Couverture de RDN_370

Article de revue

La force électorale des droites septentrionales. Deuxième partie : l'entre-deux-guerres

Pages 261 à 294

Notes

  • [1]
    Les sources de cette communication qui porte plus spécialement sur l’évolution de la puissance politique des droites septentrionales à travers l’analyse des élections législatives ont été : aux Archives départementales du Nord : Série M, cotes 37/75 (1919), 76 (1924), 78-79 (1926), 80-84 (1928), 85-88 (1932), 90-94 (1936) ; aux Archives départementales du Pas-de-Calais : série M 175/1 et 2 (1919), 176 (1924), 177/1 et 2 (1928), 179/1 et 2, 180 et 181 (1932), 182-186, 188, 196 (1936) ; M 187 pour l’élection partielle des 10 et 17 mars 1935.
    Ont été consultés :
    • J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires français (1889-1940), Paris, PUF, 1960-1977 ;
    • plusieurs mémoires de maîtrise : P. Chanourdie, J. Grau, G. Mayeur, G. Taufour, G. Wartelle, Les élections législatives de 1936 dans le Nord, sous la direction de M. Gillet, Lille 3, 1969 ; L. Haddad et M.-T. Leurette-Verbrugghe, Les élections législatives de 1936 dans le Pas-de-Calais, sous la direction d’Y.-M. Hilaire, Lille 3, 1972 ; J.-Y. Léopold, Les élections législatives dans l’arrondissement de Montreuil de 1889 à 1936, sous la direction de J.-C. Montant, Université d’Artois, 1993 ; É. Leroy, Les élections de 1924 dans le département du Nord, sous la direction d’Y.-M. Hilaire, Lille 3, 1979 ; C. Nassar-Debyser, Évolution politique dans la région de Dunkerque entre 1919 et 1939, sous la direction de M. Gillet, Lille 3, 1970 ; A. Pavy, La vie politique à Saint-Omer dans l’entre-deux-guerres, Master 1, sous la direction de J. Vavasseur-Desperriers, Lille 3, 2005 ;
    • plusieurs ouvrages : Y.-M. Hilaire, A. Legrand, B. Ménager, R. Vandenbussche, Atlas électoral NordPas-de-Calais, 1876-1936, Villeneuve-d’Ascq, PUL, 1977 ; B. Ménager, J.-P. Florin, J.-M. Guislin, Les parlementaires du NordPas-de-Calais sous la IIIe République, Villeneuve-d’Ascq, CRHEN-O, 2000 ; J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate. L’Abbé Lemire 1853-1928, Tournai, Casterman, 1968 ; J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République, 1870-1940, Paris, Seuil, 1984 ; Le Nord de la préhistoire à nos jours, Jean-Pierre Wytteman (dir.), Saint-Jean-d’Angély, Bordessoules, 1988 ; Le Pas-de-Calais, de la préhistoire à nos jours, Alain Nolibos (dir.), Saint-Jean-d’Angély, Bordessoules, 1988.
  • [2]
    Sauf en 1928 ; les élections de 1919 étant, quant à elles, plus difficiles à analyser.
  • [3]
    La loi sectionne huit départements.
  • [4]
    J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate, l’Abbé Lemire, op. cit., p. 541.
  • [5]
    Atlas électoral, op. cit., p. 179.
  • [6]
    J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième république, op. cit., p. 256.
  • [7]
    Qui devient URD (Union républicaine et démocratique) après les élections de 1924.
  • [8]
    « 14 circonscriptions voient les radicaux se présenter seuls mais sans concurrents socialistes, dans 3 cas les socialistes vont seuls à la bataille, mais sans adversaires radicaux », J.-J. Becker, S. Berstein, Victoire et frustrations. 1914-1929, Paris, Seuil, 1990, p. 243.
  • [9]
    Ibid., p. 242-243.
  • [10]
    J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate. L’Abbé Lemire, 1853-1928, op. cit., p. 586.
  • [11]
    On y trouve notamment le capitaine Maire, le vice-amiral Besson et Georges Butor-Blamont, négociant en vin à Hucqueliers. Elle ne réalise, par exemple, que 9,45 % des exprimés dans l’arrondissement de Montreuil.
  • [12]
    J. Vavasseur-Desperriers, République et liberté. Charles Jonnart, une conscience républicaine (1857-1927), Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1996, p. 306 et 304.
  • [13]
    AD Nord, M 37/764
  • [14]
    Le 26 mars 1924, Delesalle, Lemire et Macarez accordent leur confiance au cabinet Poincaré, Lefebvre et Loucheur s’abstiennent, Daniel-Vincent – comme la majorité des députés – la refuse.
  • [15]
    Sans compter 28 communistes hors cartel.
  • [16]
    Et 49,6 % à Steenvoorde.
  • [17]
    J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate. L’abbé Lemire, 1853-1928, op. cit., p. 591.
  • [18]
    29,8 % à Tourcoing-nord.
  • [19]
    Dans la 2e section, la liste radicale arrive deuxième avec de bons résultats à Calais nord-ouest, Fruges et les deux cantons de Saint-Omer.
  • [20]
    À Fruges, ils arrivent en deuxième position (39,46 %).
  • [21]
    Les deux cantons de Saint-Omer leur échappent, mais ils approchent les 50 % dans Saint-Omer-nord, et reculent de près de 3 points dans Saint-Omer-sud.
  • [22]
    J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République, op. cit., p. 284-285.
  • [23]
    Atlas électoral, op. cit., p. 217. Il y a cependant quelques querelles fratricides à Dunkerque II, Lille X, Boulogne I et II, Montreuil, Saint-Omer.
  • [24]
    À Avesnes I et Valenciennes I, les radicaux Loucheur et Cuisset n’ont pas d’adversaire à droite, mais à Hazebrouck I, la droite présente René Faure contre Bonte qui se réclame de l’abbé Lemire récemment décédé.
  • [25]
    J.-J. Becker, S. Berstein, op. cit., p. 299-300.
  • [26]
    Ibid., p. 307.
  • [27]
    Alexandre Crespel ne se représente pas.
  • [28]
    La plupart siège parmi les républicains de gauche ; Carlier, Debève et Deligne adhèrent à la gauche radicale, tout comme Loucheur élu à Avesnes I et qui parfait son implantation en abandonnant le canton de Merville pour celui d’Avesnes-nord aux élections cantonales de l’automne 1928, avec l’appui de son ami Daniel-Vincent passé au Sénat en 1927.
  • [29]
    La SFIO y parvient dans 2.
  • [30]
    Cf. J. Vavasseur-Desperriers, in Histoire de Béthune et de Beuvry, Alain Derville (dir.), Dunkerque, Westhoek-Éditions/Éditions des Beffrois, 1985, p. 233.
  • [31]
    J.-P. Wytteman (dir.), op. cit., p. 308.
  • [32]
    À Lille I, le radical indépendant Bataille se présente contre Nicolle. À Avesnes III, le républicain de gauche Gullet s’oppose au radical indépendant sortant Carlier qui vient d’être battu aux élections sénatoriales.
  • [33]
    Un URD dissident, Brousselle, n’obtient que 130 voix au premier tour.
  • [34]
    Dans ce dernier cas, il ne s’agit pas vraiment d’une conquête puisque le sortant Guersy s’était nettement rapproché du centre droit.
  • [35]
    Qui vont siéger respectivement parmi les républicains de gauche, la gauche radicale et l’URD.
  • [36]
    Ce groupe, présidé par le député du Doubs Georges Pernot est fort de 18 membres qui n’adhèrent pas au nationalisme de l’URD incarné par Louis Marin (d’après J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République. 1870-1940, op. cit., p. 327). Cf. Jordane Renard, Le groupe républicain et social (dit groupe Pernot) à la Chambre des députés, 1932-1936, mémoire de Master 1 sous la direction de Jean Vavasseur-Desperriers, Lille 3, 2007.
  • [37]
    J.-P. Wytteman (dir.), op. cit., p. 308. À Lille X, Groussau est réélu au second tour grâce au maintien du radical Van Rullen qui attire des voix d’électeurs socialistes du premier tour qui ne peuvent se résoudre à voter pour le candidat communiste Declercq.
  • [38]
    Ainsi qu’à Valenciennes III.
  • [39]
    Fondé en 1927 par Fleurant Agricola, ce parti est l’instrument parlementaire des Chemises vertes de Dorgères. De Sainte-Maresville obtient 11,84 % des inscrits, avec des pointes à 35,19 % dans le canton de Campagne-les-Hesdin, 64,71 à Sainte-Maresville (canton d’Étaples). Entre les deux tours trois députés radicaux viennent soutenir Decréquy et lors d’une réunion électorale agitée à Étaples, Elbel, député des Vosges, perd un œil. [J.-Y. Léopold, op. cit., p. 61-63].
  • [40]
    Par exemple, dans les cantons de Calais sud-est, Cambrin, Vimy et dans d’assez nombreux cantons du Nord. Cf. Louis Spriet, Les élections cantonales de l’automne 1934 dans le Nord, laboratoire du Rassemblement populaire ?, mémoire de Master 1 sous la direction de Jean-Marc Guislin, Lille 3, 2007.
  • [41]
    J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République 1870-1940, op. cit., p. 347.
  • [42]
    À Lille IV, le PDP Henaux ne souffre guère de la concurrence du radical indépendant Martel.
  • [43]
    À Cambrai II, Deligne s’est retiré de la vie politique. À Lille VI, l’indépendant Rousselle ne gêne guère le radical indépendant sortant Desprez-Potié.
  • [44]
    Cf. Julien POIX, Henri Becquart (1881-1953), un modéré au carrefour des droites, mémoire de Master 1, sous la direction de Jean Vavasseur-Desperriers, Lille 3, 2007.
  • [45]
    Où le siège de des Rotours, entré au Sénat en 1935, est vacant.
  • [46]
    Léon Abrami qui penche de plus en plus à droite, a démissionné en janvier 1936 et ne se représente pas.
  • [47]
    Delesalle voudrait dégager Decréquy des voix de l’extrême gauche et grouper sur son nom toutes les voix du centre (J.-Y. Léopold, op. cit., p. 65).
  • [48]
    Les Croix de feu seraient 300 à Béthune, 500 dans l’arrondissement de Saint-Omer ; 2500 personnes auraient assisté à une réunion à Lens le 15 octobre 1935… S’ils ne présentent pas de candidat, ils constituent toutefois des commissions de surveillance auxquelles répondent, à gauche, des comités de sécurité (AD Pas-de-Calais, M 2388, M 2423, lettres du préfet au ministre de l’Intérieur, 24 mai et 7 octobre 1935 ; M 186, lettre du sous-préfet de Béthune, 24 février 1936).
  • [49]
    Elle semble bénéficier du renfort d’électeurs socialistes réfractaires au vote communiste. Elle ne recule qu’à Lille IX.
  • [50]
    La droite et le centre obtiennent plus de 50 % des inscrits à Bergues, Hondschoote, Wormhoudt, Cassel, Bailleul sud-ouest et Lille centre.
  • [51]
    Plus de 50 % des inscrits dans les circonscriptions de Saint-Pol (4 cantons), de Saint-Omer II (6 cantons), dans les cantons de Beaumetz-les-Loges et Pas-en-Artois (Arras II), Laventie (Béthune I), Desvres et Guînes (Boulogne III).
  • [52]
    La bataille y est très serrée : au premier tour, le sortant Tillie améliore ses résultats avec 46,8 % des suffrages exprimés, mais au second tour, le radical-socialiste Isoré qui profite du parfait report des voix à gauche et d’une légère augmentation de la participation, l’emporte (50,8 %) [A. Pavy, La vie politique à Saint-Omer dans l’entre-deux-guerres, mémoire de Master 1 sous la direction de J. Vavasseur-Desperriers, Université Charles-de-Gaulle – Lille 3, 2005, p. 31-33]. Entre les deux tours, des heurts ont opposé, à Saint-Omer, des Croix de feu et des socialistes [A. Derville, Histoire de Saint-Omer, p. 209].

1À la veille de la première guerre mondiale, la droite septentrionale apparaissait en perte de vitesse et semblait souhaiter parfois l’intégration dans un front anticollectiviste pour tenter de faire face plus efficacement à la constante montée socialiste. Dans l’entre-deux-guerres, en dépit de l’attachement à l’unité de nombreux électeurs et du mode de scrutin qui la favorise (scrutin de liste départementale), malgré la poussée de la gauche et de l’extrême gauche, le regroupement du centre et de la droite ne s’opère immédiatement que dans le Pas-de-Calais tandis qu’il n’est réalisé dans le Nord – où le centre est plus faible – qu’à partir des élections partielles de 1926, et encore il n’est jamais parfait [1]. Jusqu’en 1914, on distinguait assez nettement la droite [catholiques plus (ALP) ou moins ralliés à la République, républicains libéraux et conservateurs (FR)] et le centre [ARD, radicaux modérés], mais à l’épreuve du conflit, le centre s’est en partie mué en centre droit et les deux tendances vont plus ou moins ensemble à la bataille. Il est donc difficile de distinguer les voix de droite de celles de centre droit dans une compétition qui devient de plus en plus bipolaire avec le retour au scrutin d’arrondissement en 1928. Toutefois, des listes ou des candidatures dites de centre gauche continuent d’être présentées et peuvent abriter des hommes du centre droit.

2Entre 1919 et 1936, on constate, après une progression constante dans les années 1920 et une nette domination en sièges en 1928 et 1932 (plus de la moitié), un affaiblissement des droites qui passe de 17 à 9 députés, parmi lesquels ceux du centre droit sont toujours plus nombreux, sauf en 1936, et grâce au Pas-de-Calais, le département voisin désignant plus volontiers des candidats de droite [2]. Ce déclin est plus marqué en sièges où la perte est d’environ 50 %, qu’en voix puisque les résultats de la droite et du centre droit par rapport aux inscrits se stabilisent autour de 38 % à partir de 1928, avant de fléchir de près de 9 points en 1936 dans le Nord où l’on enregistre, en outre, plusieurs candidatures d’extrême droite.

3Les élections législatives du 18 novembre 1919 se déroulent dans un climat très différent de celui de 1914 où la droite était dominée dans le Nord par des catholiques de plus en plus conservateurs tandis que dans le Pas-de-Calais une droite républicaine et laïque restait influente. Le premier conflit mondial a radicalement changé la donne : politiquement, une bonne partie de l’opinion juge positif l’apaisement des luttes partisanes et religieuses ; économiquement et socialement, la guerre a coûté des milliers de vies et entraîné de multiples destructions matérielles ainsi que l’appauvrissement de nombreux Français.

4Dans la France septentrionale, la population a diminué d’un tiers, il y a donc moins d’électeurs et moins de militants. La reconstruction, à peine amorcée, et dont les électeurs s’irritent déjà de la lenteur, ne diminue pas les incertitudes économiques auxquelles s’ajoutent les incertitudes politiques liées au bouleversement démographique et au changement de mode de scrutin. Par la loi du 12 juillet 1919, le scrutin de liste départemental combinant la représentation proportionnelle et une prime à la majorité remplace le scrutin d’arrondissement (uninominal majoritaire à deux tours). Les électeurs peuvent établir une liste incomplète et pratiquer le panachage. Conformément au même texte, les départements conserve « à titre transitoire », autant de députés qu’en 1914, vingt-trois pour le Nord, quatorze pour le Pas-de-Calais qui, en vertu de la loi du 14 octobre 1919, est divisé en deux sections : la première regroupant les arrondissements de Boulogne, de Montreuil et de Saint-Omer a droit à six députés ; la seconde regroupant les arrondissements d’Arras, Béthune et Saint-Pol en a droit à huit [3]. Le Nord, malgré l’intervention du modéré Guislain, mais à l’instigation de l’abbé Lemire et de Gustave Delory, échappe au sectionnement [4].

5« La mystique de l’unité est restée vivace chez les électeurs » [5] et n’est pas sans conséquences sur l’attitude des partis, notamment la SFIO. Toutefois, le Bloc national ne fonctionne que dans le Pas-de-Calais où domine le centre droit (Ribot, Jonnart) et où la droite catholique est plus modérée que dans le Nord. À Lille, le positionnement marqué des leaders interdit toute alliance avec le parti radical qui est très sourcilleux quant au respect de la laïcité et souhaite garder le contact avec la SFIO. Il est donc plus aisé d’y évaluer la puissance électorale de la droite que dans le département voisin où ne se présentent que deux candidats pouvant véritablement être classés à « droite » au milieu de colistiers ARD pour la plupart ou radicaux-socialistes : Edmond Lefebvre du Prëy, député sortant (Saint-Omer I), maire de Saint-Omer, dans la première section et Maurice Tailliandier, ancien combattant dont le frère député (Arras II) est mort à Bapaume en 1917, en compagnie du socialiste Raoul Briquet, alors qu’ils y organisaient la distribution des secours, dans la seconde. On pourrait encore citer Jean Paris, ex-ALP, conseiller municipal et général d’Arras…

Pourcentages des voix obtenues par la droite et le centre droit par rapport aux inscrits dans chaque département et en France

Pourcentages des députés de droite et de centre droit (et assimilés) par rapport à l’ensemble de la représentation de chaque département et par rapport à l’ensemble de la représentation des deux départements

6Dans le Nord, la droite affronte une liste SFIO, une liste du centre présentée par la Fédération républicaine du Nord et intitulée « Liste pour la reconstruction du Nord ». Emmenée par les ministres Daniel-Vincent et Louis Loucheur ainsi que par l’abbé Lemire – qui depuis 1914 souhaite la fondation d’un parti républicain modéré dans le Nord –, elle regroupe des radicaux-socialistes, des centristes radicalisants et des radicaux modérés plus ou moins proches de l’ARD (Charles Delesalle, Louis Loucheur, René Lefebvre, Ernest Macarez) ainsi que quelques membres de la droite progressiste. Sur la liste de la droite, intitulée Liste d’Union nationale et républicaine, ne figurent que dix-sept noms parmi lesquels les leaders traditionnels et députés sortants (le républicain libéral Vandame et les ex-ALP Groussau et Plichon, ce dernier est ancien combattant) ainsi que quelques hommes nouveaux comme le démocrate populaire Victor Diligent. Regrettant l’absence du Bloc national et le caractère incomplet de la liste de droite, L’Écho du Nord établit sa propre liste substituant à six candidats de la liste du centre, pour la plupart radicaux, les principaux leaders de la droite catholique. La droite, soutenue par La Croix, La Dépêche, Le Journal de Roubaix, fait campagne autour de quelques thèmes : la complète liberté d’enseignement et d’association, la plus grande vigilance vis-à-vis de l’Allemagne, l’antibolchevisme.

7Si au niveau national, le centre et la droite sont victorieux avec 4,3 millions de suffrages et 338 élus alors que « la gauche, victorieuse en 1914, connaît un sensible reflux » [6] avec 3,5 millions de voix et 288 députés, il n’en va de même dans la France septentrionale. Dans le Nord, la droite recule de près de 12 points de 27,93 % à 16,1 % des inscrits et elle n’arrive qu’en troisième position. C’est une grave défaite, notamment dans les Flandres et la vallée de la Lys, qui s’explique par la concurrence de la liste centriste qui contribue à l’éparpillement des voix. En effet, certains catholiques demeurent fidèles à l’abbé Lemire tandis que de nombreux habitants d’une zone sinistrée espèrent bénéficier de la médiation efficace du ministre de la Reconstruction. De plus, il apparaît que six des huit élus de cette liste sont proches du centre droit : Delesalle, Lemire, Loucheur, Macarez, Verniers rejoignent les républicains de gauche, tandis que René Lefebvre rejoint la gauche républicaine et démocratique. La droite passe de six à cinq sièges : aux trois sortants réélus se joignent Alexandre Crespel, conseiller d’arrondissement et maire de La Bassée ainsi que Guillaume des Rotours, conseiller d’arrondissement d’Orchies et ancien combattant, qui tous deux s’inscrivent à l’ERD [7] (Entente républicaine démocratique, expression parlementaire de la FR), tout comme Plichon et Vandamme, alors que Groussau siège parmi les indépendants. Dans le Pas-de-Calais, les listes centristes réalisent 43,4 % des voix par rapport aux inscrits. Celle de la première section voit tous ses candidats (six) élus. Quatre adhèrent au groupe des républicains de gauche, expression parlementaire de l’ARD (Abrami, Boulanger, Lemoine, Morel) ; Edmond Lefebvre du Prëy, pour sa part, rejoint l’ERD. Les socialistes emportent la totalité des sièges dans la deuxième section du Pas-de-Calais (huit élus) et enlèvent dix sièges dans le Nord.

8Dans ce département, la droite n’est majoritaire dans aucun arrondissement ni canton. Elle réalise ses meilleurs scores et arrive première dans les cantons de Wormhoudt (35,7 %), Hondschoote (35,2 %), Bergues (33,7 %), et Bourbourg (31,1 %) qui correspondent à l’ancienne circonscription de Dunkerque II dont les électeurs sont peut-être fidèles à l’engagement et à la mémoire de leur ancien député ALP, Claude Cochin, valeureux combattant emporté par la grippe espagnole en décembre 1918. Elle résiste également dans les cantons de La Bassée (33,1 %), d’Orchies (31,3 %) et de Lille centre (31,2 %) où elle bénéficie sans doute de l’influence respective de Crespel, des Rotours et Vandame. Partout ailleurs elle fait moins de 30 % des voix (sauf à Steenwoorde) et n’arrive jamais première (sauf à Quesnoy-sur-Deûle, un des deux cantons de l’ancienne circonscription de Groussau, Lille IX). Le recul est sévère dans l’arrondissement d’Hazebrouck et donc inquiétant pour Plichon à proximité des terres duquel Loucheur s’installe bientôt (canton de Merville) ; il l’est également dans l’ancienne circonscription de Dansette, décédé en 1918 (Lille VI, Cysoing, Pont-à-Marcq, Seclin). Dans le Pas-de-Calais, Lefebvre du Prëy et Tailliandier ne sont pas prophètes en leur pays (Saint-Omer, Vimy) ; dans la première section, la liste du Bloc national obtient plus de 50 % des voix par rapport aux inscrits dans 16 cantons sur 21, dans la seconde elle réalise quelques excellents scores dans des bastions conservateurs (Beaumetz-les-Loges, Laventie) qu’elle confirme quatre ans et demi plus tard.

9Les élections du 11 mai 1924 se déroulent dans un contexte différent. De la poursuite de l’Union sacrée, on passe à l’affrontement droite/gauche. Le mode de scrutin de 1919 est conservé mais la loi du 15 mars 1924 interdit les listes incomplètes alors qu’elle autorise toujours le panachage. Celle du 11 avril 1924 qui est fondée sur le recensement de 1921 ramène le nombre total de députés 616 à 584, mais le Nord gagne un siège tandis que le Pas-de-Calais, malgré les demandes de la droite et du centre, garde son sectionnement. Le cartel des gauches, accord électoral entre le parti radical et la SFIO n’est pas réalisé dans les deux départements septentrionaux (au niveau national, il est réalisé dans 50 départements et dans 57 circonscriptions sur 97) [8], où l’influence guesdiste a imposé des listes socialistes homogènes. Plus à gauche le PCF présente des listes du Bloc ouvrier et paysan. En face, la droite et les centristes vont également à la bataille en ordre dispersé. « Derrière Poincaré se rassemble un centre droit qui a fait partie de la majorité du Bloc national mais n’entend pas s’identifier à elle », en rappelant son attachement à la laïcité et en « ne se résignant pas à la rupture avec les radicaux » [9]. Plus à droite, l’aile droite et « noyau dur » du Bloc national, est nettement conservatrice, cléricale et favorable à Millerand, le président de la République, qui, contrairement aux usages républicains, intervient dans la campagne électorale et souhaite un renforcement du pouvoir exécutif.

10Ainsi, dans le Nord, le schéma de 1919 se renouvelle avec la liste de la Fédération républicaine et celle de l’Entente républicaine. La première présente six députés sortants : l’abbé Lemire, Charles Delesalle, Ernest Macarez, René Lefebvre, Daniel-Vincent et Louis Loucheur ; ces deux derniers après avoir critiqué Poincaré reviennent au gouvernement le 29 mars 1924 en tant que ministre du Commerce et de l’Industrie et ministre du Travail et de l’Hygiène. On y trouve aussi le neveu d’Eugène Motte, présence qui explique sans doute que cette fois Le Journal de Roubaix exprime « une discrète sympathie » pour Loucheur et ses amis [10]. Le conservatisme de la liste de droite est révélée par son allégeance sans enthousiasme à la République, illustrée par Auguste Bergerot et Octave d’Hespel, héritiers de propriétaires châtelains monarchistes, par son nationalisme affirmé dans son soutien à l’occupation de la Ruhr, par sa défense du catholicisme qu’incarnent notamment le démocrate chrétien Victor Diligent ou Maurice Thellier de Poncheville, fils du grand orateur catholique et ex-député de Valenciennes. Avec Octave d’Hespel, président de la Fédération agricole du Nord de la France, Louis Nicolle, président de la Société industrielle du Nord de la France ou René Faure, maire d’Oxelaëre, conseiller d’arrondissement pour le canton de Cassel, défenseur des victimes de guerre, des familles nombreuses et des intérêts agricoles, elle milite pour la collaboration de classes et la « défense sociale ». Elle est emmenée par Plichon qui après un séjour de quatre ans au Palais du Luxembourg tente, après sa défaite, de revenir au Palais-Bourbon, et par les trois députés sortants Groussau, Crespel et des Rotours. Vandamme qui, pour des raisons de santé, n’est pas candidat, est remplacé par son fils mais en dernière position. Dans le Pas-de-Calais, dans la première section, la liste d’Union républicaine reconduit cinq des six sortants, le républicain de gauche Lemoine, décédé en 1923, étant remplacé par le général Victor de Saint-Just, conservateur et clérical, maire d’Ardres. Dans la seconde section, la liste de Concentration républicaine et sociale est en grande partie renouvelée après son échec de 1919 puisqu’elle ne conserve qu’un seul ancien candidat, Jean Paris. Elle s’est ainsi séparée de Maurice Tailliandier, représentant de la droite conservatrice, malgré son beau score en 1919 et fait une bonne place aux républicains de gauche solidement implanté dans des fiefs conservateurs comme Louis Couhé, conseiller général de Laventie ou Alfred Salmon, maire de Pernes-en-Artois et conseiller général d’Heuchin. Elle est concurrencée par une liste des « familles nombreuses », très conservatrice et dont le résultat est négligeable [11]. Mais cette fois-ci, en outre, dans les deux sections, les radicaux présentent également leurs listes, résolument hostiles à la politique du Bloc national et incluant des républicains de gauche ou des républicains socialistes. Dans la deuxième section, Legillon, ancien de la liste d’Union républicaine de 1919, emmène la liste radicale.

11Lors de la campagne électorale, la droite insiste à nouveau sur le péril bolchevique, le danger d’éventuelles concessions à l’Allemagne, le risque de voir se rallumer « la guerre religieuse », l’anticléricalisme étant, en grande partie, « le ciment » du cartel des gauches [12]. Son ton est volontiers alarmiste, à l’image de la profession de foi de la liste Plichon :

12

« Du résultat des élections du 11 mai dépendra le sort de la France : il n’y aura à la prochaine Chambre que deux partis : celui qui s’appuiera sur les socialistes, capitulera devant l’Allemagne, mènera le pays à la misère et peut-être à une révolution sanglante ; et celui qui se réclame de l’union de toutes les classes pour pratiquer une politique d’ordre et de progrès : union qui est seule capable de nous donner les bienfaits de la paix comme elle nous a permis de gagner la guerre » [13].

13Elle regrette l’absence de liste d’union et dénonce le volte-face du centre, la duplicité de Daniel-Vincent et Loucheur qui font supporter le poids des mesures impopulaires pour sauver le franc aux seuls conservateurs constamment fidèles à Poincaré [14]. L’Action française recommande de voter pour la liste de droite mais en rayant Nicolle, Diligent et Langlais (directeur de La Dépêche) en raison de leur attitude hostile aux royalistes. Toutes les listes se prononcent contre le panachage stigmatisé par le néologisme « panachardage » dans Le Télégramme qui y voit « l’arme des radicaux » (30 avril), alors que L’Écho du Nord et L’Avenir d’Arras y sont favorables.

14La participation très importante en France avec un taux supérieur à 83 %, la plus forte depuis 1871, est encore supérieure dans le Nord (89 %) et dans le Pas-de-Calais. Les enjeux de politique intérieure et de politique extérieure ont semblé très importants aux électeurs qui se sont mobilisés. En voix, les adversaires du cartel l’emportent, mais en sièges, ils sont nettement minoritaires avec environ 230 élus contre 327 au cartel [15]. La droite proprement dit obtient plus de 3,5 millions de voix et 132 sièges. Dans le Nord, elle obtient une moyenne de 104 225 voix, soit 20,53 % des inscrits ; elle progresse de 14 000 voix mais avec 50 000 suffrages exprimés en plus. Elle conserve ses cinq sièges au profit de Guillaume des Rotours (119 236 voix), Jean Plichon (119 035 voix), Alexandre Crespel (118 129 voix), Constant Groussau (117 885 voix) et Louis Nicolle (117 855 voix). Le centre, avec une moyenne de 109 566 voix obtient 5 sièges contre 8 en 1919, la SFIO avec une moyenne de 156 219 voix en obtient 11. Avec un recul de 50 000 voix (notamment en Flandre), soit cinq points et la perte de trois sièges, le centre est le grand perdant de la consultation. En raison de son soutien à éclipses à Poincaré, il est certes bénéficiaire d’un double panachage, mais il est aussi, et encore plus, victime de la polarisation du vote. Seule la liste de l’Entente républicaine parvient à obtenir plus de 50 % des inscrits dans quelques cantons : Wormhoudt (52,3 %), Cassel (54 %) [16] et Bailleul sud-ouest (51,5 %), c’est-à-dire dans l’ancienne circonscription de Dunkerque II où ses scores oscillent de 52,3 % à 39,3 % (Bourbourg) et l’arrondissement d’Hazebrouck où elle fait plus de 40 % ; l’abbé Lemire ne semble plus y faire autant recette et Plichon y rétablit son influence (+ 19,8 points à Merville, + 25,1 points à Bailleul sud-ouest). Selon Jean-Marie Mayeur, plusieurs facteurs peuvent expliquer ces résultats dans ces territoires : « la lutte efficace menée par les conservateurs contre l’abstentionnisme, l’action du clergé, le rayonnement de certaines personnalités » comme Natalis Dumez, maire de Bailleul, l’accélération de l’exode rural qui accentue le conservatisme des campagnes [17]. À Orchies (38,4 %) et à La Bassée (45 %), des Rotours et Crespel restent prophètes en leur pays, tout comme Groussau à Quesnoy-sur-Deûle (37,8 %) [18] ou Louis Nicolle, ancien maire de Lomme, à Lille-ouest. Lemire, Loucheur, Delesalle et Macarez sont réélus et adhèrent au groupe charnière de la gauche radicale.

15Dans le Pas-de-Calais, les listes communes (droite – centre droit) réalisent 35,67 % des inscrits, soit un recul de près de 8 points par rapport à 1919 et qui correspond au pourcentage des listes centre gauche [19], mais ont huit élus, soit deux de plus. Dans la première section, toute la liste passe ; dans la seconde, deux de ses huit candidats sont élus, les industriels Louis Couhé et Alfred Salmon aux dépens de la SFIO qui a pourtant progressé en voix. Deux députés peuvent vraiment être considérés comme de droite : Edmond Lefebvre du Prëy et Victor de Saint-Just.

16La droite et le centre qui progressent dans les cantons d’Arras et reculent dans ceux de Calais, remportent plus de 50 % des voix dans 19 cantons, dont 17 dans la première section : 6 des 7 cantons de l’arrondissement de Montreuil [20], 5 des 7 cantons de l’arrondissement de Saint-Omer [21], 3 des 6 cantons de l’arrondissement de Saint-Pol, Aubigny-en-Artois, Avesnes-le-Comte et Heuchin, 4 des 8 cantons de l’arrondissement de Boulogne, Boulogne-sud, Desvres, Samer, Guînes, où les influences respectives de Victor Morel, Victor de Saint-Just, Narcisse Boulanger et Alfred Salmon sont évidentes. Dans la deuxième où ils sont traditionnellement moins puissants, seuls Croisilles et Laventie, dont Couhé est l’élu, sont dans ce cas.

17Ce bastion ne suffit pas à ce dernier pour conserver son siège en 1928, mais avant cela est intervenue l’élection partielle du 12 décembre 1926, organisée après la disparition de trois députés du Nord, les socialistes Gustave Delory et Charles Saint-Venant, le radical indépendant Ernest Macarez. Cette consultation intervient après la chute du cartel des gauches et sous le quatrième cabinet Poincaré d’union nationale, « formé dans un esprit de réconciliation nationale » dans lequel Aristide Briand continue sa politique de rapprochement avec l’Allemagne et qui ne rencontre que l’opposition d’« une frange de radicaux », de la SFIO et du PCF [22]. Ces deux dernières formations présentent chacune trois candidats, soutenus par des ténors nationaux, tandis que la Fédération républicaine du Nord dominée par les républicains de gauche et les radicaux se divise. Une partie sous la houlette de Daniel-Vincent, Loucheur et Charles Debierre refuse de faire liste commune avec l’Entente républicaine du Nord (droite) et présente trois candidats d’« Union républicaine » très attachés à la laïcité qu’ils estiment menacée ; une autre, derrière l’abbé Lemire et Delesalle accepte, au contraire, la première solution qui sort victorieuse de la consultation. En effet, ses trois candidats, le radical indépendant Jules Carlier, maire de Villers-Pol et conseiller général du Quesnoy-ouest, le républicain de gauche Félix Coquelle, maire de Rosendaël et conseiller général de Dunkerque-ouest, vice-président du conseil général, le syndicaliste chrétien Charles Coutel, conseiller municipal de Lille sont élus confortablement aux dépens de la liste d’Union républicaine et même des socialistes. Ils profitent de la grande popularité du gouvernement et des divisions à gauche ainsi que chez les radicaux dont les plus favorables à l’entente avec les droites fondent le Parti républicain du Nord.

18C’est dans un contexte relativement comparable que se déroulent les élections des 22 et 29 avril 1928 : – bilan positif du gouvernement, activement soutenu par la droite (Fédération républicaine) et le centre droit (Alliance républicaine) qui souhaitent la poursuite de l’expérience de l’Union nationale, ambiguïtés du parti radical, opposition entre SFIO et PCF –. En revanche, le mode de scrutin est changé : la loi du 12 juillet 1927 rétablit le scrutin uninominal majoritaire d’arrondissement à deux tours ; elle porte le nombre des députés à 612, ce dont profite le Pas-de-Calais qui gagne un siège. Par rapport à 1914, le découpage des circonscriptions a été modifié dans l’arrondissement de Béthune avec la création de Béthune VI, dans celui de Lille avec celle de Lille X et dans celui de Douai avec la réorganisation des deux circonscriptions. Les droites septentrionales se rassemblent pour « atténuer l’effet diviseur du nouveau mode de scrutin » [23] et souhaitent « l’union de tous les républicains » (sic) à laquelle les radicaux répondent plus négativement dans le Pas-de-Calais que dans le Nord où un accord est notamment trouvé à Cambrai II, Douai I, Dunkerque I, Valenciennes I, II, III [24]. Le centre droit et la droite se partagent les circonscriptions : le premier va à la bataille dans les arrondissements d’Avesnes, Cambrai, Douai et Valenciennes où il pourrait, mieux que la droite, mordre sur la gauche qui y domine, tandis que la droite se concentre sur ses bastions traditionnels. Au contraire dans le Pas-de-Calais, la droite affronte la SFIO dans 5 circonscriptions sur 6 de l’arrondissement de Béthune, fief socialiste.

19Pendant la campagne électorale qui est très animée, les conservateurs mettent en garde contre le péril révolutionnaire, reprennent à leur compte les bons résultats du gouvernement, « tout en se proposant de [les] améliorer sur le plan de la fiscalité ou sur celui de la politique extérieure » [25]. Au niveau national, où la participation est exceptionnelle (83,8 %) droite et gauche sont au coude à coude mais souvent « le vote radical a moins été un vote de gauche qu’un vote poincariste » et la droite et le centre droit sont majoritaires en sièges avec 325 députés sur 610, dont 131 URD (+ 27) [26].

20Dans le Nord, avec 37,4 % des inscrits, la droite et le centre droit retrouvent leur score de 1914 et progressent de 11 sièges dans le Nord (16 élus = 66,66 %). Dans le département voisin, ils gagnent un peu plus de 3 points (38,9 %) mais perdent un siège (7 élus = 46,66 %). La droite au sens strict compte 7 élus dans le Nord (+ 1) – les 5 sortants [27] à Lille et Hazebrouck II, Auguste Bergerot à Dunkerque II, René Faure à Hazebrouck I – et 3 dans le Pas-de-Calais (+ 1) – le sortant Victor de Saint-Just à Saint-Omer II, Jules Appourchaux à Béthune I et Maurice Tailliandier à Arras I qui y recueille un héritage politique. Tous adhèrent à l’ERD. Seule, la droite avec Plichon, de Saint-Just et Tailliandier, est victorieuse au premier tour. La droite et le centre droit remportent donc un incontestable succès en raison du contexte politique favorable et de leur union supérieure à celle de leurs adversaires qui est confirmée dans le Nord par le report majoritairement à droite au second tour des voix radicales. La droite garde ses bastions avec plus de 50 % des inscrits dans les 4 cantons de Dunkerque II (Bergerot) et les 3 cantons d’Hazebrouck II (Plichon), dans 2 des 3 cantons de Lille X, Armentières, et Quesnoy-sur-Deûle (Groussau), celui de Lille-nord (Lille III, Coutel). Aucune autre tendance n’y parvient. Le centre droit remporte les circonscriptions d’Avesnes III (Carlier), Cambrai I (Delmotte) et II (Deligne), Douai II (Debève), Dunkerque I, (Coquelle), Lille VII (Lierman), VIII (Detailleur) et IX (de Surmont), Valenciennes II (Millot) [28].

21Dans le Pas-de-Calais, la droite et le centre droit dépassent 50 % des inscrits dans 16 cantons [29] (les 6 de l’arrondissement de Montreuil, Beaumetz-les-Loges, Croisilles, Pas-en-Artois, Aubigny-en-Artois, Guînes, Laventie et les 4 de la circonscription de Saint-Omer II, avec 83,43 % à Ardres, chez Victor de Saint-Just). À Béthune I, la victoire de l’avocat Appourchaux est symbolique puisque pour la première fois depuis quarante ans, un catholique est victorieux : lui qui s’était engagé autrefois dans le mouvement d’Action française, a bénéficié du retrait du républicain de gauche (Devos) et du maintien des trois candidats à gauche [30]. En revanche, à Saint-Omer I, l’élection de Lefebvre du Prëy au Sénat en 1927 crée un vide qui profite au radical-socialiste Paul Guersy qui bat au second tour le républicain de gauche René Cotillon, maire de Saint-Martin-au-Laërt mais dont les amis politiques triomphent à Arras I (Lemelle), Boulogne III (Boulanger), Montreuil (Delesalle, gauche radicale, qui a quitté le Nord), Saint-Pol (Salmon).

22Le rapport droite/gauche n’est pas remis en cause par les deux élections partielles du Nord et du Pas-de-Calais : en 1928, les républicains de gauche conservent Dunkerque I, Maurice Vincent remplaçant F. Coquelle décédé ; en 1931, la SFIO, quant à elle, garde Béthune III. Elles se sont déroulées dans un climat relativement serein à la différence de la consultation générale de l’année suivante.

23En effet, les élections législatives des 1er et 8 mai 1932 se déroulent dans un contexte détérioré car la crise économique apparue aux États-Unis en 1929 a fini par atteindre la France et, avec elle, son cortège de misères et de mécontentements. Le Nord compte alors 3 500 chômeurs complets et 95 000 partiels dont 74 000 dans l’industrie textile [31] ; de graves incidents ont eu lieu à Roubaix en 1931. La droite et le centre droit décident, à nouveau, d’aller ensemble à la bataille, mais l’accord est plus facilement réalisé dans le Nord où il y a unité de candidature sauf à Lille I et Avesnes II et III [32]. Les sortants qui ont soutenu les gouvernements Poincaré, Tardieu et Laval sont reconduits : – à Cambrai : Delmotte et Deligne (ancien ministre des Travaux publics dans les trois cabinets Laval, 1931-1932) ; – à Douai II : Debève ; – à Dunkerque I : Maurice Vincent ; – à Hazebrouck : Faure et Plichon ; – à Lille : Nicolle, Coutel, des Rotours, Lierman, de Surmont, Groussau ; – à Valenciennes II : Millot (ancien sous-secrétaire d’État à la Guerre dans le cabinet Théodore Steeg, décembre 1930-janvier 1931). À Valenciennes III, à Avesnes I et II sont désignés les républicains de gauche Macarez, Pinson, Misse, ce dernier étant concurrencé par le radical indépendant Sénéchal ; à Lille II et IV sont désignés les PDP Balanant et Viellefon ; à Lille VI, les modérés qui n’ont pas de candidat attitré soutiennent le radical indépendant Déprez-Potié comme ils le font à Valenciennes I avec Weil ; à Dunkerque II, l’URD Parmentier remplace Bergerot qui ne se représente pas ; à Lille VIII, l’URD Thellier remplace Detailleur pour la même raison. Dans le Pas-de-Calais, les divisions persistent dans les arrondissements de Béthune et Boulogne et le désaccord avec les radicaux y est plus prononcé. Cinq députés sortants se représentent : Tailliandier, Appourchaux, Delesalle (concurrencé par le radical indépendant Quennehen), de Saint-Just [33] et Salmon. À Arras I, le républicain de gauche Lemelle qui a perdu la mairie ne se représente pas, il est remplacé par Louis de Diesbach, agriculteur-propriétaire, maire d’Hendecourt-les-Ransart et conseiller général de Beaumetz-les-Loges, qui est concurrencé par le radical indépendant Calméjane. À Boulogne III, Narcisse Boulanger se retire et les modérés se déchirent puisqu’Abrami qui a fait l’impasse en 1928, revient sous l’étiquette radical indépendant en se réclamant fortement de Tardieu dont on a d’ailleurs évoqué la candidature, mais est contesté par deux républicains de gauche Libersat et Vincent et par le PDP Etchegoyen. À Boulogne I il y a trois candidats républicains de gauche Bacquet, Mimy et Tintillier, à Boulogne II, il y en a deux, Lavisse et Sageot, ainsi qu’un URD, Vermeullen ! À Saint-Omer I, le radical-socialiste sortant, Guersy, désavoué par son parti pour avoir soutenu les gouvernements modérés se présente, cette fois-ci, sous l’étiquette républicain de gauche – concentration républicaine, mais cette tendance a déjà désigné le dentiste Joseph Tillie. Dans l’arrondissement de Béthune, il y a unité de candidature dans quatre circonscriptions Canda [républicain de gauche, I], Wacrenier [PDP, III], Appourchaux [URD, IV] et Vendeville [républicain de gauche, V] ; dans la deuxième, il y a un URD (Hupliez) et un PDP (Revillon), dans la sixième, un URD (Calippe) et un républicain de gauche (Legendre).

24Décidément les propositions d’alliance antisocialiste ne sont pas entendues par les radicaux qui penchent plutôt à gauche, au grand dam du président du conseil, Tardieu, qui voudrait moderniser la vie politique française en la structurant selon un bipartisme à l’anglo-saxonne. Ce modernisme apparaît également dans la rupture avec la tradition de non intervention du chef du gouvernement dans la campagne et dans la nationalisation de celle-ci à laquelle contribue d’ailleurs l’utilisation pour la première fois, de la radio. Les candidats de droite et du centre se réclament du bilan de la majorité sortante qui a lancé de grands travaux, diminué la pression fiscale et adopté quelques importantes mesures sociales, mais a révélé, face à la crise économique, son impuissance qu’exploite l’opposition de gauche.

25Au niveau national, la participation au premier tour reste très élevée (83,5 %), la gauche progresse, sauf le PCF, alors que la droite et le centre reculent de 48,37 à 45,76 % des exprimés. Au deuxième tour, les reports de voix fonctionnent correctement et la victoire de la gauche est confirmée : elle obtient 334 sièges contre 259 à la majorité de Tardieu. Il n’en n’est pas de même dans les deux départements septentrionaux où l’on constate une grande stabilité : + 1,1 point dans le Nord (38,5 %), – 0,7 point dans le Pas-de-Calais (38,20 %), mais paradoxalement les modérés perdent six sièges dans le premier au détriment des républicains de gauche (Avesnes III, Cambrai I, Lille VII, VIII, IX, Valenciennes II) mais en gagnent trois dans le second (Béthune I, Boulogne I, et Saint-Omer I [34]) au profit de la même tendance et trois candidats ont été élus dès le premier tour : Appourchaux, Delesalle, de Saint-Just [35]. Il y a 10 élus dans le Nord : Deligne (gauche radicale), Delsart et Maurice Vincent (républicains de gauche), Faure (indépendant), Coutel, Groussau, Parmentier, Plichon (URD), Nicole qui passe de l’URD au groupe républicain social [36] et des Rotours qui va passer de l’URD aux républicains de gauche en vue de son élection au Sénat. Il y a également 10 élus dans le Pas-de-Calais : de Saint-Just qui reste à l’URD, Delesalle qui reste à la gauche radicale, Abrami qui adhère au Centre républicain de Tardieu, Tailliandier qui suit le même cheminement que Nicolle tandis qu’Appourchaux passe de l’URD aux républicains de gauche où il retrouve cinq de ses collègues (Bacquet, Canda, de Diesbach, Salmon, Tillie).

26Dans le Nord, les désistements entre socialistes et radicaux sont l’amorce d’une « dynamique de gauche » qui lui permettent de gagner des sièges dans l’arrondissement de Lille [37] et de Valenciennes au détriment de la droite. Cette dernière garde plus ou moins nettement ses bastions en Flandre, elle progresse dans le Douaisis en même temps que le PCF [38] et dans l’Avesnois où elle bénéficie de la disparition de Loucheur. Dans le Pas-de-Calais, la progression du PCF nuit à la SFIO et pousse une partie de l’électorat centre gauche vers la droite notamment dans l’arrondissement de Béthune où le vétérinaire Canda « sort » le socialiste Tellier et où Appourchaux progresse fortement aux dépens du parachuté socialiste Zyromski qui fait figure d’extrémiste. À Saint-Omer I, Tillie récupère les trois quarts des voix qui s’étaient portées sur Guersy au premier tour. La droite et le centre droit remportent plus de 50 % des inscrits dans 9 cantons dans le Nord (Landrecies, Bergues, Bourbourg, Hondschoote, Wormhoudt (89,41 %), Cassel, Bailleul nord-est, Lille centre, La Bassée) et 15 dans le Pas-de-Calais (Beaumetz-les-Loges, Pas-en-Artois, Bertincourt, Laventie, Desvres (83 %), Guînes, Marquise, Campagne-les-Hesdin, Étaples, Hesdin, Hucqueliers, Ardres, Audruicq, Aubigny-en-Artois, Heuchin) alors qu’aucune autre tendance politique n’y parvient.

27Les élections partielles au cours de cette quinzième législature n’apportent guère de changements. Le 29 octobre 1933, François de Saint-Just, chercheur et grand propriétaire, succède à son père Victor décédé et garde la circonscription de Saint-Omer II pour l’URD ; les 14 et 21 janvier 1934, à Cambrai I, le socialiste Louis Brodel succède à son camarade Maurice Camier, et à Saint-Pol, l’avocat URD Paul Thellier succède au républicain de gauche Alfred Salmon parti au Sénat soit une légère inflexion à droite. En revanche l’élection des 10 et 17 mars 1935 à Montreuil voit la victoire du radical Gustave Decréquy, négociant en vins, maire de Fruges et vice-président du conseil d’arrondissement. Il profite de la division de la droite qui est représentée par un républicain de gauche, Candeliez, un radical indépendant, Quennehen et un agrarien, de Sainte-Maresville (Parti agraire et paysan français) [39] ; il bénéficie également du bon report des voix à gauche. Il succède à Charles Delesalle, lui aussi parti au Palais du Luxembourg, qui n’est pas intervenu durant la campagne électorale. C’est une victoire de la gauche dans un contexte national qui a changé depuis février 1934, préfigurant les regroupements et passions à venir.

28En effet, après le 6 février 1934 et la formation du gouvernement d’union nationale, présidé par Gaston Doumergue et marqué à droite, on a assisté, dès les élections cantonales de l’automne, à une réaction de défense républicaine encouragée par le pacte d’unité d’action socialo-communiste du 27 juillet 1934 [40]. Ce phénomène est confirmé lors des élections municipales du printemps 1935 où « dans un certain nombre de centres urbains (comme Béthune), l’union des gauches englobe au second tour, radicaux, socialistes et communistes » [41], annonçant ainsi le rassemblement populaire scellé le 14 juillet 1935 qui se propose, pour les élections des 26 avril et 3 mai 1936, de barrer la route au fascisme et de lutter efficacement contre la crise.

29Dans le Nord et le Pas-de-Calais, radicaux et socialistes envisagent cette démarche avec une grande circonspection. De leur côté, la droite et le centre droit, inquiets de cette entente, tâchent de se rassembler, mais l’unité de candidature est loin d’être la règle. Ils y parviennent quinze fois sur vingt-quatre dans le Nord où ils disposent de dix sièges. Ainsi, la candidature est-elle unique au profit des cinq sortants qui se représentent [Coutel, Delsart, Faure, Parmentier et Vincent] et dans les six circonscriptions du Valenciennois [Coquelet, républicain de gauche ; Davaine, radical indépendant ; Macarez, républicain de gauche], d’Avesnes I [Éloy, radical indépendant], de Douai II [Dufour, radical indépendant], de Lille II [Gil, URD, ancien Croix de feu] [42] où le combat s’avère difficile. En outre, dans le Cambrésis et dans l’Avesnois (II et III), la droite et le centre ne présentent pas de candidat contre les radicaux [43]. En revanche la compétition interne est très fréquente à Lille ; d’abord, là où le sortant ne se représente pas et où la division ne semble pas trop dommageable. À Lille I, l’URD Henri Becquart [44], industriel, conseiller général de Lille centre et le radical indépendant Charles Van Cauwenberghe, maire de Lambersart s’affrontent pour succéder à Louis Nicolle qui, désavoué par ses amis politiques pour s’être rapproché du centre gauche et pour avoir participé au gouvernement Sarraut comme ministre de la Santé publique, se retire de la vie politique. Paul Thellier, député de Saint-Pol et ministre de l’Agriculture dans le même gouvernement n’est pas victime du même ostracisme ! À Lille X, le PDP Suys et le républicain de gauche Bataille convoitent le siège de Groussau qui lui aussi se retire. À Hazebrouck II, l’industriel Jean-Pierre Plichon doit éliminer le républicain de gauche Becuwe et le PDP Blanckaert avant de recueillir l’héritage de son oncle Jean qui s’est retiré, comme républicain indépendant. À Lille IX, l’ancien député républicain de gauche de Surmont et le radical indépendant Léon Marescaux, négociant, président de la chambre syndicale de la métallurgie, adjoint au maire de Tourcoing tentent de reprendre le siège du socialiste Inghels. Enfin des candidats extrémistes – le franciste Malle, le Solidarité française Dufossez, le royaliste Mention – empêchent le républicain de gauche Brasme, le PDP Bernard, le radical indépendant de Rycke de faire le plein des voix à droite au premier tour respectivement à Lille V [45], à Lille VII et à Lille VIII où la gauche semble en position de force.

30Dans le Pas-de-Calais, la candidature unique n’est réalisée que sept fois sur quinze, au profit de six sortants qui se représentent : Appourchaux (qui est passé de l’URD au groupe des républicains de gauche), de Diesbach, Tailliandier, Thellier, Tillie, ainsi qu’au profit du républicain de gauche Decroix qui essaye de remplacer Canda. En revanche, à Saint-Omer II un républicain de gauche, Dambricourt, s’oppose à l’URD sortant de Saint-Just ; cette division se reproduit à Boulogne I [Coquelle et Leroy (Solidarité française) contre le sortant Bacquet], II [Planque contre Sageot], III [Febvay contre Vincent] [46] et à Béthune VI [Degrave et Declercq contre Fatoux]. À Béthune II, III et V – où ils n’ont aucune chance –, un républicain de gauche [Vanlindt, Duffroy, Cauliet] et un PDP [Revillon, Wacrenier, Martin] sont en concurrence, tandis qu’à Montreuil, deux radicaux indépendants [Elby et Ménard] se déchirent face au radical-socialiste sortant Decréquy qui est soutenu par le sénateur centriste Delesalle [47].

31Dans les deux camps, la campagne est virulente, tracts, journaux locaux redoublent d’ardeur. Le péril communiste, le danger de guerre civile ou extérieure, le risque de faillite sont les thèmes récurrents de la droite dont la gauche dénonce le positionnement extrême de certains candidats d’autant que les deux départements connaissent un regain d’activité des ligues [48]. Le programme que Louis de Diesbach expose à Arras le 25 avril devant 2 800 personnes résume bien les arguments de la droite : rejet du fascisme noir, brun et rouge, danger de dictature communiste, paix en collaboration avec la SDN, forte organisation de la défense nationale, renforcement de l’exécutif, défense de la paysannerie, protection de la famille…

32Ce climat d’effervescence se retrouve partout dans le pays et il n’est pas étonnant que la participation au soir du premier tour soit encore plus forte qu’en 1932 : 84,30 % pour la France entière. La gauche, une nouvelle fois victorieuse, progresse d’environ 500 000 voix et atteint 45,94 % des inscrits ; la droite recule d’un point et demi à 35,88 %.

33Dans le Nord, la droite et le centre totalisent 29,82 % des inscrits soit un recul de près de 9 points par rapport à 1932 ; ils n’ont qu’un élu, Parmentier, à Dunkerque II, qui y remporte plus de 50 % des inscrits dans 3 cantons sur 4. Dans le Pas-de-Calais, ils totalisent 39,57 % des inscrits soit un gain supérieur à un point et ils ont trois députés : Bacquet à Boulogne I, Saint-Just à Saint-Omer II, Thellier à Saint-Pol, ces deux derniers, emportant partout plus de 50 % des inscrits et progressant par rapport au précédent scrutin.

34Pour le deuxième tour, tous les candidats de droite (comme de gauche) se désistent au profit du mieux placé (sauf à Hazebrouck II où il n’y a pas de danger). À Arras I et à Lille VI, les opposants au rassemblement populaire, pour se donner plus de chance de vaincre le radical-socialiste Abel Guidet et le socialiste Augustin Laurent, changent leur candidat : Tailliandier marqué à droite est remplacé par le propriétaire agriculteur Devillers, candidat de concentration républicaine de même à Lille VI, Desprez-Potié est remplacé par le maire de Wattignies, Duriez, un autre radical, mais moins à droite.

35La campagne entre les deux tours redouble d’intensité dans le cadre d’un affrontement bipolaire auquel se résigne le PDP, mais elle ne permet pas d’inverser la tendance puisque la gauche l’emporte définitivement avec 385 élus contre environ 220 pour les groupes du centre et de droite. Dans le Nord où la participation a légèrement augmenté, la droite et le centre droit progressent de 2 %, améliorant partout leurs scores, notamment à Lille X, Valenciennes I et II [49], mais ils n’ont que trois élus : Henri Becquart à Lille I, Léon Marescaux à Lille IX, Jean-Pierre Plichon à Hazebrouck II. Ils perdent sept sièges, un au profit d’un républicain lemiriste (Hazebrouck I), deux au profit du PCF (Douai I, Lille X), quatre au profit de la SFIO (Cambrai II, Dunkerque I, Lille III et V) à laquelle ils reprennent toutefois Lille IX. Il y a donc 4 élus, trois de droite et un de centre droit contre 10 (six et quatre) dans la précédente Chambre. Les modérés gardent leurs bastions – entamés – en Flandre intérieure (Dunkerque II, Hazebrouck II) et quelques îlots dans l’arrondissement de Lille (Lille centre, ouest, sud ouest ; La Bassée, Tourcoing-sud) [50]. C’est la première fois que le Nord a si peu de députés de cette tendance, qui se dispersent dans trois groupes parlementaires différents : groupe de la Fédération républicaine pour Becquart et Parmentier, groupe des républicains indépendants et d’action sociale pour Plichon, groupe de l’Alliance des républicains de gauche et des radicaux indépendants pour Marescaux.

36Dans le Pas-de-Calais où l’abstention reste stable (11,66 %), la droite et le centre qui confirment leur implantation traditionnelle [51], reculent d’un point et demi et n’ont que deux élus, Louis de Diesbach à Arras I et Adoplhe Vincent à Boulogne III. C’est une perte de quatre sièges, tous détenus par le centre droit, Arras II et Saint-Omer I [52] au profit des radicaux-socialistes, Béthune II et IV au profit des socialistes. Pour la première fois ces deux tendances ont plus de députés (5) que dans le département voisin, deux à droite (de Saint-Just et Thellier qui siègent au groupe de la Fédération républicaine), trois au centre droit (Bacquet, de Diesbach et Adolphe Vincent qui siègent au groupe de l’Alliance des républicains de gauche et des radicaux indépendants) contre trois et six dans la Chambre précédente.

37La droite et le centre droit, séparés et dominés par la gauche dans le Nord jusqu’en 1926, connaissent dans les deux départements une période faste de huit ans, pendant laquelle ils profitent de la prospérité, de la popularité du poincarisme et de la division de la gauche. Sur l’ensemble de la période, les personnalités solidement implantées sont un peu plus nombreuses dans le Nord avec 3 députés, tous de droite, élus quatre fois de suite (Groussau, Plichon, des Rotours). En revanche les zones de force sont plus nombreuses dans le Pas-de-Calais avec 18 cantons et 5 circonscriptions (Arras I, Boulogne III, Montreuil, Saint-Omer II, Saint-Pol) contre 11 et 3 (Dunkerque II, Hazebrouck II, Lille I) pour le Nord. Après le 6 février 1934, l’aggravation de la crise économique et le danger fasciste favorisent une « dynamique de gauche » qui conduit à la défaite de la droite en 1936, défaite plus marquée en sièges qu’en voix et qui affecte davantage le Nord. Le Pas-de-Calais où l’option nettement républicaine et laïque a remporté des résultats flatteurs en 1919 et 1924, semble mieux résister que l’option conservatrice et catholique du département voisin dont les structures et le militantisme tendent à se modifier en vue des prochains combats : avec 50 000 adhérents, le PSF apparaît comme un parti de masse tandis que le PDP, « tenu à l’écart par le mouvement de 1936 », réinvestit le terrain social.


Annexes
Tableau 1

Les élections législatives dans le Nord et le Pas-de-Calais : 1919, 1924, 1928, 1932, 1936

Tableau 1

Les élections législatives dans le Nord et le Pas-de-Calais : 1919, 1924, 1928, 1932, 1936

Tableau 2

Députés de droite et de centre droit élus dans le Nord et le Pas-de-Calais entre 1919 et 1936

Tableau 2
Tableau 2

Députés de droite et de centre droit élus dans le Nord et le Pas-de-Calais entre 1919 et 1936

38Les noms imprimés « normalement » (ex : Plichon) sont ceux des députés de droite. Les noms imprimés en italiques (ex. Coquelle) sont ceux des députés de centre droit élus dans le cadre d’une candidature unique à droite, au premier ou au deuxième tour.

39Les noms imprimés en italiques et soulignés (ex. Delesalle) sont ceux de députés de centre droit élus dans le cadre d’une liste de centre gauche (1919 et 1924 dans le Nord) ou avec cette étiquette (Loucheur en 1928, qui n’a pas de concurrent à droite).

40La présence supplémentaire d’un point d’interrogation (ex. Lemire ?) traduit la difficulté de situer exactement ce parlementaire. Le 26 mars 1924, Delesalle, Lemire et Macarez soutiennent le gouvernement Poincaré, Lefebvre et Loucheur s’abstiennent. L’abbé Lemire, en 1924, passe des républicains de gauche à la gauche radicale où il retrouve Loucheur, Macarez et Delesalle. Comme ces deux derniers, il vote contre la motion hostile au cabinet François-Marsal présentée par Herriot, alors que Loucheur vote pour (10 juin) ; mais un mois plus tard, comme la gauche, il prend parti en faveur de l’amnistie pour Caillaux et Malvy. À la fin de l’année, il désapprouve la campagne de protestation entreprise par les catholiques à l’appel de la FNC, mais en 1925, il prend position contre le cartel des gauches sur les problèmes financiers, il se rallie à l’Union nationale autour de Poincaré en 1926 et appuie la liste républicaine d’Union nationale pour les élections partielles dans le Nord alors que Loucheur soutient la liste radicale. [D’après Jean-Marie Mayeur, Un prêtre démocrate. l’abbé Lemire 1853-1928, Tournai, Casterman, 1968, p. 594-600].

41Les députés dont le nom est suivi d’une astérisque ont évolué vers le centre droit : Guillaume des Rotours et Appourchaux passent de l’URD au groupe des républicains de gauche ; Louis Nicolle, comme Maurice Tailliandier, passe de l’URD au groupe républicain et social, tisse des liens avec le centre gauche et entre dans le gouvernement Sarraut, ce qui conduit à son rejet par ses amis politiques et à son retrait de la compétition en 1936.

Tableau 3

Cantons du département du Nord où la droite et le centre droit arrivent premiers et font + de 40 % des inscrits(1)

Tableau 3
Tableau 3

Cantons du département du Nord où la droite et le centre droit arrivent premiers et font + de 40 % des inscrits(1)

1919 : 8 cantons entre 31,3 % et 35,7 % ; 1924 : 3 cantons soulignés : + de 50 %, 13 entre 30,8 et 49,6 % ; 1928 (D + CD) : + de 50 % (11 cantons), 40-50 % (16) ; 1932 (D + CD) : + de 50 % (9 cantons), 40-50 % (17) ; 1936 (D + CD) : + de 50 % (6 cantons), 40-50 % (15).
(1) La droite et le centre arrivent deuxièmes.
Tableau 4

Cantons du département du Pas-de-Calais où la droite et le centre font plus de 50 % des inscrits

Tableau 4
Tableau 4

Cantons du département du Pas-de-Calais où la droite et le centre font plus de 50 % des inscrits

1919 : dans 20 cantons, ils font + de 50 % des inscrits.
1924 : dans 19 cantons, ils font + de 50 % des inscrits.
1928 : dans 16 cantons, ils font + de 50 % des inscrits.
1932 : dans 15 cantons, ils font + de 50 % des inscrits.
1936 : dans 15 cantons, ils font + de 50 % des inscrits.

42Les zones de force de la droite au niveau des arrondissements, des circonscriptions et des cantons

43Circonscriptions remportées par la droite ou le centre droit en 1928, 1932, 1936 :

44Nord : 3 : Lille I, Dunkerque II et Hazebrouck II (toutes par la droite).

45Pas-de-Calais : 5 : Arras I et Boulogne III (centre droit), Saint-Omer II (droite), Saint-Polsur-T. (centre droit (1) puis droite) Les 3 dernières citées ont en outre été remportées en 1919 et 1924 mais dans le cadre du scrutin de liste départemental (première section). Celle de Montreuil a été remportée en 1919, 1924, 1928 et 1932.

46Cantons remportés par la droite ou le centre droit

47Nord : 11 :

483 aux 5 consultations : Bergues, Hondschoote, Wormhoudt [tous dans la circ. de Dunkerque II] ;

493 à 4 consultations : Bourbourg [Dunkerque II], Cassel [Hazebrouck I], La Bassée [Lille V] ;

505 à 3 consultations : Orchies [Douai I], Steenvoorde [Hazebrouck I], Bailleul nord-est, Bailleul sud-ouest [Hazebrouck II], Lille-centre [Lille I].

51La droite et le centre droit triomphent au moins 3 fois dans 4 cantons sur 4 à Dunkerque II et dans 2 cantons sur 3 à Hazebrouck II, dans 2 cantons sur 4 à Hazebrouck I.

52Pas-de-Calais : 18

534 aux 5 consultations : Guînes [Boulogne III], Ardres, Audruicq [Saint-Omer II], Aubigny-en-Artois (Saint-Pol-sur-Ternoise] ;

547 à 4 consultations : Laventie [Béthune I], Desvres [Boulogne III], Campagne-les-Hesdin, Hesdin, Hucqueliers [Montreuil], Fauquembergues [Saint-Omer II], Heuchin [Saint-Pol-sur-Ternoise] ;

557 à 3 consultations : Beaumetz-les-Loges, Pas-en-Artois [Arras I], Marquise [Boulogne III], Étaples, Montreuil [Montreuil], Lumbres [Saint-Omer II], Avesnes-le-Comte [Saint-Pol-sur-Ternoise].

56La droite et le centre droit triomphent au moins 3 fois dans 4 cantons sur 4 à Saint-Omer II, dans 3 cantons sur 4 à Boulogne III, dans 5 cantons sur 6 dans la circonscription de Montreuil, dans 3 sur 6 dans celle de Saint-Pol-sur-Ternoise.

57Les personnalités solidement implantées :

58Nord : 5/6

593 députés (de droite) sont élus 4 reprises : Groussau, Jean Plichon, des Rotours ;

602 députés (de droite) sont élus à 3 reprises : Coutel, Nicole. Loucheur (centre) est aussi dans ce cas ;

61Pas-de-Calais : 4 (avec une interruption pour Abrami) ;

624 députés sont élus à 3 reprises : Abrami, Boulanger et Salmon (centre droit), Victor de

63Saint-Just (droite).

64N.B. : Charles Delesalle (centre droit) est élu 2 fois dans le Nord puis 2 fois dans le Pas-de-Calais.

65François de Saint-Just succède à son père, Jean-Pierre Plichon succède à son oncle.

Circonscriptions remportées trois fois de suite par la droite et / ou le centre droit 1928, 1932, 1936
Les fonds des cartes sont repris de Bernard Gaudillère, Atlas historique des circonscriptions électorales françaises, Genève-Paris, Droz-Champion, 1995.

Section de département remportée deux fois de suite par la droite et le centre droit (1919, 1924)

Section de département remportée deux fois de suite par la droite et le centre droit (1919, 1924)

Circonscriptions remportées trois fois de suite par la droite et / ou le centre droit (1928, 1932, 1936)

Cantons où la droite et / ou le centre droit remportent plus de 50 % des voix / inscrits

Cantons où la droite et / ou le centre droit remportent plus de 50 % des voix / inscrits

Mots-clés éditeurs : URD, Croix de feu, PSF, poincarisme, PDP, ERD, reports de voix

Date de mise en ligne : 19/03/2013

https://doi.org/10.3917/rdn.370.0261

Notes

  • [1]
    Les sources de cette communication qui porte plus spécialement sur l’évolution de la puissance politique des droites septentrionales à travers l’analyse des élections législatives ont été : aux Archives départementales du Nord : Série M, cotes 37/75 (1919), 76 (1924), 78-79 (1926), 80-84 (1928), 85-88 (1932), 90-94 (1936) ; aux Archives départementales du Pas-de-Calais : série M 175/1 et 2 (1919), 176 (1924), 177/1 et 2 (1928), 179/1 et 2, 180 et 181 (1932), 182-186, 188, 196 (1936) ; M 187 pour l’élection partielle des 10 et 17 mars 1935.
    Ont été consultés :
    • J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires français (1889-1940), Paris, PUF, 1960-1977 ;
    • plusieurs mémoires de maîtrise : P. Chanourdie, J. Grau, G. Mayeur, G. Taufour, G. Wartelle, Les élections législatives de 1936 dans le Nord, sous la direction de M. Gillet, Lille 3, 1969 ; L. Haddad et M.-T. Leurette-Verbrugghe, Les élections législatives de 1936 dans le Pas-de-Calais, sous la direction d’Y.-M. Hilaire, Lille 3, 1972 ; J.-Y. Léopold, Les élections législatives dans l’arrondissement de Montreuil de 1889 à 1936, sous la direction de J.-C. Montant, Université d’Artois, 1993 ; É. Leroy, Les élections de 1924 dans le département du Nord, sous la direction d’Y.-M. Hilaire, Lille 3, 1979 ; C. Nassar-Debyser, Évolution politique dans la région de Dunkerque entre 1919 et 1939, sous la direction de M. Gillet, Lille 3, 1970 ; A. Pavy, La vie politique à Saint-Omer dans l’entre-deux-guerres, Master 1, sous la direction de J. Vavasseur-Desperriers, Lille 3, 2005 ;
    • plusieurs ouvrages : Y.-M. Hilaire, A. Legrand, B. Ménager, R. Vandenbussche, Atlas électoral NordPas-de-Calais, 1876-1936, Villeneuve-d’Ascq, PUL, 1977 ; B. Ménager, J.-P. Florin, J.-M. Guislin, Les parlementaires du NordPas-de-Calais sous la IIIe République, Villeneuve-d’Ascq, CRHEN-O, 2000 ; J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate. L’Abbé Lemire 1853-1928, Tournai, Casterman, 1968 ; J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République, 1870-1940, Paris, Seuil, 1984 ; Le Nord de la préhistoire à nos jours, Jean-Pierre Wytteman (dir.), Saint-Jean-d’Angély, Bordessoules, 1988 ; Le Pas-de-Calais, de la préhistoire à nos jours, Alain Nolibos (dir.), Saint-Jean-d’Angély, Bordessoules, 1988.
  • [2]
    Sauf en 1928 ; les élections de 1919 étant, quant à elles, plus difficiles à analyser.
  • [3]
    La loi sectionne huit départements.
  • [4]
    J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate, l’Abbé Lemire, op. cit., p. 541.
  • [5]
    Atlas électoral, op. cit., p. 179.
  • [6]
    J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième république, op. cit., p. 256.
  • [7]
    Qui devient URD (Union républicaine et démocratique) après les élections de 1924.
  • [8]
    « 14 circonscriptions voient les radicaux se présenter seuls mais sans concurrents socialistes, dans 3 cas les socialistes vont seuls à la bataille, mais sans adversaires radicaux », J.-J. Becker, S. Berstein, Victoire et frustrations. 1914-1929, Paris, Seuil, 1990, p. 243.
  • [9]
    Ibid., p. 242-243.
  • [10]
    J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate. L’Abbé Lemire, 1853-1928, op. cit., p. 586.
  • [11]
    On y trouve notamment le capitaine Maire, le vice-amiral Besson et Georges Butor-Blamont, négociant en vin à Hucqueliers. Elle ne réalise, par exemple, que 9,45 % des exprimés dans l’arrondissement de Montreuil.
  • [12]
    J. Vavasseur-Desperriers, République et liberté. Charles Jonnart, une conscience républicaine (1857-1927), Villeneuve-d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1996, p. 306 et 304.
  • [13]
    AD Nord, M 37/764
  • [14]
    Le 26 mars 1924, Delesalle, Lemire et Macarez accordent leur confiance au cabinet Poincaré, Lefebvre et Loucheur s’abstiennent, Daniel-Vincent – comme la majorité des députés – la refuse.
  • [15]
    Sans compter 28 communistes hors cartel.
  • [16]
    Et 49,6 % à Steenvoorde.
  • [17]
    J.-M. Mayeur, Un prêtre démocrate. L’abbé Lemire, 1853-1928, op. cit., p. 591.
  • [18]
    29,8 % à Tourcoing-nord.
  • [19]
    Dans la 2e section, la liste radicale arrive deuxième avec de bons résultats à Calais nord-ouest, Fruges et les deux cantons de Saint-Omer.
  • [20]
    À Fruges, ils arrivent en deuxième position (39,46 %).
  • [21]
    Les deux cantons de Saint-Omer leur échappent, mais ils approchent les 50 % dans Saint-Omer-nord, et reculent de près de 3 points dans Saint-Omer-sud.
  • [22]
    J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République, op. cit., p. 284-285.
  • [23]
    Atlas électoral, op. cit., p. 217. Il y a cependant quelques querelles fratricides à Dunkerque II, Lille X, Boulogne I et II, Montreuil, Saint-Omer.
  • [24]
    À Avesnes I et Valenciennes I, les radicaux Loucheur et Cuisset n’ont pas d’adversaire à droite, mais à Hazebrouck I, la droite présente René Faure contre Bonte qui se réclame de l’abbé Lemire récemment décédé.
  • [25]
    J.-J. Becker, S. Berstein, op. cit., p. 299-300.
  • [26]
    Ibid., p. 307.
  • [27]
    Alexandre Crespel ne se représente pas.
  • [28]
    La plupart siège parmi les républicains de gauche ; Carlier, Debève et Deligne adhèrent à la gauche radicale, tout comme Loucheur élu à Avesnes I et qui parfait son implantation en abandonnant le canton de Merville pour celui d’Avesnes-nord aux élections cantonales de l’automne 1928, avec l’appui de son ami Daniel-Vincent passé au Sénat en 1927.
  • [29]
    La SFIO y parvient dans 2.
  • [30]
    Cf. J. Vavasseur-Desperriers, in Histoire de Béthune et de Beuvry, Alain Derville (dir.), Dunkerque, Westhoek-Éditions/Éditions des Beffrois, 1985, p. 233.
  • [31]
    J.-P. Wytteman (dir.), op. cit., p. 308.
  • [32]
    À Lille I, le radical indépendant Bataille se présente contre Nicolle. À Avesnes III, le républicain de gauche Gullet s’oppose au radical indépendant sortant Carlier qui vient d’être battu aux élections sénatoriales.
  • [33]
    Un URD dissident, Brousselle, n’obtient que 130 voix au premier tour.
  • [34]
    Dans ce dernier cas, il ne s’agit pas vraiment d’une conquête puisque le sortant Guersy s’était nettement rapproché du centre droit.
  • [35]
    Qui vont siéger respectivement parmi les républicains de gauche, la gauche radicale et l’URD.
  • [36]
    Ce groupe, présidé par le député du Doubs Georges Pernot est fort de 18 membres qui n’adhèrent pas au nationalisme de l’URD incarné par Louis Marin (d’après J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République. 1870-1940, op. cit., p. 327). Cf. Jordane Renard, Le groupe républicain et social (dit groupe Pernot) à la Chambre des députés, 1932-1936, mémoire de Master 1 sous la direction de Jean Vavasseur-Desperriers, Lille 3, 2007.
  • [37]
    J.-P. Wytteman (dir.), op. cit., p. 308. À Lille X, Groussau est réélu au second tour grâce au maintien du radical Van Rullen qui attire des voix d’électeurs socialistes du premier tour qui ne peuvent se résoudre à voter pour le candidat communiste Declercq.
  • [38]
    Ainsi qu’à Valenciennes III.
  • [39]
    Fondé en 1927 par Fleurant Agricola, ce parti est l’instrument parlementaire des Chemises vertes de Dorgères. De Sainte-Maresville obtient 11,84 % des inscrits, avec des pointes à 35,19 % dans le canton de Campagne-les-Hesdin, 64,71 à Sainte-Maresville (canton d’Étaples). Entre les deux tours trois députés radicaux viennent soutenir Decréquy et lors d’une réunion électorale agitée à Étaples, Elbel, député des Vosges, perd un œil. [J.-Y. Léopold, op. cit., p. 61-63].
  • [40]
    Par exemple, dans les cantons de Calais sud-est, Cambrin, Vimy et dans d’assez nombreux cantons du Nord. Cf. Louis Spriet, Les élections cantonales de l’automne 1934 dans le Nord, laboratoire du Rassemblement populaire ?, mémoire de Master 1 sous la direction de Jean-Marc Guislin, Lille 3, 2007.
  • [41]
    J.-M. Mayeur, La vie politique sous la Troisième République 1870-1940, op. cit., p. 347.
  • [42]
    À Lille IV, le PDP Henaux ne souffre guère de la concurrence du radical indépendant Martel.
  • [43]
    À Cambrai II, Deligne s’est retiré de la vie politique. À Lille VI, l’indépendant Rousselle ne gêne guère le radical indépendant sortant Desprez-Potié.
  • [44]
    Cf. Julien POIX, Henri Becquart (1881-1953), un modéré au carrefour des droites, mémoire de Master 1, sous la direction de Jean Vavasseur-Desperriers, Lille 3, 2007.
  • [45]
    Où le siège de des Rotours, entré au Sénat en 1935, est vacant.
  • [46]
    Léon Abrami qui penche de plus en plus à droite, a démissionné en janvier 1936 et ne se représente pas.
  • [47]
    Delesalle voudrait dégager Decréquy des voix de l’extrême gauche et grouper sur son nom toutes les voix du centre (J.-Y. Léopold, op. cit., p. 65).
  • [48]
    Les Croix de feu seraient 300 à Béthune, 500 dans l’arrondissement de Saint-Omer ; 2500 personnes auraient assisté à une réunion à Lens le 15 octobre 1935… S’ils ne présentent pas de candidat, ils constituent toutefois des commissions de surveillance auxquelles répondent, à gauche, des comités de sécurité (AD Pas-de-Calais, M 2388, M 2423, lettres du préfet au ministre de l’Intérieur, 24 mai et 7 octobre 1935 ; M 186, lettre du sous-préfet de Béthune, 24 février 1936).
  • [49]
    Elle semble bénéficier du renfort d’électeurs socialistes réfractaires au vote communiste. Elle ne recule qu’à Lille IX.
  • [50]
    La droite et le centre obtiennent plus de 50 % des inscrits à Bergues, Hondschoote, Wormhoudt, Cassel, Bailleul sud-ouest et Lille centre.
  • [51]
    Plus de 50 % des inscrits dans les circonscriptions de Saint-Pol (4 cantons), de Saint-Omer II (6 cantons), dans les cantons de Beaumetz-les-Loges et Pas-en-Artois (Arras II), Laventie (Béthune I), Desvres et Guînes (Boulogne III).
  • [52]
    La bataille y est très serrée : au premier tour, le sortant Tillie améliore ses résultats avec 46,8 % des suffrages exprimés, mais au second tour, le radical-socialiste Isoré qui profite du parfait report des voix à gauche et d’une légère augmentation de la participation, l’emporte (50,8 %) [A. Pavy, La vie politique à Saint-Omer dans l’entre-deux-guerres, mémoire de Master 1 sous la direction de J. Vavasseur-Desperriers, Université Charles-de-Gaulle – Lille 3, 2005, p. 31-33]. Entre les deux tours, des heurts ont opposé, à Saint-Omer, des Croix de feu et des socialistes [A. Derville, Histoire de Saint-Omer, p. 209].

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