Notes
-
[1]
Voir Charles Taylor, Sources of the Self : The Making of the Modern Identity, Cambridge, Harvard University Press, 1989. Trad. fse par C. Melançon : Les Sources du moi. La formation de l’identité moderne, Paris, Éd du Seuil, 1998.
-
[2]
Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 93.
-
[3]
Voir Ch. Taylor, A Secular Age, Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 2007. Trad. fse par P. Savidan : L’Âge séculier, Paris, Éd. du Seuil, 2011.
-
[4]
Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 127.
-
[5]
Tout le monde expérimente et réfléchit sur l’univers qui l’entoure et les différents objets qui s’offrent à son expérience. Mais si le sujet se met à prendre conscience de son activité même d’expérimentation et de réflexion, il est capable de devenir conscient de sa conscience de soi et du monde, de faire l’expérience de sa propre manière d’expérimenter les choses et de se concentrer sur la manière dont le monde est pour lui. Cette attitude, qui impose d’adopter le point de vue de la première personne, constitue ce que Taylor appelle la « réflexivité radicale », voir Ibid., p. 130.
-
[6]
Saint Augustin, Confessions, III, 6, 11.
-
[7]
Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 145-151.
-
[8]
Voir ibid., p. 374-376.
-
[9]
Ch. Taylor, L’Âge séculier, p. 811.
-
[10]
Les institutions liées aux Églises ont été (et sont encore bien souvent) marquées par l’« âge de la mobilisation », qui a succédé à l’Ancien Régime. Construites sur l’autorité, elles se sont développées autour de quatre axes : une spiritualité, une discipline, une identité politique et une image de l’ordre civilisé. Voir Ch. Taylor, A Secular Age, p. 423 s.
-
[11]
Au début de la Grèce antique, l’éthique de l’honneur, inspirée d’Homère, plaçait la vertu dans l’héroïsme du guerrier ou la participation à la vie publique. Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 20.
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[12]
Sur ce point, je me permets de renvoyer à mon ouvrage : Luc Terlinden, Le Conflit des intériorités. Charles Taylor et l’intériorisation des sources morales : une lecture théologique à la lumière de John Henry Newman, Rome, Editiones Academiae Alfonsianae, « Tesi Accademia Alfonsiana » 2, 2006.
1Parler d’identité, pour Charles Taylor, revient inévitablement à parler des biens qui animent le sujet. Identité et biens sont inséparables. En effet, nous nous définissons le plus souvent par ce qui compte vraiment pour nous, ce qui a de la valeur à nos yeux : notre nationalité, notre profession, notre état de vie, notre religion, etc. En même temps, ces biens qui comptent pour nous ne nous définissent pas seulement, ils orientent notre vie et notre agir.
2Toute définition de l’identité passe donc par l’exploration des sources morales du sujet [1]. Les sources morales, dans le langage de notre philosophe canadien, sont ces biens qui, par l’attrait qu’ils exercent sur le sujet, l’encouragent à adopter et à suivre d’autres biens qui leur sont liés et qui entrent dans la définition que le sujet se donne d’une vie bonne [2]. Ces biens d’un type particulier agissent donc comme les sources de l’agir, d’une manière d’être et de se comporter. Le fait de se tourner vers une source morale, de la manière qu’il convient, permet au sujet d’acquérir une force morale et d’être bon. Parce que les biens qui comptent pour lui sont inséparables de la manière dont le sujet interprète qui il est, ces sources morales contribuent également à définir son identité.
3Un exemple paradigmatique de source morale est le rôle joué par l’Idée du Bien dans la théorie de Platon. Pour ce dernier, les actions et les sentiments sont rendus bons par la relation qu’ils entretiennent avec l’Idée du Bien. L’amour du Bien permet de faire le bien et d’être bon, il donne un pouvoir moral. L’Idée du Bien constitue donc, chez Platon, une source morale. Dans le judéo-christianisme, Dieu joue ce rôle de source morale. Le croyant fait l’expérience de l’amour de Dieu pour lui et de l’amour qu’il cherche à lui rendre. Dieu prend donc une place toute particulière dans sa vie, qui va se refléter dans ses engagements et ses choix. De la relation à Dieu dépend ainsi une manière de se comporter vis-à-vis des autres ou le choix d’un état de vie.
4Aborder l’identité à partir du bien et des sources morales du sujet implique inévitablement la question de la motivation. Dans notre analyse de l’identité du sujet contemporain, il ne suffit donc pas de dénoncer les côtés négatifs de la modernité ou de la postmodernité, comme le subjectivisme ou l’hédonisme ambiant, il faut aussi voir les biens et les idéaux qui animent le sujet, ce qui le motive à adopter telle attitude ou tel comportement. Prenons le cas de la sécularisation, qui retient spécialement l’attention de Charles Taylor ces dernières années [3]. À ses yeux, il n’est pas possible de se contenter des explications les plus souvent avancées pour expliquer ce phénomène, en invoquant, par exemple, le développement de la société industrielle ou les progrès de la science. Ces facteurs ont certainement joué un rôle, mais ils n’expliquent pas tout. Il existe d’ailleurs des pays où ils ont des effets tout différents. Par contre, ce qui est vraiment déterminant, c’est la possibilité nouvelle de concevoir des sources morales d’une manière qui ne suppose pas nécessairement Dieu. Un horizon moral autre que la croyance en Dieu s’est développé à partir du xviiie siècle. D’abord concentré sur une élite, il s’est largement répandu, depuis 1960, en Occident, dans les différentes couches de la population. La croyance en Dieu est désormais concurrencée par de nouvelles sources morales sécularisées. Celles-ci sont devenues suffisamment puissantes et motivantes pour faire de la croyance une option parmi d’autres.
Les sources morales du sujet moderne
5Quelles sont les sources morales qui caractérisent le sujet moderne ? Selon Charles Taylor, elles peuvent principalement être regroupées (sans exclusive) en trois familles : une famille théiste de sources morales qui fondent, en tout ou en partie, les valeurs en Dieu ; une autre famille de sources morales attachées à la dignité de l’agent rationnel ; et une troisième famille de sources en rapport avec les pouvoirs d’expression et de créativité du sujet. Toutes les trois ont pour point commun d’être, pour une part au moins, intériorisées. Toutefois, les relations qu’elles entretiennent entre elles sont complexes, faites à la fois d’inspiration mutuelle et de rivalité.
Le « retour sur soi » de saint Augustin
6Selon Taylor, saint Augustin occupe une place centrale dans le processus d’intériorisation progressive des sources morales [4]. Car, bien qu’influencé par le néoplatonisme sur ce point, Augustin peut être considéré comme le « père » d’une attitude de retour sur soi, de réflexivité radicale, qui impose de prendre une position à la première personne dans le rapport à soi et au monde [5]. Le retour sur soi opéré par Augustin le conduit à faire l’expérience du Dieu « interior intimo meo et superior summo meo [6] ». Cette expérience appartient, pour lui, à la nature même de l’homme et de sa relation à Dieu. Car la source de toute vraie connaissance est en Dieu qui, de l’intérieur, vient éclairer l’âme et rend la raison capable de découvrir le vrai à partir de sa perception de l’ordre inscrit dans le cosmos. L’accès aux sources morales est, de ce fait, intériorisé : le chemin vers Dieu passe par l’intériorité du sujet. Toutefois, le retour sur soi, initié par Augustin, n’est jamais un repli sur soi. Le mouvement de conversion et de retour sur soi n’a de sens que parce qu’il réoriente le sujet vers celui qui est superior summo meo. Dieu, la source morale suprême, est toujours supérieur au sujet.
La raison instrumentale
7La modernité va reprendre et développer le mouvement d’intériorité initié par Augustin, mais celle-ci n’orientera plus nécessairement vers un Dieu qui transcende le sujet. Elle va conduire également à l’exploration de nouvelles sources morales intérieures. Un premier domaine d’exploration de ces sources morales est lié à l’idéal d’une raison instrumentale et d’un sujet désengagé. À partir de Descartes, en effet, le mouvement de réflexivité radicale a conduit à une attitude nouvelle par rapport à soi et au monde : le retour sur soi conduit à un désengagement et à une objectivation du monde, de son corps ou de ses sentiments, afin de les placer sous le contrôle de la raison [7]. Cette emprise d’une raison instrumentale a infiltré tous les domaines de la vie – politique, économie, éducation, soins de santé, etc. – et a permis un progrès technique et scientifique sans précédent.
8Dans un monde « désenchanté », qui n’est plus soumis qu’à des lois mécaniques, tout est susceptible de devenir objet de contrôle instrumental. Le sujet se définit par sa capacité à objectiver son propre corps, ses sentiments ou le monde qui l’entoure, pour exercer sur eux une maîtrise instrumentale. Ce sujet désengagé est évidemment bien loin du sujet réel, mais il constitue un idéal très fort de liberté ou d’autonomie et exerce un grand pouvoir d’attraction dans la culture contemporaine. Toutefois, cet idéal est, en même temps, perçu comme une menace pour l’épanouissement du sujet et un appauvrissement du sens de la vie. Car la question d’une ouverture à d’autres horizons de sens se pose particulièrement à une époque où, par exemple, des choix aussi cruciaux que ceux qui touchent à la mort et à la vie semblent guidés principalement par des impératifs d’efficacité ou d’utilité.
9Avec la domination de la raison instrumentale dans la modernité, ce sont aussi les conceptions de la nature, du cosmos ou de la raison qui ont été profondément modifiées. Désormais, la raison ne se définit plus de manière substantielle, à partir de la vision d’un ordre du cosmos auquel elle doit se conformer. La raison elle-même va construire un ordre, selon ses propres normes. La rationalité n’est donc plus définie en fonction de l’ordre de l’être, mais en fonction d’une procédure, des normes selon lesquelles les ordres sont construits dans la science et dans la vie. Être rationnel consiste à suivre la bonne procédure.
10Le théologien, dans l’accompagnement des sujets, ne peut pas ignorer ce changement décisif. En effet, que peuvent encore vouloir dire, pour nos contemporains, les concepts de « raison », de « nature » ou de « loi naturelle » forgés à partir d’une conception substantielle de la raison ? Le passage à une conception procédurale de la raison ne nous oblige-t-il pas à les revisiter et à les traduire dans la culture d’aujourd’hui ?
L’expression de soi et la culture de l’authenticité
11Un deuxième domaine de sources morales intériorisées, liées aux pouvoirs d’expression du sujet, a émergé dans la modernité. Cet idéal s’est développé en réaction face à l’emprise croissante de la raison instrumentale sur la vie du sujet moderne. Dans ce cas-ci, l’intériorité ne doit plus conduire à objectiver son corps, ses sentiments ou le monde environnant, mais, au contraire, par une attitude de réflexivité plus radicale encore, elle doit permettre de définir l’identité du sujet dans ce qu’il possède de plus original et singulier [8]. L’expressivisme veut donc redonner une place dans la vie aux sentiments, aux intuitions, à la nature et aux profondeurs intérieures de l’homme. Le moi expressiviste cherche à être authentique, à être vrai avec lui-même et fidèle à sa propre originalité, en revendiquant ses pouvoirs de création et d’auto-expression. Cette aspiration à l’expression de soi et à l’authenticité se manifeste par certaines tournures en vogue aujourd’hui : « Fais comme tu le sens ! », « Sois toi-même ! »…
12Il s’agit donc de scruter les profondeurs du moi, de se mettre à l’écoute d’une voix intérieure propre à chacun. Les désirs du sujet sont premiers. Il devient, dès lors, difficile d’accepter un cadre de références et de valeurs qui serait imposé de l’extérieur. Une valeur ne prendra de sens pour le sujet que dans la mesure où celui-ci la trouve bonne pour lui. Une « culture de l’authenticité » s’est ainsi répandue, ces dernières décennies, dans la société occidentale. Elle consiste, pour Taylor, en une conception de la vie selon laquelle « chacun de nous a sa manière propre de réaliser son humanité, qu’il est important de trouver sa voie et de vivre en accord avec elle, au lieu de se soumettre au conformisme avec un modèle imposé de l’extérieur, par la société, par la génération précédente, par l’autorité religieuse ou politique [9] ».
13Bien que l’idéal d’authenticité soit, en lui-même, positif, la nouvelle culture qui l’accompagne n’est pas sans ambiguïtés. Il faut cependant se garder de n’en retenir que les aspects les plus négatifs, comme le font parfois ses adversaires, qui n’y voient que subjectivisme, relativisme, hédonisme, insistance sur le moi, emphase sur l’émotion… Il est vrai que les institutions ont été fortement ébranlées par la culture de l’authenticité. C’est le cas, notamment, de celles liées aux Églises, qui ont connu une forte contestation, y compris dans leurs propres rangs, d’une part de leur éthique et de leur style d’autorité [10].
14La culture de l’authenticité n’exclut toutefois pas une quête spirituelle parmi les jeunes générations. Au contraire, celle-ci est bien présente, même si elle n’emprunte pas toujours des chemins très « orthodoxes ». Cette quête peut d’ailleurs, mais plus nécessairement, conduire à rejoindre les Églises et à y reconnaître une autorité à l’Écriture, à une tradition ou à un magistère.
La pluralité des sources morales
15Pour Taylor, la modernité est caractérisée par une pluralité de sources morales. De manière non exhaustive, celles-ci peuvent être regroupées en trois grandes familles : sources théistes, sources rationalistes et sources expressivistes. Ces différentes familles entretiennent entre elles des rapports à la fois d’opposition et de fusion. Les combinaisons de sources morales sont, à vrai dire, multiples. Elles ne concernent d’ailleurs pas seulement les trois domaines qui viennent d’être mentionnés, car des formes plus anciennes, comme celles attachées à l’éthique de l’honneur [11], sont encore agissantes aujourd’hui. Cette diversité des sources morales témoigne de la complexité de la modernité.
16La complexité peut se traduire, pour le sujet moderne, par une difficulté à unifier sa vie. Car il doit faire face à des choix qui mettent en jeu des idéaux et des biens différents qui sont incompatibles, mais auxquels il tient tous. C’est, par exemple, la difficulté qu’éprouve un père ou une mère de famille qui, pour progresser dans sa carrière professionnelle, doit sacrifier une bonne partie de sa vie de famille et de son épanouissement personnel. En fait, un tel dilemme cache souvent un conflit de sources morales. Car, outre les questions d’ambition personnelle ou d’attrait du gain, cet exemple révèle aussi une opposition entre, d’une part, un milieu professionnel de plus en plus gouverné par une raison instrumentale et une logique d’efficacité et, d’autre part, une aspiration du sujet à l’authenticité et à l’expression de soi. Le sujet moderne est donc un sujet fragmenté. Il ne voit pas toujours comment unifier sa vie et trouver un équilibre entre les différents biens qui l’habitent. Il n’a plus un cadre de référence à partir duquel il pourrait évaluer ses choix.
17Face à la fragmentation du sujet et à la difficulté d’opérer des choix, le danger serait toutefois de fuir le dilemme et la tension existante entre les sources morales. Au contraire, il importe de pouvoir reconnaître ces sources et de les formuler. Car s’il n’est jamais possible d’expliciter ces biens de manière complète, la formulation des biens et du sens de leur importance relative peut déjà constituer une amorce de solution aux conflits d’un sujet fragmenté. L’effort de formulation peut apporter, en effet, une clarté nouvelle sur les différentes sources morales présentes à l’intérieur du sujet. Il permet, en outre, de se rapprocher de ces sources et du pouvoir moral qu’elles procurent. À une époque où les repères sont devenus assez flous, cet effort de formulation peut d’ailleurs contribuer à faire retrouver un cadre et une certaine autorité.
La théologie questionnée
18La modernité a exploré de nouveaux domaines de sources morales du sujet, en approfondissant le mouvement d’intériorisation augustinien. Par ce fait notamment, ces sources ont des racines théologiques, en partie du moins. Toutefois, elles viennent aussi questionner la théologie ainsi que la place du théologien dans l’accompagnement des sujets au sein des institutions.
19D’abord, du point de vue de la dogmatique, comment concilier une culture de l’authenticité et une religion révélée ? Comment reconnaître une autorité aux Écritures, à une tradition, à un magistère ou aux Églises, alors que le rapport à l’autorité est remis en cause par la nouvelle culture ? Il n’y a toutefois pas nécessairement contradiction entre authenticité et autorité. Ce sont les chemins d’accès qui ont changé. Le sujet contemporain peut reconnaître une autorité en ces domaines, pour autant, toutefois, que celle-ci s’impose de l’intérieur et non pas de l’extérieur ou qu’il l’expérimente comme quelque chose de bon pour lui.
20Par ailleurs, du point de vue de l’ecclésiologie, l’individualisme (qui peut être associé d’une manière ou d’une autre à chacune des familles de sources morales) ne menace-t-il pas la communauté ecclésiale ? Dans le même temps, la recherche d’expression de soi et de reconnaissance ne favorise-t-elle pas aussi les groupes identitaires forts, où peut se manifester l’appartenance à un peuple, une culture, une religion ? Entre ces deux extrêmes, un nouvel équilibre se cherche dans nos communautés, sans doute appelées à accepter une plus grande pluralité dans les manières de vivre la foi en leur sein.
21Du point de vue de la morale, la question d’un cadre de référence commun se pose tout particulièrement face au relativisme et au subjectivisme. Ici encore, il nous faut explorer de nouveaux accès vers un ordre du bien capable de fonder des idéaux forts, y compris ceux qui ont été encouragés par la modernité (bienveillance, justice universelle, liberté, égalité) et qui, pourtant, sont menacés aujourd’hui par le subjectivisme. Cette exploration ne pourra toutefois faire l’impasse sur le rôle, devenu incontournable, de la subjectivité et de l’intériorité du sujet dans l’accès à un ordre du bien [12].
22Enfin, du point de vue de la pastorale, comment accueillir la quête spirituelle, parfois confuse, de nos contemporains ? L’idéal d’authenticité nous invite d’abord à une attitude d’accueil et d’écoute des questions et des expériences, en évitant tout autoritarisme. À partir de quoi un cheminement est parfois possible, sur le modèle du catéchuménat des adultes. Car, dans la culture de l’authenticité, l’adage de Tertullien est sans doute plus que jamais d’actualité : « On ne naît pas chrétien, on le devient ».
Notes
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[1]
Voir Charles Taylor, Sources of the Self : The Making of the Modern Identity, Cambridge, Harvard University Press, 1989. Trad. fse par C. Melançon : Les Sources du moi. La formation de l’identité moderne, Paris, Éd du Seuil, 1998.
-
[2]
Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 93.
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[3]
Voir Ch. Taylor, A Secular Age, Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 2007. Trad. fse par P. Savidan : L’Âge séculier, Paris, Éd. du Seuil, 2011.
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[4]
Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 127.
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[5]
Tout le monde expérimente et réfléchit sur l’univers qui l’entoure et les différents objets qui s’offrent à son expérience. Mais si le sujet se met à prendre conscience de son activité même d’expérimentation et de réflexion, il est capable de devenir conscient de sa conscience de soi et du monde, de faire l’expérience de sa propre manière d’expérimenter les choses et de se concentrer sur la manière dont le monde est pour lui. Cette attitude, qui impose d’adopter le point de vue de la première personne, constitue ce que Taylor appelle la « réflexivité radicale », voir Ibid., p. 130.
-
[6]
Saint Augustin, Confessions, III, 6, 11.
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[7]
Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 145-151.
-
[8]
Voir ibid., p. 374-376.
-
[9]
Ch. Taylor, L’Âge séculier, p. 811.
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[10]
Les institutions liées aux Églises ont été (et sont encore bien souvent) marquées par l’« âge de la mobilisation », qui a succédé à l’Ancien Régime. Construites sur l’autorité, elles se sont développées autour de quatre axes : une spiritualité, une discipline, une identité politique et une image de l’ordre civilisé. Voir Ch. Taylor, A Secular Age, p. 423 s.
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[11]
Au début de la Grèce antique, l’éthique de l’honneur, inspirée d’Homère, plaçait la vertu dans l’héroïsme du guerrier ou la participation à la vie publique. Voir Ch. Taylor, Sources of the Self, p. 20.
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[12]
Sur ce point, je me permets de renvoyer à mon ouvrage : Luc Terlinden, Le Conflit des intériorités. Charles Taylor et l’intériorisation des sources morales : une lecture théologique à la lumière de John Henry Newman, Rome, Editiones Academiae Alfonsianae, « Tesi Accademia Alfonsiana » 2, 2006.