Toute société organisée, soumise au principe d’entropie, connaît des phases de difficulté, voire d’effondrement. Celles-ci suscitent d’ailleurs un intérêt soutenu, qui a provoqué l’essor de la collapsologie. Après les crises, le redressement des groupes humains, sans être automatique, est cependant relativement fréquent. Il ne s’effectue toutefois généralement pas à l’identique et des transformations, parfois très profondes, l’accompagnent quasi-inévitablement. C’est ce double phénomène de renouveau et d’évolution qui constitue pour les historiens l’intérêt du phénomène de résilience. Ce concept ne revêt d’évidence pas tout à fait pour eux le sens que lui donnent les psychologues et les travaux qui sont rassemblés dans ce numéro illustrent d’abord la capacité d’adaptation et de relèvement de collectivités variées confrontées à des défis complexes et à des situations traumatisantes. Le Nord, défini ici comme l’ensemble formé par les départements du Nord et du Pas-de-Calais, est-il, plus que d’autres espaces, terre de résilience ? L’affirmer serait sans doute aventureux, mais cette terre disputée est très souvent, de l’Antiquité au vingtième siècle, marquée par les guerres dont il faut, tout aussi fréquemment, effacer les traces. Cette zone particulièrement active, aux confins des mondes britannique, germanique et roman, doit d’autre part constamment, et parfois douloureusement, s’adapter aux changements économiques qui remettent en cause les bases de sa prospérité.
Les exemples étudiés montrent d’abord l’importance du rôle joué par le pouvoir politique sous ses différentes formes…