Notes
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[*]
Umr 8596 Centre Roland Mousnier, Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Courriel : rangri.park@wanadoo.fr
-
[1]
Valérie Collet, « Samsung s’impose en France », Le Figaro, jeudi 26 janvier 2006, p. 21.
-
[2]
En fait Samsung Electronics.
-
[3]
La présente étude s’appuie notamment sur les deux livres coréens cités notes 4 et 5.
-
[4]
Samsung, cinquante ans d’histoire (en coréen), Séoul, Imprimerie Samsung, 1988, 928 p.
-
[5]
Samsung Electronics, trente ans d’histoire (en coréen), Séoul, Imprimerie Samsung, 1999, 621 p.
-
[6]
Le Figaro Entreprises, 12 janvier 2004, p. 26.
-
[7]
Le Figaro Entreprises, 12 janvier 2004.
-
[8]
« Situation de la gestion de Samsung Electronics », note en date de juillet 2004, Archives Samsung Electronics.
-
[9]
Samsung, cinquante ans, op. cit, p. 82.
-
[10]
Ibid., p. 85.
-
[11]
D. Barjot (dir.), Les sociétés, la guerre, la paix, 1911-1946, sedes, 2003, p. 114-115, p. 257 et p. 265.
-
[12]
Ibid.
-
[13]
D. Barjot, « De la mondialisation hier et aujourd’hui », Entreprises et Histoire, 32, 2003, p. 5-14.
-
[14]
Samsung, cinquante ans d’histoire (en coréen), op. cit., et Samsung Electronics, trente ans d’histoire (en coréen), op. cit.
-
[15]
J.R. Chaponnière, « L’analyse du capitalisme coréen et du poids économique de la Corée dans le monde », dans F.E. Caillaud, A. Queval, La République de Corée. Mutation et enjeux, p. 25-29 ; A. Delissen, « La Corée du Sud – Han’guk : miracles et mirages sur le Han », dans H.O. Rotermund, L’Asie orientale et méridionale aux xix?e et xx?e siècles, Paris, puf, 1999, p. 219-232 ; W.K. Han, The History of Korea, Séoul, The Eul Yoo Publishing Company, 1997, 552 p. (voir en particulier ch. 34, p. 493-509) ; H.K. Lee, The Korean Economy. Perspectives for the Twenty-First Century, New York, State University of New York Press, 1996, 256 p. ; S.O. Park, « Manufacturing industry », ch. 8, dans Korea the Land and People, The Organizing Committee of the International Geographical Congress, Séoul, Kyohaksa, 2000, p. 174-197 ; I.J. Seo, La Corée du Sud. Une analyse historique du processus de développement, Paris, L’Harmattan, 2000, 568 p. ; B.N. Song, The Rise of the Korean Economy, Hong Kong, Oxford University Press, 1997, 306 p. ; I.J. Whang, Economic Transformation of Korea, 1945-1995 : Issues and Responses, Séoul, The Sejong Institute, 1997, 284 p. ; B.H. Yae, Die Handels beziehungen zwischen Deutschaland und Korea nach dem Zweiten Weltkrieg, Stuttgart, Franz Steiner Vertag, 1997, 168 p.
-
[16]
H.S. Hong, Lee Kun-Hee, Hanguk Gyeongje Sinmun, 2003 ; Jungang ilbo Gyeongje ibu, Les dirigeants patronaux : l’analyse des réseaux patronaux dans trente chaebols, Jungang ilbo sa, 1996 ; K.H. Lee, Samsungmen : businessmen Professional, Ilteowa salam, 1993 ; S.H. Yu, Samsung : les véritables facteurs d’une réussite, Golyeoweon, 1995 ; K.H. Lee, Essai de Lee Keun-Hee : réflexions en vue d’un regard sur le monde, Donga ilbosa, 1997.
-
[17]
Christian Sautter, Japon. Le prix de la puissance, Paris, Le Seuil, 1973, 320 p.
-
[18]
La situation de gestion Samsung, op. cit.
-
[19]
Il s’agissait d’un appareil de vidéo projection pour les expositions, les démonstrations de publicitaires de l’entreprise, les réunions et les stages de formation au sein du groupe.
-
[20]
D. Barjot (dir.), « Globalization-La Mondialisation », Entreprises et Histoire, 32, juin 2003. Voir en particulier : D. Loret, « The Korean shipbuiding industry in Korea, 1945-1990 », p. 94-106 ; W.S. Moon, « Industrial Bank in Korea: a legacy of German Banking or French Banking », p. 107-119 ; D.S. Cho, « Imperatives in restructuring: lessons from the Korean Economic Crisis », p. 120-137. L’on se reportera aussi à « L’industrie coréenne des semi-conducteurs », Objectif Corée, 82, avril 1999, Ambassade de France, Service d’Expansion économique, p. 8-9 ; J.J. Pluchart, La crise coréenne. Grandeur et décadence d’un modèle de performance, Paris, L’Harmattan, 272 p.
-
[21]
Marc Cherki, « Samsung démontre la supériorité de son modèle », Le Figaro, samedi 14-dimanche 15 janvier 2006, p. 27.
Introduction
1Samsung est aujourd’hui bien connu en France. Premier vendeur de téléphone portable dans l’hexagone, le groupe y est devenu aussi le numéro deux de l’électronique grand public devant Thomson et Sony [1]. En 2005, les ventes de Samsung France [2], toutes divisions confondues, ont atteint 1,5 milliard d’euros, contre à peine 0,5 en 2000. Certes, les téléphones mobiles constituent de loin le premier marché, mais le groupe est présent aussi sur d’autres créneaux.
Répartition du chiffre d’affaires de Samsung Electronics en France
Répartition du chiffre d’affaires de Samsung Electronics en France
2Ce succès, le groupe le doit au design de ses produits, mais aussi à l’importance de son effort de recherche et développement : à court terme, le groupe promet l’arrivée de la télévision hertzienne sur mobile ; à plus long terme, celles des écrans lcd flexibles ou des écrans tactiles en verre auxquels sont raccordés les composants. Cette volonté de pousser en avant les produits du futur s’avère payante. Samsung progresse au niveau mondial : dans le classement établi par Business Week en fonction de la valeur de la marque, le groupe est passé de la trente-quatrième à la vingtième place entre 2002 et 2005 devant Dell, Sony, Apple, Philips ou Panasonic. La réussite est incontestable, mais elle n’a pourtant rien d’accidentel.
3En effet, Samsung, ou la firme aux « trois étoiles » en Corée, a été fondée en 1938 [3]. Depuis cette date, le groupe Samsung est devenu le symbole du chaebol (conglomérat) [4]. D’abord connu pour ses produits bas de gamme et bon marché, le groupe s’est imposé à la pointe de la technologie grâce à un modèle industriel efficace [5]. Il est ainsi devenu l’un des leaders mondiaux de la digital sidae – ou ère numérique. En dépit de son caractère de groupe diversifié, Samsung doit beaucoup à sa percée dans le secteur de l’électrotechnique et de l’électronique, à travers sa principale filiale Samsung Electronics.
4Au début de l’année 2004, le groupe Samsung était présent dans cinq grands secteurs [6]. Son chiffre d’affaires total, d’un montant de 109,9 milliards d’euros en 2003, se répartissait ainsi :
- Électronique : 37,5 %
- Services financiers : 33,3 %
- Machines et industries lourdes : 3,0 %
- Industries chimiques : 2,4 %
- Autres activités (génie civil, hôtellerie et communication) : 23,6 %
5L’origine du groupe Samsung est ancienne [9]. Elle remonte à une initiative de Byung-Chul Lee (1910-1987), né le 12 février 1910 à Kyongsangnamdo. En décembre 1926, il épouse Doo-Eul Park, dont il aura cinq filles et trois garçons. Au printemps 1936, Byung-Chul Lee s’associe avec deux amis, Huyn-Youn Jung et Jung-Won Park. Ils ouvrent ensemble une usine de décorticage de riz dénommée Hyebdong Jungmiso à Masan. Le capital est modeste : 30 000 wons de l’époque, soit 10 000 wons chacun. L’usine de décorticage de riz mise sur la technique : de construction moderne, elle est équipée, dès le début, de matériel dernier cri. Elle emploie 50 personnes. Mais le manque d’expérience des trois associés se solde par un échec financier : en un an, ils perdent l’intégralité de leur capital. Puis Jung-Won Park se retire des affaires. Il consent cependant à remettre en jeu une nouvelle avance de 10 000 wons. Ses deux associés poursuivent l’affaire : c’est un succès. L’exercice 1938 se solde par un bénéfice net de 20 000 wons. Les trois hommes se partagent les profits. Mais, désormais, seul Byung-Chul Lee exerce la réalité de la direction [10].
6Samsung est assez fort pour passer la période finale de l’occupation japonaise, de 1938 à 1945 [11], puis celle de la guerre de Corée [12]. Au lendemain de celle-ci, à partir de 1954, le groupe Samsung se constitue en se diversifiant dans la production de sucre et de textile. Puis, dans les années 1960, il étend ses activités aux engrais chimiques, à la papeterie et à l’assurance. Au cours de la décennie suivante, il entre également dans l’électronique, la pétrochimie et la construction navale, avant d’opérer sa percée dans le domaine des semi-conducteurs. C’est le point de départ d’un exceptionnel succès. Entre 1987 et 1997, le groupe gagne dix-sept places dans la hiérarchie mondiale des entreprises, passant du trente-cinquième au dix-huitième rang. Il encaisse une nouvelle fois avec succès la crise asiatique de 1998 [13]. La marque Samsung progresse à nouveau très vite, à partir de 2000, dans le classement Interbrand des firmes mondiales, publié chaque année par le magazine économique Business Week, jusqu’à revenir en vingtième position comme cela a été dit plus haut.
7Les archives du groupe et, de façon plus commode, deux ouvrages publiés par le groupe [14] livrent des données chiffrées particulièrement éclairantes sur les facteurs de l’ascension d’un groupe très représentatif du « miracle coréen » [15] au point d’en représenter l’archétype. Même si certaines publications ont déjà apporté un certain nombre d’éléments expliquant le succès de Samsung [16], seule une analyse quantitative peut permettre de prendre la mesure de l’ascension du groupe et de ses facteurs explicatifs réels.
8Tel est l’objectif de la présente étude. Celle-ci se concentre sur la période 1953 à 1986. 1953 constitue un point de départ nécessaire : il s’agit de la première année pour laquelle l’on dispose d’informations chiffrées cohérentes et homogènes pour l’ensemble du groupe. Or, cette date correspond à la conclusion de l’armistice en Corée (27 juillet 1953), donc au retour à la normale : ce dernier était déjà bien engagé, la guerre ayant beaucoup perdu de son intensité depuis le début des premières négociations en 1951. Quant à 1986, il s’agit de la dernière année complète de la présidence du fondateur Lee Byung-Chul. Entre ces deux termes, le groupe Samsung parvient à concilier une croissance vigoureuse de son chiffre d’affaires, elle-même portée par le marché, et le maintien d’une rentabilité forte, gage d’indépendance et de potentialités de développement futur. Telles étaient les clefs d’une multinationalisation déjà réussie en 1986.
Une croissance vigoureuse portée par le marché
9Depuis la fin de la guerre de Corée, le groupe Samsung a connu une très vigoureuse croissance. Face à une double contrainte, celle d’une demande en expansion rapide et d’une pression forte des coûts, le groupe a su définir une stratégie opportune de développement.
Une double contrainte
10L’ascension de Samsung repose sur la dynamique du marché, mais s’accompagne d’une pression grandissante des coûts.
La dynamique du marché
11En effet, la vive croissance du chiffre d’affaires se fonde en large part sur la percée à l’exportation, mais bénéficie aussi d’une diversification toujours à l’affût des opportunités nouvelles.
• Une croissance forte du chiffre d’affaires
12Le groupe Samsung connut en effet une croissance forte.
Croissance du chiffre d’affaires ttc du groupe Samsung de 1953 à 1986
Croissance du chiffre d’affaires ttc du groupe Samsung de 1953 à 1986
13En longue période, soit trente-trois ans, de 1953 à 1986, le chiffre d’affaires s’éleva, en monnaie constante, de plus de 15 % par an en moyenne. C’était le résultat d’une expansion quasiment ininterrompue, plutôt plus lente en début de période, avec un ralentissement sensible de 1960 à 1965, mais accélérée par la suite. Les années 1972 à 1978 apparaissent remarquables à cet égard, puisque la croissance avoisinait les 20 %. Ensuite se produisit un retour à la normale selon une pente proche de celle de la seconde moitié des années 1960.
• Une croissance portée par les exportations, mais pas uniquement
14Il est certain que cette vigoureuse croissance du chiffre d’affaires fut portée, de 1953 à 1986, par les exportations.
Taux de croissance annuels moyens des ventes du groupe Samsung en métropole et à l’exportation
Taux de croissance annuels moyens des ventes du groupe Samsung en métropole et à l’exportation
15Ce rôle moteur, elles l’ont joué à partir de 1960. L’explosion des exportations s’est poursuivie jusqu’en 1965, début d’une période de fléchissement de l’expansion : elles connurent entre 1960 et 1965 un véritable boom. À nouveau, elles portèrent la croissance de 1973 à 1978, puis, dans une moindre mesure, entre 1979 et 1986. Le modèle de développement sud-coréen, si souvent analysé comme fondé sur l’exportation, a donc bien constitué une réalité.
16Néanmoins, le marché national n’a jamais cessé de peser très lourd dans le développement du groupe, en particulier de 1966 à 1972, années où il constitua l’élément le plus dynamique.
Répartition géographique du chiffre d’affaires du groupe Samsung
Répartition géographique du chiffre d’affaires du groupe Samsung
17En longue période, les ventes nationales dépassèrent de peu les exportations. Les premières furent cependant très largement dominantes jusqu’en 1972. Quant aux exportations, elles gagnèrent beaucoup en importance relative de 1973 à 1978. Toutefois, elles ne devinrent majoritaires, et encore de peu, qu’au-delà de 1979.
• Une activité diversifiée, mais en rapide évolution
18L’une des caractéristiques du groupe Samsung, conformément d’ailleurs au modèle par ailleurs bien étudié du chaebol, résidait, jusqu’en 1986 au moins dans son haut degré de diversification.
Répartition technique du chiffre d’affaires du groupe Samsung
Répartition technique du chiffre d’affaires du groupe Samsung
19L’histoire du groupe Samsung épouse en effet les besoins de l’économie coréenne. En 1975 encore, les industries textiles ou agricoles et alimentaires (sucreries notamment) représentaient plus du tiers du chiffre d’affaires. Les activités d’import-export, sur le modèle des sociétés japonaises de commerce, fournissaient un second tiers, le reste se répartissant entre industrie moderne (électronique, industrie chimique), services et assurances (Samsung Securities) et, quoique dans une moindre mesure, activités culturelles, dont le mécénat. Onze ans plus tard, dans une large mesure pour répondre aux besoins de l’exportation, les activités s’étaient déplacées vers les services et assurances, devenus en terme relatifs le secteur le plus important (un tiers du chiffre d’affaires), l’industrie moderne, y compris désormais l’ingénierie et le btp (30 %) et les activités d’import-export (près de 30 % encore). La part des activités culturelles et, plus encore, des industries textiles ou agricoles et alimentaires s’est effondrée, même si leur production demeure substantielle.
La pression des coûts
20Cette réorientation des activités s’effectua sans doute en fonction de choix stratégiques délibérés, mais aussi sous la pression de coûts de production.
• De lourdes charges d’exploitation
21Les charges d’exploitation représentèrent en effet, tout au long de la période, une part élevée du chiffre d’affaires ttc, en fait supérieure à 85 %.
Structure du compte d’exploitation du groupe Samsung de 1953 à 1986
Structure du compte d’exploitation du groupe Samsung de 1953 à 1986
22Certes, cette pression des coûts semble s’être relâchée à partir des années 1960, mais elle redevint à nouveau forte dans la première moitié des années 1980, sans doute, mais les sources disponibles ne permettent pas de le vérifier, du fait de l’augmentation rapide des salaires.
• Mais leur progression a été contenue
23Le groupe semble cependant avoir plutôt réussi à endiguer la montée des coûts, comme le montre l’évolution du résultat brut d’exploitation.
Taux de croissance annuels moyens du chiffre d’affaires ttc, des charges d’exploitation et du résultat brut d’exploitation
Taux de croissance annuels moyens du chiffre d’affaires ttc, des charges d’exploitation et du résultat brut d’exploitation
24En longue période, ce dernier progressa au moins aussi vite que le chiffre d’affaires ou les charges d’exploitation. Mais cette évolution ne s’effectua pas de manière linéaire. Jusqu’en 1965, le résultat brut d’exploitation augmenta le plus rapidement, même devant les années 1960-1965 caractérisées par un fléchissement de l’expansion. La seconde moitié des années 1960 fut moins favorable. Entre 1973 et 1978, ce même résultat augmenta plus vite encore que les charges. En revanche, de 1979 à 1986, le rythme de sa croissance, quoique très soutenu, fut sensiblement inférieur à celui des charges. Réelle, cette dégradation n’avait cependant rien de dramatique.
• Un atout : la moindre progression de la pression fiscale indirecte
25En effet, les taxes payées par le groupe Samsung, et incorporées aux charges d’exploitation n’augmentèrent pas aussi vite que le chiffre d’affaires ou que le résultat brut d’exploitation.
Taux de croissance annuels moyens du chiffre d’affaires ttc, des charges fiscales indirectes et du résultat brut d’exploitation
Taux de croissance annuels moyens du chiffre d’affaires ttc, des charges fiscales indirectes et du résultat brut d’exploitation
26Il semble qu’entre 1975 et 1978, la pression fiscale indirecte ait progressé assez vite, à un rythme supérieur à celui du chiffre d’affaires, mais non à celui du résultat brut. En revanche, à partir de 1979, l’on peut parler sans hésitation de détente fiscale, mais dont le résultat brut d’exploitation profita peu. Face à un marché porteur, tant à l’intérieur qu’à l’exportation, et à la pression des coûts, quelle fut donc la stratégie de croissance du groupe Samsung ?
La stratégie de croissance : accroître la productivité et innover
27Classiquement, le groupe mobilisa des quantités grandissantes de facteurs physiques de la production tout en réalisant de substantiels gains de productivité et en favorisant l’innovation.
Une mobilisation accrue de main-d’œuvre plus productive
28Une croissance aussi vigoureuse que celle du groupe Samsung supposait la mobilisation d’une main-d’œuvre de plus en plus considérable.
• Croissance rapide des effectifs
29De fait, le groupe employait plus de 147 000 personnes en 1986 contre guère plus de 250 en 1953.
Effectifs moyens employés par le groupe Samsung à diverses dates de son histoire
Effectifs moyens employés par le groupe Samsung à diverses dates de son histoire
30Le groupe était ainsi passé, en l’espace d’une génération du stade de la pme à celui de la firme multinationale. De fait, les effectifs progressèrent, tout au long de la période, à un rythme soutenu.
• Spectaculaires gains de productivité de travail
31Et pourtant, leur croissance fut en moyenne presque deux fois moins rapide que celle du chiffre d’affaires.
Taux de croissance annuels moyens du chiffre d’affaires ttc, des effectifs moyens employés et de la productivité annuelle apparente de travail
Taux de croissance annuels moyens du chiffre d’affaires ttc, des effectifs moyens employés et de la productivité annuelle apparente de travail
32En effet, le groupe Samsung connut, entre 1953 et 1986, de spectaculaires gains de productivité du travail. Ils se manifestèrent dès les années 1950 : sans doute partait-on alors de très bas niveaux, suite à une occupation japonaise très peu soucieuse de ménager le capital humain, puis à une guerre civile terrible. D’ailleurs, la première moitié des années 1960 se caractérisa par le quasi-absence de tels gains de productivité. Cette croissance de type labour extensive ne se poursuivit pas, probablement parce qu’il fallait exporter et donc gagner en productivité. De fait, à partir de 1965, les gains de productivité l’emportèrent nettement, sauf de 1972 à 1978, période durant laquelle l’écart n’atteignit guère plus d’un point. De tels gains de productivité du travail obligeaient cependant à d’importants investissements.
De lourds investissements à l’efficacité tardivement croissante
33Ces investissements massifs s’effectuèrent pour l’essentiel dans l’entreprise elle-même. Loin de la stratégie conglomérale d’autres chaebols coréens, le groupe Samsung donna la priorité à la croissance interne, en s’efforçant d’autofinancer le plus possible ces investissements et, sur le tard, d’en accroître l’efficacité.
• Priorité à la croissance interne
34Cette croissance s’effectua pour l’essentiel selon une logique de croissance interne.
Taux de croissance annuels moyens des investissements de 1954 à 1986
Taux de croissance annuels moyens des investissements de 1954 à 1986
35Les investissements totaux progressèrent cependant un peu plus vite que les seuls investissements productifs, en raison d’un intérêt marqué, à partir du milieu des années 1960, pour les prises de participation, voire des prises de contrôle, dans des entreprises extérieures. Très soutenu de 1966 à 1978, cet effort de croissance externe se ralentit de manière très sensible à partir de la fin des années à nouveau la croissance interne.
36Au total, cependant, jamais le groupe Samsung ne sacrifia ses investissements productifs à sa croissance externe. Ceux-ci l’emportèrent toujours de large manière sur les investissements de portefeuille. Les investissements de portefeuille ne représentèrent une part élevée que de 1954 à 1959, dans la période de formation du groupe (presque 40 %) et, dans un moindre mesure, de 1966 à 1972 (près du quart).
Répartition des investissements entre croissance interne et croissance externe de 1954 à 1986
Répartition des investissements entre croissance interne et croissance externe de 1954 à 1986
• Un effort important d’investissement, mais autofinancé aux environs de 50 %
37Cette priorité à la croissance interne était en fait imposée par la vigueur de la demande et les nécessités de la compétitivité. L’option prise en faveur de l’exportation en particulier obligeait à un effort constant et massif d’investissement.
Effort d’investissement total (1) du groupe Samsung de 1954 à 1986
Effort d’investissement total (1) du groupe Samsung de 1954 à 1986
38Cet effort d’investissement s’éleva beaucoup durant les années 1960, passant d’un peu plus de 10 % à près de 30. Il se tassa ensuite durant les années 1970 et surtout au début des années 1980, mais en demeurant plutôt élevé, à son niveau moyen de l’ensemble de la période.
39Ce ralentissement de l’effort d’investissement apparaît corrélatif d’un redressement du taux d’autofinancement des investissements.
Évolution du taux d’autofinancement des investissements1
Évolution du taux d’autofinancement des investissements1
40Avec un taux moyen de 57 % environ, le groupe Samsung faisait plutôt bonne figure. Sans doute se situait-il, sur l’ensemble de la période, à un niveau sensiblement supérieur à celui des autres principaux chaebols (Hyundai, Daewoo, lg par exemple). Plutôt modeste dans les années 1950, ce taux s’éleva de presque 17 % durant la première moitié des années 1960. Il tomba ensuite à un niveau critique (un peu plus du quart) entre 1966 et 1972, avant de se redresser de façon spectaculaire à partir de 1973. Après une période difficile de 1960 à 1965, le groupe s’engagea ensuite dans un processus vertueux, dont il tire les fruits encore aujourd’hui.
• Redressement tardif de la productivité du capital
41En atteste le redressement tardif de la productivité du capital.
Taux de croissance annuel de la productivité du capital de 1953 à 19861
Taux de croissance annuel de la productivité du capital de 1953 à 19861
42En longue période en effet, la productivité du capital connut une évolution négative. Mais cette première constatation doit être fortement nuancée. De fait, durant les années 1950, elle s’effondra. Cette tendance négative se poursuivit durant les années 1960. Le freinage fut spectaculaire, notamment durant la seconde moitié de la décennie. À partir de 1973 au contraire, la croissance des investissements s’effectua à coût marginal décroissant. Le freinage de l’effort d’investissement observé plus haut s’accompagnait donc d’une plus grande efficacité dans le choix de ces mêmes investissements. Le groupe entrait alors dans la zone des rendements d’échelles croissants, selon un modèle bien analysé à propos du Japon [17]. Cet apprentissage de l’efficacité par la firme résultait pour une part non négligeable d’une volonté de maîtrise accrue de la technologie et des compétences qu’elle implique.
Une volonté délibérée d’acquérir la technologie
43Dans sa quête de la maîtrise technologique, le groupe Samsung engagea un effort soutenu dans trois directions : les dépenses de recherche-développement, celles de formation et les aides aux clubs sportifs et aux étudiants.
• À partir de 1975 au moins, bond en avant des dépenses de recherche-développement
44Cette volonté d’acquérir la maîtrise technologique dans ses domaines d’activité conduisit donc le groupe Samsung à accroître dans de fortes proportions, et tout au moins à partir de 1975, ses dépenses de recherche-développement.
Évolution des dépenses de recherche-développement du groupe Samsung
Évolution des dépenses de recherche-développement du groupe Samsung
45Ces dépenses s’accrurent de plus en plus rapidement au cours de la période et, à partir de 1978, à un rythme supérieur à celui du chiffre d’affaires.
46L’effort de recherche-développement s’éleva donc de manière spectaculaire, surtout à partir de 1983.
Évolution de l’effort de recherche-développement1 de 1975 à 1986
Évolution de l’effort de recherche-développement1 de 1975 à 1986
47D’une logique d’imitation, le groupe Samsung passait donc, de plus en plus, à une stratégie d’innovation. Elle en tire les fruits aujourd’hui encore.
• Progrès des dépenses de formation
48De la même logique ressort la pratique accrue, surtout à partir de 1982, des dépenses de formation, en particulier sous formes de stages tant en Corée du Sud même qu’à l’étranger.
Évolution des dépenses de formation
Évolution des dépenses de formation
49Ces formations et stages s’effectuaient à l’étranger pour une part variant, selon les années, entre un quart et un tiers du total.
Formations effectuées en Corée du Sud et à l’étranger
Formations effectuées en Corée du Sud et à l’étranger
50Entre 1982 et 1986, ces dépenses de formation représentaient en moyenne 0,1 % du chiffre d’affaires annuel total.
• Un mécénat bien pensé : aides aux clubs sportifs et aux étudiants
51Du même esprit ressortent les dépenses effectuées en faveur des clubs de sport et, surtout, des bourses d’études destinées aux étudiants.
Évolution des dépenses en faveur du sport et des bourses d’études
Évolution des dépenses en faveur du sport et des bourses d’études
52Le groupe manifestait à l’évidence un souci grandissant de formation et de promotion en vue d’accroître motivation et qualification. Cette politique n’aurait pas être possible sans que le groupe ait pu résoudre de manière relativement satisfaisante ses problèmes de financement.
Le financement : une rentabilité forte, gage d’indépendance
53L’analyse du financement comporte trois volets : l’étude du profit à travers l’examen des comptes de flux, à savoir compte de résultats et d’affectation des résultats ; de la structure financière et de l’équilibre de la trésorerie, à travers le principal des comptes de stock, le bilan ; la détermination de la rentabilité grâce à une batterie de ratios issus du croisement des deux types de comptes précédemment évoqués. De cette analyse, il ressort que le groupe connut, entre 1953 et 1986, une vigoureuse progression des profits, grâce à laquelle il préserva son équilibre financier et enraya une dégradation forte de l’indépendance financière.
Les comptes de flux : une vigoureuse progression des profits
54Si l’on met à part le compte d’exploitation dont l’analyse a déjà été menée plus haut, à propos de la pression des coûts de production, deux types de comptes doivent être pris en considération : les comptes de résultats, qui permettent de déterminer la marge brute d’autofinancement ; le compte d’affectation des résultats qui met en lumière la politique d’attribution des bénéfices.
Le compte de résultats
55La marge brute d’autofinancement se détermine par rapport au résultat brut d’exploitation. S’en retranchent les frais financiers (intérêts bancaires, amortissement et service aux obligations), les pertes exceptionnelles (ici incorporées aux profits exceptionnels) et les impôts directs sur les bénéfices ; a contrario, viennent s’y ajouter les produits financiers (revenus du portefeuille de filiales et de participations) ainsi que les profits exceptionnels (ici comptabilisés nets, c’est-à-dire après déduction des pertes exceptionnelles). Ces éléments évoluèrent, en longue période, de manière relativement comparable, mais leur incidence respective sur la marge brute d’autofinancement fut très différente.
• Des rythmes assez comparables
56Entre 1953 et 1986, l’évolution des différents postes du compte de résultats fut assez homogène.
Taux de croissance annuels moyens des différents postes du compte de résultats de 1953 à 1986
Taux de croissance annuels moyens des différents postes du compte de résultats de 1953 à 1986
57Le résultat brut d’exploitation et la marge brute d’autofinancement progressèrent cependant un peu plus vite que les autres postes du compte de résultats. La conclusion s’impose : l’excellente rentabilité de l’exploitation eut, en longue période, une incidence positive sur l’évolution générale des profits du groupe. Quant à la marge brute d’autofinancement, elle connut une croissance légèrement inférieure à celle du résultat brut d’exploitation. Elle le dut à une augmentation plus rapide des frais financiers et des impôts sur les bénéfices que des profits exceptionnels. Une place à part doit être faite aux produits financiers. Ceux-ci ne connurent d’accroissement réel qu’à partir du milieu des années 1960, date à partir de laquelle cette contrainte financière commença en effet à se desserrer.
58Ces différents postes connurent cependant une évolution différenciée selon les sous-périodes. Au cours des années 1950, les frais financiers augmentèrent très vite, mais moins cependant que le revenu brut d’exploitation. En revanche, les profits exceptionnels progressèrent plus vite que l’impôt sur les bénéfices. La première moitié des années 1960 se montra plus favorable : progression très forte des profits exceptionnels et de la marge brute d’autofinancement ; ralentissement sensible de la croissance des frais financiers ; faible accélération pour l’impôt sur les bénéfices. La seconde moitié des années 1960 vit une augmentation faible des profits exceptionnels, ainsi qu’un fléchissement sensible de la croissance des frais financiers et de l’impôt sur les bénéfices ; à l’inverse, les produits financiers explosèrent.
59À partir du premier choc pétrolier, la marge brute d’autofinancement retrouva sa croissance très élevée de la première moitié des années 1960. En dépit d’une progression très forte des frais financiers et de l’impôt sur les bénéfices, le groupe bénéficia de l’augmentation significative, bien que modeste, des produits financiers et, surtout, des progrès des profits exceptionnels. Enfin, au début des années 1980, se produisit un ralentissement général sensible en particulier pour les frais financiers, les profits exceptionnels et l’impôt sur les bénéfices.
• Relâchement tardif de la contrainte financière
60Si on les rapporte à la marge brute d’autofinancement, les frais financiers pesèrent lourdement sur les profits.
Évolution de la structure du compte de résultats
Évolution de la structure du compte de résultats
61En moyenne, au cours de la période, ils représentèrent près de 50 % de la marge brute d’autofinancement, contre 2,5 seulement pour l’impôt sur les bénéfices. Mais, en définitive, le poids des frais financiers et de la fiscalité directe fut équilibré, dans une large mesure, par les produits financiers et les profits exceptionnels.
62Cette situation, à première vue favorable, ne se réalisa que de façon tardive, à partir de l’extrême fin des années 1970. En premier lieu, les années 1950 furent particulièrement critiques, en dépit de l’importance des profits exceptionnels : en effet le montant des frais financiers représentait alors plus de 2,5 fois le montant de la marge brute d’autofinancement. Durant les années 1960, la pression se relâcha, du fait de la diminution forte, en termes relatifs, de ces mêmes frais financiers ainsi que, dans une moindre mesure, de l’impôt sur les bénéfices. De manière corrélative, l’on observait, durant ces années, un fort niveau de profits exceptionnels, liés sans doute à l’activité d’import-export, ce jusqu’au milieu de la décennie.
63Ensuite, la stratégie de croissance externe engagée par la firme commença à porter ses fruits : entre 1966 et 1977, les produits financiers s’élevèrent à près du tiers du montant de la mba. Les années 1973-1978 virent une nouvelle dégradation de la situation financière : en dépit d’une progression relative des produits financiers (près de 40 % de la marge brute d’autofinancement) ainsi que d’une bonne résistance des profits exceptionnels (presque 20 %) les frais financiers explosèrent (1,5 fois la marge brute d’autofinancement) tandis que s’alourdissait, mais dans une mesure assez modeste, l’impôt sur les sociétés. En revanche, une amélioration spectaculaire se produisit à partir de 1979. Elle fut marquée par une chute des frais financiers (à peine 45 % de la marge brute d’autofinancement) et de la pression fiscale. Elle vit aussi un maintien, voire une amélioration en termes relatifs des produits financiers et des profits exceptionnels (presque les deux tiers de la marge brute d’autofinancement au total). La contrainte financière semblait donc bien se desserrer, permettant ainsi de réaliser un équilibre plutôt satisfaisant entre bénéfices distribués et autofinancement brut.
Un objectif : assurer un équilibre entre autofinancement et bénéfice distribué
64La vive progression de la marge brute d’autofinancement autorisait en effet une augmentation rapide des bénéfices distribués sans que, pour autant, l’autofinancement brut se trouvât sacrifié.
• Progression rapide des profits distribués et de l’autofinancement
65En longue période, de 1954 à 1986, les bénéfices distribués s’accrurent de près de deux points plus vite que l’autofinancement brut.
Taux de croissance annuels moyens comparés de la marge brute d’autofinancement, des bénéfices distribués et de l’autofinancement brut
Taux de croissance annuels moyens comparés de la marge brute d’autofinancement, des bénéfices distribués et de l’autofinancement brut
66Toutefois, la progression de l’autofinancement brut avoisina 15 % par an, soit un rythme grosso modo identique à celui du chiffre d’affaires ttc.
67Jusqu’à la fin des années 1950, il ne fait pas de doute que les bénéfices distribués eurent en tendance priorité sur l’autofinancement. Durant la première moitié de la décennie suivante, cette tendance s’inversa de façon spectaculaire. Il y eut certes un rééquilibrage assez net au cours de la période 1966-1972, mais ensuite la stratégie adoptée visa avant tout à maintenir un équilibre entre service des actionnaires et des administrateurs d’une part, autofinancement des investissements de l’autre. Les légers biais observés, de 1973 à 1978, en faveur des bénéfices distribués, puis, de 1979 à 1986, au profit de l’autofinancement, n’eurent pas d’incidence considérable.
• L’autofinancement : presque les trois quarts de la marge brute d’autofinancement
68Dans le long terme, la marge brute d’autofinancement fut partagée entre l’autofinancement brut, pour près des trois quarts, et les bénéfices distribués, pour le solde.
Politique de répartition des bénéfices du groupe Samsung
Politique de répartition des bénéfices du groupe Samsung
69En début de période, jusqu’en 1959, les bénéfices distribués représentèrent au moins 40 % du total : spécialisée dans des activités de main-d’œuvre, à progrès technique lent, ou de services, peu capitalistiques, le groupe pouvait alors concilier des profits relativement modestes avec une distribution significatives de dividendes, de tantièmes et de jetons de présence. Ensuite, la diversification, puis l’engagement industriel obligèrent jusqu’en 1965 à privilégier l’autofinancement. À nouveau le groupe distribua d’importants bénéfices entre 1966 et 1972. Il fallait alors s’assurer la fidélité des actionnaires par des dividendes substantiels. Puis la crainte de l’endettement poussa au contraire, notamment de 1973 à 1978, à privilégier de façon nette l’autofinancement. Enfin, à partir de 1979 s’opéra un nouveau rééquilibrage autour de la moyenne de longue durée : il suggère que la progression de l’autofinancement brut suffit à satisfaire aux besoins normaux de financement des investissements.
Les comptes de patrimoine : un équilibre financier de mieux en mieux satisfait ?
70L’étude de l’évolution du financement en longue durée suggère que le groupe Samsung parvint, de mieux en mieux, à faire face à ses besoins tant d’investissement que de trésorerie, mais au prix d’un endettement à long et moyen terme de plus en plus lourd. C’est en particulier ce qui ressort de l’examen des bilans.
Les bilans : une situation contrastée
71Il convient, classiquement, de distinguer entre actif, ce que la société possède ou qu’on lui doit, et passif, ce qu’elle doit.
• Un actif relativement stable
72En longue période la structure de l’actif demeura grossièrement stable.
Évolution de la répartition de l’actif du bilan du groupe Samsung
Évolution de la répartition de l’actif du bilan du groupe Samsung
73Néanmoins, au cours de la période 1953 à 1986, se produisirent quelques évolutions significatives :
- une nette progression des autres valeurs immobilisées, elle-même corrélative des avancées de la croissance externe ;
- un renversement de tendance en matière d’immobilisations nettes : gains d’importance relative jusqu’au début des années 1970, puis diminution et stabilisation jusqu’aux alentours de 30 % ;
- un renforcement modeste des valeurs réalisables à terme et disponible, donc des disponibilités immédiates de trésorerie ;
- une assez grande stabilité des valeurs d’exploitation nettes aux alentours de 55 % du total.
• Le passif : poids croissant de l’endettement long
74En effet, entre 1953 et 1986, la part des dettes à long et moyen terme ne cessa de progresser.
Évolution de la répartition du passif du bilan du groupe Samsung
Évolution de la répartition du passif du bilan du groupe Samsung
75Cette évolution résultait d’un double mouvement de contraction des dettes à court terme d’une part, des capitaux propres de l’autre. Pour preuve, la part des dettes à court terme passa de plus de 57 % de total entre 1953 et 1959 à 40 % de 1972 à 1986. De manière corrélative, celle incombant aux capitaux propres se réduisit aussi tombant de 31 % durant la première période à guère plus de 7 au cours de la dernière. Il s’ensuivit une spectaculaire progression de la part des dettes à long et moyen terme : un peu moins de 12 % du total du passif pour 1953-1959 à près de 53 en 1979-1986. La poursuite de la croissance dépendait donc, de façon très étroite, d’un endettement grandissant à long et moyen terme.
À la recherche d’un financement équilibré
76Cette fragilité financière structurelle n’avait pas de conséquences défavorables à court terme, mais elle contraignait à se préoccuper de maintenir une structure financière équilibrée et de ménager les intérêts des actionnaires.
• Un fonds de roulement net de plus en plus largement positif : réalités et faux semblants
77C’est ce qui ressort de l’examen du seul fonds de roulement net, déterminé en soustrayant le montant des capitaux fixes (immobilisations nettes + autres valeurs immobilisées) de celui des ressources permanentes (capitaux propres + dettes long et moyen terme).
Évolution du fonds de roulement net du groupe Samsung
Évolution du fonds de roulement net du groupe Samsung
78De fait, le fonds de roulement net était assez nettement positif durant les années 1950. Il se dégrada au cours de la décennie suivante, avant de redevenir positif à partir de 1973 et de façon plus nette encore après 1978. En effet, alors même que le degré de liquidité de l’actif demeurait stable, l’exigibilité du passif se réduisait progressivement. Toutefois, cette évolution masquait la réalité profonde. Si l’on calcule le fonds de roulement net en soustrayant le total des capitaux fixes des seuls capitaux propres, l’on voit bien que seul un endettement croissant permettait de réaliser l’équilibre du bilan. Est-ce dire que la structure financière du groupe allait en se dégradant ?
• À la recherche d’une structure financière optimale
79Il ne fait guère de doute que le groupe Samsung fit aussi appel à ses actionnaires.
L’évolution du capital social
L’évolution du capital social
80Le montant du capital social augmenta même plus vite que le chiffre d’affaires, ce qui corrobore l’idée d’une évolution de plus en plus capitalistique des activités de la firme. Le capital social par actionnaire progressa à un rythme soutenu, sans doute par le fait de distributions d’actions gratuites, mais aussi en raison du réinvestissement d’actionnaires fidèles.
81Le groupe préféra sans doute élargir son actionnariat, plutôt que d’accroître le nominal des titres. En effet, le nombre total d’actionnaire augmenta nettement plus vite que le capital social par actionnaire. En conséquence de quoi l’élargissement du capital fut vraiment spectaculaire. Le nombre d’actionnaire passa d’une vingtaine en 1953 à près de 41 000 en 1986.
Évolution du nombre total d’actionnaires de la société mère Samsung de 1953 à 1986
Évolution du nombre total d’actionnaires de la société mère Samsung de 1953 à 1986
82Pour autant, il apparaît qu’en fin de période, entre 1973 et 1986, l’appel aux actionnaires cessa d’être un élément déterminant pour le financement des investissements.
Le financement des investissements : rôles respectifs de l’autofinancement, des augmentation de capital et des émissions d’obligations
Le financement des investissements : rôles respectifs de l’autofinancement, des augmentation de capital et des émissions d’obligations
83En fait, le groupe cessa presque, en fin de période, de faire appel à ses actionnaires. En revanche, l’autofinancement brut demeura, de manière assez sensible, le premier mode de financement des investissements. Pour éviter le piège de l’endettement le groupe n’avait d’autre solution que d’accroître fortement son autofinancement brut, donc sa rentabilité.
Un objectif majeur : atteindre à une rentabilité élevée pour enrayer une dégradation forte de l’indépendance financière
84Le groupe Samsung ne cessa de rechercher une rentabilité financière élevée, laquelle lui assurait la confiance des actionnaires.
Une rentabilité financière en hausse constante
85Ce haut niveau de rentabilité financière permit, à partir des années 1960, de concilier de mieux en mieux les nécessités de l’autofinancement avec les exigences d’actionnaires de plus en plus nombreux.
Évolution de la rentabilité financière du groupe Samsung de 1953 à 1986
Évolution de la rentabilité financière du groupe Samsung de 1953 à 1986
86Sur l’ensemble de la période, le taux de rentabilité financière multiplia par plus de onze fois son niveau des années 1950. Entre 1979 et 1986, la marge brute d’autofinancement représentait en effet plus de trois fois le montant des capitaux propres.
87Le rendement de l’action, mesuré par le rapport bénéfice distribué/capitaux propres, progressa de manière sensible au cours des années 1960. Il diminua de près de moitié entre 1973 et 1978 avant de connaître une véritable explosion à partir de 1979, à une époque où le groupe cherchait à la fois à réduire un niveau d’endettement excessif et à conquérir un très large actionnariat du fait de sa taille devenue considérable. Plus spectaculaire fut l’évolution du ratio autofinancement brut/capitaux propres. En moyenne trois fois plus élevé que le taux de rendement de l’action sur l’ensemble de la période, il progressa de façon régulière et spectaculaire. D’un peu plus de 10 % en 1953-1959, il s’éleva à environ 60 % dans la seconde moitié des années 1960 pour atteindre plus de 230 % entre 1979 et 1986 : à cette époque, l’autofinancement brut représentait donc 2,3 fois le montant des capitaux propres. Le processus de reconquête de l’indépendance financière était donc bien engagé.
Une évolution rendue indispensable par la dégradation de l’indépendance financière
88Il est vrai que la nécessité s’en imposait de manière de plus en plus pressante.
• Une dégradation continue du degré d’indépendance financière
89Il est vrai que l’indépendance financière du groupe n’avait cessé de se réduire depuis le début des années 1950.
Évolution du ratio d’indépendance financière (capitaux propres/total du passif)
Évolution du ratio d’indépendance financière (capitaux propres/total du passif)
90En moyenne très faible (8 %), elle demeura satisfaisante jusqu’au milieu des années 1960, se stabilisa ensuite aux environs de 17-19 % jusqu’à la fin des années 1970, pour s’effondrer aux environs de 7,5 % entre 1979 et 1986.
• En dépit d’importantes fluctuations, un retour sur investissement plutôt satisfaisant
91Cette évolution tenait pour une part à la nature technique des activités dans lesquelles le groupe s’était engagé à partir des années 1960. Le choix d’investir dans l’industrie lourde s’était traduit par une dégradation du rendement économique des immobilisations.
Évolution du ratio de rendement économique des immobilisations nettes
Évolution du ratio de rendement économique des immobilisations nettes
92Ce dernier permet de mesurer, en termes de profit d’exploitation, le retour sur investissement. Il atteignit cependant, entre 1953 et 1986, un niveau moyen relativement satisfaisant : près de 60 %. Il demeura plutôt élevé jusqu’au milieu des années 1960, se dégrada de façon très sensible entre 1966 et 1972, se redressa de façon spectaculaire de 1973 à 1978 (supérieur à 100 %), pour diminuer à nouveau à partir de 1979-1986. Cette baisse fut d’ampleur limitée, puisque le ratio revint en fait presque à son niveau moyen de l’ensemble de la période. Le retour sur investissement apparaissait alors plutôt de nature à rassurer sur l’avenir d’un groupe pourtant en croissance très rapide.
Mais une stratégie en fin de compte plutôt efficace
93En effet, à l’exception des années 1950, le groupe Samsung se caractérisa toujours par un taux de marge élevé.
• Un taux de marge élevé attestant d’un haut niveau de compétitivité
94Il attestait du haut niveau de compétitivité atteint par le groupe.
Évolution du taux de marge1 du groupe Samsung entre 1953 et 1986
Évolution du taux de marge1 du groupe Samsung entre 1953 et 1986
95Il s’éleva fortement devant les années 1960 (de plus de 5 % à près de 25 %), connut un net fléchissement entre 1973 et 1978, tout en demeurant confortable, avant de retrouver son niveau moyen de la période à partir de 1979. Cette situation plutôt favorable se trouvait confortée en outre par le degré plutôt satisfaisant de rentabilité de l’ensemble des capitaux.
• La rentabilité globale des capitaux : une amélioration quasi continue
96De 1953 à 1986, celle-ci connut une amélioration quasi continue.
Évolution de la rentabilité globale des capitaux1 du groupe Samsung entre 1953 et 1986
Évolution de la rentabilité globale des capitaux1 du groupe Samsung entre 1953 et 1986
97Elle atteignait, en moyenne, un niveau élevé : le ratio marge brute d’autofinancement/total du passif dépassa 21 % sur l’ensemble de la période 1953-1986. Plus encore, elle augmenta de façon presque continue. En effet, cette rentabilité progressa fortement de 1953 à 1972, se tassa à un niveau élevé entre 1973 et 1978 avant de se relever encore à presque 22 %. De tels gains de rentabilité constituèrent à coup sûr l’explication du succès d’un groupe qui n’avait cessé de s’endetter, mais en même temps d’autofinancer une partie toujours accrue de ses investissements tout en assurant à ses actionnaires une progression régulière de leurs gains.
Conclusion
98Entre 1953, date du retour à la normale du lendemain de la guerre de Corée, et 1986, la dernière année complète de présidence de Lee Byung-Chul, le fondateur, le groupe Samsung a connu une spectaculaire ascension.
1953-1986. Une spectaculaire ascension
99De fait, le groupe s’est trouvé porté par le marché. Contrairement à une idée reçue, la croissance soutenue de son chiffre d’affaires n’a pas reposé que sur l’exportation, mais aussi sur une adaptation constante aux besoins nouveaux d’une société coréenne en marche accélérée vers la consommation de masse, sur le modèle occidental. Tant sur le marché national qu’à l’exportation, le groupe a su continuellement se diversifier et se réorienter, en se désengageant des secteurs déclinants. De cette manière, le groupe a pu supporter de lourdes charges d’exploitation, Rapide, leur progression a été contenue. Certes, le groupe a tiré avantage d’un contexte spécifique, marqué par la faiblesse de la pression fiscale indirecte. Néanmoins, cet élément positif ne peut à lui seul expliquer la réussite d’un groupe passé, en un tiers de siècle, d’un peu plus de 250 salariés à 147 000 environ.
100En réalité, le groupe Samsung a créé chaque année un nombre grandissant d’emplois, mais a réalisé aussi d’impressionnants gains de productivité du travail. Non seulement la productivité progressa, sur l’ensemble de la période, presque aussi vite que les emplois eux-mêmes, mais encore, après 1965, les gains d’efficacité productive l’emportèrent sur les recrutements de nouveaux personnels. Les investissements massifs auxquels procéda le groupe s’effectuèrent en effet pour leur plus grande part dans l’entreprise mère et ses filiales. Cette priorité accordée à la croissance interne distinguait Samsung de la plupart de ses grands concurrents nationaux – Hyundai ou lg par exemple. Elle s’accompagna toujours d’un taux relativement élevé d’autofinancement (plus de 50 %). Cette rigueur dans le choix des investissements s’avéra payante, en fin de période, puisqu’à partir de milieu des années 1970, la productivité du capital progressa à un rythme soutenu. Comme il en allait de même pour la productivité du travail, on peut en déduire que l’un des facteurs essentiels de l’ascension de Samsung résida dans l’augmentation rapide de la productivité globale de facteurs de production et l’importance des surplus de productivité conservés dans l’entreprise ou dans ses filiales par le biais entre autres de l’autofinancement, du jeu des rendements d’échelle croissants et, à partir du milieu des années 1970, de l’importance grandissante (en % du chiffre d’affaires ttc) des dépenses de recherche-développement.
101Ainsi s’explique le fait que le groupe Samsung ait pu, entre 1953 et 1986, faire face à des besoins de financement en très rapide croissance. En effet, les profits du groupe connurent une progression rapide. Samsung parvint ainsi à préserver son équilibre financier et à enrayer une dégradation sensible de son indépendance financière. La contrainte financière ne se relâcha toutefois que sur le tard, en raison de l’inéluctable montée, entre 1953 et 1986, de la part des dettes à long et moyen terme dans le passif du bilan. Malgré tout, le fond de roulement net devint de plus en plus largement positif. Même si l’endettement obligataire constitua une ressource essentielle, le groupe sut élargir son capital, sans que pour autant le fondateur en perde le contrôle, et, ce, grâce à des dividendes substantiels (25 % de la marge brute d’autofinancement en moyenne). Surtout, il ne cessa jamais de donner la priorité à l’autofinancement, qui constitua toujours le moyen privilégié de financement des investissements. À cet égard, la dégradation de l’indépendance financière n’eut guère de conséquences en raison du maintien d’un niveau élevé de retour sur investissements et de rentabilité de l’ensemble des capitaux. En 1986, non seulement le groupe s’était imposé comme une multinationale de premier plan, mais encore il se caractérisait par une structure financière très satisfaisante et de hauts niveaux de rentabilité.
1987-2004. Une montée en puissance poursuivie
102Le 1er décembre 1987, Kun-Hee Lee, troisième fils de Byung-Chul, devint président du groupe Samsung, en succédant à son père [18]. Il fixa d’emblée les nouveaux choix stratégiques du groupe qu’il dénomma « Le projet de croissance à long terme du groupe pour 2000 ». En mars 1988, il en annonça la seconde fondation. Le 20 mai 1988, son projet stratégique était rendu public. Enfin, le 13 juillet suivant, lors d’une assemblée générale extraordinaire, Samsung décida sa fusion avec Samsung Electronics et Samsung Semiconductor et Telecommunications. Le but fixé est alors de devenir Top 10 (numéro dix) mondial de l’électronique informatique. Le groupe le resta jusqu’au milieu des années 1990, puis accéda alors au cinquième rang mondial après ibm, Matsushita, Hitachi et Toshiba.
103S’ouvrait avec Kun-Hee Lee une phase d’intenses avancées technologiques. Tel fut le cas dans le secteur de la télévision : en 1990, mise au point de la télévision à écran plat ainsi que la télévision couleur 80 inches Vidéo Project [19] ; en novembre 1992, apparition du « wide tv » doté d’un écran de type cinéma avec un rapport de 16 (horizontal) sur 9 (vertical). Enfin, en octobre 1998, naissait l’écran plat (Dyna plat) « Thinkmaster 700 ift ». Dans le domaine de l’informatique, les progrès furent plus spectaculaires encore. En novembre 1990, Samsung s’imposa comme la première entreprise de Corée productrice de portable pc : le sien ne pesait que 3 kg. En mai 1991, ce portable pouvait écrire en coréen, en chinois et en anglais. La réputation de Samsung était alors bien établie avec le 486 pc, un ordinateur caractérisé par sa très grande sûreté, qui apportait une valeur ajoutée considérable, et le « Sensor », développé en tant que « Home pc » (ordinateur familial). Cet essor reposait sur celui des semi-conducteurs : 16M Dram en 1991, 64M Dram en septembre 1992, 256M Dram en août 1994 et 1G Dram en octobre 1996. Enfin, la technologie des écrans ne cessait de progresser à partir notamment de la mise au point, en juin 1991, du 21 inches écran couleur. Les années 1990 et la première moitié des années 2000 confirmèrent l’exceptionnelle percée technologique de Samsung [20].
104En 2005, la réussite de Samsung apparaît flagrante [21]. Avec une capitalisation boursière à 100 milliards de dollars, le groupe Samsung se situe au quatrième rang en Asie derrière Toyota (automobile), Petrochina et Mitsubishi ufi (Services financiers). Il se place désormais, grâce à sa principale filiale, Samsung Electronics, au niveau des principales valeurs high-tech des États-Unis.
Capitalisations boursières supérieures à 100 milliards de dollars aux États-Unis dans le high-tech (au 31 décembre 2005)
Capitalisations boursières supérieures à 100 milliards de dollars aux États-Unis dans le high-tech (au 31 décembre 2005)
105Samsung Electronics pèse donc plus lourd que ses concurrents directs : le Japonais Sony, l’Américain Motorola et le Finlandais Nokia. C’est le résultat de choix commerciaux opportuns. En effet, la firme a parié sur le développement des écrans à cristaux liquides les téléphones mobiles et les mémoires informatiques. La demande explose pour la mémoire « Flash », une nouvelle famille de composants dont Samsung Electronics contrôle la moitié des ventes mondiales. Ils équipent par exemple l’ipod nano d’Apple. En définitive, le groupe se place au premier rang mondial pour une vingtaine de produits électroniques, dont les écrans plats et les mémoires informatiques.
106Samsung Electronics s’est imposé dans des segments de marché porteur pour l’avenir.
Répartition du chiffre d’affaires total du groupe Samsung Electronics au 31 décembre 2005
Répartition du chiffre d’affaires total du groupe Samsung Electronics au 31 décembre 2005
107La clef réside dans l’importance des investissements consentis par le groupe. Pour un chiffre d’affaires de 57,46 milliards de dollars en 2005 (soit 47,48 milliards d’euros), Samsung Electronics a prévu d’engager, en cinq ans, pour 50 milliards de dollars d’investissements dont 15,3 pour ses usines et la recherche. Plutôt que de procéder à un transfert massif vers la Chine pour bénéficier de la sous-traitance, le groupe continue de miser sur la Corée du Sud… avec succès, puisque l’usine de Gumi, à 277 km au sud de Séoul, constitue la plus grande du monde fabriquant des téléphones portables. Or Samsung Electronics s’est hissé en ce domaine à la troisième place mondiale derrière Nokia et Motorola, mais devant Siemens, Ericsson et Sony. À elle seule, l’usine et ses 11 000 salariés fournissent 70 % de la production de Samsung. Un tel choix n’est cependant pas sans risque, du fait de l’augmentation du coût de la main-d’œuvre et de l’appréciation du won par rapport au dollar et à l’euro. Aujourd’hui comme hier, la poursuite de la croissance du groupe et son succès financier dépendent de façon étroite de sa compétitivité et donc de sa productivité.
Notes
-
[*]
Umr 8596 Centre Roland Mousnier, Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Courriel : rangri.park@wanadoo.fr
-
[1]
Valérie Collet, « Samsung s’impose en France », Le Figaro, jeudi 26 janvier 2006, p. 21.
-
[2]
En fait Samsung Electronics.
-
[3]
La présente étude s’appuie notamment sur les deux livres coréens cités notes 4 et 5.
-
[4]
Samsung, cinquante ans d’histoire (en coréen), Séoul, Imprimerie Samsung, 1988, 928 p.
-
[5]
Samsung Electronics, trente ans d’histoire (en coréen), Séoul, Imprimerie Samsung, 1999, 621 p.
-
[6]
Le Figaro Entreprises, 12 janvier 2004, p. 26.
-
[7]
Le Figaro Entreprises, 12 janvier 2004.
-
[8]
« Situation de la gestion de Samsung Electronics », note en date de juillet 2004, Archives Samsung Electronics.
-
[9]
Samsung, cinquante ans, op. cit, p. 82.
-
[10]
Ibid., p. 85.
-
[11]
D. Barjot (dir.), Les sociétés, la guerre, la paix, 1911-1946, sedes, 2003, p. 114-115, p. 257 et p. 265.
-
[12]
Ibid.
-
[13]
D. Barjot, « De la mondialisation hier et aujourd’hui », Entreprises et Histoire, 32, 2003, p. 5-14.
-
[14]
Samsung, cinquante ans d’histoire (en coréen), op. cit., et Samsung Electronics, trente ans d’histoire (en coréen), op. cit.
-
[15]
J.R. Chaponnière, « L’analyse du capitalisme coréen et du poids économique de la Corée dans le monde », dans F.E. Caillaud, A. Queval, La République de Corée. Mutation et enjeux, p. 25-29 ; A. Delissen, « La Corée du Sud – Han’guk : miracles et mirages sur le Han », dans H.O. Rotermund, L’Asie orientale et méridionale aux xix?e et xx?e siècles, Paris, puf, 1999, p. 219-232 ; W.K. Han, The History of Korea, Séoul, The Eul Yoo Publishing Company, 1997, 552 p. (voir en particulier ch. 34, p. 493-509) ; H.K. Lee, The Korean Economy. Perspectives for the Twenty-First Century, New York, State University of New York Press, 1996, 256 p. ; S.O. Park, « Manufacturing industry », ch. 8, dans Korea the Land and People, The Organizing Committee of the International Geographical Congress, Séoul, Kyohaksa, 2000, p. 174-197 ; I.J. Seo, La Corée du Sud. Une analyse historique du processus de développement, Paris, L’Harmattan, 2000, 568 p. ; B.N. Song, The Rise of the Korean Economy, Hong Kong, Oxford University Press, 1997, 306 p. ; I.J. Whang, Economic Transformation of Korea, 1945-1995 : Issues and Responses, Séoul, The Sejong Institute, 1997, 284 p. ; B.H. Yae, Die Handels beziehungen zwischen Deutschaland und Korea nach dem Zweiten Weltkrieg, Stuttgart, Franz Steiner Vertag, 1997, 168 p.
-
[16]
H.S. Hong, Lee Kun-Hee, Hanguk Gyeongje Sinmun, 2003 ; Jungang ilbo Gyeongje ibu, Les dirigeants patronaux : l’analyse des réseaux patronaux dans trente chaebols, Jungang ilbo sa, 1996 ; K.H. Lee, Samsungmen : businessmen Professional, Ilteowa salam, 1993 ; S.H. Yu, Samsung : les véritables facteurs d’une réussite, Golyeoweon, 1995 ; K.H. Lee, Essai de Lee Keun-Hee : réflexions en vue d’un regard sur le monde, Donga ilbosa, 1997.
-
[17]
Christian Sautter, Japon. Le prix de la puissance, Paris, Le Seuil, 1973, 320 p.
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[18]
La situation de gestion Samsung, op. cit.
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[19]
Il s’agissait d’un appareil de vidéo projection pour les expositions, les démonstrations de publicitaires de l’entreprise, les réunions et les stages de formation au sein du groupe.
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[20]
D. Barjot (dir.), « Globalization-La Mondialisation », Entreprises et Histoire, 32, juin 2003. Voir en particulier : D. Loret, « The Korean shipbuiding industry in Korea, 1945-1990 », p. 94-106 ; W.S. Moon, « Industrial Bank in Korea: a legacy of German Banking or French Banking », p. 107-119 ; D.S. Cho, « Imperatives in restructuring: lessons from the Korean Economic Crisis », p. 120-137. L’on se reportera aussi à « L’industrie coréenne des semi-conducteurs », Objectif Corée, 82, avril 1999, Ambassade de France, Service d’Expansion économique, p. 8-9 ; J.J. Pluchart, La crise coréenne. Grandeur et décadence d’un modèle de performance, Paris, L’Harmattan, 272 p.
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[21]
Marc Cherki, « Samsung démontre la supériorité de son modèle », Le Figaro, samedi 14-dimanche 15 janvier 2006, p. 27.