Les questions environnementales constituent un domaine propice à l’incantation morale et au déni du politique, c’est-à-dire de la nécessaire confrontation des intérêts et valeurs en vue de dégager des solutions nationales et internationales. Il n’y a pas d’autre champ en effet qui ait donné lieu à autant d’éthiques nouvelles aux prétentions politiques aussi radicales : que l’on songe au biocentrisme et à ses nombreuses variantes, ou au principe responsabilité selon Hans Jonas. La démarche consiste à ériger un ordre normatif nouveau, prétendument transcendant, puis à en dégager les conséquences sur le plan pratique et politique. Pour évaluer ces nouvelles éthiques environnementales et leurs prétentions politiques, je partirai des relations traditionnellement nouées entre les plans éthique et politique de l’action : je chercherai alors à délimiter les domaines où ces deux plans peuvent entrer en contradiction. Je montrerai ensuite en quoi et pourquoi ces éthiques nouvelles tendent à bousculer le cadre ainsi défini et m’interrogerai enfin sur la légitimité de ces tentatives de dépassement.
Il m’apparaît souhaitable d’opter pour une définition purement intersubjective de l’éthique, en deçà de la nécessaire interposition d’un tiers institutionnel constitutive du social et de sa diversité ; et ce pour à la fois dégager la spécificité du moment éthique et préserver son universalité. On peut ainsi entendre par éthique le souci personnel d’autrui. Ce souci s’exprime de deux façons différentes…