Couverture de RDR_056

Article de revue

Nouvelles revues

Pages 133 à 141

Notes

  • [1]
    Supplément inactuel avec codicille intempestif au bréviaire capricieux de littérature contemporaine pour lecteurs déconcertés, désorientés, désemparés, La Bibliothèque, 2016.

Adieu

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N° 1, juin 2016
Direction : David Vaché et Julien Vesper
Rédacteur en chef : David Vesper
Comité de rédaction : Julien Vesper, Thomas
Codaccioni, Marc-Edouard Nabe
Diffusion : Galerie Nabe
4, rue Frédéric Sauton
F-75005 Paris
106 pages, 18 x 29 cm, 15 €

1 Adieu est une revue littéraire de jeunes, comme cela se disait autrefois, et elle en arbore tous les signes distinctifs : fraîche, fougueuse et dépeignée, elle est le fruit d’un duo de frères pleins de projets (ils composent aussi le groupe de rock Sedona Sunrise) qui se sont trouvé une parenté avec Jacques Vaché. Un cousinage, soyons exacts, qui constitue pour eux l’aubaine, voire le facteur déclenchant. C’est plus qu’il n’en faut en effet à des artistes entreprenants pour fourbir une revue littéraire. C’est ainsi que dans un format quasi A4, produit par imprimerie numérique et broché sous une très belle couverture au pelliculage tendre, la revue Adieu s’est invitée dans le concert avec l’assurance des conseils d’un personnage du milieu, même s’il s’en est exclu par son francparler autant qu’il en constitue une figure, Marc-Edouard Nabe lui-même. Désormais pamphlétaire à galerie (d’art semble-t-il), ce bretteur et mémorialiste sans vergogne a élaboré avec le temps un personnage ambivalent qui évoque certains ronchons de style, depuis René-Louis Doyon jusqu’à Pierre Béarn, en passant, pour la peinture – car il peint – un Jacques Yonnet qui aurait été moins facétieux. Naturellement, enhardis par ce renfort exceptionnel, les deux frères se sont engagés sans réserve, à fond, plein gaz, sans se préoccuper de bienséance, ou plus simplement de leur réception dans le milieu littéraire. Il est vrai que la réputation clastique du vieux cousin éloigné était en jeu.

2 Dans un préambule plutôt amusant, David et Julien Vesper-Vaché, qui ne craignent pas le néologisme et le bon mot, relatent leur irruption en terre éditoriale : « C’est le 14 juin 2015 (…) Nous étions tous les deux en vagabondage dans le malfamé et morbidement intriguant quartier Saint-Germain où se déroulait, sur la petite place en face de l’église Saint-Sulpice, un triste “marché de la poésie’’ auquel nous voulions jeter un œil. Avec un nom pareil, une telle activité n’aurait dû pouvoir être que réjouissante rafraîchissante…

3

« Tu parles ! Que des pépés ! (…) »

4 Ailleurs, ils précisent leurs intentions : « Soyons clairs, la revue Adieu n’est pas une revue sur Jacques Vaché. Hors de question de faire les « Cahiers Vaché » ! Adieu n’a pas vocation à contenter les thuriféraires poussiéreux et autres « spécialistes » fétichistes. Nous ne pouvons affirmer que Jacques serait des nôtres mais à coup sûr il rirait, et de façon beaucoup plus méchante que nous, des réactions des petits gardiens du temple surréaliste qui font la grimace devant le premier numéro d’une revue lancée par ses enfants. Nous ne sommes pas des fans de Vaché, nous sommes des Vaché. Jacques a fait la guerre de 14, nous faisons celle de 16. »

5 Sur le sentier de la guerre, les Vaché/Vesper sont finalement comme des enfants, qui, après avoir tourné sans fin autour de la table du salon en tapant sur les nerfs de toute la famille, se lancent à l’assaut du monde et, pour se donner du courage, choisissent un ennemi abordable auquel allonger des torgnoles. Les victimes sont nombreuses. Tout d’abord, dans une « Revue des revues » sans compromis, les deux bretteurs emplafonnent la concurrence en termes très clairs. On croirait revenu le temps des duels. Quelques fragments choisis parmi les plus édulcorés : Les Cahiers de Tinbad de Guillaume Basquin sont d’un « fou qui se prend pour un éditeur, collé au fantasme de copier Sollers », Raskar Kapac est « une revue de disciples ratés et haineux de leur Maître… » (Nabe lui-même puisqu’il est aussi la boussole d’Adieu), ou Philitt qui « est au mieux, rien. » Suit une photographie explicite de ces trois publications écrasées dans le caniveau.

6 Avec autant de détermination que d’arrogance, la rédaction poursuit son exercice sous différentes formes, textes de création, fragments critiques de John Cowper Powys, poésie, etc. Hors la rubrique contondante évoquée, les coups sont répandus de manière plus étale, dispersée. Il y a de la colère là-dessous et le besoin d’en découdre à tout prix. Et sans ennemi, disions-nous, pas de combat. Jacques Henric en fait les frais, puis vient le tour de Philippe Muray, « Mollah aveugle des pseudo mal-pensants », puis d’autres encore dans des écrits qui ne masquent pas l’influence majeure du grand homme dont les effets de plume ont inspiré la jeune garde. Qui aurait mieux fait de potasser Jacques Vaché, Arthur Cravan et quelques autres poètes vif-argent de leur époque.

7 Adieu est donc une curiosité de la nôtre. On comprend bien que la publication est taillée par ses concepteurs pour concourir dans la catégorie « Brûlot ». Malheureusement les jeux olympiques viennent de se clore et les jeux paralympiques n’ont pas commencé : où classer dès lors ces éructations, ces baffes et ces tirades qui se méprennent sur leurs effets, tandis que les choix positifs de la rédaction (des commentaires sur Bowie, Monet ou Malcolm X, voire même un entretien avec Marien Defalvard, prix de Flore à dix-neuf ans en 2011) pourraient la rendre sympathique. Finalement, l’attention qu’elle porte aux peoples du petit milieu parisien, aux sujets d’époque comme le selfie, voire aux prétextes à scandale comme l’excision, ne dénoncent jamais que cette petite sociologie caractéristique des littérateurs en mal de littérature. Le bon côté de la pièce, c’est qu’il est certain que la prochaine livraison de la revue des frères Vesper sera lue avec grande attention – si elle se survit malgré le programme de son titre plein de morgue. Adieu, certes, mais bonjour…

8 Éric Dussert

Les Cahiers Aragon

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N° 1, juin 2016
Éditeur : Jean-Sébastien Gallaire
Directeur de rédaction : Luc Vigier
Diffusion/distribution : Pollen Diffusion
Adresse : Éditions les Cahiers
44, rue de Conflans
F-70300 Meurcourt
256 pages, 16,5 x 24 cm, 29 €
ISSN : 2495-0211

9 « On ne circonscrit pas le génie. On n’en fait pas le tour », écrit François Kasbi à propos d’Aragon dans un récent opuscule [1]. Ni l’homme ni l’œuvre ne se laissent en effet totalement cerner. Le domaine est trop grand, trop vaste, labyrinthique surtout, et trop complexe le personnage. L’œuvre d’Aragon reste, et restera encore longtemps sans aucun doute, matière à réflexion et objet de passion. Bien entourées (quelques parrains : Pierre-Marc de Biasi, Philippe Forest, Philippe Le Guillou, Maryse Vassevière…), les Éditions des Cahiers animées par Jean-Sébastien Gallaire inaugurent donc une série prometteuse. Pensée comme une « exploration libre et variable », selon les termes de Luc Vigier (qui assure la rédaction en chef, assisté de Daniel Bougnoux et Nicolas Mouton), cette première livraison ouvre des voies nouvelles dans une œuvre plurielle, véritable « tapisserie palimpseste », pour citer le même, et dessine les contours de l’identité démultipliée d’Aragon, cet « homme-foule » suivant la belle formule de Daniel Bougnoux pour qui « l’enchevêtrement et les jeux de bascule entre Moi et l’Autre traversent l’esthétique, l’érotique et la politique d’Aragon en se fortifiant mutuellement ».

10 Pour donner un aperçu de ces Cahiers, peut-être faut-il commencer par la fin, où sont présentés quatre poèmes inédits, donc émouvants, du très jeune Aragon, issus des archives d’une famille (les Beau) côtoyée dans le Var. Preuve, mais on s’en doutait, que ça et là subsistent encore des signes et traces d’Aragon à diverses époques. Auparavant, dans une contribution fouillée, Patrick Née reprend la correspondance entre Breton et Aragon pour formuler une hypothèse assez audacieuse. L’universitaire s’écarte de l’interprétation qui fait volontiers de Breton « une figure paternelle de substitution aux yeux de son cadet ». Sa démonstration, plutôt convaincante, aboutit à considérer Breton comme « une instance maternelle archaïque ». Sous « perfusion épistolaire », comme si cette « correspondance passionnelle » avait quelque chose d’un cordon ombilical, Aragon aurait cherché à se construire affectivement, pour mieux s’en émanciper plus tard comme l’on sait, à travers la matrice bretonnienne. Tandis que Philippe Cappelle relit La Semaine sainte à la lumière des parabases (ces interventions par lesquelles un auteur prend la parole en son nom propre dans le cours d’une histoire), Julie Morisson feuillette Les Lettres françaises. Elle veut voir dans la mise en page du journal, orchestrée par Aragon, la manifestation d’un rapport singulier à l’image : « en composant Les Lettres françaises, Aragon s’affirme sculpteur et peintre : il dispose texte et image comme s’il décorait une toile (ou un mur) ou modelait un corps ». Quoiqu’un peu osée (surinterprétation ?), la thèse se tient. Son tour venu, Luc Vigier choisit de s’intéresser au dessin aragonien, ce polygraphe d’Aragon ayant aussi toute sa vie joué du crayon. Vigier déchiffre cette autre poétique des signes aux deux extrémités d’une existence, de la période dada et surréaliste au grand âge venu. Ailleurs, les figures de Jean Ferrat (sous la forme d’un entretien inédit mené par Nicolas Mouton en 1999) et Léo Ferré ou celles de Pérec et Sollers servent successivement de contrepoint, ici pour mieux entendre la musicalité de la poésie d’Aragon, là pour mettre en avant telle ou telle facette de sa personnalité (et pas toujours à son avantage, si l’on pense aux extraits du journal de Christian Prigent rapprochant, au milieu des années 80, Aragon et Sollers dans une même mondanité médiatique). Quant au texte de Valère Staraselski, il nous invite rue de Varenne, dans l’appartement d’un Aragon au soir de sa vie, et qui regarde derrière lui, sans tout à fait tomber le masque. Sans doute est-ce la contribution la plus personnelle d’un ensemble plutôt analytique même s’il faut signaler, car c’est une très bonne idée, que chaque texte est précédé d’un articulet intitulé « Aragon & moi », témoignant du degré d’affectivité qui lie le contributeur à l’œuvre d’Aragon.

11 Anthony Dufraisse

Cinétrens

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N° 1, mars 2016
Adresse : association Cinétrens
1, quai Joseph-Gillet
F-69004 Lyon
100 pages, 21 x 29,7 cm, 10 €
ISSN : 2494-4157

Dans les transes du cinéma

12 Une nouvelle revue est née. Cinétrens est son titre. Composé de l’abréviation « ciné » accolée à l’acronyme de ENS pour École normale supérieure, son titre annonce et spécifie littéralement son statut et sa nature : la revue, consacrée au cinéma, est pensée, écrite, fabriquée par des élèves de l’ENS de Lyon et subventionnée par la même ENS de Lyon. Les conventions et obligations institutionnelles sont rarement heureuses. Le titre Cinetrens est peut-être l’exception qui confirme la règle. Sans doute parce que ses fondateurs et auteurs ont, cette fois, délibérément choisi d’en tirer parti : « trens » accolé à « ciné » s’entend à la fois comme « trans » – ce qui traverse, ce qui est entre ou encore ce qui transporte et opère par transferts –, et comme transe, cet état de dépossession de soi où l’on est traversé par des forces extérieures magiques et dont on ressort autre, sinon purifié du moins « transformé », où, par exemple, « une vieille femme fatiguée peut se métamorphoser en un dieu véhément », comme dans Les Maîtres fous de Jean Rouch. Car, en toute fin, Cinetrens réfère directement à Jean Rouch, auteur du néologisme « ciné-transe ». Une nouvelle revue de cinéma est née, donc, qui annonce l’ambition de métamorphoser notre approche du cinéma.

13 Non sans logique, le premier numéro est consacré au « Rituel ». Rituel est à entendre ici comme une thématique où est étudiée la manière dont le cinéma non seulement traite des rituels profanes ou religieux, mais devient lui aussi le lieu et le ressort d’un rituel. Or, c’est aussi la revue qui s’institue comme le lieu d’un rituel, voire d’un véritable rite qui permettrait un passage, une transformation, ou du moins d’en faire l’hypothèse. Parce qu’un rite est d’abord collectif et social, parce qu’il opère par inclusion et exclusion au sein d’une communauté, l’un des premiers ressorts de cette initiation rituelle est de livrer l’objet cinéma à des théoriciens de toute discipline pour peu que leur propos ait à un moment donné rencontré le cinéma. Jeunes ethnologues, historiens, littéraires, philosophes ou même théoriciens du cinéma, ils traitent de Jean Rouch (implicitement érigé en saint patron du numéro), de Maya Deren, d’Alain Cavalier, de Pier Paolo Pasoloni, de Yasugiro Ozu, de Jacques Tati, de Jacques Rivette, du Péter Forgács et des jeux vidéos. Sous leur plume, les films sont tour à tour des lieux d’exorcisme, de purification (Les Maîtres fous mais aussi les films-palimpseste écrits au futur antérieur de Péter Forgács), de fondation ou consolidation d’une communauté (Médée ou les films d’Ozu, jeux vidéo), et d’incantation (Alain Cavalier). Ici, les objets et sujets filmés autant que les films eux-mêmes, les mouvements de la caméra, les processus de filmage se trouvent touchés par ces processus. Un rituel, un rite qu’il soit profane ou sacré, une transe met en jeu des forces invisibles. Ainsi, nous disent, chacun à sa manière, les textes de Cinetrens, un film convoque une vision au-delà du visible. Sans doute est-ce à ce titre que la revue procède réellement du rite : elle nous transforme nous, lecteurs, en des spectateurs voyants et visionnaires traversés par ce champ invisible que les films découpent et invoquent.

14 Marianne Dautrey

Féros Littérature / Art

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N° 1, décembre 2015
Revue annuelle
Éditions du Pigeonnier
Directeur de la publication : Clément Gagliano
Adresse : 16, rue de Meaux
F-75019 Paris
64 pages, 17 x 24 cm, 15 €
ISSN : 2491-0422

15 Un titre évocateur, qui interpelle, forcément. Et pourtant une allure si sobre : lettres rouges comme tracées à main levée au pinceau, sur une couverture mordorée comme pourrait l’être un déshabillé. Mais cette sage apparence est trompeuse et fait contraste avec un contenu qui nous conduit aux frontières troubles de l’érotisme. Annuel et lié à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon, où vivent les deux co-fondateurs, Florence Andoka et Clément Gagliano, ce cahier aborde la question du désir et de la sexualité – des sexualités –, sans paillettes ni pincettes. Comprenez que ce projet éditorial s’écarte de cette démarche esthétisante que l’on peut voir diversement déclinée dans Edwarda, Irène ou L’Imparfaite, récentes revues artistico-érotiques sans doute plus stylisées mais moins radicales. Féros, elle, se veut plus crue. Ou comment la création fait fond sur la pulsion ; disons qu’Éros est ici plus lunaire que solaire. Cela donne un ensemble des plus hétérogènes, où l’écrit (sans doute le nom de Catherine Robbe-Grillet est-il le plus connu du sommaire) répond à l’image. Polymorphe, proliférante, l’image : dessins (Clara Citron, Cendres Lavy, Mirka Lugosi), encres de chine (Apollonia Saintclair), huiles (Lise Stoufflet), captations vidéos (Julien Salaud), collages (Amanda Wieczorek), photographies (Paul Kooiker) et même, plus surprenants, des travaux qui utilisent des moyens d’expression comme la céramique (Luce de Tetis) ou la broderie (Cath Orain), etc. ; oui, multiples sont ici les représentations du désir à l’œuvre, « empreintes de nos pratiques sensibles », pour citer Gagliano. Qu’il se donne sur le mode de l’excès ou de la sensualité, du trash ou du kitsch, du carnavalesque ou de l’onirisme, le désir prend corps, à chaque fois rejoué, à chaque page rebattu comme un jeu de cartes.

16 Léo Byne

La Mer gelée

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Nouvelle série, n° 7, mars 2016
Éditions : Le nouvel Attila
Directeurs de publication : Aurélie Maurin et Alban Lefranc
Adresses : Le nouvel Attila
127, avenue Parmentier
F-75011 Paris
ou
c/o Amélie Maurin
Korsörer Straße 8/11
D-10437 Berlin
96 pages, 16,5 x 24 cm, 16 €
ISSN : 1772-0613

17 Non pas une revue d’outre-Rhin ou hexagonale, mais une revue transfrontalière, qui se partage à égalité entre textes français et allemands. On le mesure dès le sommaire de La Mer gelée – dirigée par Alban Lefranc et Aurélie Maurin –, qui répète ce mot-clé : il s’agit bien ici d’offrir des traductions ou Übersetzung. Horizontalement divisée, chaque page nous confronte en effet aux deux langues et la lecture peut aisément passer de l’une à l’autre, selon les appétences linguistiques de chacun.

18 Si quelques citations de figures tutélaires (Goethe, Ingeborg Bachmann, Tony Duvert, Maître Tchouang ou Erich Fried), somptueusement mises en page sur fond noir, émaillent ce numéro ohne Vaterland (comme dirait encore Erich Fried), l’ensemble des créations, poèmes ou proses, est essentiellement dû à des auteurs encore largement à découvrir : François Athané, Noémi Lefebvre, Antoine Brea, Hervé Bouchard, Alban Lefranc, Arno Calleja pour les francophones ; Wolfgang Hilbig, Monika Rinck, Orsolya Kalasz, Norbert Lange, Marcel Beyer, Elke Erb, Farhad Showghi, Uljana Wolf, Daniel Falb, Thomas Brasch, du côté des germanophones.

19 Le Chien est à l’honneur pour cette renaissance de La Mer gelée chez l’éditeur Le nouvel Attila/Othello, avec un comité de rédaction renouvelé, mais toujours sous la conduite d’Alban Lefranc qui a l’habitude de circuler entre Paris et Berlin et entre les langues de Fassbinder et de Pialat.

20 Recommencer par le chien, mais pas celui d’Ulysse ou celui qu’au temps d’Apollinaire on pouvait encore manger dans les boucheries canines de Paris (« La maison des morts ») ; non, le chien d’aujourd’hui, pas forcément méchant, pas le toutou toiletté non plus, pas même nécessairement une bête d’ailleurs, mais ce qui sous ce nom reste en butte au mépris. Comme le note en ouverture François Athané, l’écriture est peut-être d’abord une « riposte au mépris ». Voici donc la littérature par temps de chien, avec un programme en deux langues et en 21 propositions d’une grande diversité d’écriture et de forme.

21 Servi par une maquette vraiment étonnante, avec de véritables pages de créations typographiques et une couverture qui se déploie sur un texte du scandaleux Oskar Panizza, ce numéro n’envisage pas le chien comme une thématique : il est plutôt l’occasion d’aborder de ces « choses enfouies que l’on peut regarder dans la main après l’avoir ramenée du fond » (Alban Lefranc). D’où ce conseil prélevé dans un poème d’Elke Erb :

22

« Retourne toi,
sur le chien »

23 Jérôme Duwa

Notes

  • [1]
    Supplément inactuel avec codicille intempestif au bréviaire capricieux de littérature contemporaine pour lecteurs déconcertés, désorientés, désemparés, La Bibliothèque, 2016.
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