Réseaux 2013/4 n° 180

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Pages 189 à 203

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Jean-Samuel BEUSCART et Kevin MELLET, Promouvoir les œuvres culturelles. Usages et efficacité de la publicité dans les filières culturelles, Paris, La Documentation française, coll. « Questions de culture », 2012, 280 p.

1Par Stéphane DEBENEDETTI

2Cet ouvrage s’intéresse aux dispositifs commerciaux (publicité et promotion) qui accompagnent la mise sur le marché des œuvres, et en particulier celles des industries culturelles. On ne peut que se féliciter de cette initiative, au regard du peu de travaux concluants en sociologie et en management culturels sur ce type de dispositifs. La sociologie a en effet surtout pensé tout ce qui relève du marketing comme l’arme de guerre du pôle le plus commercial du champ culturel, sans s’appesantir outre mesure sur les pratiques publi-promotionnelles, si ce n’est le plus souvent pour les dénigrer en tant que vecteur de standardisation des œuvres voire d’abrutissement des masses. Il est tout aussi intéressant de relever que les recherches en management ou en marketing se sont pareillement assez peu penchées sur les spécificités des pratiques publicitaires dans la culture, s’intéressant beaucoup plus aux dispositifs de jugement dits indépendants comme le bouche-à-oreille, la critique des médias, ou les récompenses professionnelles… Ce désintérêt un peu paradoxal pour la chose publicitaire par les chercheurs en marketing de la culture peut s’expliquer par leur perception d’outils finalement assez peu spécifiques et largement documentés par ailleurs. Telle est justement l’ambition de cet ouvrage : discuter la question de la spécificité des pratiques promotionnelles du secteur culturel, en montrant ce qu’elles peuvent avoir de singulier par rapport aux outils en vigueur dans les autres secteurs, tout en distinguant les pratiques propres à chaque sous-secteur culturel. Pour mener à bien ce programme, l’ouvrage débute par trois chapitres introductifs présentant les différentes perspectives théoriques sur la promotion culturelle et exposant les chiffres clés des investissements publi-promotionnels dans la culture. Il se poursuit en abordant en détail, et successivement, les cas du livre, de la musique enregistrée, du cinéma et des jeux vidéo. Il se clôt enfin sur deux chapitres, l’un traitant des nouveaux modèles de promotion en ligne, l’autre proposant, en guise de conclusion, une typologie des grands « régimes de promotion » en vigueur dans les champs culturels contemporains.

3Le grand intérêt que j’ai eu à la lecture de cet ouvrage tient à trois raisons principales. D’abord, Beuscart et Mellet dressent un état remarquablement précis des pratiques et dépenses publicitaires dans les divers champs culturels. C’est, avec ce niveau de détail, le premier ouvrage de ma connaissance à proposer cela. On tient là une source importante pour les chercheurs, les étudiants et les professionnels, si ce n’est de chiffres « exacts », du moins d’ordres de grandeurs que l’on peut suivre sur dix ans et comparer d’un sous-champ à l’autre. Ensuite, le livre ne se contente pas de commenter des chiffres, ce qu’il fait très bien. Il propose aussi, grâce à de nombreuses interviews qui nourrissent la réflexion, de soulever d’intéressantes hypothèses quant à la « promotion comme pratique », c’est-à-dire la fabrique de la communication publicitaire et promotionnelle autour d’une œuvre ou au sein d’un portefeuille d’œuvres, en analysant finement les relations entre les différents acteurs impliqués. Enfin, l’ouvrage suggère de comprendre les pratiques publi-promotionnelles comme autant de symptômes de la manière dont les champs culturels sont aujourd’hui organisés. Beuscart et Mellet proposent ainsi d’envisager le champ culturel à travers les pratiques publi-promotionnelles des organisations qui visent à gérer la visibilité.

4Sur ce troisième et dernier apport, central, l’ouvrage propose en particulier une typologie des organisations culturelles centrée sur leurs pratiques de communication. Cette typologie peut être mise en regard avec celle de Bourdieu, il y a déjà plus de vingt ans, dans laquelle le sociologue des Règles de l’art, opposait, pour faire simple, le pôle commercial, celui de la « grande production », où l’incertitude était globalement maîtrisée à court terme grâce à une publicité massive, au pôle de la « production restreinte », le pôle artistique, marqué par l’incertitude et soutenu sur le long terme par la critique et par les pairs. Si, globalement, on retrouve dans la typologie de Beuscart et Mellet le pôle bourdieusien de la « grande production », à travers le groupe des majors, leur travail configure le reste du champ différemment, sur au moins deux points importants. Premièrement, il n’y a pas un seul pôle à opposer à la grande production, mais deux : d’une part, celui des petits indépendants, peuplant la frange concurrentielle du marché, dont la modestie des moyens, la spécialisation artistique et le public de niche trouvent notamment dans Internet un outil de communication et de construction du marché particulièrement bien adapté ; d’autre part, le pôle des œuvres dites « du milieu », ni blockbusters programmés ni petits indépendants spécialisés, qui sont celles qui rencontrent le plus de difficulté à toucher leur public, étant en concurrence plus ou moins frontale avec les blockbusters pour toucher le grand public, car utilisant les mêmes outils et les mêmes canaux, mais sans bénéficier des mêmes moyens. Deuxième différence avec le Bourdieu des Règles de l’art, l’enquête montre que le marketing n’est pas l’apanage de la « grande production ». Il est au contraire très présent partout dans le champ culturel. Bien sûr, les petits indépendants ne mettent pas en place un marketing de masse qui ne correspond ni à leurs moyens, ni à leurs valeurs, ni à leur public restreint, mais ils n’en utilisent pas moins une panoplie d’outils, notamment via Internet, très bien décrits dans l’ouvrage, qui leur permettent de toucher et d’influencer efficacement leur public cible. On a donc la proposition d’un modèle tripartite, qui insiste sur la difficulté à être « au milieu », ni vraiment au cœur du marché ni vraiment dans les franges. Le modèle confirme ce qu’on voit grandissant depuis quelque temps, à savoir la bipolarisation croissante des industries culturelles (ce que le modèle dichotomique un brin simplificateur de Bourdieu avait finalement bien anticipé…). C’est à travers le prisme de la communication publicitaire et de la promotion que les auteurs mettent ici en lumière ce phénomène. En fait les majors maintiendraient leur position dominante grâce à des investissements massifs en publicité, principal déterminant du succès de masse. Les petits indépendants survivent également grâce à leur capacité à s’approprier Internet de manière innovante (notamment les réseaux sociaux) et à inventer un nouveau modèle de promotion numérique. Et si « ceux du milieu » peinent à s’en sortir, c’est que leur économie ne peut se satisfaire du modèle de promotion horizontale des « petits » mais ne peut pas non plus rivaliser avec le modèle de communication de masse des « gros ». La communication marketing est ici la variable clé autour de laquelle l’ouvrage donne sens à toute l’organisation du champ culturel.

5Cet ouvrage stimulant ouvre sur de nombreuses pistes de recherches autour des enjeux liés à la publicité et à la promotion dans le champ culturel. On peut ici en citer trois, dans le désordre. En premier lieu, la question de l’avenir de la publicité traditionnelle, alors même que les nouvelles générations regardent moins la télévision, et ne lisent plus la presse. Pourra-t-on dans un futur proche promouvoir un film ou un livre grand public sans les outils publicitaires traditionnels ? Les majors vont-elles simplement transposer leur domination promotionnelle sur Internet, en appliquant plus ou moins les « vieilles » recettes sur la toile, ou bien vont-elles devoir elles aussi inventer un nouveau modèle promotionnel ?

6En deuxième lieu, la question de la création, de la diffusion et in fine de l’instrumentalisation marchande des « dispositifs de jugement » qui se multiplient, notamment les dispositifs indépendants, comme la critique participative ou le bouche-à-oreille virtuel. Comment les entreprises culturelles peuvent-elles créer des dispositifs hybrides de promotion, instrumentalisant des dispositifs indépendants afin d’améliorer le rendement des outils commerciaux traditionnels ?

7Enfin, l’ouvrage pose la question de la prise en main par les artistes eux-mêmes des différentes étapes du financement, de la production, de la distribution et bien sûr de la promotion de leurs propres œuvres, comme on le voit de plus en plus souvent sur Internet. Quel devenir pour ce phénomène qui soulève l’intéressante perspective de la mutation accélérée de l’artiste en « manager de soi », avec là encore une problématique d’hybridation (des métiers, des compétences, des valeurs), et les questions pratiques mais aussi symboliques (en termes de légitimité) que tout cela soulève immanquablement.

8Stéphane DEBENEDETTI

9Université Paris-Dauphine / Dauphine Recherches en Management

10stephane.debenedetti@dauphine.fr

Benoît LAFON, Histoire de la télévision régionale. De la RTF à la 3, 1950-2012, Paris, INA Éditions, coll. « Médias Histoire », 2013, 290 p.

11Par Franck BOUSQUET

12En tout premier lieu, il convient de signaler que ce livre vient combler un manque. En effet, aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune étude globale n’avait jusque-là été consacrée à cet objet pourtant si singulier qu’est la télévision régionale en France. Le désintérêt flagrant pour l’information infranationale et le système qui la produit n’est sûrement pas étranger à cette situation. À l’instar de celles de la presse écrite, les productions infranationales de la télévision suscitent au mieux une indifférence et au pire un mépris intellectuel inversement proportionnel à leur importance sociale. Commençons donc par nous réjouir de la parution de cet ouvrage de Benoît Lafon qui se donne pour ambition de retracer l’histoire de cette télévision régionale d’État qui commence en 1950, sous la Quatrième République, avec l’installation d’une station régionale à Lille et se termine au lendemain de l’élection présidentielle de François Hollande. Le bornage politique est ici fondamental puisque, hier comme aujourd’hui, la télévision régionale dont il est ici question est créée, se développe et se modèle sous l’impulsion de l’État. Intimement liée à la décentralisation et à la mise en place des régions, l’histoire proposée est en effet celle de politiques publiques liant aménagement du territoire, transmission de valeurs culturelles et volonté de construire des espaces publics audiovisuels infranationaux. L’auteur fait d’ailleurs de cette situation un élément central de son approche méthodologique et conceptuelle, des problématiques qu’il développe et des points particuliers sur lesquels il choisit d’insister.

13D’une façon générale, Benoît Lafon se place sous les auspices de Norbert Elias. Non seulement parce qu’il aborde la télévision en général et ses émanations régionales en particulier comme un instrument de médiation ayant participé à la sociogenèse de l’État mais surtout parce qu’il applique à son objet une méthode sociohistorique globale permettant d’embrasser en un seul mouvement l’ensemble des différents éléments l’ayant construit. Ainsi, l’auteur commence par replacer la télévision régionale dans les contextes économiques, sociaux mais surtout politiques dans lesquels s’est dessiné son destin. En considérant la télévision régionale comme une institution, il en élabore donc à la fois une macro-histoire en l’insérant dans celle de la société politique et économique française et une micro-histoire car il s’attache également aux acteurs et à leur influence sur ses évolutions. Ce parti pris méthodologique et théorique influence bien sûr le déroulement de son plan puisque si les deux premières parties sont chronologiques et expliquent la mise en place et les évolutions de la télévision régionale et si la troisième s’attache aux programmes, elles intégreront toutes les trois des développements sur les contextes politiques et des analyses de stratégies d’acteurs. Au final, ce que propose Benoît Lafon est une approche complète d’un média particulier intégrant à la fois sa structuration, les différents facteurs ayant présidé à sa mise en place et à ses évolutions ainsi que ses productions à travers une analyse des programmes, des politiques de programmation mais aussi des habillages. Interdisciplinaire mais centrée sur les mécanismes de liens et les processus d’interactions entre différents acteurs et faits sociaux, cette méthode relève sans conteste d’une approche médiatique en information-communication.

14Les problématiques développées sont au nombre de trois et infusent l’ensemble des parties de l’ouvrage. La première concerne les forces centrifuges et centripètes agissant sur l’institution et se matérialise en interrogeant le modèle très particulier d’une chaîne nationale chargée de diffuser des programmes régionaux, qui a connu de multiples évolutions dans le temps, mais qui s’est toujours construite autour des tensions entre régionalisation et contrôle central. La deuxième problématique poursuit ce questionnement mais en le déplaçant des structures de la chaîne au niveau des programmes. Elle concerne en effet la différence entre des programmes pensés régionalement et des programmes à destination interrégionale. Cette question est fondamentale quant à l’appréhension territoriale proposée par la télévision régionale. Est-elle celle des régions françaises, différentes mais unies autour du principe national et donc produisant des émissions à destination du public français dans son ensemble, ou bien celle de chaque région produisant et diffusant pour les téléspectateurs de son territoire ? Variable selon les époques, la réponse s’est toujours construite autour de considérations politiques et économiques. Enfin, la troisième problématique concerne le type de programmes régionaux proposés et la priorité donnée à l’information face à tout autre genre. Ainsi, même si à certains moments, en particulier entre 1982 et 1986, la télévision régionale a pu développer une grande variété de programmes (magazines, divertissements, fictions, documentaires…), la tendance générale a été de favoriser l’information et d’en faire la vitrine principale. Cette dernière problématique est également primordiale car elle interroge frontalement l’intentionnalité politique de la régionalisation audiovisuelle.

15C’est enfin à travers différentes analyses particulières constituant autant d’exemples donnant corps à ces problématiques que l’auteur choisit de nous faire comprendre le fonctionnement de la télévision régionale française. Ainsi, à côté de la macro-histoire politique et économique et de la micro-histoire des personnalités ayant présidé au destin de la télévision régionale, Benoît Lafon développe une étude sur l’habillage de la chaîne et de certaines émissions, sur la mise en scène des informations régionales ou encore sur la « politisation » de l’information construite par les stations régionales et sur les dispositifs mis en place pour les soirées électorales. Toutes ces études démontrent que la question de « l’enchâssement territorial », à savoir la façon dont se construit le rapport entre les niveaux locaux, régionaux et national, demeure centrale dans l’appréhension des programmes et avant tout de l’information, et que le lien avec le pouvoir politique, sous des formes différentes et renouvelées, conserve une actualité, tout au long de la Cinquième République, pour l’audiovisuel en général et la télévision régionale en particulier.

16À travers ce livre, Benoît Lafon s’inscrit donc dans une démarche d’analyse médiatique globale, incluant les apports de la science politique, de la science administrative et de l’économie politique, pour proposer une première histoire de la télévision régionale en France. Faisant le point et synthétisant toutes les recherches ayant abordé un point ou un autre de cet objet, il en brosse en sus un tableau complet et extrêmement bien référencé. En effet, outre une vision panoramique de son objet, cet ouvrage propose une synthèse, succincte mais complète, des différentes approches de la télévision et de ses productions s’étant développées dans la recherche en information communication depuis le début des années 1980. Trois apports principaux doivent donc être soulignés : le tour complet de la télévision régionale, la proposition méthodologique pour une approche globale d’un média en tant qu’institution et un panorama synthétique de la recherche sur le média audiovisuel. Le seul bémol concerne peut-être l’ambition de l’ouvrage qui aurait sûrement mérité un espace rédactionnel plus important. Aussi, le lecteur regrette parfois le développement de certaines anecdotes, qui certes témoignent d’une connaissance très détaillée du sujet et nourrissent le propos général, mais au détriment de l’approfondissement de faits, de tendances ou de problématiques qui peuvent paraître plus fondamentaux. Le système de l’information infranationale dans toutes ses composantes, y compris celles de la presse écrite, et les relations de ses différents acteurs avec la télévision régionale d’État aurait par exemple mérité une attention particulière, au-delà des mentions éparses qui en sont faites.

17Franck BOUSQUET

18Université Toulouse 3 / LERASS

19franck.bousquet@iut-tlse3.fr

Camille LAVILLE, Les transformations du journalisme de 1945 à 2010. Le cas des correspondants étrangers de l’AFP, Paris, Ina-De Boeck, 2010, 222 p.

20Pour rédiger la recension de cet ouvrage, le comité de rédaction a sollicité Éric Lagneau, qui est à la fois sociologue et journaliste à l’AFP. Comme celui-ci juge le livre à partir de ses propres travaux de recherche, nous avons proposé à Camille Laville de rédiger une réponse que nous publions à la suite de la recension.

21Par Éric LAGNEAU

22Les agences d’information mondiales et leurs journalistes ont longtemps été des laissés pour compte de la recherche en sciences sociales, à quelques heureuses exceptions près (Palmer, Boyd-Barrett, Mathien). Un oubli d’autant plus paradoxal que ces « médias des médias » jouent un rôle central dans les processus de production de l’information. Ils sont en outre confrontés à d’importantes mutations dont le dernier ouvrage de synthèse en français qui leur était consacré (Mathien et Conso) en 1997 ne pouvait pleinement rendre compte. On ne peut donc que se réjouir de voir enfin publier un livre présentant une analyse des transformations, jusqu’aux plus récentes, de l’une de ces agences, l’AFP. S’appuyant sur les résultats d’une thèse éponyme en science de l’information et de la communication soutenue en novembre 2006, Camille Laville se fixe en réalité un objectif plus ambitieux encore, bien résumé dans le titre. À travers le cas de l’AFP, ou plus exactement des « correspondants à l’étranger » de l’agence, elle nous propose en fait une grille d’analyse pour étudier bien plus largement les transformations du journalisme de 1945 à 2010, à partir de cette hypothèse centrale : « un changement progressif de configuration a modifié en profondeur le contexte de production de l’information, la pratique des acteurs et la nature de l’information produite » (p. 7). Le livre défend la thèse du passage progressif d’une première configuration, celle de l’après-guerre, identifiée par un mode de régulation à « dominante politique » à une seconde, arrivée à maturation dans les années 1995-2010, se caractérisant par « un mode de régulation dans lequel l’intérêt économique et commercial se fait de plus en plus présent ». L’auteur rejoint sur ce point les conclusions de nombre de travaux s’intéressant à cette question, notamment ceux des chercheurs québécois Jean Charron (l’un de ses directeurs de thèse) et Jean de Bonville dont Laville s’inspire explicitement. Son grand mérite est d’apporter du grain à moudre aux débats scientifiques, mais aussi professionnels et citoyens sur le sujet à partir d’un terrain d’enquête jusqu’alors peu exploré, mais néanmoins instructif et fort important puisque l’AFP est un acteur majeur des systèmes médiatiques français et, à un degré moindre, international.

23Comment (et pourquoi) une agence mondiale d’information comme l’AFP s’est-elle retrouvée soumise de façon croissante à la logique marchande et avec quelles conséquences pour les agenciers, leur identité et leurs pratiques professionnelles ? Camille Laville nous convainc sans peine de l’intérêt pour traiter cette question de prendre un long recul historique et de faire le lien analytique entre, d’un côté, un contexte structurel profondément transformé pour les agences par les innovations techniques et une redéfinition de la concurrence (en particulier avec les chaînes d’information en continu et internet) (chapitres 1 et 2) et, de l’autre, les transformations des pratiques, notamment discursives (évolutions du format dépêche), des agenciers et de leur identité professionnelle que l’auteure s’attèle à explorer avec un louable effort de précision (chapitres 6 et 7).

24Le premier chapitre présente ainsi à grands traits la structure organisationnelle de l’agence, le profil (très succinct) de ses journalistes et le visage qu’elle présente dans les trois périodes que l’auteur a choisi de retenir (la « gestion étatique » jusqu’en 1960, « entre crises et restructuration » entre 1960 et 1990, et la période 1990-2010 marquée par le retour du « questionnement autour du statut et le redressement économique »). Il est suivi d’un chapitre 2, beaucoup plus original, qui met l’accent à juste titre, sur les transformations techniques de l’AFP, liées en particulier aux « télécommunications » (c’est le titre du chapitre, même si un tel prisme apparaît en fait un peu réducteur), et leurs impacts sur les pratiques journalistiques, y compris l’écriture agencière, qui sera détaillée ensuite dans la dernière partie du livre. L’auteure pointe notamment le passage d’un « artisanat technique » (années 1945-1970) qui favorise l’autonomie et la polyvalence du reporter à une autre phase marquée par le développement d’outils de transmission portables qui vont intensifier la pression temporelle (1970-1990) et in fine, conduire à une perte d’autonomie des journalistes sur le terrain et un « contrôle accru de la production journalistique » (1990-2010).

25Le cœur de la démonstration du livre repose surtout sur les trois chapitres centraux (3, 4 et 5), consacrés à l’exploitation de cinquante entretiens semi-directifs réalisés avec des journalistes appartenant à « trois générations différentes » (25-45 ans, 45-65 ans, plus de 65 ans) et ayant tous en commun d’avoir travaillé à un moment ou à un autre dans leur carrière pour l’AFP « à l’étranger » (c’est-à-dire dans un bureau de l’AFP situé hors de France) (tableau p. 51). C’est en effet en s’appuyant sur les discours recueillis lors de ces entretiens que Laville cherche à étayer sa thèse d’une évolution profonde dans les pratiques et la conception du métier d’agencier entre la première et la troisième génération. Il est dès lors difficile d’aller plus loin dans la restitution du contenu de l’ouvrage sans entamer une discussion serrée des choix théoriques et méthodologiques de l’auteure.

26Le choix de cette « sous-population » ne reçoit étonnamment aucune véritable justification dans le livre. Or cette catégorie de « correspondants étrangers de l’AFP » pose pour le moins question. Il faut ici rentrer dans le détail de la composition de la population de journalistes de l’AFP. Comme le mentionne l’auteure, il existe (en simplifiant un peu) trois grandes catégories : les journalistes à statut siège (834 en 2010, en reprenant les chiffres du livre), les journalistes à statut local ou régional (640) et les pigistes collaborant avec l’agence de manière régulière ou fort épisodique (chiffre en réalité difficile à évaluer, Laville ne s’y risque pas). Aujourd’hui, dans le déroulement d’une carrière à l’agence et en raison de la règle de la rotation des postes, tous les journalistes à statut siège de l’agence sont susceptibles de travailler un jour à l’étranger, même si, dans les faits, une partie d’entre eux (chiffre là aussi difficile à évaluer, faute d’étude précise) continuent à faire toute leur carrière en France. En revanche, tous les journalistes à statut local travaillent par définition dans des bureaux à l’étranger. Quelle justification y a-t-il donc à s’intéresser uniquement aux « correspondants à l’étranger », puisque c’est une catégorie qui, de facto, englobe potentiellement aujourd’hui tous les journalistes de l’AFP ? Postule-t-on qu’ils sont parfaitement représentatifs de l’ensemble de la population agencière ou choisit-on de les étudier à l’inverse en raison d’une spécificité à démontrer ? Étrangement, l’auteure n’en dit pas grand-chose, mentionnant juste le caractère particulièrement emblématique de cette figure du correspondant étranger dans la mythologie journalistique.

27Même si Laville essaie de s’en préserver en recourant à des méthodes complémentaires, le dispositif d’enquête principal produit aussi ses propres effets en conduisant à rejouer une querelle des anciens et des modernes (avec la génération intermédiaire érigée en arbitre des élégances). À certains égards, l’auteure n’échappe pas à une description en partie idéalisée d’une première génération (plus de 65 ans) animée par un « engagement professionnel profond », une « fidélité à l’agence » à laquelle elle sacrifie parfois sa santé (p 88-94), avec des journalistes qui « conçoivent l’information comme un bien public ». Le tableau est nettement moins flatteur pour ceux de la dernière génération, qui manifestent, selon Laville, « un engagement et un attachement professionnels dictés par des intérêts personnels » (formulation pour le moins curieuse) et développant « une conception commerciale et individualiste de leur métier ». Il ne s’agit assurément pas de nier la réalité de certaines évolutions que ces témoignages rendent visible, et qui manifestent en effet le poids croissant de la logique marchande dans le fonctionnement de l’agence. Mais l’approche méthodologique et théorique choisie conduit à forcer le trait des descriptions, à exagérer parfois l’ampleur de ces changements et à en suggérer des interprétations erronées. Ce n’est pas l’entretien semi-directif en tant que technique d’enquête qui doit être remis en cause, mais il faut réaffirmer la nécessité de pouvoir confronter les discours ainsi recueillis à d’autres indicateurs de la réalité grâce à l’emploi de méthodes complémentaires (observation ethnographique et analyse de contenu de la production journalistique notamment). Or, sur ce point, Laville est confrontée à une asymétrie méthodologique. Il est en effet beaucoup plus facile de réaliser cette opération de vérification pour les journalistes les plus jeunes que pour la génération d’après-guerre (observation directe impossible, accès limité aux dépêches de l’époque et sans garantie d’exhaustivité). Laville doit ainsi souvent se contenter de prendre aux mots les anciens. Il lui arrive aussi de marquer le contraste entre les générations pour les besoins de sa démonstration. Les témoignages des anciens (et de la génération intermédiaire) servent surtout à dénigrer la conception du métier et les pratiques de la jeune génération, et au besoin, quand elle n’en trouve pas, elle va les chercher en dehors de l’agence. Il ne serait pourtant pas difficile de recueillir auprès des anciens des appréciations plus positives sur l’évolution du journalisme à l’AFP et sur les qualités professionnelles de la relève générationnelle.

28Laville fait aussi un usage assez peu contrôlé de cette notion piégée d’individualisme. « Les jeunes journalistes adoptent un comportement plus individualiste que les journalistes plus âgés », écrit-elle sans grande précaution (p. 128) en appuyant sa démonstration sur le développement de la politique des signatures (avec le nom de l’auteur en toutes lettres, et plus seulement les initiales) à l’AFP comme dans les autres agences. Outre que cette politique n’est pas si nouvelle, qu’elle ne résulte pas d’abord d’une demande de la jeune génération (comme le reconnaît l’auteure) et ne concerne en réalité qu’une minorité de dépêches (10 à 15 %), il est assez contestable d’en inférer, comme elle le fait, une évolution unilatérale allant dans le sens d’une pratique plus individuelle du métier d’agencier. Comme le souligne pourtant Laville dans sa description de l’ancienne génération, mais sans en tirer toutes les conséquences, la tolérance pour un style journalistique personnel (p. 96) était en fait beaucoup plus grande pour les « journalistes artisans » de l’après-guerre, avec une organisation du travail plus souple et une moindre codification de l’écriture agencière qui laissaient de facto pas mal de marges de manœuvre individuelles. Par contraste, il est assez aisé de montrer que la montée en puissance de la logique marchande à l’AFP et les transformations technologiques, se sont accompagnées, comme dans les autres médias, d’un processus de rationalisation toujours plus poussée de la production de l’information, dont la dimension collective se trouve ainsi de plus en plus marquée (et là encore, le paradoxe est que Laville met à notre disposition les matériaux pour une telle description).

29De même, quand Laville avance que les journalistes de la jeune génération « adoptent naturellement des pratiques et des conceptions en phase avec les exigences de la configuration économique » (p. 50), elle passe à côté d’une analyse sociologique plus fine des mécanismes de sélection (qu’elle évoque) et de socialisation professionnelle qui permettent expliquer cette acceptation croissante de la logique marchande dans le travail agencier. L’ajustement est loin d’être aussi « naturel » qu’elle l’affirme. Il se heurte, dans toutes les « générations », à des freins et des résistances, qui conduisent à des compromis. L’auteure aurait pu trouver sans mal parmi les jeunes journalistes de l’AFP aussi des défenseurs de l’idée que l’information n’est pas qu’une marchandise, mais également un « bien public ». À cet égard, l’une des principales limites de l’approche générationnelle défendue dans le livre est d’inciter à une lecture psychologisante des changements (de « mentalité ») en cours même si ce n’est sans doute pas la lecture de Laville elle-même qui insiste à raison sur la responsabilité des transformations structurelles dans le média et son environnement sur les évolutions dans la conception du métier. Il est ainsi une difficulté qui apparaît à la lecture des témoignages de la génération intermédiaire, présentée dans l’ensemble comme plutôt réticente devant cette approche commerciale de l’information, elle qui a été socialisée à un moment où la « première configuration » exerçait encore ses effets. Car il faut bien poser la question des rapports de pouvoir, des rapports hiérarchiques au sein de l’agence. Et si l’on adopte la grille de lecture générationnelle, quelle est actuellement la « génération » au pouvoir ? Certainement pas la dernière, ou encore assez marginalement, mais bien pour l’essentiel cette deuxième génération. Autrement dit, le changement au sein de l’agence n’est pas conduit par les « pragmatistes » de la jeune génération prétendument si bien ajustés à la nouvelle donne, mais par leurs prédécesseurs. On peut alors s’interroger sur la représentativité des discours de cette deuxième génération retenus dans le livre. Une piste d’explication nous est donnée par l’auteure quand elle précise que parmi les interviewés, « bon nombre des agenciers de cette génération sont insatisfaits de leur poste actuel » (p. 115). En raison d’une pyramide des âges déséquilibrée, avec beaucoup de quinquagénaires, une bonne partie d’entre eux ont en effet du mal à trouver des affectations correspondant à leurs attentes. Il est vraisemblable que cela explique, au moins en partie, leur discours (sur lequel Laville se focalise volontiers) plus critique envers la direction ou la jeune génération qui prend leur place. Et on peut faire l’hypothèse qu’à l’inverse, chez les journalistes de ce groupe d’âge occupant des postes à responsabilité, la dimension marchande du métier est bien mieux acceptée.

30Ce qui contribue à cette exagération des contrastes générationnels, c’est la simplification excessive du modèle des configurations qui sous-tend toute la démonstration. Il a indéniablement le mérite de la clarté, même si on peut regretter que la présentation très succincte qui en est faite (p. 37-40) à partir d’une utilisation assez libre (et un peu évasive) d’un concept de Norbert Elias, ne permet pas de réellement confronter cette approche à celles qui sont en concurrence dans ce domaine de la recherche en sciences sociales. Mais il a le défaut d’inciter à une lecture binaire (journalisme et politique, puis journalisme et économique) des changements en cours alors que ceux-ci s’analysent de manière bien plus éclairante en adoptant une grille ternaire, avec des jeux d’opposition, mais aussi des alliances, entre, pour le dire très vite, la logique politique, la logique économique et la logique journalistique. À chaque époque, un compromis agencier se noue à partir d’un certain équilibre entre ces trois logiques. Comme le souligne Laville, l’AFP a été contrainte de forger un nouveau compromis au cours des dernières décennies quand la logique marchande s’est affirmée davantage, d’ailleurs avec retard par rapport à d’autres secteurs médiatiques, à la suite précisément des transformations de son environnement. Mais cela ne veut pas dire que la logique marchande n’était pas présente dans la « première configuration », ni que la logique politique a disparu dans la deuxième comme le modèle de Laville pourrait hâtivement le laisser penser. On peut ainsi faire facilement la démonstration qu’aujourd’hui encore, la difficulté pour les agenciers consiste à tracer une voie souvent étroite entre « réalisme politique » et « réalisme économique » (Lagneau). Un défaut de la lecture proposée par Laville de l’histoire de l’AFP est de sous-estimer le poids de ce réalisme politique, y compris paradoxalement dans la période la plus ancienne, dont elle fait une présentation assez largement euphémisée. À cet égard, l’expression retenue pour qualifier dans le chapitre 5 les jeunes journalistes, celle d’une « génération sous contraintes » est particulièrement malheureuse en ce qu’elle pourrait laisser penser que les précédentes n’en subissaient aucune, alors qu’elles étaient simplement confrontées à des contraintes un peu différentes (avec moins de pressions économiques, mais plus de pressions politiques s’exerçant de manière plus directe).

31Au final, le grand mérite du livre de Laville est bien de nous inviter à étudier concrètement le lien entre des transformations macro, au niveau de l’environnement d’un média et de sa structure organisationnelle, et les mutations des pratiques journalistiques en son sein. Les évolutions de ce que l’on pourrait appeler le « style agencier » (Lagneau), c’est-à-dire la manière spécifique de faire du journalisme dans les grandes agences sont bien mises en évidence par l’auteure. Mais il n’est pas certain qu’elles soient aussi unidirectionnelles et radicales qu’elle le soutient dans les deux derniers chapitres (6 et 7). Il est incontestable par exemple que la rhétorique de l’expertise critique occupe une place croissante dans la copie de l’agence, mais il n’est pas avéré que le basculement du « journalisme événementiel » (description de l’événement) vers le « journalisme situationnel » (mise en contexte, analyse de l’événement) soit aussi avancé que l’auteure le laisse entendre dans le chapitre 7 en se focalisant (à raison) sur les papiers à attribut, mais en oubliant le fait que la très grande majorité des dépêches d’agence sont encore des factuels « classiques ». Gageons qu’il y a là aussi matière à l’une des nombreuses discussions scientifiques auxquels le livre de Laville, avec ses limites, mais aussi ses apports indéniables, nous convie.

32Éric LAGNEAU

33Agence France Presse, Laboratoire interdisciplinaire d’études sur les réflexivités (LIER)

34eric.lagneau@afp.com

Réponse de l’auteure

35La recension de notre ouvrage, Les transformations du journalisme de 1945 à 2010. Le cas des correspondants étrangers de l’AFP, a été effectuée par Éric Lagneau, auteur d’une thèse de sociologie sur le journalisme d’agence à partir du cas de l’AFP. Ce dernier exerce depuis 1995 le métier d’agencier au sein du desk Sports de l’AFP. La dimension parfois partisane de sa recension doit être interprétée à la lumière de ces éléments. Certes, la critique de la méthode ou du cadre théorique est légitime entre chercheurs de disciplines différentes, et elle contribue aussi à faire progresser la connaissance. Toutefois, être juge et partie peut obérer la validité de certaines critiques, moins scientifiques que professionnelles voire corporatistes, et visant en quelque sorte à protéger l’agence et ses personnels des regards extérieurs et des points de vue différents dont ils rendent compte.

36Notre ouvrage résulte principalement d’une thèse en Sciences de l’Information et de la Communication réalisée en cotutelle entre l’université Paris VIII et celle de Laval (Québec). Il vise à analyser les transformations du journalisme à partir du cas des correspondants étrangers de l’Agence France Presse de 1945 à nos jours. Nous avons croisé plusieurs objets de recherche : des entretiens auprès de 45 journalistes de trois générations distinctes, l’observation participante au bureau du Caire et ponctuellement au bureau de Moscou, l’analyse de dépêches issues des archives, de nombreux documents internes (manuels de l’agencier, analyse de couverture de l’AFP par la rédaction en chef, analyse critique du département Alerte et Analyse…) et des entretiens avec plusieurs dirigeants de l’AFP. Cette diversité des ressources nous a permis de saisir la transformation progressive des pratiques et de l’identité professionnelle des journalistes confrontés à une évolution du contexte et des moyens de production ainsi qu’à l’évolution des formats, des contenus et de l’écriture journalistiques.

37Lagneau conteste le recours à l’appareil méthodologique de Weber (idéal-type) et Elias (configuration) qui mènent, selon lui, à une « lecture binaire » et à « l’exagération des contrastes générationnels ». Dans notre ouvrage, nous posons comme hypothèse que, depuis les années 1950, les pratiques journalistiques et la façon dont les journalistes conçoivent leur rôle se sont considérablement transformées en raison de l’évolution de la configuration médiatique. Sur le plan analytique, il faut voir cette évolution comme le passage lent et progressif d’une configuration à une autre, sans rupture apparente. Cependant, pour saisir cette évolution, nous avons eu recours à une représentation idéal-typique des deux configurations de manière à en dégager, théoriquement, les traits essentiels et distinctifs et à les opposer comme les deux extrémités d’un continuum. Ces deux extrémités sont théoriques, elles n’existent pas dans la réalité, en tout cas elles ne se présentent pas dans la réalité sous cette forme épurée. Elles servent plutôt de balises ou de repères théoriques et méthodologiques pour guider l’observation. La construction d’idéal-type vise justement à accentuer « unilatéralement » certains aspects de l’objet étudié pour construire une figure idéale du phénomène auquel on s’intéresse afin de pouvoir les confronter ensuite à la réalité. Ces idéaux-types définis sont ensuite confrontés au terrain afin d’en confirmer, d’en nuancer voire d’en infirmer certains traits. Par ailleurs, Lagneau semble considérer que l’analyse du discours des journalistes sur leurs propres pratiques n’est pas un outil fiable quant à l’analyse de l’évolution du métier journalistique. Pire, associé à une analyse générationnelle, cela aboutirait inéluctablement « à dénigrer la conception du métier et les pratiques de la jeune génération ». Ces propos méritent d’être mentionnés, car ils participent de la manière dont les journalistes se distinguent ou s’assimilent à leur environnement professionnel. Au-delà des oppositions générationnelles traditionnelles, les récits des journalistes constituent une ressource inédite dans la recherche sur le journalisme d’agence. L’analyse des discours des journalistes sur leurs propres pratiques met au jour de véritables cassures dont l’origine ne se limite pas à des freins techniques, mais à une conception de l’information et du métier de journaliste qui a considérablement évolué depuis 1945.

38Camille LAVILLE

39Université Nice Sophia-Antipolis, I3M

40claville@unice.fr


Date de mise en ligne : 03/10/2013

https://doi.org/10.3917/res.180.0189

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