Couverture de REDP_262

Article de revue

Inégalités d’accès à l’emploi selon l’origine immigrée et réseaux de relations : que nous enseignent les recherches récentes ?

Pages 213 à 256

Notes

  • [1]
    INED (Institut National d’Études Démographiques), 133 Boulevard Davout - 75980 Paris Cedex 20, France, au moment de la rédaction et de la soumission de cet article ; DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), 39-43 quai André-Citroën - 75902 Paris cedex 15, au moment de la publication. Email : emmanuelvalat@hotmail.com. Je remercie les rapporteurs de la Revue d’économie politique pour leurs observations ainsi que François Fontaine et Yannick L’Horty pour leurs nombreuses remarques sur une version antérieure et partiellement différente de cet article mais qui a permis sa rédaction. Je remercie également Dominique Meurs, Radu Vranceanu et Yves Zenou pour leurs commentaires sur la version antérieure.
  • [2]
    Dans notre travail, nous nous efforçons de distinguer les immigrés et leurs descendants directs. Néanmoins, pour les études portant sur les pays anglo-saxons, cela n’est pas toujours possible. Les critères ethniques y sont souvent privilégiés, ce qui engendre dans certaines études une non-distinction des immigrés et des descendants. Par exemple Battu et al. [2011] se basent dans une étude sur données britanniques sur des catégories ethniques mêlant à la fois natifs et immigrés : « White », « Black », « Indian » et « Pakistani/ Bangladeshi ». Dans ce travail, le lieu de naissance est alors ajouté comme une variable distincte mais ce n’est pas toujours le cas.
  • [3]
    Cf. par exemple Lefranc [2010] et Meurs et al. [2006] pour la France, Berthoud [2000] pour la Grande-Bretagne, Tomaskovic-Devey et K. Stainback [2007] pour les États-Unis ou encore Darity et Nembhard [2000] pour des comparaisons internationales.
  • [4]
    Les données de l’enquête TeO (2008) ne nous renseignent pas sur l’origine de la personne qui a permis d’obtenir l’emploi.
  • [5]
    A propos des réseaux des « Latinos », Munshi [2003], même s’il ne compare pas avec l’efficacité des réseaux d’autres groupes, souligne l’importance des réseaux des immigrés mexicains aux États-Unis dans leur accès à l’emploi.
  • [6]
    Il est important de souligner que nous ne prenons pas en compte les domiens et leurs descendants dans les Figure 3 et Figure 4 dans la mesure où un grand nombre d’entre eux ne renseignent pas la date de leur venue en métropole.
  • [7]
    Voir aussi les résultats d’Addison et Portugal [2002], qui suivent les parcours des chômeurs sur le marché du travail portugais. Ils montrent que les jeunes semblent plus régulièrement sortir du chômage grâce à leurs contacts que les plus âgés.
  • [8]
    Notons tout de même que dans cette étude, non seulement l’auteur ne met pas directement en cause les réseaux de relations, mais il se concentre sur l’impact de ce moindre investissement dans les procédures de recrutement sur les salaires.
  • [9]
    Les iris correspondent à un découpage du territoire en petites zones (infracommunales), respectant des critères géographiques et démographiques. Ainsi les communes peuvent être divisées en plusieurs iris.
  • [10]
    Cf. Phelps [1972] à propos de la notion de discrimination statistique.
  • [11]
    Cf. Docquier et Rapoport [1998].
  • [12]
    Cf. Currarini et al. [2009].
  • [13]
    En effet, les performances des membres d’un groupe d’immigrés sur le marché du travail peuvent par exemple être corrélées à la taille de ce groupe dans la zone.
  • [14]
    Notons par exemple qu’un certain nombre de recherches s’intéressent aux choix identitaires selon la situation des individus sur le marché du travail (cf. Battu et Zenou [2010]).
  • [15]
    Plus précisément, la distribution du nombre de personnes habitant dans des ZUS (Zone Urbaine Sensible) est fortement biaisée selon l’origine des descendants et semble influencer l’accès à l’emploi des différents groupes.
  • [16]
    Ils distinguent les groupes suivants sans tenir compte de leur lieu de naissance (la variable « lieu de naissance » est introduite indépendamment par la suite) : « Black African », « Black Caribbean », « Indian », « Pakistani », « Bangladeshi » et Chinese ».
  • [17]
    Ils profitent de la dimension longitudinale de leurs données pour introduire comme instrument de la concentration d’individus de la même origine en emploi dans la zone, la variable « retardée » dans le temps.
  • [18]
    Origine immigrée pour l’Estonie et origine ethnique pour les États-Unis.
  • [19]
    Ou ethnique dans les travaux anglo-saxons.
  • [20]
    Pour plus de précisions sur la réalisation de l’enquête TeO (2008), voir le document de travail de l’Ined [2010] sur l’enquête TeO.

1. Introduction

1 Un grand nombre de contributions en sciences sociales porte sur les inégalités d’accès au marché du travail selon l’origine immigrée [2] des travailleurs. Ces disparités liées à l’origine sont parfois importantes et souvent persistantes au cours du temps [3]. Les recherches qui tentent de les expliquer prennent généralement en compte les caractéristiques sociodémographiques des individus de chaque groupe, les discriminations à l’embauche auxquelles certains sont parfois confrontés ou encore des éléments liés aux contextes dans lesquels vivent les travailleurs. Toutefois, les inégalités d’accès à l’emploi et leur persistance restent la plupart du temps partiellement inexpliquées. La prise en compte du rôle des réseaux de relations ouvre des perspectives d’analyse intéressantes (Arrow [1998]).

2 Au cours de la dernière décennie, le nombre de recherches s’intéressant au rôle des réseaux de relations dans l’accès à l’emploi des immigrés et des minorités ethniques a fortement augmenté. Ces travaux, à la fois théoriques et empiriques, s’inscrivent globalement dans le renouveau de la recherche en sciences sociales étudiant l’impact des réseaux de relations sur le fonctionnement des marchés (cf. l’ouvrage de Jackson [2009]), le marché du travail étant depuis l’article précurseur de Granovetter [1973] un terrain d’analyse privilégié (cf. les revues de littérature de Fontaine [2006] et de Ioannide et Loury [2004]). Que nous apprennent ces recherches récentes sur le rôle des réseaux de relations dans l’accès à l’emploi des immigrés et des minorités ethniques ?

3 Il est communément admis que certains groupes de travailleurs d’origine étrangère connaissent peu de problèmes d’emploi parce qu’ils bénéficient de réseaux efficaces. A l’inverse, le manque de réseaux de relations efficaces est fréquemment évoqué pour les groupes dont les membres rencontrent souvent des difficultés d’emploi. Mais qu’en est-il réellement ? Plusieurs travaux récents nous donnent des éléments de réponse intéressants. Ils montrent que les réseaux de relations sont effectivement susceptibles de jouer un rôle important dans la formation des inégalités selon l’origine immigrée sur le marché du travail. Il n’existe à notre connaissance aucune revue de littérature sur le sujet. Cet article vise à combler ce manque. Étant donné la complexité des mécanismes en jeu, il paraît en effet judicieux de comparer les résultats des recherches récentes entre eux. Cela permet de faire émerger quelques perspectives claires pour les recherches futures. Nos propos sont dans cet article essentiellement centrés sur la question de l’accès à l’emploi par le biais des contacts (amis/connaissances et famille). Les contacts sont susceptibles de fournir des informations sur les emplois disponibles et parfois davantage d’aide (recommandation, etc.). Nous discutons plus en détail la définition des réseaux de relations dans la section suivante.

4 Dans la section suivante, nous commençons par discuter de l’existence de différences d’efficacité de réseaux selon l’origine des travailleurs. Nous illustrons nos commentaires de statistiques descriptives issues de l’enquête française Trajectoires et Origines (TeO) de l’Ined-Insee effectuée en 2008. Nous nous appuyons sur cette base de données pour deux raisons principales. Tout d’abord, le cas français est particulièrement intéressant dans la mesure où la part d’immigrés et de descendants d’au moins un parent immigré dans la population est relativement importante (la part des immigrés et de leurs descendants directs est estimée à un peu plus de 20 % de la population soit plus de 10 millions d’individus, cf. l’ouvrage de l’Insee [2012]). Par ailleurs, TeO (2008) est à notre connaissance la seule base de données française fournissant des informations en même temps sur la méthode d’accès à l’emploi des actifs salariés, sur le fait d’être immigré ou descendant direct d’immigré avec autant de détails (les immigrés et leurs descendants directs y sont surreprésentés de façon à ce que l’on ait des tailles d’échantillons relativement larges pour un grand nombre d’origines, ce qui n’est par exemple pas le cas de l’enquête Emploi de l’Insee) et sur la sociabilité des individus. Nous disposons en effet d’informations sur la proportion de liens avec des personnes de la même origine pour chaque individu ce qui, comme nous le verrons, est particulièrement intéressant. Nous présentons l’enquête TeO et les principaux groupes que nous distinguons plus en détail en annexe (Tableau 2).

5 Nous montrons ensuite, dans la troisième section, que la prise en compte des principaux critères sociodémographiques et contextuels permet d’expliquer une partie des disparités observées quant à l’accès à l’emploi par le biais des contacts. En plus de la littérature existante, nous nous appuyons également dans cette section sur les données de l’enquête TeO.

6 Dans la quatrième section nous mettons en avant le rôle des intermédiaires relayant les offres et celui des employeurs. Le comportement de ces deux acteurs influence l’accès des demandeurs d’emploi aux informations circulant par bouche-à-oreille. Les intermédiaires relayant les offres comme les employeurs sont susceptibles d’être plus ou moins actifs quant au fonctionnement des réseaux de relations selon l’origine des individus.

7 Enfin, dans la cinquième section, nous évoquons l’impact de la ségrégation sociale selon l’origine. Ce phénomène important, dépassant largement le cadre du marché du travail, a des conséquences multiples et complexes sur l’accès à l’emploi des immigrés et des minorités ethniques. Un grand nombre de travaux, principalement empiriques, étudie l’impact ségrégation selon l’origine sur l’accès à l’emploi des individus de chaque groupe. Ils montrent globalement qu’il existe un lien étroit entre la ségrégation et le fonctionnement des réseaux de relations.

8 Dans la dernière section, nous discutons des orientations futures que pourraient prendre les recherches en sciences sociales s’intéressant au rôle des réseaux de relations dans l’accès à l’emploi des travailleurs immigrés et de leurs descendants. L’utilisation des réseaux de relations par les acteurs du marché du travail implique des mécanismes divers et parfois complexes qui sont difficiles à appréhender. Ils sont pourtant a priori à l’origine d’une part non négligeable des inégalités liées à l’origine immigrée sur le marché du travail. Les résultats des recherches récentes permettent de percevoir certains des mécanismes à l’œuvre de plus en plus clairement et de proposer quelques perspectives pour les recherches futures.

2. Des différences d’efficacité des réseaux selon l’origine ?

9 Plusieurs recherches montrent qu’il existe des différences d’accès à l’emploi par le biais des contacts selon l’origine immigrée des travailleurs. Nous en évoquons plusieurs tout en exposant quelques statistiques issues de l’enquête TeO. Nous discutons également du fait que ces inégalités puissent correspondre à des différences d’efficacité des réseaux selon l’origine.

Quelle définition des réseaux de relations ?

10 La plupart du temps, les enquêtes s’intéressant à l’accès au marché du travail posent la question suivante : « comment avez-vous obtenu cet emploi ? ». C’est le cas pour l’enquête TeO (2008) que nous exploitons dans cet article. Certains travailleurs répondent « par une relation personnelle » ou « par la famille » alors que d’autres évoquent les annonces, les concours, les agences d’intérim, etc. Nous appréhendons l’accès au marché du travail via les relations à travers cette question et considérons qu’il s’agit de réseaux de relations dès lors que les individus répondent « par la famille » ou « par une relation personnelle » (quelle que soit l’origine de la relation [4]). Quelques précisions doivent tout de même être apportées à propos de cette définition des réseaux de relations que nous retenons.

11 Tout d’abord, il est important de préciser que la question que nous considérons ne nous indique pas la teneur exacte de l’aide fournie par le contact. Le fait de déclarer avoir trouvé son emploi par le biais d’une relation (ami ou famille) reflète potentiellement un grand nombre de réalités différentes : un travailleur peut être recommandé (il a sans doute plus de chance d’être embauché lorsque c’est le cas) ou peut tout simplement avoir reçu une information (plus ou moins détaillée) de la part d’une connaissance sans que l’employeur soit au courant ou encore être signalé à l’employeur par un salarié comme l’une de ses connaissances sans plus de détails.

12 Par ailleurs, cette définition relativement large des réseaux de relations ne nous permet pas de nous situer exactement dans la littérature sur les réseaux. En effet, les réseaux de relations sont généralement perçus comme étant susceptibles d’influencer le fonctionnement du marché du travail à travers deux canaux de transmission essentiels : les « effets de pairs » et la « circulation des informations par bouche-à-oreille ». Or la réponse à la question « comment avez-vous obtenu cet emploi ? » renvoyant à différents types de réalités, il est probable que pour certains individus il ne s’agisse que de « circulation d’informations » (simple acquisition d’information sur les emplois disponibles par un contact) alors que pour d’autres on se situerait également, en partie, du côté des « effets de pairs » (recommandation, entraide, mimétisme, etc.). Notre travail est donc centré sur la question de l’accès à l’emploi par le biais des contacts avec une définition assez large du phénomène, incorporant différents types de réalités. Certains travaux que nous citons sont toutefois plus précis sur la notion de réseaux, notamment sur le type de l’aide reçue par les contacts. Nous évoquons ces précisions lorsque cela est possible.

La part des emplois obtenus par le biais de relations sociales varie fortement selon l’origine des individus

13 Les statistiques descriptives de la Figure 1 présentant les proportions de travailleurs ayant trouvé leur emploi grâce à une relation confirment qu’il existe des différences liées à l’origine : la proportion de travailleurs ayant trouvé leur emploi grâce à un contact varie de 22 % pour les descendants d’Asie à 53 % pour les immigrés portugais et turcs. A quelques exceptions près, nous observons que les immigrés ont plus de chance que les membres du groupe majoritaire et que les descendants d’immigrés d’avoir trouvé leur emploi grâce à un contact en France. Il existe toutefois des différences importantes au sein de la population immigrée. L’accès à l’emploi par le biais d’un contact est particulièrement fort pour les immigrés turcs et portugais et bien moins important pour les immigrés ayant une origine africaine. Domingues Dos Santos [2005] avait déjà mis en évidence, à partir des données de l’enquête Mobilité Géographique et Insertion Sociale (MGIS [1992]) de l’Ined-Insee, la plus forte probabilité des immigrés portugais d’accéder à l’emploi par le biais d’un contact par rapport aux immigrés maghrébins.

14 Dans une étude comparant les immigrés et les natifs en Grande-Bretagne, Frijters et al. [2005] observent à partir de statistiques descriptives que les immigrés d’Asie du Sud-Est ont, plus souvent que les autres, trouvé leur emploi grâce à un contact. Toujours pour la Grande-Bretagne mais en focalisant davantage sur l’origine ethnique que le fait d’être immigré, Battu et al. [2011] déduisent par contre, après contrôle de plusieurs caractéristiques individuelles, qu’il y a peu de différences de probabilité d’avoir accédé à l’emploi par l’intermédiaire d’un contact entre les groupes. Ils observent toutefois que les individus d’origine pakistanaise ou bangladeshie ont une probabilité moins importante que les autres d’avoir trouvé leur emploi par un contact.

Figure 1
figure im1

15 Mais aucune étude sur données britanniques ou sur données françaises ne permet à notre connaissance de juger de l’efficacité des réseaux de chaque groupe puisqu’on ne connaît pas, dans ces travaux, les efforts fournis par les salariés pour chaque méthode ni la durée avant l’accès à l’emploi. Bien que l’enquête TeO (2008) fournisse un grand nombre de détails sur la vie professionnelle des individus, aucun élément n’est fourni sur ces deux points. Les données de l’enquête TeO (2008) permettent toutefois de prendre en compte le type d’insertion sur le marché du travail.

La probabilité d’obtenir un emploi par le biais d’une relation sociale et l’efficacité des réseaux de relations vont parfois de pair, d’après certains travaux américains

16 Certaines études sur données américaines permettent d’en savoir plus sur l’efficacité des réseaux de certaines minorités. Toutefois, il est important de préciser qu’à quelques exceptions près, les travaux basés sur des données américaines considèrent l’origine ethnique des travailleurs et non uniquement à l’origine étrangère ou immigrée. La catégorie « Latinos » fait ainsi souvent à la fois référence aux immigrés du Mexique ou d’autres pays d’Amérique latine mais également à leurs descendants de seconde génération et plus. Il en va de même pour la catégorie « Black » qui regroupe aussi bien des afro-américains que des immigrés considérés comme « Black » (Haïti, Afrique subsaharienne, etc.). Les catégories « White » et « Asian » sont également susceptibles de regroupé des natifs et des immigrés. Quelques rares travaux isolent clairement les immigrés.

17 Plusieurs travaux considérant l’origine ethnique ont ainsi montré qu’aux États-Unis, les « Latinos » disposent de réseaux plus efficaces que la moyenne alors que c’est souvent l’inverse pour les membres de la minorité « Black ». Holzer [1987], qui dispose de données un peu plus riches que celles évoquées précédemment (il connaît non seulement les efforts de recherche fournis par les candidats mais aussi le nombre d’offres obtenues par chaque méthode), montre que les réseaux des jeunes « Blacks » sont moins efficaces que ceux des jeunes « Whites ». Green et al. [1999] montrent aussi que les réseaux des « Latinos » sont plus efficaces que ceux des « Blacks » puisqu’ils génèrent, toutes choses égales par ailleurs, plus d’offres d’emploi [5]. Ils sont même légèrement plus efficaces que ceux des « Whites ». Bortnick et Ports [1992] observent quant à eux à partir de simples statistiques descriptives, mais sur un échantillon large, que les « Blacks » ayant utilisé leurs contacts pour trouver un emploi seront moins souvent en emploi le mois suivant que leurs compatriotes « Whites ». Enfin, l’étude de Rosenbaum et al. [1999] montre que les jeunes diplômés « Black » ont en général des réseaux moins efficaces que les autres mais il ne semble pas y avoir de différences significatives entre les jeunes diplômés « Whites » et les « Latinos ».

En France, la probabilité d’occuper un emploi sans limite de durée est un peu plus importante pour ceux ayant trouvé leur emploi grâce à leurs relations quelle que soit l’origine des travailleurs

18 Si les données de l’enquête TeO (2008) ne nous permettent pas de juger de l’efficacité des réseaux de relations en termes de durée avant l’accès à l’emploi ou d’effort fourni dans la recherche d’emploi, la prise en compte du type de contrat de l’emploi occupé à la date de l’enquête nous permet d’avoir quelques informations sur le mode d’insertion associé à l’utilisation des réseaux de relations par rapport aux autres méthodes.

19 La Figure 2 indique tout d’abord que, quelle que soit l’origine des travailleurs, ils occupent à la date de l’enquête plus souvent des emplois avec un contrat sans limite de durée. Ceci est vérifié autant pour ceux ayant utilisé leurs contacts que ceux ayant obtenu leur emploi grâce à une autre méthode. Mais surtout, nous remarquons que, excepté pour les descendants d’immigrés turcs et de l’UE-27, l’utilisation des réseaux de relations est un peu plus souvent que les autres méthodes associée au fait d’occuper un emploi stable. Les relations sociales semblent même particulièrement efficaces pour les membres de certains groupes : les immigrés des groupes Maroc/Tunisie et Afrique subsaharienne, les natifs des DOM et les descendants d’Asie, d’Espagne/Italie, du Portugal et du groupe Autres qui ont utilisés leurs réseaux occupent beaucoup plus souvent un emploi sans limite de durée que ceux ayant utilisé une autre méthode.

Figure 2
figure im2

3. Dans quelle mesure les caractéristiques sociodémographiques des travailleurs et certains facteurs contextuels sont-ils responsables des disparités selon l’origine ?

20 Plusieurs caractéristiques sociodémographiques et contextuelles sont corrélées avec l’utilisation et l’efficacité des réseaux de relations (cf. les revues de littérature de Fontaine [2006] et de Ioannide et Loury [2004]). Nous proposons ici de discuter de l’effet de ces éléments à travers les résultats de la littérature existante mais également en nous appuyant sur certaines informations issues de l’enquête TeO (2008).

L’ancienneté de la migration et la taille de certains groupes sont susceptibles d’affecter l’efficacité des réseaux de ses membres

21 Si l’on se concentre uniquement sur les travailleurs ayant une origine étrangère, il est probable que les membres des groupes arrivés plus anciennement sur le territoire et en nombre important aient eu davantage de temps pour s’intégrer sur le marché du travail et constituer des réseaux d’entraides efficaces. A ceci s’ajoute le fait que ceux arrivés avant les années 80 ont pu profiter d’une conjoncture économique plus favorable favorisant également leur intégration sur le marché du travail.

Figure 3
figure im3

22 La Figure 3, indique que les immigrés originaires du sud de l’Europe (Portugais et Italiens/Espagnols) sont plus que les autres [6] susceptibles d’avoir bénéficié d’une présence ancienne leur ayant à la fois donner plus de temps pour s’implanter et permis de profiter de la conjoncture économique favorable d’avant 1980. La Figure 4 révèle que les parents des descendants de ces origines sont également arrivés plus anciennement que les autres et en grand nombre. D’autres facteurs explicatifs doivent cependant être pris en compte pour expliquer la probabilité particulièrement élevée de trouver un emploi grâce à une relation pour les immigrés et descendants d’origine turque dont l’arrivée n’est pas aussi ancienne et la présence pas aussi importante. L’ancienneté des travailleurs originaires du Maghreb et de l’UE-27 est quant à elle en moyenne un peu moins importante que celle des Européens du sud. Ceci constitue donc une piste d’explication potentielle de la moindre efficacité de leurs réseaux par rapport aux Européens du sud.

Figure 4
figure im4

Les immigrés arrivés plus récemment ont davantage obtenu leur emploi grâce à leurs contacts que ceux arrivés plus anciennement et que les descendants de la même origine

23 Si l’ancienneté de la présence de certains groupes joue sans doute favorablement sur l’efficacité des réseaux de certains, les immigrés arrivés récemment semblent davantage les utiliser que ceux arrivés jeunes mais également que les descendants, quelle que soit leur origine (Figure 5).

24 Plusieurs explications sont possibles. Tout d’abord, les immigrés arrivés tardivement ont potentiellement plus de difficultés que les autres à utiliser les méthodes d’accès à l’emploi dites « formelles ». Ces difficultés peuvent aussi bien être liées à des problèmes de langue que des questions d’adaptation au marché du travail du pays d’accueil. Il est ainsi probablement moins coûteux pour ces personnes de recourir à des connaissances que de chercher un emploi en postulant à une annonce, en recourant à une agence d’emploi, etc. Ces individus ayant en partie été sociabilisés ailleurs qu’en France, il est également probable qu’il leur soit plus simple de travailler avec des personnes de la même origine. Le recours aux réseaux de relations serait alors un moyen d’accéder à des emplois dont les collègues sont de la même origine.

Figure 5
figure im5

Évaluations empiriques effectuées à partir de l’enquête TeO (modèles 1 à 8)

25 A partir des données de l’enquête TeO (2008) nous proposons ici une évaluation de type probit des déterminants de probabilités d’accéder à l’emploi par le biais d’un contact selon l’origine. Les résultats apparaissent dans le Tableau 1.

26 Comme pour la Figure 1, l’échantillon ne comprend pas les chefs d’entreprise, les pdg et les associés ainsi que les employés du secteur public ayant réussi un concours. Toutefois, l’échantillon est légèrement restreint par rapport à celui du graphique 1 dans la mesure où quelques données sont manquantes pour certaines variables utilisées dans les modèles 1 à 8. Nous avons fait le choix de garder un échantillon constant dans tous les modèles du Tableau 1 plutôt que de voir diminuer le nombre d’observations au fur et à mesure de l’inclusion de nouvelles variables.

27 Nous faisons tout d’abord apparaître l’effet de la durée de vie passée en France (modèle 2) puis de trois variables sociodémographiques (le genre, l’âge et le niveau d’éducation) sur la probabilité d’avoir obtenu son emploi par le biais d’un contact (cf. les modèles 3 à 5). C’est ensuite l’effet du niveau de langue française qui nous préoccupe (modèle 6). Enfin, les modèles 7 et 8 prennent en compte des variables contextuelles. Nous considérons tout d’abord le fait d’habiter dans une zone plus ou moins dense en population (modèle 7). Nous considérons également le fait de vivre ou non dans l’une des zones les plus densément fournies en HLM (modèle 8). Les statistiques descriptives associées à chaque variable apparaissent dans le Tableau 4 en annexe.

Tableau 1

Probabilité d’avoir obtenu son emploi grâce à une relation ( effets marginaux )

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Modèle 4 Modèle 5 Modèle 6 Modèle 7 Modèle 8
Origine
Majorité Réf. Réf. Réf. Réf. Réf. Réf. Réf. Réf.
DOM – 0,03 – 0,02 – 0,02 – 0,03 – 0,05** – 0,05* – 0,07*** – 0,06***
Im. Alg – 0,03 – 0,11*** – 0,11*** – 0,12*** – 0,14*** – 0,13*** – 0,14*** – 0,13***
Im. Mar/Tun – 2,3e-03 – 0,09*** – 0,09*** – 0,10*** – 0,11*** – 0,11*** – 0,12*** – 0,11***
Im. Afr – 0,03 – 0,14*** – 0,13*** – 0,14*** – 0,15*** – 0,13*** – 0,15*** – 0,15***
Im. Asie 0,09*** 0,03 0,02 0,01 0,01 – 0,01 – 0,03 – 0,03
Im. Turq 0,22*** 0,13*** 0,13*** 0,13*** 0,09*** 0,06** 0,06** 0,07**
Im. Port 0,22*** 0,16*** 0,16*** 0,15*** 0,10*** 0,07*** 0,06*** 0,06**
Im. It/Esp 0,10*** 0,06** 0,06** 0,04 0,02 0,02 0,01 0,01
Im. EU-27 0,05** – 0,06* – 0,05* – 0,06** – 0,03 – 0,03 – 0,03 – 0,03
Im. autres 0,09*** – 0,01 – 0,01 – 0,02 – 0,01 – 0,02 – 0,04 – 0,04
D. DOM – 0,03 – 0,03 – 0,03 – 0,02 – 0,02 – 0,02 – 0,04 – 0,04
D. Alg – 0,01 – 0,01 – 0,00 0,01 – 0,02 – 0,02 – 0,02 – 0,02
D. Mar/Tun – 0,02 – 0,02 – 0,02 – 0,01 – 0,01 – 0,01 – 0,03 – 0,02
D. Afr – 0,03 – 0,03 – 0,03 – 0,02 – 0,02 – 0,02 – 0,04 – 0,04
D. Asie – 0,03 – 0,03 – 0,03 – 0,02 – 0,00 – 0,00 – 0,01 – 0,01
D. Turq 0,08** 0,09** 0,08** 0,09** 0,07** 0,07* 0,07** 0,08**
D. Port 0,02 0,02 0,02 0,03 0,02 0,02 0,01 0,01
D. It/Esp 0,01 0,01 0,01 0,02 0,01 0,01 0,01 0,01
D. EU-27 – 0,03 – 0,02 – 0,02 – 0,02 – 0,01 – 0,01 – 0,01 – 0,02
D. autres 0,04 0,04 0,04 0,05* 0,06** 0,06** 0,04 0,04
Part des années en
France
– 0,18*** – 0,18*** – 0,19*** – 0,19*** – 0,12*** – 0,12*** – 0,12***
Femme – 0,04*** – 0,04*** – 0,03*** – 0,03*** – 0,03*** – 0,03***
Âge – 0,01*** – 0,01* – 4,4e-03 – 4,1e-03 – 4,4e-03
Âge au carré e-04***
1,5
e-05**
7,6
6,5e-05* 6,0e-05 6,3e-05*
Diplôme
Aucun, Cep, Bepc Réf. Réf. Réf. Réf.
Bep, Cap – 0,04*** – 0,03*** – 0,03*** – 0,03***
Bac pro. – 0,07*** – 0,06*** – 0,06*** – 0,06***
Bac gén. – 0,09*** – 0,08*** – 0,08*** – 0,08***
Bac + 2 – 0,13*** – 0,12*** – 0,12*** – 0,12***
Bac + 3/4 – 0,12*** – 0,11*** – 0,12*** – 0,12***
Bac + 5 – 0,21*** – 0,19*** – 0,20*** – 0,20***
TB niv. de français – 0,10*** – 0,10*** – 0,10***
Densité au km2
(UU)
UU rurale 0,04** 0,03*
UU rurale < Densité ≤ 500 Réf. Réf.
500 < Densité ≤ 1 000 0,01 0,02
1 000 < Densité ≤ 5 000 0,02* 0,02**
5 000 < Densité ≤ 10 000 0,09*** 0,09***
Densité > 10 000 0,12*** 0,13***
Tx de HLM élevé (iris) – 0,03**
Observations 11 689 11 689 11 689 11 689 11 689 11 689 11 689 11 689
Pseudo R 2 0,02 0,02 0,02 0,03 0,04 0,04 0,05 0,05
Log likelihood – 7 012,99 – 6 990,49 – 6 981,53 – 6 969,30 – 6 868,17 – 6 847,68 – 6 815,58 – 6 810,48
figure im6

Probabilité d’avoir obtenu son emploi grâce à une relation ( effets marginaux )

Modèles Probit :* p < 0, 1,** p < 0, 05,*** p < 0, 01
enquête TeO (Ined-Insee), 2008, 17/60 ans, France métropolitaine (hors Corse).

Les travailleurs ayant peu vécu en France ont plus souvent eu recours à une connaissance pour trouver leur emploi que les autres

28 Deux effets liés à l’ancienneté de la présence sur le territoire sont, comme cela a été évoqué précédemment, importants à prendre en compte : le fait d’être arrivé plus ou moins jeune pour chaque individu (ceux arrivés récemment maîtrisent sans doute moins que les autres l’accès à l’emploi via les méthodes dites « formelles » et comptent a priori davantage sur leurs connaissances) et l’ancienneté de la présence du groupe sur le territoire (elle est susceptible de refléter le degré d’intégration du groupe sur le marché du travail et ainsi la capacité des membres d’un groupe à s’entraider, le fait d’être arrivé majoritairement au cours des années de conjoncture favorable augmentant d’autant plus ce phénomène).

29 Étant donné que nous ne prenons pas uniquement en compte les travailleurs immigrés dans les modèles 1 à 8 mais également les individus nés en France (groupe majoritaire et descendants), il n’est pas possible d’introduire la date d’arrivée sur le territoire comme variable explicative. Il est toutefois important de garder à l’esprit que l’effet « ancienneté de la présence sur le territoire » jouant plus particulièrement pour les travailleurs originaires d’Europe du sud (Figure 3 et Figure 4), il est susceptible d’expliquer en partie l’écart restant entre les immigrés portugais et les autres dans le modèle 8.

30 Nous prenons par contre en compte dans nos modèles une variable reflétant la part des années passées en France. Cette variable varie de 0 pour les immigrés venant d’arriver sur le territoire à 1 pour ceux nés en France (Tableau 4). Les modèles 2 à 8 du Tableau 1 indiquent comme attendu (Figure 5) que plus la part des années vécues en France est importante moins les travailleurs ont accédé à l’emploi grâce à une relation. Lorsque l’on prend en compte cette variable (modèle 2), les probabilités d’accéder à l’emploi par le biais d’un contact sont alors moins élevées que ce qu’il y paraît au départ pour tous les groupes d’immigrés par rapport au groupe majoritaire et aux descendants d’immigrés. Toutefois, les immigrés d’Europe du sud ayant plus que les autres passé la majeure partie de leur vie sur le territoire français, ils sont légèrement moins affectés que les autres par la prise en compte de cette variable. Leur probabilité de trouver un emploi grâce à une relation reste plus importante que celle des autres. Pour les immigrés du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, la différence avec le groupe majoritaire est largement négative dès lors que l’on prend en compte la part des années vécues en France. C’est également le cas pour les immigrés de l’UE-27. Enfin, cela explique en partie l’écart entre le groupe majoritaire et les immigrés d’Asie.

Les réseaux des hommes sont a priori plus efficaces mais la prise en compte du genre n’affecte pas les différences liées à l’origine

31 Les modèles 3 à 8 du Tableau 1 indiquent que les femmes accèdent moins souvent à l’emploi grâce à une relation que les hommes (elles ont, à origine équivalente, une probabilité inférieure de 0,03 à 0,04 point à celle des hommes d’avoir accédé à l’emploi par le biais d’un contact). De ce point de vue, nos résultats sont globalement en accord avec la littérature existante. Wahba et Zenou [2005] observent par exemple qu’en Égypte, les hommes ont plus souvent accès à l’emploi grâce à des contacts que les femmes. Mais cela ne tient que lorsque l’on compare des femmes et des hommes ayant un niveau d’éducation élevé. Cette étude, ainsi que nos données, ne permettent toutefois pas de prendre en compte l’intensité avec laquelle les hommes et les femmes ont eu recours à leurs contacts. On ne peut donc pas émettre de conclusions claires sur les différences d’efficacité des réseaux des hommes et des femmes.

32 D’autres travaux prennent en compte les différences d’effort de recherche. C’est le cas d’Addison et Portugal [2002] qui suivent le parcours de chômeurs à partir des données de l’Enquête Emploi portugaise, mais aussi de Rosenbaum et al. [1999] à partir des données de l’enquête américaine HSB (High School and Beyond 1982-1992). Ces deux études concluent que les réseaux des femmes sont a priori moins efficaces que ceux des hommes. Bortnick et Ports [1992] ne prennent quant à eux pas en compte les caractéristiques des individus mais montrent aussi, à partir de statistiques descriptives de l’enquête américaine CPS (Current Population Survey) de 1991, que les femmes au chômage utilisant les réseaux seront moins souvent en emploi le mois suivant que les hommes utilisant leurs réseaux. Même s’il ne s’agit que de statistiques descriptives, le fait que l’échantillon soit relativement large (les membres d’environ 60 000 ménages sont interrogés pendant 4 mois consécutifs), renforce la valeur des résultats de cette étude.

33 Ces différences d’efficacité de réseaux liées au sexe trouvent deux explications principales, chacune liée à la composition des réseaux (Ibarra [1992]). La première est induite par la combinaison de deux phénomènes : la meilleure situation moyenne des hommes par rapport aux femmes vis-à-vis de l’emploi (taux d’activité et d’emploi plus élevés) et l’homophilie liée au genre (les hommes fréquentent plus souvent des hommes que des femmes et vice versa, cf. McPherson et al. [2001]). Les hommes bénéficient alors de davantage de sources d’informations potentiels. La seconde explication tient au fait que les réseaux des femmes sont en moyenne moins diversifiés que ceux des hommes (Smith [2000] et Stoloff et al. [1999]) c’est-à-dire plus souvent constitués de personnes proches que les réseaux des hommes (Moore [1990]). Or les liens avec des personnes que l’on voit moins souvent et qui évoluent dans d’autres cercles de sociabilité sont connus pour offrir des opportunités d’emploi plus diverses et donc plus efficaces (cf. les « liens faibles » de Granovetter [1973]).

34 Malgré tous ces constats sur l’impact du genre, la comparaison des modèles 2 et 3 ne semble pas indiquer d’effet significatif de la prise en compte du genre sur les différences d’accès à l’emploi par les contacts selon l’origine. Une explication pourrait être que le ratio homme/femme ne diffère pas de façon assez importante entre les groupes pour avoir un véritable effet (cf. le Tableau 4 en annexe).

Les travailleurs expérimentés ont des réseaux plus efficaces dont les jeunes profitent parfois, mais la prise en compte de l’âge affecte peu les différences liées à l’origine

35 L’âge n’est significatif que dans les modèles 4 et 5 : les plus jeunes trouvent davantage un emploi par le biais d’une relation. C’est aussi ce que constatent plusieurs études empiriques dont notamment Battu et al. [2011] pour la Grande-Bretagne ou encore Pellizzari [2010] pour la plupart des pays européens et les États-Unis. La principale explication de cette observation tient à l’inexpérience des jeunes travailleurs. Étant inexpérimentés, ils ont plus de difficultés que les travailleurs expérimentés à convaincre des employeurs de les embaucher. Ils ont souvent besoin d’appui pour que les employeurs acceptent de leur donner une chance.

36 L’étude de Kramarz et Skans [2013] confirme à partir de données suédoises de la période 1985-2002 que les réseaux sociaux sont particulièrement utiles aux jeunes sans expérience [7]. Les relations des parents sont notamment susceptibles de jouer un rôle très important dans l’insertion des jeunes. L’aide d’un intermédiaire est d’autant plus nécessaire que les jeunes en question ont un niveau de diplôme peu élevé et un niveau de réussite scolaire en-dessous de celui de leurs camarades. Souvent, les jeunes embauchés par le biais de contacts le sont dans l’entreprise où travaillent déjà leurs parents et dans des emplois peu qualifiés. L’efficacité de l’aide est positivement corrélée au fait que les parents aient une situation influente dans l’entreprise et qu’ils y travaillent depuis de nombreuses années.

37 D’après la littérature, les réseaux sont donc a priori davantage utiles aux jeunes mais les réseaux des travailleurs expérimentés sont les plus efficaces. Nous observons d’après les modèles 4 et 5 que l’âge joue globalement de façon négative sur la probabilité d’accéder à l’emploi grâce à une relation mais uniquement dans ces deux modèles. Toutefois l’influence de l’âge au carré étant positif et significatif, l’effet négatif de l’âge s’attenue aux valeurs les plus élevées.

38 La prise en compte de l’âge a quant à elle des effets contrastés sur les différences entre groupes. Cela explique la totalité du fait que les immigrés Italiens/Espagnols trouvent plus souvent leur emploi grâce à une relation que les membres du groupe majoritaire. Les immigrés Italiens/Espagnols étant en moyenne plus âgés que les autres (Tableau 4 en annexe), il semble que leur niveau d’expérience plus élevé sur le marché du travail joue en faveur de l’efficacité de leurs réseaux. Les effets marginaux associés au fait d’être immigré Maghrébin, Africain, Portugais ou de l’UE-27 baissent quant à eux de 0,01 point de probabilité par rapport au groupe majoritaire lorsque l’on tient compte de l’âge. Les membres de ces groupes sont en moyenne un peu plus âgés que ceux du groupe majoritaire (Tableau 4 en annexe) et semblent donc également tirer profit d’une plus grande expérience.

Le niveau d’éducation a un impact important sur l’accès à l’emploi par le biais de contacts et sa prise en compte modifie les différences liées à l’origine

39 Le modèle 5 indique clairement que la probabilité d’avoir trouvé son emploi grâce à un contact diminue progressivement avec la hausse du niveau de diplôme. Cette corrélation négative avec le niveau de diplôme est confirmée par les résultats de plusieurs études empiriques. S’appuyant sur les données françaises de l’enquête MGIS de 1992, Domingues Dos Santos [2005] constate également dans un travail qui porte principalement sur les différences entre immigrés portugais et maghrébins en France que la probabilité d’avoir trouvé son emploi par l’intermédiaire d’un contact décroit avec le niveau de diplôme. Comparant les probabilités d’accéder à l’emploi par le biais d’une relation entre plusieurs pays de l’OCDE, Pellizzari [2010] confirme ce constat.

40 Addison et Portugal [2002] montrent quant à eux que les plus éduqués ayant cherché à travers leurs contacts ont au Portugal, à caractéristiques individuelles équivalentes, une probabilité moins importante que les autres d’avoir trouvé un emploi grâce à leurs contacts. Margolis et Simonnet [2003], s’appuyant sur les données françaises de l’enquête Jeunes et carrières de l’Insee, aboutissent aussi à des résultats qui laissent penser que les moins diplômés ont des réseaux plus efficaces. Plus précisément, ils montrent que, pour la première embauche, les personnes ayant suivi une formation technique ou professionnelle trouvent plus souvent leur emploi grâce à un contact que ceux ayant une formation générale. La prise en compte des éventuelles différences d’intensité de recours aux réseaux ne permet pas d’expliquer l’écart entre ceux ayant suivi une formation technique et les autres.

41 Plusieurs explications sont possibles. Si les recherches existantes ne semblent pas s’accorder sur la variation de l’intensité du recours aux réseaux de la part des demandeurs d’emploi selon le diplôme (voir les conclusions de Fontaine [2006] et Ioannides et Loury [2004] sur ce point), il est par contre possible que les moins diplômés utilisent plus souvent les offres reçues par des contacts. Au-delà de leur effort de recherche, il est possible que lorsqu’ils reçoivent plusieurs offres, les demandeurs d’emploi les plus diplômés privilégient moins souvent celles reçues par une connaissance. Les offres d’emploi reçues par les contacts ayant moins de chance de correspondre aux véritables compétences des travailleurs que les autres offres (Bentolila et al. [2010] et Loury [2006]) et les travailleurs les plus diplômés étant plus sensibles à la mauvaise qualité des appariements, ces derniers écarteront sans doute plus souvent les offres reçues par leurs contacts.

42 Il est également probable que le comportement des employeurs soit en cause. Pellizzari [2011] a mis en avant, à partir de données britanniques, que les employeurs dépensent moins pour recruter des travailleurs peu qualifiés que pour recruter des travailleurs qualifiés (ils diffusent moins souvent les informations de façon officielle [8]). Il y a alors plus de chances que les travailleurs peu qualifiés soient embauchées grâce au bouche-à-oreille.

43 Le comportement des intermédiaires relayant des offres peut aussi jouer. En effet, Beaman et Magruderz [2012] montrent que les intermédiaires peu qualifiés sont moins sélectifs que les intermédiaires qualifiés et transmettent plus volontiers des offres.

44 La prise en compte du niveau d’éducation (modèle 5) permet alors d’expliquer une part non-négligeable de l’écart entre certains groupes. Le relativement faible niveau d’éducation atteint en moyenne par les immigrés turcs et portugais (Tableau 4 en annexe) expliquerait par exemple un écart respectivement de + 0,04 et + 0,05 point de probabilité avec le groupe majoritaire. De même, cela explique un écart de + 0,02 point avec le groupe majoritaire pour les descendants turcs. Par contre, l’écart se creuse avec le groupe majoritaire pour plusieurs groupes lorsque l’on considère des individus ayant des niveaux de diplôme similaires. Pour les natifs des DOM, les immigrés du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, la différence avec le groupe majoritaire est en fait plus importante qu’il n’y paraît sans la prise en compte du niveau de diplôme (ils ont globalement des niveaux de diplôme relativement faibles d’après les statistiques du Tableau 4 en annexe). Ainsi, lorsque l’on considère des individus du même genre, âge et niveau de diplôme, les natifs des DOM et les immigrés du Maghreb et d’Afrique subsaharienne ont en fait une probabilité de plus de 0,1 point inférieure à celle des travailleurs du groupe majoritaire d’accéder au marché du travail par le biais d’un contact. Enfin, l’ampleur de l’écart entre le groupe majoritaire et les immigrés du groupe « autres pays de l’UE-27 » est en fait partiellement masquée par le haut niveau d’éducation de ces derniers (Tableau 4 en annexe).

L’influence du niveau de langue du pays d’accueil sur l’accès à l’emploi est relativement forte pour les immigrés

45 Pour prendre en compte le niveau de français, nous introduisons une variable dichotomique, les deux modalités étant « avoir un très bon niveau de français » et « ne pas avoir un très bon niveau de français ». Le niveau de langue est considéré comme « très bon » pour tous les membres du groupe majoritaire ainsi que tous les descendants d’immigrés. Il n’est donc variable que pour les immigrés.

46 Nous observons que le fait d’avoir un très bon niveau de langue française est négativement corrélé avec la probabilité d’accéder à l’emploi grâce à une relation ( – 0,10 point par rapport à ceux qui n’ont pas un très bon niveau de français, cf. Tableau 1). Une première interprétation pourrait être que les travailleurs ayant des difficultés avec le français sont contraints de travailler avec leurs compatriotes et d’utiliser les offres reçues par leurs contacts de la même origine, à cause de difficultés avec les méthodes d’accès au marché du travail dites formelles. Toutefois, il est également probable qu’il ne s’agisse pas uniquement d’une contrainte mais que les immigrés préfèrent également travailler avec leurs compatriotes. Comme l’explique Lazear [1999], il peut paraître trop coûteux à certains immigrés d’apprendre une nouvelle langue et de se sociabiliser avec des personnes du pays d’accueil.

47 Quoi qu’il en soit, il est intéressant de noter que la prise en compte du niveau de langue diminue de 0,07 point l’impact négatif de la part des années passées en France. Le mauvais niveau de langue de certains ne suffit pas à expliquer la totalité des difficultés de ceux arrivés récemment. Le repli vers les réseaux pour les nouveaux arrivants va sans doute au-delà de la barrière de la langue.

48 Nous observons d’après le modèle 6 que le fait qu’une partie des immigrés turcs et portugais ne parlent pas très bien le français (Tableau 4 en annexe) permet de rendre compte d’une partie de l’écart avec le groupe majoritaire.

49 La prise en compte du niveau de langage a par contre l’effet inverse pour les immigrés d’Algérie et d’Afrique subsaharienne. A niveau de langue française comparable avec les autres, les individus de ces groupes ont un peu plus de chance de trouver un emploi grâce à une relation que ce que l’on observait dans les modèles précédents.

L’influence des variables contextuelles sur les différences entre groupes n’est pas négligeable

50 Nous considérons tout d’abord la densité de population au km2 dans l’unité urbaine (UU) ou le groupe d’UU où l’individu interrogé habite (cf. le découpage en 60 UU, ou groupes d’UU, décrit dans le Tableau 3 en annexe). Nous prenons en compte les renseignements fournis par le recensement 2007 pour connaître la densité de population au km2 dans chacune des 60 zones. D’après les distinctions apparaissant dans le Tableau 3 en annexe et en distinguant en plus les UU rurales, nous obtenons les 6 niveaux de densité du Tableau 1.

51 Comme l’ont montré Wahba et Zenou [2005] qui utilisent la densité comme proxy du nombre de liens faibles dans les réseaux de relations, cette dernière variable a un impact sur la probabilité que les emplois soient trouvés par bouche-à-oreille. Les résultats des modèles 7 et 8 indiquent tout d’abord qu’à l’exception des zones rurales, la probabilité d’obtenir une offre augmente avec la densité de population au km2 dans l’unité urbaine. Les immigrés habitant en moyenne dans des zones plus denses que les membres du groupe majoritaire (Tableau 4 en annexe), il semble que la non-prise en compte de la densité masque une partie des différences avec le groupe majoritaire pour les natifs des DOM, les immigrés du Maghreb et d’Afrique subsaharienne.

52 Enfin, nous considérons le fait de vivre dans l’une des 10 % des iris [9] avec le taux d’HLM le plus élevé. Cela peut influencer la sociabilité des individus de plusieurs points de vue. Il s’agit souvent de zones plus défavorisées que les autres pour ce qui est du taux d’emploi (cf. Gobillon et Selod [2007] pour l’Île-de-France), ce qui aurait a priori un impact négatif sur la probabilité de rencontrer un intermédiaire à même de transmettre une offre d’emploi.

53 Le Tableau 1 nous confirme que le fait d’habiter dans l’une des iris où le taux d’HLM est le plus important a un impact négatif sur la probabilité d’obtenir un emploi par le biais d’une relation. Les immigrés et descendants d’immigrés habitant plus souvent dans ce type de zone (Tableau 4 en annexe), la prise en compte de cette variable indicatrice permet d’expliquer une partie de la différence entre les membres du groupe majoritaire et les natifs des DOM ainsi que celle entre le groupe majoritaire et les immigrés du Maghreb. Par contre, l’écart entre les immigrés turcs et le groupe majoritaire augmente légèrement avec la prise en compte de cette variable. Les immigrés turcs habitant les zones difficiles semblent donc, contrairement aux autres, être en bonne capacité d’utiliser leurs relations pour accéder au marché du travail.

Bilan : deux types de groupes minoritaires se distinguent

54 En dépit de la prise en compte de toutes ces variables sociodémographiques et contextuelles, des différences demeurent entre les travailleurs du groupe majoritaire et certains groupes d’immigrés ou de descendants d’immigrés. Deux types de groupes se distinguent. D’un côté certains accèdent clairement plus souvent à l’emploi par le biais de contacts que tous les autres. C’est le cas des immigrés et descendants turcs et des immigrés portugais. D’un autre côté les natifs des DOM et les immigrés originaires d’Afrique (Maghreb et Afrique subsaharienne) ont moins souvent accès au marché du travail grâce à leurs réseaux.

4. Le rôle des intermédiaires relayant les offres d’emploi et des employeurs dans la formation des inégalités selon l’origine

55 Si les caractéristiques sociodémographiques et contextuelles des demandeurs d’emploi permettent d’expliquer une part des différences entre groupes, la littérature en science sociale a montré que d’autres mécanismes sont susceptibles de rendre compte des différences restantes. Il semble par exemple important de considérer le rôle des intermédiaires relayant des offres et celui des employeurs.

4.1. Les disparités selon l’origine liées aux intermédiaires relayant les offres

56 L’utilisation des réseaux de relations sur le marché du travail donne généralement lieu à l’intervention d’au moins un intermédiaire. Plusieurs travaux récents ont permis de mettre en évidence le rôle des intermédiaires relayant les offres, ces derniers étant souvent des salariés de l’entreprise dans laquelle l’offre est émise. Pour certains groupes les intermédiaires potentiels semblent moins nombreux. Ils sont également plus ou moins actifs selon l’origine des individus.

Moins d’intermédiaires potentiels parmi les contacts pour les membres de certains groupes ou des intermédiaires peu efficaces

57 Du fait de l’homophilie selon l’origine (pour plus de détails sur le regroupement selon l’origine, cf. la partie sur la ségrégation selon l’origine et la Figure 9), les groupes défavorisés sur le marché du travail (Figure 7) ou dont le taux de participation au marché du travail est moindre (Figure 6) ont des réseaux potentiellement moins efficaces. En effet, avoir davantage de connexions avec des personnes en emploi ou actives sur le marché du travail augmente les chances d’obtenir une offre par le biais d’un contact (cf. Cappelari et Tatsiramos [2010] pour un travail qui ne tient pas spécialement compte de l’origine immigrée et Anderson et al. [2009] pour une étude portant plus spécifiquement sur les différences entre groupes d’immigrés).

58 Pour la France, il est par exemple possible que les immigrés ayant une origine africaine (Maghreb et Afrique subsaharienne) et leurs descendants aient des réseaux moins efficaces du fait de leur taux de participation au marché du travail plus faible que la moyenne (Figure 6 et Figure 7). Mais il n’existe, à notre connaissance, aucune recherche sur ce point à propos du cas français. Il existe par contre des travaux effectués à partir de données américaines.

59 Pour les États-Unis, Fernandez et Fernandez-Matteo [2006], s’appuyant sur des données retraçant les liens entre 1 200 employés d’une firme américaine et 2 065 candidats à l’embauche entre septembre 1997 et novembre 2000, confirment qu’il y a moins de membres de la minorité noire en position de devenir intermédiaire en comparaison avec les membres d’autres minorités (principalement « Hispanic » et « Asian »). Mouw [2002] conclut aussi dans son étude que les membres de la minorité « Black » bénéficient en général moins souvent de contacts efficaces que les autres. Il fait le lien avec la discrimination à l’embauche que les membres de la minorité noire aux États-Unis subissent plus souvent que les autres. Enfin, Smith [2000] met en cause l’efficacité des intermédiaires en montrant que les « Whites » ont plus de chances de mobiliser des contacts influents que les membres des autres groupes ethniques.

Figure 6
figure im7
Figure 7
figure im8

60 Nous pouvons ici évoquer plusieurs modélisations théoriques. Zenou [2013] offre par exemple une interprétation intéressante du phénomène qui vient d’être évoqué. Il met en évidence, dans un modèle dynamique où les informations sur les emplois disponibles arrivent par le biais des contacts, que les membres d’un groupe plus souvent pénalisé à l’embauche ont plus de mal à former des liens faibles, trop coûteux. Ces individus sont alors contraints de fréquenter davantage leurs liens forts (amis proches, membres de la famille, etc.), qui sont moins efficaces pour obtenir un emploi (Granovetter [1973]). Ils sont par conséquent doublement pénalisés dans leur accès à l’emploi.

61 De leur côté, Càlvo-Armengol et Jackson [2004] montrent à travers une modélisation théorique basée sur des graphes que les conséquences de ce manque de contacts susceptibles de transmettre des informations peuvent être désastreuses. Contrairement à Zenou [2013] ils considèrent uniquement la structure des réseaux et non la dynamique de création des liens. Mais le simple fait de considérer que les taux de chômage, d’emploi et de sortie du marché du travail évoluent au cours de chaque période offre un éclairage intéressant sur la position potentiel de chaque groupe selon la structure du réseau dans lequel il est impliqué. Dans certaines structures, les intermédiaires deviendront par construction peu nombreux (seuls les employés sont intermédiaires) et les taux de chômage et de sortie du marché du travail s’écarteront durablement de celui d’autres structures.

L’attitude des intermédiaires est susceptible de varier selon l’origine des travailleurs

62 Les différences liées à l’origine immigrée (ou ethnique) peuvent également être liées aux comportements des intermédiaires. Comme nous l’expose Smith [2010] dans une étude de terrain portant sur des employés à bas revenus « Hispanic » et « Black » de l’Université de Berkeley aux États-Unis, les intermédiaires des « Hispanics » ont plus souvent une attitude « proactive » que les autres : ils aident plus souvent leurs contacts en les recommandant de façon active lorsqu’ils connaissent l’employeur. Plus précisément, Smith [2010] relève que parmi les intermédiaires interrogés, 50 % disent avoir eu une attitude « proactive » parmi les « Hispanics » contre 27 % pour les « Blacks ». Green et al. [1999], de même qu’Elliott et Sims [2001] confirment que les « Hispanics » bénéficient plus que les autres de réseaux d’entraides : dans presque 40 % des cas, les « Hispanics » déclarent avoir été aidés alors que les « Whites » et les « Blacks » n’ont été recommandés que dans 20 % à 30 % des cas.

63 Pour Smith [2010], les intermédiaires sont susceptibles d’ajuster le degré de leur soutien de multiples manières. Ils peuvent, lorsqu’ils connaissent l’employeur, très activement signaler et recommander un candidat qui leur semble avoir le bon profil. Mais ils peuvent aussi simplement avertir l’employeur de leur lien avec le candidat sans insister davantage. Smith [2010] observe ainsi que les « Hispanics » aident plus volontiers leurs contacts lorsqu’ils en ont l’occasion en grande partie parce qu’ils les perçoivent comme « sérieux », plus souvent que ne le font les intermédiaires des « Blacks ». Beaman et Magruderz [2012], à travers une étude expérimentale qui porte sur des travailleurs en Inde, semblent confirmer que les intermédiaires effectuent leur choix en fonction de leurs propres intérêts.

64 Nous pouvons ici évoquer le modèle théorique de Finneran et Kelly [2003]. Ces auteurs offrent une explication de la persistance des inégalités entre groupes dès lors que les intermédiaires émettent des préférences vis-à-vis d’un certain type de travailleurs.

4.2. Le rôle des employeurs dans la formation des inégalités d’accès à l’emploi par le biais des relations sociales selon l’origine

65 Puisque les employeurs sont souvent à l’initiative de la diffusion des informations par bouche-à-oreille (Sabatier [2010] et Bessy et Marchal [2009]), ils sont susceptibles d’orienter la diffusion de l’information et le jugement final des candidats. Ils jouent par conséquent également un rôle important dans le fait qu’un emploi soit pourvu ou non par le biais d’une relation.

66 Le comportement des employeurs peut alors être source de différences liées à l’origine. Même lorsque les demandeurs d’emploi se retrouvent en contact avec des intermédiaires efficaces, les employeurs restent réticents à employer les membres de certaines minorités. Neckerman et Kirschenman [1991] mettent en évidence, à partir de données issues d’entretiens avec des employeurs de l’agglomération de Chicago, qu’une part non-négligeable des recruteurs font leur possible pour orienter l’information sur les emplois qu’ils mettent à disposition vers les demandeurs d’emploi des quartiers à dominante « White » et « Catholic » (les travailleurs issus des minorités ethniques étant perçus comme moins sérieux et moins qualifiés). Mais surtout, même lorsqu’ils obtiennent un entretien, les membres des minorités sont la plupart du temps moins bien notés que les autres, sauf lorsque les employeurs font passer à tous les candidats des tests d’évaluation de compétences.

67 Plusieurs autres études révèlent la réticence des employeurs à embaucher les membres de certaines minorités bien qu’ils soient recommandés. Hellerstein et al. [2008] montrent par exemple que dans certaines zones géographiques de l’agglomération de Chicago aux États-Unis, les employeurs ont tendance à moins souvent employer les membres de la minorité « Black », que beaucoup de membres de ce groupe soient employés dans l’entreprise ou non (voir également Holzer [1998]).

68 Mais les réticences potentielles des employeurs peuvent également avoir des effets indirects sur l’efficacité des réseaux des membres de certains groupes. En effet, dès lors que les travailleurs d’une origine donnée apparaissent comme relativement « productifs », l’appartenance à cette communauté est susceptible de renvoyer un signal positif aux employeurs. Stark [1995] suggère dans un travail théorique que les membres de ces groupes auront tout intérêt à effectuer des transferts financiers vers les membres de leur famille peu productifs restés au pays pour qu’ils y restent et n’affectent pas la productivité moyenne du groupe et l’employabilité de ses membres. La menace d’une discrimination statistique de la part des employeurs [10], si la productivité moyenne des membres du groupe venait à être mal perçue, serait donc susceptible de maintenir en retour un niveau de productivité élevé par l’intermédiaire des transferts de fonds vers le pays d’origine. Dès lors que les travailleurs d’un groupe arrivent à maintenir une perception positive de la part des employeurs, il est probable que ces derniers favoriseront les réseaux des membres de ce groupe plutôt que ceux dont l’embauche est plus risquée. Ce mécanisme repose toutefois sur une série d’hypothèses [11] : la capacité des employeurs à évaluer la productivité des travailleurs d’un groupe ou encore la capacité des travailleurs immigrés productifs du groupe à contrôler les « free rider » restés au pays (ces derniers ont tout intérêt à venir profiter de la bonne notation du groupe par les employeurs dans le pays d’accueil).

69 Il serait judicieux de prolonger tous ces travaux sur la diffusion des offres par bouche-à-oreille par les employeurs vers certains groupes plutôt que d’autres pour le cas français. Les immigrés et descendants d’origine africaine (Maghreb et Afrique subsaharienne) connaissent par exemple en France des taux de discrimination à l’embauche non-négligeables par rapport aux autres (cf. la Figure 8 ou encore les études d’Aeberhardt et al. [2010] et Duguet et al. [2010]).

5. L’impact de la ségrégation sociale liée à l’origine

70 Les individus ont tendance à créer des contacts avec des personnes ayant des caractéristiques sociodémographiques similaires et l’origine immigrée est un biais de sociabilité influent. Certaines recherches suggèrent que la hausse de la ségrégation selon l’origine dans les relations sociales influence l’accès à l’emploi de certains groupes minoritaires et notamment l’efficacité de leurs réseaux de relations. Mais les résultats théoriques et empiriques sur cette question restent encore ambigus. Avant de présenter les principaux résultats des recherches sur le sujet, nous évoquons l’importance de la ségrégation sociale selon l’origine et les problèmes liés à sa mesure.

Figure 8
figure im9

5.1. L’importance de la ségrégation sociale selon l’origine et sa mesure

L’origine immigrée est l’un des biais de sociabilité les plus influents

71 La littérature en sciences sociales nous enseigne que la formation des relations sociales est biaisée selon l’âge, le niveau d’éducation, la catégorie socioprofessionnelle, l’origine immigrée, etc. (cf. McPherson et al. [2001]). Les individus similaires ont tendance à se regrouper. Cela est observé pour la plupart des individus et semble peu varier selon les pays (voir par exemple la comparaison de la composition des réseaux sociaux en France et aux États-Unis effectuée par Grosseti [2007]). Plusieurs travaux ont entrepris d’identifier les caractéristiques sociodémographiques qui marquent le plus la formation des liens. Dans leur revue de littérature, McPherson et al. [2001] montrent qu’aux États-Unis, l’origine ethnique est de loin la dimension qui biaise le plus les relations sociales entre amis proches, entre collègues ou encore entre des personnes qui ne se fréquentent qu’occasionnellement. Des travaux plus récents, portant sur des étudiants, confirment l’importance de l’origine ethnique aux États-Unis dans la formation des réseaux de relations (Mayer et Puller [2008] et Marmaros et Sacerdote [2006]).

72 S’agissant de la France, peu de données permettent de considérer les populations selon leur origine immigrée. L’enquête « Contacts » réalisée par l’Insee et l’Ined en 1983 a donné lieu à plusieurs études analysant la composition des réseaux sociaux, mais l’origine immigrée, bien qu’étant une dimension importante de la formation des liens, n’a pu y être étudiée faute d’effectifs suffisants (voir par exemple Héran [1988] et Cousteaux et Lemel [2004]). L’enquête TeO (2008) et l’enquête MGIS (1992) sont à notre connaissance parmi les rares enquêtes permettant de prendre en compte (même si ce n’est que grossièrement) l’influence de l’origine immigrée sur la sociabilité des personnes vivant en France.

73 La Figure 9 fait apparaître des chiffres issus de l’enquête TeO (2008) sur les biais de sociabilité liés à l’origine des individus. Ces biais sont relativement importants. En effet, si les individus rencontraient leurs amis au hasard ou si les biais liés à l’origine étaient faibles, la part des membres des groupes minoritaires (immigrés et descendants) déclarant que plus de la moitié de leurs contacts ont la même origine devrait être très faible ou nulle puisque chacun de ces groupes représente au plus 2 % à 3 % de la population (cf. Insee [2012] et le Tableau 2 en annexe). D’après Currarini et al. [2008], cette « homophilie » selon l’origine ethnique s’explique à la fois par les préférences pour les liens avec des individus de la même origine et par des biais d’opportunité de rencontre (ségrégation spatiale, rencontres avec des amis d’amis, etc.).

Figure 9
figure im10

Les difficultés liées à la prise en compte de la ségrégation selon l’origine dans les relations sociales comme variable explicative dans les études empiriques

74 Même lorsque l’on dispose de données sur l’origine des contacts des individus, il n’est pas forcément simple de les utiliser comme variable explicative lorsque l’on cherche à rendre compte de l’intégration des individus sur le marché du travail.

75 Tout d’abord, la ségrégation reflète en partie la taille relative du groupe dans la zone de sociabilité [12]. Afin de considérer la propension moyenne des individus d’un groupe à rester entre eux par rapport aux autres, il est donc nécessaire de tenir compte de la taille relative du groupe dans la zone qui nous intéresse, la zone de sociabilité pertinente restant à définir. Certains travaux proposent tout simplement d’intégrer la taille relative du groupe à l’indice de ségrégation (cf. Toomet et al. [2013] ou Currarini et al. [2009]). Cela a en plus l’avantage, lorsque l’on étudie l’accès au marché du travail, d’intégrer une variable potentiellement liée à la fois à une variable explicative et à la variable à expliquer [13]. Toomet et al. [2013] procèdent alors de la façon suivante. Si Hi est le taux d’homophilie pour l’individu i (pourcentage de contacts du même type parmi les contacts), il est alors possible d’utiliser pour cet individu i l’indice IHi = ( Hi nt )/ ( 1 − nt ) dit d’ « inbreeding » homophilie, où nt est la taille relative du groupe t auquel appartient l’individu i. L’indice IHi permet de neutraliser l’effet « taille relative du groupe ».

76 Une autre question se pose lorsque l’on s’intéresse en même temps au regroupement des individus selon leur origine et à leur accès au marché du travail. La formation des liens et les préférences qui en découlent peuvent être influencées par les gains espérés des agents économiques sur le marché du travail. Si cette endogénéité de la formation des liens vis-à-vis du marché du travail existe réellement, les évaluations empiriques sur la question seront biaisées (Manski [1993]). Il s’agit là de l’une des questions majeures évoquées dans les recherches prenant en compte les réseaux sociaux sur le marché du travail (cf. les travaux théoriques de Boorman [1975], Càlvo-Armengol [2004] ou encore Galeotti et Merlino [2015]). Toutefois, si la formation des liens peut être affectée par les objectifs des individus sur le marché du travail, il n’est pas si évident que la ségrégation sociale selon l’origine le soit de façon importante. En effet, la ségrégation sociale selon l’origine est un phénomène largement répandu dont les ressorts dépassent l’accès au marché du travail. Mais la question mérite d’être posée [14] et certains travaux proposent de corriger cette endogéneité en contrôlant les effets fixes liés à chaque groupe dans la zone.

5.2. D’après les études empiriques, l’impact de la ségrégation sociale selon l’origine sur l’accès à l’emploi est relativement ambigu

77 Du fait d’un manque de données, peu de travaux analysant l’impact de la ségrégation selon l’origine sur l’accès à l’emploi des individus identifient réellement les réseaux de relations. Ils ne font que supposer leur existence. Lorsque les réseaux sont mentionnés, les mécanismes à l’œuvre ne sont pas souvent identifiés. Nous commençons dans cette sous-partie par présenter les travaux empiriques qui ne font pas directement référence aux réseaux de relations mais prennent simplement en compte la ségrégation spatiale selon l’origine. Nous évoquons ensuite les quelques travaux qui prennent plus ou moins clairement en compte les réseaux de relations.

Ségrégation spatiale des minorités et accès à l’emploi

78 Une série de travaux récents s’intéressant au lien entre la ségrégation spatiale et l’accès au marché du travail des immigrés étudie l’impact de la variation des flux de réfugiés dans certaines zones. Dans certains pays, l’allocation géographique des réfugiés peut être considérée comme exogène, ce qui permet de résoudre le problème de l’endogénéité de la présence d’immigrés dans certaines zones. Les résultats de ces travaux sont mitigés. L’effet de l’augmentation de la taille de la communauté aura parfois un impact positif, parfois un impact négatif sur l’accès à l’emploi des minorités considérées. Munshi [2003] et Edin et al. [2003] concluent de la même façon, le premier pour les immigrés mexicains aux États-Unis et le second pour les réfugiés en Suède, que l’effet de l’arrivée d’un nouveau flux d’immigrés sur l’accès à l’emploi des personnes de la communauté concernée sera essentiellement positif. Ces deux études mettent toutefois en avant que cet effet positif sera d’autant plus important que l’ancienneté de la communauté dans le pays d’accueil est importante. Chez Edin et al. [2003], la qualité de l’enclave dans laquelle vivent les immigrés et le niveau d’éducation jouent également un rôle important. Damm [2009], à partir de données danoises, conclue aussi à un impact positif de la ségrégation spatiale des immigrés, mais essentiellement pour les moins qualifiés.

79 Mais Beaman [2011] met en avant le fait que l’arrivée d’un nouveau flux de réfugiés a dans un premier temps un impact négatif sur l’accès à l’emploi du fait de la hausse de la concurrence pour l’obtention d’une offre par un contact. Puis l’impact devient positif au fur et à mesure des années : les membres du groupe minoritaire pourront au bout d’un certain temps profiter de l’augmentation de la taille de leurs réseaux. Culter et al. [2008] montrent aussi que l’impact peut être positif dans certains cas et négatif dans d’autres, les différences dépendant notamment des niveaux moyens d’éducation des individus concernés. Pour Tu [2010], l’augmentation de la taille d’une communauté de réfugiés au Canada a un impact positif sur la probabilité d’accéder à l’emploi uniquement pour les hommes. Toutefois, l’impact est négatif sur leur taux d’activité.

80 Il existe également quelques études sur données françaises. Gobillon et al. [2011], à partir des données de l’ANPE, et Gobillon et Selod [2007], à partir des données de l’Enquête Emploi, ont mis en avant l’impact des différentes dimensions de la ségrégation socio-spatiale (notamment la ségrégation ethnique) sur l’accès à l’emploi des individus en région parisienne. Les résultats de ces deux études laissent supposer que certains immigrés et descendants d’immigrés bénéficient de moins bonne situation que les autres sur le marché du travail du fait de leur cantonnement dans des zones d’habitation plus pauvres que les autres (moins bien pourvues en équipements publics, constituées en grande partie d’individus défavorisés, etc.). D’autres études sur données françaises indiquent également qu’il existe une corrélation positive entre la ségrégation spatiale et l’accès à l’emploi des minorités d’origine immigrée. Meurs et al. [2006], dans une étude portant sur l’accès à l’emploi des immigrés et de leurs descendants, mettent notamment en évidence, à partir des données françaises de l’enquête « Étude de l’histoire familiale » (EHF [1999]), qu’en plus d’être orientés vers les emplois précaires plus que les autres, les immigrés et leurs descendants sont cantonnés dans certains types d’emploi sans doute du fait de leurs réseaux relationnels (les jeunes originaires d’Europe du Sud souvent dans le bâtiment et ceux originaires du Maghreb plus souvent dans les métiers de l’action sociale). S’appuyant sur les données de l’enquête « Formation et Qualification Professionnelle » (FQP [2003]), Meurs et Pailhé [2010] montrent, dans une étude qui a pour principal objectif de distinguer l’accès à l’emploi des descendants d’immigrés hommes et femmes, que la ségrégation spatiale [15] des individus est corrélée avec leur situation sur le marché du travail.

81 Globalement, les mécanismes à l’œuvre et le rôle des réseaux de relations ne sont pas clairement identifiés dans ces travaux, souvent du fait d’un manque de données le permettant.

Ségrégation spatiale des minorités et accès à l’emploi par le biais des contacts

82 Mesurant la ségrégation à partir de données permettant d’établir la proximité géographique des individus de façon relativement fine (dans la ville de Chicago), Conley et Topa [2002] et Topa [2001] étudient l’impact de la ségrégation spatiale sur l’accès à l’emploi. Le fait qu’ils mesurent la proximité de façon relativement fine leur permet de supposer qu’ils captent un effet « réseaux de relations ». Ils mettent alors en avant le fait que les situations des individus d’un même voisinage seront d’autant plus corrélées que les compositions ethniques des voisinages sont similaires. Cela nous laisse supposer que les individus communiquent plus souvent entre personnes d’un même groupe ethnique. L’étude de Bayer et al. [2008] permet d’identifier un peu plus précisément le rôle des réseaux et de l’homophilie. Ces derniers montrent que lorsque les caractéristiques sociodémographiques des individus d’un même voisinage sont similaires (âge, niveau d’éducation, origine ethnique, famille avec enfant, etc.), il y a, toutes choses égales par ailleurs, plus de chances que les individus d’un même voisinage travaillent dans une entreprise située dans la même zone.

83 Patacchini et Zenou [2012] identifient quant à eux plus clairement les réseaux de relations. Ils montrent à partir de données britanniques que, plus la concentration d’individus de la même origine ethnique [16] est importante dans un espace géographique donné, plus la probabilité que les membres de ce groupe aient trouvé un emploi par le biais d’une relation est élevée. Au contraire, plus la distance géographique avec les membres d’un groupe est importante, moins l’effet est important. Il est intéressant de noter que les résultats sont inchangés lorsque les auteurs corrigent l’endogénéité de la concentration d’individus de la même origine [17].

84 Enfin, Toomet et al. [2013] disposent eux aussi de données plus détaillées sur les réseaux de relations. Ils mettent en avant à partir de données estoniennes et américaines que les inégalités de salaire entre les travailleurs d’origine différente [18] sont d’autant plus importantes que la ségrégation selon l’origine dans les réseaux de relation est importante.

Les limites des travaux évoquant les réseaux de relations mais ne les identifiant pas clairement

85 Certaines études empiriques révèlent qu’il n’est peut-être pas si rigoureux de considérer la proximité géographique entre les individus d’un même groupe comme proxy de la constitution de réseaux entre individus. Analysant les conséquences des programmes de mixité urbaine sur la sociabilité des individus aux États-Unis, Kleit et Carnegie [2011] montrent que la proximité géographique n’est pas totalement déterminante quant à la création de liens. Green et al. [1999] mettent quant à eux en évidence que lorsque l’emploi a été trouvé par le biais d’une relation, il a dans environ 80 % des cas été trouvé par le biais de contacts de la même origine. Par contre l’emploi a été trouvé par le biais d’un membre du voisinage dans seulement 30 % à 50 % des cas (selon l’origine des individus). Il se peut donc que les études mesurant la composition des réseaux à partir de la distribution géographique des individus ne captent qu’approximativement la ségrégation dans les réseaux.

5.3. Les pistes proposées par des modélisations théoriques

Concentration professionnelle des minorités et efficacité des réseaux sociaux

86 Les inégalités entre groupes peuvent être liées au fait que certains groupes sont davantage spécialisés dans des métiers ou secteurs particuliers (Alonso-Villar et del Río [2012], Alonso-Villar et al. [2012] et Wilson [2003] et [1999]). Ils disposent ainsi de réseaux de relations étendus dans ces secteurs (Patel et Vella [2013] et Hellerstein et al. [2010] et [2008]).

87 Prenant à la fois en compte la ségrégation dans les relations sociales et la concentration du groupe dans l’entreprise, le modèle théorique de Tassier et Menczer [2008] fournit une explication permettant de rendre compte des différences d’efficacité de réseaux selon l’origine des travailleurs. Tassier et Menczer [2008] s’appuient sur des graphes pour modéliser à la fois les liens entre les individus et les liens entre les emplois (chaque emploi est lié aux autres emplois de l’entreprise). Le marché du travail évolue quant à lui avec des taux exogènes de création et de destruction d’offres. Les offres d’emplois peuvent être obtenues de façon formelle ou par le biais d’un contact travaillant dans l’entreprise.

88 A travers ce modèle, les auteurs montrent que les membres de groupes minoritaires ayant des réseaux de relations bien organisés peuvent contrôler les informations sur les emplois vacants de certaines entreprises. La bonne organisation repose sur la constitution des réseaux en une multitude de petits clusters d’individus (des travailleurs tous liés entre eux) travaillant tous dans la même entreprise. Leurs réseaux peuvent être si efficaces qu’ils génèrent plus d’offres d’emploi que ceux des membres d’un groupe majoritaire constitués de liens faibles, avec des différences de presque 2 points de pourcentage en termes de taux de chômage.

89 Certains travaux empiriques soulignent la pertinence des résultats théoriques de Tassier et Menczer [2008]. Dustmann et al. [2011] montrent par exemple à partir de données allemandes couvrant une période d’environ 20 ans que, pour des travailleurs d’une certaine origine, la probabilité d’être embauché dans une firme est corrélée avec la présence de travailleurs de cette même origine dans la firme. Les résultats théoriques de Tassier et Menzcer [2008] peuvent également être comparés au travail empirique de Toomet et al. [2013], montrant que plus les réseaux sociaux des travailleurs fonctionnent en vase clos selon l’origine, plus les performances sur le marché du travail des membres de chaque groupe diffèrent.

90 Notons qu’une autre modélisation théorique, celle de Buhaï et van der Leij [2010], prend en compte le bouche-à-oreille sur le marché et, même s’il se focalise essentiellement sur les choix de spécialisation selon l’origine des individus, aborde la question des inégalités entre groupes selon les niveaux de spécialisation.

Ségrégation dans les relations sociales, tailles moyennes de réseaux et efficacité des réseaux selon l’origine

91 Les membres des groupes minoritaires ont par ailleurs potentiellement des réseaux de relations plus petits que les autres. En effet, lorsqu’il existe une préférence pour les liens avec des personnes de la même origine, les membres du groupe minoritaire sont, d’après Currarini et al. [2009], pénalisés en termes de nombre de liens par individu. A moins que les opportunités de rencontres entre les membres d’un groupe minoritaire donné soient particulièrement élevées (ségrégation résidentielle plus forte que pour les autres groupes, meilleure organisation d’une communauté, etc.), les membres d’une minorité auront plus de difficultés à réaliser leurs préférences. Ils formeront donc en moyenne, toutes choses égales par ailleurs, moins de liens par individu, ce qui peut être la source d’une moindre efficacité des réseaux des membres des groupes minoritaires comme l’expose par exemple Calvò-Armengol et Zenou [2005].

92 Étant données les différences qui existent entre la taille des groupes (cf. Insee [2012], Figure 3, Figure 4 et Tableau 2 en annexe), cette explication devrait être prise en compte de façon plus approfondie. Aucune étude, à notre connaissance, ne permet toutefois d’évaluer si les travailleurs des groupes ethniques (ou immigrés) minoritaires sont pénalisés sur le marché du travail par la taille moyenne de leurs réseaux de relations. Les résultats empiriques de Patacchini et Zenou [2012] suggèrent tout de même qu’il s’agit là d’un phénomène plutôt vraisemblable. Rappelons que ces auteurs montrent que la probabilité d’obtenir une offre d’emploi par le biais d’un contact diminue avec la taille du groupe (ou avec la distance moyenne entre les individus de la même origine) dans la zone considérée.

6. Discussion

93 Depuis les suggestions d’Arrow [1998] sur la place qui devrait être accordée aux réseaux de relations dans l’analyse des inégalités selon l’origine immigrée [19] sur le marché du travail, quelques avancées ont été effectuées sur la question. Nous avons montré à travers cette revue de littérature que l’étude des réseaux de relations est bel et bien une piste de recherche judicieuse permettant d’améliorer notre compréhension des inégalités liées à l’origine sur le marché du travail. La prise en compte des réseaux de relations constitue probablement l’un des principaux chainons manquant de l’explication des inégalités selon l’origine sur le marché du travail. Mais du fait de la complexité et de la diversité des mécanismes en jeu, il n’est pas encore tout à fait évident de tirer des conclusions claires sur le sujet. Trois principaux résultats semblent toutefois émerger de la littérature et laissent entrevoir quelques perspectives pour les recherches futures.

94 Une première conclusion de nos analyses est qu’il paraît important, lorsque l’on s’intéresse au différentiel de probabilité d’accéder à l’emploi grâce à une relation selon l’origine, de neutraliser les caractéristiques sociodémographiques des individus de chaque groupe. Il est par exemple nécessaire de considérer le niveau moyen d’éducation des travailleurs puisqu’il varie de façon importante selon l’origine, mais surtout parce que, selon plusieurs travaux, l’éducation a une incidence forte sur la façon d’utiliser les réseaux de relations (les moins diplômés sont plus enclins à entrer en emploi par le biais de leurs contacts). De même, nous avons mis en évidence que certaines caractéristiques contextuelles jouent également un rôle important. Notamment, les immigrés habitent plus souvent dans les zones denses en population, ces zones étant propices à une circulation plus intense des informations par bouche-à-oreille. Par contre, les membres de certains groupes d’immigrés ou de certaines minorités ethniques habitent davantage dans des zones défavorisées, ce qui nuit à la qualité de leurs réseaux de relations et à la probabilité que leurs contacts leur transmettent une offre. Mais d’autres éléments contextuels peuvent jouer un rôle important. Par exemple, il est probable que les immigrés soient concentrés dans des secteurs d’activité particuliers dans certaines zones, ce qui augmenterait l’efficacité de leurs réseaux de relations dans ces zones et pour des secteurs particuliers. Si cela a été étudié d’un point de vue théorique par Tassier et Menzcer [2008] et d’un point de vue empirique par Patel et Vella [2013] sur données américaines, les travaux sur la question sont rares, notamment pour le cas français. Cela constitue pourtant une piste intéressante pour tenter d’expliquer l’efficacité des réseaux de relations de certains groupes comme les immigrés portugais et turcs en France.

95 Un second constat émergeant de la littérature est que l’accès à l’emploi par le biais des réseaux de relations semble moins bien fonctionner pour les groupes qui rencontrent en moyenne plus de difficultés sur le marché du travail. L’inverse est vrai pour ceux qui réussissent le mieux sur le marché du travail. En d’autres termes, il est possible que les réseaux de relations contribuent à renforcer les tendances observées sur le marché du travail. Plusieurs explications sont possibles. Il est probable que le regroupement selon l’origine renforce mécaniquement les tendances existant sur le marché du travail. Les travailleurs faisant partie de groupes favorisés sur le marché du travail ont tout simplement plus de chance d’être en contact avec des personnes susceptibles de les aider et inversement pour les groupes défavorisés. Certains travaux montrent également que les intermédiaires relayant des offres appartenant à des groupes dont les membres sont parfois discriminés ou mal perçus sur le marché du travail sont moins « proactifs ». Ils transmettent moins souvent les informations dont ils disposent à leurs contacts de la même origine. De même, dans leur façon d’orienter les informations qu’ils diffusent par bouche-à-oreille à leurs salariés ou leurs connaissances, les employeurs sont susceptibles de reproduire leur comportement discriminatoire envers les individus de certaines origines. Ces analyses restent toutefois peu nombreuses et méritent d’être approfondies tant du point de vue théorique qu’empirique. Un sujet intéressant pourrait être, notamment pour les groupes rapportant le plus souvent des refus injustes d’emploi (cf. Figure 8), l’étude de l’impact des discriminations sur l’utilisation des relations et sur leur efficacité. Les membres de ces groupes ont-ils en moyenne des réseaux moins efficaces que les autres ? Comptent-ils davantage sur leurs relations pour trouver un emploi et contourner les discriminations à l’embauche auxquelles ils font face ?

96 Troisième conclusion de notre travail, la ségrégation sociale selon l’origine peut dans certains cas avoir des conséquences positives même lorsqu’il s’agit de groupes défavorisés sur le marché du travail (cf. par exemple la situation des immigrés turcs en France). Mais d’où cet effet provient-il ? Une explication pourrait être que les membres de certains groupes sont susceptibles de s’entraider et de se reconnaître davantage en tant que groupe lorsque la discrimination à laquelle ils font face leur semble institutionnalisée, comme le décrivent Adida et al. [2014]. Il serait intéressant de prolonger cette étude et d’analyser à partir de données longitudinales dans quelle mesure cela peut avoir des conséquences sur les méthodes de recherche d’emploi utilisées. Autre explication potentielle : étant donné l’existence de préférences pour les liens avec les personnes de la même origine (Currarini et al. [2009]), le regroupement d’individus de la même origine dans une espace géographique donné est susceptible d’augmenter la taille moyenne des réseaux des membres du groupe concerné. A notre connaissance, aucune recherche n’a directement étudié l’impact de la ségrégation spatiale sur la taille moyenne des réseaux des membres d’un groupe et en répercussion l’impact sur l’efficacité moyenne des réseaux de ses membres. Nous avons également évoqué l’effet potentiellement positif du regroupement dans certains types d’activités (ou entreprises) dans une zone donnée. Tous ces effets positifs de la ségrégation sociale selon l’origine sont alors susceptibles de contrecarrer l’effet négatif évoqué plus haut pour les groupes défavorisés. Ces explications méritent toutes d’être davantage creusées tant du point de vue empirique que théorique puisqu’elles n’ont jusqu’ici donné lieu qu’à peu de travaux.

97 Finalement, il nous semble important de souligner que les recherches empiriques prenant en compte à la fois l’origine des travailleurs et leur sociabilité peinent encore trop souvent à décrire les mécanismes à l’œuvre et à identifier réellement les réseaux de relations. La raison principale en est le manque de données sur la sociabilité des individus dans les bases de données qui concernent le marché du travail. Ce manque caractérise aussi bien les données françaises qu’étrangères. La sociabilité des individus est pourtant susceptible d’influencer considérablement leur accès à l’emploi, comme le montrent de nombreux travaux auxquels nous faisons référence dans cet article.


Annexes

Présentation de l’enquête Trajectoire et Origine (TeO)

98 Dans l’enquête TeO (2008), 21 761 individus de 17 à 60 ans ont été interrogés [20]. Le questionnaire de TeO (2008) est relativement similaire à celui de l’enquête Mobilité Géographique et Insertion Sociale (MGIS) effectuée en 1992 également par l’Ined et l’Insee. A la différence de MGIS (1992), un coefficient de pondération élaboré à partir des résultats du recensement français 2007 peut être affecté à chaque individu dans TeO (2008). Nous l’utilisons uniquement pour les statistiques descriptives.

99 L’enquête TeO (2008) est réalisée de façon à ce que les immigrés (8 456 individus), les domiens (712 individus) et les descendants d’au moins un parent (le père l’emporte) non issu du groupe majoritaire (8 812 individus) soient surreprésentés. Nous distinguons 21 groupes tels qu’ils apparaissent dans le tableau ci-dessous.

Tableau 2

Présentation de TeO (2008)

Origine des travailleurs Notation Pourcentage pondéré Taille des échantillons
Population majoritaire Majorité 77,7 3 781
Domien DOM 0,8 712
Immigré d’Algérie Im. Alg 1,4 889
Immigré de Tunisie ou du Maroc Im. Mar/Tun 2,0 1194
Immigré d’Afrique subsaharienne Im. Afr 1,1 1 401
Immigré du Vietnam, du Laos ou du Cambodge Im. Asie 0,3 774
Immigré de Turquie Im. Turq 0,6 830
Immigré du Portugal Im. Port 1,1 847
Immigré d’Italie ou d’Espagne Im. It/Esp 0,6 485
Immigré d’un autre pays de l’UE-27 Im. EU-27 1,1 754
figure im11
Immigré d’un autre pays Im. autres 2,0 1 282
Descendant de Domiens D. DOM 0,6 651
Descendant d’Algériens D. Alg 1,9 1 309
Descendant de Tunisiens ou Marocains D. Mar/Tun 1,4 1 123
Descendant de Subsahariens D. Afr 0,4 815
Descendant de Vietnamiens,
Laotiens ou Cambodgiens
D. Asie 0,2 573
Descendant de Turcs D. Turq 0,2 448
Descendant de Portugais D. Port 1,3 935
Descendant d’Italien ou et d’Espagnols D. It/Esp 2,8 1 706
Descendant d’un autre pays de l’UE-27 D. EU-27 1,5 673
Descendant d’un autre pays D. autres 0,8 579
Total 100 21 761
figure im12

Présentation de TeO (2008)

Découpage du territoire en 60 zones (groupes d’unités urbaines) pour l’enquête TeO (2008) et densité par zone

100 L’enquête TeO (2008) nous renseigne sur la région dans laquelle habite l’individu interrogé et, uniquement pour l’Île-de-France, sur le département. Ainsi, nous sommes en mesure de distinguer dans un premier temps 28 zones. L’enquête fournit par ailleurs des renseignements sur la taille de l’unité urbaine (UU) dans laquelle vivent les individus interrogés. Plus précisément, nous distinguons les UU de plus de 200 000 habitants, celles comprises entre 100 000 et 200 000 habitants, et celles de moins de 100 000 habitants. Les 28 zones définies au préalable peuvent alors être découpées de telle sorte que nous obtenions les 60 zones suivantes (nous reportons à chaque fois l’ordre de grandeur de la densité moyenne d’habitants/km2 dans la zone d’après les données du recensement de la population 2009) :

Tableau 3

Découpage du territoire dans TeO (2008)

28 régions ou départements (IdF) 60 zones définies en fonction de la région/département (IdF) et du nombre d’habitants par UU (en milliers)[✝] Densité moy.
(hab./km2) par zone [‡]
Paris >200 : UU de Paris >10 000
Seine-et-Marne >200 : UU de Paris
<100 : autres UU du département
500< et ≤1 000
≤500
Yvelines >200 : UU de Paris
<100 : autres UU du département
500< et ≤1 000
≤500
Essonne >200 : UU de Paris
<100 : autres UU du département
1 000< et ≤5 000
≤500
Hauts-de-Seine >200 : UU de Paris 5 000< et ≤10 000
Seine-Saint-Denis >200 : UU de Paris 5 000< et ≤10 000
Val-de-Marne >200 : UU de Paris 5 000< et ≤10 000
Val-d’Oise >200 : UU de Paris
<100 : autres UU du département
1 000< et ≤5 000
500< et ≤1 000
Champagne-Ardenne >200 : UU de Reims
100 à 200 : UU de Troyes
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
500< et ≤1 000
≤500
Picardie 100 à 200 : UU d’Amiens
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
Haute-Normandie >200 : UU de Rouen et de Le Havre
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
Centre >200 : UU de Tours et d’Orléans
<100 : autres UU de la région
500< et ≤1 000
≤500
Basse-Normandie 100 à 200 : UU de Caen
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
Bourgogne >200 : UU de Dijon
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
Nord-Pas-de-Calais >200 : UU de Lille, de Lens, de
Béthune et de Valencienne
100 à 200 : UU de Dunkerque
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
1 000< et ≤5 000
≤500
Lorraine >200 : UU de Metz et de Nancy
100 à 200 : UU de Thionville
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
500< et ≤1 000
≤500
figure im13
Alsace >200 : UU de Strasbourg et de Mul
house
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
Franche-Comté 100 à 200 : UU de Besançon et de
Montbéliard
<100 : autres UU de la région
500< et ≤1 000
≤500
Pays de la Loire >200 : UU de Nantes, d’Angers et
de Le Mans
100 à 200 : UU de Saint-Nazaire
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
≤500
Bretagne >200 : UU de Rennes et de Brest
100 à 200 : UU de Lorient
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
1 000< et ≤5 000
≤500
Poitou-Charentes 100 à 200 : UU de Poitier, de La
Rochelle et d’Angoulême
<100 : autres UU de la région
500< et ≤1 000
≤500
Aquitaine >200 : UU de Bordeaux
100 à 200 : UU de Bayonne et de
Pau
<100 : autres UU de la région
500< et ≤1 000
500< et ≤1 000
≤500
Midi-Pyrénées >200 : UU de Toulouse
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
Limousin 100 à 200 : UU de Limoges
<100 : autres UU de la région
500< et ≤1 000
≤500
Rhône-Alpes >200 : UU de Lyon, de Grenoble et
de St.-Etienne
100 à 200 : UU de Chambéry,
d’Annecy, d’Annemasse et de
Valence
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
500< et ≤1 000
≤500
Auvergne >200 : UU de Clermont-Ferrand
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
≤500
Languedoc-Roussillon >200 : UU de Montpellier
100 à 200 : UU de Perpignan et de
Nîmes
<100 : autres UU de la région
1 000< et ≤5 000
500< et ≤1 000
≤500
PACA >200 : UU d’Aix-Marseille, de Nice,
de Toulon et d’Avignon
<100 : autres UU de la région
500< et ≤1 000
≤500
figure im14
[✝] Plusieurs zones regroupent des UU non-voisines d’une même région. TeO ne nous permet pas de les distinguer entre elles.
[‡] La tranche de densité attribuée à chaque zone constituée d’un groupe d’UU non-voisines correspond à la densité moyenne des UU de la zone (population de la totalité des UU de la zone rapportée à la superficie de la totalité des UU formant la zone).

Découpage du territoire dans TeO (2008)

Statistiques descriptives pour chaque groupe

Tableau 4

Proportions/moyennes pondérées pour les variables explicatives du Tableau 1 par groupe

Part des années de vie en France Proportion de femme Âge moyen Proportion ayant un diplôme>bac Proportion ayant un TB niveau de français Proportion vivant dans une zone où densité >5 000 Proportion vivant dans un iris où le tx de HLM est élevé
Majorité 0,99*** 0,49 39,0 0,32 1,00*** 0,07 0,17
(Réf.) (Réf.) (Réf.) (Réf.) (Réf.)
DOM ***
1
0,51 39,7 0,24*** 1,00*** 0,35*** 0,46***
Im. Alg 0,51 0,40*** 40,7*** 0,26** 0,75 0,35*** 0,54***
(Réf.) (Réf.)
Im. Mar/Tun 0,52 0,37*** 39,4 0,25*** 0,69** 0,26*** 0,48***
Im. Afr 0,40*** 0,52 38,6 0,30 0,79 0,40*** 0,58***
Im. Asie 0,64*** 0,43** 42,3*** 0,30 0,56*** 0,34*** 0,47***
Im. Turq 0,52 0,28*** 35,7*** 0,14*** 0,36*** 0,16*** 0,53***
Im. Port 0,66*** 0,48 44,9*** 0,04*** 0,43*** 0,26*** 0,20*
Im. It/Esp 0,74*** 0,47 47,7*** 0,18*** 0,72 0,14*** 0,21
Im. EU-27 0,39*** 0,59*** 40,2 0,51*** 0,63*** 0,22*** 0,16
Im. autres 0,40*** 0,47 39,9 0,40*** 0,50*** 0,45*** 0,36***
D. DOM ***
1
0,47 29,9*** 0,36 1,00*** 0,32*** 0,39***
D. Alg ***
1
0,51 34,3*** 0,21*** 1,00*** 0,20*** 0,51***
D. Mar/Tun ***
1
0,52 30,0*** 0,34 1,00*** 0,28*** 0,47***
D. Afr ***
1
0,50 28,7*** 0,39* 1,00*** 0,36*** 0,53***
D. Asie ***
1
0,48 30,1*** 0,47*** 1,00*** 0,21*** 0,37***
D. Turq ***
1
0,39*** 25,6*** 0,20** 1,00*** 0,09 0,43***
D. Port ***
1
0,48 31,6*** 0,25** 1,00*** 0,14*** 0,22**
D. It/Esp ***
1
0,42** 39,0 0,25*** 1,00*** 0,07 0,19
D. EU-27 ***
1
0,51 43,0*** 0,28 1,00*** 0,09 0,17
D. autres ***
1
0,52 34,6** 0,41* 1,00*** 0,28*** 0,28***
Observations 11 689 11 689 11 689 11 689 11 689 11 689 11 689
figure im15

Proportions/moyennes pondérées pour les variables explicatives du Tableau 1 par groupe

***,** et* indiquent respectivement que la moyenne/proportion est différente de celle du groupe de référence au seuil de 1 %, 5 % et 10 %.
enquête TeO (Ined-Insee), 2008, 17/60 ans, France métropolitaine (hors Corse).

Bibliographie

Références bibliographiques

  • ADDISON J. et PORTUGAL P. [2002], “Job search methods and outcomes”, Oxford Economic Papers, 54 (3), p. 505-533.
  • ADIDA C. L., LAITIN D. D. et VALFORD M.-A. [2014], “Muslims in France : identifying a discriminatory equilibrium”, Journal of Population Economics, 27 (4), p. 1039- 1086.
  • AEBERHARDT R., FOUGÈRE D., POUGET J. et RATHELOT R. [2010], “Wages and Employment of French Workers with African Origin”, Journal of Population Economics, 23 (3), p. 881-905.
  • ALONSO-VILLAR O. et DEL RÍO C. [2013], “Occupational segregation in a country of recent mass immigration : evidence from Spain”, Annals of Regional Science, 50 (1), p. 109-134.
  • ALONSO-VILLAR O., DEL RÍO C. et GRADÍN C. [2012], “The Extent of Occupational Segregation in the US : Differences by Race, Ethnicity, and Gender”, Industrial Relations, 51 (2), p. 179-212.
  • ALTONJI J. et BLANK R. [1999], “Race and Gender in the Labor Market”, in eds. O. Ashenfelter and D. Card, Handbook of Labor Economics, Volume 3c, chap. 48, p. 3143-3259.
  • ANDERSON F., BURGESS S. et LANE J. [2009], “Do as the Neighbors Do : The Impact of Social Networks on Immigrant Employment”, IZA discussion paper no 4423.
  • ARROW K. [1998], “What Has Economic to Say about Racial Discrimination ?”, Journal of Economic Perspectives, 12 (2) p. 91-100.
  • BATTU H., SEAMAN P. et ZENOU Y. [2011], “Job Contact Networks and the Ethnic Minorities”, Labour Economics, Vol. 18, p. 48-56.
  • BATTU H. et ZENOU Y. [2010], “Oppositional identities and employment for ethnic minorities. Evidence from England”, Economic Journal, Vol. 120, p. 52-71.
  • BAYER P., ROSS S. L. et TOPA G. [2008], “Place of Work and Place of Residence : Informal Hiring Networks and Labor Market Outcomes”, Journal of Political Economy, 116 (6), p. 1150-1196.
  • BEAMAN L. [2011], “Social Networks and Dynamics of Labor Market Outcomes : Evidence from Refugees Resettled in the US”, Review of Economic Studies, 79 (1), p. 128-161.
  • BEAMAN L. et MAGRUDERZ J. [2012], “Who gets the job referral ? Evidence from a social networks experiment”, American Economic Review, 102 (7), p. 3574-3593.
  • BENTOLILA S., MICHELACCI C. et SUAREZ J. [2010], “Social Contacts and Occupational Choice”, Economica, 77 (305), p. 20-45.
  • BERTHOUD R. [2000], “Ethnic employment penalties in Britain”, Journal of Ethnic and Migration Studies, 26 (3), p. 389-416.
  • BESSY C. et MARCHAL E. [2009], « Le rôle des réseaux et du marché dans les recrutements, Enquête auprès des entreprises », Revue Française de Socio-Économie, 1 (3), p. 121-146.
  • BOORMAN S. A. [1975], “A Combinatiorial Optimization Model for Transmission of Job Information Through Contact Networks”, Bell Journal of Economics, 6 (1), p. 216-249.
  • BORTNICK S. et PORTS M. H. [1992], “Job search methods and results : tracking the unemployed”, Monthly Labor Review, December, p. 29-35.
  • BUHAÏ S. et VAN DER LEIJ M. [2010], “A Social Network Analysis of Occupational Segregation”, Coalition Theory Network Working Paper.
  • CALVO-ARMENGOL A. [2004], “Job contact networks”, Journal of Economic Theory, Vol. 115, p. 191-206.
  • CALVO-ARMENGOL A. et JACKSON M. [2004], “Social Networks in determining employment : patterns, dynamics and inequality”, American Economic Review, Vol. 94, p. 426-454.
  • CALVO-ARMENGOL A. et ZENOU Y. [2005], “Job Matching, Social Network and Word-of-Mouth Communication”, Journal of Urban Economics, 57 (3), p. 500-522.
  • CAPPELLARI L. et TATSIRAMOS K. [2010], “Friends’ Networks and Job Finding Rates”, IZA-Discussion Paper no 5240.
  • CONLEY T. G. et TOPA G. [2003], “Socio-Economic Distance and Spatial Patterns in Unemployment”, Journal of Applied Econometrics, Vol. 17, p. 303-327.
  • COUSTEAUX A.-S. et LEMEL Y. [2004], « Étude de l’Homophile Socio-Professionnelle à travers l’Enquête Contacts », CREST-WP no 2004-10.
  • CULTER D.M., GLAESER E.L. et VIGDOR J.L. [2008], “When are ghettos bad ? Lessons from immigrant segregation in the United-States”, Journal of Urban Economics, 63 (3), p. 759-774.
  • CURRARINI S., JACKSON M. et PIN P. [2009], “An economic model of friendship : homophily, minorities and segregation”, Econometrica, Vol. 77, No 4, p. 1003- 1045.
  • DAMM A. P. [2009], “Ethnic Enclaves and Immigrant Labor Market Outcomes : Quasi-Experimental Evidence”, Journal of Labor Economics, 27 (2), p. 281-314.
  • DARITY W. A. et NEMBHARD J. G. [2000], “Racial and Ethnic Economic Inequality : The International Record.” American Economic Review, 90 (2), p. 308-311.
  • DOCQUIER F. et RAPOPORT H. [1998], “Are migrant minorities strategically self-selected ?”, Journal of Population Economics, 11, p. 579-588.
  • DOMINGUES DOS SANTOS M. [2005], “North Africans and Portuguese in the French Labor Market : the Weight of Origin”, Revue Économique, Vol. 56, p. 447- 464.
  • DUGUET E., LEANDRI N., L’HORTY Y. et PETIT P. [2010], “Are Young French Jobseekers of Ethnic Immigrant Origin Discriminated Against ? A Controlled Experiment in the Paris Area”, Annales d’Économie et Statistiques, No 99-100, p. 187-215.
  • DUSTMANN C., ALBRECHT G. et SCHÖNBERG U. [2011], “Job Search Networks and Ethnic Segregation in the Workplace”, CReAM Discussion Paper No 14/11.
  • EDIN P.-A., FREDRIKSSON P. et ASLUND O. [2003], “Ethnic enclaves and the economic success of immigrants-Evidence from a natural experiment”, Quarterly Journal of Economics, Vol. 118, p. 329-357.
  • ELLIOTT J. [1999], “Social isolation and labor market isolation : Network and neighborhood effects on less-educated urban workers”, Sociological Quarterly, 40 (2), p. 199-216.
  • ELLIOTT J. et SIMS M. [2001], “Ghettos and Barrios : The Impact of Neighborhood Poverty and Race on Job Matching among Blacks and Latinos”, Social Problems, 48 (3), p. 341-361.
  • FERNANDEZ R. M. et FERNANDEZ-MATEO I. [2006], “Networks, Race, and Hiring”, American Sociological Review, Vol. 71, p. 42-71.
  • FINNERAN L. et KELLY M. [2003], “Social networks and inequality”, Journal of Urban Economics, Vol. 53, p. 282-299.
  • FONTAINE F. [2006], « Les réseaux de relations : quelles perspectives pour l’Économie du marché du travail ? », Revue Française d’Économie, 21 (1), p. 127-172.
  • FRIJTERS P., SHIELDS M. A. et WHEATLEY PRICE S. [2005], “Job search methods and their success : a comparison of immigrants and natives in the UK”, Economic Journal, Vol. 115, p. 359-376.
  • GALEOTTI A. et MERLINO L. P. [2015], “Endogenous Job Contact Networks”, Forthcoming in International Economic Review.
  • GOBILLON L., MAGNAC T. et SELOD H. [2011], “The effect of location on finding a job in the Paris region”, Journal of Applied Econometrics, 26 (7), p. 1079-1112.
  • GOBILLON L. et SELOD H. [2007], « Les déterminants locaux du chômage en région parisienne », Économie et Prévision, no 180-181, p. 19-38.
  • GRANOVETTER M. [1973], “The Strength of Weak Ties”, American Journal of Sociology, 78 (6), p. 1360-1380.
  • GREEN G., TIGGES L., et DIAZ D. [1999], “Racial and ethnic differences in job search strategies in Atlanta, Boston, and Los Angeles”, Social Science Quarterly, 80 (2), p. 559-577.
  • GROSSETI M. [2007], “Are French Networks different ?”, Social Networks, Vol. 29, p. 391-404.
  • HELLERSTEIN J.K., MCINERNEY M. et NEUMARK D. [2010], “Spatial Mismatch, Immigrant Networks, And Hispanic Employment In The United States”, Annales d’Économie et de Statistique, no 99/100, p. 141-167.
  • HELLERSTEIN J. K., MCINERNEY M. et NEUMARK D. [2008], “Measuring the Importance of Labor Market Networks”, IZA discussion paper no 3750.
  • HÉRAN F. [1988], « La sociabilité, une pratique culturelle », Économie et Statistique, vol. 216, p. 3-22.
  • HOLZER H. [1987], “Informal Job Search and Black Youth Unemployment”, American Economic Review, 77 (3), p. 446-452.
  • IBARRA H. [1992], “Homophily and Differential Returns : Sex Differences in Network Structure and Access in an Advertising Firm”, Administrative Science Quarterly, 37 (3), p. 422-447.
  • INED [2010], « Enquête sur la diversité des populations en France : premiers résultats », Document de Travail Ined no 168.
  • INSEE [2012], « Immigrés et descendants d’immigrés en France », Collection Insee Référence.
  • IOANNIDES Y. et DATCHER LOURY L. [2004], “Job information Networks, Neighborhood effects and Inequality”, Journal of Economic Literature, 42 (4), p. 1056- 1093.
  • JACKSON M. [2009], “Social and Economic Networks”, Princeton University Press.
  • KLEIT R. G. et CARNEGIE N. B. [2011], “Integrated or isolated ? The impact of public housing redevelopement on social homophily”, Social Networks, Vol. 33, p. 152- 165.
  • KRAMARZ F. et NORDSTRÖM SKANS O. [2013], “When Strong Ties are Strong : Networks and Youth Labor Market Entry”, Review of Economic Studies, forthcoming.
  • LAZEAR E. P. [1999], “Culture and language”, Journal of Political Economy, 107 (6), p. 95-126.
  • LEFRANC A. [2010], “Unequal Opportunities and Ethnic Origin : The Labor Market Outcomes of Second-Generation Immigrants in France”, American Behavioral Scientist, 53 (12), p. 1851-1882.
  • LOURY L. D. [2006], “Some Contacts Are More Equal than Others : Informal Networks, Job Tenure, and Wages”, Journal of Labor Economics, 24 (2), p. 299- 318.
  • MANSKI C. F. [1993], “Identification of social Effects : the reflection problem”, Review of Economic Studies, Vol. 60, p. 531-542.
  • MARGOLIS D. et SIMONNET V. [2003], “Labor Market Networks and Outcomes : The Role of the Educational Track”, IZA Discussion Paper no 699.
  • MARMAROS D. et SACERDOTE B. [2006], “How do friendships form ?” Quarterly Journal of Economics, 121 (1), p. 79-119.
  • MAYER A. et PULLER S. L. [2008], “The old boy (and girl) network : Social network formation on university campuses”, Journal of Public Economics, Vol. 92, p. 329- 347.
  • MCPHERSON M., SMITH-LOVIN L. et COOK J.M. [2001], “Birds of a Feather : Homophily in Social Networks”, Annual Review of Sociology, Vol. 27, p. 415-444.
  • MEURS D. et PAILHÉ A. [2010], « Position sur le marché du travail des descendants directs d’immigrés en France : les femmes doublement désavantagées ? », Économie et Statistique, no 431/432, p. 129-151.
  • MEURS D., PAILHÉ A. et SIMON P. [2006], « Mobilité intergénérationnelle et persistance des inégalités : l’accès à l’emploi des immigrés et de leurs descendants en France », Population, 61 (5-6), p. 763-802.
  • MOORE G. [1990], “Structural determinants of Men’s and Women’s personal Networks”, American Sociological Review, Vol. 55, p. 726-735.
  • MOUW T. [2002], “Racial differences in the effects of job contacts : Conflicting evidence from cross-sectional and longitudinal data”, Social Science Research, Vol. 31, p. 511-538.
  • MUNSHI K. [2003], “Networks in modern economy : Mexican migrants in the US Labor Market”, Quarterly Journal of Economics, May 2003, p. 549-599.
  • NECKERMAN K. M. et KIRSCHENMAN J. [1991], “Hiring Strategies, Racial Bias, and Inner-City Workers”, Social Problems, Vol. 38, No. 4, Special Issue on the Underclass in the United States, (Nov.), p. 433-447.
  • PATACCHINI E. et ZENOU Y. [2012], “Ethnic Networks and Employment Outcomes”, Regional Science and Urban Economics, 42 (6), p. 938-949.
  • PATEL K. et VELLA F. [2013], “Immigrant Networks and their implications for occupational Choice and Wages”, Review of Economics and Statistics, 95 (4), p. 1249- 1277.
  • PELLIZZARI M. [2011], “Employers’ search and the efficiency of matching”, British Journal of Industrial Relations, 49 (1), p. 25-53.
  • PELLIZZARI M. [2010], “Do friends and relatives really help in getting a good job ?”, Industrial and Labor Relations Review, 63 (3), p. 494-510.
  • PHELPS E. [1972], “The Statistical Theory of Racism and Sexism”, American Economic Review, 62, p. 659-661.
  • ROSENBAUM J., DELUCA S., MILLER S. et ROY K. [1999], “Pathways into Work : Short-and Long-Term Effects of Personal and Institutional”, Sociology of Education, 72 (3), p. 179-196.
  • SABATIER M. [2010], “Filling vacancies : Identifying the most efficient recruitment channel”, Economics Bulletin, 30 (4), p. 3355-3368.
  • SMITH S. [2010], “A test of Sincerity : How Black and Latino Service Workers Make Decisions about Making Referrals”, Annals of The American Academy, Vol. 629, p. 30-52.
  • SMITH S. [2000], “Mobilizing Social Resources : Race, Ethnic, and Gender Differences in Social Capital and Persisting Wage Inequalities”, Sociological Quarterly, 41 (4), p. 509-537.
  • STARK O. [1995], Altruism and Beyond, Chapter 4, Oxford and Cambridge : Basil Blackwell.
  • STOLOFF J., GLANVILLE J. et BIENENSTOCK E. J. [1999], “Women’s participation in the labor force : the role of social networks”, Social Networks, Vol. 21, p. 91-108.
  • TASSIER T. et MENCZER F. [2008], “Social Network Structure, Segregation, and Equality in the Labor Market with Referral Hiring, Journal of Economic Behavior & Organization, Vol. 66, p. 514-528.
  • TOMASKOVIC-DEVEY D. et STAINBACK K. [2007], “Discrimination and Desegregation : Equal Opportunity Progress in U.S. Private Sector Workplaces since the Civil Rights Act”, ANNALS of the American Academy of Political and Social Science, 609 (1), p. 49-84.
  • TOOMET O., VAN DER LEIJ M.J. et ROLFE M. [2013], “Social networks and labor market inequality between ethnicities and races”, Network Science, 1 (3), p. 321- 352.
  • TOPA G. [2001], “Social Interactions, Local Spillovers and Unemployment”, Review of Economic Studies, 68 (2).
  • TU J. [2010], “The Effect of Enclave residence on Labour Force Activities of Immigrants in Canada”, IZA-DP no 4744.
  • WAHBA J. et ZENOU Y. [2005], “Density, social networks and job search methods : theory and application to Egypt”, Journal of Development Economics, Vol. 78, p. 443-473.
  • WILSON F. D. [2003], “Ethnic niching and metropolitan labor markets”, Social Science Research, Vol. 32, p. 429-466.
  • WILSON F. D. [1999], “Ethnic concentration and labor market opportunities” in : Bean, F., Bell-Rose, S. (Eds.), Immigration and Opportunity : Race, Ethnicity, and Employment in the United States – Russell Sage Foundation, New York, p. 106- 140.
  • ZENOU Y. [2013], “Explaining the Black/White Employment Gap : The Role of Weak Ties” Working Paper.

Mots-clés éditeurs : marché du travail, origine immigrée, réseaux sociaux

Date de mise en ligne : 29/04/2016.

https://doi.org/10.3917/redp.262.0213

Notes

  • [1]
    INED (Institut National d’Études Démographiques), 133 Boulevard Davout - 75980 Paris Cedex 20, France, au moment de la rédaction et de la soumission de cet article ; DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques), 39-43 quai André-Citroën - 75902 Paris cedex 15, au moment de la publication. Email : emmanuelvalat@hotmail.com. Je remercie les rapporteurs de la Revue d’économie politique pour leurs observations ainsi que François Fontaine et Yannick L’Horty pour leurs nombreuses remarques sur une version antérieure et partiellement différente de cet article mais qui a permis sa rédaction. Je remercie également Dominique Meurs, Radu Vranceanu et Yves Zenou pour leurs commentaires sur la version antérieure.
  • [2]
    Dans notre travail, nous nous efforçons de distinguer les immigrés et leurs descendants directs. Néanmoins, pour les études portant sur les pays anglo-saxons, cela n’est pas toujours possible. Les critères ethniques y sont souvent privilégiés, ce qui engendre dans certaines études une non-distinction des immigrés et des descendants. Par exemple Battu et al. [2011] se basent dans une étude sur données britanniques sur des catégories ethniques mêlant à la fois natifs et immigrés : « White », « Black », « Indian » et « Pakistani/ Bangladeshi ». Dans ce travail, le lieu de naissance est alors ajouté comme une variable distincte mais ce n’est pas toujours le cas.
  • [3]
    Cf. par exemple Lefranc [2010] et Meurs et al. [2006] pour la France, Berthoud [2000] pour la Grande-Bretagne, Tomaskovic-Devey et K. Stainback [2007] pour les États-Unis ou encore Darity et Nembhard [2000] pour des comparaisons internationales.
  • [4]
    Les données de l’enquête TeO (2008) ne nous renseignent pas sur l’origine de la personne qui a permis d’obtenir l’emploi.
  • [5]
    A propos des réseaux des « Latinos », Munshi [2003], même s’il ne compare pas avec l’efficacité des réseaux d’autres groupes, souligne l’importance des réseaux des immigrés mexicains aux États-Unis dans leur accès à l’emploi.
  • [6]
    Il est important de souligner que nous ne prenons pas en compte les domiens et leurs descendants dans les Figure 3 et Figure 4 dans la mesure où un grand nombre d’entre eux ne renseignent pas la date de leur venue en métropole.
  • [7]
    Voir aussi les résultats d’Addison et Portugal [2002], qui suivent les parcours des chômeurs sur le marché du travail portugais. Ils montrent que les jeunes semblent plus régulièrement sortir du chômage grâce à leurs contacts que les plus âgés.
  • [8]
    Notons tout de même que dans cette étude, non seulement l’auteur ne met pas directement en cause les réseaux de relations, mais il se concentre sur l’impact de ce moindre investissement dans les procédures de recrutement sur les salaires.
  • [9]
    Les iris correspondent à un découpage du territoire en petites zones (infracommunales), respectant des critères géographiques et démographiques. Ainsi les communes peuvent être divisées en plusieurs iris.
  • [10]
    Cf. Phelps [1972] à propos de la notion de discrimination statistique.
  • [11]
    Cf. Docquier et Rapoport [1998].
  • [12]
    Cf. Currarini et al. [2009].
  • [13]
    En effet, les performances des membres d’un groupe d’immigrés sur le marché du travail peuvent par exemple être corrélées à la taille de ce groupe dans la zone.
  • [14]
    Notons par exemple qu’un certain nombre de recherches s’intéressent aux choix identitaires selon la situation des individus sur le marché du travail (cf. Battu et Zenou [2010]).
  • [15]
    Plus précisément, la distribution du nombre de personnes habitant dans des ZUS (Zone Urbaine Sensible) est fortement biaisée selon l’origine des descendants et semble influencer l’accès à l’emploi des différents groupes.
  • [16]
    Ils distinguent les groupes suivants sans tenir compte de leur lieu de naissance (la variable « lieu de naissance » est introduite indépendamment par la suite) : « Black African », « Black Caribbean », « Indian », « Pakistani », « Bangladeshi » et Chinese ».
  • [17]
    Ils profitent de la dimension longitudinale de leurs données pour introduire comme instrument de la concentration d’individus de la même origine en emploi dans la zone, la variable « retardée » dans le temps.
  • [18]
    Origine immigrée pour l’Estonie et origine ethnique pour les États-Unis.
  • [19]
    Ou ethnique dans les travaux anglo-saxons.
  • [20]
    Pour plus de précisions sur la réalisation de l’enquête TeO (2008), voir le document de travail de l’Ined [2010] sur l’enquête TeO.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.86

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions