RECMA 2019/2 N° 352

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Article de revue

Téléconsultation médicale : les enjeux d’un nouveau marché pour les organismes complémentaires d’assurance maladie

Pages 26 à 41

Notes

  • [1]
    La loi HPST définit la télémédecine comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication ».
  • [2]
    Les cinq actes de télémédecine reconnus dans le droit sont : la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance, la téléassistance et la régulation du centre 15 (Samu). La téléconsultation a « pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation » (décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine).
  • [3]
    Une surcomplémentaire santé a pour fonction de compléter les remboursements non couverts par l’AMO et l’AMC. Elle prend notamment en charge les dépenses telles que les dépassements d’honoraires (consultations hors parcours de soins, par exemple) ou propose des renforts sur des postes tels que l’hospitalisation, l’optique ou le dentaire. Elles ne sont pas soumises aux mêmes contraintes réglementaires que les complémentaires classiques.
  • [4]
    La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), MG France, Le Bloc et le Syndicat des médecins libéraux (SML) ont signé dès le 14 juin 2018. La Fédération des médecins de France (FMF) les a rejoints le 27 juin.
  • [5]
    La CCAM est la codification de tous les actes médicaux qui permet de déterminer leur facturation. La liste des produits et prestations recense les tarifs conventionnels des actes et donc la part prise en charge par l’AMO.
  • [6]
    Les Échos, 22 décembre 2017.
  • [7]
    Pour une argumentation détaillée sur le sujet, le lecteur peut se référer à Batifoulier (2014).
  • [8]
    « La répartition des interventions entre les assurances maladie obligatoires et complémentaires en matière de dépenses de santé », Groupe de travail de la Commission des comptes de la Sécurité sociale, présidé par Jean-François Chadelat.
  • [9]
    Article L 863-8 du Code de la Sécurité sociale.
  • [10]
    Avis n° 09-A-46 du 9 septembre 2009.

1En 2017, l’Assurance maladie obligatoire (AMO) a participé au financement de la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) à hauteur de 77,8 %, contre 80 % en 1980. Le recul de la Sécurité sociale laisse des espaces vacants où s’insèrent progressivement des structures privées : les organismes complémentaires d’assurance maladie (Ocam). Ceux-ci (mutuelles, institutions de prévoyance et compagnies d’assurances) sont aujourd’hui dans une situation de concurrence. Si le marché est encore dominé par les mutuelles, elles sont de plus en plus rattrapées par les compagnies d’assurances, qui ont vu leurs parts de marché passer de 19 à 30 % entre 2001 et 2016, tandis que celles des mutuelles ont diminué de 60 à 52 %.

2La télémédecine [1] fait justement partie de ces espaces où la concurrence s’exacerbe. Depuis la reconnaissance de la pratique en France par la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) du 21 juillet 2009, les ministres successifs de la Santé ont tous annoncé son développement imminent. La télémédecine est présentée dans leurs discours comme un dispositif à même de réduire les inégalités d’accès aux soins, de proposer un nouveau suivi des hospitalisations à domicile et de réduire les files d’attente pour certains soins spécialisés tels que l’ophtalmologie ou la dermatologie. Il faudra toutefois attendre le 15 septembre 2018 pour que l’un des cinq actes de télémédecine [2], la téléconsultation, entre effectivement dans le droit commun. L’immobilisme de la puissance publique face au développement de la télémédecine entre 2009 et 2018 a conduit les Ocam à se saisir de la pratique.

3Nous proposons d’examiner trois scénarios de développement de la téléconsultation. Chacun implique des transformations plus ou moins importantes des mécanismes de régulation du système de santé selon la place prise par l’Assurance maladie complémentaire (AMC). La télémédecine symbolise alors la construction d’un système dual entre l’assurance publique et l’assurance privée. L’enjeu de cet article est précisément d’étudier en quoi la téléconsultation est symptomatique de la marchandisation croissante du système de santé et quelles sont les conséquences de son développement en matière de régulation.

4Nous présentons d’abord les évolutions récentes sur le marché des Ocam qui ont poussé ceux-ci à s’intéresser à la téléconsultation. Cela nous conduit à analyser trois scénarios de développement de la pratique. Nous étudions ensuite ce que chaque scénario implique en termes de régulation du système de santé. Si le développement de la pratique est présenté par les Ocam comme un facteur d’amélioration de la qualité et de l’accessibilité des soins, nous montrons qu’il s’accompagne d’un accroissement de la sélection des risques et favorise le développement de réseaux de santé échappant à la régulation de l’AMO. Se pose alors la question de la privatisation du système de santé.

Les Ocam et la télémédecine : une double évolution industrielle

5Les Ocam proposent des services de téléconsultation depuis le milieu des années 2010. Pour comprendre ce choix stratégique, il convient d’abord d’analyser les évolutions récentes du secteur de la complémentaire santé. Trois scénarios de développement de la téléconsultation pourront ensuite être distingués. Nous mettrons alors en évidence le fait que la santé numérique représente une nouvelle stratégie de croissance du marché de l’AMC.

La reconfiguration du secteur de l’assurance maladie complémentaire

6Depuis la loi du 31 décembre 1989, trois types de structures sont autorisés à intervenir sur le marché de l’AMC : les mutuelles, les institutions de prévoyance et les sociétés d’assurances. Ce secteur connaît actuellement un double mouvement de transformation : une évolution réglementaire et une forte concentration.

7Concernant l’évolution réglementaire, la loi du 13 août 2004 marque un tournant dans la régulation des activités des Ocam, avec l’apparition des « contrats responsables ». Puis la loi du 27 janvier 2014 a durci les conditions d’application puisqu’un dispositif de plafonnement des remboursements (en proportion de la base de remboursement de l’AMO) a été ajouté pour différentes garanties, notamment dans le domaine optique. Des limites maximales ont été introduites pour le remboursement des frais d’hospitalisation et des dépassements d’honoraires pour les soins de ville. Dorénavant, seules les assurances dites surcomplémentaires [3] peuvent rembourser les dépenses au-delà de ces plafonds.

8Ces dispositifs « surcomplémentaires » sont notamment ceux proposés dans les contrats collectifs qui font suite à la généralisation de la couverture santé pour les salariés du secteur privé depuis le 1er janvier 2016. Pour les petites entreprises, cette généralisation s’est résumée la plupart du temps à des contrats identiques pour tous les salariés, avec toutefois la possibilité de souscrire à une assurance surcomplémentaire. Pour les grosses entreprises, la souplesse contractuelle est encadrée par les nouvelles contraintes du contrat responsable et les négociations de branches professionnelles.

9En 2016, près de 95 % de la population française disposait d’une complémentaire santé, et le marché semblait avoir atteint un seuil de saturation. Les Ocam ne peuvent donc plus compter que sur les néo-assurés pour étendre leur portefeuille de bénéficiaires. L’organisme complémentaire a donc tout intérêt, s’il souhaite attirer de nouveaux clients sur un marché très réglementé et saturé, à proposer des services de qualité, donc coûteux. Cette stratégie de différenciation est néanmoins limitée par la nouvelle réglementation des contrats responsables. Les Ocam doivent trouver de nouveaux services, gages de qualité, et développer la communication (Escot, 2014). Trois types de contrats sont traditionnellement proposés : les produits haut de gamme, ceux construits sur-mesure et les assurances low cost (Crié, 2011). Toutefois, la nouvelle réglementation vient réduire les distinctions entre ces contrats.

10La concurrence s’opère sur trois composantes de l’offre : la couverture assurantielle classique liée à l’aléa et tenant compte de l’âge ; les services supplémentaires relatifs aux soins tels que les dépassements d’honoraires et les prestations optiques, dentaires et hospitalières ; les services fournis par des plateformes spécialisées dans le conseil, la prévention et l’information. Ici encore, les réformes récentes viennent contraindre les stratégies de différenciation entre les produits pour les deux premières composantes. Puisque les contrats responsables sont standardisés sur ces deux segments, les Ocam cherchent dorénavant à se distinguer sur le troisième, celui des services additionnels, dont la e-santé et la télémédecine font partie. Il apparaît que la concurrence repose alors sur la qualité de l’offre (Escot, 2014).

11Parallèlement à l’évolution de la réglementation, la concentration des acteurs vient également modifier les règles du jeu. Historiquement, le marché est émietté. Mais, depuis le début des années 2000, un double mouvement de concentration et de rapprochement est en cours entre entités de familles différentes. D’abord, la concentration se renforce : de 2001 à 2016, le nombre d’entités est passé de 1 702 à 492, soit une diminution de 71 %. Les mutuelles ont fortement été touchées par ce mouvement puisque leur nombre a été divisé par quatre. Le nombre des institutions de prévoyance a quant à lui été divisé par deux. L’indicateur de concentration du marché montre assez bien cette évolution : en 2016, les vingt premières entités représentaient 51 % du chiffre d’affaires total du marché, contre seulement 35 % dix ans plus tôt. Et les cent premiers opérateurs constituaient à eux seuls 89 % du marché.

12Ensuite, le secteur est marqué par l’émergence de structures nouvelles rassemblant des mutuelles, des institutions de prévoyance et des sociétés d’assurances. Dans un premier temps, les opérateurs se sont rapprochés dans des structures souples (Union de mutuelles 45, union de groupes mutualistes, groupements d’intérêts économiques…) permettant de mutualiser certains services pour réduire les coûts (Abecassis, Coutinet et Domin, 2014). Mais, depuis 2013, les transformations s’accélèrent et le secteur voit se constituer des groupes importants. D’abord, les mutuelles du secteur public se sont rassemblées en 2011 au sein d’une union mutualiste de groupe (UMG) : Istya. En 2014, la MGEN et Harmonie Mutuelle, la première mutuelle du secteur privé, ont annoncé leur rapprochement. Enfin, en septembre 2017, la MGEN, Istya et Harmonie Mutuelle se sont regroupées au sein d’une UMG appelée VYV et couvrant plus de 10 millions de personnes avec un chiffre d’affaires de plus de 5,5 milliards d’euros.

13Si les grands groupes se renforcent, les mutuelles de taille moyenne suivent elles aussi une stratégie d’union. À titre d’exemple, Aesio a annoncé son rapprochement avec le groupe Macif sous la forme d’une UMG en 2018 puis d’une société de groupe d’assurance mutuelle (Sgam) en 2020. Ce rapprochement entre des acteurs soumis à des réglementations différentes (code de la mutualité pour les uns, code des assurances pour les autres) répond à des enjeux de développement, de diversification (prévoyance), mais également de différenciation. La réglementation européenne joue également un rôle non négligeable dans ce phénomène. Depuis la directive Solvabilité I du 24 juillet 1973, des règles prudentielles contraignantes s’imposent à l’ensemble des acteurs du champ. La directive Solvabilité II du 22 avril 2009 renforce encore les contraintes. Elle érige trois piliers : des exigences quantitatives de marge de solvabilité ; des normes qualitatives de surveillance des risques permettant à l’assureur de prouver qu’il connaît l’ensemble des risques ; des contraintes en matière de reporting et de transparence. Qu’il s’agisse de l’évolution réglementaire ou de celle du marché, les stratégies nouvelles s’orientent donc vers la proposition de services à destination des usagers, afin d’entrevoir de nouvelles formes de différenciation. Puisque la valeur ajoutée du service ne peut plus se faire sur les dimensions assurantielles ni le remboursement des soins fortement encadrés par les contrats responsables, les Ocam mettent en place de nouvelles stratégies, dont la télémédecine fait partie (Abecassis, Coutinet et Domin, 2018).

La téléconsultation, trois scénarios de développement

14Le 14 juin 2018, la Sécurité sociale et cinq syndicats [4] de médecins libéraux signent l’avenant n° 6 à la Convention médicale de 2016, qui marque l’entrée dans le droit commun de la téléconsultation en tant qu’acte de télémédecine. Depuis le 15 septembre 2018, elle est inscrite dans la Classification commune des actes médicaux [5] (CCAM).

15Telle qu’elle est présentée dans l’avenant n° 6, la téléconsultation est ouverte à tous les médecins et à tout type de situation médicale. Les tarifs sont les mêmes que ceux des consultations classiques, à savoir 25 euros pour un médecin généraliste et 30 euros pour un spécialiste. Les dépassements d’honoraires sont possibles dans les mêmes conditions que pour une consultation classique. Les règles de prise en charge sont également identiques, c’est-à-dire 70 % par l’AMO (100 % pour les soins concernant des affections de longue durée) et 30 % par les Ocam. En revanche, pour que l’ensemble de ces conditions s’applique, la téléconsultation doit respecter le parcours de soins coordonné, c’est-à-dire avec une orientation initiale par le médecin traitant. Par ailleurs, l’avenant précise que, « sauf situation particulière (nous soulignons), le patient devra être connu du médecin, qui devra l’avoir vu au cours des 12 derniers mois ». Le médecin qui réalise la téléconsultation doit donc avoir au préalable rencontré en face-à-face le patient. En fonction de l’interprétation de l’expression « sauf situation particulière », trois scénarios de développement de la téléconsultation peuvent être envisagés, laissant plus ou moins de place aux stratégies des Ocam.

Encadré 1 : Méthodologie de construction des scénarios

Les scénarios ont été construits à partir d’une recherche documentaire réalisée entre novembre 2017 et octobre 2018. Pour cela, deux outils du moteur de recherche Google ont été mobilisés : Google Alerts et Google Scholar Alerts. Dans les deux cas, le mot-clé utilisé était « télémédecine ». Deux périodes ont été identifiées : novembre 2017-mai 2018 et juin-octobre 2018, afin de distinguer les documents publiés avant la signature de l’avenant n° 6 de ceux qui l’ont été après.
Toutes les sources mentionnant la position des Ocam dans le développement de la télémédecine ont été conservées. Différents supports ont été collectés : articles scientifiques, billets de blogs, articles de presse, publications sur les sites Internet de l’Assurance maladie et des Ocam. Cela représente 94 sources pour la première période et 43 pour la seconde : 137 documents ont donc été utilisés pour élaborer les scénarios.

Scénario 1 : « Sauf situation particulière » devient la règle : vers une prise en charge classique de toutes les téléconsultations

16Dans ce premier scénario, l’AMO accepte une définition large des situations particulières. L’avenant n° 6 stipule que des exceptions à la règle (avoir déjà vu le médecin en face-à-face au cours des douze derniers mois) existent pour les consultations de spécialistes en accès direct (gynécologie, ophtalmologie, stomatologie, chirurgie orale ou maxillo-faciale, psychiatrie ou neuropsychiatrie et pédiatrie), les cas jugés urgents, les patients de moins de 16 ans, ceux ne disposant pas de médecin traitant ou dont le médecin traitant est indisponible dans un délai compatible avec leur état de santé. Ce dernier critère (indisponibilité du médecin traitant) est d’ores et déjà l’argument retenu par les plateformes commerciales pour justifier une prise en charge des soins par l’AMO et les Ocam. C’est par exemple le cas du site Qare.fr. Sur sa page d’accueil, figure depuis le 15 septembre 2018 la formule suivante : « Parlez à un médecin en vidéo 7 jours sur 7 depuis votre ordinateur ou votre smartphone, à l’horaire et avec la spécialité de votre choix. […] Ces téléconsultations pourront être prises en charge selon les modalités habituelles du parcours de soins coordonné », sans pour autant que le patient ait consulté le médecin en question dans l’année.

17Le 8 octobre 2018, le Conseil national de l’ordre des médecins a mis ce site en demeure pour « publicités fallacieuses ». Par ailleurs, un communiqué de presse de l’Assurance maladie stipulait déjà le 18 juin 2018 que l’avenant « exclut la prise en charge des actes via des plateformes commerciales qui proposent une autre façon de pratiquer la médecine, fondée sur des prises en charge ponctuelles sans notion de suivi global et d’orientation dans le système de soins ». Ce scénario paraît alors difficilement soutenable.

Scénario 2 : « Sauf situation particulière » s’applique : vers une prise en charge à deux vitesses des téléconsultations

18Dans ce deuxième scénario, les téléconsultations qui entrent dans le cadre du parcours de soins coordonné et respectent les conditions de l’avenant n° 6 sont prises en charge de façon classique par l’AMO et les Ocam. Les conditions de dérogation sont strictes et les consultations qui n’en relèvent pas ne sont pas prises en charge par l’AMO. En revanche, elles sont récupérées par les Ocam. Cela correspond par exemple à la stratégie du groupe VYV, qui a acquis 61 % du capital de la société MesDocteurs.com, qui proposait à l’origine un simple service de téléconseil médical aux particuliers. En novembre 2017, cette plateforme a mis en place, avec l’agrément des Agences régionales de santé (ARS), un service de téléconsultation où le médecin est en mesure de poser un diagnostic et de délivrer une ordonnance. Cette structure rassemble plus de trois cents généralistes et spécialistes, salariés du groupe, ce qui lui permet de proposer directement les téléconsultations dans le panier de soins du contrat complémentaire, sans tarif à l’acte. Avec cette stratégie, le groupe enrichit l’offre des contrats individuels en s’adressant aux particuliers, mais également celle des contrats collectifs en s’adressant aux salariés des secteurs public et privé. MesDocteurs.com ne se limite pas au Groupe VYV puisqu’il propose également des produits aux complémentaires qui ont contractualisé avec le réseau Santéclair (Maaf, MMA, Mutuelle générale de la police, etc.). Santéclair propose notamment à ses adhérents l’accès illimité aux téléconsultations en option dans ses contrats pour 15 centimes par an et par personne protégée. L’argument avancé est que la téléconsultation menée via une complémentaire adhérente au réseau se traduit par un reste à charge nul pour le patient [6].

19Toutefois, en insérant la téléconsultation dans leurs contrats collectifs, et plus particulièrement dans ceux d’entreprise, les plus grands Ocam réalisent une sélection des risques couverts. En effet, s’adressant à une population salariée, l’offre de télémédecine est en réalité réservée aux « petits risques santé » [7]. Les « gros risques » sont laissés à la charge de l’AMO. Les personnes à faible risque bénéficient d’un accès illimité et rapide aux téléconsultations, tandis que les autres, en l’absence d’un contrat complémentaire incluant cet acte, doivent s’inscrire dans le parcours de soins coordonné pour pouvoir être pris en charge. C’est le scénario qui semble se dessiner.

Scénario 3 : « Sauf situation particulière » s’applique : vers un développement des soins privés pris en charge par les surcomplémentaires

20Ce scénario est quasiment identique au précédent, mais viennent s’y ajouter des plateformes commerciales indépendantes de téléconsultation : c’est-à-dire celles qui ne sont pas directement associées à des Ocam. L’offre de ces opérateurs indépendants repose sur le même modèle que celui des bouquets télévisés. Ils ne sont pris en charge ni par l’AMO ni par les Ocam.

21Deux types d’opérateurs doivent être distingués : ceux qui proposent des téléconsultations au même prix que celles entrant dans le cadre du parcours de soins coordonné, à l’image des sites Qare.fr, medicitus.com ou encore zavamed.com, et ceux qui facturent à la minute ou au conseil. Par exemple, MesDocteurs.com (pour les offres en dehors de celles proposées par les Ocam partenaires) facture la question unique à 6 euros pour 15 minutes de réponse et l’échange par chat vidéo ou par message à 2 euros la minute. Ces opérateurs garantissent tous un service assuré par des médecins enregistrés au Conseil national de l’ordre des médecins et un accès à un généraliste comme à un spécialiste en moins de cinq minutes, avec une ordonnance envoyée par e-mail en moins de trois heures.

22Dans cette configuration, la téléconsultation est alors une solution pour ne pas attendre aux urgences ou dans un cabinet de ville, à condition d’en avoir la capacité financière. Sous certaines conditions, ces services sont pris en charge de façon totale ou partielle par une assurance surcomplémentaire. Ce scénario est celui que craint le Conseil national de l’ordre des médecins : une offre parallèle de soins privée se développant à côté du parcours de soins coordonné. Toutefois, ces plateformes se développent pour le moment sur des niches. Ainsi, le site zavamed.com est spécialisé dans le soin des infections génitales et les questions de contraception. La place qu’ils occupent est donc à relativiser.

23Ce scénario accélérerait la transformation radicale du système de protection sociale, esquissée en 2003 dans un rapport de Jean-François Chadelat [8], alors inspecteur général des affaires sociales. L’objectif est de favoriser le passage à un système à trois étages. Au premier, l’AMO, financée uniquement par la contribution sociale généralisée (CSG). Au-dessus, l’AMC, organisée par les entreprises et financée par un dispositif de cotisations. Le troisième étage, facultatif, abriterait une assurance surcomplémentaire pour les ménages qui le souhaitent et qui en ont les moyens. Si aux deux premiers niveaux, la sélection des risques est interdite, au troisième les assureurs pourraient proposer des services ciblés à certaines populations.

24Une architecture de ce type favorise le développement de moyens déguisés de sélection des patients. Ainsi, aux Pays-Bas, les ménages préfèrent confier leurs trois niveaux d’assurance maladie à la même compagnie d’assurances : le troisième niveau sert alors à la sélection des patients (Turquet, 2011). Le « ciblage positif » est la méthode privilégiée par les assureurs. En offrant des services en chirurgie obstétrique, par exemple, ils savent qu’ils attireront une population jeune. Il est également possible de capter une certaine clientèle par la spécialité des praticiens : la présence dans le réseau d’un chirurgien orthopédiste renommé est un moyen implicite d’attirer une clientèle sportive et aisée pratiquant les sports d’hiver. Dans le cas français, la téléconsultation permet d’attirer les personnes couvertes par une assurance surcomplémentaire. Ainsi, Qare.fr a bénéficié d’une levée de fonds soutenue par Axa, et les services proposés par MesDocteurs.com entrent à la fois dans les contrats d’assurance complémentaire pour les téléconsultations et dans les offres de remboursement des surcomplémentaires pour les téléconseils médicaux.

La télémédecine : vers une sélection des risques orchestrée par les Ocam ?

25Le déploiement de la télémédecine sur tout le territoire est l’une des priorités des politiques de santé. Selon le scénario envisagé, la fourniture et le remboursement des actes de téléconsultation peuvent générer de nouvelles logiques de régulation du système de soins, lesquelles assignent un nouvel objectif à la télémédecine : réaliser des économies. Nous mettons alors en évidence le fait que ces économies peuvent être envisagées à deux conditions : sélectionner les risques couverts et développer des réseaux de santé qui échappent à la régulation de l’Assurance maladie.

Téléconsultation et panier de soins des Ocam : un nouveau mode de régulation du système de santé

26L’organisation du système de santé a toujours été présentée en France comme devant être encadrée par l’État ou des autorités publiques indépendantes. L’une des raisons le plus souvent avancées pour justifier ce mode de régulation est l’asymétrie d’information entre les acteurs concernés : patients, médecins et organismes de tutelle. Toutefois, le développement de la santé numérique et plus particulièrement de la télémédecine offre de nouveaux moyens de traçabilité de l’offre et de la demande de soins. Il est alors possible d’envisager un desserrement du contrôle étatique et donc une moindre présence dans le système de santé des institutions historiquement régulatrices des soins et de leur prise en charge (Habib, Béjean et Dumond, 2017). Puisque la technologie permet de collecter des informations concernant non seulement les demandes de soins (notamment via le dossier patient informatisé) mais également les réponses des professionnels de santé (volume d’actes réalisés, durée, compte rendu, prescriptions associées le cas échéant), l’asymétrie s’amenuise. Les systèmes d’information permettent quant à eux de renseigner les acteurs sur les prestations des Ocam et leur qualité. Le patient/l’assuré a la possibilité de comparer les offres de soins et d’assurance avant de choisir. Les barrières à la marchandisation de la santé sont donc ouvertes (Bec, 2018).

27Nous proposons maintenant de détailler les transformations envisageables du système de santé en fonction de l’application des scénarios présentés et d’identifier leurs conséquences sur la régulation du système.

Application du scénario 1 : Statu quo dans la régulation du système de santé

28Dans ce cas, l’utilisation de la téléconsultation n’entraîne pas de changement sociotechnique. Toutes les téléconsultations, qu’elles respectent strictement le parcours de soins coordonné ou non, sont prises en charge sur un schéma classique AMO et OCAM. L’AMO reste l’organisme majoritaire de la prise en charge, les Ocam ne peuvent donc pas organiser le marché de la télémédecine. Il n’y a pas de sélection des patients puisque tout individu peut accéder aux téléconsultations dans les mêmes conditions. Les modalités de prise en charge ne dépendent pas d’un contrat d’assurance particulier. Dans ce scénario, la télémédecine ne permet pas aux Ocam d’accroître leur pouvoir organisationnel, elle apparaît tout au plus comme une stratégie marketing qui met en avant un nouvel acte censé améliorer la rapidité et la qualité de l’accès aux soins. Cela ne signifie pas que le numérique, dans sa globalité, n’entraîne pas de modification de l’organisation du système de santé et de sa régulation, mais juste que la téléconsultation, dans sa forme organisationnelle et compte tenu des acteurs qui l’utilisent et l’encadrent, ne participe pas à cette évolution.

Application des scénarios 2 et 3 : managed care à la française et sélection des risques

29Dans ces deux cas de figure, l’AMO ne prend en charge que les téléconsultations qui entrent strictement dans le cadre de l’avenant n° 6. Pour celles réalisées en dehors du parcours de soins coordonné, seuls les patients dont le contrat d’assurance complémentaire ou surcomplémentaire prend en charge ces actes peuvent prétendre à un remboursement. Les Ocam sont alors libres de fixer les règles du jeu. La façon dont ils se saisissent de la téléconsultation peut venir modifier les modalités de régulation du système de santé et tendre vers une forme de managed care, symptomatique d’une privatisation du système. Dans ces deux scénarios l’assurance publique se déconnecte de l’assurance privée dans le champ des remboursements et l’assurance privée gagne en autonomie.

30Aux États-Unis, les managed care organizations (MCO) intègrent simultanément des fonctions d’assurance et de production de soins. Dans ce système, les médecins sont intéressés au résultat financier de leur réseau, ils sont ainsi dissuadés de s’émanciper des directives de leur employeur/assureur dans la mesure où leur rémunération dépend de la différence entre la contribution payée par le patient et les dépenses du réseau (Chambaretaud et Lequet-Slama, 2002). En France, l’Accord national interprofessionnel signé en janvier 2013 a prolongé la stratégie de généralisation de l’assurance complémentaire tout en renforçant le pouvoir de régulation des organismes privés. Le législateur étend dans les faits le panier de soins de la complémentaire et non celui financé par l’AMO. Avec la plus grande liberté octroyée aux Ocam en matière de contractualisation avec les réseaux de soins, la généralisation de la complémentaire d’entreprise traduit une nouvelle logique de régulation du système de santé (Abecassis, Batifoulier, Coutinet et Domin, 2017). À l’image de la téléconsultation telle qu’elle est organisée dans les scénarios 2 et 3, les Ocam ne sont plus le payeur en dernier ressort (celui qui acquitte le reste à charge), mais l’unique payeur.

31Dans ces deux scénarios, l’assurance privée a dorénavant le pouvoir de sélectionner les prestations qu’elle finance en dehors du parcours de soins coordonné, sans lien avec l’assurance publique. Si, contrairement aux États-Unis, le système français conserve une part obligatoire et une part privée, l’exemple de la prise en charge des actes de télémédecine illustre la dualité en construction dans le système français entre assurances obligatoire et privée. La généralisation de cette pratique de prise en charge en dehors du parcours de soins peut alors être interprétée comme un renforcement des inégalités d’accès aux soins. En effet, qu’il s’agisse des contrats individuels ou collectifs, les paniers de soins proposés sont très disparates (Marical et Saint-Pol, 2007).

32Par ailleurs, la pratique de tarification de l’assurance privée sur la base du risque représenté par l’assuré rompt avec la logique de solidarité de l’AMO (Giordano, Le Goff et Malherbe, 2015). La télémédecine est censée améliorer la qualité et la rapidité d’accès aux soins… à condition, pour le patient, de ne pas représenter un risque trop important et de souscrire à un contrat qui propose le service. Autrement dit, les malades à risque ou n’ayant pas les moyens financiers de souscrire un contrat complémentaire sont exclus de ces services. En effet, dans ces deux scénarios, les Ocam prennent en charge l’intégralité des frais liés aux téléconsultations : ils ont donc tout intérêt à sélectionner des patients en bonne santé, qui n’auront pas à utiliser trop fréquemment ce service. En intégrant la téléconsultation à leurs paniers de soins, les Ocam cherchent à capter de nouveaux assurés pour envoyer un signal de qualité… tout en espérant que ces derniers y aient peu recours, afin d’assurer leur rentabilité. Cette logique repose donc bien sur la sélection des risques.

33Dans le scénario 3, en plus de la sélection des risques, les Ocam comptent sur la mise en concurrence des offreurs de soins pour accroître leur rentabilité. En effet, ceux qui proposent, dans leurs contrats surcomplémentaires, de rembourser les téléconseils avec prescription médicale le cas échéant peuvent également s’appuyer, à l’intérieur de leur réseau, sur la concurrence entre les professionnels de santé. Le site Mesdocteurs.fr propose notamment de facturer le conseil unique 15 euros pour 15 minutes ou un chat 2 euros la minute sans contrainte de temps, soit un tarif inférieur à celui d’une téléconsultation entrant dans le cadre du parcours de soins coordonné. Le site précise par ailleurs que ces services peuvent être pris en charge par l’entreprise ou la mutuelle du patient. Pour qu’ils restent rentables, les Ocam mettent donc les médecins en concurrence. Cela passe alors par un recrutement dans l’ensemble de l’Union européenne. À l’image du groupe KRY, qui détient notamment le site livi.fr, où les praticiens sont inscrits à l’Ordre des médecins mais peuvent être étrangers. Ils partagent une culture professionnelle qui diffère de la vision libérale communément admise en France. Il en résulte alors de nouvelles perspectives d’organisation du travail en médecine de ville et notamment un développement du salariat et des réseaux.

La télémédecine : des économies à quel prix ?

34L’argument fréquemment utilisé quand il s’agit de justifier l’utilisation de la télémédecine est qu’elle entraînerait une diminution du nombre d’hospitalisations tout en facilitant l’administration de soins en ambulatoire et l’hospitalisation à domicile. Elle limiterait en outre le recours aux services des urgences. Cette solution revient donc à un transfert de la médecine hospitalière, majoritairement financée par l’AMO, vers la médecine de ville, dont la part des actes prise en charge par les Ocam est plus importante que pour les soins hospitaliers. Une nouvelle répartition des risques entre les différents financeurs publics et privés de la CSBM est en train de se jouer : à l’AMO, les gros risques ; aux Ocam, les petits. En effet, depuis 1980 la diminution de la part de l’AMO dans le total de la CSBM s’est traduite par un déremboursement des petits risques. Cette privatisation de leur prise en charge apparaît alors comme une opportunité pour les Ocam, qui, dans un contexte de saturation du marché de la complémentaire santé, peuvent diversifier leur offre de contrats – et, de surcroît, ne garder que les meilleurs contrats. À ce sujet, Philippe Batifoulier (2014, p. 101) note que « l’intérêt de l’assureur privé est d’assurer des bien-portants et de sélectionner les assurés en fonction du risque qu’ils représentent. C’est pourquoi le marché de l’assurance privée a besoin de patients modèles : pas trop malades pour ne pas coûter trop cher et pas trop pauvres pour qu’ils puissent acheter l’assurance. L’assurance publique doit alors prendre en charge les patients qui ne conviennent pas au marché ». C’est effectivement le scénario qui s’établit pour la téléconsultation. Par son introduction dans les offres des Ocam, et plus particulièrement dans les contrats d’entreprise, le marché s’assure d’une clientèle en bonne santé et solvable. En 2010, 10 % de la population consommait 60 % des soins de ville, alors que 60 % de la population n’en consommait que 11 % (Crié, 2011). C’est cette seconde catégorie de la population que tentent de capter les Ocam en proposant de nouveaux services tels que ceux de télémédecine.

35De payeurs aveugles de second rang, les Ocam sont devenus des décideurs institutionnels. Dans les domaines où ils sont assureurs majoritaires ; ils possèdent un droit de veto sur les accords conclus par l’Assurance maladie (optique, dentaire, etc.). Dans la mesure où ces organismes financent plus de 21 % des dépenses de santé en ambulatoire, voire la totalité dans le cadre des actes de téléconsultation hors parcours de soins coordonné, la croissance de leur rôle en tant que décideur semble légitime. Il apparaît donc logique qu’à long terme les tarifs de ces actes soient progressivement régulés par les Ocam. Depuis la loi Leroux du 27 janvier 2014, il existe un cadre général applicable aux conventionnements entre les Ocam et les professionnels de soins. Il prend appui sur les pratiques existantes des réseaux de santé ou des plateformes de services pour les légitimer, d’une part, et les encadrer juridiquement en précisant les conditions de validité applicables à ces conventionnements, d’autre part. Le texte fixe les principes fondamentaux applicables aux accords avec l’AMC. Ces outils prennent la forme de conventions « comportant des engagements relatifs, pour l’organisme assureur, au niveau ou à la nature des garanties ou, pour le professionnel, l’établissement ou le service, aux services rendus ou aux prestations ainsi qu’aux tarifs ou aux prix[9] ». Il revient alors au marché de réguler les pratiques tarifaires de certaines professions de santé (Ginon, 2015). Toutefois, ce conventionnement ne peut porter que sur la partie libre du prix, c’est-à-dire celle qui se situe au-delà de la part prise en charge par l’AMO, ce qui exclut d’emblée les professionnels de santé tenus de pratiquer les tarifs opposables.

36Dans le cas de la téléconsultation, pour les situations exclues de l’avenant n° 6, les conditions proposées par les Ocam n’entrent pas dans le champ des dépenses de santé prises en charge par l’AMO. Alors, pour les actes de téléconsultation réalisés hors parcours de soins coordonné, les Ocam peuvent pleinement exploiter leurs réseaux de soins. Ceux-ci sont apparus à partir des années 1990 mais ont connu un réel développement à partir du milieu des années 2000 avec l’essor des plateformes de gestion comme Istya, Santéclair, Kalivia ou Carte blanche. L’Autorité de la concurrence [10] a pris position pour ces structures parce qu’elles favoriseraient la baisse des prix et une meilleure lisibilité de l’offre.

37Dans le cadre de la téléconsultation, la logique est poussée à l’extrême puisque, pour que les actes soient remboursés, l’assuré est obligé de passer par le réseau de soins avec lequel sa complémentaire est conventionnée. Les Ocam disposent alors d’un réel pouvoir d’orientation du patient vers un réseau de médecins. Ils le dirigent vers un professionnel sous contrat. Le patient, s’il veut bénéficier d’une téléconsultation doit nécessairement consulter un médecin du réseau de sa complémentaire. Du médecin traitant gatekeeper, la logique s’oriente vers une complémentaire gatekeeper. Deux logiques coexistent alors en termes de statut des médecins réalisant les téléconsultations. Celle des organismes mutualistes (VYV, par exemple) consiste à mobiliser des réseaux de médecins libéraux agréés, et celle des organismes assurantiels (comme Axa) est de constituer un réseau de médecins salariés de la complémentaire.

Une télémédecine favorisant les « surcomplémentaires » et la privatisation

38En 2018, près de quatre millions d’assurés Axa ont eu la possibilité d’accéder à un service de téléconsultation. De son côté, le Groupe VYV a annoncé que ses dix millions d’assurés auraient rapidement accès aux services en ligne de la start-up MesDocteurs.com. Le groupe mutualiste a pour ambition d’atteindre deux millions de téléconsultations en 2020. Le marché, encore jeune, est amené à se développer dans les années à venir, notamment en raison de l’apparition de structures proposant des services plus compétitifs avec une tarification à la minute.

39Parmi les différents scénarios que nous avons identifiés, celui d’un système de soins à plusieurs vitesses semble se structurer. Dans ce scénario, la restriction de la prise en charge de la télémédecine par l’AMO implique que seules les personnes disposant d’une complémentaire ou d’une surcomplémentaire peuvent en bénéficier.

40Si, au XIXème siècle, le système de santé a facilité l’essor du capitalisme en favorisant le développement de la productivité de la force de travail, aujourd’hui, le développement d’un capitalisme sanitaire par l’intermédiaire de l’assurance et des nouvelles technologies de l’information et de la communication pose un réel problème d’accès aux soins et de sélection des risques. D’un côté, une partie de la population bénéficie des dispositifs minimums (couverture maladie universelle, couverture maladie universelle complémentaire ou aide à l’acquisition d’une complémentaire santé) ; de l’autre, des populations aisées et socialement intégrées disposent d’une AMC et d’une surcomplémentaire. Entre les deux : des personnes pas assez pauvres pour bénéficier d’une couverture minimale, mais pas assez riches pour avoir accès à un système efficace.

Bibliographie

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Date de mise en ligne : 16/04/2019

https://doi.org/10.3917/recma.352.0026

Notes

  • [1]
    La loi HPST définit la télémédecine comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication ».
  • [2]
    Les cinq actes de télémédecine reconnus dans le droit sont : la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance, la téléassistance et la régulation du centre 15 (Samu). La téléconsultation a « pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation » (décret n° 2010-1229 du 19 octobre 2010 relatif à la télémédecine).
  • [3]
    Une surcomplémentaire santé a pour fonction de compléter les remboursements non couverts par l’AMO et l’AMC. Elle prend notamment en charge les dépenses telles que les dépassements d’honoraires (consultations hors parcours de soins, par exemple) ou propose des renforts sur des postes tels que l’hospitalisation, l’optique ou le dentaire. Elles ne sont pas soumises aux mêmes contraintes réglementaires que les complémentaires classiques.
  • [4]
    La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), MG France, Le Bloc et le Syndicat des médecins libéraux (SML) ont signé dès le 14 juin 2018. La Fédération des médecins de France (FMF) les a rejoints le 27 juin.
  • [5]
    La CCAM est la codification de tous les actes médicaux qui permet de déterminer leur facturation. La liste des produits et prestations recense les tarifs conventionnels des actes et donc la part prise en charge par l’AMO.
  • [6]
    Les Échos, 22 décembre 2017.
  • [7]
    Pour une argumentation détaillée sur le sujet, le lecteur peut se référer à Batifoulier (2014).
  • [8]
    « La répartition des interventions entre les assurances maladie obligatoires et complémentaires en matière de dépenses de santé », Groupe de travail de la Commission des comptes de la Sécurité sociale, présidé par Jean-François Chadelat.
  • [9]
    Article L 863-8 du Code de la Sécurité sociale.
  • [10]
    Avis n° 09-A-46 du 9 septembre 2009.

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