Couverture de REDP_132

Article de revue

L'équivalence ricardienne dans les modèles de croissance avec accumulation de capital

Pages 171 à 197

Notes

  • [*]
    GREMAQ, Université de Toulouse I, Manufacture des Tabacs, 21 Allée de Brienne, F-31000 Toulouse, France Tel : 05 61 12 85 57/Fax : 05 61 22 55 63 — Email : emmanuel. thibault@ univ-tlse1. fr Je tiens à remercier Stéphane Auray, Bruno Decreuse, Martial Dupaigne, Philippe Michel, Pierre Pestieau, Alain Venditti, Jean-Pierre Vidal et deux rapporteurs anonymes de cette revue pour leurs commentaires et suggestions qui ont permis d’améliorer ce travail.
  • [1]
    Pour une présentation claire de cette controverse, le lecteur peut se référer à Descamps et Page [1994]. Seater [1993] propose une étude très détaillée du débat empirique sur l’équivalence ricardienne. Pour des tests sur des données des pays de l’OCDE, le lecteur peut se reporter à Kessler, Perelman et Pestieau [1986].
  • [2]
    Le lecteur peut se référer à Masson et Pestieau [1991] ou Laferrère [1997] pour une présentation des modèles d’héritages et une étude de leurs implications.
  • [3]
    Masson et Pestieau [1991] et Pestieau [1991] étudient les conséquences macroéconomiques de chaque type de modèles d’héritages.
  • [4]
    Voir Michel, Thibault et Vidal [2003] pour une présentation détaillée de l’hypothèse d’altruisme dynastique.
  • [5]
    Le lecteur peut se reporter à Michel [1992] pour une étude précise du modèle de Ramsey en temps discret et à Venditti [1996] pour une étude détaillée des propriétés des modèles de croissance optimale.
  • [6]
    L’apport des modèles à générations imbriquées en macroéconomie est étudié par Michel [1993].
  • [7]
    Traditionnellement, nous supposons que U ( c, d ) est deux fois continûment différentiable, strictement croissante et concave. De plus :
    equation im4

  • [8]
    La production de la période t dépend du stock de capital Kt et du nombre de salariés de la période courante : Yt = F ( Kt, Nt ). En variable par jeune de la période t nous avons donc : Yt /Nt = f ( kt ) = F ( kt, 1 ) où kt = Kt /Nt. En supposant une dépréciation totale du capital en une période nous obtenons wt = f ( kt ) ? kt f? ( kt ) et rt = f? ( kt ) ? 1.
  • [9]
    L’existence, l’unicité ou la multiplicité de tels équilibres sont analysées par Galor et Ryder [1989].
  • [10]
    En effet, comme F est homogène, nous avons F ( Kt, Nt ) = ( 1 + rt ) Kt + wt Nt = ( 1 + rt ) st?1 Nt?1 + ( cs + st ) Nt = Nt?1 dt + Nt ct + Nt st.
  • [11]
    Pour une exposition détaillée de ce résultat le lecteur peut se référer à Michel [1993] ou Blanchard et Fischer [1989].
  • [12]
    Ainsi, les agents ne laissent pas d’héritage (ni positif, ni négatif) et cela nous permet, comme le titre de cette sous-section l’indique, d’étudier la validité de l’argument ricardien dans un cadre sans transferts entre générations où l’horizon de calcul est infini et la durée de vie finie.
  • [13]
    Bien que sa durée de vie soit finie, l’agent maximise son utilité instantanée jusqu’à l’infinie car son horizon de calcul est infini. En effet, à chaque période où il est encore vivant, il a une probabilité positive de continuer à vivre.
  • [14]
    Tel est aussi, par exemple, le cas lorsque nous introduisons une fiscalité distorsive, des contraintes de liquidité ou certains types de déséquilibres (réaction à un choc,...).
  • [15]
    Comme le souligne Seater [1993, p. 148], le legs altruiste n’est probablement pas le seul qui permette de retrouver l’équivalence ricardienne ; mais c’est le seul qui ait été étudié.
  • [16]
    Même si l’altruisme dynastique permet de retrouver l’argument ricardien, il pose toutefois certaines difficultés. Par exemple, si l’État emprunte à un taux inférieur au taux d’emprunt des ménages l’équivalence ricardienne n’est pas vérifiée. De plus, comme le soulignent Bernheim et Bagwell [1988], la neutralité aux politiques de redistribution est si forte qu’elle peut même impliquer une neutralité aux variations des taxes distorsives.
  • [17]
    Ainsi pour Mankiw [2000 p. 121] :«... we need a new macroeconomic model of fiscal policy. Both the Barro-Ramsey model and the Diamond-Samuelson model are inconsistent with the empirical finding that consomption tracks current incarne and with the numerous households with near zero wealth. In addition, the Diamond-Samuelson model is inconsistent with the great importance of bequests in aggregate wealth accumulation [...] There is a need for a model in which some consumers plan ahead for themselves and their descendants, while others live paycheck to paycheck. »
  • [18]
    En considérant un modèle dans lequel l’altruisme est à la fois ascendant et descendant, Abel [1987] généralise la condition de Weil. Cependant, l’étude de Weil remonte à 1984 alors que celle d’Abel date de 1986.
  • [19]
    Si les consommations des deux périodes de vie sont des biens normaux, la fonction s croît en son premier argument et décroît en son second. Plus le revenu de première période de l’altruiste est élevé, plus son épargne est importante. Plus l’altruiste veut laisser un héritage important, plus il épargne.
  • [20]
    Lorsque les legs sont nuls la fonction s coïncide avec la fonction d’épargne sD du modèle de Diamond définie par l’équation (1).
  • [21]
    L’altruisme dans les modèles à générations imbriquées est étudiée en détails par Vidal [1996a].
  • [22]
    En effet, s’il existe l ? { 0,..., N ? 1 } tel que xl > 0 alors la relation (9) ne peut être vérifiée par les dynasties j où j ? { l + 1,..., N }.
  • [23]
    Diamond [1965, p. 1134] : « As portrayed in Diagram 3, and as will be assumed throughout this paper, the economy has a single, stable eguilibrium point. »
  • [24]
    Weil [1987, p. 385] : « Were we abandon Assumption 2, our results would be reversed and our model would yield counterintuitive conclusions as would Diamond’s [1965]. »
  • [25]
    Ni les conditions d’Inada, ni les hypothèses de croissance et de stricte concavité sur les préférences et la technologie ne permettent de garantir l’existence et/ou l’unicité d’un équilibre dans le modèle de Diamond.
  • [26]
    A l’aide d’un exemple simple, Thibault [2001] montre que même si le modèle de Diamond possède un unique équilibre globalement stable, le degré d’altruisme peut être négativement corrélé avec le niveau d’héritage. C’est une hypothèse sur la concavité de la fonction de production qui est nécessaire pour éviter ce résultat contre-intuitif.
  • [27]
    Plus précisement ? ( k, x ) croît avec x, lim ? ( k, x ) /k = 0 et lim ? ( k, x ) = + ?. k ? + ? x ? + ?
  • [28]
    Plus précisément, les legs sont positifs si (et seulement si) : ? > U?d ( w* ? k*, k*R* ) /U?c ( w* ? k*, k*R* ).
  • [29]
    Pour un survol plus détaillé, le lecteur peut se reporter à Seater [1993] ou au Chapitre 1 de Thibault [2000b].

1Dans la plupart des pays de l’OCDE, les gouvernements ont généralement poursuivi au cours des 25 à 30 dernières années des politiques fiscales favorisant l’accumulation de déficits budgétaires qui ont conduit à une croissance démesurée de l’endettement public. A la lumière de l’évolution historique des finances publiques et de la forte volatilité du rapport dette/PIB, l’Union Européenne a jugé important de revoir le rôle et les possibilités de la politique fiscale dans le contexte actuel. Cette réflexion a conduit à la ratification des traités de Maastricht et Amsterdam qui prévoient une réduction drastique du niveau d’endettement de certains pays de la zone Euro.

2Le retour vers des budgets affichant des déficits publics moins élevés et éventuellement équilibrés est plutôt récent et peut être fragile. Cependant, ce retour reflète l’abandon et le rejet des prévisions keynésiennes au profit des tenants de l’hypothèse ricardienne. Il relance donc un vieux débat, initié par David Ricardo, sur l’efficacité du recours à l’emprunt plutôt qu’à l’impôt pour financer un volume donné de dépenses publiques.

3En reprenant à son compte l’argument ricardien, en vertu duquel il y a équivalence entre le financement par l’emprunt ou par la fiscalité des dépenses publiques, la nouvelle école classique a remis en cause la thérapeutique keynésienne de relance par le déficit budgétaire. Le débat théorique a porté essentiellement sur les fondements microéconomiques des réactions des consommateurs au recours de tel ou tel mode de financement des dépenses publiques.

4Les grandes polémiques de l’histoire de la pensée économique, auxquelles le débat politique fait plus tard écho, sont d’ordre théorique. C’est sans doute ce que Karl Marx avait à l’esprit lorsqu’il déclarait (cité par Guesnerie [1996, p. 33]) : « L’économie ne peut s’aider des seuls réactifs de la chimie, [...] l’abstraction est la seule force qui peut lui servir de guide ».

5Dans cet article nous nous proposons de retracer les grandes lignes de la controverse [1] théorique sur l’impact et l’efficacité de l’émission d’une dette publique qui agite le monde des macroéconomistes.

6Les modèles de croissance avec accumulation du capital nous semblent constituer le cadre naturel pour ce type de travail. En effet, les modèles étudiés dans cet article ont tous été construits, à l’origine, pour permettre d’examiner l’impact macroéconomique des déficits budgétaires. Pour la plupart, ces modèles ont été formulés en temps continu. Les nombreux développements mathématiques liés à la mécanique sont, a priori, à l’origine de l’utilisation du temps continu dans les modèles économiques théoriques. Cependant, les données disponibles conduisent naturellement à une modélisation en temps discret. Pour cette raison, et parce que l’utilisation du temps discret permet en général des simplifications techniques et une interprétation économique plus aisée, tous les modèles que nous présentons sont reformulés en temps discret.

7La première partie de cet article est consacrée aux liens qui existent entre la validité de l’argument ricardien et la durée de vie (ou l’horizon de calcul) des individus qui constituent l’économie. En effet, jusqu’au milieu des années 70, l’idée selon laquelle le théorème d’équivalence ricardienne n’était satisfait qu’en présence d’agent à durée de vie infinie était largement répandu ; les économistes se référant au modèle de croissance optimale développé en 1928 par Ramsey. En se focalisant sur le comportement d’épargne des individus, Franck Ramsey montre que l’émission d’une dette publique n’entraîne aucun effet de richesse agrégé et n’a de ce fait aucun impact sur la consommation agrégée.

8Cependant, cette intuition est infirmée par l’analyse d’un certain type de modèles à générations imbriquées connus sous le nom de modèles de jeunesse perpétuelle (modèles de Blanchard [1985], Buiter [1988] et Weil [1989]). En effet, lorsque nous prenons en compte les effets richesse dues à la croissance de la population, l’existence d’agents à durée de vie ou horizon de calcul infinis n’est ni nécessaire, ni suffisante pour obtenir le théorème d’équivalence ricardienne.

9Intuitivement, les agents présents au moment de l’émission d’une dette augmentent leurs consommations non parce qu’ils savent qu’ils ont des chances d’échapper à la future hausse d’impôt que le remboursement de la dette ne manquera pas d’entraîner, mais parce qu’ils anticipent l’arrivée de nouveaux individus qui les aideront à la supporter. Ainsi, d’après Weil [1989, p. 183/196] : « The length of consumers’ planning horizons bears no logical relation to the issues raised by the Ricardian debt neutrality proposition or the efficiency of competitive equilibria [...] The crucial ingredient is the continuous arrival into the economy of new, infinitely-lived dynasties which are, by definition, not part of pre-existing families in the sense that they are not linked to older cohorts through operative interdynastic transferts. »

10C’est donc l’étude des liens qui unissent les individus qui meurent et ceux qui naissent qui détermine si oui ou non l’émission d’une dette publique est neutre. Nous retrouvons alors l’argument développé par Robert Barro dès 1974 : la présence de transferts intergénérationnels engendre des dynasties d’agents altruistes qui peuvent permettre de valider l’argument ricardien. D. Elmendorf et G. Mankiw [1999] (Handbook of Macroeconomics) soulignent l’importance que ce célèbre article de Barro occupe dans le débat sur l’argument ricardien : « In a way, Barro can be viewed as the Christopher Columbus of Ricardian equivalence. Columbus was not the first European to discover America, for Leif Ericsson and others had come before. Instead, Columbus’s great confidence in the importance of his mission ensured that he was the last european to discover America : after Columbus, America stayed discovered. Similarly, Robert Barro was not the first economist to discover Ricardian equivalence, but he was surely the last. Since Barro’s work, Ricardian equivalence has maintained its place at the center of the debate over government debt, and no one will be able to discover it again. »

11La littérature offre aujourd’hui un large éventail de modèles théoriques [2] qui témoigne de la diversité des motifs de transmissions intergénérationnelles. Dans ces modèles, les transferts peuvent aussi bien répondre à des considérations égoïstes où le legs procure en soi du bien être aux légateurs sans qu’ils se préoccupent de la situation des héritiers (legs paternaliste, legs d’échange pur ou stratégique) qu’à un désir d’altruisme où les caractéristiques des héritiers influencent directement les comportements de transmissions de leurs bienfaiteurs (legs altruiste).

12L’incidence de l’émission d’une dette varie selon les comportements de transmission des ménages. Cette diversité des réactions aux politiques de redistribution de l’Etat montre que chaque forme de legs dessine un monde particulier où non seulement les facteurs explicatifs des transmissions, mais aussi le rôle de l’héritage sont différents [3].

13De nos jours, la forme d’altruisme la plus couramment utilisée dans la théorie économique reste l’altruisme dynastique étudié, dès 1974, tant par Barro [1974] que par Becker [1974] [4]. Elle revient à considérer que les individus sont sensibles au bien-être de leurs enfants. Le consommateur altruiste maximise une somme constituée de l’utilité de ses propres consommations et de celle de ses enfants ; cette dernière étant pondérée par le degré d’altruisme du parent.

14L’héritage que le parent lègue à ses enfants doit être positif ou nul. Cette hypothèse est parfaitement justifiée dans la mesure où nous étudions des décisions d’agents privés : les enfants n’étant pas, d’après la loi, tenus d’accepter l’héritage de leur parents, ce dernier ne peut pas prendre la forme d’une dette.

15En étudiant l’impact de l’émission d’une dette publique dans différents modèles à générations imbriquées dans lesquels la population est constituée (entièrement ou partiellement) d’agents altruistes (modèles de Barro [1974] et de Michel et Pestieau [1998]), nous montrerons que la présence d’au moins une dynastie d’agents altruistes liés par des legs strictement positifs permet de retrouver le théorème d’équivalence ricardienne.

16Insistons sur le fait qu’il ne suffit pas que les parents intègrent dans leur utilité le devenir de leurs enfants pour que l’on retrouve l’équivalence ricardienne. Il est en outre nécessaire que les conditions économiques les incitent à effectuer un legs positifs.

17La contrainte de positivité des héritages étant au coeur du débat macroéconomique sur la neutralité de la dette publique, nombreux sont les économistes qui ont cherché les conditions sous lesquelles les parents laissent un legs. Nous commencerons par examiner les premiers travaux menés par Barro [1974], Drazen [1978] et Carmichael [1982]. Enfin, de la condition de Weil [1987] et ses généralisations (Abel [1987], Vidal [1996b]) fréquemment utilisées dans la littérature jusqu’aux développements les plus récents (Thibault [2000a]), nous analyserons les motivations économiques qui conduisent un parent à laisser un héritage.

18Une étude précise de l’optimalité des équilibres de chacun des modèles macroéconomiques à fondements microéconomiques étudiés jalonne cet article. Elle permet de souligner l’impact et l’importance des conséquences que l’émission d’une dette publique peut avoir sur le bien être des agents.

19Ainsi, cet article est organisé comme suit. La section 1 traite de l’impact de la durée de vie et de l’horizon de calcul des agents sur la validité du théorème d’équivalence ricardienne. Dans la section 2, nous nous intéressons aux conséquences, entermes depolitiques économiques, del’introductiondansles modèlesde croissancede l’hypothèsed’altruisme dynastique. Lasection 3propose d’examiner quels sont, dans la littérature théorique, les facteurs économiques qui incitent un parent à laisser ou non un héritage. La dernière section conclut et motive les choix effectués dans ce survol de la littérature.

1. Impact de la durée de vie et de l’horizon de calcul des agents sur l’argument ricardien

20Dans cette partie nous étudions la validité de l’argument ricardien selon la durée de vie et l’horizon de calcul des agents. Nous définissons l’horizon de calcul d’un agent comme la durée sur laquelle il planifie ses décisions, i.e., l’horizon sur lequel il optimise son bien-être. Nous considérons dans cette section des individus « égoïstes » qui ne se préoccupent que de leur utilité de cycle de vie. Ainsi, toute différence entre leur durée de vie et leur horizon de calcul ne peut provenir que d’une incertitude sur leur durée de vie. Pour analyser l’impact de l’émission d’une dette publique, selon que la durée de calcul et/ou l’horizon de vie des individus sont finis ou infinis, nous distinguons trois classes de modèles.

1.1. Les modèles de croissance optimale avec agents à durée de vie et horizon de calcul infinis

21Commençons par nous intéresser aux modèles de croissance optimale composés d’individus à durée de vie (et donc à horizon de calcul) infinie. Initialement développé par Ramsey [1928], ce type de modèle constitue le premier cadre théorique dans lequel il y a neutralité de la dette publique.

22Franck Ramsey se propose d’étudier le problème de l’allocation optimale des ressources à travers les décisions de consommation, d’épargne, d’investissement et d’accumulation du capital. Son modèle décrit une économie concurrentielle sans incertitude et sans monnaie, dans laquelle les agents sont homogènes et vivent une infinité de périodes. L’allocation des ressources obtenue du fait d’un fonctionnement décentralisé de l’économie sera alors la même que celle choisie par un planificateur qui maximise l’utilité d’un agent représentatif [5].

23En se focalisant sur le comportement d’épargne des individus, Ramsey montre que le choix entre l’impôt et le déficit affecte la structure intertemporelle des impôts, mais non le montant global des taxes, exprimé en valeur actualisée. Par conséquent, pour un flux donné de dépenses publiques, la politique fiscale n’entraîne aucun effet de richesse agrégé et n’a de ce fait aucun impact sur la demande de consommation agrégée. Nous obtenons ainsi le théorème d’équivalence ricardienne qui stipule que :

24 Pour financer une trajectoire de dépenses donnée, le choix entre une taxe forfaitaire ou l’émission d’une dette n’a d’effet ni sur le comportement de consommation des agents, ni sur l’accumulation du capital.

25L’intuition est simple. Une baisse des impôts et un déficit budgétaire aujourd’hui nécessitent des impôts plus élevés dans le futur. L’émission d’une dette publique pour financer une baisse d’impôts représente seulement un ajournement des taxes et, en aucun cas, une réduction de la charge fiscale. Les consommateurs étant supposés rationnels, ils anticipent la future hausse d’impôts qu’implique l’émission d’une dette. Comprenant que leur charge fiscale reste inchangée ils ne répondent pas à la baisse d’impôts par une augmentation de leur consommation, mais épargnent le gain de cette baisse pour faire face à la future augmentation des prélèvements. Il résulte donc de ce comportement que la diminution de l’épargne publique (ou l’augmentation du déficit public) est exactement compensée par une hausse de l’épargne privée.

1.2. Les modèles à générations imbriquées avec agents à durée de vie et horizon de calcul finis

26Intéressons nous maintenant aux modèles à générations imbriquées dans lesquels les individus vivent, de façon déterministe, deux périodes. En absence d’incertitude, la durée de vie et l’horizon de calcul des individus coïncident.

27Comme ils comportent une infinité de générations d’agents à durée de vie finie, les modèles de croissance à générations imbriquées développés initialement par Samuelson [1958] (cas d’une économie d’échange) et Diamond [1965] (cas d’une économie avec production) vont nous permettre, tout au long de cet article, d’étudier le rôle des transferts publics ou privés entre les générations [6].

28Commençons par analyser dans quelles mesures l’argument ricardien est rompu dans le modèle de Diamond [1965] où le temps est supposé discret et le monde parfaitement concurrentiel.

29La population Nt au temps t croît au taux exogène n. Tous les agents de toutes les générations sont identiques. Dans ce cadre, un individu né en t vit deux périodes. Actif pendant la première, il reçoit le salaire wt, épargne st et consomme ct. Retraité en seconde période de vie, le rendement de son épargne ( 1 + rt+1 ) st finance sa consommation dt+1. Dans la tradition des modèles néoclassique, l’agent maximise l’utilité de ses consommations U ( c, d ) sur son cycle de vie [7].

30Le maximum d’utilité correspond au choix d’une épargne réelle qui dépend du taux de salaire et du facteur d’intérêt :

equation im1

L’économie est dotée d’un secteur de production néoclassique à rendements d’échelle constants. A chaque période les firmes maximisent leurs profits. Le salaire réel w est alors égal à la productivité marginale du travail et le taux d’intérêt r à la productivité marginale du capital nette de la dépréciation [8].

31Le stock de capital de la période t + 1 étant financé par l’épargne des jeunes nés à la période t, nous obtenons l’équation d’évolution suivante :

equation im2

32Un stock de capital kD solution de l’équation d’accumulation du capital (2) définit un équilibre stationnaire du modèle de Diamond [1965] [9].

33L’équilibre sur le marché du bien produit est tel que : [10]

equation im3

34Le maximum de consommation stationnaire Cor est donc réalisé avec le stock kor de capital f??1 ( 1 + n ) de la règle d’or. Par suite, si un équilibre stationnaire kD est supérieur à la règle d’or alors une diminution de l’épargne permet d’atteindre kor. Puisqu’il est possible d’augmenter toutes les consommations de toutes les générations, l’équilibre stationnaire est sous-optimal au sens de Pareto lorsqu’il est en sur-accumulation de capital ( i.e., kD > kor ). En revanche, lorsque un équilibre concurrentiel est en sous- accumulation de capital ( i.e., kD < kor ), il est efficace ou Pareto optimal. En effet, le seul moyen de se rapprocher de la règle d’or et d’augmenter le stock de capital stationnaire est qu’une génération décide d’épargner d’avantage. Or, une telle hausse de l’épargne entraînerait immanquablement une baisse de la consommation des individus de la génération en question. Ainsi :

35 Contrairement au modèle de croissance optimale de Ramsey [1928] qui converge vers la règle d’or kor, un équilibre kD du modèle à générations imbriquées de Diamond [1965] peut être sous-optimal au sens de Pareto.

36Comme le choix d’épargne de l’agent dépend de sa richesse de première période, l’émission d’une dette publique va avoir de réelles conséquences sur le comportement des variables individuelles et agrégées de l’économie. Diamond s’interesse aux conséquences que la dette publique peut avoir sur l’accumulation du capital. Pour cela, il suppose que l’État émet à chaque période une dette qui vient à maturité à la période suivante. Ces dettes sont financées par une taxation forfaitaire des revenus salariaux des jeunes. Diamond étudie la situation où l’État choisit le montant forfaitaire de la taxation de façon à laisser constant le niveau de dette par jeune. Dans ce contexte, la dette publique a pour effet de faire baisser le stock de capital vers lequel l’économie converge [11].

37Ainsi, lorsque l’équilibre concurrentiel sans dette est en sous-accumulation de capital, la dette publique détériore cet équilibre. En revanche, la politique envisagée ci-dessus ayant comme conséquence de faire désépargner les agents, elle améliore l’équilibre concurrentiel si l’équilibre sans dette est en sur-accumulation de capital. Les conclusions sont donc significativement différentes de celles obtenues dans le cadre des modèles avec agents à durée de vie infinie puisque :

38 Une dette publique permanente qui n’est jamais remboursée peut permettre de capter un excès d’épargne et conduire l’économie sur un sentier Pareto optimal. Ainsi, non seulement la dette publique a des effets réels sur l’économie, mais, elle peut améliorer le bien être de toutes les générations.

39A la lumière des deux sections précédentes, la durée de vie et/ou l’horizon de calcul des agents paraissent constituer des éléments essentiels à la validité du principe d’équivalence ricardienne. Il nous reste à analyser la « part » de la non-équivalence qui revient à l’introduction d’une durée de vie finie et celle due à l’horizon de calcul fini.

1.3. Les modèles à cohortes avec agents à durée de vie finie et horizon de calcul infini

40D’après l’argument de Ramsey, si l’agent ne profite pas d’une baisse des impôts pour augmenter sa consommation, c’est parce que cet individu est certain d’avoir à supporter plus tard la hausse des taxes qu’entraîne immanquablement la précédente baisse. Pour valider cette intuition, Blanchard [1985] élabore un modèle de croissance dans lequel chaque individu fait face à une probabilité de décès tout au long de sa vie.

41Par simplicité, ce risque de décès, noté ?, est supposé constant. Cette hypothèse de modélisation est cruciale car elle revient à supposer qu’à chaque période t un agent a une probabilité 1 ? ? de vivre la période t + 1. Ainsi, l’espérance de vie résiduelle :

equation im5

est la même quel que soit l’âge auquel nous la calculons. Une personne ayant la même espérance de vie résiduelle tout au long de sa vie, ce type de modèle à générations imbriquées est connu sous le nom de modèle de jeunesse perpétuelle.

42A chaque période nous supposons que naît une cohorte de mesure ?. A la période t, la taille d’une cohorte née en s < t est alors égale à ? × ( 1 ? ? )t?s, c’est-à-dire, la taille initiale de la cohorte multipliée par la probabilité d’être encore vivant à la période t.

43Un système parfait de rente viagère ou d’assurance-vie est nécessaire pour que les agents ne meurent pas en laissant une richesse positive non consommée ou des dettes non remboursées. Ce système, qui incite les créanciers à prêter, permet aux débiteurs d’emprunter. Concrètement, les individus assurent l’ensemble de leur richesse (humaine et non humaine), at. La compagnie paie une prime ?at à chaque période. En échange, elle récupère at à la mort de l’agent [12].

44De façon à simplifier l’agrégation des variables de l’économie, nous supposons que l’utilité instantanée d’un consommateur est logarithmique. Nous notons cs, t la consommation d’un agent né en s vivant à la période t. L’incertitude dans l’économie ne provenant que de la date de sa mort, un agent vivant en t et né en s maximise [13] :

equation im6

où ? est une constante positive qui dépend de ? et du taux de préférence pour le présent ? de l’agent.

45Pour obtenir les variables agrégées de l’économie, il faut additionner les valeurs individuelles de chaque cohorte pondérées par le nombre d’agents de la cohorte encore présents en t. Ainsi, nous pouvons définir la consommation agrégée Ct de la période t :

equation im7

Pour financer ses dépenses, l’État prélève une taxe forfaitaire Tt et s’endette auprès du secteur privé. De façon à équilibrer ses comptes, la valeur courante de la dette doit être, à chaque période, égale à la valeur actualisée des surplus primaires.

46Supposons que l’État, tout en conservant sa trajectoire de dépenses, décide à la période t de baisser les impôts. De façon à ne pas violer sa contrainte de solvabilité, il devra compenser, à une certaine date t + ?, le manque à gagner induit par la baisse des impôts en t. Ce dernier est égal à la valeur de la diminution des impôts plus les intérêts composés de cette baisse.

47En notant C?t la consommation agrégée des agents lorsque l’État ne prélève que T?t au lieu de Tt à la période t et compense ce manque à gagner ? périodes plus tard, il est possible de montrer que :

equation im8

où ? est une constante positive qui dépend de ? et ?.

48Lorsque ? tend vers zéro nous nous retrouvons dans la logique du modèle de Ramsey et les variations de Tt n’ont aucun impact sur la consommation des agents. En revanche, lorsque ? est positif, une diminution des impôts à la période t a un effet positif sur la consommation. En effet, comme T?t ? Tt est négatif, C?t est supérieur à Ct.

49Plus précisément, le facteur 1 ? ( 1 ? ? )? représente la probabilité qu’un agent qui bénéficie de la baisse des impôts à la période t échappe à la hausse des prélèvements de la période t + ?. C’est donc la probabilité qu’un agent soit mort à la période t + ? alors qu’il est vivant à la période t.

50Intuitivement, c’est parce que l’agent n’est pas certain d’avoir à supporter plus tard la hausse des taxes, qu’il profite de leur baisse pour augmenter sa consommation. Cette intuition est renforcée par le fait que plus le remboursement de la baisse d’impôts est différé ( i.e., plus ? est grand), plus les agents augmentent leur consommation courante au moment de la réduction des impôts.

51Ainsi, le fait que les agents puissent échapper de façon certaine ou aléatoire au transfert temporel des prélèvements fiscaux implique nécessairement que l’équivalence ricardienne soit rompue dans les modèles de Diamond [1965] et Blanchard [1985]. Ce défaut d’équivalence tient alors uniquement au report sur les générations ou cohortes futures d’une partie du remboursement de la dette contractée du vivant de la génération de référence.

52Puisque, contrairement au modèle de Ramsey [1928] avec agents à durée de vie infinie, l’argument ricardien n’est pas valide dans les modèles de Diamond [1965] et Blanchard [1985] avec agents à durée de vie finie, la durée de vie joue un rôle important dans l’étude des conséquences de l’émission d’une dette publique.

53Nombreux sont les économistes qui ont étudié la robustesse d’un tel constat. Il s’avère que la prise en compte d’éléments de modélisation supplémentaires va nuancer l’impact de la durée de vie sur l’argument ricardien.

54Un argument standard qui, par exemple, permet de lever l’hypothèse d’équivalence tient tout simplement à l’introduction d’une croissance de la population. En effet, sous certaines hypothèses, le report des prélèvements fiscaux conduit à une mutualisation accrue des prélèvements futurs, et donc à l’apparition d’effets richesses.

55Si le modèle de Diamond [1965] ne nous permet pas de distinguer la « part » de la non-équivalence qui revient à l’introduction de générations (et donc au mécanisme de non-paiement des prélèvements futurs), et celle qui revient à la baisse des prélèvements par tête, la structure du modèle de jeunesse perpétuelle va nous permettre d’établir une telle distinction.

56Tout comme Blanchard [1985], nous avons considéré que les taux de natalité et de mortalité coïncidaient et ainsi travaillé avec une population constante. Relâcher cette hypothèse a permis à Buiter [1988] et Weil [1989] de mieux appréhender les liens qu’ils existent entre la croissance de la population (et donc de l’effet richesse), la durée de vie des individus et l’argument ricardien.

57La structure des modèles étudiés par Buiter [1988] et Weil [1989] est, à une exception près, en tout point similaire à celle du modèle de Blanchard [1985] (programme des agents, système parfait d’assurance vie...). La différence provient du fait que Buiter[1988] et Weil [1989] s’intéressent au cas où le taux de natalité est non plus ? mais q ; générant ainsi un taux de croissance de la population.

58En supposant que ? tende vers zéro et q positif, Weil [1989] montre que dès qu’il y a dans l’économie l’apparition de nouvelles générations, une réduction des impôts a, à court terme, un effet positif sur la consommation. Ainsi :

59 L’équivalence ricardienne n’est plus valide lorsque le taux de natalité de l’économie est positif ; et ce quand bien même le risque de décès tend vers zéro (i.e., avec des agents à durée de vie infinie).

60Le taux de natalité joue donc ici un rôle important. Intuitivement, il suffit qu’il existe dans l’économie au moins un agent qui n’est pas été présent au moment de l’émission de la dette publique pour que l’argument ricardien soit invalidé. En effet, les agents présents au moment du cadeau fiscal (émission d’une dette ou réduction des taxes) augmentent leurs consommations s’ils anticipent l’arrivée de nouveaux individus susceptibles de les aider à supporter la hausse des impôts qu’inévitablement l’État décidera pour équilibrer ses comptes. Inversement, Buiter [1988] a quant à lui remarqué que :

61 L’argument ricardien est vérifié si le taux de natalité q est nul ; ceci même si l’agent à une durée de vie finie.

62Ainsi, lorsqu’on prend en compte les effets richesses dues aux variations de la taille de la population, le fait que la durée de vie des individus soit finie ou infinie n’est ni nécessaire ni suffisant pour valider ou infirmer l’argument ricardien.

63D’une part, l’ajout d’un « ingrédient » (ici l’introduction d’une croissance de la population) a pour conséquence la non validité du théorème d’équivalence ricardienne dans un modèle à durée de vie infinie [14]. D’autre part l’hypothèse de durée de vie finie de l’agent n’est pas forcément un obstacle à l’argument ricardien et les travaux de Weil [1989] précisent que ce sont les liens qui unissent les individus qui sortent de l’économie et ceux qui y rentrent qui déterminent si oui ou non l’émission d’une dette publique est neutre.

64Les transferts intergénérationnels privés sont la principale source de connection possible entre les générations. En effet, quelle qu’en soit la motivation, la transmission d’un héritage crée un lien fort entre le donateur et le donataire. Dès 1820, Ricardo est conscient de l’impact que les héritages peuvent avoir sur les politiques fiscales. Selon lui, si les générations sont liées par des transferts ( i.e., des legs), la famille peut être considérée comme une entité économique à horizon de calcul infini. Le terme le plus souvent employé est celui de dynastie. La présence de transferts intergénérationnels engendre des dynasties d’agents altruistes qui peuvent, dans certain cas, permettre de retrouver l’argument ricardien.

65Le rôle et l’importance de l’introduction de l’hypothèse d’altruisme dans les modèles de croissance ainsi que ses conséquences en termes de politiques économiques font l’objet de la prochaine section.

2. Impact de l’altruisme dynastique sur l’argument ricardien

66La théorie économique s’est essentiellement construite à partir du paradigme d’un agent égoïste et rationnel. Dans ce contexte, l’héritage ne peut apparaître que comme un legs accidentel, conséquence d’une épargne de précaution sur un cycle de vie à durée incertaine. Excepté pour les tenants de cette hypothèse de cycle de vie stricto sensu, l’existence de transmissions entre les générations, quelles que soient leurs formes, entre en contradiction avec le paradigme de l’agent égoïste.

67C’est à Gary Becker que nous devons l’introduction d’hypothèses de comportement différentes de celles d’un agent égoïste. Becker et l’école de Chicago cherchent à expliquer l’ensemble des comportements humains au moyen des principes de base de l’analyse néoclassique, fondés sur l’hypothèse de rationalité calculatoire des individus. Une telle démarche à l’avantage d’inscrire l’individu dans un environnement social et affectif qui, la plupart du temps, était négligé par l’analyse économique.

68Les transferts intergénérationnels répondent alors soit à des considérations égoïstes des parents où le legs procure en soi du bien-être aux légateurs sans qu’ils se préoccupent de la situation des héritiers (legs de type paternaliste ou d’échange, pur ou stratégique), soit à un désir d’altruisme où les caractéristiques des enfants influencent directement les comportements de transmission de leurs bienfaiteurs (legs altruiste).

69La modélisation la plus courante et la plus intuitive de l’altruisme [15], l’altruisme dynastique, est due à Barro [1974]. Il considère que les individus sont sensibles au bien-être de leurs enfants. Dans cette section nous allons étudier l’argument ricardien dans des économies où de tels agents altruistes existent. Nous distinguons les économies constituées exclusivement d’agents altruistes de celles où les deux types d’agents (altruistes et égoïstes) coexistent.

2.1. Les modèles avec altruisme dynastique et agents homogènes

70Le modèle à générations imbriquées constitue un cadre naturel pour s’intéresser à l’altruisme dynastique, puisqu’il suppose l’existence d’agents de générations différentes. La structure de ce modèle (temps discret, utilité de cycle de vie des individus, secteur de production néoclassique, notations...) est celle du modèle de Diamond [1965] considérée à la section 1.2.

71La conception que Barro a de l’altruisme reflète assez bien les relations au sein de la famille. Il considère que les agents altruistes prennent en compte, dans leur propre fonction d’utilité, l’utilité de leurs enfants. Leurs préférences peuvent donc se traduire par une fonction d’utilité vt de la forme :

equation im9

où U ( ct, dt+1 ) représente l’utilité de cycle de vie de l’individu, ? ? [ 0,1 ] son degré d’altruisme intergénérationnel et vt+1 * le bien-être maximum atteignable par ses enfants.

72La forme additive de vt est essentielle car elle permet de séparer le problème de l’allocation intertemporelle de la consommation du problème intergénérationnel du choix du legs.

73Il est rationnel, pour un individu qui arbitre entre une satisfaction matérielle ( ct, dt+1 ) et une satisfaction psychologique ( vt+1 ), de sacrifier une partie de ses revenus pour améliorer la situation d’autrui. Lors de sa période d’activité (de t à t + 1 ), un agent né en t partage sa richesse, constituée de son salaire wt et du legs reçu xt, entre sa consommation ct et son épargne st. Lors de sa seconde période de vie (de t + 1 à t + 2 ), l’agent alloue le revenu de son épargne, ( 1 + rt+1 ) st, entre sa consommation dt+1 et le legs xt+1 qu’il laisse à chacun de ses enfants. Ce legs doit être positif ou nul. Cette hypothèse est parfaitement justifiée dans la mesure où nous étudions des décisions d’agents privés : les enfants ne sont pas, d’après la loi, tenus d’accepter l’héritage de leur parents.

74Par substitution successive de vt+1, vt+2,..., le programme d’un altruiste né en t ayant reçu un legs xt est formellement équivalent à :

equation im10

Ce programme comportant une contrainte inégalitaire, nous obtenons les conditions marginales d’optimalité suivantes :
equation im11

La condition (7) est la condition d’arbitrage optimale des consommations sur le cycle de vie, condition standard dans les modèles à générations imbriquées. La condition (8) est une condition d’arbitrage optimal des ressources entre les générations.

75Tout comme Barro [1974, p. 1100], nous allons nous restreindre au cas où les agents laissent tous des legs strictement positifs à leurs enfants. Cela revient à supposer que la relation (8) est vérifiée avec une égalité. Le bien fondé d’une telle hypothèse fera l’objet de notre dernière section.

76Pour examiner l’impact qu’une dette publique peut avoir sur les comportements des agents altruistes nous nous limitons, sans perte de généralité, au cas d’une dette contractée à la période t et remboursée à la période t + 1. L’État s’endette auprès du secteur privé en empruntant Bt au taux du marché rt+1. Chaque jeune né en t détient alors une partie bt de cette dette égale à Bt /Nt. Cet emprunt est remboursé en taxant de manière forfaitaire les jeunes nés en t + 1. Ainsi, pour que l’État équilibre ses comptes, chaque jeune né en t + 1 se voit prélever bt ( 1 + rt+1 ) / ( 1 + n ).

77L’épargne et le legs d’un agent né en t bénéficiant de l’emprunt d’État sont notées s˜t et x˜t+1. Les contraintes budgétaires dans lesquelles ces deux variables apparaissent sont les deux contraintes de l’agent né en t et la contrainte budgétaire de première période de vie de son enfant :

equation im12

Nous pouvons remarquer qu’en posant s˜t = st + bt et x˜t+1 = xt+1 + bt ( 1 + rt+1 ) / ( 1 + n ), ces trois contraintes sont équivalentes aux contraintes (5) évaluée en t, t + 1 et (6) évaluée en t. L’ensemble des contraintes sous lequel un agent maximise vt est donc formellement le même que l’État émette une dette publique ou pas. Une fois réécrit avec nos deux changements de variables, la seule différence entre les deux programmes se situe au niveau des variables de décisions. Dans le premier cas l’agent maximise par rapport aux consommations ct, dt+1 et au legs x˜t+1 alors que dans le cas contraire il choisit ct, dt+1 et xt+1. Le legs xt+1 étant supposé positif, x˜t+1 est positif. Optimiser par rapport à l’une ou l’autre de ces deux variables donne la même condition du premier ordre, car x˜t+1 est une fonction linéaire de xt+1.

78Ainsi, lorsque l’État intervient, les conditions du premier ordre (7) et (8) qui définissent la trajectoire des consommations de tous les agents de la dynastie restent inchangées. Le théorème d’équivalence ricardienne est donc vérifié dans le cadre d’une économie avec agents altruistes à durée de vie finie. Nos deux changements de variables nous permettent de comprendre les mécanismes qui sont à l’origine de ce résultat de neutralité :

79 C’est par une réaffectation compensatoire de leur épargne que les agents sont en mesure de neutraliser les politiques de redistribution intergénérationnelle envisagées par l’État. Lors de l’émission d’une dette publique, l’altruiste contrecarre la politique de l’État en transformant le cadeau fiscal, bt, en épargne qu’il transmet sous forme d’héritage à ses descendants.

80L’équilibre n’est pas affecté par l’endettement de l’État car toute modification de la dette publique entraîne une variation des transferts intergénérationnels qui permet de maintenir inchangés les flux de consommations de l’ensemble des générations. Conscients que l’émission d’une dette publique aujourd’hui se traduira par une charge accrue d’impôts pour leurs enfants, les parents altruistes, de façon à neutraliser les effets de la politique de l’État, augmentent leur legs de bt ( 1 + rt+1 ) / ( 1 + n ).

81Intéressons nous maintenant aux conséquences, à long terme, d’un tel comportement. D’après les conditions marginales (7) et (8), lorsque les agents font des legs nous obtenons :

equation im13

Et comme U? d ( c, d ) > 0 et 1 + r = f? ( k ), le stock de capital à long terme, k*, est égal à :
equation im14

Lorsque les agents sont liés par des transferts positifs, l’économie converge vers le stock de capital k* de la règle d’or modifiée par le degré d’altruisme. Ce stock de capital k* est inférieur à celui kor de la règle d’or.

82Ainsi, contrairement au modèle à générations imbriquées avec individus égoïstes, l’équilibre d’une économie avec agents liés par de l’altruisme dynastique est unique et optimal au sens de Pareto.

83Le comportement de legs des parents vers les enfants permet d’obtenir un équilibre dynamiquement efficace. C’est évidemment une des forces des résultats obtenus par Barro [16]. Non seulement les familles peuvent se substituer à l’État, mais leurs transferts conduisent à un équilibre Pareto optimal.

84L’impact de l’émission d’une dette diffère donc selon que les agents soient égoïstes (modèle de Diamond) ou s’ils sont mus par un altruisme dynastique (modèle de Barro). Qu’en est-il dans une économie constituée à la fois d’altruistes et d’égoïstes ?

2.2. Les modèles avec altruisme dynastique et agents hétérogènes

85Les récentes études empiriques menées par Arrondel, Masson et Pestieau [1997] sur les comportements d’épargne et de legs des ménages corroborent l’existence, dans notre société, de deux types de ménages : l’un où les parents laissent volontairement un héritage à leurs enfants et l’autre où les parents s’intéressent seulement à leur épargne de cycle de vie. Ainsi, les modèles avec hétérogénéité sur les préférences des agents sont de plus en plus utilisés pour étudier les répercussions des politiques fiscales (voir par exemple, Smetters [1999] ou Mankiw [2000]) [17].

86Michel et Pestieau [1998] sont les premiers à développer un modèle dans lequel coexistent des individus à la Barro qui laissent des héritages et des agents à la Diamond qui ne font aucun legs. Cette économie est divisée entre une fraction ( 1 ? p ) d’égoïstes et p d’altruistes dont les décisions seront indicées respectivement par e et a. Chaque agent a une fonction d’utilité de cycle de vie logarithmique de la forme :

equation im15

D’après la relation (9), l’équilibre stationnaire d’une économie dans laquelle il y a au moins une dynastie d’altruistes est celui de la règle d’or modifiée où :
equation im16

Ainsi, quel que soit leur proportion dans la population, les altruistes imposent leur point de vue : l’équilibre stationnaire est celui de la règle d’or modifiée et le taux d’intérêt dépend de leur degré d’altruisme.

87Pour comprendre l’intuition de ce résultat nous pouvons le mettre en perspective avec celui obtenu par Robert Becker [1980]. Ce dernier montre dans le cadre d’un modèle où les agents ont une durée de vie infinie et des taux de préférence pour le présent hétérogènes que l’accumulation du capital à long terme résulte des décisions des individus les plus patients. Dans la société considérée par Michel et Pestieau [1998], ce sont les altruistes qui, étant les plus patients, imposent leurs décisions d’épargne.

88A la règle d’or modifiée, les rémunérations r* et w* du capital et du travail sont indépendantes de la proportion d’agents altruistes. Ce n’est cependant pas le cas du legs stationnaire, noté x*, que fait chaque altruiste. En effet :

equation im17

89Le legs optimal stationnaire est d’autant plus grand que la proportion d’égoïstes est importante. Les transferts sont donc pour les altruistes le moyen de compenser l’insuffisance d’épargne des individus égoïstes. Afin de maintenir le stock de capital à son niveau de la règle d’or modifiée, une augmentation relative du nombre d’égoïstes qui aurait tendance à faire baisser l’épargne agrégée est contrecarrée par une hausse, via les legs, de l’épargne des altruistes.

90Comme Diamond [1965], Michel et Pestieau [1998] étudient l’effet d’une dette publique dont le montant par individu jeune, b, est maintenu constant. A chaque période t une taxe forfaitaire ?t est prélevée aux jeunes de façon à financer la part des intérêts non couverte par l’évolution globale de la dette qui croît au même taux que la population :

equation im18

La taxe étant forfaitaire et non distorsive, les contraintes budgétaires (5) et (6) des agents changent mais les conditions du premier ordre (7) et (8) des altruistes ne sont pas affectées par l’intervention de l’État. Ainsi, d’après (9) l’économie converge toujours à long terme vers la règle d’or modifiée.

91Cependant, les auteurs montrent que le revenu de cycle de vie ? qui permet à l’agent de consommer pendant ces deux périodes de vie est tel que :

equation im19

Le revenu de cycle de vie des égoïstes est diminué du montant de l’impôt prélevé. En revanche, les taxes payées par les égoïstes ont pour conséquence d’accroître le revenu des altruistes. En effet, le niveau de legs est augmenté d’un montant supérieur à celui de la dette et ce d’autant plus que les égoïstes sont nombreux dans l’économie. Lorsque la population n’est constituée que d’agents altruistes ( p = 1 ), nous retrouvons le changement de variable de la section 2.1. et l’équivalence ricardienne est naturelement satisfaite.

92En résumé, le résultat de neutralité obtenu par Barro est robuste à l’introduction d’agents égoïstes : la dette publique est neutre au niveau agrégé car elle n’a aucun effet sur l’accumulation du capital. Cependant, elle implique, dans le long terme, une redistribution en faveur des altruistes et au détriment des égoïstes.

3. La contrainte de positivité des héritages

93D’après la précédente section, si les agents décident de transmettre un patrimoine à leurs enfants alors le pont entre les générations introduit par l’altruisme rend neutre les implications de la dette publique. En d’autres termes, les legs sont pour les altruistes un moyen de transmettre aux générations futures les avoirs nécessaires pour faire face aux engagements gouvernementaux passés. Cependant, si le parent choisit de ne pas laisser de legs à ses enfants, nous sommes dans la logique du modèle de Diamond et, non seulement l’intervention de l’État n’est pas neutre, mais elle peut même être justifiée par des considérations d’optimalité (voir section 1.2.).

94Puisqu’elle détermine si oui ou non l’équivalence ricardienne est satisfaite, la question de la positivité des héritages est au coeur du débat macroéconomique. Son rôle et son importance ont donc incité de nombreux économistes à chercher les conditions sous lesquelles les parents laissent un legs.

3.1. Les travaux fondateurs

95Bien qu’il n’étudie pas de manière formelle la condition de positivité des legs, Barro [1974] indique quels sont les facteurs susceptibles de générer des transferts positifs. Selon lui, une croissance faible des salaires, des taux d’intérêts élevés ou de forts degrés d’altruisme sont les principaux éléments qui conduisent des parents à laisser un héritage. Relativement à celui de ses enfants, plus le salaire des parents est élevé, plus les parents vont vouloir combler cette inégalité salariale à l’aide de transferts. Des taux d’intérêts élevés ont, quant à eux, pour conséquence de rendre l’épargne attractive. Or, plus les parents épargnent, plus ils sont enclins à laisser quelque chose à leurs descendants. Enfin, plus les parents se préoccupent du bien-être de leurs enfants, plus ils semblent disposés à leurs transmettre un patrimoine.

96En 1978, Drazen considère un modèle similaire à celui de Barro dans lequel il suppose que des progrès technologiques font croître les salaires réels à un taux exogène.

97Il estime alors que la spécification de la fonction U ( c, d ) d’utilité de cycle n’a pas d’impact sur les décisions de legs des parents. Pour lui, seul le taux d’intérêt en vigueur dans l’économie et le degré d’altruisme des individus sont à l’origine du choix des parents.

98Cependant, tout comme Barro [1974], le raisonnement de Drazen [1978] est fait en équilibre partiel. Les taux d’intérêts et de salaire sont donc considérés comme donnés. Or, en présence d’un secteur de production, le facteur d’intérêt est intimement lié au degré d’altruisme lorsque les parents laissent un héritage puisque le stock de capital de la règle d’or modifiée dépend du degré d’altruisme de l’agent.

99Le premier à étudier la condition de positivité des legs au sein d’une économie munie d’un secteur de production néoclassique est Carmichael [1982]. A l’aide d’un raisonnement d’équilibre général, il souligne combien la fonction d’utilité de cycle de vie joue un rôle important dans la décision de léguer ou pas des parents et montre que, pour un enfant, la chance de recevoir un héritage est d’autant plus élevée que ces parents n’accordent pas une grande importance à leurs consommations de seconde période. De manière mécanique, moins les parents consomment en dernière période de vie, plus ils laissent une partie importante de leur épargne à leur descendance.

100Tout comme les conclusions de Barro et Drazen, celles de Carmichael reposent sur l’étude de la condition d’arbitrage (8) des ressources entre les générations. Cependant, aucun de ces travaux ne cherche à résoudre de manière formelle cette inégalité.

101C’est Weil [1987] qui le premier a exhibé explicitement une condition de positivité des legs [18]. Il l’obtient en analysant les décisions d’épargne des agents. C’est la variable pertinente pour ce type d’étude. Comme elle dépend du niveau de legs elle permet de relier le modèle de Barro (cas où les legs sont positifs) au modèle de Diamond (cas où les legs sont nuls). De plus, comme l’épargne est, via l’accumulation du capital, au coeur du bouclage macroéconomique elle intègre les effets d’équilibre général. La fonction d’épargne s d’un altruiste se définit à partir de la condition d’optimalité (7) :

equation im20

Weil [1987] utilise alors [19] s pour construire une fonction ? qui reflète la règle de décision d’épargne des parents selon le niveau de legs x et le stock de capital k :
equation im21

Cette fonction va permettre de paramétrer les équilibres de long terme du modèle de Barro par rapport au legs stationnaire x. Une condition nécessaire pour que le couple ( k*, x* ) soit un équilibre stationnaire est que ? ( k*, x* ) soit égal à k* ; sans cette condition l’équation d’accumulation du capital n’est pas satisfaite.

102Weil [1987] fait alors deux hypothèses qui, bien que très restrictives, sont standard. Il considère à la fois que l’équation ? ( k,0 ) ? k = 0 admet une unique solution notée kD et que la fonction ? ( k, 0 ) ? k décroît avec k. Ces hypothèses entraînent que le modèle de Diamond [20] possède un unique équilibre kD globalement stable (voir Figure 1).

Figure 1.

Hypothèses d’unicité et de stabilité de kD (Weil [1987])

Figure 1.
Figure 1. Hypothèses d’unicité et de stabilité de kD (Weil [1987])

Hypothèses d’unicité et de stabilité de kD (Weil [1987])

103Dans ce contexte, Weil montre qu’un parent choisit de laisser un héritage à ses enfants si et seulement si le stock de capital de la règle d’or modifiée k* est supérieur à celui, kD, du modèle de Diamond, i.e., k* > kD.

104Comme 1 + rD = f? ( kD ) et 1 + r* = f? ( k* ) = ( 1 + n ) /?, cette condition nécessaire et suffisante est équivalente à :

equation im23

A partir d’un certain degré d’altruisme un agent choisit de laisser un héritage à ses enfants. Intuitivement, il faut que les parents se préoccupent assez de leurs enfants pour que ceux ci perçoivent un legs.

105Pour Weil [1987], l’équivalence ricardienne ne s’applique donc pas aux modèles à générations imbriquées avec altruisme lorsque le degré d’altruisme de l’agent représentatif est « trop faible ». De plus, lorsque l’unique équilibre de l’économie sans altruisme est en sur-accumulation de capital ( kD > kor ) le legs optimal dans l’économie avec altruisme est nul puisque kD est supérieur à k*. Ainsi :
Le résultat de Weil [1987] restreint le domaine de validité des conclusions de Barro [1974]. Si le modèle de Diamond [1965] possède un unique équilibre qui n’est pas Pareto optimal, l’introduction de l’altruisme ne conduit pas à un équilibre Pareto optimal.

106En s’appuyant sur les travaux de Weil, de nombreux auteurs ont étudié les conditions de positivité des legs dans différents modèles avec altruisme dynastique [21]. Une des plus intéressantes généralisations de la condition de Weil est due à Vidal [1996b]. L’auteur s’intéresse à une économie constituée de N familles qui différent par leurs degrés d’altruisme ( ?1 < ? < ?i < ?i+1 < ? < ?N ). A long terme, seule la dynastie ayant le degré d’altruisme le plus élevé ( i.e. la dynastie N) a la possibilité de faire des legs [22]. Utilisant la méthodologie développée par Weil [1987], Vidal [1996b] montre alors qu’une condition nécessaire et suffisante pour que les individus de la dynastie la plus altruiste décident de se transmettre un legs de générations en générations est :

equation im24

où rD est le taux d’intérêt associé à l’équilibre, supposé unique et stable, kD du modèle Diamond.

107Lorsque cette condition est vérifiée, il n’existe plus, à long terme, que deux sortes de comportements. Les membres de la dynastie la plus altruiste se transmettent un patrimoine de générations en générations. Les individus moins altruistes, bien qu’ils tiennent compte du bien-être de leurs enfants, n’ont que le revenu de leur travail et se comportent comme des égoïstes. A long terme nous retrouvons alors l’économie avec agents hétérogènes étudiée section 2.2. (modèle de Michel et Pestieau [1998]).

108Bien que l’aspect intragénérationnel a souvent été négligé dans le cadre des modèles de croissance, Vidal [1996b] souligne que Ramsey lui même s’est intéressé à l’impact que la croissance pouvait avoir sur la répartition des ressources entre individus. Il signale dès 1928 que, si les agents diffèrent par leur degré de prévoyance alors la société sera divisée en deux classes :

109

« ... the thrifty enjoying bliss and the improvident at the subsistance level. »

3.2. Les développements récents

110 Bien qu’elle soit intuitive, la condition de positivité des héritages de Weil [1987] présente certains inconvénients. Son interprétation est, par exemple, délicate d’un point de vue économique car le degré d’altruisme d’un agent n’est pas une variable économique. C’est une variable sociologique difficilement observable et quantifiable. De plus, au regard de ce qui se fait dans la littérature sur le modèle à générations imbriquées avec agents égoïstes depuis sa création [23], il a semblé naturel, en 1987, à Weil de supposer l’unicité et la stabilité d’un équilibre stationnaire dans le modèle de Diamond sousjacent pour éviter d’obtenir des résultats contre-intuitifs dans le modèle avec agents altruistes [24].

111Galor et Ryder [1989] ont depuis montré le caractère très restrictif [25] de cette hypothèse et Thibault [2001] a établi combien cette dernière n’est pas réellement adaptée [26] aux modèles avec agents altruistes.

112Thibault [2000a] va alors s’affranchir du cadre d’étude utilisé par Weil [1987] et étudier le comportement des agents altruistes indépendamment des propriétés du modèle de Diamond sous-jacent. En mettant l’accent plus précisément sur la recherche des motivations économiques qui incitent un agent à faire un legs à ses enfants, il examine, en toute généralité, le domaine de validité du théorème d’équivalence ricardienne et exhibe une condition nécessaire et suffisante pour que la règle d’or modifiée soit un équilibre du modèle de Barro. L’une des forces de cette condition est d’être valable quelle que soit la forme de l’économie de Diamond.

113En effet, Thibault [2000a] établit trois propriétés de l’épargne ? ( k, x ) qui [27] permettent de démontrer que, quelles que soient la fonction de production et la fonction d’utilité de cycle de vie de l’altruiste, l’altruiste décide de faire un legs à ses enfants si et seulement si ? ( k*, 0 ) ? k* est négatif ; c’est à dire si et seulement si :

equation im25

Il suffit donc de comparer le stock de capital à la règle d’or modifiée avec l’épargne d’un agent égoïste détenant ce stock de capital.

114C’est pour des raisons de simplicité et de compréhension que la fonction d’épargne du modèle de Diamond apparaît dans la condition de positivité des héritages (13). En effet, elle peut être reformulée seulement en fonction des fondamentaux de l’économie puisque les altruistes laissent un héritage à leurs enfants si et seulement si leur degré d’altruisme est supérieur au taux marginal de substitution entre leurs consommations des deux périodes évaluées en le stock de capital de la règle d’or modifiée[28].

115Cette condition de positivité des legs permet d’établir trois nouveaux résultats concernant les modèles de croissance à générations imbriquées :

116

  1. Si le modèle de Diamond ne possède pas d’équilibre stationnaire ( i.e., pour tout k, sD ( k ) < ( 1 + n ) k ), alors (13) est vérifiée et la règle d’or modifiée est équilibre du modèle de Barro et ce, quel que soit le degré d’altruisme de l’agent.
  2. De plus, comme en témoigne la Figure 2, un équilibre avec legs positifs (ici, k* ) peut coexister avec un équilibre avec legs nuls (ici, k2D ou k3D ). Deux courants de la littérature économique sont donc ici recoupés. Nous pouvons à la fois avoir des équilibres formellement équivalents à ceux obtenus avec des agents à durée de vie infinie ( i.e., l’équilibre du modèle de Ramsey) et des équilibres résultants du comportement d’agents à horizon de vie fini (i.e., les équilibres du modèle de Diamond).
  3. Enfin, d’après la Figure 2, bien que le modèle de Diamond possède des équilibres en sur-accumulation du capital ( k2D et k3D sont non Paretooptimaux), le modèle de Barro avec altruisme peut converger vers le stock de capital k* de la règle d’or modifiée; puisque la condition (13) est vérifiée.

Figure 2.

Multiplicité des équilibres du modèle de Diamond (Thibault [2000a])

Figure 2.
Figure 2. Multiplicité des équilibres du modèle de Diamond (Thibault [2000a])

Multiplicité des équilibres du modèle de Diamond (Thibault [2000a])

117Ainsi, Thibault [2000a] confirme l’intuition de Barro [1974], infirmée par Weil [1987], selon laquelle l’apparition d’un individu altruiste peut rendre optimal au sens de Pareto l’équilibre d’une économie initialement dynamiquement inefficace.

118Cette revue de la littérature avait pour objet d’examiner, à travers les modèles standard d’accumulation de capital, la validité théorique du théorème d’équivalence ricardienne. En conclusion, nous rappelons les principaux enseignements que nous pouvons dégager de cette étude.

119Contrairement à une idée répandue à la suite des travaux de Ramsey [1928], l’hypothèse de durée de vie finie de l’agent n’est pas forcément un obstacle à l’obtention du théorème d’équivalence ricardienne. En effet, en prenant en compte la croissance de la population et en utilisant le modèle de jeunesse perpétuelle initialement développé par Blanchard [1985], Weil [1989] montre que les agents présents au moment de l’émission d’une dette publique augmentent leurs consommations s’ils anticipent l’arrivée de nouveaux individus susceptibles de les aider à supporter le remboursement ultérieur de la dette. A contrario, lorsqu’il n’y a pas de nouveaux arrivants, le théorème d’équivalence ricardienne peut être valable avec des agents égoïstes à durée de vie finie (Buiter [1988]).

120Ainsi, il semble que ce soit l’étude des relations entre les individus quittant l’économie et ceux y arrivant qui détermine si oui ou non l’émission d’une dette publique est neutre. En effet, à l’aide d’un modèle à générations imbriquées, Barro [1974] montre que si les parents s’intéressent au bien-être de leurs enfants et leurs laissent un héritage alors l’équilibre n’est pas affecté par l’endettement de l’État. Conscients que l’émission d’une dette publique aujourd’hui se traduira par une charge accrue d’impôts pour leurs enfants, les parents altruistes augmentent d’autant le montant de leur legs de façon à neutraliser les effets de la politique de l’État.

121C’est donc la décision de laisser ou pas un héritage à ses enfants qui définit le domaine de validité du théorème d’équivalence ricardienne. La plupart des conditions explicites de positivité des legs que nous trouvons dans la littérature sont des généralisations de celle exhibée par Weil [1987] : les parents laissent un héritage s’ils sont suffisamment altruistes ( i.e., existence d’un degré d’altruisme seuil). Or, bien que très intuitive, ce seuil est obtenue en supposant que le modèle de Diamond [1965] avec agents égoïstes possède un équilibre unique et globalement stable. Dans ce contexte restrictif, Weil [1987] montre que si l’équilibre du modèle de Diamond n’est pas Pareto optimal alors l’altruisme dynastique ne permet pas de le rendre efficace. Il restreint par la même la portée du résultat de Barro [1974]. Cependant, Thibault [2000a] a récemment énoncé une condition de positivité des héritages indépendante des propriétés du modèle de Diamond qui confirme l’intuition de Barro [1974], infirmée par Weil [1987], selon laquelle des comportements altruistes peuvent restaurer l’efficacité dynamique.

122Soulignons pour finir que ce survol de la littérature sur la validité théorique de l’argument ricardien est loin d’être exhaustif [29]. Le format de cet article nous a conduit à laisser volontairement de côté l’étude de facteurs qui, eux aussi, remettent en cause le théorème d’équivalence ricardienne. Tel est le cas en présence, par exemple, d’une fiscalité distorsive (voir Judd [1987] et Trostel [1993]), de contraintes de liquidité (voir Heller et Starr [1979] et Yotsuzuka [1987]), de chocs stochastiques (voir Chan [1983] et Croushore [1996]) ou de certaines formes de transferts intergénérationnels (voir Kotlikoff, Razin et Rosenthal [1990] et Masson et Pestieau [1991]).

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Mots-clés éditeurs : dette publique, modèles de croissance, altruisme

Mise en ligne 01/02/2009

https://doi.org/10.3917/redp.132.0171

Notes

  • [*]
    GREMAQ, Université de Toulouse I, Manufacture des Tabacs, 21 Allée de Brienne, F-31000 Toulouse, France Tel : 05 61 12 85 57/Fax : 05 61 22 55 63 — Email : emmanuel. thibault@ univ-tlse1. fr Je tiens à remercier Stéphane Auray, Bruno Decreuse, Martial Dupaigne, Philippe Michel, Pierre Pestieau, Alain Venditti, Jean-Pierre Vidal et deux rapporteurs anonymes de cette revue pour leurs commentaires et suggestions qui ont permis d’améliorer ce travail.
  • [1]
    Pour une présentation claire de cette controverse, le lecteur peut se référer à Descamps et Page [1994]. Seater [1993] propose une étude très détaillée du débat empirique sur l’équivalence ricardienne. Pour des tests sur des données des pays de l’OCDE, le lecteur peut se reporter à Kessler, Perelman et Pestieau [1986].
  • [2]
    Le lecteur peut se référer à Masson et Pestieau [1991] ou Laferrère [1997] pour une présentation des modèles d’héritages et une étude de leurs implications.
  • [3]
    Masson et Pestieau [1991] et Pestieau [1991] étudient les conséquences macroéconomiques de chaque type de modèles d’héritages.
  • [4]
    Voir Michel, Thibault et Vidal [2003] pour une présentation détaillée de l’hypothèse d’altruisme dynastique.
  • [5]
    Le lecteur peut se reporter à Michel [1992] pour une étude précise du modèle de Ramsey en temps discret et à Venditti [1996] pour une étude détaillée des propriétés des modèles de croissance optimale.
  • [6]
    L’apport des modèles à générations imbriquées en macroéconomie est étudié par Michel [1993].
  • [7]
    Traditionnellement, nous supposons que U ( c, d ) est deux fois continûment différentiable, strictement croissante et concave. De plus :
    equation im4

  • [8]
    La production de la période t dépend du stock de capital Kt et du nombre de salariés de la période courante : Yt = F ( Kt, Nt ). En variable par jeune de la période t nous avons donc : Yt /Nt = f ( kt ) = F ( kt, 1 ) où kt = Kt /Nt. En supposant une dépréciation totale du capital en une période nous obtenons wt = f ( kt ) ? kt f? ( kt ) et rt = f? ( kt ) ? 1.
  • [9]
    L’existence, l’unicité ou la multiplicité de tels équilibres sont analysées par Galor et Ryder [1989].
  • [10]
    En effet, comme F est homogène, nous avons F ( Kt, Nt ) = ( 1 + rt ) Kt + wt Nt = ( 1 + rt ) st?1 Nt?1 + ( cs + st ) Nt = Nt?1 dt + Nt ct + Nt st.
  • [11]
    Pour une exposition détaillée de ce résultat le lecteur peut se référer à Michel [1993] ou Blanchard et Fischer [1989].
  • [12]
    Ainsi, les agents ne laissent pas d’héritage (ni positif, ni négatif) et cela nous permet, comme le titre de cette sous-section l’indique, d’étudier la validité de l’argument ricardien dans un cadre sans transferts entre générations où l’horizon de calcul est infini et la durée de vie finie.
  • [13]
    Bien que sa durée de vie soit finie, l’agent maximise son utilité instantanée jusqu’à l’infinie car son horizon de calcul est infini. En effet, à chaque période où il est encore vivant, il a une probabilité positive de continuer à vivre.
  • [14]
    Tel est aussi, par exemple, le cas lorsque nous introduisons une fiscalité distorsive, des contraintes de liquidité ou certains types de déséquilibres (réaction à un choc,...).
  • [15]
    Comme le souligne Seater [1993, p. 148], le legs altruiste n’est probablement pas le seul qui permette de retrouver l’équivalence ricardienne ; mais c’est le seul qui ait été étudié.
  • [16]
    Même si l’altruisme dynastique permet de retrouver l’argument ricardien, il pose toutefois certaines difficultés. Par exemple, si l’État emprunte à un taux inférieur au taux d’emprunt des ménages l’équivalence ricardienne n’est pas vérifiée. De plus, comme le soulignent Bernheim et Bagwell [1988], la neutralité aux politiques de redistribution est si forte qu’elle peut même impliquer une neutralité aux variations des taxes distorsives.
  • [17]
    Ainsi pour Mankiw [2000 p. 121] :«... we need a new macroeconomic model of fiscal policy. Both the Barro-Ramsey model and the Diamond-Samuelson model are inconsistent with the empirical finding that consomption tracks current incarne and with the numerous households with near zero wealth. In addition, the Diamond-Samuelson model is inconsistent with the great importance of bequests in aggregate wealth accumulation [...] There is a need for a model in which some consumers plan ahead for themselves and their descendants, while others live paycheck to paycheck. »
  • [18]
    En considérant un modèle dans lequel l’altruisme est à la fois ascendant et descendant, Abel [1987] généralise la condition de Weil. Cependant, l’étude de Weil remonte à 1984 alors que celle d’Abel date de 1986.
  • [19]
    Si les consommations des deux périodes de vie sont des biens normaux, la fonction s croît en son premier argument et décroît en son second. Plus le revenu de première période de l’altruiste est élevé, plus son épargne est importante. Plus l’altruiste veut laisser un héritage important, plus il épargne.
  • [20]
    Lorsque les legs sont nuls la fonction s coïncide avec la fonction d’épargne sD du modèle de Diamond définie par l’équation (1).
  • [21]
    L’altruisme dans les modèles à générations imbriquées est étudiée en détails par Vidal [1996a].
  • [22]
    En effet, s’il existe l ? { 0,..., N ? 1 } tel que xl > 0 alors la relation (9) ne peut être vérifiée par les dynasties j où j ? { l + 1,..., N }.
  • [23]
    Diamond [1965, p. 1134] : « As portrayed in Diagram 3, and as will be assumed throughout this paper, the economy has a single, stable eguilibrium point. »
  • [24]
    Weil [1987, p. 385] : « Were we abandon Assumption 2, our results would be reversed and our model would yield counterintuitive conclusions as would Diamond’s [1965]. »
  • [25]
    Ni les conditions d’Inada, ni les hypothèses de croissance et de stricte concavité sur les préférences et la technologie ne permettent de garantir l’existence et/ou l’unicité d’un équilibre dans le modèle de Diamond.
  • [26]
    A l’aide d’un exemple simple, Thibault [2001] montre que même si le modèle de Diamond possède un unique équilibre globalement stable, le degré d’altruisme peut être négativement corrélé avec le niveau d’héritage. C’est une hypothèse sur la concavité de la fonction de production qui est nécessaire pour éviter ce résultat contre-intuitif.
  • [27]
    Plus précisement ? ( k, x ) croît avec x, lim ? ( k, x ) /k = 0 et lim ? ( k, x ) = + ?. k ? + ? x ? + ?
  • [28]
    Plus précisément, les legs sont positifs si (et seulement si) : ? > U?d ( w* ? k*, k*R* ) /U?c ( w* ? k*, k*R* ).
  • [29]
    Pour un survol plus détaillé, le lecteur peut se reporter à Seater [1993] ou au Chapitre 1 de Thibault [2000b].
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