1La conception, qui voit le travail analytique comme la possibilité de retrouvaille d’un souvenir d’enfance oublié, et la clef de son efficacité dans cette prise de conscience est encore la plus répandue. Il s’agit, pourtant, de ce que Freud et Breuer nommèrent la méthode cathartique, qui précéda la psychanalyse, en fut le préalable sans doute nécessaire, mais ne se confond pas avec elle.
2Avant la découverte de la psychanalyse proprement dite, Freud et Breuer arrivent à la conclusion que les hystériques souffrent de réminiscences. Les symptômes des patientes – il s’agit de femmes dans les exemples cliniques rapportés – prennent sens quand ils sont reliés à un souvenir méconnu, oublié, dont la nature est sexuelle. Quand ce souvenir est ramené à la mémoire, le symptôme disparaît. C’est l’étonnante constatation que fait d’abord Breuer avec sa patiente Anna O., que vérifie ensuite Freud avec les femmes dont il relate le traitement. Contre cette représentation sexuelle inconciliable, le sujet organise une défense dont le refoulement constituera le prototype. Le malade veut oublier quelque chose et il le maintient volontairement hors de la conscience, dans « l’inconscience », qui n’est pas encore l’inconscient freudien. Ce souvenir contre lequel le patient se défend est dû à un traumatisme qui s’organise en deux temps. Dans un premier temps, il s’agit d’une scène de séduction opérée par un adulte sur un enfant dans une période pré-pubertaire. Celle-ci ne provoque chez celui-ci, à ce moment-là, ni excitation sexuelle, ni refoulement. Après la puberté, un autre événement possédant quelques traits pouvant être associés au premier, bien que d’apparence souvent très éloignée, déclenche alors un afflux d’excitations internes dues au souvenir de la scène de séduction et produit le refoulement de celui-ci. Dans le traitement peu à peu mis au point en abandonnant l’hypnose et la suggestion, la méthode de libres associations permet la réémergence de ce souvenir qui pourra alors être normalement abréagi – en produisant la décharge émotionnelle de l’affect lié au trauma – et le symptôme disparaît. Cette disparition n’empêche pas et souvent même s’accompagne de l’apparition d’un nouveau symptôme d’expression différente. En effet, cette méthode ne touche en rien la structure du sujet, ambition qui sera celle de la psychanalyse : Freud pourra dire, plus tard, que la psychanalyse est bien née sur le terrain de la psychothérapie, elle a poussé bien au-delà, sans, pour autant, abandonner son sol natal.
3Ainsi, ce qui est refoulé apparaît dans le symptôme de façon déformée et son sens est méconnu. On saisit d’emblée qu’il y a là une sorte de paradoxe : ce qui est décisif pour le symptôme, pour la pathologie, est ce qui semble le plus radicalement oublié. Ce qui s’est inscrit de la façon la plus forte dans la mémoire, ce qui a été le mieux mémorisé au point de ne pas subir l’usure normale du temps, à la différence des souvenirs que le sujet a sans difficulté à sa disposition, comme la mémoire des apprentissages, est ce qui apparaît comme oublié. Quant au souvenir qui fait retour dans cette première méthode, dite cathartique, sa valeur de vérité, tout comme sa véracité, son exactitude ne sont pas distinguables l’une de l’autre, ni mises en cause, alors que la psychanalyse, comme nous le verrons plus loin, les séparera.
4Vers la fin du mois de septembre 1897, Freud abandonne ce premier état de la théorie. Il donne à cela plusieurs raisons, dont celle qui conduirait, dans chacun des cas, à accuser le père de perversion. En effet, à chaque fois, cette scène de séduction semble avoir été opérée par le père. Or, Freud, comme il l’écrit à Fliess, a acquis :
La conviction qu’il n’existe dans l’inconscient aucun « indice de réalité » de telle sorte qu’il est impossible de distinguer l’une de l’autre la vérité et la fiction investie d’affect.
6Moins d’un mois plus tard, Freud découvre en lui, dans ce qu’il appelle son auto-analyse, des « sentiments d’amour envers [sa] mère et de jalousie envers [son] père », sentiments qu’il pense communs à tous les jeunes enfants. On comprend alors « l’effet saisissant d’Œdipe Roi », car « la légende grecque a saisi une compulsion que tous reconnaissent parce que tous l’ont ressentie ». La découverte du complexe d’Œdipe conduit à situer les scènes de séduction subies par les hystériques comme fantasmatiques, fictions mettant en scène un désir inconscient, viré au compte d’un autre, le père en l’occurrence. Ces fantasmes, qui se présentent alors comme souvenirs, « se produisent par une combinaison inconsciente de choses vécues et de choses entendues ». Au moment où elles ont été perçues, ces choses n’ont pas été comprises, le sens n’en viendra que plus tard, et elles ne seront utilisées qu’après-coup.
7Ainsi, l’appareil psychique proposé par Freud est d’emblée un appareil de mémoire, permettant d’expliquer des phénomènes de mémoire, phénomènes qui sont d’emblée situés comme symptomatiques. Or, cette mémoire est spécifique, elle oblige à penser plusieurs mémoires. Ainsi Lacan proposera de distinguer une mémoire comme propriété définissable de la substance vivante, ou mémoire vitale, de la mémoire freudienne qu’il nomme mémoration puisque c’est par la remémoration qu’elle peut être accessible. Celle-ci n’est « pas du registre qu’on suppose à la mémoire, en tant qu’elle serait la propriété du vivant », elle est de l’ordre de l’histoire, qui suppose le groupement d’un certain nombre d’événements symboliques définis, avec l’après-coup – notion déjà présente dans la théorie traumatique – comme nécessaire à sa constitution. Lacan la distingue aussi de la réminiscence imaginaire, comme « écho du sentiment ou de l’empreinte instinctuelle ». La mémoire freudienne est une mémoire symbolique, enracinée dans le signifiant, que Saussure définissait comme « image acoustique » et que l’on peut rapprocher de l’accent mis par Freud sur les « choses entendues ». Quel est alors le statut des souvenirs qui apparaissent au cours d’une cure analytique, ces souvenirs qui, rendus à la conscience, prennent la place du symptôme qui les masquait et produisent la guérison ? Levée du symptôme, rendre conscient ce qui est inconscient est, pour Freud, une tâche de la cure.
8Pourtant, avec la rectification de 1897, on saisit bien que la valeur de vérité du symptôme comme du souvenir refoulé se trouve disjointe de l’exactitude figurative de l’événement retrouvé. Or, ce moment fondateur de la psychanalyse a été, il y a quelques années, contesté. La lecture de la partie inédite de la correspondance de Freud avec Fliess conduisit Masson à faire l’hypothèse que le renoncement à la théorie de la séduction était un escamotage. Il fit savoir son interprétation dans une première communication, au début des années 1980. Selon Masson, Freud aurait reculé devant l’énormité de sa découverte, la séduction réelle par les pères, pour diverses raisons, dont l’accueil fait à ses hypothèses par les instances académiques mais aussi le désir de protéger le père. Freud se serait soumis à l’hypocrisie sociale et intellectuelle en vigueur, la théorie du fantasme n’étant que le manteau dont il aurait habillé, pour les voiler, les abus sexuels, dont les patientes de Freud auraient été l’objet. Ce débat eut un grand retentissement aux États-Unis. Une série d’articles parut dans le New York Times en 1981, puis un livre en 1983. Masson fut licencié des Archives Freud, mais le débat persista. Il prit une dimension supplémentaire en trouvant un écho dans la vague de procès et d’accusations qu’entamèrent, aux États-Unis, un certain nombre de personnes contre leurs parents, leurs pères en particulier, les accusant d’abus sexuels et aboutissant à des condamnations, fondées le plus souvent sur cette certitude qu’un souvenir, s’il était inscrit dans la mémoire du sujet, avait nécessairement un fondement réel. La question se formule alors ainsi : les souvenirs que les sujets retrouvent, ces scènes de séduction précoces, voire le retour ou le dévoilement de ces souvenirs à travers des méthodes psychothérapiques, témoignent-ils d’une inscription intégrale, non déformée, sorte d’engramme d’une scène vue et vécue, dont le re-souvenir garantit l’exactitude ? Mais alors pourquoi l’oubli, et à quel ordre de nécessité correspond-il ? Ou faut-il, en donnant sa place à la notion de défense, concevoir autrement, comme une construction, les souvenirs auxquels la méthode analytique donne accès ? Entre ces deux hypothèses, c’est tout l’enjeu de la psychanalyse, sa validité aussi bien que sa viabilité qui est en jeu.
9Le souvenir de telle scène infantile n’est-il pas suspect de déformations, si l’on admet que son oubli n’est pas fortuit et peut constituer l’une d’entre elles ? La psychanalyse suppose, nous l’avons déjà indiqué, une mémoire spécifique. Cette mémoire est organisée selon une série de frayages, d’enregistrements qui restent hors de la conscience. Freud affirmera que conscience et mémoire s’excluent. Il convient donc de distinguer deux types de mémoire : celle que l’on peut avoir acquise lors de certaines expériences demeurées conscientes et qui va s’user avec le temps, et celle, particulière, qui constitue la mémoire freudienne où ce qui est retrouvé n’a pas subi le dommage du temps qui passe, est resté aussi vif et actuel que lors de sa première inscription. Cette dernière mémoire pourrait être nommée mémoire de l’oubli puisque ce qui est inscrit demeure inaccessible à la conscience, apparaît comme un oubli dans la vie du sujet, demeure inconscient, mais ne cesse de revenir dans les formations de l’inconscient, le rêve, les souvenirs-écrans, les symptômes, les agirs du sujet dans la répétition. Cette mémoire s’inscrit sur le mode de traces et ce qui lui donne cohérence et articulation est le langage. Ainsi, dans la figurabilité de ces souvenirs, ce sont des constructions langagières qui apparaissent.
10Ce souvenir est un souvenir construit par un travail psychique, selon des mécanismes que Freud décrit. Ainsi, dans tel rêve où s’articule le regret de Freud de n’avoir pas obtenu la gloire attendue pour son travail sur la fleur de coca, cet élément botanique, apparemment absent du rêve figure comme herbier à partir duquel des associations conduisent au titre d’un livre aperçu la veille L’espèce Cyclamen, qui est la fleur préférée de sa femme, dans le nom du professeur Gärtner (jardinier en allemand), et sa femme dont il a trouvé la mine « florissante » croisés également la veille par Freud, etc. Ces fils, avec d’autres, se recoupent autour de ce regret, de cet échec dont sa femme serait la cause. Cette organisation langagière conduira Lacan à concevoir ce mécanisme d’oubli et de remémoration analytique comme apparenté à la mémoire d’une machine dans laquelle les inscriptions tournent en rond jusqu’à se recomposer et réapparaître dans les symptômes ou dans les formations de l’inconscient à partir d’un travail de cryptage. Ces constructions sont organisées en un système, celui que de Saussure voyait comme fondamental pour la langue : la pure différence, un signifiant ne valant que dans sa différence avec un autre. Celle-ci peut se figurer par une série de signes + et –. La mémoire freudienne peut alors se concevoir comme une succession de petits signes, strictement différenciés, que l’on peut noter + et –, qui tournent. À la différence, par exemple, de ce qui apparaît dans les hypothèses touchant à l’apprentissage d’actes consciemment mémorisés, ainsi dans l’éducation, cette mémoire, qui efface de notre souvenir ce qui ne nous plaît pas, n’empêche pas que le sujet répète inlassablement des expériences pourtant douloureuses, conformément à la structure de ses désirs inconscients qui eux, selon Freud, sont indestructibles et persistent indéfiniment. Ainsi peuvent se comprendre des séries d’échecs amoureux répétés selon des modalités proches émaillant la vie d’un même sujet, les névroses de destinée, etc. Ce qui s’inscrit, le frayage, n’est pas un mode de réaction appris par le sujet, une habitude, quelque chose qu’il va répéter pour trouver une solution à une difficulté, à un problème rencontré dans son environnement, cette répétition se satisfait de quelque chose qui lui est inhérent et qui la fera nommer par Freud compulsion de répétition.
11Dans cette perspective, ce qui se figure dans le souvenir est une recomposition de ces traces déposées, sans index temporel, à des époques différentes. Freud propose un terme pour caractériser ces souvenirs d’enfance, le souvenir-écran. Ce souvenir construit fait écran à l’histoire, il en constitue une interruption, tout en restant relié à elle, et contient un fragment de vérité car il est dans sa constitution comparable au symptôme ou à toute autre formation de l’inconscient. Sa construction obéit aux modes de déformation de ce qui passe à la conscience, il est à la fois une rupture dans l’histoire, car il apparaît comme indépassable, et, en même temps contient, de façon cryptée, les éléments de son au-delà.
12À la différence du souvenir traumatique qui s’atteint dans la méthode cathartique, Freud découvrira avec la méthode analytique une limite à la remémoration. Il met cela en évidence à propos du cas de l’Homme aux loups. Dans ce texte, Freud a le projet en fait de discuter Jung et de montrer qu’il y a dès l’enfance des motifs libidinaux présents et non une aspiration culturelle, qui, précocement, n’est qu’une dérivation de la curiosité sexuelle. Ce texte est en quelque sorte une mise à jour de la théorie du trauma. Il s’agit ainsi d’examiner les rapports entre le fantasme et la réalité. Dans la cure de ce patient russe, un chiffre, une lettre joue un rôle particulier. C’est le chiffre V. À cette heure-là du jour, de façon récurrente, l’Homme aux loups présenta des symptômes quand il était enfant, mais aussi quand il aura atteint l’âge adulte. Freud suit à la trace ce chiffre dans les évocations du patient. Il le repère dans la récurrence de ces troubles et leurs dates, mais il le relève aussi dans le fait que lorsque l’Homme aux loups dessine un rêve, le rêve central de son analyse, ce rêve des loups, qui lui donnera son nom, il en annonce un nombre différent du nombre qu’il dessine qui est V. Freud retrouve aussi ce chiffre, cette lettre dans la forme d’un papillon, l’ouverture des jambes d’une femme, un lapsus où le sujet, au lieu de dire Wespe (la guêpe), dit Espe (le tremble). Ce qui tombe là, c’est le W, c’est-à-dire deux fois le V. Espe c’est aussi S.P. qui sont les initiales de ce patient. Cette lettre n’a pas à être imaginarisée, elle circule dans toute la vie du patient et dans son traitement et prend des sens et des significations différents. Elle témoigne de cette inscription littérale, d’une trace dans l’inconscient, inscription sans sens en tant que tel. La remémoration dans cette cure trouve une limite et le souvenir originaire, le trauma initial, l’origine du refoulement sera construit par Freud. Mais la scène traumatique n’a pas été retrouvée par le patient au cours du traitement. Freud en fait l’hypothèse, la construit sous la forme d’une scène primitive, qui aurait eu lieu quand le patient était âgé d’un an et demi. Il aurait assisté à une relation sexuelle entre ses parents. Freud discutera très longuement la question de la réalité de cette scène. La conviction de son patient concernant cette proposition que fait Freud ne lui paraît pas non plus une garantie. Mais cet événement a laissé une empreinte, que le sujet n’a pas pu articuler verbalement, à la différence d’autres souvenirs remémorés dans la cure. Freud à ce point-là proposera l’hypothèse, inspirée de Lamarck, qu’il s’agit peut-être d’une possession héritée, d’un héritage phylogénétique, qui peut être aussi l’acquis d’un vécu personnel. Il ajoute que :
[...] de la névrose que l’enfant recourt à ce vécu phylogénétique là où son vécu propre ne suffit pas. Il comble les lacunes de la vérité historique par une vérité préhistorique, met l’expérience des ancêtres à la place de son expérience propre.
14Cette scène, qui n’a pas été symbolisée, a pourtant laissé une trace inscrite, mais ne peut s’atteindre par la remémoration. Il faudra l’intégrer dans le temps historique du sujet pour lui donner une figurabilité. Il y a une limite à la remémoration due à une sorte d’entropie qui limite ce retour en arrière. La question de ces dépôts de l’histoire culturelle humaine peut se comprendre dans la manière où le système langagier du sujet, son système verbal ne lui est pas propre. Il s’agit d’une langue dans laquelle l’histoire fait son travail, c’est là où s’inscrit le sujet. Nous naissons à la langue, dans une langue qui nous fait, nous détermine, avec ces dépôts de la mémoire qui la constituent.
15Paradoxalement, Freud a pu faire l’hypothèse que l’inconscient ne connaissait pas le temps, car ce qu’il retrouvait dans l’analyse, dans les symptômes, les formations de l’inconscient n’était marqué d’aucun indice temporel, n’était pas daté. Cette mémoire freudienne est d’autant plus active qu’elle n’est pas indexée temporellement, qu’elle est oubliée. C’est même le fait que le sujet ne saisit pas qu’il agit dans l’actualité du transfert quelque chose qui a été mémorisé mais non indexé temporellement qui fait tout le procès de la cure analytique. Il s’agira de faire cette histoire qui ne s’est pas faite en son temps, de remanier, de restituer l’histoire qui s’est racontée pour recouvrir ces lacunes, de produire un savoir de la névrose, savoir que le sujet ne se savait pas savoir. Mais ces blancs de l’histoire sont aussi ce qui meut le sujet, son mouvement même, dans la répétition, dans la quête d’une retrouvaille de ce qui a été perdu. Ainsi l’inconscient, cette mémoire de ce qui a été oublié, est le temps même et la condition de sa conscience.
Bibliographie
Bibliographie
- Freud, S. (1967). L’Interprétation des rêves (1900) (Meyerson, I. trad.) Paris : PUF.
- Freud, S. (1969). La naissance de la psychanalyse. Lettres à Wilhelm Fliess, notes et plans (1887-1902) (Berman, A. trad.). Paris : PUF.
- Freud, S. (1980). Extraits de l’histoire d’une névrose infantile (1918. L’Homme aux loups par ses psychanalystes et par lui-même (Weibel, L., Heim, C. & Pontalis, J.-B. trad.). Paris : Gallimard.
- Freud, S. & Breuer, J. (1975). Études sur l’hystérie (1895). Paris : PUF.
- Lacan, J. (1966). Écrits. Paris : Seuil.
- Lacan, J. (1978). Le Moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse. Le Séminaire, Livre II, 1954-1955. In Miller, J.-A.. Paris : Seuil.
- Lacan, J. (1981). Les Psychoses . Le Séminaire, Livre III, 1955-1956. In Miller, J.-A.. Paris : Seuil.
- Masson, J.-M. (1984). Le Réel escamoté. (Monod, C. trad.) Paris : Aubier.
Mots-clés éditeurs : études psychanalytiques, mémoire, inconscient, Freud, appareil psychique
Mise en ligne 01/01/2012
https://doi.org/10.3917/rep.007.0039