Tino Sehgal – ancien interprète de Jérôme Bel et Xavier Le Roy – est devenu célèbre en s’appuyant sur le corps humain comme matériau pour la mise en place de ses situations construites au sein du musée. Stéphanie Herfeld, expérimentée dans les croisements entre les arts plastiques et l’écriture chorégraphique, témoigne à propos de sa récente visite à l’exposition Carte blanche à Tino Sehgal, lors de laquelle l’artiste a rempli les 13 000 mètres carrés du Palais de Tokyo avec de nombreux corps humains en mouvement.
Avant de faire l’expérience de la Carte blanche à Tino Sehgal au Palais de Tokyo, je savais qu’il faisait usage de la danse dans ses situations et je voulais en saisir le rôle et la portée. Je voulais aussi comprendre pourquoi un danseur en était arrivé à choisir le musée et le contexte de l’art contemporain pour développer son travail.
Passé le rideau de perles de l’entrée et après avoir répondu à l’Énigme, on m’indique de poursuivre mon chemin vers le sous-sol. Je descends et je croise These Associations (2012). Un groupe dispersé entre les poteaux du premier sous-sol investit l’espace par une marche collective lente. Je me joins à eux, ralentis mon pas et j’observe. Certaines personnes semblent être des danseurs, ils savent où mettre leur regard. Ils sont dans le mouvement. D’autres, moins à l’aise, suivent les mouvements des autres. Je ressens une sorte de disponibilité de la part des participants. Je voudrais leur parler, mais je ne m’éternise pas. Je sors de la salle…