Notes
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[1]
Le principe du schéma en trois axes amène à faire référence au célèbre « Democracy cube » proposé par Archon Fung (Fung 2006) pour représenter les différentes modalités de participation – au sens de démocratie participative envisageables dans un système de gouvernance complexe. “Mechanisms of participation vary along three important dimensions: who participates, how participants communicate with one another and make decisions together, and how discussions are linked with policy or public action. These three dimensions constitute a space in which any particular mechanism of participation can be located.” (Fung 2006, 1) Dans le cas qui nous concerne, c’est à dire la prise en compte des publics pour l’évaluation des politiques publiques, il s’agit d’autres dimensions et d’autres variables, spécifiquement en rapport avec notre objet. Il reste, et c’est intéressant, que ces trois dimensions constituent un espace au sein duquel n’importe quelle modalité particulière de prise en compte des publics peut être située.
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[2]
De façon très sommaire, on peut dire que ces origines sont celles du welfare stigma révélé notamment par les émeutes urbaines aux États Unis dans les années 1960 ; de l’introduction du ciblage – targeting – dans des régimes contributifs aux Pays Bas dans les années 1970, et en Allemagne la décennie suivante ; de la montée de la question de la nouvelle pauvreté en France dans les années 1970 puis de l’introduction de nouvelles formes d’assistance fondées sur la solidarité nationale ; de la transition démocratique et de l’introduction de l’idée même de droit social, en Grèce, Espagne, Portugal, aux alentours des années 1980 : www.exnota.org.
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[3]
ODENORE : http://odenore.msh alpes.fr/
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[4]
Mikaël Hautchamp, Pierre Naves, Dominique Tricard, Rapport de la Mission « Quelle intervention sociale pour ceux qui ne demandent rien ? », Paris, IGAS, rapport n° 2005 026, mars 2005, p. 6. http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/064000195/0000.pdf
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[5]
ONPES, Mesures et évolution de la pauvreté, Rapport 2007 2008. http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_mesures_ 2.pdf
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[6]
http://odenore.msh alpes.fr/.
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[7]
Journées Françaises de l’Evaluation – Grenoble 6 et 7 juin 2013 – Atelier 3 : Évaluation du non recours – Intervention de Quentin Derache.
1 La prise en compte des publics des politiques publiques représente un apport essentiel pour l’évaluation. Au delà des modalités classiques de recueil de témoignages qui contribuent à constituer le matériau évaluatif, les formes organisées de participation, souvent bien étayées sur le plan méthodologique, contribuent à l’énonciation d’une pluralité de points de vue. Cette production enrichit l’évaluation en ce qu’elle permet non seulement d’affiner des données d’enquêtes, mais aussi de construire en le diversifiant le jugement évaluatif.
2 Certes, les parties prenantes d’une politique publique – dont ses destinataires – ne sont pas systématiquement toutes associées au processus évaluatif, pas nécessairement à tous les stades, et pas toujours selon des modalités comparables. A minima, le politique donneur d’ordre, l’administration en charge et les principaux opérateurs en sont d’incontournables interlocuteurs. Mais si au delà de la politique publique on s’attache à considérer plus globalement l’action publique et la multiplicité des acteurs et des interactions qui y interviennent (Duran 2010 ; Lascoumes, Le Galès 2012), le cercle des parties prenantes susceptibles d’être associées au processus évaluatif s’élargira, nécessairement, jusqu’au public (Dewey 1927). Ou plus spécifiquement, pour ce qui nous concerne ici, les publics (au pluriel), dont on pourrait dire en creux qu’ils ne sont ni acteurs politiques institués comme tels, ni engagés à titre professionnel dans l’action publique considérée. Quelle que soit l’entrée selon laquelle on les considère, les publics participent du collectif de production des politiques publiques (Callon, Lascoumes, Barthe 2001), de l’émergence du fait social à la mise à l’agenda, puis au cours du processus d’appropriation et transformation qui découle de la mise en œuvre (Warin 1993).
3 L’impératif de prise en compte des publics est particulièrement présent dans le cas d’évaluations pluralistes (Perret 2008), mais il existe des exemples d’évaluations expertes ou managériales amenées à s’intéresser, d’une manière ou d’une autre, aux destinataires de l’action (Dubois 2013). Pour autant, les conditions, les modalités et les orientations de ces prises en compte sont extrêmement diverses. Nous allons dans un premier temps nous attacher à préciser ces différentes logiques, les découpages qu’elles impliquent et ce qui en découle pour l’évaluation et pour la compréhension du fonctionnement des politiques. Nous considérerons au passage la question de la participation, qui se pose évidemment dès lors qu’il est question d’articuler, au processus évaluatif en l’occurrence, la présence ou l’intervention de citoyens « ordinaires ». Puis nous focaliserons la réflexion sur une entrée particulière en analyse du comportement des publics vis à vis de l’offre publique, intéressante à divers titres, notamment parce qu’elle rend compte de défaillances (failures) des politiques publiques sous un angle peu abordé : la question du non recours aux « actes produits » par une politique, soit ses outputs concrets et individuels (prestations financières et non financières, autorisations administratives, …).
Les modalites de prise en compte des publics
4 Les publics susceptibles d’être pris en compte pour l’évaluation se constituent et s’analysent à partir de trois ensembles de variables nécessairement coordonnés en contexte.
5 (1) Une démarche d’évaluation de politique publique est faite de phases successives, à l’occasion desquelles, schématiquement, sont abordés la constitution du référentiel et l’élaboration du questionnement évaluatif, le recueil puis l’analyse des données nécessaires à l’investigation, l’élaboration et l’énonciation des conclusions évaluatives, puis éventuellement l’énoncé des préconisations. Les publics sont susceptibles d’être associés à chacun de ces stades, pour des apports potentiellement différents au processus évaluatif.
6 (2) Une politique publique désigne a priori ses publics (bénéficiaires ou ayants droit, habitants ou riverains, par exemple). Parallèlement, chaque individu est susceptible d’être concerné à divers titres par tel ou tel segment d’une politique : en tant que citoyen toujours, vraisemblablement comme contribuable, en tant qu’électeur souvent, puis éventuellement de façon plus pointue selon ses caractéristiques sociodémographiques et socioéconomiques, son lieu de résidence, son histoire, ses domaines d’investissement personnels… On a pu dans certains cas considérer de manière dissociée des « groupes cibles » de la politique, entendus comme ceux qui seraient à l’origine du problème à traiter, et des « bénéficiaires finaux » pour qui les effets de la politique devraient être bénéfiques (Knoepfel, Larrue, Varone 2006 ; Monnier, Varone, Sage 2008). Quelles que soient les logiques d’analyse, il est bien sûr essentiel de considérer au moment de l’évaluation l’effet de segmentation des publics découlant des termes et critères de la politique évaluée.
7 (3) Les publics délibérément associés à l’évaluation le sont selon des modalités diverses, qui, au cas par cas, contribuent à les constituer. Par exemple, dans une évaluation d’une opération d’aménagement urbain – évaluation sur deux ans du processus de mise en vie d’un nouveau quartier de centre ville – un questionnaire est distribué dans chacune des boites aux lettres des nouveaux résidents. Un taux de réponses assez solide (33 %) donne néanmoins à voir une structure sociale décalée par rapport à la situation réelle : près de 50 % de propriétaires occupants (contre un peu moins de 30 % en réalité), et une proportion deux fois moindre de locataires du parc social (21 % contre 40 % en réalité). Les habitants du parc social ont moins d’appétence et de disponibilité pour répondre à ce questionnaire que les personnes qui ont acheté leur logement dans ce quartier : on pouvait évidemment en faire l’hypothèse ; la structure du public ainsi constitué pour l’évaluation le montre. Des entretiens complémentaires, organisés notamment au regard de cet élément d’information, constituent un autre public, au sein duquel a contrario les habitants du parc social seront plutôt surreprésentés.
8 L’analyse des modalités de prise en compte des publics en évaluation se construit donc par la combinaison de ces trois logiques d’élaboration : (1) les phases de la démarche, (2) la segmentation des publics par la politique évaluée, (3) leurs modes de constitution pour l’évaluation. On peut rendre compte efficacement de cette combinatoire sous la forme d’un schéma en trois axes, ci dessous [1].
Figure n° 1 : Modalités de prise en compte des publics dans l’évaluation d’une politique publique.
Figure n° 1 : Modalités de prise en compte des publics dans l’évaluation d’une politique publique.
9 Sur l’axe n° 1 se déroulent les phases du processus évaluatif. Soulignons que le fait d’associer un public à l’élaboration du jugement évaluatif, des préconisations ou du référentiel, n’est pas du même ordre que d’envisager qu’il puisse prendre part, dans le cadre d’une instance ad hoc, à leur énonciation formelle. Il s’agit au premier stade – élaboration – d’un travail de prise de distance évaluative. Il peut s’agir au second stade – énonciation – de la réalisation d’un énoncé performatif (Austin 1962) [« Le jugement évaluatif porté sur cette politique publique est… »] dont le sens et le statut iraient alors au delà d’un objectif strictement évaluatif.
10 L’axe n° 2 fait apparaître les publics selon qu’ils sont plus ou moins directement constitués par la politique évaluée et présente la particularité de positionner un public potentiel de non recourants, c’est à dire de destinataires qui n’utilisent pas – ou pas complètement – les outputs auxquels ils peuvent légitimement prétendre. Nous y reviendrons plus particulièrement ci après.
11 Les modes de constitution des publics situés sur l’axe n° 3 sont aussi les moyens que se donne l’évaluation pour rentrer en contact avec eux et rendre possible leur expression.
12 Le cube intérieur circonscrit les relations aux publics qui s’établissent d’abord dans un objectif de recueil de données, ou autrement dit de constitution du matériau évaluatif. Les publics ainsi constitués sont appelés à témoigner, mais pas à prendre part consciemment au processus évaluatif. Ce type de modalités de prise en compte des publics, est certainement de loin le plus fréquent. Le cube englobant laisse ensuite entrevoir la possibilité de scénarii plus divers, allant jusqu’à l’éventualité de l’énonciation du jugement évaluatif par des citoyens ‘ordinaires’ siégeant dans une instance décisionnelle. En l’état actuel des pratiques en usage, à notre connaissance, une telle éventualité reste une figure de style.
La question de la participation en évaluation
13 Ces considérations amènent à (ré)envisager la question de l’évaluation participative et de la place des citoyens en évaluation (Milet 2005). Une abondante littérature traite de participation et de démocratie participative, sans qu’il soit pour autant facile de s’y arrêter sur une définition précise et consensuelle. Un ouvrage de synthèse portant en 2008 sur « L’actualité de la démocratie participative », titre en chapitre I sur « La force d’une notion floue » (Blondiaux 2008, 13). Pourtant, l’éventualité évoquée ci dessus d’un jugement évaluatif solennellement énoncé par des citoyens ‘ordinaires’, a évidemment quelque chose à voir avec un fonctionnement démocratique ouvert à la participation. À quelles conditions, selon quels critères, peut on considérer qu’une forme de prise en compte d’un public en évaluation serait susceptible d’être qualifiée de « participative » ? Les bénéficiaires ou les riverains dont on recueille le témoignage pour mieux comprendre les effets et impacts de la politique évaluée, n’interviennent pas directement, a priori, sur le cours du fonctionnement démocratique. Par contre, les publics associés au moment de l’élaboration du référentiel, de l’analyse des données ou de l’élaboration du jugement, au travail de prise de distance évaluative, participent effectivement à la formulation d’un point de vue sur les politiques, voire sur l’action publique. La césure pourrait se situer là, entre témoignage et élaboration.
14 Ceci étant (sup)posé, on se demandera alors dans quelle mesure l’apport d’une pratique participative contribue à une meilleure analyse d’une politique et de ses effets, et à une plus complète évaluation. Prenons par exemple le cas de l’évaluation d’une politique publique a priori centralement fondée sur la mise en service d’un nouveau dispositif technique : l’installation dans l’espace public de caméras de vidéosurveillance. Si on adjoint à une analyse classique des répercussions directes du fonctionnement de l’outil, d’une part des enquêtes grand public (recueil de témoignages), et d’autre part un suivi du processus évaluatif par un panel de citoyens ‘ordinaires’ (mise en situation de prise de distance évaluative), on obtient, d’un côté une nouvelle mise en perspective des effets observables du dispositif technique considéré, de l’autre un effet d’explicitations et de commentaires sur les informations apportées par le regard décalé de l’enquête grand public. Dans ce cas particulier, les enquêtés sont bien les bénéficiaires de la politique publique (c’est à l’intention des citoyens de ce territoire qu’est mise en place cette politique particulière de sécurité – tranquillité publique), et les membres du panel appelés à commenter, au fur et à mesure, les informations recueillies pour l’évaluation et l’analyse qui peut en être faite, sont quelques uns de ces bénéficiaires. Le public des bénéficiaires est constitué par la politique. Le panel est un sous ensemble de ce public, constitué pour l’évaluation. La faculté de prise de distance évaluative conférée aux membres du panel permet ici de donner sens aux informations apportées par l’enquête. En complément des grandes tendances du point de vue des bénéficiaires, connues dans le cas ici considéré à partir des enquêtes grands public (mais qui peuvent dans d’autres cas être relevées par questionnaires, entretiens ou focus groups) on entend les mots pour le dire, et des formulations d’explication qui permettent d’aller au delà des hypothèses de compréhension des avis exprimés.
15 Les occurrences potentielles d’énonciation paraissent se situer par contre en périphérie du champ de l’évaluation. Le fait qu’un public soit, par exemple, mis en situation d’énoncer formellement le jugement évaluatif, ne constitue pas en soi un apport à l’évaluation au sens où cet événement n’apporte pas d’information complémentaire pour l’analyse de la politique publique et de ses effets ; il s’agit bien par contre d’un évènement participatif. Peut être peut on parler alors de public constitué pour la participation à l’occasion de l’évaluation, l’enjeu participatif s’analysant ici comme un enjeu enchâssé dans le processus évaluatif.
La question du non recours à l’offre publique
16 Les publics qui n’ont pas recours à l’offre publique – surlignés dans le schéma ci dessus – présentent la particularité de ne pas être désignés a priori par la politique, ni constitués pour l’évaluation (ni bien sûr pour la participation). Ces publics au contraire se constituent d’eux mêmes face à l’offre publique. Dans certains, cas on pourra même parler du non recours comme d’un comportement de non participation à l’usage d’une offre publique. En ce sens, le phénomène du non recours apparaît en soi comme un élément d’analyse des politiques publiques, de leur fonctionnement, et de leur pertinence. Par son existence même et son ampleur (ODENORE 2012), le non recours est symptomatique de dysfonctionnements dans les politiques. Ces dysfonctionnements se mesurent à l’aune de la non participation des publics attendus, au sens d’un non usage de leur part des outputs individuels et concrets auxquels ils ont droit.
17 Une entrée en évaluation par l’observation de dysfonctionnements avérés, potentiellement quantifiables et analysables, des politiques publiques, est évidemment très stimulante bien qu’encore relativement inusitée. En s’adressant usuellement à des publics constitués par la politique et pour l’évaluation, ce qui reste bien évidemment souhaitable et nécessaire, les questions que pose l’évaluation, même pluraliste, sont pour beaucoup celles que se posent les parties prenantes instituées de l’action publique, qui ont pour l’essentiel déjà participé au processus d’élaboration de la politique évaluée. L’éventualité d’une approche évaluative menée du point de vue des publics non recourant permet d’envisager un renouvellement dynamique des logiques de questionnement et d’analyse.
Le non recours aux outputs des politiques : un critère d’évaluation
18 La question initiale du non recours aux prestations sociales (non take up of social benefits) apparaît au Royaume–Uni dans les années 1930. Son émergence correspond clairement au besoin politique d’évaluer la bonne affectation des prestations sociales, notamment celles ciblées sur des publics particuliers (means testing benefits). Même si l’introduction du thème du non recours a des origines différentes dans d’autres pays [2], partout la question du non recours a servi à rendre plus explicite et davantage opérationnelle la préoccupation gestionnaire de l’effectivité de l’offre de prestations financières (impacts prévus/impacts réels) (Hamel, Warin 2010). D’une façon générale, la prise en compte de cette question est liée au besoin récurrent de savoir si l’offre atteint bien les populations à qui elle est destinée.
19 Les travaux menés en France depuis dix ans au sein de l’Observatoire du non recours aux droits et services [3] ont amené à considérer que la question de la délimitation des domaines concernés par le non recours ne peut pas se régler par une mesure des écarts entre public potentiellement éligible à une prestation sociale (financière ou non) et public éligible et effectivement bénéficiaire. Il convient d’intégrer une diversité d’offres publiques relatives à l’aide sociale, à l’action sociale et collective (dispositifs d’accompagnement et de médiation en particulier), mais aussi aux services publics et aux institutions régaliennes, indépendamment de leur caractère obligatoire, alternatif ou contingenté. Il faut tenir compte des publics éligibles, mais aussi de ceux qui perdent ce statut, pour les conséquences différées – en termes de non recours – que ce changement peut induire. Par conséquent, la définition du non recours, ou plus précisément du « non recours aux droits et services », se trouve ainsi reformulée : le non recours renvoie à toute personne qui – en tout état de cause – ne bénéficie pas d’une offre publique, de droits et de services, à laquelle elle pourrait prétendre.
20 Pour dépasser les limites d’un modèle d’analyse dynamique des seules relations de services (Van Oorschot 1991, 1998), l’Observatoire des non recours aux droits et services (ODENORE) présente une typologie explicative applicable à l’ensemble des situations, comprenant quatre principales formes de non recours (ODENORE 2010) :
- la non connaissance, lorsque l’offre n’est pas connue ;
- la non demande, quand elle est connue mais pas demandée ;
- la non réception, lorsqu’elle est connue, demandée mais pas obtenue ;
- la non proposition, lorsqu’un agent ne propose pas une offre, notamment parce qu’il estime qu’en en cas de difficulté ou d’échec, le demandeur pourra se replier durablement sinon définitivement.
21 Outre son but explicatif, le principal apport de cette grille est de souligner la possibilité d’un non recours volontaire, même lorsque les individus sont sous contraintes. Dans ce cas, le non recours n’apparaît pas comme un incident plus ou moins fortuit (par exemple par non connaissance de l’offre), mais comme un rapport social à l’offre publique et aux institutions qui la servent. Ainsi, le non recours constitue non seulement un enjeu gestionnaire – comme il fût pensé au départ – mais pose aussi une question politique.
22 La dimension politique du non recours s’exprime aussi bien quand il signale un désintérêt ou un désaccord avec ce qui est proposé, que lorsqu’il est l’effet d’impossibilités, aussi variées soient elles. Dans certains cas, la non demande peut également s’interpréter comme une non participation aux politiques mises en œuvre. Le non recours a d’ailleurs pour équivalent sémantique la « non participation » dans certains travaux anglo saxons d’évaluation (RHDCC 2009). Dans ce cas – et il est essentiel de le remarquer – la notion de participation n’est plus circonscrite au sein de formes instituées d’actions collectives, mais intègre aussi les relations aux destinataires individuels qui participent à la réalisation même des politiques en utilisant, ou non, leurs outputs. Surtout, le non recours par non demande – lorsque les bénéficiaires potentiels des outputs ne les trouvent pas intéressants, accessibles, ou acceptables (et parfois tout cela à la fois) – signifie que les publics ne sont pas nécessairement captifs et que l’offre publique ne leur fait pas nécessairement « envie » (Warin 2011). Le non recours renvoie alors à une non envie (qui n’obère en rien l’existence de besoins sociaux), qui est un profond impensé dans le modèle de solidarité collective dont nous sommes coutumiers, selon lequel les individus sont censés se satisfaire de la redistribution générale qui les protège et qui est mise en œuvre au moyen de politiques publiques. Par exemple, l’évaluation du Revenu de solidarité active (RSA) qui a révélé notamment que 68 % des personnes éligibles au volet « activité » sont en non recours, conduit à considérer que parmi les non recourants par non intérêt (plus du tiers) pèse le fait que le dispositif repose sur un mécanisme d’intéressement permanent qui institue le travail précaire en norme sociale (Serverin, 2012).
23 Les acteurs qui s’engagent à agir sur le non recours sortent de cet impensé d’une offre publique qui peut ne pas intéresser son public, à deux conditions :
- lorsqu’ils se réfèrent à une représentation différenciée des publics, que l’individualisation des politiques ne permet pas du fait de l’accumulation de critères et de procédures qu’elle impose ;
- et quand en même temps ils conçoivent que l’on ne peut pas réduire le « problème » du non recours sans poser la question de la pertinence de l’offre proposée, que la non demande met en exergue.
24 À ce jour, la plupart des acteurs, décideurs des politiques publiques, se saisit du thème du non recours dans le but principal d’améliorer l’accès à l’offre publique d’outputs. Dans ce cas, l’évaluation du non recours (par des calculs de taux à partir de données administratives ou de questionnaires ad hoc – mais déclaratifs) vise à rendre plus performants les dispositifs d’information et d’accompagnement des publics vers les droits et services. Cela est vrai notamment pour les acteurs de la sécurité sociale, comme l’étudie Héléna Revil dans sa thèse sur l’assurance maladie (Revil, 2013). Au niveau local, en particulier, des acteurs de l’action sociale s’interrogent plus directement sur la pertinence des outputs proposés. C’est notamment le cas des « baromètres du non recours », expérimentés à l’initiative conjointe du CCAS de Grenoble et de l’ODENORE (Chauveaud, 2013). L’évaluation du non recours est ici plus qualitative et cherche à comprendre les raisons pour revoir les procédures et parfois le contenu même de l’offre. Dans ce cas, l’évaluation prend pour critère le non recours, pour substituer à une logique de l’offre préconstruite une logique de la demande par les destinataires.
25 Cette typologie du non recours, qui tient compte en priorité des comportements des publics face à l’offre publique du fait de la possibilité de les mesurer, est tout autant attentive aux raisons institutionnelles du non recours. C’est notamment à partir du repérage d’un niveau de non recours par non connaissance particulièrement important que la responsabilité de certaines entreprises et administrations est directement mise en cause dans l’accès inégal aux droits communs de populations très vulnérables. Des travaux sur les travailleurs saisonniers (Dethyre 2012) ou sur les étrangers (Math, Toullier 2004 ; en continu les travaux du Groupe d’information et de soutien des immigrés GISTI) indiquent précisément comment ce non recours subi est lié, d’un côté, à une fraude aux cotisations sociales, de l’autre, à des dysfonctionnements administratifs récurrents sinon à des fonctionnements franchement discriminatoires.
Comprendre les raisons du non recours
26 Quelle que soit la forme de non recours qu’ils privilégient, les acteurs institutionnels et administratifs sont nombreux aujourd’hui à faire du non recours une justification majeure du besoin d’évaluer les politiques publiques, les fonctionnements organisationnels et les pratiques professionnelles. Si l’évaluation du « Revenu de solidarité active » a médiatisé fortement la question, conduisant notamment le gouvernement à structurer son plan gouvernemental de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, présenté en janvier 2013 autour de l’action contre le non recours, l’émergence du thème menant à son institutionnalisation est le produit d’une série de prises de position successives.
27 Dans un rapport de 2005 sur « Ceux qui ne demandent rien », l’Inspection générale des affaires sociales alerte sur la nécessité pour les interventions sociales d’intégrer « la question de la “non demande” d’intervention sociale de proximité [qui] reste mal identifiée malgré son importance ». Ce document insiste sur le besoin de développer « l’évaluation de la non demande [qui] reste largement fonction des volontés politiques ou de stratégies volontaristes de politiques » [4] et souligne l’urgence d’une évaluation des multiples causes de la non demande de façon à ce que l’intervention sociale ait pour priorité de regagner des publics qui peuvent lui échapper, par désintérêt ou même par perte de l’idée d’avoir des droits sociaux.
28 Dans la même période, la Direction générale des affaires sociales (DGAS) utilise le thème du non recours pour proposer le dispositif « Point d’accueil en réseau pour l’accès aux droits » (PARADS) dans le cadre du Programme n° 177 des politiques de lutte pour l’inclusion sociale en application de la Loi organique relative aux lois de finance (LOLF) du 1er août 2001. Il s’agit notamment du développement concerté d’évaluations de situations, produites par des acteurs de terrain (agents publics ou associatifs).
29 En incluant dans ses rapports annuels d’évaluation de la loi « Couverture maladie universelle » (CMU) des éléments quantifiés, le Fonds CMU fait du non recours un critère principal d’évaluation des dispositifs pour lesquels il a une mission d’analyse en plus de sa mission de financement. Il s’agit à notre connaissance de la seule évaluation régulière chiffrée du non recours (à des dispositifs particuliers) aujourd’hui en France. Les données présentées n’indiquent cependant pas à quel type de non recours on a à faire.
30 La Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF), qui a joué un rôle central dans l’émergence du thème du non recours en France au milieu des années 1990, et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) introduisent pour la première fois un module de questions sur le non recours dans une évaluation publique d’envergure nationale, celle du RSA.
31 L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) créé par la loi de 1998 sur les exclusions pour promouvoir la connaissance sur ces questions sociales a intégré très tôt le thème du non recours. Pour autant, on relève tout au plus la proposition d’un « Taux de renoncement aux soins pour raisons financières » parmi les onze indicateurs centraux de mesure de la pauvreté proposés par l’ONPES en 2008 [5] ; proposition très réalisable puisqu’elle peut s’appuyer sur des enquêtes régulières produites par l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES) et par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). On peut néanmoins supposer la possibilité d’un lien plus substantiel entre mesure du non recours et conception d’indicateurs de précarité, pauvreté et exclusion.
32 L’ancien Médiateur de la République s’est saisi explicitement du thème en soutenant la création de l’Observatoire des non recours aux droits et services en équipe de recherche reconnue par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche [6] ; équipe à laquelle aujourd’hui le Défenseur des Droits continue à apporter son soutien. Pour ces institutions, le non recours est significatif du risque qu’encourt l’État social s’il n’est plus capable de répondre aux besoins des populations les plus démunies. Leur souci d’informer le sujet répond à la nécessité de border, à partir d’éléments d’évaluations (mesures et explications), les initiatives prises pour éviter l’assistanat et pour développer une politique générale de l’accès aux droits sociaux qui ne se limite pas à la seule – et indispensable – lutte contre la fraude aux prestations sociales. Un État social équitable et bien géré est celui qui évite autant la sur utilisation que la sous utilisation des systèmes de protection.
33 Au niveau européen, la Direction générale à la recherche supporte l’idée d’encourager des recherches évaluatives et méthodologiques sur les phénomènes de non recours, en particulier pour identifier les effets des régimes de conditionnalités sur les comportements des publics.
34 Plus récemment enfin, on a pu constater que le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) a intégré ces dimensions dans les « Recherche actions pour réduire le non recours aux prestations sociales » menées dans deux départements début 2013. Dans sa présentation aux Journées françaises de l’évaluation, le représentant du SGMAP indiquait notamment que : « L’étude du non recours pousse à l’évaluation », et « permet de penser l’adaptation de l’offre publique à la demande sociale » [7].
35 On notera avec intérêt que ce rapide balayage de l’émergence du thème du non recours au travers des besoins d’évaluation laisse apparaître une évolution assez radicale des rapports avec les destinataires des politiques publiques, et amène à envisager l’éventualité de nouvelles logiques d’analyse et d’instruction préalable pour l’élaboration des politiques publiques (Warin 2012). De ce point du vue, le lien entre l’émergence du thème du non recours et les attentes en termes d’évaluation est en partie dû au fait que la recherche qui s’est spécialisée sur le sujet a annoncé d’emblée l’enjeu évaluatif du thème du non recours (Warin 2014). C’est en effet une manière d’analyser les politiques publiques au niveau crucial – et pourtant peu étudié sur le plan académique en France – de leur réception par leurs destinataires. Notamment en dégageant plusieurs types de non recours à partir d’observations accumulées, il est devenu évident que le non recours, en plus de poser la question de l’effectivité de l’offre publique (l’offre est elle effectivement délivrée aux publics concernés ?) et de l’efficience des moyens mis en œuvre (la mise en œuvre de l’offre ne produit elle pas des obstacles ?), introduit directement la question de sa pertinence (l’offre publique est elle acceptable et utile du point de vue des publics ?) qui renvoie à la légitimation de l’intervention publique.
36 * * *
37 Notre postulat de départ portait sur la nécessité et l’importance de prendre en compte les publics des politiques publiques pour en réaliser l’évaluation. Qu’ils soient constitués a priori par la politique, ou a postériori pour l’évaluation, l’apport des publics s’analyse aussi selon le stade du processus évaluatif auquel ils sont associés, et selon le statut des productions qui en découlent.
38 Le modèle d’analyse proposé en première partie fait apparaître la nécessité de clarifier et dissocier les apports des publics dans le domaine évaluatif d’une part, et dans le domaine de la démocratie participative d’autre part. Au delà des effets de consolidation du caractère démocratique de l’exercice évaluatif – et c’est crucial, on ne peut en douter – la participation organisée introduit de fait peu de termes nouveaux dans l’analyse et l’évaluation des politiques publiques. Dit autrement, une approche des publics en évaluation par le biais de démarches de participation organisée ne conduit pas, ni nécessairement ni directement, à savoir ce que font ou ne font pas les publics de l’offre proposée, pour quelles raisons et pour quels effets. Pourtant il nous semble important, et pour l’analyse des politiques publiques, et pour l’évaluation, de s’intéresser de près aux comportements des publics destinataires dans leurs usages et non usages des outputs qui leur sont proposés.
39 Comparativement à l’ensemble des publics constitués par la politique ou pour l’évaluation, les publics non recourant se constituent de leur propre initiative, selon des logiques, des critères et des objectifs qui échappent a priori aux critères, logiques et objectifs dominants au sein du groupe des parties prenantes instituées. Par leur existence même, les publics non recourant sont le symptôme d’un dysfonctionnement avéré de la politique publique à laquelle ils n’ont pas recours. Une telle voie d’entrée en évaluation des politiques publiques est évidemment très tentante, et encore très peu usitée. C’est cette voie nouvelle pour l’évaluation des politiques publiques que nous avons souhaité explorer, en passant notamment en revue les premières occurrences de questionnements évaluatifs suscités par la prise de conscience du phénomène du non recours. Au delà des dysfonctionnements d’ordre technique – mauvais calibrage, communication mal ciblée… – l’évaluation des causes de non recours fait apparaître un phénomène que l’ODENORE désigne par le terme de « non envie ». Certains publics, quand bien même les besoins sociaux objectivement existent, peuvent ne pas se sentir concernés, interpellés, intéressés, par l’offre publique qui leur est faite. Ce constat, qui n’est pas sans conséquences, amène évidemment à l’hypothèse d’un nécessaire changement de paradigme dans la construction des politiques publiques. Au service d’un objectif de cet ordre, la prise en compte raisonnée à fin d’évaluation de tous les publics des politiques publiques, devient un enjeu majeur.
Bibliographie
Références bibliographiques
- Austin, John Langshaw (1962), How to do things with words Oxford University Press.
- Blondiaux, Loïc (2008), Le nouvel esprit de la démocratie – Actualité de la démocratie participative, Ed. du Seuil et La République des Idées.
- Callon, Michel ; Lascoumes, Pierre ; Barthe, Yannick (2001), Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Le Seuil.
- Chauveaud, Catherine (2013), « Les ‘baromètres du non recours’ : expérimentation d’un dispositif local pour l’accès aux droits sociaux », Informations sociales, n° 178, p. 63 70.
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Mots-clés éditeurs : Évaluation, outputs, politiques publiques, participation, non recours, publics
Date de mise en ligne : 25/03/2014.
https://doi.org/10.3917/rfap.148.0991Notes
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[1]
Le principe du schéma en trois axes amène à faire référence au célèbre « Democracy cube » proposé par Archon Fung (Fung 2006) pour représenter les différentes modalités de participation – au sens de démocratie participative envisageables dans un système de gouvernance complexe. “Mechanisms of participation vary along three important dimensions: who participates, how participants communicate with one another and make decisions together, and how discussions are linked with policy or public action. These three dimensions constitute a space in which any particular mechanism of participation can be located.” (Fung 2006, 1) Dans le cas qui nous concerne, c’est à dire la prise en compte des publics pour l’évaluation des politiques publiques, il s’agit d’autres dimensions et d’autres variables, spécifiquement en rapport avec notre objet. Il reste, et c’est intéressant, que ces trois dimensions constituent un espace au sein duquel n’importe quelle modalité particulière de prise en compte des publics peut être située.
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[2]
De façon très sommaire, on peut dire que ces origines sont celles du welfare stigma révélé notamment par les émeutes urbaines aux États Unis dans les années 1960 ; de l’introduction du ciblage – targeting – dans des régimes contributifs aux Pays Bas dans les années 1970, et en Allemagne la décennie suivante ; de la montée de la question de la nouvelle pauvreté en France dans les années 1970 puis de l’introduction de nouvelles formes d’assistance fondées sur la solidarité nationale ; de la transition démocratique et de l’introduction de l’idée même de droit social, en Grèce, Espagne, Portugal, aux alentours des années 1980 : www.exnota.org.
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[3]
ODENORE : http://odenore.msh alpes.fr/
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[4]
Mikaël Hautchamp, Pierre Naves, Dominique Tricard, Rapport de la Mission « Quelle intervention sociale pour ceux qui ne demandent rien ? », Paris, IGAS, rapport n° 2005 026, mars 2005, p. 6. http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/064000195/0000.pdf
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[5]
ONPES, Mesures et évolution de la pauvreté, Rapport 2007 2008. http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_mesures_ 2.pdf
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[6]
http://odenore.msh alpes.fr/.
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[7]
Journées Françaises de l’Evaluation – Grenoble 6 et 7 juin 2013 – Atelier 3 : Évaluation du non recours – Intervention de Quentin Derache.