L’objectif de l’article est d’analyser, à partir de l’étude des relations sociales dans les sources narratives et diplomatiques, la perception des distinctions entre les principautés de Flandre et de Hainaut aux xie-xiie siècles, leurs natures et leurs évolutions. Il montre ainsi comment elles sont perçues comme deux territoires distincts, avec leurs référents identitaires, puis comment leur situation de voisinage les conduit à entretenir des relations multiformes qui oscillent entre alliance, compétition et conflit, renforçant le sentiment d’appartenance à chacune d’elles, sans pour autant exclure de multiples perméabilités. Il en ressort, selon l’angle et l’échelle d’observation, différents types de disparités territoriales, notamment en termes de pouvoir : d’une part, divers indices laissent supposer la supériorité politique de la Flandre sur le Hainaut, même si c’est le comte hainuyer qui finit par s’imposer, à la fin du xiie siècle, à la tête des deux principautés ; d’autre part, la structuration de chacune des principautés conduit à la définition d’un centre et d’une périphérie dans lesquels le pouvoir s’ancre différemment ; enfin, l’affirmation identitaire des deux principautés n’exclut pas la reconnaissance d’entités territoriales plus petites (seigneuries) ou plus grandes (royaumes) à l’identité tout autant affirmée et avec lesquelles le pouvoir comtal doit tenir compte.
- Flandre
- Hainaut
- principautés
- identité
- pouvoir
- territoire
- réseau
- frontière
The principalities of Flanders and Hainaut in the 11th-12th centuries: identity, perception, relations
The objective of the article is to analyse, from the study of social relations in the narrative and diplomatic sources, the perception of distinctions between the principalities of Flanders and Hainaut in the eleventh and twelfth centuries, their natures and their evolutions. It thus shows how they are perceived as two distinct territories, with their identity referents, and then how their neighbourly situation leads them to maintain multifaceted relations that oscillate between alliances, competition and conflict, reinforcing the sense of belonging to each, without excluding multiple permeabilities. Depending on the angle and scale of observation, different types of territorial disparities emerge, particularly in terms of power : on the one hand, various indications suggest the political superiority of Flanders over Hainaut, even if it is the count of Hainaut who ends up imposing, at the end of the twelfth century, at the head of the two principalities ; on the other hand, the structuring of each of the principalities leads to the definition of a center and a periphery in which the power is anchored differently ; finally, the affirmation of identity of the two principalities does not exclude the recognition of smaller (seigniories) or larger (kingdoms) territorial entities, with identity equally affirmed and with which the countal power must take into account.