Notes
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Je remercie Wolfgang Binswanger (Kreuzlingen), Roland Kuhn (Münsterlingen), Jacques Schotte (Louvain), Claude van Reeth (Bruxelles) et Jean Guyotat (Lyon) pour toutes les informations complémentaires qu’ils ont pu me fournir au cours des dernières vingt années.
1La phénoménologie clinique se présente tout au long de l’œuvre de Pierre Fédida. Elle commence en 1963 par des publications sur des tests de Rorschach du point de vue phénoménologique; elle se poursuit en faisant connaître l’analyse existentielle en France par son introduction en 1970 («Binswanger ou l’impossibilité de conclure») à Discours, Parcours et Freud (1970); elle se prolonge par le rappel de sa formation chez L. Binswanger dans sa dernière publication, la préface de la réédition de Searles, L’effort pour rendre l’autre fou (2002). Il a également écrit la préface du phénoménologue Kurt Goldstein, La structure de l’organisme: introduction à la biologie à partir de la pathologie humaine: texte augmenté de fragments inédits paru en 1983, ainsi que la préface et la postface «Dépression et mélancolie, repères phénoménologiques» de E. Esquirol, De la lypémanie ou mélancolie (1976).
2Sa formation clinique était à la fois phénoménologique (chez L. Binswanger à Kreuzlingen et aussi au service de neurologie à Lyon pendant son service militaire) et psychanalytique (par son analyse personnelle). La phénoménologie et la langue allemande n’ont jamais été absentes, ni de ses projets, ni de ses écrits. De cette dernière, il avait une connaissance intime, l’ayant pratiquée avec les patients et dans la rédaction de leurs dossiers. Attiré par la culture allemande, il s’en est dégagé à travers d’autres collaborations, notamment l’Amérique latine, et le Brésil en particulier, sur une trentaine d’années, y trouvant un tempérament plus proche de ses origines méridionales et le modèle du Laboratoire de Psychopathologie fondamentale, qu’il a créée à l’Université Paris 7, a été directement exporté au Brésil.
3Au travers des nombreuses réflexions qui courent en filigrane dans ses écrits, la question qui pourrait se dégager serait celle-ci: comment la phénoménologie a-t-elle su entrer dans sa théorisation psychanalytique, aider la réalisation des projets institutionnels et ainsi consolider des objets de recherche?
1 – Le début révélateur
4Pierre a commencé sa formation en 1958 sous la direction de Ludwig Binswanger, fondateur de l’analyse existentielle, à la clinique Bellevue de Kreuzlingen en Suisse. Après la mort de L. Binswanger, il a poursuivi avec Wolfgang Binswanger jusqu’en 1971. La formation a consisté dans des prises en charges psychothérapiques individuelles et familiales, notamment dans le cadre de traitements de patients psychotiques. Chaque suivi a fait l’objet d’un groupe de synthèse et d’une rédaction de cas.
5Le contact avec la famille Binswanger a été très amical. Ludwig Binswanger a dédicacé ses ouvrages à Pierre de manière personnelle et humoristique. Ils s’échangeaient des livres. Ludwig l’a remercié de lui avoir fait connaître Merleau-Ponty en lui envoyant l’ouvrage.
6Cette formation au Sanatorium Bellevue de Kreuzlingen ainsi qu’à la Clinique des maladies mentales de l’Hôpital Cantonal de Münsterlingen (Pr. Roland Kuhn) s’est effectué au cours de stages et de séjours prolongés. Elle venait compléter d’autres formations à la pratique clinique: à partir de 1957 dans le cadre du Service de psychiatrie du Dr. P. Boussole (Hôpital Psychiatrique du Vinatier à Lyon) et de la Clinique Universitaire de Neuropsychiatrie (Pr. Dechaume et Pr. J. Guyotat) ainsi qu’à l’Hôpital Militaire Des Genettes (Service de Neurologie – Dr Ramel). C’est dans ce dernier lieu qu’il a effectué, en partie, son service militaire (1960-1962) s’intégrant au Département de Recherche (Psychologie et Neurophysiologie) du Centre de Recherches du Service de Santé des Armées. Il en résulte plusieurs recherches, individuel et en équipe, ayant donné lieu à des publications sur le Rorschach à choix multiple, sur la formalisation mathématique de la figure de Rey, sur le test de Goldstein, sur les traumatisés crâniens, sur la vulnérabilité, sur les temps de réaction, sur l’angoisse et la mémoire, etc. Les premières publications (1962, 1963) émanent donc de ses expériences cliniques à Lyon et à Kreuzlingen.
7Pierre a commencé l’enseignement en 1955 et il a travaillé avec des enfants, particulièrement avec des enfants très jeunes. Il avait donc toujours un intérêt pour la didactique, mais aussi pour les effets de la régression dans l’apprentissage. A cela s’ajoute l’agrégation de philosophie en 1962, la formation philosophique venant compléter l’expérience clinique de l’analyse existentielle. Dans cette période de 1959 à 1961, il a enseigné la psychologie et la psychopédagogie aux Ecoles Normales de Bourg en Bresse. Cette activité pédagogique s’est alors accompagnée de la mise en place d’un laboratoire de psychologie en collaboration avec la médecine scolaire. Des recherches ont été initiées sur la fatigue du jeune enfant, sur les dyslexies et dysorthographies et sur les troubles corporels.
8Nommé assistant en 1962 en psychologie à la faculté des Lettres et Sciences Humaines de Lyon, il a enseigné la psychologie projective, la psychologie expérimentale et la phénoménologie dans ses orientations cliniques (jusqu’en 1967). Il a également enseigné la psychopathologie dans le cadre de la Clinique Universitaire de Neuropsychiatrie, sous la direction de J. Guyotat – le début d’une collaboration fructueuse dont émaneront de nombreuses publications. Durant cette période, des orthophonistes et des Cadres Infirmiers ont pu bénéficier de son enseignement. Puis, jusqu’en 1969, il a assuré l’enseignement d’une «anthropologie phénoménologique du corps – sensibilité et mouvement» à l’Institut Régional d’Education Physique et Sportive où il a également effectué une recherche sur le corps dans les activités sportives. Ensuite, à Paris de 1966 à 1975, il a dispensé l’enseignement des techniques projectives (Institut de Psychologie, Pr D. Anzieu et Pr N. Rausch de Traubenberg) et des enseignements réguliers dans le cadre du C.E.S. de psychiatrie (Hôpital Saint-Antoine, Pr Alby; Hôpital Pitié-Salpêtrière, Pr D. Widlöcher). Enfin, enseignant la psychologie clinique et la psychopathologie à la Sorbonne (chaire de Pr J. Favez-Boutonnier), il a été nommé Maître assistant en 1967 à l’U.F.R. de Sciences Humaines Cliniques de l’Université Paris 7. Sa carrière universitaire commencera alors dans cette université: Maître de Conférences en 1976 et nomination au titre de Professeur des Universités en 1979. Il a donc exercé pendant 23 ans comme Professeur des Universités.
9Autant ses collaborations cliniques d’enseignement et de recherches sont variées et viennent de tous les horizons (telles les pratiques des groupes en collaboration avec le Dr Michel Sapir et ses collaborations en orthodontie et en gynécologie), autant sa formation psychanalytique est linéaire. Il écrit: «Quant à la formation psychanalytique, elle s’est entièrement effectué dans le cadre de l’Association Psychanalytique de France (analyse personnelle et cursus de formation).»
2 – La phénoménologie clinique vue de près
10Ses différentes collaborations se sont donc toujours inspirées de la phénoménologie, tout en s’insérant dans une formation psychanalytique de plus en plus solide. Cette double référence étaye sa réflexion quand il établit l’état des lieux ou quand il revient sur le passé. Mais il l’abordera explicitement tout au long du document qui constitue le rapport de synthèse de sa Thèse d’Etat. Il y insiste justement sur toutes ses premières ébauches d’enseignement et de recherche. De façon étonnante, Pierre revient de manière très personnelle sur ses premières impressions cliniques:
11«Enfant d’avant l’école, je dessinais et coloriais des géographies de continent imaginaires se livrant une guerre de conquête sans merci. Un continent de couleur sombre – peut-être continent noir? – massif montagneux et place forte, devait être conquis et occupé par un continent clair, jaune d’or ou simplement de fond blanc. Attaquer les taches sombres était affaire d’effaçage avec la gomme ou recouvrement de couleur épaisse, ce procédé restant toujours aléatoire. L’extension du continent blanc était celle d’une lumière chaque fois gagnée par une découverte intérieure! Je n’ai jamais douté que mon intérêt pour le Rorschach trouvât ici la source de son inspiration rêvée. Et lorsque je commençai ma pratique psychothérapique avec les enfants, ceux-ci ne manquèrent pas de ressusciter en moi ces géographies imaginaires de mon enfance: ils allaient en réveiller le souvenir avec la feuille de papier Canson qu’ils plaçaient parfois spontanément entre eux et moi et où se rencontraient pour jouer ensemble nos fantaisies de paix et de guerre. (Je n’avais pas alors connaissance du squiggle game de Winnicott). De quoi ainsi se demander si l’enfance – cette amnésie présentement agie – n’est pas une géographie imaginaire des continents fabuleux et de leurs métamorphoses en formes animales et végétales surgies des matières colorées soutenues de l’espace blanc. Géographies fantastiques comme zoologies fantastiques à la Borgès (un de mes enseignements sur le Rorschach consista en une lecture de Borgès!), elles s’inspirent d’un fond – au travail des formes – et leurs représentations figuratives sont des thèmes ou des motifs en voie de transformation. Mes interprétations de dessins d’enfants – je parle ici du travail d’interprétation dans la séance avec l’enfant – se sont toujours réglées sur ce principe de l’engendrement gestuel de la forme, en deça de sa constitution en thème symbolique. Tel enfant dessinant en ma présence une maison bardée sur son toit de cheminées-«tétons», regardant par ses fenêtres avec des yeux gigantesques et s’ouvrant par une énorme porte-«bouche», laissait de celle-ci s’échapper une très longue langue-chemin qui se dressait loin et haut dans la feuille pour finir par se fermer comme une forme pénienne et faisait voir «une petite bouche», source arbre-geyser. La représentation thématique symbolisait très certainement une image de la mère terrifiante et phallique et aussi la scène primitive fascinante qu’elle porte en elle. Mais un chemin est un chemin avant d’être un pénis. Et aussi avant d’être pénis, ce chemin est plutôt la langue et sa parole. A ce moment de la psychothérapie – l’enfant ayant auparavant détruit toutes ses maisons d’école graphiquement pré-fabriquées – la parole-langue du chemin fut le chemin de notre travail. Il nous a conduit fort loin, nous a fait découvrir tant de choses et nous y avons renoncé que lorsque nous nous sommes quittés. Werk ist Weg, disait Paul Klee: dans toute psychothérapie – dans chaque dessin ou peinture – un chemin est à trouver. Il suffit de le suivre!» (p. 154-156)
12L’œuvre est le chemin (la voie) est la traduction littérale de la citation de Klee. Ou pour être plus explicite, une traduction plus libre conviendra ici: Le travail est le cheminement (la voie).
13Ce passage cité illustre de façon représentative, en peu de mots, comment sa pensée psychanalytique a été alimentée par la phénoménologie pour construire, en référence à sa propre analyse, l’observation clinique et pour la hisser vers la théorisation afin d’explorer un modèle. L’influence de la pensée phénoménologique lui a donné une attention toute particulière au vécu des mécanismes psychiques, en l’occurrence la régression dans ses aspects sensoriels.
14Enfin, cette référence à P. Klee éclaire également sa conception de la psychothérapie psychanalytique: l’écoute psychanalytique laisse le symptôme s’exprimer librement, le suit à la trace et l’accompagne dans la relation psychothérapeutique – peu importe la nature de la psychopathologie voir même l’âge du patient.
15Comment la psychanalyse fait-t-elle pour assimiler la phénoménologie? La réponse se trouve dans son document de synthèse (p. 165):
«Je serais tenté de placer ce moment actuel sous l’appellation thématique – légèrement prétentieuse, peut-être – de poétique et psychanalyse. Il s’agit certainement d’une pensée en attente qui ne fut jamais totalement absente de mes préoccupations; et, bien qu’il m’arrivât de le croire cassé, il me serait facile de suivre le fil depuis la source. Je ne doute pas, non plus, que ma rencontre avec l’analyse existentielle – il y a plus de vingt ans – vint dans cette attente. Aussi l’intérêt que je manifestai alors pour des textes poétiques que la lecture de Freud me suggérait mettait pour moi en rapport la connaissance poétique de la psychanalyse. L’orientation de la démarche phénoménologique de mes premiers travaux va, elle-même, dans le sens de ce retour aux choses à travers les mots. Je me suis, d’ailleurs, souvent demandé si la phénoménologie n’est pas essentiellement cohérente avec la voie de la poésie ou encore s’il n’est pas de phénoménologie seulement poétique.»
17Dans un autre passage, Pierre explique son rapport à la peinture. Celle-ci comme la poésie ouvre la voie (le cheminement) dans laquelle s’inscrit l’association libre débouchant sur la fonction de la métaphore dans l’interprétation. Un exemple concret vient illustrer ceci un peu plus loin (p. 166/167):
«Où sont les repères du navigateur? Où est même l’avant et l’arrière de l’embarcation? Qui conduit? Quelqu’un, féru de mots de marine et d’étymologie, me dit, à la fin d’une liaison: «amère est l’analyse». Et ce mot est déjà entendu par lui d’un rire qui joue l’analyse à la rendre à mer et à mère, tandis qu’il se souvient que les amers sont des limites ou des marques – points remarquables ou jalons de marquage qui, en dépit des courants de dérive, tiennent le regard du navigateur assuré de lieux fermes de reconnaissance. Telle est, en effet, l’analyse.»
19La rapidité avec laquelle glisse le sens et dont le patient traverse la polysémie s’illustre dans cet exemple. La dimension phénoménologique résiderait ici dans l’ivresse de la signification chez un patient déjà avancé dans l’écoute de lui-même.
20Evidemment, la psychanalyse ne supporte pas que l’on introduise une autre perspective sans que cela ait une retombée sur le processus psychique et le transfert. Pierre définit l’effet du recours phénoménologique ainsi (p. 183):
21«La phénoménologie opère sur des actualités de signification et là est – dirai-je – son plaisir: utilisés en cours d’analyse, les décryptements sémiologiques (phénoménologiques) accentuent chez le patient la tendance à se placer, dans son rapport à lui-même, comme s’il se trouvait installé aux côtés de l’analyste, face à un matériel (fantasmes, rêves, etc.) à analyser et à comprendre. Ce qui ne va pas sans modifier toute l’économie de la cure au bénéfice de renforcements narcissiques chez le patient comme chez l’analyste.»
22Ce recours est donc plus près du holding. Mais le vécu narcissique cache la signification transférentielle. Il faudra donc veiller à ne pas participer au «fétichisme herméneutique», selon lui, comme cela peut se produire dans l’interprétation fantasmatique du transfert chez les postkleiniens affectés par un «pan-fantasmisme kleinien».
23En bref, tout le document de synthèse témoigne qu’il a toujours été préoccupé par l’interaction possible ou impossible entre la phénoménologie et la psychanalyse.
3 – Les objets de pensée sous double influence
24Sur environ 300 publications et mille communications scientifiques, trois thèmes (corps, dépression, absence) se dégagent toutefois, inspirés par le recours phénoménologique et liés entre eux. Ils organisent de manière transnosographique des nouveaux sujets et les génèrent: le corps (Corps du vide, Espace de séance (1977) et les travaux sur le groupe et la relaxation, à titre d’exemple, in Psychomotricité et relaxation (1974) ou Revue de Médecine psychosomatique et Psychologie médicale (1976), les travaux sur l’hypocondrie, à titre d’exemple, «L’hypocondrie du rêve», in NRP (1972), «L’hypocondriaque médecin» (1995) et Par où commence le corps humain: retour sur la régression (2000); la dépression (p. ex. «La relique et le travail du deuil», NRP, 1970; «L’agir dépressif. Contribution phénoménologique à une théorie psychanalytique de la dépression», Psychiatries, 1976; «L’ère glacière des refoulements » (1999), «Modernité de la dépression» (2000) et Les bienfaits de la dépression: éloge de la psychothérapie (2001) et les travaux sur «l’informe» (2000); l’absence (L’absence, 1978, Le concept de la violence, 1977, «Chaos. Vide. Au-delà», 1980, Crise et contre-transfert, 1992, «Interprétation», 1995, Le site de l’étranger, 1995).
25Ces trois sujets mêlés touchent à la médecine (le corps), la psychiatrie (la dépression) et la psychanalyse (l’absence, le négatif). Mais ils se rejoignent pour former une seule thématique clinique: la dimension du corps vécu, celle du rapport entre nosologie et psychothérapie analytique qui se réunit dans l’interprétation et dans la représentation subjective.
26Dans la «Présentation» à L’absence, Pierre annonce ceci (p. 8):
27«Que l’absence soit l’expérience d’un manque envahissant qui abandonne chacun à une solitude de sa durée et de son histoire ou qu’elle soit l’espace de la pensée – raisonnements, concepts, images –, elle fait violence jusque dans le silence. Il est vrai que l’absence convient aussi à sa phénoménologie et on ne saurait s’étonner qu’elle se retrouve ainsi au centre de la conscience subjective et de la réflexivité. L’autre est toujours cet événement temporel de soi constitutif – selon Husserl – de l’intersubjectivité transcendantale, elle-même fondatrice de l’objectivité du monde. L’absence est ainsi inscrite dans la signification de l’intentionnalité par laquelle l’autre est un fondement référentiel d’existence du soi.»
28Peu après, il explique comment cette représentation peut venir en aide pour les pathologies «as if» et au faux self. Le concept d’absence émerge en pleine période de réflexion sur les borderlines et la construction des «états limites», version française de la psychanalyse.
29En se référant à Anzieu qui établit le lien entre la dépression et le processus analytique parce que dominés «par la problématique du deuil et de la perte de l’objet», Pierre précise (p. 90/91):
«Il m’importe seulement de souligner que le retour du thème de la dépression dans l’actualité psychanalytique pose, dans des conditions tout à fait nouvelles, le sens d’une contribution phénoménologique à la technique et à la théorie psychanalytique des dépressions. Il est, de ce point de vue, remarquable que dans son propre mouvement d’interrogations sur les cas-limites et sur les limites de l’analysable, la psychanalyse réveille son intérêt pour des concepts depuis longtemps mis en œuvre par la pensée phénoménologique (tels par exemple le Soi, le vide, l’espace subjectif, la temporalité dépressif, etc.) et qui peuvent ainsi dans la phénoménologie trouver leur véritable fondement. La spécification technique psychanalytique des concepts qui viennent ainsi à se découvrir dans une pratique ne saurait méconnaître l’apport extrêmement riche de cette pensée phénoménologique.»
31Le raisonnement se poursuit en montrant ce qui est visé par «l’agir», «le passage à l’acte» et «acting out et in», voire «la mise en actes». Comme «le psychanalyste a la réputation commune de soumettre le corps à la parole et ainsi de privilégier la parole sur l’agir», la cure psychanalytique «place le patient dans une sorte d’isolation sensorielle et de dépendance absolue à l’égard d’une omnipotence de la parole.»
«Autrement dit, la psychanalyse serait une figure de l’immobilité allongée ou assise et non pas de cette upright posture par laquelle Erwin Straus définit la condition existentielle de l’homme. Si exister signifie littéralement un mouvement hors de soi (ek-sistere), la subjectivité du soi est affirmée non comme un repli monadique mais comme une poussée venant du fond et le jet d’un bondissement. C’est du moins l’articulation que souligne Francis Ponge dans le terme de sub-jectivité. La dimension existentielle de la subjectivité est encore marquée par cette anticipation de soi de la présence (praeesse) temporalisée par le projet (Ent-wurf) qui implique l’acte de jeter et de détacher. Il est clair, dans ces conditions, que l’exister se soutient d’une temporalité subjective du corps dont se conçoit la parole elle-même – tout comme la main, articulante parce que articulée – en prise par son dit sur la réalité des choses qui lui est immanente.»
33La démonstration se clôt sur ce qui fait entendre la négativité de l’acte: «...je m’arrêterai, en formant l’hypothèse de cette génitalité de l’acte du dit (de l’acte comme dit et du dit comme acte) dont le pouvoir de fondement se conçoit de cette négativité que donne à entendre la castration.» (p. 95)
34De nombreux autres exemples sur l’objet et «l’ob-jeu» comme mise en circulation du sens face à l’absence témoigne également de la représentation spatiale à travers la métaphore, typiquement phénoménologique où l’interprétation psychanalytique introduit la temporalisation.
35Pour trouver une contrepartie à L’absence de 1978, où ces trois sujets privilégiés (corps, dépression, absence) se conjuguent pour générer les états-limites, le passage à l’acte et l’interprétation, consultons le dernier ouvrage Les bienfaits de la dépression. Dans son «Avant-propos», Pierre rappelle les travaux du phénoménologue Roland Kuhn (qui l’a également formé) sur la «désaccordance vitale dépressive» (vitale depressive Verstimmung) confirmant que la dépression traverse tous les tableaux nosographiques. Cependant «la notion de «dépression vitale», qui rend compte du caractère particulier d’un phénomène unitaire du point de vue ontologique, mais dont les manifestations symptomatiques – tant psychologiques que somatiques – excluraient qu’on puisse faire de la dépression une catégorie procédant de la nosographie psychiatrique.» (p. 9)
36Il souligne «que la dépression représente peut-être une maladie de la vie humaine – la maladie propre à un affect gelant la vie d’un individu». Kuhn désignerait donc plutôt «une unité phénoménale de l’humain dans l’expérience de l’existence (être au monde et être-avec). L’expression de «dépression vitale» connote à la fois une dimension du psychique en ce qu’il a de vital et l’articule à ce qui est dépressif chez un sujet ne disposant plus de sa capacité de résonance. Ce concept ne préjuge pas de composantes névrotiques. A un niveau phénoménologique, l’unité sémiologique de la dépression vitale place la clinique thérapeutique au plus près de la dépression comme affect modifié. Et les expressions somatiques telles que la fatigue, l’oppression psychique corporelle, la restriction intérieure, le ralentissement, le sentiment d’engluement de la pensée et de l’action, enfin l’incapacité de décision s’accompagnant d’une souffrance vitale.»
37Citant une femme qui dit qu’elle se sent défaite dans son «apparence humaine, informe», il considère que cette maladie du vivant humain est aussi caractéristique de la «perte de la communication intersubjective» corrélativement à «un extraordinaire appauvrissement de la subjectivité» (p. 10). La vie psychique serait «devenue vivante inanimée» dans la dépression. Opposant l’état déprimé à la dépression, Pierre décrit comment «la psychothérapie analytique constitue précisément une réanimation de ce vivant psychique inanimé»: «Tout se passe comme si elle venait jouer exactement là où se sont gelées les potentialités dont disposait la vie psychique qui, pour rester en vie, a dû devenir «comme morte», c’est-à-dire inanimée.» (p. 16)
38La notion de crise, déjà traité dans Crise et contre-transfert, se réactualise ici dans la référence au phénoménologue et fondateur de la médecine psychosomatique en Allemagne, V.v.Weizsäcker, au sujet de son échange avec Freud (cf. M. Wolf, 1990) sur «Evénement-processus du corps et névrose» (p. 42, 44): «Weizsäcker chercherait précisément, dans sa médecine psychothérapique, à recueillir ce qu’il appelle le «pathique» des images que le thérapeute doit produire et communiquer au malade – précisément là où la crise est le surgissement d’un sujet sans langage et sans fantasme.»
39Les références phénoménologiques à Binswanger, Tellenbach ou Kuhn prolifèrent au fur et à mesure des chapitres pour arriver à cerner deux phénomènes dans la situation analytique: d’une part, «cette hyperréalité du psychique protégée, en quelque sorte, par la dépressivité du fantasme» (p. 83), et d’autre part, en référence à H. Searles, le contre-transfert comme «expérience de subjectivation dont l’analyste dispose pour se représenter les attitudes intentionnelles variables du patient, ainsi que ses émotions et sentiments, à la fois tournées vers ses protagonistes imaginaires et exprimées auprès de la personne de l’analyste.» (p. 204)
40En bref, autant que «l’absence» a-t-elle servi à interroger la représentation, l’objet et l’interprétation, dans une «pathologie nouvelle et limite», autant «la dépression» aide à cerner la nature de la vie psychique et l’action du psychique confronté à l’existence de l’autre dans une «pathologie moderne». Les deux ouvrages se réfèrent à la phénoménologie, mais le dernier, est, en quelque sorte, plus existentiel.
41La capacité de créer des néologismes en langue allemande (les termes sont souvent composés avec une indication de mouvement et, donc, du sens) demande des réadaptions poétiques pour passer en langue française. Donc, cette double influence (psychanalyse-phénoménologie) a donné cette terminologie typiquement fédidienne: «essentielle dissymétrie», «matériau psychique», «l’informe», «affect glaciaire», «guérison critique», «résonance atonale», «langage du neutre», «souffle indistinct de l’image», «mimétique négative auto-érotique de l’autoconservation», «plasticité psychique affective», «mortification amoureuse», «morts inaperçues», «présomption dépressive», «cannibale mélancolique», «l’ombre du reflet», «processus du déshumain», «castration instauratrice», «mémoire blanche», «illusion symétrique», «désintentionnalisation», «différence de sexes entre les femmes», «l’horreur du primitif», «morphologie du cas», «passé anachronique», «Sosie le merveilleux», «l’œuvre de sépulture», «désimaginer l’œuvre», «verticale de l’étranger», «l’objeu», «faim de non recevoir», «l’agir dépressif», etc.
4 – La psychopathologie et l’institution
42De fait, la phénoménologie émane de la philosophie et dans l’application clinique de celle-ci, elle sert la psychiatrie – du moins le courant qui pratique la psychothérapie. Autrement dit, la phénoménologie clinique constitue un champ de recherche, celui de la psychopathologie. On situe les débuts de la psychopathologie avec la parution du Traité de Psychopathologie de K. Jaspers (1913) ( – donc après la parution de L’interprétation des rêves!)
43Autre influence forte pour comprendre la configuration particulière dans l’histoire de la psychopathologie et de la psychologie clinique, la naissance de la Gestaltpsychologie, psychologie de la forme, vers 1920. Les phénoménologues et les psychologues de la gestalt, s’inscrivant dans la psychologie clinique, ont assez rapidement perçu un ennemi commun: la psychologie expérimentale. Tandis que la psychanalyse poursuivait sa propre voie, les deux autres courants, plus dépendant de l’appartenance à la psychologie, se sont rapidement sentis menacés dans leurs territoires par l’apparition de la dictature d’une certaine conception d’expérience dite scientifique: la psychologie comportementale. Ainsi dans les années trente commencera un mouvement significatif sur un quart de siècle (l’émigration des chercheurs sous l’influence des guerres a brouillé le mouvement scientifique) où la phénoménologie entrera dans les Naturwissenschaften – ce qui constituera un modèle pour concevoir le Centre d’Etude du vivant que Pierre a crée à l’Université Paris 7 – Denis Diderot en 1993. Dans cette période des années trente, sur le plan européen, les scientifiques qui se sont démarqués sont ceux qui travaillaient avec un modèle du vivant. La phénoménologie était entrée en biologie, mathématique, médecine, etc. D’où une reprise par des philosophes français comme Foucault ou Merleau-Ponty de ces auteurs (Goldstein, Weizsäcker, Straus) par l’intérêt pour l’histoire des sciences. Par exemple, Foucault a traduit l’ouvrage de Weizsäcker, Le cycle de la structure. Ce dernier présente l’intérêt, tout comme l’ouvrage de Goldstein, La structure de l’organisme, de traiter des conditions d’expériences qui s’effectuent sur le vivant et l’interdépendance entre l’observateur et son objet de recherche en médecine et en biologie.
«Depuis sa création (mars 1993), le Centre d’Etudes du Vivant – qui est un centre de coordination des recherches «Sciences de la Vie et de la Santé – Sciences de l’Homme de la Société» – a organisé plusieurs séminaires spécialisés dont l’un deux (qui se poursuit en 1994) porte sur GENOME ET SOCIETE.»
45Le Centre d’Etudes du Vivant a organisé des séminaires réguliers, des journées scientifiques, des enseignements et des recherches et les Forums Diderot (par exemple: «L’embryon humain est-il humain?», «La fin de la vie: qui en décide?», «La pensée est-elle un produit de la sélection naturelle?», etc). Il s’agit d’une structure inter-universtaire à laquelle ont collaboré des personnalités scientifiques reconnues sur le plan international. Il s’agissait, en quelque sorte, d’élargir et de diversifier les questions d’actualités du Laboratoire crée pour la formation doctorale de l’UFR – ce que Pierre développera plus largement encore avec la co-création de l’Institut de la Pensée Contemporaine à l’Université Paris 7.
46Le «Laboratoire de Psychopathologie fondamentale» a été officiellement crée en novembre 1990 au sein de l’Université Paris 7:
47«La dénomination du Laboratoire répond à la vocation qu’il s’est donné d’accueillir, de stimuler et d’entraîner des recherches – de nature expérimentale ou clinique – dans l’intérêt d’une restructuration du champ de la psychopathologie et de la redéfinition des paradigmes, modèles et objets conceptuels sollicités par l’étude des processus psychiques et psychobiologiques ainsi que de leurs dysfonctionnement.»
48Les enseignements de la formation doctorale se réfèrent à la psychanalyse qui est le point de départ pour réfléchir l’extension à la psychopathologie. Les enseignements transmettaient la dimension psychopathologique inhérente aux textes psychanalytiques de référence. La formation doctorale a commencé par être connue par sa «Psychopathologie psychanalytique». Dans la maquette du D.E.A. et Formation doctorale en Psychopathologie fondamentale, Pierre écrit dans la présentation générale: «Portée par une ancienne et prestigieuse tradition – tout à la fois philosophique et médicale – la psychopathologie est aujourd’hui devenue une spécialité clinique et théorique à vocation inter-scientifique et dont les champs diversifiés de recherche ne se limitent plus au seul domaine de la psychiatrie, par ailleurs en profond renouvellement. Sous l’incontestable influence de psychanalyse, la clinique psychopathologique étend, en effet son activité à des terrains aussi variés que ceux des maladies organiques, de l’immunité, des phénomènes d’addiction et de pharmacodépendance, des crises liées aux processus de croissance, de maturation et de vieillissement, de la procréation, de la filiation et de la transmission psychique de la vie.»
49Ces différentes créations universitaires sont donc fidèles à l’histoire de la pensée, selon laquelle la psychopathologie est en mesure de fédérer différentes disciplines sur l’intelligibilité d’un projet de recherche et sur un but commun relevant notamment de la psychopathologie. Il est évident que depuis les avancées scientifiques en médecine et dans les biotechnologies, une recherche en psychopathologie ne peut se limiter à une seule discipline. Quand la recherche aborde la souffrance psychique, elle est vite amenée à déborder sur la médecine prédictive, la génétique, la neurologie, la sociologie, etc. Le recours à la phénoménologie s’est traduit dans des projets réalisés d’ordre administratif, institutionnel et éditorial autour de la psychopathologie. Cette référence à la psychopathologie a toujours été présente chez Pierre dès ses premiers enseignements universitaires par sa formation phénoménologique. Une première série d’ouvrage «collection de Psychopathologie» a vu le jour en 1989 chez l’éditeur Ramsay et s’est poursuivi aux Presses Universitaires de France. L’organisation du colloque «Phénoménologie, Psychiatrie, Psychanalyse» (1985, paru en 1986, réédité en 2004), la décade «Psychiatrie et l’existence» (avec J. Schotte en 1989) ont représenté une autre étape pour consolider les participants à la psychopathologie. Il faudra également noter dans ce sens la création de la Revue Internationale de Psychopathologie, puis les Monographies de Psychopathologies (les deux avec D. Widlöcher à partir de 1989).
50L’interactivité entre les champs a donné déjà lieu a une création de diplôme en 1985, le DRAPS (Diplôme des Recherches Approfondies en Psychopathologie et Sémiologie), organisé dans le service de psychiatrie adulte de D. Widlöcher à la Salpêtrière, en collaboration avec ses amis et collègues J. Kristeva et D. Widlöcher. En 1997, par un souci d’élargissement national et international de l’activité clinique et de la recherche universitaire, nous avons crée l’Association Européenne de la Recherche pour la Psychopathologie et la Psychanalyse (P. Fédida, R. Gori, A. Sirota, M. Wolf-Fédida). Après un premier colloque, la tentative a reçu un accueil assez controversé et la dimension réunifiant de la psychopathologie n’a pas fait l’unanimité parmi nos collègues. Notre deuxième essai en 1999 avec la création du Séminaire Inter-Universitaire Européen de Recherche en Psychanalyse et Psychopathologie a eu le succès qu’on connaît et s’est rapidement élargi. Donc, la référence à la psychopathologie a toujours été un moteur d’organisation dans ce vaste champ de l’enseignement et de la recherche.
BIBLIOGRAPHIE
- Pour la bibliographie complète et la biographie de Pierre Fédida:
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Mots-clés éditeurs : dépression, phénoménologie clinique, analyse existentielle, corps, absence, psychopathologie psychanalytique
Notes
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Je remercie Wolfgang Binswanger (Kreuzlingen), Roland Kuhn (Münsterlingen), Jacques Schotte (Louvain), Claude van Reeth (Bruxelles) et Jean Guyotat (Lyon) pour toutes les informations complémentaires qu’ils ont pu me fournir au cours des dernières vingt années.