Couverture de RFAS_012

Article de revue

Présentation des réformes de l'emploi et de la protection sociale en Chine (1998-1999)

Pages 171 à 192

Notes

  • [*]
    Véronique Alexandre et Marie-Annick Mercier : INSEE.
  • [1]
    Après l’instauration d’un cadre juridique adéquat (révision en 1996 de la loi de 1983), l’adoption d’un nouveau système de comptabilité nationale (SCN 93 de l’Onu), et la formulation systématique de normes et classifications (dont la nomenclature d’activités promulguée dans une nouvelle version en 1994 et la typologie des entreprises en 1998), c’est tout un nouveau système d’enquête qui doit être mis en place pour remplacer les recensements systématiques antérieurs rendus possibles par le système totalement étatique, et notamment permettre un suivi du chômage et des politiques de l’emploi et de la protection sociale.
  • [2]
    Une présentation officielle de cette politique a été faite, par des représentants du ministère chinois du Travail et de la Protection sociale en décembre 1999, à Paris, sous forme de trois brochures : Le ministère du Travail et de la Protection sociale, Formation professionnelle et emploi en Chine, et Assurances sociales en Chine, accompagnées d’une conférence de Monsieur Zhao Ximing.
  • [3]
    Voir bibliographie.
  • [4]
    Les chiffres du recensement 2000, tels qu’annoncés en conférence de presse par le Bureau national de la statistique fin mars 2001, donnent pour la Chine continentale (hors Hong-Kong et Macao) 1,266 millions.
  • [5]
    Les définitions de l’« urbain » et du « rural » ont été remaniées pour le recensement de l’année 2000 (le hukou, domiciliation d’origine était auparavant la référence), et cette répartition devient d’après les premiers chiffres du recensement 2000 : 36,1 % d’urbains et 63,9 % de ruraux.
  • [6]
    8,41 % de la population totale au recensement de l’année 2000 contre 8,04 % en 1990.
  • [7]
    93,68 % au recensement de l’année 2000.
  • [8]
    Le PIB par tête a quadruplé en Chine entre 1980 et 2000, évolution d’autant plus remarquable que la population de la Chine s’est accrue dans le même temps de 300 millions de personnes. [Source officielle].
  • [9]
    PNUD : Programme des Nations unies pour le développement.
  • [10]
    Ils représentaient, en 2000, environ 400 milliards de dollars. [Source officielle].
  • [11]
    BAD : Banque asiatique de développement.
  • [12]
    La forte dichotomie urbain versus rural qui régit traditionnellement la société chinoise, est accentuée par le rapide essor des villes au détriment des campagnes, ainsi que par un développement en deux temps des politiques et des réformes économiques et sociales, expérimentées systématiquement d’abord dans les villes (réglementations et expérimentations) puis dans les campagnes.
  • [13]
    C’est la question essentielle dans la période de transition, et l’essor évident des petites entreprises indépendantes et du secteur informel n’est pas encore, comparativement, important ni mesurable.
  • [14]
    L’agence de presse Xinhua du 10 janvier 2000 donne cette information reprise par Le magazine de l’OIT n° 33 de février 2000 : « Le ministère du travail indique que le nombre de salariés licenciés des entreprises d’État devrait atteindre 12 millions cette année ».
  • [15]
    Jusqu’à présent, il n’existait pas de fonctionnement externe du marché du travail : le salaire par exemple n’était pas déterminé par la situation de l’offre et de la demande sur le marché mais fixé par le ministère du Travail et le bureau municipal du travail concerné.
  • [16]
    BIT : Bureau international du travail.
  • [17]
    Traduction littérale du chinois qui ne correspond pas tout à fait à un licenciement, plutôt à une suspension du poste de travail, qui peut être provisoire ou définitive, c’est-à-dire concerne des personnes toujours rattachées à leur entreprise, percevant à ce titre un salaire de base, mais en attente de réaffectation ou de reprise, éventuellement en stage de formation professionnelle, ou encore proches de la retraite.
  • [18]
    Salariés en attente du paiement de leur salaire (mais en situation normale sinon) il s’agit d’un retard de paiement dû aux difficultés de trésorerie de leur danwei.
  • [19]
    Source : agence de presse Xinhua, Pékin, 3 avril 2000.
  • [20]
    « Une enquête du bureau du travail de Beijing conclut que 60 % des xiagang des entreprises d’État de la municipalité travaillent au noir. Le second phénomène est celui des retraités réemployés. Une enquête conduite sur les effectifs de l’année 1996 conclut que 20 % des retraités, soit 6,24 millions de personnes travaillent à nouveau. Et le phénomène est généralement légalisé par les gouvernements provinciaux. En 1999, le gouvernement provincial du Hebei a autorisé les ouvriers employés des entreprises d’État et des institutions gouvernementales à travailler dans les entreprises privées pendant leur temps libre » [20b].
  • [21]
    Pour l’emploi comme pour la protection sociale, les syndicats, la fédération des femmes, et les administrations locales jouent un rôle essentiel dans cette période de transition.
  • [22]
    Là aussi, les comités de quartiers (échelons administratifs de base) jouent un rôle essentiel en facilitant le petit commerce individuel de restauration par la mise en place de marchés volants de quartier [11].
  • [23]
    Préalable indispensable à la mise en place d’un marché du travail et à la généralisation du système de contrat de travail, qui lui-même nécessite, pour le travailleur contractuel, la résolution du problème du logement attribué jusqu’alors par la danwei aux travailleurs statutaires (la libéralisation du hukou, certificat de domiciliation, qui y est rattaché pourrait créer des poches de logements précaires autour des lieux potentiels d’offre de travail). Il s’agit d’assurer de façon concomitante une incitation à la qualité du travail des travailleurs et leur protection contre le risque de précarité généré par les externalisations de tâches croissantes de la part des entreprises et facilitées par cette contractualisation [10].
  • [24]
    La période 1989-1994 est une période d’intense publication de textes juridiques : huit sur la protection sociale, six sur la gestion des ressources humaines, deux sur les entreprises à capitaux étrangers, auxquels s’ajoutent une ordonnance pour les règlements des conflits du travail, une loi créant une Inspection du travail, et une nouvelle loi sur les syndicats en 1992. Ce premier code du travail adopté par l’Assemblée populaire nationale consiste en un texte de base en treize chapitres, accompagné de dix-sept circulaires publiées la même année [10].
  • [25]
    Voir contribution de I. Thireau sur l’exemple de la formation des travailleurs migrants à Shenzhen [19c].
  • [26]
    Prisonniers politiques.
  • [27]
    Jusque récemment, les individus étaient rattachés à leur unité administrative de résidence de façon quasi permanente.
  • [28]
    Il s’agit de la traduction de l’expression utilisée en chinois jihua shengyu c’est-à-dire « plan ou planification » des « naissances ou accouchements ».
  • [29]
    Dans les provinces côtières et les grandes villes, la croissance économique offre de nombreuses opportunités aux xiagang de trouver un nouvel emploi dans les entreprises à capitaux étrangers et même les entreprises chinoises modernisées : dans le Fujian (province du littoral entre Shanghai et Canton), il n’y a que 140 000 xiagang sans emploi contre 1,23 million dans le Liaoning (nord de la Chine) ; dans la province du Shaanxi (centre de la Chine) un tiers seulement des personnes licenciées ont trouvé un nouvel emploi alors qu’à Shanghai où les employés des entreprises d’État sont relativement nombreux (67,3%), 1,1 million sur 1,3 million de personnes licenciées ont retrouvé un emploi [11].
  • [30]
    OMC : Organisation mondiale du commerce.

1Avec le passage progressif d’un emploi garanti à vie ou « bol de riz en fer » à un emploi contractuel ou « bol de riz en terre » et le processus d’externalisation des services culturels et sociaux gratuits qui étaient assurés jusqu’à présent par la danwei, c’est-à-dire par l’unité « travail - quartier » qui correspond à l’échelon administratif, social, et statistique, de base de toute la structure bureaucratique chinoise gérée par l’État, se posent les questions non seulement du chômage et de la protection sociale, mais aussi celle de leur suivi statistique. Le Bureau national de la statistique chinois (guojia tongji ju) a mis progressivement en place sur la décennie écoulée des réformes méthodologiques et structurelles afin d’adapter les outils statistiques à l’ouverture économique et, par suite, à l’évolution économique et sociale [1]. En ce qui concerne l’emploi et la protection sociale, le Bureau national de la statistique étudie actuellement les possibilités d’introduire en Chine un système d’enquête emploi en continu et de suivi des salaires dans le cadre d’une coopération européenne.

2L’ouverture à une économie de marché a introduit des modes de production, de gestion et d’évaluation (quantitative et qualitative) inusités jusqu’alors en Chine populaire. Une période d’incertitude et d’expérimentation sur la meilleure façon de gérer la transition collective et individuelle, depuis une dépendance totale vis-à-vis de l’État vers une autonomie économique et sociale relative, a été suivie, au cours de la décennie quatre-vingt-dix, d’une mise en œuvre concrète de dispositifs d’accompagnement. La nécessité de respecter les normes internationales en vigueur, notamment pour s’assurer d’une reconnaissance et d’un positionnement au niveau mondial et rendre possible une comparaison internationale des indicateurs, a incité les responsables chinois à observer, dans chaque domaine à moderniser, les méthodes appliquées par les pays les plus développés, pour orienter le choix de la mise en œuvre à opérer en Chine, c’est-à-dire, en réalité, une adaptation appropriée aux spécificités chinoises plutôt qu’une simple transposition des meilleures.

3La mise en place d’un ministère du Travail et de la Protection sociale en 1998 constitue une étape importante pour un suivi de l’emploi et de la protection sociale palliant le désengagement progressif de l’État de la gestion via ses entreprises ou ses unités de production, de la vie sociale (prise en charge totale des crèches, écoles, cantines, services médicaux, retraites, transport, activités culturelles…). Ce suivi est devenu crucial en raison du phénomène émergent de chômage et de risques sociaux d’ampleur difficilement mesurable, il doit permettre à l’État de proposer des politiques de remplacement pour l’emploi et le financement de la protection sociale, c’est-à-dire adaptées à une économie de marché socialiste, dont il reste pilote mais pas le seul acteur.
La présentation officielle de la politique conçue pour répondre à ces besoins [2] et des objectifs chinois dans ce domaine fait l’objet du présent travail étayé de considérations sur le contexte, notamment tel qu’il apparaît dans les publications internationales et les articles des économistes, sociologues ou sinologues spécialisés [3].

Contexte économique et social

La population chinoise

4L’urbanisation de la population d’environ 1,3 milliard de Chinois [4] dont 30 % vivent en zone urbaine et 70 % en zone rurale (respectivement 18 % et 82 % en 1978) [5] est continue. Le chiffre généralement avancé (en 1998) pour les migrations des provinces pauvres et rurales vers les riches provinces côtières et les villes est de 120 millions de personnes depuis 1978. Des mouvements contraires caractérisent l’urbanisation rapide de la Chine profondément ancrée dans la vie rurale jusqu’aux deux dernières décennies : d’une part, un phénomène naturel et universel, lié à l’industrialisation et à la tertiarisation des emplois, de migration vers les grandes villes (500 grandes villes), et d’autre part, un mouvement de reconversion des emplois agricoles en emplois dans les petites industries et services locaux au sein des campagnes autour des bourgs ruraux (52 000 petits bourgs ou bourgs de marché) encouragé par l’État pour contenir les migrations. C’est ainsi que, entre 1978 et 1988, les petites entreprises de bourgs sont passées de 1,5 million à 18,9 millions, et le nombre de leurs employés de 28 millions à 96 millions, soit le quart de la population active rurale ; cependant, « la migration de cent millions de personnes hors des campagnes pendant vingt ans n’a pas fait baisser la population rurale d’ensemble, qui s’est accrue d’autant de naissances nouvelles » [6].

5Cette population est composée de 51 % d’hommes et de 49 % de femmes. Les minorités nationales représentent 108 millions de personnes [6] en 56 groupes ethniques et occupent 64 % du territoire chinois (principalement au sud et à l’ouest) sur 5 régions (dont les plus connues sont le Tibet et le Xinjiang), 30 départements et 94 districts autonomes. Le nombre de chinois vivant en dessous du seuil de pauvreté aurait été divisé par trois entre 1978 et 1998 et représenterait 6 % de la population, davantage en milieu rural (où le chiffre serait de 8 %) qu’en milieu urbain (moins de 2 %) [15].
L’espérance de vie à la naissance est de 70 ans (73 ans pour les femmes et 68 ans pour les hommes) avec un taux d’alphabétisation de 83 % pour les 15 ans et plus [7] (75 % pour les femmes et 91 % pour les hommes, et 97 % pour les 15-24 ans), un taux d’activité des femmes de 73 % contre 86 % pour les hommes, et un PIB par tête [8], en parité de pouvoir d’achat, de 3 105 dollars (estimé par le PNUD [9] à 2 440 pour les femmes et 2 732 pour les hommes) [14].

Contexte économique

6La Chine est la quatrième puissance commerciale du monde, et son PNB (produit national brut) est d’environ 8 000 milliards de yuans en 1998, soit, en conversion au taux de change, d’environ 959 milliards de dollars (le double de celui de 1991) avec une croissance annuelle moyenne sur la décennie d’environ 10 %. Depuis 1997 et la rétrocession à la Chine de Hong-Kong, les données de cette plate-forme commerciale, soit 7 millions d’habitants sur 1 000 km2 avec un PNB de 163,8 milliards de dollars et une croissance de 5,2% en 1996-1997, s’ajoutent aux statistiques du continent (9,6 millions de km2). Les investissements de la diaspora chinoise, c’est-à-dire les Chinois vivant hors du territoire chinois, représentent 80 % des investissements étrangers en Chine [10]. D’après les prévisions des économistes du Bureau national de la statistique, l’économie chinoise, malgré une certaine baisse de la consommation et des prix, maintient une croissance élevée, confirmée à 7,8 % par la BAD [11] [18] pour l’année 2000.

Réforme institutionnelle

7Un nouveau ministère du Travail et de la Protection sociale a été constitué en 1998 après la réforme des institutions et la réorganisation des organismes gouvernementaux en Chine, avec pour mission principale de mettre en œuvre et gérer, sous la direction du Conseil de l’État, les réformes relatives à l’emploi et d’élaborer une protection sociale adaptée au nouveau contexte économique et social, plus particulièrement en zones urbaines où l’évolution est rapide.

8À la suite de la réforme des administrations gouvernementales, le ministère a également intégré une partie de la protection sociale des campagnes et de ce qui relève de la santé. En effet, l’aspect le plus marquant du désengagement de l’État dans les campagnes [12] est celui de l’abandon du système de suivi médical et social gratuit lié à la collectivisation des biens.

9Avec le système de contrats familiaux d’exploitation des terres, la décentralisation et la privatisation du système de santé publique, de nombreux villages ne peuvent plus mobiliser des travailleurs de santé sans les rétribuer alors qu’ils n’ont pas les moyens de les salarier. En outre, dans les régions les plus pauvres, l’accès aux soins en milieu rural est confronté au paradoxe de praticiens de moins en moins nombreux localement parce qu’ils ne parviennent pas à vivre de l’activité médicale dans ces régions pauvres, et d’hôpitaux de qualité seulement au niveau du district, en outre accessibles aux seuls paysans riches parce que les prix des soins en hôpital de ce niveau ont augmenté de manière à générer les bénéfices nécessaires à leur modernisation et à la rémunération des médecins. Les cliniques des communes pauvres restent vétustés, sous-équipées et sans financement. En décembre 1996, une grande conférence sur la santé s’est tenue à Pékin qui a tiré la sonnette d’alarme sur cette question et a proposé des mesures pour rétablir à la fois la qualité des soins et un accès à la santé plus égalitaire : augmentation de la part de la santé dans le budget (de 2 % à 5 %), développement de coopératives médicales, rémunération des médecins de village au même titre que les cadres villageois, amélioration du contrôle sanitaire qui s’est détérioré depuis l’instauration des soins payants [3].
Le ministère regroupe 12 départements, soit 245 fonctionnaires au niveau central, et a sous sa tutelle d’autres organismes qui regroupent environ 1 500 personnes (qui ne sont pas pour autant considérées comme fonctionnaires). Au total, sur les quatre échelons géographiques de l’administration, 200 000 fonctionnaires travaillent dans l’ensemble des institutions gouvernementales du travail et de la protection sociale (cf. encadré 1).

Situation du marché du travail

La population active

10Le nombre de personnes ayant un emploi était de 700 millions en 1998 [14 et 15] dont la répartition entre urbains et ruraux est la même que pour l’ensemble de la population : 30 % d’entre elles (soit 207 millions) vivant en zone urbaine et 70 % (soit 493 millions) vivant en zone rurale. La population âgée de 15 à 64 ans était de 829 millions en 1997, dont 736 millions comptabilisés comme force de travail (ou 714 millions sur la base « 16 ans et plus »), avec, sachant que les chiffres PNUD [14] donnaient pour 1990 respectivement 72 %, 15 % et 13 % pour l’agriculture, l’industrie et le secteur tertiaire, la répartition suivante [17] :

  • secteur primaire : 50 % (348 millions de personnes ; - 9,9 % depuis 1991) ;
  • secteur secondaire : 23,5 % (164 millions de personnes ;+2,1 % depuis 1991) ;
  • secteur tertiaire : 26,5 % (187 millions de personnes ; + 7,8 % depuis 1991).

figure im1

11La Chine est aussi concernée par le processus de postindustrialisation où la croissance économique crée un nombre décroissant d’emplois. Les secteurs les plus florissants de l’économie chinoise sont concentrés dans les activités orientées vers l’investissement et la haute technologie (transports, information, électricité, finance, services techniques, etc.) qui requièrent le plus haut niveau de qualifications et de salaires [12].
La répartition des actifs est la suivante avec une dichotomie entre milieu rural et milieu urbain :

12

  • parmi la population rurale, 372 millions travaillent dans les entreprises agricoles, 74,5 millions dans les collectivités locales et 38,5 millions en indépendants ;
  • parmi la population urbaine, 90 millions travaillent dans des entreprises possédées par l’État, 19 millions dans les entreprises en propriété collective et 9 millions dans des entreprises privées (multiplié par 13 depuis 1991). Sur le reste, on en dénombre 6 millions dans les entreprises à capitaux extérieurs (joint venture), pour moitié dans des entreprises d’investisseurs de Hong-Kong, Macao, Taiwan et pour moitié dans des entreprises d’investisseurs étrangers (respectivement doublement et triplement depuis 1991). Enfin, 23 millions de personnes sont des travailleurs indépendants (doublement depuis 1991).
Entre 1980 et 1994, plus de la moitié de l’accroissement de la population active (soit 32 millions sur les +63 millions) a été absorbée par le secteur public, le reste se répartissant entre 8,6 millions dans le collectif urbain, 11,4 millions en individuel, et 11 millions dans le privé incluant divers types d’entreprises à investissement étranger ; en 1994, les employés et ouvriers des unités économiques publiques représentaient encore près de 67 % de la population active urbaine contre 76 % en 1980. [12]

Les entreprises d’État [13]

13Plus de 6 millions de personnes sont employées dans les entreprises d’État (soit 9,2 % du total) étaient « suspendues » de leur poste (xia gang) fin 1998 [14], c’est-à-dire en position d’attente de poste. Environ 50 % des travailleurs ayant perdu leur emploi cette année-là ou dans les années précédentes avaient cependant retrouvé un emploi au cours de l’année. En fait, pour se trouver dans cette situation d’attente, la personne doit remplir trois conditions : ne plus trouver d’emploi dans son entreprise, souhaiter maintenir un lien avec son entreprise, et ne pas avoir trouvé d’emploi hors de l’entreprise. Cette situation particulière résulte de la transformation des entreprises étatiques en entreprises modernes. Les employés ne sont pas licenciés et l’État continue à payer leurs cotisations de sécurité sociale. Ils touchent une subvention qui représente entre 60 et 70 % de leur salaire antérieur et reste ainsi supérieure à une allocation chômage. Cette subvention est versée par leur entreprise pendant trois ans au maximum. Ils gardent la possibilité de retrouver leur poste de travail si les conditions s’améliorent.

14La restructuration des entreprises d’État est économiquement nécessaire et socialement délicate et, pour accompagner cette phase cruciale de transition, les priorités suivantes sont affichées :

  • adopter une formule de financement tripartite des centres de services pour le retour à l’emploi, soit un tiers financé par le gouvernement, un tiers par l’entreprise concernée et un tiers par le fonds d’assurance chômage ;
  • intensifier l’élaboration d’une politique de l’emploi, diversifier les circuits d’embauché et de retour à l’emploi ;
  • accélérer la réforme de la protection sociale par restructuration du système en vigueur jusqu’à présent (c’est-à-dire la prise en charge totale par l’État selon le modèle communiste) ;
  • renforcer l’établissement d’un mécanisme de marché du travail [15] et l’implantation de programmes de formation pour la réinsertion.

Les entreprises privées

15Un système de suivi statistique des entreprises, adapté à l’essor de ces entreprises est en cours d’implantation et repose notamment sur des enquêtes (en cours) auprès des entreprises, et l’élaboration d’un répertoire d’entreprises sur le modèle français de SIRENE (en cours), et il est préférable d’attendre ces données pour commenter la situation actuelle de l’emploi dans ces entreprises.

L’évolution du chômage

16L’évolution du chômage enregistré ne reflète qu’une partie de la situation. Le taux de chômage officiel de 2,8 % en 1994 (4,76 millions de personnes) puis stable autour de 3,1 % de 1996 (5,53 millions) à 1999 (6 millions) est celui des chômeurs salariés enregistrés en zone urbaine [12]. Bien que les critères du BIT [16] soient utilisés en matière d’emploi, le qualificatif de chômeur n’est appliqué ni en milieu rural au prétexte que « tant que la terre existe, le travail à la campagne existe », ni aux personnes « suspendues » de leur poste (xia gang) [17] c’est-à-dire dont l’emploi est supprimé pour une durée indéterminée mais qui restent comptabilisées dans l’entreprise, ni aux migrants dont l’enregistrement de résidence n’est pas officiel. Le chômage caché dans les entreprises en Chine serait d’environ 20 % en utilisant les deux critères de temps de travail réel et de productivité [20b]. Les xiagang ne sont enregistrés sous le statut de chômeur qu’au bout de trois ans s’ils sont toujours sans proposition de réemploi par leur entreprise ou les centres de services pour le réemploi. 36 à 55 millions de personnes auraient perdu leur emploi entre 1994 et 1998 [12], sur une population active de 736 millions en 1997 (540 millions en 1980, 823 millions prévus pour 2010) [15].

17Par ailleurs il existe une catégorie, assez difficile à évaluer, de travailleurs dont la danwei n’est pas en mesure de payer régulièrement le salaire, qu’ils continuent ou non à travailler, et qui restent enregistrés comme des travailleurs normaux avec néanmoins l’appellation tuoqian gongzi[18].

Le « minimum vital »

18Le ministère de la Fonction publique a établi quatre catégories d’« urbains pauvres » bénéficiant du système de « seuil de pauvreté » (poverty line) :

  • les personnes sans revenu régulier, ni aptitude au travail et sans appui familial ;
  • les familles dont les revenus sont inférieurs au minimum vital ;
  • les chômeurs non couverts par les politiques d’allocation chômage ;
  • les autres cas de niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.
Shanghai a pris l’initiative de mise en œuvre d’un système de minimum vital en 1993, rapidement étendu au reste de la Chine en milieu urbain. En 1997, la province de Guangdong l’étendit non seulement aux villes mais aussi aux zones rurales. Depuis septembre 1999, les 668 municipalités et 1 638 villes sièges des comtés ont été couvertes par le système de minimum vital et plus de 2,817 millions d’urbains en reçoivent les subsides [19].

L’emploi caché

19L’emploi caché [20] est un phénomène probablement en expansion rapide mais peu connu en raison, comme pour tout ce qui sort de la norme, des difficultés à l’appréhender.

Politique de l’emploi

Le rôle de l’État

20L’État a pour rôle de promouvoir l’emploi, qui est régulé par le marché du travail. Les employés choisissent eux-mêmes, sur le marché du travail, l’emploi qu’ils souhaitent occuper et cela devient possible dès la sortie des études (cf. encadré 2). L’État a créé un service de la promotion de l’emploi dont les attributions portent sur :

  • la présentation des emplois, dont l’essentiel consiste à enregistrer les personnes en recherche d’emploi, à enquêter et enregistrer les besoins en travailleurs des entreprises, à récolter des informations sur le marché du travail, à guider, conseiller, et réaliser des prévisions d’emploi ;
  • la formation à l’emploi, qui fait référence à une formation de pré-emploi développée pour faire face au chômage des jeunes, des femmes, et des handicapés, ainsi que la formation de reconversion des travailleurs au chômage ;
  • l’assurance chômage, qui couvre l’allocation chômage, l’aide médicale, la gestion et l’aide à la recherche d’un nouvel emploi pour les chômeurs ;
  • les services de placement de main-d’œuvre, qui mettent sur pied un réseau organisant la mise en relation entre entreprises et chômeurs, avec le soutien financier de l’État, de la politique de l’emploi, et l’aide des unités qui prennent en charge l’organisation.
C’est ainsi que les syndicats ont établi 100 centres de formation professionnelle et technique, les bureaux locaux du travail ont créé 4 000 agences pour l’emploi, et les bureaux de quartiers, comités de résidents ou individuels ont instauré 50 000 centres de services pour l’emploi ; en mai 1998, 30 000 centres de formation existaient en Chine [12] [21].

21Les entreprises qui embauchent des personnes licenciées bénéficient de politiques fiscales préférentielles. Les xiagang qui veulent créer une entreprise sont aidés (dans certaines provinces) : ils bénéficient d’une carte donnant au porteur divers avantages et sont exemptés de taxes par les autorités fiscales [22] [11].

Populations aidées

22La Chine souhaite également marquer son attachement particulier à l’emploi des personnes handicapées, des femmes, et des jeunes, d’une part en encourageant les entreprises qui embauchent des handicapés par l’octroi de privilèges tels que des réductions fiscales, et d’autre part en encourageant les handicapés à chercher du travail, en protégeant l’emploi des femmes, et en améliorant l’employabilité des jeunes.

23Divers lois et règlements comportent des articles spécifiques relatifs à l’emploi des femmes : droit à l’emploi, développement de l’offre d’emploi, et formation, ainsi que développement des secteurs d’activité adaptés, et flexibilité des formes d’emploi pour les rendre conciliables avec les besoins des femmes.

24L’État a aussi pris des mesures en faveur de l’emploi des jeunes portant sur leur formation, en essayant notamment de promouvoir un système de période préparatoire à l’emploi permettant aux jeunes de se former pendant un à trois ans. Ces formations, adaptées aux besoins des entreprises, sont l’aboutissement d’une coopération (initiée en 1978 puis renforcée à partir de 1991, [19b]) sur plusieurs années visant à l’implantation du système dual allemand en Chine, c’est-à-dire l’orientation précoce vers une formation en entreprise en alternance avec une formation théorique dans le système éducatif. Dans certains cas, ce sont les entreprises elles-mêmes qui proposent des types de formation qu’elles demandent à des entreprises de formation d’organiser. La durée effective de cette phase est donc fonction du besoin des secteurs d’activité concernés par chaque type de formation. Ce système est réservé aux jeunes ayant au maximum le baccalauréat. La phase de formation comporte à la fois des périodes théoriques et des périodes pratiques. Ce système vient de démarrer et on ne dispose pas encore de statistiques permettant d’évaluer son efficacité réelle sur l’accès à l’emploi des jeunes. En général, les jeunes qui suivent une telle formation trouvent facilement un emploi. Il semble même que dans certaines régions leurs chances soient relativement grandes.

25Les problèmes d’emploi concernent surtout les personnes de plus de 40 ans et les populations rurales car elles manquent de formation. Aussi le gouvernement central mène-t-il deux séries de travaux visant à réinsérer les personnes ayant perdu leur emploi et à transférer les populations rurales vers les secteurs non agricoles.
À la veille de l’an 2000, les objectifs à cinq ans de l’État visaient à créer 40 millions d’emplois dans les villes, contenir le taux de chômage urbain en dessous de 4 %, transférer 40 % de la main-d’œuvre dans le secteur non agricole, élever le taux de formation professionnelle de 70 % aujourd’hui à 80 % voire même 90 % pour les nouveaux employés dans les villes et les travailleurs transférés dans les secteurs non agricoles et permettre à tous les chômeurs de bénéficier d’une formation professionnelle pour favoriser leur réinsertion sociale.

Formation professionnelle

Le dispositif

26Le système comprend la classification des professions et les standards de qualification professionnelle, les évaluations et certificats de compétence professionnelle, et les concours d’aptitude et récompenses liées au talent.

27En 1992 la Chine a élaboré son premier répertoire de classification des qualifications professionnelles, soit 3 200 groupes de qualifications aujourd’hui, puis publie officiellement le grand dictionnaire des métiers de la République populaire de Chine en 1999.

28Les bases légales [23] de la formation professionnelle sont les suivantes : le 5 juillet 1994, la Chine crée son premier Code du travail [24] avec un chapitre spécial (chapitre VIII) sur la formation professionnelle continue, complété ultérieurement. Le 15 mai 1996, une loi sur la formation professionnelle initiale, en relation avec la loi sur le travail et la loi sur l’éducation, spécifie que le système d’éducation professionnelle doit donner autant d’importance à la formation initiale (écoles) qu’à toutes les formes de formation professionnelle continue, doit mettre l’accent sur la diversification et contribuer à un environnement favorable à ce développement. La réglementation de la formation professionnelle relève de la compétence de deux ministères, celui du Travail et celui de l’Éducation. Conformément à la loi sur le travail, le ministère du Travail et de la Protection sociale a établi des règles spécifiant que toute personne doit recevoir une formation professionnelle correspondant au poste au moment de l’embauche.

Encadré 2 : Quelques aspects du système éducatif chinois

Le système éducatif chinois a trois priorités : traiter le sous-développement dans le contexte mondial par l’enseignement « universel fondamental » ; résoudre le problème du chômage croissant (enseignement secondaire) et maîtriser la science de pointe (enseignement supérieur).
• Enseignement universel fondamental : une scolarité de 9 années (payante) est obligatoire avec un taux de scolarisation de 98,9 % dans le primaire et de 87,3 % en 1999 au collège ; avec 10 % d’abandon au cours de ce cycle. Le taux d’alphabétisation des adultes était à 81,5 % (89,9 % pour les hommes et 72,7 % pour les femmes) en 1995 et l’illettrisme estimé à 7,6 % pour les 15-64 ans [14].
• Enseignement secondaire : il est dispensé pour moitié dans des lycées d’enseignement général pour préparer le concours d’entrée dans les universités (60 % de réussite dans les grandes villes contre 30 % dans les bourgs et zones rurales) l’autre moitié dans des lycées techniques (spécialisés ou professionnels) vers lesquels on voudrait orienter 60 à 70 % des élèves. Les formations techniques concernent pour un tiers des métiers industriels, 12 % l’agriculture, ainsi que les eaux et forêts, 17 % la santé, 18 % la gestion et la comptabilité, 5 % les domaines juridique et administratif. La distinction entre les filières est basée sur le système dual allemand [19b], à dominante formation professionnelle en entreprise avec accompagnement théorique, distinction qui intervient relativement tôt dans le cursus, ce qui ne semble plus convenir de nos jours où le secteur tertiaire se développe rapidement au détriment des secteurs industriels, et propose des offres d’emploi relativement qualifiées. Pour cette raison, la Banque mondiale recommanderait d’user modérément de ce système : une partie importante des offres de formation est en effet consacrée à la formation pour adultes pour un rattrapage du secondaire.
• Enseignement supérieur : il concerne 10 % d’une classe d’âge. Actuellement 40 % des élèves du secondaire rentrent à l’université (il existe mille établissements d’enseignement supérieur dont cent établissements de très haut niveau sur lesquels l’État et les entreprises ont misé).
Source : contribution au colloque de juin 2000 de M. Bastid-Bruguières [19a].

29Le financement de la formation professionnelle est assuré à la fois par l’État et par les entreprises. La cotisation des entreprises pour la formation professionnelle est de 1,5 % de la masse salariale. Ces fonds sont gérés exclusivement par les entreprises. L’État accorde aussi un financement pour la formation professionnelle des personnes qui attendent un nouvel emploi. La gestion de ces fonds est alors assurée par les organismes publics.
En outre, dans les grandes cités industrielles, de nombreuses écoles techniques ont développé des sessions de formation professionnelle consacrées aux jeunes sans emploi, aux xiagang et aux chômeurs, gratuites (financées par les syndicats et le bureau du travail). C’est ainsi que 4,3 millions d’emplois ont été créés et 34 000 institutions ont aidé 8,7 millions de personnes à être réemployées [11].

Promouvoir l’employabilité

30La politique actuelle en matière de formation professionnelle repose sur une large diversification et un soutien particulier à l’amélioration de l’employabilité. Divers organismes, de plus en plus privés ou rattachés à des établissements d’enseignement supérieur qui souhaitent accroître leurs ressources budgétaires, proposent dorénavant, au niveau des communautés urbaines, des opérations combinant évaluation, formation et placement, qui semblent appropriées pour améliorer le niveau général de qualification professionnelle et satisfaire tant les besoins que la demande d’emplois [25].

31Les priorités dégagées pour promouvoir l’employabilité sont les suivantes :

  • appliquer à l’ensemble du pays le système de préparation à l’emploi initié en 1999 dans les aires urbaines ;
  • appliquer le programme dit « 10 millions de personnes retrouvent un emploi dans les 3 ans » par une articulation étroite entre les entreprises, les centres de services pour l’emploi et les organismes de formation professionnelle ;
  • inciter à la création d’entreprises et former à cet effet ;
  • faire adopter par les entreprises le principe de relier la formation professionnelle et l’évaluation avec l’efficacité et la rémunération ;
  • appliquer les systèmes de classement des qualifications professionnelles en trois niveaux (débutant, intermédiaire, élevé), et de recrutement sur des postes techniques du technicien à l’ingénieur ;
  • financer la formation professionnelle à travers différentes sources (État, entreprises, donations, etc.). La réglementation de l’État stipule que 1,5 % de la masse salariale totale doit y être consacré, et qu’une certaine proportion (en moyenne 15 %) des fonds pour l’emploi et des fonds d’assurance chômage des gouvernements locaux doit être utilisée pour la formation professionnelle de pré-emploi et de réinsertion.

Protection sociale

32À l’intérieur du ministère, cinq départements ont en charge les différents aspects de la protection sociale.

L’assurance chômage

33Le système d’assurance chômage a été créé en 1986 sur la base de « Règles provisoires d’assurance des travailleurs en attente d’emploi dans les entreprises d’État » qui avait été établi quand les nouveaux embauchés passèrent du système « bol de riz assuré (à vie) » (tie fan wan) à un système contractuel (ni fan wan). Après une expérimentation de plus de dix ans, et l’accumulation de quelques expériences en même temps que l’étude des pratiques internationales réussies, une révision du système a été mise en œuvre.

34Le 22 janvier 1999, le Conseil de l’État a publié une « Réglementation de l’assurance chômage » visant à améliorer le système existant et soulignant les orientations pour son développement. Seul le milieu urbain est concerné dans un premier temps. Les fonds proviennent des contributions des entreprises urbaines, des organismes institutionnels et des employés, ainsi que des fonds d’intéressement, des subventions et autres ressources prescrites par la législation. Aujourd’hui, toutes les entreprises urbaines doivent cotiser à hauteur de 2 % de la masse salariale et les salariés à hauteur de 1 % de leur salaire. Les employés contractuels ruraux recrutés par des entreprises urbaines ou des organismes institutionnels ne sont pas soumis à contribution personnelle. Les fonds sont gérés à un niveau déterminé par les gouvernements provinciaux ou au niveau des municipalités pour celles qui relèvent directement du gouvernement central ou qui couvrent des districts. Si les recettes sont insuffisantes pour couvrir les dépenses dans le cadre du fonds d’assurance chômage, des fonds d’ajustement et des subventions locales peuvent être sollicités.

35Les dépenses couvertes dans le cadre du fonds d’assurance chômage sont : les allocations chômage, les soins médicaux pendant la période de chômage, les allocations de funérailles et de veuvage pendant la période de chômage, les subventions à la formation professionnelle et les indemnités pour se présenter à des emplois, et toute dépense prescrite si elle est approuvée par le Conseil de l’État, notamment la garantie du « minimum vital ».

36Pour bénéficier de l’assurance chômage, il faut remplir certaines conditions :

  • avoir participé aux plans d’assurance chômage et rempli leurs obligations au moins pendant un an tant pour l’employeur que pour l’employé ;
  • être sans emploi (par licenciement et non par démission) ;
  • être enregistré comme demandeur d’emploi et être prêt à travailler.
Le chômeur perd ses allocations et autres indemnités s’il retrouve un emploi, s’il est recruté par l’armée, s’il émigre, s’il reçoit une pension de retraite de base, s’il est emprisonné ou « rééduqué par le travail » (laogai) [26], s’il refuse des emplois proposés par les départements ou les agences désignées par les gouvernements populaires locaux sans raison valable.

37Des niveaux standards d’allocation chômage sont établis par les gouvernements provinciaux et les municipalités relevant directement du gouvernement central. Le montant des allocations doit être inférieur au salaire minimum, mais suffisant pour garantir le minimum vital. La durée pendant laquelle elles sont perçues dépend de la durée de cotisation comme suit :

tableau im2
Durée de contribution de l’employeur et de l’employé avant perte de l’emploi Durée de perception de l’allocation chômage de 1 à 5 ans de 5 à 10 ans plus de 10 ans 12 mois 18 mois 24 mois

38Dans le cas où l’employé perd à nouveau son travail, on tient compte en partie de la durée de travail de son poste antérieur dans le calcul de sa durée de contribution.

39En 1999, le système couvrait 93,8 millions de travailleurs et fonctionnait avec 23 800 personnes réparties dans 2 100 agences d’assurance chômage.

L’assurance maladie

40Actuellement, une réforme fondamentale de la protection de la santé est en cours (le système de soins médicaux était gratuit depuis 1950) après des expérimentations menées depuis les années 1980. En décembre 1998, le Conseil de l’État a pris des « Décisions relatives à l’établissement d’un système d’assurance médicale de base des travailleurs urbains » (mise en application début 1999).

41Le système est basé sur un niveau de contribution qui reste compatible avec la situation des entreprises, et qui permette une couverture large d’employeurs et d’employés, une répartition des coûts entre les employeurs et les individus, et la combinaison d’un pot commun de frais et de comptes individuels (le premier pour les maladies graves et l’hospitalisation, les seconds pour les soins courants).

42La réforme concerne tous les types d’entreprises urbaines (d’État, collectives, privées, à capitaux étrangers…), comme les institutions et organes gouvernementaux, les associations, les établissements à but non lucratif, et leurs employés. La centralisation des frais médicaux se fait au niveau de la préfecture. En cas de fluctuations importantes suivant les comtés et villes au sein de la préfecture, ils peuvent être gérés à ce niveau. Les entreprises rattachées au niveau du gouvernement central ou provincial doivent en principe participer à leurs plans locaux respectifs. La contribution à l’assurance maladie est répartie entre les entreprises et les salariés de telle façon que la cotisation représente 6 % de la masse salariale de l’entreprise et 2 % du salaire de l’employé. Toutes les contributions individuelles et 30 % de celles payées par les établissements sont versées sur des comptes individuels et le reste est mis dans un pot commun. Le compte individuel peut se transmettre y compris par héritage. Les dépenses couvertes par les fonds en « pot commun » sont distinctes de celles couvertes par les comptes individuels, bien que les individus soient obligés de payer une certaine proportion des coûts relevant du pot commun, proportion qui dépend des gouvernements provinciaux et variable en fonction de la qualité des hôpitaux. Un répertoire des médicaments, traitements et services médicaux sert de base à la réglementation en la matière, et un système de liste d’hôpitaux et de pharmacies qualifiés pour fournir un service d’assurance médicale de base a été adopté, mais le choix reste ensuite à l’assuré. Les retraités ne paient pas de contribution à l’assurance médicale et un traitement préférentiel leur est accordé pour le montant affecté sur leur compte individuel et le pourcentage de frais à leur charge.

L’assurance vieillesse

43Le système de la protection sociale a vu le jour au début des années cinquante. En 1951, ont été édictées les premières règles de protection du travail, mais la pratique de ces mesures a été interrompue entre 1966 et 1976 (période de la Révolution culturelle). En juin 1978, le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale ratifia et promulgua des « Mesures provisoires du Conseil de l’État sur l’emploi des cadres âgés, malades ou handicapés » et des « Mesures provisoires du Conseil de l’État sur les retraites », prescrivant notamment l’âge de la retraite à 50 ans pour les femmes ouvrières, 55 ans pour les autres, et 60 ans pour les hommes, avec une pension de 60 à 75 % du salaire.

44En juin 1991, après expérimentation en quelques endroits à partir de 1984, le Conseil de l’État a publié des « Décisions relatives à la réforme du système d’assurance vieillesse du personnel des entreprises » (dans les villes), à savoir :

  • établissement d’un système d’assurance vieillesse à plusieurs niveaux : obligation pour l’État de fournir l’assurance vieillesse de base, complété par les entreprises, avec une assurance facultative des travailleurs à travers les caisses d’épargne ;
  • création d’un mécanisme de collecte des fonds à la charge de l’État d’une part, des unités de travail et travailleurs d’autre part qui fasse en sorte que ceux-ci contribuent effectivement à l’assurance vieillesse ;
  • modification du procédé de collecte et de versement de l’assurance vieillesse : adoption du principe de fixation des recettes en fonction des dépenses avec la possibilité toutefois en cas de surplus de recettes de mise en réserve de ce surplus sans rechercher à obtenir un strict équilibre recettes-dépenses.
La dichotomie entre milieu rural et milieu urbain existe là aussi dans la façon de gérer la protection vieillesse.

L’assurance vieillesse dans les villes

45En juillet 1997, le Conseil de l’État a publié un décret étendant le système unifié de l’assurance vieillesse à toutes les entreprises urbaines de Chine.

46En janvier 1999, est intervenue la publication d’une « Réglementation sur les prélèvements pour les dépenses d’assurances sociales » qui établit le cadre de base du système actuel de l’assurance vieillesse. Obligation est faite à toutes les entreprises et tous les individus de cotiser aux fonds de l’assurance vieillesse. Fin juin 1999, cette couverture concernait 91 millions de travailleurs.

47Le taux de cotisation est arrêté au niveau des gouvernements provinciaux. Pour les entreprises, il ne devrait normalement pas dépasser 20 % de la masse salariale. À la fin de 1998, le taux moyen de la cotisation des entreprises était de 20,64 %. Pour les salariés, le gouvernement impose actuellement un taux de cotisation qui ne devrait pas être inférieur à 4 %, et qui doit s’élever d’un point tous les deux ans jusqu’à atteindre 8 % du salaire. En 1998, le taux moyen de cotisation salariale a été de 3,9 %.

48L’État fixe aussi le mécanisme de revalorisation des pensions de retraite, qui ont été augmentées chaque année de 1995 à 1999 (sauf en 1998 à cause d’une baisse des prix). En 1999, l’augmentation a été de 30 %. Aujourd’hui, l’État pratique une politique de décentralisation de la protection sociale en ce qui concerne la détermination du plafond de la pension vieillesse. Compte tenu des différences de niveau de vie entre régions, ce sont les gouvernements provinciaux qui décident de ce plafond.
Dans les institutions gouvernementales, la situation est très différente de celle des entreprises car la pension vieillesse est entièrement à la charge de l’État et elle est payée en fonction du nombre d’années de service et du niveau de salaire comme suit :

tableau im3
Personnel des institutions Personnel employé par les « unités gouvernementales de base »1 Années de service Proportion du salaire Années de service Proportion du salaire moins de 10 40% moins de 10 50% 10-20 60% 10-20 70% 20-30 75% 20-30 80o/o 30-35 82% 30-35 85% 35 et plus 88% 35 et plus 90% 1 Dans l’organisation administrative chinoise, c’est le plus petit échelon de gestion d’une population donnée, qui peut correspondre à un quartier ou à une entreprise ou à une université, etc.

L’assurance vieillesse dans les campagnes

49Elle relève d’une politique sociale initiée en 1991 par le Conseil de l’État. Le principe de base consiste à adapter le niveau de la protection au mode d’exploitation, c’est-à-dire que, sur la base du principe d’un équilibre entre droits et obligations, le mode d’assurance doit être lié à la capacité de production agricole pour subvenir aux besoins de la famille, en permettant notamment d’assurer la terre et le soutien familial. Ses trois principaux objectifs sont :

  • collecter les fonds principalement sur la base de versements individuels, complétés secondairement par des versements des collectivités avec le soutien politique de l’État ;
  • établir des comptes individuels afin de mettre en œuvre l’épargne, puis décider d’un niveau standard d’allocation d’après le total des réserves ;
  • faire en sorte d’intégrer tous ceux qui travaillent dans le monde agricole (industriels, agriculteurs et commerciaux) dans le même système avec une seule administration et un seul mode d’enregistrement.
Après huit années de mise en œuvre, 80 millions de ruraux participent au système pour un montant de 16 milliards de yuans. Des agences responsables des pensions ont été établies au niveau local. Un système intégré à six niveaux (ministère, province, préfecture, district, commune, village) avait initialement été mis en place et constitué en réseau.

50L’assurance vieillesse complémentaire est établie sur la base du volontariat mais est fortement encouragée. Elle est alimentée par une contribution des employeurs et des employés. Elle est versée au moment de la retraite en un paiement unique ou étalé dans le temps. Elle est transférable, en particulier lorsque le bénéficiaire change de lieu de résidence [27].
À ce stade, il est difficile de tirer des conclusions de ce début d’expérimentation, d’autant plus que la parution de textes réglementaires à ce sujet en l’an 2000 doit permettre de se faire une idée de l’évaluation faite par le gouvernement et des mesures complémentaires qu’il envisage. Les perspectives sont les suivantes :

  • étendre la couverture aux entreprises à capitaux étrangers, aux entreprises privées, aux entrepreneurs industriels et commerciaux individuels, et en outre aux paysans et travailleurs occasionnels employés par des entreprises urbaines. La politique serait plus souple pour les individuels compte tenu de l’instabilité de leur travail et de leur revenu. La contribution de base pourrait être calculée en fonction du salaire moyen des travailleurs ;
  • intensifier le recouvrement des contributions conformément à la réglementation de janvier 1999. Un accroissement des fonds de 15 % est attendu en 2000 ;
  • réformer le système d’assurance vieillesse de l’État pour que le même système soit appliqué dans le public et dans le privé ;
  • réguler la retraite complémentaire des entreprises.

Les autres assurances

L’assurance accidents du travail

51• En 1996, un décret du Conseil de l’État a réformé la partie du Code du Travail concernant la protection des travailleurs en matière d’accidents du travail et de maladies professionnelles. La réforme a porté sur l’identification des préjudices causés par les accidents du travail et maladies professionnelles ; l’évaluation et le classement des préjudices subis dans une échelle de gravité., la prise en charge des traitements médicaux et les indemnités journalières ; les pensions d’invalidité ; l’allocation décès et la pension aux survivants (épouse, parents dépendants, enfants).

52L’objectif de la réforme est de faire la transition entre un système de responsabilité de l’entreprise d’État et un modèle d’assurance sociale valable pour toutes les entreprises.

La protection des femmes salariées

53En 1988, un décret du Conseil de l’État portant sur la protection des femmes exerçant une activité professionnelle a complété et amélioré la réglementation déjà existante dans les organes et institutions de l’État. La réforme s’est poursuivie jusqu’à la fin de 1998. La réglementation interdit notamment à une entreprise de baisser le salaire ou de résilier le contrat de travail des femmes qu’elle emploie pendant la durée de la grossesse ou de la période d’allaitement. Le congé maternité est légalement allongé à 3 mois et peut être augmenté en cas de grossesse multiple ou pathologique.
Mais le cœur de la réforme porte sur l’assurance de « planning familial » [28] (fonds social de financement des frais de maternité). Elle est alimentée uniquement par les entreprises dont la contribution est fixée par le gouvernement local en tenant compte des prévisions de naissances et des dépenses associées. Elle ne doit pas excéder 1 % de la masse salariale de l’entreprise. Les salariés ne versent aucune cotisation. Fin 1998, des fonds sociaux pour frais de maternité étaient mis en place dans plus de 1 400 villes et districts (des 26 provinces et municipalités relevant directement du gouvernement central), couvrant près de 28 millions de femmes actives. Les autres employées ont continué de bénéficier du système étatique.

Contrôle et gestion des fonds d’assurances sociales

54Un département pour la supervision de ces fonds d’assurances sociales a été spécifiquement créé en 1998 au sein du ministère. D’une part, il formule les règles de gestion et contrôle le fonctionnement d’agences qui existent à trois niveaux : province, préfecture et district avec un effectif total de 57 000 personnes. D’autre part, il reçoit les plaintes et prend des sanctions en cas de violation des règles relatives à la gestion de ces fonds.

55Le recouvrement des fonds destinés à la protection sociale est assuré par les agences qui les versent globalement à des organismes parapublics de l’emploi et du travail qui affectent ensuite les sommes correspondantes aux divers schémas d’assurance.

56Les principales difficultés rencontrées par la Chine en matière de protection sociale concernent d’une part le recouvrement des fonds auprès des entreprises et la gestion de ces fonds, et d’autre part le retard pris en milieu rural et dans les provinces pauvres de l’ouest [29]. Un fossé grandissant se creuse en effet en matière de santé entre les différents groupes socio-économiques et on assiste à un développement de l’assurance privée en Chine notamment pour les maladies graves et aussi parce que le système mis en œuvre est d’abord une couverture de base [20a].

Conclusion

57Concilier les règles de l’économie de marché avec la garantie d’un minimum vital pour tous apparaît comme le paradoxe chinois de l’aube du XXIe siècle. La transformation du bol de riz en fer en bol de riz en terre, en cours de réalisation, est-elle une étape vers la qualité du contenu du bol et la diversité des formes de bols, – c’est-à-dire intérêt et diversité des activités – pour un développement économique durable et équitable ? Le véritable défi est là, le rôle de l’État y est crucial, et il est trop tôt pour évaluer l’impact d’une politique qui vient seulement d’être mise en œuvre, tout comme le système de suivi statistique. La Chine affronte, comme de nombreux pays développés, l’émergence d’un capitalisme postindustriel après avoir parcouru en vingt ans un cycle que les pays occidentaux avaient mis huit fois plus de temps à accomplir (soit simultanément les trois étapes de l’évolution du travail capitaliste) [12] et Jean-Louis Rocca ajoute : « La société urbaine expérimente quelque chose de très proche du double phénomène que Habermas identifie à la modernité, c’est-à-dire une étatisation de la société et une socialisation de l’État or ce n’est en fait qu’une nouvelle mise en scène de ce qui existait déjà ». Néanmoins, c’est la construction d’une nouvelle société et d’une nouvelle identité qui est en jeu car la danwei n’est plus le lieu unique et permanent, obligé mais sécurisant, de la socialisation de l’individu ; l’ouverture tant sur le plan intérieur – mobilité des individus, émancipation des entreprises, et tertiarisation des activités notamment – que sur le plan extérieur – investissements étrangers, et échanges économiques, scientifiques et culturels notamment – à un moment choisi en partie par elle (l’entrée à l’OMC [30] et le développement des nouvelles technologies de l’information n’y sont pas étrangers), fait de la Chine, dans sa recherche d’une voie qui lui permettre de conserver ses spécificités, un phénomène à observer et à suivre attentivement.


Glossaire

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Bibliographie

Bibliographie

  • • Référence de mise en perspective historique

    • Maurice Marie-Ange, La protection sociale en République populaire de Chine : traits généraux et réformes majeures (1949-1997), Mémoire INALCO, Paris, 1998.
  • • Ouvrages de référence

    • [1]
      Alexandre Véronique, « La Chine, un défi statistique », Le Courrier des statistiques, 1995.
    • [2]
      Cai Fang, Li Zhou, Lin Justin Yifu, Le miracle chinois, stratégie de développement et réforme économique, Economica, 2000.
    • [3]
      Cailliez Charlotte, « L’effondrement du système de santé rural », Perspectives chinoises n° 47, 1998.
    • [4]
      Evraert Serge, Ding Yuan, « Comptabilité en Chine », in Encyclopédie de comptabilité, contrôle de gestion et audit sous la direction de Bernard Colasse, article n° 22, p. 292-300, Economica, 2000.
    • [5]
      Eyraud Corine, L’entreprise d’État chinoise : de « l’institution sociale totale » vers l’entité économique ?, Points sur l’Asie, L’Harmattan, 1999.
    • [6]
      Gentelle Pierre, Chine et « diaspora », Ellipses, 2000.
    • [7]
      Kernen Antoine, Rocca Jean-Louis, « La réforme des entreprises publiques en Chine et sa gestion sociale ; le cas de Shenyang et du Liaoning », Les Études du CERI n° 37, 1998.
    • [8]
      Ming Lu, Zhao Chen, China’s Wage and Employment Bargaining and its Effects on Economic Efficiency, Fudan University, Shanghai, 2000.
    • [9]
      Ming Lu, Zhao Chen, « La réforme du système d’emploi en Chine », La lettre du CEE n° 62, 2000.
    • [10]
      Morin Alexandre, Payrault Thierry, La Chine au travail (I), les sources du droit du travail, GEC, Centre Chine-EHESS, Expert Comptable Media, 1997.
    • [11]
      Rocca Jean-Louis, Old Working Class, New Working Class : Reforms, Labour Crisis and the two Faces of Conflicts in Chinese Urban Areas, papier présenté dans le cadre d’une conférence sino-européenne à l’université autonome de Madrid, 1999.
    • [12]
      Rocca Jean-Louis, « Three at once » : the multidimensional scope of labour crisis in China, papier présenté à une conférence CERI, Sciences-Po, Paris, 1999.
    • [13]
      Tao Jingzhou, Droit chinois des affaires, Economica, 1999.
    • [14]
      Rapports sur le développement humain, PNUD (1997 à 2000), UN Publications, Genève.
    • [15]
      The World Development Indicators 1999, The World Bank, Washington, USA
    • [16]
      Annuaire des statistiques du travail 1999, BIT, Genève.
    • [17]
      China Statistical Yearbook, Bureau national de la statistiques, 1999, Beijing, Chine.
    • [18]
      Annual report 1999 et Asian development outlook 2000, Asian Development Bank, Manille, Philippines.
    • [19]
      Contributions orales au colloque « Emploi et formation en Chine » organisé conjointement par le Centre de développement de l’OCDE et le Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine de l’EHESS, mai 2000, à paraître au premier semestre 2001 sous forme d’un numéro spécial de la revue Perspectives chinoises.
    • [19a]
      Les offres de formation du système éducatif chinois, M. Bastid-Bruguière.
    • [19b]
      Le système dual dans la formation professionnelle initiale chinoise, B. Brunstermann.
    • [19c]
      Migrants et formation professionnelle à Shenzhen, I. Thireau.
    • [20]
      Contributions au colloque « La Chine en transition : questions de population, questions de société » organisé par l’INED (Institut national d’études démographiques), 31 janvier et 1er février 2001.
    • [20a]
      Health Care in China :A Tale of Two Eras, Liu Yuanli & William Hsiao (Harvard university).
    • [20b]
      Emploi et chômage dans la Chine urbaine, François Gipouloux (CNRS).

Date de mise en ligne : 01/06/2010.

https://doi.org/10.3917/rfas.012.0171

Notes

  • [*]
    Véronique Alexandre et Marie-Annick Mercier : INSEE.
  • [1]
    Après l’instauration d’un cadre juridique adéquat (révision en 1996 de la loi de 1983), l’adoption d’un nouveau système de comptabilité nationale (SCN 93 de l’Onu), et la formulation systématique de normes et classifications (dont la nomenclature d’activités promulguée dans une nouvelle version en 1994 et la typologie des entreprises en 1998), c’est tout un nouveau système d’enquête qui doit être mis en place pour remplacer les recensements systématiques antérieurs rendus possibles par le système totalement étatique, et notamment permettre un suivi du chômage et des politiques de l’emploi et de la protection sociale.
  • [2]
    Une présentation officielle de cette politique a été faite, par des représentants du ministère chinois du Travail et de la Protection sociale en décembre 1999, à Paris, sous forme de trois brochures : Le ministère du Travail et de la Protection sociale, Formation professionnelle et emploi en Chine, et Assurances sociales en Chine, accompagnées d’une conférence de Monsieur Zhao Ximing.
  • [3]
    Voir bibliographie.
  • [4]
    Les chiffres du recensement 2000, tels qu’annoncés en conférence de presse par le Bureau national de la statistique fin mars 2001, donnent pour la Chine continentale (hors Hong-Kong et Macao) 1,266 millions.
  • [5]
    Les définitions de l’« urbain » et du « rural » ont été remaniées pour le recensement de l’année 2000 (le hukou, domiciliation d’origine était auparavant la référence), et cette répartition devient d’après les premiers chiffres du recensement 2000 : 36,1 % d’urbains et 63,9 % de ruraux.
  • [6]
    8,41 % de la population totale au recensement de l’année 2000 contre 8,04 % en 1990.
  • [7]
    93,68 % au recensement de l’année 2000.
  • [8]
    Le PIB par tête a quadruplé en Chine entre 1980 et 2000, évolution d’autant plus remarquable que la population de la Chine s’est accrue dans le même temps de 300 millions de personnes. [Source officielle].
  • [9]
    PNUD : Programme des Nations unies pour le développement.
  • [10]
    Ils représentaient, en 2000, environ 400 milliards de dollars. [Source officielle].
  • [11]
    BAD : Banque asiatique de développement.
  • [12]
    La forte dichotomie urbain versus rural qui régit traditionnellement la société chinoise, est accentuée par le rapide essor des villes au détriment des campagnes, ainsi que par un développement en deux temps des politiques et des réformes économiques et sociales, expérimentées systématiquement d’abord dans les villes (réglementations et expérimentations) puis dans les campagnes.
  • [13]
    C’est la question essentielle dans la période de transition, et l’essor évident des petites entreprises indépendantes et du secteur informel n’est pas encore, comparativement, important ni mesurable.
  • [14]
    L’agence de presse Xinhua du 10 janvier 2000 donne cette information reprise par Le magazine de l’OIT n° 33 de février 2000 : « Le ministère du travail indique que le nombre de salariés licenciés des entreprises d’État devrait atteindre 12 millions cette année ».
  • [15]
    Jusqu’à présent, il n’existait pas de fonctionnement externe du marché du travail : le salaire par exemple n’était pas déterminé par la situation de l’offre et de la demande sur le marché mais fixé par le ministère du Travail et le bureau municipal du travail concerné.
  • [16]
    BIT : Bureau international du travail.
  • [17]
    Traduction littérale du chinois qui ne correspond pas tout à fait à un licenciement, plutôt à une suspension du poste de travail, qui peut être provisoire ou définitive, c’est-à-dire concerne des personnes toujours rattachées à leur entreprise, percevant à ce titre un salaire de base, mais en attente de réaffectation ou de reprise, éventuellement en stage de formation professionnelle, ou encore proches de la retraite.
  • [18]
    Salariés en attente du paiement de leur salaire (mais en situation normale sinon) il s’agit d’un retard de paiement dû aux difficultés de trésorerie de leur danwei.
  • [19]
    Source : agence de presse Xinhua, Pékin, 3 avril 2000.
  • [20]
    « Une enquête du bureau du travail de Beijing conclut que 60 % des xiagang des entreprises d’État de la municipalité travaillent au noir. Le second phénomène est celui des retraités réemployés. Une enquête conduite sur les effectifs de l’année 1996 conclut que 20 % des retraités, soit 6,24 millions de personnes travaillent à nouveau. Et le phénomène est généralement légalisé par les gouvernements provinciaux. En 1999, le gouvernement provincial du Hebei a autorisé les ouvriers employés des entreprises d’État et des institutions gouvernementales à travailler dans les entreprises privées pendant leur temps libre » [20b].
  • [21]
    Pour l’emploi comme pour la protection sociale, les syndicats, la fédération des femmes, et les administrations locales jouent un rôle essentiel dans cette période de transition.
  • [22]
    Là aussi, les comités de quartiers (échelons administratifs de base) jouent un rôle essentiel en facilitant le petit commerce individuel de restauration par la mise en place de marchés volants de quartier [11].
  • [23]
    Préalable indispensable à la mise en place d’un marché du travail et à la généralisation du système de contrat de travail, qui lui-même nécessite, pour le travailleur contractuel, la résolution du problème du logement attribué jusqu’alors par la danwei aux travailleurs statutaires (la libéralisation du hukou, certificat de domiciliation, qui y est rattaché pourrait créer des poches de logements précaires autour des lieux potentiels d’offre de travail). Il s’agit d’assurer de façon concomitante une incitation à la qualité du travail des travailleurs et leur protection contre le risque de précarité généré par les externalisations de tâches croissantes de la part des entreprises et facilitées par cette contractualisation [10].
  • [24]
    La période 1989-1994 est une période d’intense publication de textes juridiques : huit sur la protection sociale, six sur la gestion des ressources humaines, deux sur les entreprises à capitaux étrangers, auxquels s’ajoutent une ordonnance pour les règlements des conflits du travail, une loi créant une Inspection du travail, et une nouvelle loi sur les syndicats en 1992. Ce premier code du travail adopté par l’Assemblée populaire nationale consiste en un texte de base en treize chapitres, accompagné de dix-sept circulaires publiées la même année [10].
  • [25]
    Voir contribution de I. Thireau sur l’exemple de la formation des travailleurs migrants à Shenzhen [19c].
  • [26]
    Prisonniers politiques.
  • [27]
    Jusque récemment, les individus étaient rattachés à leur unité administrative de résidence de façon quasi permanente.
  • [28]
    Il s’agit de la traduction de l’expression utilisée en chinois jihua shengyu c’est-à-dire « plan ou planification » des « naissances ou accouchements ».
  • [29]
    Dans les provinces côtières et les grandes villes, la croissance économique offre de nombreuses opportunités aux xiagang de trouver un nouvel emploi dans les entreprises à capitaux étrangers et même les entreprises chinoises modernisées : dans le Fujian (province du littoral entre Shanghai et Canton), il n’y a que 140 000 xiagang sans emploi contre 1,23 million dans le Liaoning (nord de la Chine) ; dans la province du Shaanxi (centre de la Chine) un tiers seulement des personnes licenciées ont trouvé un nouvel emploi alors qu’à Shanghai où les employés des entreprises d’État sont relativement nombreux (67,3%), 1,1 million sur 1,3 million de personnes licenciées ont retrouvé un emploi [11].
  • [30]
    OMC : Organisation mondiale du commerce.
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