^e siècles, Roland Caty (dir.), Publications de l’Université de Provence, 2002, coll. « Le temps de l’histoire », 26 euros

6La main-d’œuvre enfantine est évoquée, à travers de multiples emplois. D’abord ceux du monde industriel, dans les usines de la région provençale, du Creusot, de l’Espagne andalouse ou encore dans les fabriques textiles de l’Alsace, des Cévennes et du Piémont italien. L’accent est mis sur les jeunes placés en apprentissage ou dans des institutions de formation professionnelle, comme sur cette « main-d’œuvre captive » et facilement exploitée des hospices, orphelinats, colonies agricoles, pénitenciers, sans oublier la sphère privée, domaine alors considéré comme inviolable. L’ouvrage éclaire les prises de position des élites sur les grands problèmes que pose le travail des enfants : la protection légale, l’obligation scolaire, la formation, la politique d’assistance, la réinsertion sociale. Cette importante contribution à l’histoire sociale montre ainsi les contradictions et les évolutions qui traversent la société.

Politiques sociales et mondialisation, Bruno Palier et Louis-Charles Viossat (dir.), Futuribles, 2001, 215 pages, 20 euros

7La mondialisation de l’économie ne risque-t-elle pas d’entraîner celle du marché du travail, et l’exigence de compétitivité qui en est le corollaire de s’accompagner d’un phénomène de dumping social à l’échelle planétaire qui se traduirait par un démantèlement progressif des systèmes de protection sociale ? Comment, dans le monde, et plus spécialement en Europe occidentale où les systèmes de protection sociale sont particulièrement développés, pourra-t-on concilier cette exigence de compétitivité globale avec la recherche d’une plus grande équité sociale, elle-même indispensable à la cohésion de nos sociétés ? Au prix de quels ajustements, de quelles réformes ? Ainsi peut-on résumer la problématique centrale de cet ouvrage qui fait suite à un séminaire organisé par la direction de la protection sociale de la Banque mondiale et le Centre d’étude de la vie politique française (Cévipof), rattaché à la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) le 27 avril 2000 à Paris. Ce livre, élaboré sous la direction de Bruno Palier et Louis-Charles Viossat, réunit les contributions des meilleurs experts sur l’évolution des politiques sociales à l’épreuve de la mondialisation, en insistant tout particulièrement sur deux enjeux majeurs pour l’avenir à moyen et à long terme : l’emploi et les retraites. Au-delà de l’analyse qu’ils nous livrent, les auteurs esquissent ici les voies de réforme les plus prometteuses en vue d’adapter les politiques sociales au contexte particulier de ce début de XXI^e siècle, un environnement fort différent de celui dans lequel se sont graduellement construits nos systèmes de protection sociale.

La protection européenne des droits dans le domaine de la biomédecine, Rose-Marie Lozano, préface de Louis Dubouis, La Documentation française, coll. « Monde européen et international », 2001, 461 pages, 30 euros

8Dans quelle mesure le droit européen contribue-t-il à nous protéger face aux dangers que recèle l’essor de la médecine et des sciences de la vie ? Tel est l’objet de cet ouvrage qui porte à la fois sur le droit de l’Union européenne et sur le droit du Conseil de l’Europe. L’auteur ne se contente pas d’analyser les règles existantes ; il se propose de les évaluer à partir de leur aptitude à assurer le respect de la personne humaine. C’est un critère exigeant puisque le principe de dignité de la personne humaine, principe essentiel du droit biomédical, irrigue un ensemble de droits, libertés et protections. La conclusion de cette étude est que le droit européen assure une protection suffisante de la dignité humaine après la naissance, mais très insuffisante pour la personne humaine avant sa naissance. Si cette conclusion est de nature à susciter le débat, l’ouvrage apporte au lecteur tous les éléments pour se déterminer en connaissance de cause.

Les États face au Sida en Europe, Monika Steffen, Presses universitaires de Grenoble, coll. « Transeurope », 2001, 261 pages

9Vingt ans déjà. En mai 1981, une maladie mystérieuse apparaissait aux États-Unis puis se diffusait en Europe. Aujourd’hui la pandémie menace de nombreuses régions du monde, particulièrement l’Afrique. Un combat international est engagé pour fournir aide et médicaments. En Europe occidentale, la catastrophe sociale a été évitée. Comment ? Ce livre l’explique en analysant et en comparant les politiques publiques d’Allemagne, de France, de Grande-Bretagne et d’Italie dans tous les domaines concernés par le Sida : sexualité, toxicomanie, transfusion sanguine. À partir d’approches très différentes, liées aux cultures et aux institutions de chaque pays, des convergences sont apparues et se sont renforcées. Longtemps marginalisée dans les politiques nationales, la gestion des risques sanitaires est devenue l’une des priorités de l’Union européenne. Le Sida a été, à bien des égards, un modèle précurseur.

Maladie mentale et pauvreté, François Sicot, L’Harmattan, coll. « Logiques Sociales », 2001, 222 pages

10Depuis quelques années émerge en France un problème social de la santé mentale des populations défavorisées. Il semblerait que les pauvres soient atteints de troubles mentaux plus souvent que le reste de la population. À moins qu’il ne s’agisse « seulement » de mal-être, de souffrance. Le problème de la santé mentale des pauvres est également abordé sous un autre angle par les acteurs des champs sanitaires et sociaux : celui de l’accès aux soins en santé mentale de cette population. Cet ouvrage se propose dans un premier temps d’analyser les nombreuses recherches tant françaises qu’anglo-saxonnes, épidémiologiques ou sociologiques, qui abordent cette vaste question des relations entre maladie mentale et pauvreté. Dans un second temps, l’ouvrage présente les résultats d’une recherche sociologique empirique menée pendant plusieurs années dans un département français à la fois pour connaître la situation sociale de patients de psychiatrie et, sur l’autre versant, pour comprendre les processus de désignation et d’orientation en psychiatrie des usagers du travail social dont on juge qu’ils ont besoin de soins.

Quel social pour quelle société au XXI^e siècle ? La société change, le social bouge, Elisabeth Prieur, Emmanuel Jovelin, (eds) préface de Bernard Hanicotte, L’Harmattan, 2001, coll. « Le travail du social », 358 pages. Acte du colloque international organisé à l’Institut social Ville – Vauban en novembre 2000., L’évolution du métier de directeur d’établissement social. Entre distance et proximité, Roger Bertaux et Philippe Hirlet, Seli Arslan, 2002, 192 pages, 22 euros

11À partir d’une étude qualitative commanditée par l’IRTS de Lorraine et l’ADESAL auprès d’une trentaine de directeurs d’établissements sociaux, en poste dans les régions d’Alsace et de Lorraine, cet ouvrage examine la diversité des modes d’exercice du métier de directeur dans le champ social et son évolution depuis environ trente ans, à travers les thématiques suivantes :

• la spécificité relative des cadres supérieurs du secteur social ;
• le caractère ambivalent de la diffusion des doctrines du management dans le champ social ;
• le recul de l’autonomie dans la responsabilité de direction d’établissement et de service, et inversement la montée en puissance des directions générales et des collectivités territoriales ;
• l’importance de l’externalisation de la fonction, conduisant les directeurs à se préoccuper plus qu’auparavant du rapport à l’environnement et moins des rapports sociaux internes à l’établissement.

Mille et un jours d’un éducateur. Vivre l’action éducative à domicile, Francis Alföldi, Dunod, 2002, 190 pages

12Que se passe-t-il dans le huis clos des familles en souffrance ? Sur quelle réalité se referme la porte quand le travailleur social fait son entrée ? Arrive-t-on vraiment à quelque chose ? À quoi ça sert ? Qu’est-ce au juste que l’AEMO judiciaire ? Un professionnel écrit ici sur sa pratique de terrain. Douze récits, issus de son travail quotidien, font partager au lecteur ses doutes, ses émotions, ses fiertés, ses peines et ses joies. Des développements théoriques jalonnent l’écriture, lui donnant ainsi la forme de récits théorisés, accessibles à tous, professionnel du social ou simple curieux. C’est ainsi que le lecteur pourra se faire une idée concrète de la nature du travail social à domicile. Ce mode d’intervention, largement utilisé par les juges pour enfants et dans la protection administrative, reste en effet largement méconnu. Manifester son extraordinaire richesse clinique et psycho-sociale ; montrer qu’au-delà des échecs – souvent à tort montés en épingle – on ne témoigne pas assez des succès nombreux et des sauvetages impossibles accomplis par des femmes et des hommes passionnés par leur travail, tel est l’objectif de ce livre.