Couverture de RFAS_013

Article de revue

Vient de paraître

Pages 154 à 158

English version

Enfants, adolescents

Les nouvelles délinquance des jeunes, violences urbaines et réponses éducatives. Jean-Marie Petitclerc, Ed. Dunod, 192 pages, 135 francs

1La délinquance juvénile est aujourd’hui en pleine évolution tant sur le plan quantitatif (des délits de plus en plus nombreux) que qualitatif (des actes de plus en plus graves). Face à la rapidité d’une telle évolution, les réponses apportées dans le domaine de la prévention comme dans celui du traitement paraissent figées et de plus en plus inadéquates. N’est-t-il pas aujourd’hui urgent d’innover ? Telle est la problématique de cet ouvrage, fruit de l’expérience d’un éducateur de plus en plus inquiet face à l’aggravation des conduites délictueuses qu’il observe au quotidien chez des enfants de plus en plus jeunes. L’auteur analyse d’abord les données du problème en retraçant l’évolution de la délinquance juvénile et en démontrant l’insuffisance des politiques actuelles de prévention, et les dysfonctionnements des modes de prises en charges éducatives. Il propose ensuite la mise en œuvre de réponses innovantes articulées autour de trois pôles : la rue, l’école, la famille pour réinvestir l’espace, la formation, le dialogue intergénérationnel.

Pédagogies en milieux populaires. Bertrand Dubreuil (dir.), Ed. L’Harmattan, 110 francs

2Les trajectoires scolaires et les initiatives pédagogiques qui traversent ce livre montrent tout le sens et l’intérêt des démarches d’accompagnement. Ces textes témoignent de l’envie d’apprendre des élèves et de la passion des enseignants. L’école apparaît alors comme le creuset d’une alchimie entre racines culturelles et avenir à tracer : elle porte l’espoir de jeunes, à travers affrontements et investissements. Récit pluriel d’enseignants et d’acteurs sociaux, cet ouvrage fait écho à une première étude menée dans des collèges (publiée sous le titre Collège en milieux populaires) qui avait mis en lumière la problématique du décalage culturel entre l’école et les milieux populaires. Les analyses et propositions de Bertrand Dubreuil fournissent tant des perspectives de lecture de l’ensemble que des éclairages sur les démarches de chacun.

Protection sociale

Sécurité sociale pour la majorité exclue, études de cas dans les pays en développement. Wouter van Ginneken (dir.), Ed. BIT (Genève), 231 pages, 30 FS

3Dans les pays en développement, la majorité des travailleurs est exclue de toute forme de protection par la sécurité sociale. Les auteurs analysent ce problème, tel qu’il se présente au Bénin, en Chine, au Salvador, en Inde et en République unie de Tanzanie, et explorent les modalités d’une coopération entre les pouvoirs publics et les acteurs locaux susceptible de déboucher sur un élargissement de la couverture offerte par la sécurité sociale. Au travers d’une série d’études de cas détaillées, un groupe international d’experts en matière de politique examine attentivement les mécanismes des régimes autofinancés, qui ont été ouverts aux travailleurs du secteur informel au cours de la dernière décennie, pour en déterminer les aspects les plus bénéfiques. L’accent est mis sur la manière dont les ONG, les coopératives et d’autres organisations ont réussi à créer des institutions et à élaborer des politiques davantage compatibles avec les besoins du secteur informel et ses capacités de cotisation.

La sécurité sociale : organisation et financement. Jean-Luc Matt, Ed. LGDJ, 234 pages, 120 francs

4La sécurité sociale constitue le premier des services publics en France, par le montant des prestations qu’elle verse et les besoins de la population qu’elle permet de satisfaire. Le montant des prestations sociales dépasse aujourd’hui le budget de l’État : remboursement des soins, allocations familiales, indemnisation des accidents du travail, avenir des retraites… La sécurité sociale est un élément essentiel de l’économie nationale, mais elle demeure pourtant mal connue: son organisation et son financement sont complexes et en perpétuelle mutation. Cet ouvrage présente les aspects financiers de l’organisation de la sécurité sociale. Il analyse les aspects économiques et juridiques des recettes et des dépenses. Il fait le point sur la mise en œuvre du plan Juppé, les lois de financements de la sécurité sociale de 1997 à 2001, et il aborde les problématiques actuelles des dépenses de santé, la CMU, le financement des 35 heures, le paritarisme et l’assurance chômage.

Guide de la protection sociale, concepts et organisation, droits sociaux et politiques sociales, institutions et usagers. Michel Laroque, Ed. Dunod, 356 pages

5Cet ouvrage synthétise les dispositifs institutionnels et juridiques qui régissent l’ensemble complexe de la protection sociale. Il s’efforce, par une approche méthodologique et pluridisciplinaire, d’en offrir un panorama complet à travers plusieurs approches : les origines et la construction des concepts essentiels ; l’organisation financière et administrative nationale et locale du système de protection sociale ; les différents types de droits sociaux par catégories de population (enfants, handicapés, personnes âgées, chômeurs…) ; les principaux prestataires de l’action sanitaire et sociale ; les fondements internationaux et européens de la protection sociale. Il est enrichi de nombreux tableaux et complété par un barème rappelant le montant des principales prestations et cotisations sociales.

Santé

Précarisation, risque et santé. M. Joubert et alii, Ed. INSERM, 350 francs

6Cet ouvrage, consacré à l’analyse des liens entre précarité, risque et santé, montre clairement que d’autres facteurs interviennent. En effet, la crise des années 1980-1990 a multiplié le nombre des chômeurs et des actifs en situation précaire. Mal couverts, souvent plus inquiets de leur survie que de leur santé, ils ont développé d’autres modalités de rapport aux risques. Ce phénomène, concerne des catégories de personnes très diversifiées, depuis celles qui vivent à la rue jusqu’aux allocataires du RMI, en passant par celles dont l’ancrage social est déstabilisé ou fragilisé. La reprise économique pouvant aller de pair avec l’affaiblissement des statuts et des sécurités ne changerait rien à cette tendance. Dans ce contexte, certains acteurs sanitaires et sociaux sont conduits à s’interroger sur l’adaptation de ces personnes. Epidémiologistes, anthropologues, sociologues, psychologues, médecins tentent ici d’évaluer les interactions entre ces évolutions et la santé, et d’indiquer comment des actions mieux adaptées pourraient être développées, quitte à remettre en cause certains aspects de l’organisation des soins.

Dialoguer pour soigner, les pratiques et les droits. Dr Jean Martin, Ed. Médecine et Hygiène, 131 pages, 130 francs

7La pratique de la médecine et des soins a connu de grands changements à la fin du XXe siècle, notamment dans les rapports entre patients et soignants. L’accent est mis sur l’autonomie du patient et sur son consentement libre et éclairé, préalable nécessaire aux démarches d’investigation ou de traitement. La relation thérapeutique est appelée à devenir un partenariat à l’ère de maladies chroniques et donc de prises en charge de longue durée, qui nécessite la participation active du malade. Pour répondre aux besoins des personnes qui ont des modes de vie différents, les professionnels de santé doivent avoir une capacité d’écoute et une sensibilité transculturelle aiguisées. Droit et médecine ont vu leurs interfaces augmenter, notamment autour du secret médical. L’évolution est marquée par la reconnaissance de l’importance du respect des droits de l’homme, en matière de soins. De lourdes questions se posent au malade, à leurs proches et aux soignants autour de la fin de vie. Dans les débats actuels, les critères principaux doivent être la dignité des personnes, leur libre détermination, la valorisation des aspects relationnels, la réflexion sur le sens de nos efforts, l’acceptation enfin de la finitude humaine.

Société

Les territoires de la mobilité. Michel Bonnet, Dominique Desjeux (dir.), Ed. PUF, 224 pages, 120 francs

8Dans les années cinquante, la 4 CV symbolise en France la mobilité et l’autonomie. Elle consacre la séparation entre le lieu de production, l’usine et le lieu de résidence, le grand ensemble. Cinquante ans plus tard, l’automobile voit son importance accrue, mais elle symbolise plutôt pollution et individualisme. Les articles présentés dans cet ouvrage nous amènent à renouveler notre regard sur la mobilité à partir de trois paradoxes : la voiture, loin d’être un instrument de destruction du lien social, peut constituer un levier puissant de sociabilité ; la mobilité, atout et couverture pour les groupes sociaux les plus favorisés, peut se transformer en contrainte et enfermement pour les groupes défavorisés ; enfin, la mobilité la plus courte d’un point à un autre n’est pas forcément la plus efficace ni la moins coûteuse pour transporter du fret ou des voyageurs… L’organisation moderne de la mobilité a changé de sens, elle structure de nouveaux territoires, suscite de nouvelles significations qui sont au cœur de la mutation des territoires urbains.

De l’égalité formelle à l’égalité réelle, la question de l’ethnicité dans les sociétés européennes. Manuel Boucher (dir.), Ed. L’Harmattan, 582 pages

9Il existe plusieurs manières de penser les relations interethniques liées à la dynamique migratoire contemporaine dans l’espace économique et politique de l’Union européenne notamment Cet ouvrage se situe dans cette dynamique de lutte contre les discriminations, de combat pour les droits de l’homme, les droits culturels et pour la promotion de la reconnaissance identitaire indispensable au développement d’une politique du sujet dans une Europe plurielle. Ce livre est le fruit de travaux de réflexion de la part de praticiens et de chercheurs européens impliqués dans le champ de l’intervention sociale et motivés par l’envie d’éradiquer les discriminations ethniques et de faire respecter les droits des minorités en faisant évoluer les pratiques des intervenants sociaux. (Articles en français et anglais).

Ville

Les banlieues, des singularités françaises aux réalités mondiales. Hervé Vieillard-Baron, Ed. Hachette/supérieur, 287 pages, 87 francs

10Considérées longtemps comme des territoires de transition, les banlieues françaises se sont construites dans le temps et dans la diversité. Pour la région parisienne, c’est d’abord l’histoire d’une banlieue résidentielle, maraîchère et pavillonnaire ; c’est ensuite celle d’une banlieue ouvrière ; c’est enfin l’histoire des grands ensembles, des villes nouvelles et des nouveaux lotissements en périphérie plus lointaine. Peuplées de 20 millions d’habitants, ces banlieues représentent aujourd’hui un espace diversifié, mal connu et peu comparable aux périphéries des villes étrangères. Les discours à l’emporte-pièce et les réactions émotionnelles en donnent une image négative qui s’oppose à l’intelligibilité. Loin d’épuiser les errances de l’urbanisme contemporain, les « banlieues » sont un prétexte pour parler de la crise de la société et des institutions. Étendue ensuite à l’Europe, l’Asie, l’Afrique, et l’Amérique, la lecture de l’auteur souligne les limites de la traduction du mot « banlieue ». En Europe, les recompositions urbaines actuelles vont plutôt dans le sens de la ville compacte, resserrée autour du noyau initial. Ailleurs, les tendances à l’étalement et à la fragmentation sociale se précisent au nom de la sécurité et des bienfaits de l’entre soi. Cet ouvrage, s’appuie sur une longue expérience de terrain et sur les recherches les plus récentes relatives aux banlieues et aux grandes métropoles mondiales.

La rue et le foyer : une recherche sur les sans domicile et les mal logés dans les années 1990. M. Marpsat et J.-M. Firdion, Ed. PUF/INED, 413 pages, 200 francs

11Ce volume présente une synthèse de travaux conduits autour d’une enquête statistique – la première du genre – effectuée à Paris, en 1995, auprès de personnes sans domicile fixe. Grâce à cette enquête confiée à l’INED, et aux travaux qui l’ont accompagnée, le monde des personnes sans domicile nous est mieux connu aujourd’hui, et en particulier le réseau complexe, et très hiérarchisé, des centres d’accueil parisiens. On trouvera également dans les textes rassemblés la réponse aux questions essentielles : qui sont les personnes sans domicile ? Comment vivent-elles ? Quelle a été leur vie avant d’être à la rue ? Enfin, on verra comment, face à des ressources de plus en plus rares, qu’il s’agisse du logement ou du travail, la compétition entre pauvres ne peut que s’aiguiser, au détriment des plus démunis.

La ville des sciences sociales. Bernard Lepetit et Christian Topalov (dir.), Ed. Belin, 320 pages, 149 francs

12Quand il s’agit de ville, on croit toujours savoir de quoi l’on parle, mais c’est rarement de la même chose. Il en est ainsi dans la vie pratique mais tout autant dans l’univers des discours savants : les sciences sociales ont construit de nombreuses villes et cet ouvrage invite à visiter quelques-unes d’entre elles. Huit documents ont été retenus, écrits dans diverses langues entre 1909 et 1975. Leurs auteurs : Halbwachs, Weber, Poëte, Wirth, Christaller, Chevalier, Castells et Godard, Perrot. En histoire ou en sociologie, en géographie ou en démographie, certains ont été érigés en « classiques » : nous verrons comment et à quel prix. La méthode utilisée peut surprendre : les enquêtes ne portent pas sur un problème, une discipline ou une école, mais sur des œuvres singulières – des livres.

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