Couverture de RECO_563

Article de revue

Évolution de l'analyse northienne des institutions

La prise en compte des idéologies

Pages 691 à 703

Notes

  • [*]
    thema-gestion (Université de Cergy-Pontoise) et metis (École de Management de Normandie). Courriel : Didier. Chabaud@ eco. u-cergy. fr
  • [**]
    cepn (Paris XIII) et Université de Cergy-Pontoise. Courriel : Claude. Parthenay@ iutc. ucergy.
    fr
  • [***]
    adis-Groupe Réseaux Jean Monnet (Université Paris XI). Courriel : yannick. perez@ jm. upsud.
    fr
    Cet article a bénéficié de discussions au sein du laboratoire atom (Paris I), du grjm (Paris XI), de l’esnie (Cargèse, mai 2004). Il découle de travaux commencés lors du séminaire de recherche fnege Institutions et gestion. Nous remercions L. Batsch, E. Brousseau, M.-K. Codognet, A. Cot, U. Dubois, J.-M. Glachant, I. Huault, J. Lallement, C. Ménard ainsi que les participants aux diverses sessions. Nous restons, bien évidemment, responsables des erreurs et omissions qui demeurent.
  • [1]
    North s’inscrit ici dans une lignée qui va de Knight [1921] à Simon [1976] en passant par Heiner [1983].
  • [1]
    Pour une présentation des sciences cognitives appliquées à l’économie, cf. Walliser [2000].
  • [2]
    North, en 2005, reprend la définition des institutions de 1990, à savoir l’ensemble des règles du jeu qui sont à la disposition des agents qu’il nomme métaphoriquement les joueurs.
  • [1]
    Un tel schéma correspond assez bien aux pays dont la doctrine juridique est celle de la common law. Dans un tel système, les évolutions incrémentales des règles sont admises. Dans les pays de droit positif, le problème devient plus complexe parce que la définition ex ante des règles rend aussi difficile l’adoption de nouvelles règles à l’aide d’incrémentation.
  • [1]
    Le processus évolutionnaire (quelquefois traduit par « processus évolutionniste ») renvoie à l’idée que 1) le cerveau a une capacité d’apprentissage et de mémorisation de ces apprentissages et 2) que les croyances se sont constituées au cours de l’histoire pour répondre à des problèmes spécifiques et ont pu apparaître comme la réponse la mieux appropriée à ce moment de l’Histoire.
  • [2]
    L’hypothèse de sensation repose sur le constat que les êtres humains sont en contact avec le monde à l’aide de leurs sens et qu’il y aurait donc une dimension immédiatement qualitative (une sensation), c’est-à-dire un jugement de valeur sur le monde.

1 Parmi les économistes s’inscrivant dans le courant de la nouvelle économie institutionnelle (nei), le prix Nobel d’économie Douglass Cecil North est l’un de ceux qui a le plus réfléchi sur l’articulation entre comportements des agents et institutions.

2 En effet, la plupart des travaux de North concerne le lien entre l’évolution des performances économiques d’un pays et les structures institutionnelles nationales (Owen [1999], p. 5-6). Les institutions pour North se définissent de la manière suivante : elles « se composent d’une structure politique qui désigne la façon dont nous développons et agrégeons les choix politiques, d’une structure des droits de propriété qui définit les incitations économiques formelles, d’une structure sociale – les normes et les conventions – qui définit les incitations informelles dans l’économie » (North [2005], p. 49). Dès 1966, il montre que l’on ne peut saisir les différences de niveau de croissance entre les pays indépendamment des mécanismes d’incitation inscrits dans les institutions économiques (les droits de propriété) et les institutions politiques (garantes de la définition et de l’exécution des droits de propriété) (North [1966], chap. 2).

3 S’il est relativement aisé de montrer en quoi les institutions peuvent être des mécanismes plus ou moins incitatifs dès lors que le comportement des agents est axiomatisé, un tel schéma va se heurter à deux obstacles : 1. Dans son ouvrage de 1981, North constate que les idéologies sont un facteur à prendre en compte. En effet, sous l’hypothèse de rationalité limitée, il faut prendre en compte l’idéologie : a) pour comprendre la façon dont les individus perçoivent le monde (ibid., p. 49) et b) parce que les idéologies peuvent faciliter le respect des institutions et diminuer les comportements opportunistes (ibid., p. 53). 2. Dans son ouvrage de 1990, North prend acte de l’existence de chemins de dépendance institutionnels. Ces chemins de dépendance se manifestent par l’incapacité des pays à copier, y compris sur le long terme, les institutions des pays les plus performants économiquement. Pour North, ce phénomène s’explique par la rationalité limitée des agents comprise comme limitation de la capacité cognitive [1]. Pour percevoir le monde, les individus construisent des schémas mentaux dans lesquels interviennent des idéologies. Ces idéologies vont jouer un rôle dans la construction et le fonctionnement des institutions formelles et informelles.

4 Si l’hypothèse de rationalité limitée que North adopte lui permet de mieux comprendre l’évolution des institutions et, notamment, le maintien d’institutions inefficaces sur le long terme, elle débouche, néanmoins, sur le redoutable problème de l’opérationnalisation des concepts dès lors qu’il n’existe plus d’hypothèses comportementales des agents a priori.

5 L’approfondissement de la compréhension du comportement des agents amène ainsi une évolution de la pensée de North entre 1990 et 2005, le conduisant à focaliser son agenda de recherche sur l’analyse des croyances des agents. Dès lors, il est nécessaire de s’interroger sur la possibilité d’opérationnaliser les concepts développés par la nei.

North 2005 : la reprise des questions laissées en suspens en 1990

6 Si l’architecture northienne de 1990 permet d’articuler et de mieux saisir les rôles respectifs des institutions (les règles du jeu) et des agents (les joueurs) (Chabaud [2004]), la question de la manière dont les idéologies se créent et perdurent reste entière. C’est cet agenda de recherche, ouvert en 1990, que North va développer ces quinze dernières années, autour de la question de la manière dont les agents individuels peuvent construire leurs représentations du monde.

North 1990 : des questions en suspens

7 North, en 1990, reprend à son compte l’idée coasienne de l’existence de coûts de transaction et prend acte de l’impossibilité d’un monde économique qui convergerait spontanément vers un équilibre optimal. Ainsi, il affirme : « Lorsque les parties disposent d’une information parfaite et que le jeu, à la fois, continue indéfiniment dans le futur et est joué avec les mêmes parties, on peut atteindre une solution coopérative auto exécutante […]. Cependant, inutile de le dire, ces hypothèses sont non seulement des hypothèses fortes, mais elles ne sont tout simplement pas observables dans la réalité. » ([1990], p. 57.)

8 Dans un tel contexte, les institutions sont un moyen de réduire l’incertitude : « Sous les conditions d’une information limitée et d’une capacité computationnelle limitée, les contraintes réduisent les coûts des interactions humaines si l’on compare avec un monde sans institutions. » (Ibid., p. 36.) Mais elles sont aussi en partie inefficaces. En effet, du fait de la rationalité limitée, les individus ont des modèles de représentation « fréquemment erronés » (ibid., p. 16) et les institutions ne sont pas d’abord socialement efficaces mais ont été créées par des groupes d’individus qui avaient le pouvoir de les imposer et ce dans le but de défendre leurs propres intérêts. Dans ce monde de rationalité limitée, la question du traitement de l’information devient centrale parce que « le traitement de l’information est la clé de la compréhension du modèle comportemental plus complexe que celui qui est dérivé du modèle de l’utilité espéré » (ibid., p. 37).

9 L’un des problèmes auquel se heurte North est celui des idéologies non basées sur la recherche de la maximisation de l’intérêt individuel. En effet, même si l’on peut en partie modéliser de tels comportements (North cite les travaux de Margolis [1982] et de Sugden [1986]), il reste des problèmes non résolus :

10 1. Le coût de mise en œuvre d’une idéologie est fonction du contexte institutionnel et peut être mesuré, pour une part, par l’effort que doivent fournir les individus pour mettre en application une idéologie. Mais on ne peut pas mesurer le « prix » qu’est prêt à payer un individu pour l’application des idéologies qu’il défend.

11 2. Les effets des idéologies ne sont pas exactement mesurables : « Nous ne disposons tout simplement pas d’une théorie convaincante de la sociologie de la connaissance qui rende compte de l’efficacité (ou de l’inefficacité) des organisations idéologiques ou qui rende compte des choix réalisés lorsque la rétribution de l’honnêteté, de l’intégrité, du travail intensif ou du vote est négative. » (Ibid., p. 42.)

12 3. L’origine des idéologies n’est pas connue : « L’importance des codes de conduite intériorisés qui entrent en contradiction avec le comportement maximisateur est aussi évident dans beaucoup de cas. Nous ne parvenons pas à expliquer correctement l’origine de tels comportements… » (Ibid., p. 43.)

13 C’est cet agenda de recherche qui va être l’objet des travaux de North depuis 1990.

L’intégration des croyances des agents dans la compréhension du processus du changement économique

14 L’un des enjeux du nouvel ouvrage de North est la reconstruction d’une théorie du changement économique qui prenne en compte les croyances des agents telles qu’elles sont : « Le changement économique […] est un processus délibéré façonné par les perceptions des acteurs sur les conséquences de leurs actions. Les perceptions viennent des croyances des acteurs (…) qui sont typiquement entremêlées avec leurs préférences. » ([2005], p. viii.)

15 Cette compréhension de la manière dont les agents construisent leurs perceptions du monde est d’autant plus importante que :

  • le caractère « non ergodique » du changement institutionnel ne permet pas aux agents de profiter des expériences accumulées grâce à la répétition des situations. Ils sont donc contraints, pour prendre leur décision, de se construire une représentation du monde qui sera forcément incomplète et dépendra des croyances qu’ils portent sur le monde ;
  • la complexité des économies contemporaines est telle que leurs possibilités de fonctionnement nécessitent des architectures institutionnelles complexes, ce qui renforce le caractère non ergodique du changement institutionnel.
Au total, pour comprendre les mécanismes du changement économique il faut, d’une part, comprendre l’articulation entre les modèles mentaux que se construisent les agents, les croyances partagées construites dans une société donnée et les institutions qui définissent les règles du jeu des acteurs économiques. D’autre part, il faudra, une fois cette articulation posée, saisir les mécanismes du changement économique. Ces mécanismes nécessitent de comprendre la manière dont les individus perçoivent un changement possible et comment cette perception peut déboucher sur une évolution sociétale compte tenu des institutions en place et du poids des croyances des autres agents. Enfin, si l’on veut montrer que le rôle des agents individuels est central dans le changement économique, alors même qu’il est affirmé, par ailleurs, l’existence de chemins de dépendance historique et institutionnel, il convient de fonder une théorie de l’intentionnalité des individus.

Modèles mentaux, croyances partagées, institutions

16 Si les analyses concernant le comportement économique des agents doivent prendre en compte les schémas mentaux des individus dans leur complexité (en incluant, par exemple, le rôle des idéologies), alors la compréhension de la manière dont peuvent se construire ces schémas mentaux devient un élément de l’analyse scientifique.

17 L’incorporation dans l’analyse économique d’une rationalité des agents plus « réaliste » que celle de l’homo oeconomicus a pris des formes multiples : approximation du comportement « réel » avec l’hypothèse du as…if de Friedman [1953], rationalisation des comportements non directement utilitaristes à la Becker [1996], focalisation sur les procédures de décision (Simon [1963], [1976]), modélisation des comportements des agents non utilitaristes et des relations que ces agents peuvent construire (Akerlof [1983], Sugden [1986 et 1998], Lesourne, Orléan et Walliser [2002]). Dans ce vaste spectre, la spécificité de l’approche de North, s’inspirant explicitement des travaux pionniers de Hayek [1952], provient de la tentative d’incorporation dans la réflexion sur le comportement des agents des apports des sciences cognitives (Denzau et North [1994]) [1] et des progrès de la biologie (Edelman [1992], Damasio [1999]).

18 Pour saisir la manière dont peuvent se construire les modèles mentaux des individus, il faut, dans un premier temps, expliquer les mécanismes d’apprentissage à l’origine des modèles mentaux. La capacité des individus à apprendre s’explique, d’une part, par l’existence d’un substrat génétique dans lequel s’entremêlent des éléments physiques (le cerveau, les influx nerveux) et des éléments hérités (savoir accumulé par les générations précédentes transmises par héritage). D’autre part, les individus, par confrontation avec leur environnement physique, socioculturel et linguistique, accumulent des expériences qui sont à l’origine de leurs propres modèles mentaux, leur permettant de construire leurs représentations du monde. La confrontation des individus avec leur environnement nécessite le recours à des artefacts (langage, dispositifs culturels, outils, institutions, etc.) qui sont eux-mêmes des construits sociaux. Nous avons donc l’enchaînement suivant : les individus construisent des modèles mentaux, lesquels se cristallisent dans des croyances partagées, autrement dit des idéologies, parce qu’ils peuvent s’avérer être une réponse appropriée à l’environnement à un moment donné. Cependant, en devenant des croyances partagées, ils s’incorporent dans les artefacts et deviennent donc des « manières » de voir le monde dans une société donnée. Devenus outils communs de perception, ils orientent la manière de saisir l’environnement par les agents : « Lorsque nous effectuons des choix qui modifient de façon incrémentale l’organisation politique, nous sommes en train de changer la réalité. Et en modifiant la réalité, nous modifions en retour le système de croyance que nous avons. Ce flux circulaire existe depuis que les êtres humains ont commencé à essayer de maîtriser leur destinée. » (North [1999], p. 15.)

19 Un schéma de dépendance institutionnel se met en place puisque la perception des agents dépend en partie des croyances actuelles cristallisées dans les institutions existantes. En retour, cette perception va être à l’origine de la construction de nouvelles croyances qui pourront conduire à modifier les institutions existantes.

Schémas mentaux et processus de changement : retour sur l’articulation individu – institution

20 Lorsque l’architecture du rapport entre schémas mentaux, idéologies et dispositifs institutionnels est posée, la question qui suit est celle de savoir si cette architecture, d’une part, facilite ou contrarie l’évolution économique (changement de niveau 1) et, d’autre part, si l’évolution de l’architecture, c’est-à-dire des règles du jeu [2], est possible (changement de niveau 2).

21 Au cœur du processus de changement, North place la capacité d’apprentissage des agents. Cependant, les systèmes de croyance (la culture) filtrent l’information. En conséquence, « c’est la structure institutionnelle mise en place qui détermine quels sont les acteurs stratégiques et la manière dont ils peuvent effectuer leurs choix […] les règles de décision choisies par la société joueront un rôle critique en déterminant quels sont les choix qui comptent et la matière dont ils comptent » (North [2005], p. 74).

22 Dès lors, on peut distinguer le rôle des règles formelles et le rôle des règles informelles dans les mécanismes de changement.

23 Les règles formelles peuvent être plus ou moins favorables aux décisions qui promeuvent la croissance. North oppose ainsi les systèmes politiques autoritaires aux démocraties. Dans les premiers, la prise de décision est facilitée par l’absence de la nécessité de rechercher des compromis sur le marché politique. Les changements de niveau 1 sont donc plus faciles. Cependant, les démocraties sont des systèmes plus flexibles que les régimes autoritaires et donc plus adaptables à l’évolution de l’environnement. Les changements de niveau 2 y sont donc plus aisés [1].

24 Les règles informelles, c’est-à-dire les règles sociales, cristallisent des comportements collectifs qui s’expliquent en partie par les idéologies. Dès lors, la manière, dont les systèmes de croyances partagées filtrent l’information qui parvient aux individus, doit être mise en relation avec la volonté que peuvent exprimer les agents pour parvenir à résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés.

25 Au total, l’analyse des changements institutionnels par North [2005] s’enrichit par rapport à celle de North [1990]. Les joueurs y sont toujours les organisations et les individus, mais ces derniers sont dotés de modèles mentaux dont il faut pouvoir rendre compte. Les institutions restent les règles du jeu, mais elles possèdent une dimension de « croyances partagées » cristallisées dans les idéologies.

26 Si le rôle des chemins de dépendance institutionnels semble renforcé dans ce nouveau schéma, il n’en reste pas moins que North place au cœur du changement économique la capacité des agents à construire de nouvelles représentations du monde. Une partie de son dernier ouvrage est consacrée à l’élucidation de la question de la manière dont les individus créent leurs représentations et comment ces représentations peuvent se cristalliser dans des représentations communes.

La construction des schémas mentaux : un agenda de recherche

27 Il existe, chez North, le constat récurrent de la multiplicité des représentations des individus. De plus, certaines représentations peuvent conduire aux « superstitions, dogmes et religions, lesquels (pris ensemble avec le conditionnement culturel les accompagnant) ont produit l’holocauste, les guerres incessantes, la sauvagerie humaine et le terrorisme contemporain (et non contemporain) » (North [2005], p. 167). Il faut donc une explication de la manière dont les individus vont construire leurs représentations et agir. En outre, cette explication doit rendre compte de la totalité des phénomènes de représentation. Plutôt que de chercher à modéliser les différents facteurs explicatifs de la représentation (recherche de l’intérêt égoïste, altruisme, etc.), North va se tourner vers la biologie pour trouver une explication de l’intentionnalité des individus qui permette d’expliquer l’ensemble des comportements des agents, y compris ceux qui peuvent apparaître comme « irrationnels ».

28 Les progrès dans la recherche biologique (Edelman [1992], Damasio [1999]) se trouvent être en adéquation avec les hypothèses comportementales northiennes nécessaires à la compréhension des mécanismes économiques. Elles vont donner un fondement scientifique – et par là même rationnel – à des comportements que l’analyse économique néo-classique considère comme irrationnels. Ainsi, le processus évolutionnaire [1] permet de saisir : 1) les processus d’apprentissage par l’accumulation d’expérience et 2) la construction, par cristallisation des croyances, de mécanismes de coopération à certains moments de l’histoire humaine (sociétés de chasse et de cueillette et mécanismes coopératifs). De la même manière, l’hypothèse de sensation [2] permet de comprendre comment la conscience et le développement du langage ont permis la construction de représentations mythiques de la réalité dans lesquelles interviennent les jugements de valeur sur les actions et les objets.

29 Au terme de cette présentation de l’approfondissement de l’analyse de North durant ces quinze dernières années, on peut conclure qu’à ses yeux il est possible de penser scientifiquement un monde économique dans lequel le problème de l’intentionnalité des agents n’est pas résoluble dans une rationalité exclusivement calculatrice et maximisatrice. Cependant, en ouvrant « la boîte noire de la “rationalité” » et en affirmant que « les idées comptent » (Denzau et North [1994], p. 46), c’est un nouveau programme de recherche auquel il nous convie, dans lequel les problèmes de mesure des comportements et d’opérationnalité des concepts deviennent beaucoup plus complexes.

Interrogations et perspectives

30 Cette approche qui essaie d’intégrer la complexité de la représentation des agents et les contraintes institutionnelles pose au moins deux questions : Est-il possible de s’interroger sur ce que peut être un dispositif institutionnel efficace ? Peut-on opérationnaliser le schéma northien ?

Économie normative, économie positive : qu’est-ce qu’un dispositif institutionnel efficace ?

31 La prise en compte de la complexité des comportements humains dans l’analyse économique, si elle peut enrichir la description de la réalité économique, rend plus problématique la prétention à réaliser une économie normative.

32 Les outils de l’analyse institutionnelle forgés par North permettent effectivement une économie descriptive beaucoup plus riche que dans les approches standard grâce à une meilleure compréhension des différences de trajectoires institutionnelles entre les États et de leurs conséquences sur les performances économiques. En cela, il rejoint le projet coasien d’une science économique préoccupée du monde réel (Coase [2000], p. 3).

33 Cependant, dans cette description, les mesures quantitatives de la notion de performance économique restent très générales : « Le changement économique consiste en un changement dans le bien-être physique et matériel des hommes comprenant globalement, non seulement les changements qui peuvent être quantifiés par les données du revenu national et individuel ou dans les mesures physiques du bien-être humain, mais aussi les aspects du bien-être humain, mesurés avec une moindre précision, inclus dans les activités économiques qui ne relèvent pas de marchés. » (North [2005], p. 78.) L’une des difficultés de l’analyse northienne concerne la possibilité de comparer des performances économiques, alors même qu’elles sont le produit de schémas mentaux forgés en partie par des idéologies. Quelle peut être une mesure « objective » de cette performance, alors même que l’on reconnaît par ailleurs que la définition de cette valeur est historiquement, géographiquement et institutionnellement située ?

34 Si la mesure de la valeur d’une performance économique semble difficile, peut-on, néanmoins, proposer des critères de jugement sur l’efficacité d’un dispositif institutionnel ? Sur cette question, North propose une clef de compréhension de l’efficacité des dispositifs institutionnels par les élément suivants : plus la structure des artefacts est ample, plus la réduction d’incertitude pour effectuer un choix à un moment donné est importante ; plus le contexte culturel est riche et varié en ce qui concerne la possibilité d’expérimentation et de compétition créative, plus les chances de survie par adaptation d’une société sont grandes (ibid., p. 36). Dans un tel contexte, la démocratie devrait apparaître comme la solution la plus efficace, dans la mesure où elle s’accompagne d’une ouverture du champ des possibles. En effet, la démocratie, même si elle soulève la question des compromis entre acteurs, rend plus facile l’adaptation des règles formelles dans un environnement économique et technologique en mutation. Cependant, on est confronté à une énigme, le lien entre croissance économique et démocratie n’apparaît pas toujours de manière évidente. Il faudrait notamment pouvoir mieux mesurer l’articulation des effets bénéfiques sur la croissance des mesures autoritaires en termes de rapidité et de cohérence de la décision avec les effets bénéfiques d’une plus grande liberté de choix dans un système démocratique.

35 Enfin, la difficile question des contraintes informelles reste à explorer, puisque, chez North, la performance économique dépend : des règles économiques générales, des caractéristiques générales de leur exécution et des structures institutionnelles formelles et informelles spécifiques à chaque marché national. Ceci soulève alors la question des observations empiriques et de la capacité à opérationnaliser le modèle théorique.

Quel type d’opérationnalité possible ?

36 L’opérationnalisation des analyses institutionnelles de North [1990] a été effectuée, notamment, par Lévy et Spiller [1994] et Shirley (eds) [1995] dans le cadre d’études sur la déréglementation des industries de réseaux. Ces études combinent les dimensions d’analyses des institutions inspirées par North, d’une part et, d’autre part, des études d’économie industrielle. Il convient donc de se demander en quoi le nouveau pan de l’édifice construit par North ces dernières années permet de raffiner le cadre d’analyse des réformes concurrentielles qu’il a en partie généré ?

37 Lorsque Shirley (eds) [1995] distingue trois moments clefs dans une réforme – l’attractivité, la faisabilité et la crédibilité –, la question suivante émerge : comment expliquer rationnellement le passage d’un mode d’organisation connu et relativement efficace des activités industrielles, à un système innovant dont les performances sont, ex ante, difficilement anticipables ? Deux pistes peuvent être explorées pour résoudre ce problème : d’une part, la mesure de l’évolution des croyances partagées, et, d’autre part, l’utilisation d’outils permettant la compréhension de la constitution de croyances partagées.

38 1. La question de la production d’une réforme renvoie bien à la question de l’évolution des croyances partagées étudiées par North. En termes empiriques, la progression de la compréhension de la transformation des croyances partagées est possible en cherchant à mesurer systématiquement les gains et les pertes enregistrées par les différents acteurs des industries avant et après les réformes. Malgré la mise en évidence de différences nationales, il est possible de repérer un certain nombre de régularités dans la transformation des industries électriques et, par exemple, dans leur production de gagnants et de perdants (Perez [2002, 2003a et b]). Ainsi, si l’on compare les réformes électriques en Angleterre, en Allemagne et en Espagne, les parties prenantes ayant gagné et perdu aux réformes sont, dans les trois pays, les mêmes à des différences d’intensités près : les gagnants des processus de réforme sont les actionnaires des compagnies privatisées, les gouvernements, les grands consommateurs et les nouveaux entrants. Les perdants sont les syndicats, les employés des entreprises qui ont perdu leur emploi et les consommateurs captifs s’ils ne sont pas protégés par le gouvernement. L’identification de ces régularités offre une première approximation des motivations économiques qui sont à l’œuvre dans le cadre des réformes concurrentielles de l’électricité. Cependant, la mesure des gains et pertes ne peut se faire objectivement que sur la base de calculs quantitatifs ex post (modification tarifaire pour les utilisateurs, évolution du nombre de salariés, etc.) Un traitement analytique de l’évolution des croyances partagées ex ante, condition même de la mise en œuvre politique des réformes, reste donc à réaliser et permettrait d’éclairer les transformations des croyances partagées à l’œuvre.

39 2. La prise en compte, par North, des croyances partagées peut être décrite à l’aide de la séquence « “réalité” > croyancesinstitutionspolitiques spécifiques > résultats > “réalitémodifiée » (d’après Mantzavinos, North et Shariq [2004]). Il apparaît que cette séquence de cinq étapes mérite une attention particulière par l’étendue des questions qu’elle pose, des perspectives qu’elle offre, et du travail à accomplir qu’elle suppose. Toutefois, elle met également en exergue le besoin de développer à la fois des raffinements techniques précis et de les combiner dans une perspective plus large.

40 Nous avons déjà décrit l’analyse que fait North de la première séquence entre réalité et croyances (cf. supra).

41 La deuxième étape conduit des croyances partagées aux institutions formelles et informelles. Les outils disponibles pour rendre compte de cette étape sont, dans le cadre de la théorie économique contemporaine, la théorie des jeux (Von Neumann et Morgenstern [1944], Nash [1950], Laffont [1991]) et les analyses portant sur la formation des coalitions et des jeux politiques (Downs [1957], Riker [1962], Roubini et Sachs [1989], Boix [1998], Haggard [2000]).

42 L’étape suivante rend compte du passage des institutions formelles et informelles aux actions (« politiques spécifiques »). Cette étape se réalise par l’intermédiaire des organisations en tant que joueurs (Chabaud, Parthenay et Pérez [2005]). Le rôle des organisations peut être étudié selon deux cadres d’analyses concurrents : les jeux évolutionnaires (Lesourne, Orléan et Walliser [2002]) et les jeux supermodulaires (Aoki [2001]). Cette étape pose la question de l’analyse des relations entre les organisations – tant économiques que politiques – et les actions (les « politiques spécifiques ») pour modifier les règles du jeu.

43 Ces actions conduisent à des résultats qui modifient la réalité.

44 Il convient alors d’être attentif à la dynamique – ou aux trajectoires – des relations entre croyances, institutions et comportements individuels, et notamment aux difficultés liées aux effets en retour (feedback) des résultats obtenus par les agents sur leur perception de la réalité. En effet, les actions des agents s’accompagnent de résultats qui modifient l’équilibre du jeu économique mais aussi qui conduisent à modifier les schémas de perception de cette réalité. Comme le soulignent Mantzavinos, North et Shariq [2004] : « Le mécanisme de feedback entre les résultats et la réalité transite par la pensée humaine, et comme la pensée interprète activement la réalité, nous n’avons qu’une connaissance très limitée de la manière dont les résultats peuvent être perçus et interprétés par les agents. C’est la raison principale pour laquelle les modèles mécanicistes et déterministes du changement ne peuvent fonctionner ; les idées sont les facteurs autonomes de l’évolution socio-économique et, si nous voulons en savoir davantage sur ce processus, nous avons besoin d’en savoir plus sur la manière dont nos pensées construisent la réalité. » North souligne, notamment, l’inertie des perceptions des individus et, en conséquence, l’existence de chemins de dépendance institutionnels. Sur ce point, il existe une vaste littérature qui cherche à renforcer et à systématiser la compréhension des relations entre organisations économiques et actions politiques (Holburn et Vander Bergh [2004], Tsebellis [2002], Haggard [2000], Brousseau et Glachant [2002], Shirley [2002]).

45 L’opérationnalisation de dimensions prenant en compte les croyances individuelles est donc encore loin d’être achevée et reste, en grande partie, programmatique. Deux difficultés particulières doivent être soulignées.

46 La première difficulté réside dans la prise en compte de l’articulation entre comportement individuel et schéma collectif. Wirtz [2000] propose, pour sa part, dans une analyse rétrospective, de cerner des comportements atypiques, sources d’inflexion dans les façons de penser et d’agir. Le risque de telles analyses, cependant, est de tomber dans des démarches descriptives, à même de donner du sens à des modifications de comportements, mais renonçant au caractère prédictif propre au cadre de la nouvelle économie institutionnelle.

47 La seconde difficulté soulevée renvoie à l’articulation entre institutions formelles et institutions informelles. À partir du moment où l’on définit l’institution comme une croyance partagée, il faut accepter de réaliser des analyses minutieuses pour saisir la portée des institutions. Par exemple, comme ont pu le montrer Ménard et Shirley [2002], les règles formelles introduites à l’occasion de la réforme de la distribution d’eau dans les pays du Sud se sont souvent heurtées à la règle informelle issue du Coran interdisant expressément la vente d’eau. En présence d’un conflit entre les nouvelles règles formelles et l’ancienne règle informelle, le comportement des différents acteurs est difficilement prévisible et la stabilité à long terme de l’ensemble formel – informel semble très problématique.

Conclusion

48 Notre objectif était de rendre compte à la fois de la dynamique de l’œuvre de North, mais aussi des difficultés qu’elle rencontre. Après avoir souligné le contenu de ses travaux, nous avons montré en quoi le dernier ouvrage constitue un propos d’étape, qui marque le bilan d’une prise en compte de la cognition dans l’analyse institutionnelle et conduit à ouvrir un nouvel agenda de recherche visant à mieux cerner le comportement des agents et à penser la diversité des architectures institutionnelles.

49 Nous avons ainsi montré que les derniers travaux de North sont largement complémentaires des recherches antérieures. Ils ouvrent le perspective d’une opérationnalisation des changements institutionnels intégrant une vision plus réaliste de la réalité économique.

50 Ces apports analytiques, toutefois, restent largement à compléter et à opérationnaliser systématiquement dans deux directions : empiriquement par des études portant sur les modalités précises du changement des croyances partagées ; analytiquement, enfin, par la combinaison des niveaux d’analyses distingués par North.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Notes

  • [*]
    thema-gestion (Université de Cergy-Pontoise) et metis (École de Management de Normandie). Courriel : Didier. Chabaud@ eco. u-cergy. fr
  • [**]
    cepn (Paris XIII) et Université de Cergy-Pontoise. Courriel : Claude. Parthenay@ iutc. ucergy.
    fr
  • [***]
    adis-Groupe Réseaux Jean Monnet (Université Paris XI). Courriel : yannick. perez@ jm. upsud.
    fr
    Cet article a bénéficié de discussions au sein du laboratoire atom (Paris I), du grjm (Paris XI), de l’esnie (Cargèse, mai 2004). Il découle de travaux commencés lors du séminaire de recherche fnege Institutions et gestion. Nous remercions L. Batsch, E. Brousseau, M.-K. Codognet, A. Cot, U. Dubois, J.-M. Glachant, I. Huault, J. Lallement, C. Ménard ainsi que les participants aux diverses sessions. Nous restons, bien évidemment, responsables des erreurs et omissions qui demeurent.
  • [1]
    North s’inscrit ici dans une lignée qui va de Knight [1921] à Simon [1976] en passant par Heiner [1983].
  • [1]
    Pour une présentation des sciences cognitives appliquées à l’économie, cf. Walliser [2000].
  • [2]
    North, en 2005, reprend la définition des institutions de 1990, à savoir l’ensemble des règles du jeu qui sont à la disposition des agents qu’il nomme métaphoriquement les joueurs.
  • [1]
    Un tel schéma correspond assez bien aux pays dont la doctrine juridique est celle de la common law. Dans un tel système, les évolutions incrémentales des règles sont admises. Dans les pays de droit positif, le problème devient plus complexe parce que la définition ex ante des règles rend aussi difficile l’adoption de nouvelles règles à l’aide d’incrémentation.
  • [1]
    Le processus évolutionnaire (quelquefois traduit par « processus évolutionniste ») renvoie à l’idée que 1) le cerveau a une capacité d’apprentissage et de mémorisation de ces apprentissages et 2) que les croyances se sont constituées au cours de l’histoire pour répondre à des problèmes spécifiques et ont pu apparaître comme la réponse la mieux appropriée à ce moment de l’Histoire.
  • [2]
    L’hypothèse de sensation repose sur le constat que les êtres humains sont en contact avec le monde à l’aide de leurs sens et qu’il y aurait donc une dimension immédiatement qualitative (une sensation), c’est-à-dire un jugement de valeur sur le monde.

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