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Article de revue

Les Gesta des évêques de Cambrai ou la consolidation littéraire d’un discours épiscopal

Pages 245 à 261

Notes

  • [*]
    Pieter Byttebier, Aspirant du Fonds de la Recherche Scientifique – Flandre (FWO), Département d’Histoire, Universiteit Gent (Belgique), Sint-Pietersnieuwstraat, 35 9000 Gent, Belgique, pieter.byttebier@ugent.be
  • [1]
    Cet article a été écrit dans le cadre d’un mandat doctoral financé par le Fonds de la Recherche Scientifique – Flandre (FWO) sous le titre The performative construction of episcopal authority : towards an integrated analysis of speech acts, ritual behaviour and spatial representation. Je remercie Steven Vanderputten, Charles Mériaux et Barbara Vinck pour leurs remarques.
  • [2]
    The bishop reformed. Studies of episcopal power and culture in the central Middle Ages, éd. J. Ott et A. T. Jones, Aldershot, 2007 ; Patterns of episcopal power. Bishops in tenth and eleventh century western Europe, éd. L. Körntgen, Berlin/Boston, 2011 ; The bishop. Power and piety at the first millenium, éd. S. Gilsdorf, Münster, 2004 ; A. T. Jones, Noble lord, good shepherd. Episcopal power and piety in Aquitaine (877-1050), Leyde, 2009 ; L. Jégou, L’évêque, juge de paix. L’autorité épiscopale et le règlement des conflits entre Loire et Elbe (milieu viiie – milieu xie siècle), Turnhout, 2011 ; C. B. Bouchard, Sword, miter and cloister. Nobility and the Church in Burgundy (980-1198), San Diego, 1988 ; J. Boussard, « Les évêques de Neustrie avant la Réforme grégorienne », Journal des savants, 1970, p. 161-196 ; M. Miller, The Bishop’s palace, Ithaca, 2000 ; G. Bührer-Thierry, Évêques et pouvoir dans le royaume de Germanie, Paris, 1997.
  • [3]
    S. Patzold, Episcopus. Wissen über Bischöfe im Frankreich des späten 8. bis frühen 10. Jahrhunderts, Ostfildern, 2008 ; T. Reuter, « A Europe of bishops. The Age of Wulfstan of York and Burchard of Worms », dans Patterns of episcopal power, op. cit., p. 17-38.
  • [4]
    M. Sot, Gesta episcoporum, gesta abbatum, Turnhout, 1981, p. 43-48.
  • [5]
    Ibid., p. 48.
  • [6]
    T. Riches, « Episcopal historiography as archive. Some reflections on the autograph manuscript of the Gesta Episcoporum Cameracensium (MS Den Haag KB 75 F 15) », Jaarboek voor middeleeuwse geschiedenis, t. 10, 2007, p. 7-46 ; R. Stein, Reality Fictions. Romance, history and governmental authority (1025-1180), Notre-Dame, 2006, p. 149-165.
  • [7]
    Sur Gérard Ier, voir Ch. Mériaux, « La parole d’un évêque d’Empire au xie siècle : Gerard de Cambrai (1012 † 1051) », dans Parole et lumière autour de l’an Mil, éd. J. Heuclin, Villeneuved’Asq, 2011, p. 137-154 ; D. J. Reilly, The art of reform in eleventh-century Flanders. Gerard of Cambrai, Richard of Saint-Vanne and the Saint-Vaast Bible, Leyde/Boston, 2006 ; T. Riches, Bishop Gerard I of Cambrai (1012-1051) and the representation of authority in the Gesta episcoporum Cameracensium, dissertation doctorale, King’s College London, 2006 ; E. Van Mingroot, « Gérard Ier de Florennes, évêque de Cambrai », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. 20, 1984, col. 742-751 ; S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping : heresy, civic dissent and the exercise of episcopal authority in eleventh-century Cambrai », Journal of medieval history, t. 37, 2011, p. 343-357 ; Acta synodi Atrebatensis, Vita Autberti, Vita Gaugerici. Varia scripta ex officina Gerardi extantia, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, Turnhout, 2014 ; G. Duby, « Gérard de Cambrai, la paix et les trois fonctions sociales, 1024 », Compte rendu des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1976, p. 136-146 ; L. Jégou, « L’évêque entre autorité sacrée et exercice du pouvoir », Cahiers de civilisation médiévale, t. 47, 2004, p. 37-55.
  • [8]
    Chronicon Cameracense et Atrebatense sive historia utriusque ecclesiae III libris ad hinc DC. fere annis conscripta a Balderico Noviomensi et Tornacensi episcopo, éd. G. Colvenerius, Douai, 1616, p. 1-353 ; Chronique d’Arras et de Cambrai par Baldéric, chantre de Thérouanne, éd. A. J. G. Le Glay, Paris, 1834, p. 1-325 ; Gesta episcoporum Cameracensium, éd. L. Bethmann, dans MGH, Scriptores, t. VII, Hanovre, 1846, p. 393-525. Par Gesta episcoporum Cameracensium, nous désignerons désormais les trois livres tels qu’ils ont été édités par L. Bethmann. Le Codex Gisleni est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque royale de La Haye : Den Haag, Koninklijke Bibliotheek, ms. 75 F 15.
  • [9]
    Le Codex Gisleni présente des césures différentes entre les livres : le livre II ne commence pas sur un nouveau folio, mais suit immédiatement la fin du livre I au fol. 74v°. En revanche, le livre III commence sur un nouveau cahier bien qu’une demi-page soit restée blanche après la fin du livre II au fol. 87r° : cf. T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 25.
  • [10]
    En 1615, Georges Colveneer avait encore pu consulter 49 chapitres de ce livre dans le Codex Gisleni. Dans son édition, il les a complétés à partir d’une autre copie du texte contenant 60 chapitres du livre III. Ce manuscrit du xiie siècle, alors conservé à Arras, est aujourd’hui perdu, mais il a cependant été copié vers 1482 à Saint-Vaast. Ce témoin est aujourd’hui conservé : Arras, Bibl. mun., ms. 398 (666).
  • [11]
    Selon E. Van Mingroot, « Kritisch onderzoek omtrent de datering van de Gesta episcoporum Cameracensium », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 53, 1975, p. 281-332 (spéc. p. 300), le premier auteur aurait écrit jusqu’au c. 50 ; la deuxième rédaction aurait ensuite inséré les c. 32-34 et 48, aurait terminé le c. 49 et ajouté les derniers chapitres (c. 51-60).
  • [12]
    Par exemple, l’attribution de la première partie du c. 49 à la première rédaction se fonde sur l’expression Ex quo au début de la première phrase. Or, cette expression ne lie pas ce chapitre avec les événements qui viennent d’être décrits, mais renvoie à la suite de la phrase : Ex quo domnus episcopus Gerardus urbem commissam primum intravit, videns… (Gesta episcoporum Cameracensium, III, 49, p. 483-484), ce que je traduirais par « Depuis la première fois que le seigneur évêque Gérard entra dans la ville… », ce qui rend le chapitre plus cohérent.
  • [13]
    T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 25-34.
  • [14]
    Pour la proximité des auteurs avec Gérard voir T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 16 et Ch. Mériaux, « La parole d’un évêque d’Empire », op. cit., p. 140-145.
  • [15]
    M. Sot, Gesta episcoporum, op. cit., p. 32.
  • [16]
    Les Gesta episcoporum Cameracensium (I, 16, p. 408) mentionnent l’existence d’un catalogus episcoporum.
  • [17]
    T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 7-8.
  • [18]
    Ibid., p. 41-42.
  • [19]
    Par exemple, le c. 34 du livre I des Gesta (p. 415) signale le nom de trois évêques, tandis que l’évêque Vindicien – bien plus ancien – est le sujet de treize chapitres (I, 21-33, p. 409-414). Il faut noter que l’Historia Remensis Ecclesiae de Flodoard de Reims a clairement servi d’exemple pour l’organisation des Gesta episcoporum Cameracensium ; elle constitue une des principales sources du texte. Sur cet aspect, voir l’article de Michel Sot dans ce même numéro.
  • [20]
    Cette rupture est même soulignée dans la préface du livre II : Secundus (…) videtur ordo exigere. Sed (…) ordinis interruptione decrevimus (Gesta episcoporum Cameracensium, II, préface, p. 454).
  • [21]
    G. Duby, « Gérard de Cambrai », op. cit., p. 139 ; E. Van Mingroot, « Kritisch onderzoek », op. cit., p. 300.
  • [22]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 32-34, p. 478-479 ; E. Van Mingroot, « Kritisch onderzoek », op. cit., passim.
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    L’ordre non chronologique apparaît par exemple au c. 17 qui traite d’événements survenus en 1022, le c. 19 en 1018, et le c. 20 en 1015. Une logique associative peut être distinguée par exemple au c. 12 où Gérard agit de concert avec l’évêque de Liège. Aussitôt le texte se focalise sur les interventions de Gérard concernant le diocèse de Liège : aux c. 14-15, il est question de la réforme de Lobbes entreprise avec l’aide de Richard de Saint-Vanne ; le texte continue sur ce dernier sujet, avec au c. 16, un autre exemple de coopération entre Gérard et Richard, puis la fondation d’une abbaye au c. 18 ; le récit achève les affaires liégeoises (c. 19) et poursuit à propos d’une abbaye et des troubles que cause son advocatus (c. 20-21), ce qui donne lieu à deux histoires sur la mauvaise fin de seigneurs laïques antagonistes (c. 22-23). Cf. Gesta episcoporum Cameracensium III, 12-23, p. 469-473. Seule une nouvelle copie du texte aurait pu remanier un ordre initialement chronologique, or Georges Colveneeer n’a indiqué nulle part que l’ordre des chapitres était différent dans l’autographe (Chronicon Cameracense, op. cit., passim).
  • [25]
    On passe de son installation locale (c. 1-3) à sa politique religieuse et diplomatique régionale (c. 4-23), puis à sa présence sur la scène internationale (c. 24-38) jusqu’à sa proximité avec l’empereur (c. 35-38).
  • [26]
    Dans les monastères d’Hautmont (c. 6), de Lobbes (c. 15) et de Saint-Ghislain (c. 20-21). Il faut aussi signaler, hors du diocèse de Cambrai, la fondation de l’abbaye de Florennes (c. 18) et la nomination de Leduin à la tête de Saint-Vaast d’Arras pour remplacer Richard de Saint-Vanne (c. 16).
  • [27]
    À propos d’Hautmont, déjà présenté au livre II (c. 35), l’auteur précise plus loin que l’influence des seigneurs laïques ne doit être que consultative (Gesta episcoporum Cameracensium, III, 6 p. 468). La réforme de Saint-Ghislain souligne l’opposition de Gérard à l’influence laïque dans les élections abbatiales (ibid., III, 20-21, p. 472). La réforme de Lobbes est l’occasion d’affirmer les droits de Gérard (ibid., III, 15, p. 470).
  • [28]
    Chronicon Sancti Andreae, éd. L. Bethmann, dans MGH, Scriptores, t. VII, Hanovre, 1846, p. 526-550 ; Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 1-75. D’autres réformes sont passées sous silence comme à Maroilles et Maubeuge.
  • [29]
    Gérard appartenait à la famille dite d’Ardenne ; il fut éduqué à Reims, puis au sein de la chapelle impériale, où il entretenait de très bonnes relations avec l’empereur (E. Van Mingroot, « Gérard Ier de Florennes », op. cit., col. 742-751).
  • [30]
    T. Riches, « The Peace of God, the ‘weakness’ of Robert the Pious and the struggle for the German throne (1023-1025) », Early Medieval Europe, t. 18, 2010, p. 202-222.
  • [31]
    Voir supra n. 25.
  • [32]
    Le dossier sur Gautier suit le c. 39, qui indique la mort de l’empereur comme une raison importante de la rébellion du châtelain (Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39, p. 481). Le dossier sur la Paix de Dieu suit le c. 50, qui traite aussi de la mort de l’empereur et de ses conséquences pour Gérard (ibid., III, 50, p. 484-485).
  • [33]
    S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping », op. cit., p. 355.
  • [34]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 49, p. 483-484.
  • [35]
    Vita Gaugerici tertia, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, Acta Synodi Atrebatensis, op. cit., p. 129-188 ; voir aussi Ch. Mériaux, « Une Vita mérovingienne et ses lectures du ixe au xie siècle : le dossier de saint Géry de Cambrai », dans L’hagiographie mérovingienne à travers ses réécritures, éd. M. Goullet et al., Ostfildern, 2010, p. 161-191 qui met en doute l’idée selon laquelle le premier auteur des Gesta episcoporum Cameracensium serait celui de la Vita Gaugerici tertia.
  • [36]
    S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping », op. cit., p. 343-357 ; Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 1-75.
  • [37]
    Au minimum quatorze, voir ibid., p. XXV, n. 15.
  • [38]
    I. Voss, « La rencontre entre le roi Robert II et l’empereur Henri II à Mouzon et Ivois en 1023 », Annales de l’Est, t. 44, 1992, p. 3-14.
  • [39]
    Pour Géry, voir, par exemple, Gesta episcoporum Cameracensium, I, 12, p. 407 (Preter quod in gestis beati Gaugerici (…) legimus) et ibid., II, 4, p. 456 ; voir aussi supra n. 35. Pour Aubert, voir Gesta episcoporum Cameracensium, I, 9, 17 et 20, p. 407-409, et, plus explicitement, ibid., I, 78, p. 430. Cette Vita a été rééditée dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 77-128 ; cf. Ch. Mériaux, « Hagiographie et réforme à Cambrai au début du xie siècle : la Vita Autberti et son auteur », dans Zwischen Niederschrift und Wiederschrift. Hagiographie und Historiographie im Spannungsfeld von Kompendienüberlieferung und Editionstechnik, éd. R. Corradini et al., Vienne, 2010, p. 335-350.
  • [40]
    Pour saint Vaast, voir par exemple Gesta episcoporum Cameracensium, I, 9, p. 407 ; pour saint Ghislain, voir ibid., II, 40, p. 464 ; pour Gudule, voir ibid., I, 16, p. 408.
  • [41]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39-48 p. 481-483 ; S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping », op. cit., p. 355.
  • [42]
    Ils ont été réédités récemment sous le nom de documenta miscellanea dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 189-237.
  • [43]
    M. Sot, Gesta episcoporum, op. cit., p. 49-50.
  • [44]
    Par exemple pour Géry, voir Gesta episcoporum Cameracensium, I, 13 et 15, p. 408 ; pour Aubert, ibid., I, 18, p. 408 et II, 39, p. 464 ; pour Vaast, ibid., I, 6 et 9, p. 406-407.
  • [45]
    Les autres Vitae sont la Vita Humberti et Vita Vincentii Maldegarii : voir Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. XXVI-XXVII et A.-M. Helvétius, « Réécriture hagiographique et réforme monastique : les premières Vitae de saint Humbert de Maroilles (xe-xie siècles) », dans La réécriture hagiographique dans l’Occident médieval. Transformations formelles et idéologiques, éd. M. Goullet et M. Heinzelmann, Ostfildern, 2003, p. 195-230.
  • [46]
    Pour ces éléments de la vie de Géry, voir la Vita Gaugerici tertia dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 129-188. Géry aurait nommé son frère Landon comme premier abbé du monastère suburbain de Saint-Médard. Pour Gérard, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 1, p. 465. On lit ailleurs qu’il a nommé son frère Eilbert comme premier abbé du monastère de Saint-André dont il était le fondateur (Chronicon Sancti Andreae, op. cit., I, 13, p. 529), même si celui-ci est bien mentionné dans les Gesta episcoporum Cameracensium, II, 3, p. 455. Gérard a dû convaincre l’empereur de recevoir l’ordination épiscopale à Reims et non à Bamberg (ibid., III, 2, p. 466).
  • [47]
    Pour la dédicace de la cathédrale, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 49, p. 483-484.
  • [48]
    I. Voss, « La rencontre », op. cit., p. 3-14.
  • [49]
    Voir supra n. 39.
  • [50]
    Pour Hautmont, Aubert et Gérard sont évoqués ensemble dans le livre II (c. 35) et Gérard seul dans le livre III (c. 6). Pour Lobbes et Saint-Ghislain, Aubert est cité dans le livre II (c. 37 et 40), mais Gérard seulement dans le livre III (c. 15 et 20-21). Pour Maubeuge, seul Aubert est signalé dans les Gesta episcoporum Cameracensium (II, 36), bien qu’on sache que Gérard a joué un rôle dans sa réforme.
  • [51]
    Gesta episcoporum Cameracensium, I, 51-59, p. 419-422.
  • [52]
    Gérard était très impliqué dans la réforme de Lobbes, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 15, p. 470 et n. 27. Pour la querelle avec Laon, voir ibid., III, 24-26, p. 473-474 et R. T. Coolidge, « Adalbero bishop of Laon (977-1030) », Studies in Medieval and Renaissance history, t. 2, 1965, p. 1-114.
  • [53]
    Sur Fulbert, voir Gesta episcoporum Cameracensium, I, 70-79, p. 426-431 et C. Mériaux, « Fulbert, évêque de Cambrai et d’Arras (933/934 † 956) », Revue du Nord, t. 356-357, 2004, p. 525-542. Fulbert aurait trompé le roi en lui envoyant d’autres reliques que celles de Géry et Aubert, comme il le lui avait demandé. Sur Gérard et la crise rémoise, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 29-31, p. 477-478.
  • [54]
    A. Dierkens, Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse (viie-xie siècles). Contribution à l’histoire religieuse des campagnes du haut Moyen Âge, Sigmaringen, 1985, p. 91-136.
  • [55]
    L’intervention des évêques de Cambrai à Lobbes est rappelée à plusieurs reprises par les Gesta episcoporum Cameracensium (I, 43, 55, 65 et 105 ; III, 15).
  • [56]
    Le monastère Saint-Vaast disposait d’un faux privilège d’exemption de l’évêque Vindicien (Gesta episcoporum Cameracensium, I, 107, p. 446) et accordait donc beaucoup plus d’attention à cet évêque dans sa propre version de l’histoire qu’à saint Aubert, présenté par Gérard dans la Vita Autberti et les Gesta episcoporum Cameracensium comme le vrai fondateur de l’abbaye. Voir, sur ce débat, S. Vanderputten, « Universal historiography as process ? Shaping monastic memories in the eleventh-century Chronicle of Saint-Vaast », dans The life of universal chronicles in the high Middle Ages, éd. M. Campopiano, York, sous presse.
  • [57]
    Diane Reilly a relevé dans l’iconographie cambrésienne des éléments qui coïncident avec les idées exprimées dans les Gesta episcoporum Cameracensium ainsi qu’à la politique de Gérard : cf. D. J. Reilly, The art of reform, op. cit., passim. Michel Sot a aussi remarqué que, de même que Gérard avait rebâti sa cathédrale, il avait construit, avec les Gesta episcoporum Cameracensium, l’histoire de son Église (M. Sot, Gesta episcoporum, op. cit., p. 19).
  • [58]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39-48 p. 481-483 ; cf. D. Barthélemy, L’an Mil et la paix de Dieu. La France chrétienne et féodale (980-1060), Paris, 1999, p. 445.
  • [59]
    L. Jégou, « L’évêque entre autorité sacrée et exercice du pouvoir », op. cit. ; G. Duby, « Gérard de Cambrai », op. cit., p. 139 ; R. Stein, Reality fictions, op. cit., p. 149-165.
  • [60]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39, p. 481 : ut lector videlicet pius patientiam episcopi conpatiens admiretur, et immensam tiranni sevitiam cum admiratione deploret.
  • [61]
    Bruno Judic a montré l’importance des idées grégoriennes pour Gérard : cf. B. Judic, « La diffusion de la Regula Pastoralis de Grégoire le Grand dans l’Église de Cambrai, une première enquête », Revue du Nord, t. 76, 1994, p. 207-230.
  • [62]
    Selon Geoffrey Koziol, Gérard n’avait pas d’autre choix que d’accepter les serments de Gautier, même s’il savait bien qu’ils n’étaient pas sincères : cf. G. Koziol, Begging pardon and favor. Ritual and political order in early Medieval France, Ithaca/Londres, 1992, p. 319-321.
  • [63]
    Une exception importante est l’évêque Bérenger, au milieu du xe siècle, qui est présenté comme le mauvais évêque par excellence : cf. Gesta episcoporum Cameracensium, I, 80-84, p. 431-432.
  • [64]
    Vita Autberti, VIII, dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, p. 108.
  • [65]
    Vita Gaugerici, dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, p. 171-172.
  • [66]
    Gesta episcoporum Cameracensium, I, 84, p. 432.
  • [67]
    Ibid., I, 19, p. 409 et II, 37, p. 463.

1Au début du xie siècle, les évêques d’Europe occidentale tenaient une position de toute première importance dans la société [1]. Ils exerçaient des pouvoirs spirituels, ecclésiastiques et très souvent séculiers ; ils incarnaient un échelon intermédiaire significatif entre les niveaux royaux et locaux [2]. Dans la continuité d’une évolution engagée au cours des deux siècles précédents, de plus en plus d’attention était accordée à leur office, à leur position-clé dans un grand nombre d’échanges politiques, économiques et idéologiques, et à l’autorité que les évêques avaient obtenue en conséquence dans tous ces champs [3].

2Cette position centrale de l’épiscopat était pourtant loin d’être incontestée. L’aristocratie locale s’opposait fréquemment à l’autorité des évêques dans les différents domaines du pouvoir, et les communautés religieuses et monastiques exploitaient ces interférences pour gagner une certaine autonomie. À vrai dire, les succès d’un évêque dans son diocèse dépendaient en grande partie de la manière avec laquelle il imposait une interprétation spécifique de sa position. Cette revendication s’appuyait sur un arsenal d’instruments symboliques, rituels, textuels, verbaux et politiques, qui présentaient une image spécifique de son autorité. Ainsi les évêques furent-ils contraints de développer des stratégies efficaces, non seulement pour représenter, mais aussi pour construire et établir leur autorité, en réponse aux situations particulières qu’ils rencontraient.

3Les gesta episcoporum représentent la source par excellence pour étudier les stratégies épiscopales puisqu’ils nous informent exactement des actions des évêques tout en livrant une représentation spécifique. Or, jusqu’il y a quelques années, les historiens ont eu tendance à considérer les gesta episcoporum comme des affirmations littéraires – largement rétrospectives – de l’autorité épiscopale, qui poursuivaient deux buts principaux : la légitimation et l’explication de son action [4]. Le premier objectif était poursuivi en révélant une succession épiscopale ininterrompue depuis des origines sanctifiées, et en définissant historiquement les biens et les droits obtenus depuis des siècles. Le second était une tentative de clarifier les ambiguïtés des actions contemporaines des évêques, en les plaçant dans une perspective historique [5].

4Plus récemment, quelques lacunes ont été constatées dans ce paradigme, particulièrement sur trois points. D’abord, la typologie du genre doit toujours être nuancée par des applications très particulières dans les différents contextes locaux. D’autre part, le fonctionnement réel de ces textes n’est pas immédiatement évident à une époque où l’écrit occupait encore une place fondamentalement différente dans la vie sociale et intellectuelle par rapport à ce que l’on observera deux siècles plus tard. Enfin, au lieu de les apprécier comme des « monuments » statiques, il faut sans doute plutôt voir les gesta comme des documents dynamiques qui ne cessent d’être adaptés et approuvés [6].

5Cependant, dans toutes ces études, les gesta restent appréciés comme un genre essentiellement autonome et descriptif des autres activités. Cet article voudrait combler cette lacune en menant une étude contextuelle des gesta de l’évêché de Cambrai, compilés pour l’essentiel sous l’épiscopat de l’évêque Gérard Ier (1012-1051) [7]. Les tensions multiples entre cet évêque et ses opposants, l’ampleur d’autres sources contemporaines et un diocèse structurellement très complexe offrent un cas rare pour étudier l’emploi des gesta dans l’ensemble des représentations épiscopales. Par une analyse de trois éléments des gesta de Cambrai – la structure, le contexte socio-politique et littéraire, le contenu – cet article entend montrer deux choses. D’abord, que les gesta cambrésiens n’étaient pas seulement conçus comme un moyen de décrire les représentations d’une autorité spécifique, mais aussi comme un instrument propre à réaliser cette autorité réelle. Ensuite, que les gesta de Cambrai méritent d’être analysés en même temps que l’éventail des instruments textuels, rituels et comportementaux dont disposait l’évêque pour imposer une représentation de son autorité.

Les Gesta episcoporum Cameracensium

6Par Gesta episcoporum Cameracensium, on entend un ensemble de textes qui traitent de l’histoire de l’évêché de Cambrai-Arras jusqu’au xiie siècle, dans l’ordre de la succession des évêques. La première partie de cet ensemble sera l’objet de cet article. Elle raconte, en trois livres, l’histoire de l’évêché jusqu’à la fin de l’épiscopat de Gérard Ier. Le premier livre concerne les évêques de Cambrai depuis le fondateur du diocèse, saint Vaast († 540), jusqu’à la mort d’Erluin, prédécesseur immédiat de Gérard Ier. Le livre II donne un tableau de toutes les institutions religieuses du diocèse, de leur histoire, des reliques qu’elles possèdent et des miracles qui ont eu lieu. Le livre III aborde les actions de Gérard Ier.

7Afin d’apprécier le caractère intentionnel des mentions des actions de l’évêque, on aurait besoin de connaître le contexte documentaire. Or, cela est rendu difficile par la complexité de la source. Les différents éditeurs du texte se sont servis de dix manuscrits, parmi lesquels le Codex Gisleni, datant du xie siècle, qui est considéré comme l’autographe [8]. Une analyse de ces manuscrits indique que les deux premiers livres des Gesta episcoporum Cameracensium ont été composés au même moment. Le troisième, qui traite de l’épiscopat de Gérard, pose problème car la version originale est aujourd’hui perdue : elle ne figure plus dans le Codex Gisleni[9]. La version du livre III dont on dispose aujourd’hui est une combinaison faite à partir de trois manuscrits différents dont les deux plus anciens sont perdus [10].

8Se fondant en premier lieu sur des arguments tirés du contenu des Gesta episcoporum Cameracensium, Erik Van Mingroot a montré que le texte actuel est composite et qu’il est le résultat d’au moins deux rédactions : une première faite vers 1024-1025, au milieu de l’épiscopat de Gérard, qui aurait inclus les livres I et II ainsi que le début du livre III ; et une seconde rédaction, faite entre 1051 et 1055, qui aurait terminé le livre III et inséré quelques autres chapitres dans le texte existant [11]. La datation initiale de 1024-1025 est peu contestée, surtout pour les deux premiers livres. Toutefois, évaluer quels chapitres, ou même quelles parties de chapitres, appartiennent à quelle rédaction est beaucoup moins aisé. L’argumentation d’Erik Van Mingroot sur cette question est particulièrement fragile en ce qui concerne le chapitre 49 qu’il considère comme la césure entre les deux rédactions [12]. De plus, Theo Riches a constaté l’existence, dans le Codex Gisleni, de plusieurs notes marginales dans les livres I et II, ajoutées par des mains différentes et postérieures. On trouve même des traces matérielles de documents ajoutés au manuscrit [13]. Il n’est pas inconcevable que le livre III ait connu de telles additions ou suppressions postérieures. Mais, en l’absence du manuscrit autographe du livre III, il est très difficile de savoir quelles parties du texte sont originelles et quelles sont les notes insérées par la suite.

9Les Gesta episcoporum Cameracensium présentent donc les différents points de vue posés par des auteurs proches de Gérard au cours de son épiscopat [14]. Mais il y a une réelle difficulté à contextualiser très précisément chaque formulation, interprétation, ou image particulière des actions épiscopales présentées dans les Gesta. Ainsi faut-il prendre soin de ne pas évaluer seulement le texte en fonction de son contenu. Toutefois, les Gesta episcoporum Cameracensium offrent d’autres niveaux qui permettent l’analyse des représentations épiscopales, en particulier l’interaction entre la structure de l’œuvre, le contexte et le contenu.

La structure des Gesta cambrésiens

10L’organisation des chapitres des Gesta episcoporum Cameracensium montre une structure qui transcende la particularité des datations, ajoute du sens au texte et avance des thèmes qui encadrent l’ensemble. Suivant le modèle du Liber pontificalis romain, les Gesta episcoporum Cameracensium développent, en un enchaînement chronologique, des petits résumés de l’existence et des actions des évêques successifs [15]. La chronologie constitue le squelette de l’ouvrage et, comme pour beaucoup d’autres gesta, celui-ci est le résultat de l’amplification narrative d’une liste existante [16]. Or, pour passer d’une telle liste à un récit, les auteurs devaient ajouter des thèmes particuliers et un canevas narratif général qui, mis ensemble, donnaient un sens à l’histoire de l’évêché.

11Theo Riches a néanmoins suggéré qu’en réalité peu de gens pouvaient lire entièrement ce long récit, ce qui fait que le message de cette Heilsgeschichte pouvait ne pas être primordial [17]. En revanche, la composition épisodique des gesta conduisait les auteurs à diffuser leurs messages plus efficacement par la répétition de petites histoires qui, chacune, se présentait comme l’illustration des thèmes centraux. Ce procédé pointilliste facilitait non seulement une diffusion des idées et des histoires en dehors du monde lettré clérical et à destination des auteurs postérieurs ; il faisait aussi des Gesta episcoporum Cameracensium un ouvrage de consultation, susceptible d’être complété et adapté [18].

12Cette interprétation, tout à fait valable, risque cependant de faire perdre de vue l’ordre de ces épisodes dans les Gesta episcoporum Cameracensium ainsi que la perspective adoptée par la composition primitive. Le premier auteur – qu’il s’agisse d’un individu ou d’un groupe – a délibérément choisi ce qu’il convenait de mentionner (ou pas), comment présenter le tout, et dans quel ordre. Il a pu en effet privilégier l’exposition de petits épisodes, mais, dans le manuscrit, il a dû les présenter dans un certain ordre. Dans les Gesta episcoporum Cameracensium, l’ordre des épisodes ne suit pas toujours la chronologie, ce qui ne manque pas de sens. L’intérêt pour un ordre est souligné par les rédactions postérieures. Au lieu de simplement rallonger le texte de la première rédaction avec le récit des événements postérieurs, on a inséré de nouveaux épisodes, de nouvelles interprétations, voire de nouveaux documents à l’intérieur du texte existant, ce qui brisait la chronologie. Cela démontre à la fois qu’on reconnaissait l’existence d’un certain ordre dans le texte initial, mais aussi qu’on jugeait important de le changer.

13Où se trouvent ces ruptures du récit chronologique dans les Gesta episcoporum Cameracensium ? On constate d’abord une distribution fluctuante des époques traitées. Un chapitre peut passer rapidement sur une énumération de plusieurs évêques en ne donnant que leurs noms, tandis qu’ailleurs l’auteur a réparti les informations concernant un seul évêque en plusieurs chapitres. Un livre entier a même été consacré à Gérard [19]. Ces variations du tempo narratif pourraient simplement refléter l’état de la documentation, mais elles pourraient aussi être interprétées comme une manière d’insister sur certaines réalisations ou certaines idées, surtout celles de Gérard. Plus clairement, l’insertion du livre II brise très nettement le développement chronologique du livre I, avant qu’il ne soit repris au livre III [20].

14Le livre III s’ordonne selon une logique thématique des sujets traités qui l’emporte sur la chronologie des événements [21]. On distingue ainsi neuf subdivisions dans le texte : 1) l’installation de Gérard et les contestations qu’elle provoqua (c. 1-3) ; 2) le rôle de Gérard dans les affaires religieuses du diocèse et les événements politiques aux frontières orientales (c. 4-23) ; 3) les interventions de Gérard dans les diocèses français, complétées par un corpus des lettres écrites par Gérard (c. 24-34) ; 4) la présence de Gérard aux synodes réunis dans l’Empire et auprès de l’empereur (c. 35-38) ; 5) un résumé du conflit entre l’évêque et le châtelain Gautier II de Lens, avec un petit dossier de tous les serments rompus pendant ces années et le récit de l’excommunication de Gautier (c. 39-48) ; 6) la construction de la cathédrale de Cambrai (le long c. 49) ; 7) les implications de la mort de l’empereur (c. 50-51) ; 8) un dossier sur la position de Gérard vis-à-vis de la Paix de Dieu (c. 52-54) ; et 9) les différentes actions de Gérard dans la dernière partie de son épiscopat concernant ses relations avec les empereurs (c. 55-60).

15Cet ordre est le résultat final des rédactions postérieures à 1024-1025. Les c. 32-34, par exemple, sont des lettres composées par Gérard certainement après 1030, mais elles sont insérées avant les chapitres qui narrent les événements survenus en 1023-1030, et après d’autres lettres qui développent des idées similaires [22]. Une grande partie des chapitres qui suivent le c. 39 a été insérée bien après 1024, or les événements ne se suivent pas du tout d’un point de vue chronologique [23]. Toutefois, les rédactions secondaires ont seulement développé et renforcé une tendance structurelle déjà très présente dans le texte initial. En effet, les premiers chapitres font état d’un récit moins chronologique que thématique [24]. Dans des parties qui traitent de la période antérieure à 1025, on perçoit même une présentation de l’autorité de Gérard qui, chapitre par chapitre, s’éloigne de façon concentrique de son siège cambrésien vers des horizons plus lointains [25]. Dans les rédactions suivantes, cette organisation se trouve amplifiée par l’insertion de documents et de récits concernant le rôle joué par Gérard dans certaines affaires, plutôt que par le simple ajout de passages narratifs au sujet des événements postérieurs.

16Les Gesta episcoporum Cameracensium manifestent également des réticences remarquables à l’égard de certains aspects de l’activité de Gérard. Par exemple, l’évêque est assez connu pour sa contribution active aux réformes monastiques, mais le livre III ne fait état que de trois interventions [26]. En fait, la plupart de ces interventions ont déjà été exposées dans le livre II, qui se révèle ainsi être davantage qu’un tableau institutionnel et géographique de l’épiscopat de Gérard. Il peut être considéré comme une partie thématique abordant le gouvernement monastique, ce qui laisse la possibilité au livre III d’envisager d’autres problématiques. Les quelques affaires monastiques évoquées dans le livre III fournissent un prétexte au développement d’autres thèmes [27]. Pour les périodes 1024-1036 et 1044-1051, on sait par d’autres sources que Gérard a fait plusieurs réalisations importantes, mais elles ne sont pas mentionnées dans les Gesta : il s’agit de la fondation de l’abbaye Saint-André du Cateau (1025) et du fameux synode d’Arras (1025) [28]. Tout ceci suggère que les auteurs des Gesta episcoporum Cameracensium n’aspiraient pas à évoquer toutes les activités des évêques, mais qu’ils ont opéré un certain tri thématique.

17Avant même d’examiner le contenu exact du texte, force est de reconnaître que son organisation met déjà en évidence des thèmes importants : le conflit avec Gautier, l’omniprésence de Gérard dans son diocèse, son autorité à l’extérieur de Cambrai, ses bonnes relations avec l’empereur, ses réformes monastiques et la question du mouvement de la Paix de Dieu. Ainsi la structure du texte montre-t-elle qu’il va au-delà d’une simple fonction descriptive : en mettant l’accent sur certains débats, les auteurs entendaient indiquer qu’ils étaient primordiaux pour Gérard dans l’exécution de sa charge. Le texte était partie prenante d’une réalité qu’il cherchait à structurer.

Le contexte

18Au xie siècle, les évêques de Cambrai recevaient l’investiture des rois de Francie orientale, mais ils étaient aussi suffragants des archevêques de Reims qui dépendaient du souverain de Francie occidentale. Le diocèse double d’Arras-Cambrai était non seulement aux avant-postes du pouvoir impérial à l’ouest, mais son évêque intervenait au-delà de la frontière entre les deux royaumes, située le long de l’Escaut, puisqu’Arras se trouvait dans le royaume occidental. En 1007, l’évêque reçut l’autorité comtale sur le Cambrésis, bien que de nombreux aristocrates locaux aient affirmé aussi leurs ambitions dans la région. Les castellani de Cambrai, issus de la famille de Lens, s’opposaient ainsi continûment au pouvoir des évêques depuis le dernier quart du xe siècle. De plus, de grandes institutions ecclésiastiques, comme Saint-Vaast d’Arras, cherchaient une autonomie toujours plus grande.

19Dans ce contexte complexe auquel il était étranger, Gérard avait été nommé évêque en 1012 par l’empereur Henri II [29]. Au milieu des années 1020, sa position était devenue assez précaire. Il était impliqué dans une querelle assez vive avec des évêques français au sujet de l’institution de la Paix de Dieu ; l’opposition de Gautier de Lens se renforçait ; et il aurait même eu à craindre une invasion du roi capétien [30]. La situation de Gérard était donc le résultat d’un équilibre précaire entre des pressions venues de l’Est, de l’Ouest et de son propre diocèse. Il comptait principalement sur la protection impériale pour maintenir sa position. Quand Henri II mourut en juillet 1024 et que l’Empire connut un conflit de succession, toute la politique de Gérard fut menacée.

20La première rédaction des Gesta episcoporum Cameracensium est exactement datée des lendemains de la mort de l’empereur. Les thèmes mis en avant par la structure du texte correspondent nettement aux défis auxquels Gérard devait faire face à cette époque. Par conséquent, l’interprétation traditionnelle veut que Gérard ait engagé la composition des Gesta pour compenser la perte du soutien impérial. Le texte insiste sur la proximité de Gérard avec l’empereur [31]. De plus, les tous premiers mots du livre III sont Domnus imperator Heinricus, au nominatif, ce qui souligne vigoureusement l’importance du souverain. Les petits dossiers rassemblés sur la Paix de Dieu et sur Gautier de Lens sont tous deux précédés par des avis concernant la mort de l’empereur. Ceci implique que l’absence d’Henri II avait ouvert ces nouveaux débats [32]. En guise de réponse, Gérard aurait tenté de justifier son autorité de manière générale, tout en expliquant aussi les actions concrètes mises en œuvre contre ses opposants. On a même considéré ces petits dossiers comme autant de défenses juridiques de Gérard, légitimant ses actions réelles [33].

21Toutes ces analyses recherchent dans le texte même des Gesta episcoporum Cameracensium des explications à sa composition. Cependant, la rédaction du texte n’était qu’une réalisation parmi d’autres au sein d’une activité épiscopale particulièrement intense à cette époque. Vers 1023, Gérard entreprit la restauration de la cathédrale [34]. Quelques mois plus tard, il commanda la rédaction d’une nouvelle Vie de saint Géry (la troisième), un évêque mérovingien devenu le saint patron du diocèse [35]. Au début de l’année 1025, il réunit le fameux synode d’Arras, connu par les Acta synodi Atrebatensis, un rapport très élaboré composé dans l’entourage de Gérard peu de temps après [36]. C’est en 1025 également qu’il fonda le monastère de Saint-André au Cateau-Cambrésis, à un moment où ses réformes monastiques étaient nombreuses [37]. Enfin, les sources attestent de sa remarquable activité en conciles pendant ces années-là et de son implication dans la rencontre entre le roi Robert II et l’empereur Henri II [38].

22Ce dynamisme peut être vu comme la représentation – tout autant que la revendication – d’une autorité épiscopale alors contestée. La composition des Gesta episcoporum Cameracensium n’était qu’un instrument parmi les stratégies mises en œuvre. Aussi est-il impossible de comprendre la fonction de ce texte – pour nous comme pour les contemporains de Gérard – sans prendre en compte toutes ces autres activités.

Les interactions avec le contexte

23On peut distinguer quatre types d’interactions – et même de coopération – entre les Gesta episcoporum Cameracensium, le contexte, et les autres sources, exprimées de manière de plus en plus implicite.

24Ces interactions peuvent être complémentaires. Les Gesta episcoporum Cameracensium exhortent ainsi le lecteur à consulter plusieurs autres écrits qui donneraient des informations additionnelles, notamment la Vie de saint Géry et la Vie de saint Aubert [39], mais aussi les Vies des saints Vaast, Ghislain et Gudule [40]. Par ces renvois, les auteurs soulignent explicitement que les Gesta ne fonctionnent pas en vase clos, mais font partie d’une tradition intertextuelle vivante.

25Deuxièmement, les Gesta episcoporum Cameracensium contiennent des citations et incorporent d’autres documents. Le dossier concernant Gautier, par exemple, est inséré dans le texte et comprend des pièces qui attestent les réprimandes et les pardons successifs de l’évêque ainsi que tous les parjures du châtelain [41]. Plusieurs lettres et chartes sont insérées in extenso dans le texte [42]. Michel Sot a remarqué que de telles insertions renforçaient l’authenticité de certaines déclarations dans les Gesta episcoporum Cameracensium[43]. Inversement, on peut souligner que c’est aussi le récit lui-même qui accorde une plus grande autorité à ces documents. Dans le cas de Gautier, par exemple, l’excommunication se trouve justifiée par les preuves de ses parjures, mais ces récits reçoivent eux-mêmes de la valeur du fait que l’excommunication a vraiment eu lieu et se trouve décrite dans les Gesta. La répétition de certains messages dans différents documents les rendait assurément plus forts.

26Le même processus s’applique aux citations des Vies de saints. Les Gesta episcoporum Cameracensium reprennent mot à mot certains passages des Vies des saints Vaast, Géry, Aubert et plusieurs autres encore [44]. Ces emprunts sont souvent simplement insérés dans le texte, sans mention explicite, et pas seulement dans les chapitres qui traitent de ces saints. En associant ces extraits hagiographiques avec des récits historiographiques, les auteurs insistent plus fortement sur certaines idées qui se trouvent répétées dans des textes différents. En même temps, ces répétitions pouvaient donner un sens complémentaire à ces deux types de textes. Les Gesta episcoporum Cameracensium forment aussi d’une certaine manière un recueil de Vies de saints évêques, ce qui sanctifie davantage encore la ligne épiscopale. En retour, les anecdotes tirées des Vies voyaient augmenter leur véracité historique. Des lecteurs contemporains pouvaient donc reconnaître partout dans les Gesta episcoporum Cameracensium une riche intertextualité, ce qui leur ajoutait du sens [45]. Les auteurs en jouaient assurément.

27Un troisième type d’interactions réside dans les références implicites. On constate, par exemple, des parallèles subtiles entre les évêques Gérard et Géry, tous deux étrangers au diocèse, éduqués dans leur jeune âge auprès d’un archevêque (de Reims pour le premier, de Trèves pour le second), devenus diacres au moment de leurs nominations par le roi, consacrés tous deux par l’archevêque de Reims (ce qui n’était pas si évident) et contestés l’un et l’autre par un seigneur local agressif. Enfin, les deux évêques ont nommé leur frère à la tête de leur fondation monastique [46]. Ces parallèles peuvent bien être des coïncidences, mais elles sont exploitées par les auteurs, voire, dans le cas de la Vie de Géry, développées de manière tout à fait imaginaire pour forcer le parallèle. Gérard témoigne d’un intérêt plus général pour Géry : il a commandé une nouvelle Vie du saint, présenté par ailleurs comme le saint patron du diocèse. Ses reliques étaient placées sur le siège épiscopal (cathedra) pendant la cérémonie de dédicace de la cathédrale en 1030 [47]. Enfin, Gérard a participé à l’organisation de la rencontre entre Robert II et Henri II à Ivois, le village natal de Géry, de surcroît le 11 août, le jour de la fête du saint à Cambrai [48]. Gérard cherchait clairement à apparaître comme le gardien de son culte, son successeur, presque comme son incarnation. Il reste que tous ces parallèles ne sont perceptibles qu’à la lecture de la troisième Vie de Géry, des Gesta episcoporum Cameracensium, et à quiconque aurait aussi eu connaissance des actions de Gérard. Ils ne sont jamais explicites.

28On peut constater des processus similaires d’association implicite pour d’autres prédécesseurs de l’évêque. Dès le début de son épiscopat, Gérard a cherché à développer le culte de saint Aubert en commandant la composition d’une toute première Vie, en faisant restaurer l’église Saint-Aubert et en présidant une cérémonie de translatio de ses reliques [49]. Dans cette Vie, on trouve beaucoup d’éléments concernant le rôle d’Aubert dans la fondation des établissements monastiques du diocèse. Plusieurs d’entre eux furent réformés par Gérard, ce que devaient savoir les lecteurs contemporains. Les Gesta episcoporum Cameracensium mentionnent à plusieurs reprises Aubert en relation avec ces communautés ; les réformes de Gérard sont aussi signalées, soit en relation avec leur fondation par saint Aubert, soit à d’autres moments dans l’ouvrage, soit parfois de manière plus évasive [50]. Gérard a également présidé une cérémonie de translatio des reliques de l’évêque Jean dans une nouvelle chapelle ainsi que les Gesta episcoporum Cameracensium consacrent une longue notice à cet évêque [51]. De son existence et de ses actions, les Gesta retiennent surtout son éducation à la cour royale, ses réformes à Lobbes et le fait qu’il a agi comme juge dans un différend entre Reims et Laon : deux thèmes qu’on retrouve très clairement parmi les actions de Gérard [52]. L’évêque Fulbert est présenté comme le protecteur des reliques de Géry et Aubert réclamées par le roi Otton Ier ainsi que comme un acteur important du schisme qui divisait le siège archiépiscopal de Reims, deux motifs qu’on retrouve aussi dans l’épiscopat de Gérard [53]. Que Gérard ait vraiment voulu imiter ses prédécesseurs ou non, en tout cas il a clairement mis à profit la réalité pour accentuer des parallèles. Il s’agit d’une imitation représentée, fruit de la combinaison implicite de plusieurs textes et d’actions réelles.

29Cette représentation implicite pouvait cependant être utilisée comme un instrument plus fort dans l’image que Gérard entendait donner de lui-même. Plus concrètement, on constate un quatrième mode d’interactions entre les Gesta episcoporum Cameracensium et le contexte : il s’agit de la promotion implicite des arguments dans les débats auxquels Gérard était mêlé. Ainsi l’abbaye de Lobbes était-elle sous la tutelle de l’évêque de Liège, mais située dans le diocèse de Cambrai, ce qui posait la question de l’autorité [54]. La Vita Autberti et les Gesta episcoporum Cameracensium (aux livres I et II) amplifient donc le rôle d’Aubert et des autres évêques de Cambrai lors de la fondation de Lobbes, mettant ainsi l’accent sur la tutelle cambrésienne [55]. En revanche les Gesta ne contiennent pas de dossier explicite sur les difficultés rencontrées par Gérard à Lobbes – comme il y en a au sujet du châtelain Gautier. Il y a seulement une idée implicite (Gérard a le droit d’intervenir à Lobbes), répétée avec subtilité dans les différentes parties des Gesta episcoporum Cameracensium et d’autres textes. Cette idée n’est présentée que par le rapprochement des différents textes. Le même mécanisme est appliqué à d’autres établissements monastiques, comme Saint-Vaast, où Gérard a convoqué implicitement les saints évêques et l’historiographie dans ses efforts pour contrôler l’abbaye [56]. D’autre part, les Gesta episcoporum Cameracensium coopéraient aussi implicitement avec d’autres médias, comme l’iconographie et l’architecture [57].

30Les Gesta episcoporum Cameracensium ne représentaient qu’une facette parmi d’autres de l’action épiscopale. Ils coopéraient avec d’autres textes et d’autres actions. Ils étaient intégrés dans des stratégies de représentation épiscopale. En répétant son discours dans ces différents médias, Gérard pouvait répandre ses idées plus efficacement, et donner une dimension plus universelle et plus cohérente à son autorité qui se reflètait partout. Mais outre cette trans-médialité, il y avait aussi une inter-médialité dans la communication épiscopale : chaque texte ou action contribuait différemment à une stratégie de représentation. Au moyen de références implicites à chacun ou à des idées communes, les différents médias contribuaient à assurer une communication plus complexe du discours de Gérard. Chaque média fonctionnait de manière parfaitement autonome, mais communiquait beaucoup plus profondément en résonnance avec les autres, au-delà des limites de son propre genre.

Le contenu des Gesta

31La coopération complexe entre le texte et son contexte peut surtout être analysée à l’aune d’une des plus flagrantes épreuves traversées par Gérard – et sur laquelle la structure des Gesta episcoporum Cameracensium insiste fortement – : l’opposition du châtelain Gautier II. Les Gesta témoignent de la position de faiblesse militaire de l’évêque vis-à-vis de cet aristocrate, qui non seulement pillait régulièrement les biens épiscopaux, mais aussi rompait à maintes reprises ses serments de fidélité [58]. Gérard aurait compensé cette faiblesse séculière en mettant l’accent sur son autorité spirituelle [59]. Plus précisément, Gérard ne semble jamais avoir répondu militairement aux défis lancés par le châtelain. L’introduction aux chapitres des Gesta episcoporum Cameracensium sur ce conflit résume parfaitement ce point de vue : « toute cette histoire est donnée pour que le lecteur puisse admirer la patience de l’évêque par opposition à la tyrannie de Gautier » [60]. Plus encore, dans les Gesta episcoporum Cameracensium, on note une absence générale de l’emploi de la violence par Gérard. Ainsi se laisse-t-il représenter comme un type particulier d’orator : le pastor bonus, cher à la Regula pastoralis de Grégoire le Grand [61].

32Sans doute Gérard n’avait-il pas d’autre choix. Reste qu’il a exploité toutes les occasions pour interpréter la situation à son profit [62]. Par ses propres actions pacifiques, décrites dans le livre III des Gesta, et celles de ses prédécesseurs, exposées dans le livre I, Gérard donnait un sens à sa lutte contre la violence de Gautier en mettant l’accent sur la nature fondamentalement pacifique de l’office épiscopal [63]. Les Vitae d’Aubert et de Géry sont aussi remplies de messages analogues : le récit de la conversion par saint Aubert du bandit Landelin, qui devint un pieux fondateur de monastères, témoigne à sa façon de la victoire du discours épiscopal sur la violence [64]. Dans la Vita tertia de saint Géry, lorsque son troupeau de fidèles se trouve menacé par des loups, le saint évêque répond à la violence par la piété [65]. Ces passages propagent des idées générales de paix que Gérard pouvait tout aussi bien employer contre Gautier. Le rapport entre ces Vitae et la querelle avec le châtelain est signalé par les Gesta episcoporum Cameracensium : les chapitres du livre I sur le mauvais évêque Bérenger spécifient que « même Gautier n’aurait jamais osé entrer armé dans l’église du saint [Géry] », indiquant une victoire possible sur le châtelain [66]. Dans la Vita Autberti, le jeune Landelin est réprimandé plusieurs fois pour sa violence par l’évêque avant finalement de se repentir. Cette histoire est la plus longue dans la Vita et c’est une des seules anecdotes sur cet évêque que l’on lit aussi dans les Gesta episcoporum Cameracensium, aussi bien au livre I qu’au livre II [67]. Dans le livre I, le jeune homme n’a pas de nom, ce qui souligne le caractère universel de la situation ; dans le livre II, l’évêque est comparé à un père qui retrouve un fils perdu. Chacun de ces passages se réfère assez clairement à Gautier. Tous donnent une vision conciliante et optimiste de sa relation avec l’évêque et insistent sur son action générale en faveur de la paix.

33Ces textes propageaient parfaitement les idées de Gérard, de manière indépendante, chacun usant des conventions de son genre. Mais les Gesta episcoporum Cameracensium faisaient aussi appel aux relations entre ces idées, les textes et les actions épiscopales réelles. Ainsi les Gesta assuraient-ils efficacement le lien entre verba et exempla. Ils diffusaient parfaitement la conception grégorienne que Gérard se faisait de sa fonction.

Conclusion

34Les Gesta episcoporum Cameracensium représentent à la fois le vaste récit historique d’une lignée épiscopale et un assemblage d’épisodes légitimant la politique de celui qui a commandité le texte. Mais l’analyse de la structure, du contenu et du contexte littéraire, ecclésiastique et politique des Gesta témoigne aussi d’un projet plus ambitieux. L’ouvrage a vocation à fonctionner en tandem avec une série d’autres textes et d’autres actions rituelles, symboliques et administratives, et à articuler, voire à construire une vision spécifique de l’autorité épiscopale. Les Gesta episcoporum Cameracensium nous indiquent comment des gesta pouvaient être employés comme un instrument essentiel de la communication épiscopale, et comment ils pouvaient réunir tant de questions différentes posées à un évêque dans un ensemble cohérent, tant par la forme que par le contenu. Une telle communication multiforme pouvait contribuer au renforcement de l’autorité épiscopale en même temps qu’elle apportait une réponse efficace à des situations politiques, sociales et idéologiques en pleine transformation.

Notes

  • [*]
    Pieter Byttebier, Aspirant du Fonds de la Recherche Scientifique – Flandre (FWO), Département d’Histoire, Universiteit Gent (Belgique), Sint-Pietersnieuwstraat, 35 9000 Gent, Belgique, pieter.byttebier@ugent.be
  • [1]
    Cet article a été écrit dans le cadre d’un mandat doctoral financé par le Fonds de la Recherche Scientifique – Flandre (FWO) sous le titre The performative construction of episcopal authority : towards an integrated analysis of speech acts, ritual behaviour and spatial representation. Je remercie Steven Vanderputten, Charles Mériaux et Barbara Vinck pour leurs remarques.
  • [2]
    The bishop reformed. Studies of episcopal power and culture in the central Middle Ages, éd. J. Ott et A. T. Jones, Aldershot, 2007 ; Patterns of episcopal power. Bishops in tenth and eleventh century western Europe, éd. L. Körntgen, Berlin/Boston, 2011 ; The bishop. Power and piety at the first millenium, éd. S. Gilsdorf, Münster, 2004 ; A. T. Jones, Noble lord, good shepherd. Episcopal power and piety in Aquitaine (877-1050), Leyde, 2009 ; L. Jégou, L’évêque, juge de paix. L’autorité épiscopale et le règlement des conflits entre Loire et Elbe (milieu viiie – milieu xie siècle), Turnhout, 2011 ; C. B. Bouchard, Sword, miter and cloister. Nobility and the Church in Burgundy (980-1198), San Diego, 1988 ; J. Boussard, « Les évêques de Neustrie avant la Réforme grégorienne », Journal des savants, 1970, p. 161-196 ; M. Miller, The Bishop’s palace, Ithaca, 2000 ; G. Bührer-Thierry, Évêques et pouvoir dans le royaume de Germanie, Paris, 1997.
  • [3]
    S. Patzold, Episcopus. Wissen über Bischöfe im Frankreich des späten 8. bis frühen 10. Jahrhunderts, Ostfildern, 2008 ; T. Reuter, « A Europe of bishops. The Age of Wulfstan of York and Burchard of Worms », dans Patterns of episcopal power, op. cit., p. 17-38.
  • [4]
    M. Sot, Gesta episcoporum, gesta abbatum, Turnhout, 1981, p. 43-48.
  • [5]
    Ibid., p. 48.
  • [6]
    T. Riches, « Episcopal historiography as archive. Some reflections on the autograph manuscript of the Gesta Episcoporum Cameracensium (MS Den Haag KB 75 F 15) », Jaarboek voor middeleeuwse geschiedenis, t. 10, 2007, p. 7-46 ; R. Stein, Reality Fictions. Romance, history and governmental authority (1025-1180), Notre-Dame, 2006, p. 149-165.
  • [7]
    Sur Gérard Ier, voir Ch. Mériaux, « La parole d’un évêque d’Empire au xie siècle : Gerard de Cambrai (1012 † 1051) », dans Parole et lumière autour de l’an Mil, éd. J. Heuclin, Villeneuved’Asq, 2011, p. 137-154 ; D. J. Reilly, The art of reform in eleventh-century Flanders. Gerard of Cambrai, Richard of Saint-Vanne and the Saint-Vaast Bible, Leyde/Boston, 2006 ; T. Riches, Bishop Gerard I of Cambrai (1012-1051) and the representation of authority in the Gesta episcoporum Cameracensium, dissertation doctorale, King’s College London, 2006 ; E. Van Mingroot, « Gérard Ier de Florennes, évêque de Cambrai », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. 20, 1984, col. 742-751 ; S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping : heresy, civic dissent and the exercise of episcopal authority in eleventh-century Cambrai », Journal of medieval history, t. 37, 2011, p. 343-357 ; Acta synodi Atrebatensis, Vita Autberti, Vita Gaugerici. Varia scripta ex officina Gerardi extantia, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, Turnhout, 2014 ; G. Duby, « Gérard de Cambrai, la paix et les trois fonctions sociales, 1024 », Compte rendu des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1976, p. 136-146 ; L. Jégou, « L’évêque entre autorité sacrée et exercice du pouvoir », Cahiers de civilisation médiévale, t. 47, 2004, p. 37-55.
  • [8]
    Chronicon Cameracense et Atrebatense sive historia utriusque ecclesiae III libris ad hinc DC. fere annis conscripta a Balderico Noviomensi et Tornacensi episcopo, éd. G. Colvenerius, Douai, 1616, p. 1-353 ; Chronique d’Arras et de Cambrai par Baldéric, chantre de Thérouanne, éd. A. J. G. Le Glay, Paris, 1834, p. 1-325 ; Gesta episcoporum Cameracensium, éd. L. Bethmann, dans MGH, Scriptores, t. VII, Hanovre, 1846, p. 393-525. Par Gesta episcoporum Cameracensium, nous désignerons désormais les trois livres tels qu’ils ont été édités par L. Bethmann. Le Codex Gisleni est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque royale de La Haye : Den Haag, Koninklijke Bibliotheek, ms. 75 F 15.
  • [9]
    Le Codex Gisleni présente des césures différentes entre les livres : le livre II ne commence pas sur un nouveau folio, mais suit immédiatement la fin du livre I au fol. 74v°. En revanche, le livre III commence sur un nouveau cahier bien qu’une demi-page soit restée blanche après la fin du livre II au fol. 87r° : cf. T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 25.
  • [10]
    En 1615, Georges Colveneer avait encore pu consulter 49 chapitres de ce livre dans le Codex Gisleni. Dans son édition, il les a complétés à partir d’une autre copie du texte contenant 60 chapitres du livre III. Ce manuscrit du xiie siècle, alors conservé à Arras, est aujourd’hui perdu, mais il a cependant été copié vers 1482 à Saint-Vaast. Ce témoin est aujourd’hui conservé : Arras, Bibl. mun., ms. 398 (666).
  • [11]
    Selon E. Van Mingroot, « Kritisch onderzoek omtrent de datering van de Gesta episcoporum Cameracensium », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 53, 1975, p. 281-332 (spéc. p. 300), le premier auteur aurait écrit jusqu’au c. 50 ; la deuxième rédaction aurait ensuite inséré les c. 32-34 et 48, aurait terminé le c. 49 et ajouté les derniers chapitres (c. 51-60).
  • [12]
    Par exemple, l’attribution de la première partie du c. 49 à la première rédaction se fonde sur l’expression Ex quo au début de la première phrase. Or, cette expression ne lie pas ce chapitre avec les événements qui viennent d’être décrits, mais renvoie à la suite de la phrase : Ex quo domnus episcopus Gerardus urbem commissam primum intravit, videns… (Gesta episcoporum Cameracensium, III, 49, p. 483-484), ce que je traduirais par « Depuis la première fois que le seigneur évêque Gérard entra dans la ville… », ce qui rend le chapitre plus cohérent.
  • [13]
    T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 25-34.
  • [14]
    Pour la proximité des auteurs avec Gérard voir T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 16 et Ch. Mériaux, « La parole d’un évêque d’Empire », op. cit., p. 140-145.
  • [15]
    M. Sot, Gesta episcoporum, op. cit., p. 32.
  • [16]
    Les Gesta episcoporum Cameracensium (I, 16, p. 408) mentionnent l’existence d’un catalogus episcoporum.
  • [17]
    T. Riches, « Episcopal historiography », op. cit., p. 7-8.
  • [18]
    Ibid., p. 41-42.
  • [19]
    Par exemple, le c. 34 du livre I des Gesta (p. 415) signale le nom de trois évêques, tandis que l’évêque Vindicien – bien plus ancien – est le sujet de treize chapitres (I, 21-33, p. 409-414). Il faut noter que l’Historia Remensis Ecclesiae de Flodoard de Reims a clairement servi d’exemple pour l’organisation des Gesta episcoporum Cameracensium ; elle constitue une des principales sources du texte. Sur cet aspect, voir l’article de Michel Sot dans ce même numéro.
  • [20]
    Cette rupture est même soulignée dans la préface du livre II : Secundus (…) videtur ordo exigere. Sed (…) ordinis interruptione decrevimus (Gesta episcoporum Cameracensium, II, préface, p. 454).
  • [21]
    G. Duby, « Gérard de Cambrai », op. cit., p. 139 ; E. Van Mingroot, « Kritisch onderzoek », op. cit., p. 300.
  • [22]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 32-34, p. 478-479 ; E. Van Mingroot, « Kritisch onderzoek », op. cit., passim.
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    L’ordre non chronologique apparaît par exemple au c. 17 qui traite d’événements survenus en 1022, le c. 19 en 1018, et le c. 20 en 1015. Une logique associative peut être distinguée par exemple au c. 12 où Gérard agit de concert avec l’évêque de Liège. Aussitôt le texte se focalise sur les interventions de Gérard concernant le diocèse de Liège : aux c. 14-15, il est question de la réforme de Lobbes entreprise avec l’aide de Richard de Saint-Vanne ; le texte continue sur ce dernier sujet, avec au c. 16, un autre exemple de coopération entre Gérard et Richard, puis la fondation d’une abbaye au c. 18 ; le récit achève les affaires liégeoises (c. 19) et poursuit à propos d’une abbaye et des troubles que cause son advocatus (c. 20-21), ce qui donne lieu à deux histoires sur la mauvaise fin de seigneurs laïques antagonistes (c. 22-23). Cf. Gesta episcoporum Cameracensium III, 12-23, p. 469-473. Seule une nouvelle copie du texte aurait pu remanier un ordre initialement chronologique, or Georges Colveneeer n’a indiqué nulle part que l’ordre des chapitres était différent dans l’autographe (Chronicon Cameracense, op. cit., passim).
  • [25]
    On passe de son installation locale (c. 1-3) à sa politique religieuse et diplomatique régionale (c. 4-23), puis à sa présence sur la scène internationale (c. 24-38) jusqu’à sa proximité avec l’empereur (c. 35-38).
  • [26]
    Dans les monastères d’Hautmont (c. 6), de Lobbes (c. 15) et de Saint-Ghislain (c. 20-21). Il faut aussi signaler, hors du diocèse de Cambrai, la fondation de l’abbaye de Florennes (c. 18) et la nomination de Leduin à la tête de Saint-Vaast d’Arras pour remplacer Richard de Saint-Vanne (c. 16).
  • [27]
    À propos d’Hautmont, déjà présenté au livre II (c. 35), l’auteur précise plus loin que l’influence des seigneurs laïques ne doit être que consultative (Gesta episcoporum Cameracensium, III, 6 p. 468). La réforme de Saint-Ghislain souligne l’opposition de Gérard à l’influence laïque dans les élections abbatiales (ibid., III, 20-21, p. 472). La réforme de Lobbes est l’occasion d’affirmer les droits de Gérard (ibid., III, 15, p. 470).
  • [28]
    Chronicon Sancti Andreae, éd. L. Bethmann, dans MGH, Scriptores, t. VII, Hanovre, 1846, p. 526-550 ; Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 1-75. D’autres réformes sont passées sous silence comme à Maroilles et Maubeuge.
  • [29]
    Gérard appartenait à la famille dite d’Ardenne ; il fut éduqué à Reims, puis au sein de la chapelle impériale, où il entretenait de très bonnes relations avec l’empereur (E. Van Mingroot, « Gérard Ier de Florennes », op. cit., col. 742-751).
  • [30]
    T. Riches, « The Peace of God, the ‘weakness’ of Robert the Pious and the struggle for the German throne (1023-1025) », Early Medieval Europe, t. 18, 2010, p. 202-222.
  • [31]
    Voir supra n. 25.
  • [32]
    Le dossier sur Gautier suit le c. 39, qui indique la mort de l’empereur comme une raison importante de la rébellion du châtelain (Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39, p. 481). Le dossier sur la Paix de Dieu suit le c. 50, qui traite aussi de la mort de l’empereur et de ses conséquences pour Gérard (ibid., III, 50, p. 484-485).
  • [33]
    S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping », op. cit., p. 355.
  • [34]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 49, p. 483-484.
  • [35]
    Vita Gaugerici tertia, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, Acta Synodi Atrebatensis, op. cit., p. 129-188 ; voir aussi Ch. Mériaux, « Une Vita mérovingienne et ses lectures du ixe au xie siècle : le dossier de saint Géry de Cambrai », dans L’hagiographie mérovingienne à travers ses réécritures, éd. M. Goullet et al., Ostfildern, 2010, p. 161-191 qui met en doute l’idée selon laquelle le premier auteur des Gesta episcoporum Cameracensium serait celui de la Vita Gaugerici tertia.
  • [36]
    S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping », op. cit., p. 343-357 ; Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 1-75.
  • [37]
    Au minimum quatorze, voir ibid., p. XXV, n. 15.
  • [38]
    I. Voss, « La rencontre entre le roi Robert II et l’empereur Henri II à Mouzon et Ivois en 1023 », Annales de l’Est, t. 44, 1992, p. 3-14.
  • [39]
    Pour Géry, voir, par exemple, Gesta episcoporum Cameracensium, I, 12, p. 407 (Preter quod in gestis beati Gaugerici (…) legimus) et ibid., II, 4, p. 456 ; voir aussi supra n. 35. Pour Aubert, voir Gesta episcoporum Cameracensium, I, 9, 17 et 20, p. 407-409, et, plus explicitement, ibid., I, 78, p. 430. Cette Vita a été rééditée dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 77-128 ; cf. Ch. Mériaux, « Hagiographie et réforme à Cambrai au début du xie siècle : la Vita Autberti et son auteur », dans Zwischen Niederschrift und Wiederschrift. Hagiographie und Historiographie im Spannungsfeld von Kompendienüberlieferung und Editionstechnik, éd. R. Corradini et al., Vienne, 2010, p. 335-350.
  • [40]
    Pour saint Vaast, voir par exemple Gesta episcoporum Cameracensium, I, 9, p. 407 ; pour saint Ghislain, voir ibid., II, 40, p. 464 ; pour Gudule, voir ibid., I, 16, p. 408.
  • [41]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39-48 p. 481-483 ; S. Vanderputten et D. J. Reilly, « Reconciliation and record keeping », op. cit., p. 355.
  • [42]
    Ils ont été réédités récemment sous le nom de documenta miscellanea dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 189-237.
  • [43]
    M. Sot, Gesta episcoporum, op. cit., p. 49-50.
  • [44]
    Par exemple pour Géry, voir Gesta episcoporum Cameracensium, I, 13 et 15, p. 408 ; pour Aubert, ibid., I, 18, p. 408 et II, 39, p. 464 ; pour Vaast, ibid., I, 6 et 9, p. 406-407.
  • [45]
    Les autres Vitae sont la Vita Humberti et Vita Vincentii Maldegarii : voir Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. XXVI-XXVII et A.-M. Helvétius, « Réécriture hagiographique et réforme monastique : les premières Vitae de saint Humbert de Maroilles (xe-xie siècles) », dans La réécriture hagiographique dans l’Occident médieval. Transformations formelles et idéologiques, éd. M. Goullet et M. Heinzelmann, Ostfildern, 2003, p. 195-230.
  • [46]
    Pour ces éléments de la vie de Géry, voir la Vita Gaugerici tertia dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, op. cit., p. 129-188. Géry aurait nommé son frère Landon comme premier abbé du monastère suburbain de Saint-Médard. Pour Gérard, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 1, p. 465. On lit ailleurs qu’il a nommé son frère Eilbert comme premier abbé du monastère de Saint-André dont il était le fondateur (Chronicon Sancti Andreae, op. cit., I, 13, p. 529), même si celui-ci est bien mentionné dans les Gesta episcoporum Cameracensium, II, 3, p. 455. Gérard a dû convaincre l’empereur de recevoir l’ordination épiscopale à Reims et non à Bamberg (ibid., III, 2, p. 466).
  • [47]
    Pour la dédicace de la cathédrale, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 49, p. 483-484.
  • [48]
    I. Voss, « La rencontre », op. cit., p. 3-14.
  • [49]
    Voir supra n. 39.
  • [50]
    Pour Hautmont, Aubert et Gérard sont évoqués ensemble dans le livre II (c. 35) et Gérard seul dans le livre III (c. 6). Pour Lobbes et Saint-Ghislain, Aubert est cité dans le livre II (c. 37 et 40), mais Gérard seulement dans le livre III (c. 15 et 20-21). Pour Maubeuge, seul Aubert est signalé dans les Gesta episcoporum Cameracensium (II, 36), bien qu’on sache que Gérard a joué un rôle dans sa réforme.
  • [51]
    Gesta episcoporum Cameracensium, I, 51-59, p. 419-422.
  • [52]
    Gérard était très impliqué dans la réforme de Lobbes, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 15, p. 470 et n. 27. Pour la querelle avec Laon, voir ibid., III, 24-26, p. 473-474 et R. T. Coolidge, « Adalbero bishop of Laon (977-1030) », Studies in Medieval and Renaissance history, t. 2, 1965, p. 1-114.
  • [53]
    Sur Fulbert, voir Gesta episcoporum Cameracensium, I, 70-79, p. 426-431 et C. Mériaux, « Fulbert, évêque de Cambrai et d’Arras (933/934 † 956) », Revue du Nord, t. 356-357, 2004, p. 525-542. Fulbert aurait trompé le roi en lui envoyant d’autres reliques que celles de Géry et Aubert, comme il le lui avait demandé. Sur Gérard et la crise rémoise, voir Gesta episcoporum Cameracensium, III, 29-31, p. 477-478.
  • [54]
    A. Dierkens, Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse (viie-xie siècles). Contribution à l’histoire religieuse des campagnes du haut Moyen Âge, Sigmaringen, 1985, p. 91-136.
  • [55]
    L’intervention des évêques de Cambrai à Lobbes est rappelée à plusieurs reprises par les Gesta episcoporum Cameracensium (I, 43, 55, 65 et 105 ; III, 15).
  • [56]
    Le monastère Saint-Vaast disposait d’un faux privilège d’exemption de l’évêque Vindicien (Gesta episcoporum Cameracensium, I, 107, p. 446) et accordait donc beaucoup plus d’attention à cet évêque dans sa propre version de l’histoire qu’à saint Aubert, présenté par Gérard dans la Vita Autberti et les Gesta episcoporum Cameracensium comme le vrai fondateur de l’abbaye. Voir, sur ce débat, S. Vanderputten, « Universal historiography as process ? Shaping monastic memories in the eleventh-century Chronicle of Saint-Vaast », dans The life of universal chronicles in the high Middle Ages, éd. M. Campopiano, York, sous presse.
  • [57]
    Diane Reilly a relevé dans l’iconographie cambrésienne des éléments qui coïncident avec les idées exprimées dans les Gesta episcoporum Cameracensium ainsi qu’à la politique de Gérard : cf. D. J. Reilly, The art of reform, op. cit., passim. Michel Sot a aussi remarqué que, de même que Gérard avait rebâti sa cathédrale, il avait construit, avec les Gesta episcoporum Cameracensium, l’histoire de son Église (M. Sot, Gesta episcoporum, op. cit., p. 19).
  • [58]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39-48 p. 481-483 ; cf. D. Barthélemy, L’an Mil et la paix de Dieu. La France chrétienne et féodale (980-1060), Paris, 1999, p. 445.
  • [59]
    L. Jégou, « L’évêque entre autorité sacrée et exercice du pouvoir », op. cit. ; G. Duby, « Gérard de Cambrai », op. cit., p. 139 ; R. Stein, Reality fictions, op. cit., p. 149-165.
  • [60]
    Gesta episcoporum Cameracensium, III, 39, p. 481 : ut lector videlicet pius patientiam episcopi conpatiens admiretur, et immensam tiranni sevitiam cum admiratione deploret.
  • [61]
    Bruno Judic a montré l’importance des idées grégoriennes pour Gérard : cf. B. Judic, « La diffusion de la Regula Pastoralis de Grégoire le Grand dans l’Église de Cambrai, une première enquête », Revue du Nord, t. 76, 1994, p. 207-230.
  • [62]
    Selon Geoffrey Koziol, Gérard n’avait pas d’autre choix que d’accepter les serments de Gautier, même s’il savait bien qu’ils n’étaient pas sincères : cf. G. Koziol, Begging pardon and favor. Ritual and political order in early Medieval France, Ithaca/Londres, 1992, p. 319-321.
  • [63]
    Une exception importante est l’évêque Bérenger, au milieu du xe siècle, qui est présenté comme le mauvais évêque par excellence : cf. Gesta episcoporum Cameracensium, I, 80-84, p. 431-432.
  • [64]
    Vita Autberti, VIII, dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, p. 108.
  • [65]
    Vita Gaugerici, dans Acta synodi Atrebatensis, éd. S. Vanderputten et D. J. Reilly, p. 171-172.
  • [66]
    Gesta episcoporum Cameracensium, I, 84, p. 432.
  • [67]
    Ibid., I, 19, p. 409 et II, 37, p. 463.
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