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Article de revue

Fulbert, évêque de Cambrai et d'Arras (933/934 † 956)

Pages 525 à 542

Notes

  • [*]
    Charles Mériaux, maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’Université de Reims, département d’histoire, 57, rue Pierre Taittinger, 51096 Reims cedex.
  • [1]
    Par exemple : L. Vanderkindere, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, Bruxelles, 1902-1903, t. 2, p. 48-58 ; F. Vercauteren, Étude sur les civitates de la Belgique seconde. Contribution à l’histoire urbaine du Nord de la France de la fin du iiie à la fin du xie siècle, Bruxelles, 1934, p. 205-232 ; É. de Moreau, Histoire de l’Église en Belgique, t. 2, La formation de l’Église médiévale, 2e éd. Louvain, 1945, p. 8-25 ; Les diocèses de Cambrai et de Lille, P. Pierrard éd., Paris, 1978, p. 22-39 [H. Platelle] ; Histoire de Cambrai, L. Trenard éd., Lille, 1982, p. 11-42 [M. Rouche] ; F. G. Hirschmann, Stadtplanung, Bauprojekte und Grossbaustellen im 10. und 11. Jahrhundert. Vergleichende Studien zu den Kathedralstädten westlich des Rheins, Stuttgart, 1998, p. 128-144. — Je tiens à remercier Laurent Morelle pour sa lecture critique de cet article.
  • [2]
    E. van Mingroot, « Gérard Ier de Florennes », Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique [désormais cité : DHGE], t. 20, 1983, col. 742-751 ; id ., « Gérard II de Lessines », ibid., col. 751-755 ; Ph. Endmann, « Gerhard II. von Cambrai, ein Bischof im Schnittpunkt der Interessen von König, Papst und Stadt », Concilium medii aevi, t. 5, 2002, p. 77-118 (http://www.cma.d-r.de/5-02/endmann.pdf).
  • [3]
    Une première approche se lit dans H. Platelle, « Fulbert de Cambrai », DHGE, t. 19, 1981, col. 332-333.
  • [4]
    Gesta episcoporum Cameracensium, L. Bethmann éd., dans Monumenta Germaniae historica [désormais cité : MGH], Scriptores [désormais cité : SS], t. 7, Hanovre, 1846, p. 393-489 ; les ch. 70 à 79 (p. 426-431) du premier livre (l’histoire du siège jusqu’en 1012) sont entièrement consacrés à Fulbert dont l’activité est aussi ponctuellement évoquée dans le second livre (le tableau des communautés des deux diocèses en 1024/1025) ; sur l’œuvre, l’auteur (très vraisemblablement le propre chapelain de Gérard Ier) et la date de rédaction, voir E. van Mingroot, « Kritisch onderzoek omtrent de datering van de Gesta episcoporum Cameracensium », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 53, 1975, p. 281-332.
  • [5]
    On sait que la force de l’Église impériale résidait dans l’étroitesse des liens personnels noués entre la cour et certains prélats ; derniers bilans pour la Lotharingie : J. H. Forse, « Bruno of Cologne and the networking of the episcopate in tenth-century Germany », German History, t. 9, 1991, p. 263-279 ; L. Vones, « Erzbischof Brun von Köln und seine ‘Schule’. Einige kritische Betrachtungen », Köln. Stadt und Bistum in Kirche und Reich des Mittelalters. Festschrift für Odilo Engels zum 65. Geburtstag, H. Vollrath et St.Weinfurter éd., Cologne, 1993, p. 125-137.
  • [6]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 70, p. 426 ; Viluwa : aujourd’hui Sint-Stevens-Woluwe (M. Gysseling, Toponymisch woordenboeck van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (voor 1226), Bruxelles, 1960, t. 2, p. 1089).
  • [7]
    Les annales de Flodoard, Ph. Lauer éd., Paris, 1905 (Collection de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire), a° 933, p. 57 ; Flodoard, Historia Remensis ecclesiae, M. Stratmann éd., Hanovre, 1998 (MGH, SS, 36), p. 417 ; Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 69, p. 426.
  • [8]
    Pour l’arrière-plan événementiel et politique des années 940-950, je renvoie une fois pour toutes aux ouvrages suivants : E. Dümmler et R. Köpke, Otto der Grosse, Leipzig, 1876 et Ph. Lauer, Le règne de Louis IV d’Outre-Mer, Paris, 1900 ; ainsi qu’aux synthèses récentes (en français) : K.-F. Werner, Histoire de France. Les origines (avant l’an mil), Paris, 1984, p. 524-531 ; C. Brühl, Naissance de deux peuples. Français et Allemands (ixe-xie siècles), Paris, 1994, p. 214-217 ; plus précisément pour notre propos : H. Sprömberg, « Die lothringische Politik Ottos des Grossen », Rheinische Vierteljahrsblätter, t. 11, 1941, p. 1-101.
  • [9]
    L’existence de privilèges de Pépin et de Charlemagne est attestée par l’acte de Louis le Pieux (Chartes originales antérieures à 1121 conservées dans le département du Nord, M. Courtois éd., mémoire de maîtrise inédit, Université de Nancy II, 1981, p. 33-34) qui sert ensuite de Vorurkunde à celui d’Arnoul (Die Urkunden Arnolfs, P. Kehr éd., Hanovre, 1940 (MGH, Diplomata regum Germaniae ex stirpe Karolinorum, 3), n° 127, p. 189-190) ; ces deux actes sont aussi transmis par les Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 39, p. 415-416 (816) et l. I, ch. 64, p. 423 (894).
  • [10]
    Dernière édition commentée de l’acte dans G. Despy, « Serfs ou libres ? Sur une notice judiciaire cambrésienne de 941 », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 39, 1961, p. 1127-1143.
  • [11]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 924, p. 25 repris dans Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. IV, ch. 19, p. 410-411 et dans Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 66, p. 424 ; I. Schröder, Die westfränkischen Synoden von 888 bis 987 und ihre Überlieferung, Munich, 1980 (MGH, Hilfsmittel, 3), p. 216-218. — Sur Isaac et les comtes de Cambrai, voir U. Nonn, Pagus und Comitatus in Niederlothringen. Untersuchungen zur politischen Raumgliederung im früheren Mittelalter, Bonn, 1983, p. 118-121.
  • [12]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 71, p. 426 ; F. Vercauteren, Étude sur les civitates…, op. cit. (n. 1), p. 218-220 ; je ne vois pas pourquoi M. Rouche (Histoire de Cambrai…, op. cit. (n. 1), p. 29) identifie le castellum avec l’ancien castrum romain, alors que le rédacteur des Gesta précise bien que l’enceinte a été agrandie par l’évêque Dodilon et qu’elle comprend désormais la communauté de Saint-Aubert (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 65, p. 424). — Analyse récente du conflit qui opposa l’évêque d’abord au comte puis au châtelain de Cambrai au xe et dans la première moitié du xie siècle : St. Patzold, « …Inter pagensium nostrorum gladios vivimus. Zu den ‘Spielregeln’ der Konfliktführung in Niederlothringen zur Zeit der Ottonen und früher Salier », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtgeschichte. Germanistiche Abteilung, t. 118, 2001, p. 58-99, spéc. p. 66-82 ; le cas de Cambrai peut être replacé dans un cadre plus large (royaume de France, Germanie, Italie) grâce à O. Guyotjeannin, Episcopus et comes. Affirmation et déclin de la seigneurie épiscopale au nord du royaume de France (Beauvais-Noyon, xe – debut xiiie siècle), Paris/Genève, 1987, p. 48-66.
  • [13]
    Die Urkunden Konrad I., Heinrich I. und Otto I., Th. Sickel éd., Hanovre, 1879-1884 (MGH, Diplomata regum et imperatorum Germaniae, 1), n° 39, p. 125-126 qui reprend les dispositions du privilège de 816 ; l’éditeur soupçonne l’original de n’être qu’une copie contemporaine ; le privilège est également transmis dans les Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 77, p. 429-430.
  • [14]
    Widukind de Corvey, Res gestae Saxonicae, l. III, ch. 2 ; éd. et trad. allemande E. Rotter et B. Schneidmüller, Stuttgart, 1992, p. 164-165.
  • [15]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 72, p. 427.
  • [16]
    Die Urkunden Konrad…, op. cit. (n. 13), n° 100, p. 182-183 (il y a contradiction entre l’année de l’incarnation et l’indiction, mais l’éditeur opte pour cette dernière ; voir aussi infra, n. 23) ; conscient de l’importance et de la nouveauté de l’acte, le rédacteur des Gesta l’a inséré avant le privilège de 941 dans le dossier consacré à Fulbert (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch 73, p. 427) ; F. Vercauteren, Étude sur les civitates…, op. cit. (n. 1), p. 221-223 ; illustration et commentaire récent de cet acte dans Otto der Grosse, Magdeburg und Europa, M. Puhle éd., Mayence, 2001, t. 2, p. 167-168. — La manière dont l’auteur des Gesta choisit, insère et commente sa documentation diplomatique mériterait une étude à part entière : voir sur ce point l’étude récente de L. Morelle, « La mise en ‘œuvre’ des actes diplomatiques. L’auctoritas des chartes chez quelques historiographes monastiques (ixe-xie siècle) », dans Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans l’écriture médiévale, M. Zimmermann éd., Paris, 2001, p. 73-96.
  • [17]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. II, ch. 32, p. 462 : Hanc siquidem abbatiam [Maroilles] primus Otto imperator (…) tempore Fulberti episcopi habendam tradidit sanctae Dei matris aecclesiae Cameracensium ; A.-M. Helvétius, Abbayes, évêques et laïques, une politique du pouvoir en Hainaut au Moyen Âge (viie-xie siècles), Bruxelles, 1994, p. 260-263 et 268-271 ; le témoignage des Gesta n’était pas accepté pour la bonne raison qu’est conservé un acte de 920 par lequel Charles le Simple cède Maroilles à l’évêque Étienne (Recueil des actes de Charles le Simple (893-923), Ph. Lauer éd., Paris, 1943-1949 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), n° 106, t. 1, p. 253-255 ; ce diplôme pose plusieurs difficultés, mais était jugé sincère : cf. J.-M. Duvosquel, « La cession de l’abbaye de Maroilles en Hainaut par Charles le Simple à l’église de Cambrai (920) », dans Valenciennes et les anciens Pays-Bas. Mélanges offerts à Paul Lefrancq, Valenciennes, 1976, p. 175-180) ; la démonstration d’A.-M. Helvétius met en doute la véracité de l’acte et en attribue la forgerie à « l’ambitieux » Fulbert auquel les chanoines de Maroilles auraient répondu par la rédaction d’une Vita en l’honneur de leur saint patron (A.-M. Helvétius, « Réécriture hagiographique et réforme monastique: les premières Vitæ de saint Humbert de Maroilles (xe-xie siècles). Avec l’édition de la Vita Humberti prima », dans La réécriture hagiographique dans l’Occident médiéval. Transformations formelles et idéologiques, M. Goullet et M. Heinzelmann éd., Ostfildern, 2003, 195-230, à la p. 216).
  • [18]
    H. Zimmermann, « Frankreich und Reims in der Politik der Ottonenzeit », dans Festschrift zur Jahrtausendfeier der Kaiserkrönung Ottos des Grossen, t. 1, Graz/Cologne, 1962, p. 122-146, aux p. 126-137 ; A. Dumas, « L’Église de Reims au temps des luttes entre Carolingiens et Robertiens (888-1027) », dans Revue d’histoire de l’Église de France, t. 30, 1944, p. 5-38, aux p. 15-19 ; R. McKitterick, « The Carolingians kings and the see of Rheims, 882-987 », dans Ideal and Reality in Frankish and Anglo-Saxon Society. Studies presented to J. M. Wallace-Hadrill, D. Bullough, R. Collins et P.Wormald éd., Oxford, 1983, p. 228-249, aux p. 236-237.
  • [19]
    Commode présentation en français dans M. Sot, Un historien et son Église. Flodoard de Reims, Paris, 1993, p. 298-303 (avec renvoi à la bibliographie sur le sujet) ; le concile d’Ingelheim est documenté par le récit qu’en donne Flodoard dans ses annales (Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 948, p. 108-115), repris (et complété) dans son Histoire de l’Église de Reims (op. cit. (n. 7), p. 434-436) ; les actes du synode (Gesta synodalia) sont transmis de manière indépendante : MGH, Concilia, t. 6, E.-D. Hehl éd., Hanovre, 1987, p. 157-163 qui donne aussi l’ensemble des sources relatives à cette rencontre.
  • [20]
    Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. IV, ch. 35, p. 428-434 ; Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 149-157.
  • [21]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), p. 113 (Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 141) ; Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. IV, ch. 35, p. 435 ; l’importance de l’intervention de Fulbert a cependant échappé à Richer, Histoire de France (888-995), R. Latouche éd., t. 1, 1930 (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 12), ch. 79, p. 261 ; ce ne fut pas le cas de l’auteur des Gesta qui, suivant Flodoard, résume brièvement le déroulement du synode en soulignant la participation de l’évêque (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 79, p. 431).
  • [22]
    M. Sot, Un historien…, op. cit. (n. 19), p. 302-303.
  • [23]
    I. Schröder, Die westfränkischen Synoden…, op. cit. (n. 11), p. 228-229 (Château-Thierry, début 933), 229-230 (Fismes, fin 935), 246-251 (Soissons, 27 mars 941) et 259-266 (Mouzon, 13 janvier 948) ; Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 132-134 (idem) ; si l’on retient la date du 30 avril 948 pour le privilège d’Otton en faveur de l’église de Cambrai (voir supra n. 16), on comprend alors que Fulbert ne se soit pas senti obligé de se présenter à Mouzon le 13 janvier.
  • [24]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 950, p. 127 ; repris par Richer, Histoire…, op. cit. (n. 21), ch. 97, p. 286.
  • [25]
    Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 162 : CAP. XII. Omnis postmodum caveatur, ne aliquis christianus de propria cognatione uxorem ducat, sed huiusmodi copulam tamdiu fugiat, quoadusque series generationis recordari potest.
  • [26]
    P. Corbet, Autour de Burchard de Worms. L’Église allemande et les interdits de parenté (ixe-xiie siècle), Francfort-sur-le-Main, 2001, spéc. p. 56 (Ingelheim).
  • [27]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 74, p. 427 : (…) Fulbertus episcopus, eos, sponsum videlicet et sponsam, proximae cognitionis consanguinitate propinquos et ideo contra legem copulatos, facto consilio canonice ab invicem seiunxit, datoque poenitentiae modo, hoc tantum scelus admissum expiari precepit ; sur Amulric (qui n’aurait pas encore été comte de Valenciennes au moment de son mariage), voir J. Dhondt, « Note critique sur les comtes de Hainaut au dixième siècle », Annales du Cercle archéologique de Mons, t. 59, 1944, p. 123-144, spéc. p. 131-133 ; et U. Nonn, Pagus und comitatus…, op. cit. (n. 11), p. 131-132.
  • [28]
    P. Corbet, Autour de Burchard…, op. cit. (n. 26), p. 65-69 et 148-150 rappelle ainsi que l’évêque Gérard Ier adopta une position beaucoup plus souple en 1016 vis-à-vis de l’union du comte Régnier V de Hainaut et de la fille du comte Herman d’Ename (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. III, ch. 10, p. 469).
  • [29]
    R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995, p. 316.
  • [30]
    Vita Autberti, J. Ghesquière éd., dans Acta sanctorum [désormais cité : AA SS] Belgii selecta, t. 3, Bruxelles, 1785, p. 538-565, l. IV, ch. 30-33, p. 562-564 ; Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 78, p. 430 ; l’attribution de la Vie d’Aubert à Fulbert de Chartres ne repose sur aucun argument convaincant.
  • [31]
    Synthèse récente dans Otto der Grosse, Magdeburg und Europa…, op. cit. (n. 16), t. 1, spéc. p. 343-443 (avec renvoi à l’immense bibliographie sur le sujet).
  • [32]
    H. Platelle, « Reliques circulant sous un faux nom : formalisme et religion populaire », dans La Religion populaire, Paris, 1979, p. 95-102, à la p. 96.
  • [33]
    B. Schwineköper et G.Wentz, Das Erzbistum Magdeburg, t. 1/1, Das Domstift St. Moritz in Magdeburg, Berlin/New York, 1972, p. 232 et 237 ; sur le calendrier-nécrologe de Magdebourg, aujourd’hui Bruxelles, Bibl. royale, ms. 1814-16, voir en dernier lieu Otto der Grosse, Magdeburg und Europa…, op. cit. (n. 16), p. 360-362.
  • [34]
    Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. I, ch. 4, p. 71 : Beati denique Timothei ossa rex Otto concedente Artaldo archiepiscopo transferri fecit in Saxoniam et monasterium monachorum in eius instituit honore ; sur le culte des deux saints à Magdebourg, voir B. Schwineköper et G. Wentz, Das Erzbistum Magdeburg…, op. cit. (n. 33), p. 223, 229 et 239. — On pourrait bien sûr se demander si les deux évêques n’auraient pas spontanément offert des reliques au souverain, mais ce n’est pas ainsi que Flodoard et l’auteur de la Vie d’Aubert présentent les choses.
  • [35]
    Die Urkunden Heinrichs II. und Arduins, éd. H. Bresslau et alii, Hanovre, 1888-1893 (MGH, Diplomata regum et imperatorum Germaniae, 3), n° 142, p. 168-169.
  • [36]
    Folcuin, Gesta abbatum Sithiensium, O. Holder-Egger éd., dans MGH, SS, t. 13, Hanovre, 1881, p. 606-635, § 106, p. 627-628 ; sur les interdictions faites aux femmes de pénétrer dans l’enceinte monastique, voir J. Smith, « L’accès des femmes aux saintes reliques au haut Moyen Âge », Médiévales, t. 40, printemps 2001, p. 83-100, spéc. p. 98.
  • [37]
    Sur cet acte, voir L. Morelle, Autour de Folcuin de Saint-Bertin, mémoire inédit d’habilitation, Université de Paris I, 2001, p. 294-295.
  • [38]
    Sur la réforme de Gérard de Brogne : D. Misonne, « Gérard de Brogne », DHGE, t. 20, 1984, col. 724-740 et A. Dierkens, Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse (viie-xie siècles). Contribution à l’histoire religieuse des campagnes du haut Moyen Âge, Sigmaringen, 1985, p. 197-247.
  • [39]
    Diplomata belgica ante annum millesimum centesimum scripta, M. Gysseling et A. C. F. Koch éd., Bruxelles, 1950, n° 53, p. 144-156 ; sur cet acte, voir en dernier lieu G. Declercq, Traditievorming en tekstmanipulatie in Vlaanderen in de tiende eeuw. Het Liber Traditionum Antiquus van de Gentse Sint-Pietersabdij, Bruxelles, 1998, surtout p. 207-221 ; pour le contexte de la réforme de Saint-Pierre : A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 232-238.
  • [40]
    Annales Elnonenses, Ph. Grierson éd., Les annales de Saint-Pierre de Gand et de Saint-Amand, Bruxelles, 1937 (Commission royale d’histoire. Recueil de textes pour servir à l’étude de l’histoire de Belgique), p. 132-175, a° 952, p. 151 ; H. Platelle, « L’œuvre de saint Gérard de Brogne à Saint-Amand », Revue bénédictine, t. 70, 1960, p. 127-141 ; id ., Le temporel de l’abbaye de Saint-Amand des origines à 1340, Paris, 1962, p. 114-116 ; A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 215 et 240-241.
  • [41]
    Annales Blandinienses, Ph. Grierson éd., Les annales de Saint-Pierre de Gand…, op. cit. (n. 40), p. 1-73, a° 953, p. 19.
  • [42]
    En dernier lieu, voir A.-M. Helvétius, Abbayes…, op. cit. (n. 17), p. 213-234.
  • [43]
    A. Hodüm, « La réforme monastique d’Arnoul le Grand, comte de Flandre », Bulletin de la Société des antiquaires de la Morinie, t. 68, 1952-1957, p. 577-603, à la p. 591.
  • [44]
    Libri confraternitatum Sancti Galli, Augiensis, Fabariensis, P. Piper éd, Hanovre, 1884 (MGH, Necrologia Germaniae), p. 221 ; Das Verbrüderungsbuch der Abtei Reichenau, J. Autenrieth, D. Geuenich et K. Schmid éd., Hanovre, 1979 (MGH, Libri memoriales et necrologia, nova series, 1), p. 56 du fac-similé ; [O]dilbaldus et [B]ernacrus souscrivent la charte comtale de 941 avec le titre d’archidiacre (références supra n. 39).
  • [45]
    Karl Schmid, « Neue Quellen zum Verständnis des Adels im 10. Jahrhundert », dans Zeitschrift für Geschichte des Oberrheins, t. 108 (n. F. 69), 1960, p. 185-232, aux p. 208-210.
  • [46]
    Pour rassembler une documentation substantielle, il aurait fallu étendre considérablement l’étude comme l’a fait, pour les diocèses de Metz, Toul et Verdun, M. Parisse, « L’évêque impérial dans son diocèse. L’exemple lorrain aux xe et xie siècles », dans Institutionen, Kultur und Gesellschaft im Mittelalter. Festschrift für Josef Fleckenstein zu seinem 65. Geburtstag. L. Fenske, W. Rösener et Th. Zotz éd., Sigmaringen, 1984, p. 179-193.
  • [47]
    Voir supra n. 44 ; G. Despy, « Serf ou libre?… », op. cit. (n. 10), p. 1143 lit Oilbaldus, mais n’écarte pas Gilbaldus (p. 1129, n. 2) ; même hésitation d’O. Holder-Egger lorsqu’il édite le passage de l’Inventio et miracula Gisleni (dans MGH, SS, t. 15/2, Hanovre, 1888, ch. 4, p. 577) mentionnant le nom (Oilboldus? Gilbaldus ?) de l’archidiacre délégué par l’évêque Étienne lors de l’invention des reliques de saint Ghislain au début des années 930 (voir supra n. 42 pour les références utiles sur les origines de cette communauté).
  • [48]
    A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 100-102.
  • [49]
    Vita Dodonis, éd. R. De Buck, dans AA SS, octobre, t. 12, Bruxelles, 1867, p. 634-638 ; sur ce texte sans doute rédigé à Wallers à la fin du xe siècle, voir en dernier lieu A. Dierkens, « La production hagiographique à Lobbes au xe siècle », Revue bénédictine, t. 93, 1983, p. 245-259, à la p. 256.
  • [50]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 43, p. 417.
  • [51]
    Vita Dodonis…, op. cit. (n. 49), l. II, ch. 8-9, p. 636.
  • [52]
    Ibid., l. II, ch. 10-11, p. 636-637.
  • [53]
    A. Dierkens, « La création des doyennés et des archidiaconés dans l’ancien diocèse de Liège (début du xe siècle ?). Quelques remarques de méthode », Le Moyen Âge, t. 92, 1986, p. 345-365 à la p. 355, n. 60 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du xive siècle. Recherches sur la vie religieuse dans le Nord de la France au Moyen Âge, Arras, 1994, t. 1, p. 147 rappelle qu’il faut ensuite attendre l’extrême fin du xie siècle pour trouver mention des doyens cambrésiens.
  • [54]
    En dernier lieu : B. Meijns, Aken of Jeruzalem ? Het ontstaan en de hervorming van de kanonikale instellingen in Vlaanderen tot circa 1155, Leuven, 2000, t. 1, p. 256-265 et Ead., « Communautés de chanoines dépendant d’abbayes bénédictines pendant le haut Moyen Âge. L’exemple du comté de Flandre », Revue bénédictine, t. 113, 2003, p. 90-123, aux p. 103-111.
  • [55]
    M. Coens, « Un manuscrit perdu de Rouge-Cloître décrit d’après les notes d’Héribert Rosweyde et d’Aubert le Mire », Analecta Bollandiana, t. 78, 1960, p. 51-83, à la p. 59.
  • [56]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 76, p. 429 ; ibid., l. II, ch 44, p. 464-465 ; Newehova: aujourd’hui Nieuwenhove en Brabant (M. Gysseling, Toponymisch woordenboeck, op. cit. (n. 6), t. 2, p. 741.
  • [57]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 27, p. 412 ; l. II, ch. 10, p. 458.
  • [58]
    Vita Lietphardi, G. Henschenius éd., dans AA SS, février, t. 1, Anvers, 1658, p. 495-497, à la p. 496 ; la Vie est conservée dans un légendier du Saint-Sépulcre de Cambrai copié à la fin du xie siècle (D. Muzerelle et alii, Manuscrits datés des bibliothèques de France, t. 1, Cambrai, Paris, 2000, p. 102-103) : Médiathèque Cambrai, ms. 863 (767 I), fol. 200-203v° (le passage cité est au fol. 201r° et v°).
  • [59]
    Sur les circonstances obscures de cette union : B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 41-43 ; L. Kéry, Die Errichtung des Bistums Arras, 1093/1094, Sigmaringen, 1994, p. 211-225 et Ch. Mériaux, « De la cité antique au diocèse médiéval. Quelques observations sur la géographie ecclésiastique du Nord de la Gaule mérovingienne », Revue du Nord, t. 85, 2003, p. 595-609, aux p. 599-600. — Précisons que Fulbert est systématiquement appelé « évêque de Cambrai » dans les sources narratives et diplomatiques ; avant 1093, la double titulature apparaît dans les seuls actes en faveur des établissements du diocèse d’Arras, dont on ne conserve malheureusement aucun exemplaire pour l’épiscopat de Fulbert (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 53).
  • [60]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 28-33, p. 412-414 ; ibid., l. I, ch. 42, p. 416 ; ibid., l. II, ch. 18, p. 459-460 ; B. DElmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 199 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?…, op. cit. (n. 54), t. 1, p. 111-114 et 418-424 ; ead., « Des basiliques rurales dans le Nord de la France ? Une étude critique de l’origine mérovingienne de quelques communautés de chanoines », Sacris erudiri, t. 41, 2002, p. 301-340, aux p. 320-323.
  • [61]
    J.-P. Gerzaguet, « La fondation d’une communauté de moniales bénédictines à Étrun (diocèse d’Arras-Cambrai) en 1088 (?) », dans Retour aux sources. Textes, études et documents d’histoire médiévale offerts à Michel Parisse, Paris, 2004, p. 129-141 a fait une analyse similaire de la fondation de la communauté féminine d’Étrun, située entre le Mont-Saint-Éloi et Maroeuil, avant la restauration du diocèse d’Arras.
  • [62]
    Recueil des actes de Lothaire et de Louis V, rois de France (954-987), L. Halphen et F. Lot éd., Paris, 1908 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), n° 41, p. 97-98 : quoddam cenobium a venerabili Fulberto presule sub regulari canonicorum norma nobiliter secus Attrebatum super Satis fluenta olim constructum fuisse, quod est situm in villa que dicitur Mareolum; l’acte de Lothaire est connu par le seul cartulaire de Maroeuil du xve siècle : B. Delmaire, « Cartulaires et inventaires de chartes dans le Nord de la France », dans Les cartulaires, actes de la table ronde organisée par l’École nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS (Paris, 5-7 décembre 1991), O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse éd., Paris, 1993, p. 311-322, à la p. 320. — Sur la communauté de Maroeuil : B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 198 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?…, op. cit. (n. 54), t. 1, p. 114-120 et 418-424 ; Ead., « Des basiliques rurales… », op. cit. (n. 60), p. 323-328.
  • [63]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. II, ch. 16, p. 459; la Vie de sainte Bertille (éd. J. Bolland, dans AA SS, janvier, t. 1, Anvers, 1643, p. 156-157) est une composition de la fin du xie siècle (H. Platelle, « Gautier, abbé du Saint-Sépulcre de Cambrai », DHGE, t. 20, 1984, col. 110-111).
  • [64]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 75, p. 428-429 ; A. D’Haenens, « Les incursions hongroises dans l’espace belge (954/955). Histoire ou historiographie ? », Cahiers de civilisation médiévale, t. 4, 1961, p. 423-440, à la p. 434 rappelle ainsi que le témoignage le plus fiable est celui que donne Folcuin (Gesta abbatum Lobbiensium, G. H. Pertz éd., Hanovre, 1841, ch. 25, p. 65-67) décrivant, lui aussi avec beaucoup de précision, l’attaque de Lobbes le 2 avril 955 ; voir aussi A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 117.
  • [65]
    M. Rouche, « Topographie historique de Cambrai durant le haut Moyen Âge (ve-xe siècles) », Revue du Nord, t. 58, 1976, p. 339-347 ; J. Thiébaut, « Les cathédrales préromanes de Cambrai », dans L’art du haut Moyen Âge dans le nord-ouest de la France, M. Perrin et D. Poulain éd., Greifswald, 1993, p. 61-76.
  • [66]
    G. Bührer-THierry, « De saint Germain de Paris à saint Ulrich d’Augsbourg : l’évêque du haut Moyen Âge, garant de l’intégrité de sa cité », dans Religion et société urbaine au Moyen Âge. Études offertes à Jean-Louis Biget, Paris, 2000, p. 29-41.
  • [67]
    Ibid., p. 35-37.
  • [68]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. III, ch. 27, p. 474 : Hoc etiam modo sanctae aecclesiae statum confundi, que geminis personis, regali videlicet ac sacerdotali, administrari precipitur. Huic enim orari, illi vero pugnare tribuitur. Igitur regum esse, seditiones virtute compescere, bella sedare, pacis commercia dilatare ; episcoporum vero, reges ut viriliter pro salute patriae pugnent monere, ut vincant orare (je cite la traduction de Faverot et Petit, Chronique d’Arras et de Cambrai par Baldéric, Valenciennes, 1836, p. 314) ; sur l’assemblée de Compiègne, voir surtout R. Bonnauddelamare, « Les institutions de paix dans la province ecclésiastique de Reims au xie siècle », dans Bulletin philologique et historique du CTHS. Années 1955 et 1956, 1957, p. 143-200 ; J.-F. Lemarignier, « Paix et réforme monastique en Flandre et en Normandie autour de l’année 1023. Quelques observations », dans Droit privé et institutions régionales. Études historiques offertes à Jean Yver, Rouen, 1976, p. 443-468 et les pages célèbres que lui a consacrées G. Duby, Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, Paris, 1978, p. 35-61 ; rappelons que le meilleur point de départ concernant l’épiscopat de Gérard Ier se lit dans E. van Mingroot, « Gérard Ier… », op. cit. (n. 2).
  • [69]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 956, p. 143.
  • [70]
    Médiathèque Cambrai, ms. 229 (219), fol. 38v° (martyrologe-nécrologe composé entre 1095 et 1113) et fol. 75r° (nécrologe rédigé entre 1113 et 1131) ; Médiathèque Cambrai, ms. 1161 (1039), fol. 54v° (nécrologe du tout début du xiiie siècle) ; les deux dernières entrées précisent que Fulbert dedit terra apud Durith contoris in usus ; sur ces nécrologes, voir en dernier lieu D. Muzerelle et alii, Manuscrits datés…, op. cit. (n. 58), p. 49 et 126-127.
  • [71]
    B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 404.

1 Les travaux ne manquent pas qui ont insisté sur le caractère exemplaire de Cambrai comme diocèse impérial ainsi que sur celui de son évêque, représentant typique de l’Église d’Empire aux xe-xie siècles. Et cela surtout en raison des responsabilités publiques qu’il exerça d’abord dans sa cité puis, après 1007, dans l’ensemble du pagus du Cambrésis [1]. Plusieurs raisons méritent cependant que l’on ouvre à nouveau ce dossier. D’une part parce que l’évêque de Cambrai était plus qu’un évêque impérial. Le diocèse appartenait dans sa plus grande partie à la Lotharingie (relevant du royaume de Germanie depuis 925), mais continuait de dépendre de la métropole ecclésiastique « française » de Reims. En outre, jusqu’en 1093, l’évêque de Cambrai gouvernait également le diocèse d’Arras, situé dans le royaume de Francie occidentale et intégré progressivement dans la principauté flamande dans les années 930-940. Ce prélat était donc une figure originale à plus d’un titre.

2 Certains titulaires sont bien connus. Ainsi en va-t-il pour Gérard Ier de Florennes (1012 † 1051) ou encore Gérard II de Lessines (1076 † 1092) [2]. Ces grandes figures ont sans doute éclipsé certains de leurs prédécesseurs au sujet desquels la documentation est cependant loin d’être négligeable. C’est ainsi le cas de Fulbert, élu et consacré en 933/934, qui mourut en 956 [3]. Le dossier réuni à son sujet par le rédacteur des Gesta episcoporum Cameracensium en 1024-1025 est étoffé [4] et peut être complété par des mentions relativement abondantes dans d’autres sources narratives (en particulier hagiographiques), annalistiques, diplomatiques et conciliaires.

3 L’étude de l’épiscopat de Fulbert passe dans un premier temps par une présentation des relations entretenues avec le roi de Germanie Otton Ier (936 † 973), ce qui, plus largement, implique de reconsidérer quelques aspects de la genèse de cette « Église impériale » (Reichskirche) qui fit la force du gouvernement ottonien. Les historiens insistent souvent (et à juste titre) sur le rôle précurseur et décisif de Brunon, archevêque de Cologne (953 † 965) qui tissa des liens étroits avec les évêques du duché de Lotharingie à partir du moment (953) où il reçut de son frère Otton Ier le gouvernement de cette principauté [5]. On reconnaîtra cependant qu’une relation de ce type avait déjà été nouée une quinzaine d’années plus tôt entre le souverain saxon et Fulbert. Il conviendra ensuite de montrer que Fulbert eut aussi le souci de ne pas négliger son puissant voisin flamand et enfin de rappeler que l’évêque fut un pasteur actif dans l’administration de ses diocèses.

Fulbert et Otton Ier

4 On ne sait presque rien de Fulbert avant son accession à l’épiscopat, hormis le fait que, originaire de Viluwa en Brabant, il dut son élection au duc de Lotharingie Gislebert [6]. On peut donc imaginer (même si aucune source ne l’atteste) que ce dernier le recommanda à Henri Ier et que le souverain saxon ratifia ce choix. Aux dires des Gesta, l’évêque Étienne mourut le 11 février 934, mais Flodoard mentionne la consécration de Fulbert par l’archevêque Artaud à la fin de l’année 933 [7]. Il est difficile de trancher entre les deux témoignages.

5 Aucune source ne permet ensuite d’apprécier les rapports qu’entretint Fulbert avec le duc, en particulier lorsque celui-ci se révolta contre Otton Ier en 939 avec le soutien du roi de Francie occidentale Louis IV (936 † 954). La mort inopinée de Gislebert, en octobre de la même année, permit à Otton de redresser provisoirement la situation : la Lotharingie resta dans le giron du royaume de Germanie. Son aristocratie, emmenée par Conrad le Rouge, continua toutefois à faire preuve d’une grande indépendance. En épousant la femme du duc défunt (Gerberge, sœur d’Otton), Louis IV avait affirmé ses prétentions sur le duché. Il fallut attendre la grande révolte de Conrad, sa déposition et son remplacement par Brunon de Cologne en septembre 953 pour voir le duché fermement intégré au royaume de Germanie [8]. C’est bien parce qu’il affronte entre 939 et 953 l’hostilité de l’aristocratie lotharingienne qu’Otton a délibérément choisi de favoriser le siège épiscopal de Cambrai. Ce choix était d’autant plus judicieux que le souverain saxon entendait aussi jouer un rôle d’arbitre en Francie occidentale entre ses deux beaux-frères, le Carolingien Louis IV et le Robertien Hugues.

6 Depuis Pépin le Bref, l’évêque disposait de l’immunité, renouvelée par Charlemagne, Louis le Pieux (816) et Arnoul de Carinthie (894) [9]. La notice d’un jugement donné à Cambrai le 27 avril 941 permet d’ailleurs de voir Fulbert à l’œuvre dans ses attributions de seigneur immuniste. Après avoir procédé à la réunion d’une assemblée judiciaire, l’évêque s’est opposé à une tentative d’asservissement faite par un certain Rénier sur un domaine de l’église de Cambrai (Raillencourt, non loin de la cité ?) qu’il tenait alors en bénéfice [10]. Mais Fulbert avait aussi hérité de la situation conflictuelle qui opposait déjà son prédécesseur Étienne au comte Isaac pour le contrôle du territoire urbain. En octobre 924, un synode provincial réuni à Trosly autour de l’archevêque Séulf avait mis un terme provisoire au conflit [11], mais celui-ci ne tarda cependant pas à renaître. Isaac possédait la petite abbaye de Saint-Pierre de Maroilles en Hainaut, l’abbaye de Saint-Géry (hors des murs de Cambrai) et tenait la moitié de la cité (et de ses revenus), comprise depuis la fin du siècle précédent dans l’enceinte — plus ample que le castrum primitif — qu’avait fait édifier l’évêque Dodilon. Les deux adversaires disposaient de leurs propres armes: à la violence physique exercée par le comte (et à laquelle l’évêque faisait face tant bien que mal) répondaient les sanctions spirituelles prononcées par le prélat (on aura l’occasion de revenir plus loin sur la séparation du comte Amulric et de la fille du comte Isaac). Comme le résume l’auteur des Gesta, Cambrai vivait alors sous un double gouvernement (sub diversitate biremis dominii)[12].

7 Fulbert, on l’a vu, avait été installé en 934, mais il faut attendre les lendemains de la révolte de Gislebert pour voir Otton, par un acte donné au palais d’Ingelheim le 30 mai 941, confirmer l’immunité dont jouissait le siège épiscopal. Celle-ci fut même complétée : Fulbert et le chapitre cathédral reçurent les tonlieux et la monnaie de la cité dont disposait encore le roi [13]. Ce faisant, le souverain saxon prenait ouvertement parti en faveur de Fulbert contre le comte Isaac. Les attributions de Fulbert furent considérablement accrues après l’incursion d’Otton dans le royaume pour soutenir Louis IV en butte aux prétentions d’Hugues le Grand et de Guillaume Longue-Épée (946). Les contingents germaniques se rassemblèrent-ils précisément à Cambrai comme le rapporte Widukind de Corvey [14] ? Ou alors Otton s’arrêta-t-il dans la cité à son retour comme l’affirme l’auteur des Gesta ? [15] Toujours est-il que plusieurs mois plus tard Otton accorda à Fulbert l’abbaye de Saint-Géry qui, on l’a vu, constituait jusque-là une part importante des revenus du comte. Donné à Aix-la-Chapelle le 30 avril 948 (plutôt qu’en 947), cet acte, dont l’original est toujours conservé, ouvre véritablement le dossier que l’auteur des Gesta a consacré à Fulbert [16]. En outre, si l’on accepte la récente démonstration d’Anne-Marie Helvétius visant à réhabiliter le témoignage de l’auteur des Gesta, Fulbert reçut au même moment du roi de Germanie l’autre possession du comte que représentait l’abbaye de Maroilles [17]. Il n’est pas possible d’apprécier l’efficacité de ces dispositions que reconnaît cependant implicitement le rédacteur des Gesta : son récit ne fait plus mention du comte Isaac et, lorsqu’il rapporte du siège de la cité par les Hongrois en 955, il prend soin de présenter Fulbert en unique défenseur de la cité. Désormais seul maître de Cambrai, l’évêque avait contracté une dette à l’égard d’Otton dont il commença à s’acquitter dès le début de l’été 948 lors du synode d’Ingelheim.

Le synode d’Ingelheim (7 juin 948)

8 Il n’est pas besoin de revenir en détail sur les circonstances qui entourèrent la réunion de cette assemblée. Elle chercha à mettre un terme à deux conflits : celui qui opposait Hugues le Grand et Louis IV d’Outre-Mer depuis que ce dernier, au début des années 940, avait tenté de s’affranchir de son encombrant tuteur ; et celui qui, à Reims, opposait Hugues de Vermandois, élu en 925, et Artaud, élu en 931. Les deux affaires étaient liées (Hugues et son père Herbert avaient le soutien d’Hugues le Grand ; Artaud pouvait compter sur celui de Louis) et, surtout, n’étaient pas nouvelles. Ce qui l’était, en revanche, c’était la volonté d’Otton d’y mettre un terme et de se faire reconnaître comme arbitre (entre ses deux beaux-frères) dans les affaires du royaume occidental. L’expédition de 946 lui avait assuré une position de force et la maîtrise de Reims où s’était installé Artaud [18]. Il convenait alors désormais de pérenniser cette situation.

9 Présidée par le légat pontifical Marin, l’assemblée d’Ingelheim était composée presque exclusivement d’évêques du royaume de Germanie à l’exception de Raoul de Laon [19]. Elle écouta successivement la plainte de Louis, celle d’Artaud (il s’agit du fameux Libellus Artoldi à la rédaction duquel Flodoard fut associé et qu’il transmet intégralement dans son Histoire de l’Église de Reims) [20], puis la défense d’Hugues de Vermandois assurée par le clerc Sigebald. Celui-ci présenta aux pères conciliaires une lettre qui aurait été envoyée par les évêques de Soissons, de Beauvais, de Laon et tous leurs collègues de la province de Reims (ceterique cuncti Remensis dioceseos episcopi) au pape Agapit II (946 † 955) pour demander l’expulsion d’Artaud et le rétablissement d’Hugues. Cette missive lui aurait été remise à Rome par le légat Marin lui-même. Le témoignage de Fulbert et celui de Raoul sont alors décisifs car ils nient tous deux avoir vu cette lettre et participé à cette affaire [21]. Pourtant, comme l’a rappelé Michel Sot, il paraît difficile de croire qu’Hugues ait préparé une défense aussi fragile et envoyé Sigebald devant le synode avec un document si grossièrement falsifié. Les droits d’Hugues n’étaient d’ailleurs pas moins assurés que ceux d’Artaud et rien n’interdit de penser que la lettre était authentique [22].

10 On aurait naturellement aimé être plus informé au sujet des sentiments de Fulbert (et éventuellement de ceux de son prédécesseur Étienne) avant la réunion du concile d’Ingelheim. Qu’il suffise de constater que Fulbert ne semble avoir participé ni aux synodes provinciaux réunis auparavant par Artaud, ni au synode de Mouzon qui, le 13 janvier 948, avait déjà examiné ces affaires [23]. En somme, il est difficile de ne pas mettre en relation étroite l’intervention appuyée de Fulbert en faveur d’Artaud à Ingelheim et le soutien qu’Otton lui avait manifesté quelques semaines plus tôt. On sait en outre que les efforts de Fulbert ne s’arrêtèrent pas là : avec Conrad le Rouge, duc de Lotharingie, Hugues le Noir, duc de Bourgogne, et Adalbéron, évêque de Metz, il fut dans les mois suivants l’un des acteurs des négociations qui aboutirent à la réconciliation de Louis et d’Hugues sous l’égide d’Otton au début de l’année 950 [24].

11 La présence de Fulbert à Ingelheim peut enfin être rapprochée d’une autre décision du concile. On sait en effet que le canon 12 des Gesta synodalia réaffirma avec force l’interdiction des mariages au sein de la parenté connue [25]. Depuis le concile de Worms (868) en effet, l’épiscopat du royaume de Germanie avait, pour une large part, adopté une attitude très stricte au sujet des interdits de parenté [26]. Or ce canon 12 fait écho à un chapitre des Gesta où l’auteur évoque l’interdiction prononcée par Fulbert au sujet du mariage de la fille du comte d’Isaac avec un comte du Hainaut nommé Amulric pour cause de trop proche parenté [27]. Ce récit est vraisemblable et ne doit sans doute rien à une reconstruction du début du XIe siècle [28]. Il appelle alors une première interprétation, strictement locale : en perturbant les mécanismes traditionnels des échanges matrimoniaux au sein de l’aristocratie, Fulbert affaiblissait indéniablement la puissance du groupe auquel appartenait Isaac [29]. Mais, à la lumière du canon 12 d’Ingelheim, on peut se demander si l’épisode ne peut aussi être considéré dans un contexte plus large. L’auteur des Gesta ne donne aucune précision chronologique : on en est donc réduit à formuler des hypothèses. Dans le cas où l’épisode se serait passé après 948, ne doit-on pas imaginer que la lex — l’auteur évoque même un peu plus loin la norma canonicae legis — enfreinte par le comte Amulric et la fille d’Isaac ferait précisément référence au canon d’Ingelheim ? Dans le cas où l’interdiction aurait été prononcée bien avant 948, ne peut-on alors imaginer que Fulbert joua logiquement un rôle dans la rédaction de ce canon ? Ou alors — ce qui est sans doute un peu hardi — ne peut-on supposer que Fulbert aurait, à Ingelheim, saisi les pères conciliaires de cette affaire ? Contentons-nous ici de constater la convergence de vue, sur ces problèmes matrimoniaux, entre Fulbert et l’épiscopat du royaume de Germanie.

La translation des reliques des saints Géry et Aubert à Magdebourg

12 Il existe un autre récit témoignant de la situation d’obligé dans laquelle se trouvait Fulbert à l’égard d’Otton. Il se lit dans les derniers chapitres de la Vie de l’évêque Aubert († 667/674), rédigée entre 1015 et 1024/1025. L’auteur des Gesta s’y réfère et en résume la teneur [30]. En 948 ou peu de temps après (en tout cas après la donation de Saint-Géry), Otton fit parvenir une demande exorbitante à Fulbert. L’évêque était prié de lui adresser les reliques des saints évêques les plus éminents de la cité, Géry († 623/629) et Aubert, pour enrichir le trésor de Saint-Maurice de Magdebourg, fondé par le souverain en 937 [31]. Fulbert prit alors la décision d’adresser des reliques « sous un faux nom » [32] : les restes de l’évêque Thierry (dont les Gesta soulignent ailleurs l’existence exemplaire, mais qui ne semble jamais avoir fait l’objet d’un culte) ainsi que ceux d’un prêtre du diocèse, complétés par quelques parcelles du corps d’Aubert furent envoyés en Saxe.

13 On pourrait penser l’épisode tout à fait imaginaire. Mais un grand nombre de sources liturgiques (et en particulier un calendrier-nécrologe, copié à Saint-Gall, en usage à Magdebourg autour de l’an Mil, passé à l’abbaye de Stavelot et aujourd’hui conservé à Bruxelles) montrent que Géry et Aubert furent spécialement honorés à la cathédrale (en 968, en effet, lors de l’érection de Magdebourg en siège métropolitain, Saint-Maurice donna naissance au chapitre cathédral), où l’on prétendit longtemps conserver leurs reliques [33]. Les exigences d’Otton et les scrupules de Fulbert en disent long sur la situation de l’évêque de Cambrai à l’égard du souverain saxon après 948. L’épisode n’est d’ailleurs pas isolé. On ne sera pas étonné d’apprendre qu’Artaud de Reims adressa, lui aussi, des reliques au roi de Germanie: il s’agissait de restes des saints Apollinaire et Timothée [34].

Fulbert et Arnoul Ier, comte de Flandre

14 Au début du xie siècle, les Gesta insistent exclusivement sur les rapports entre Fulbert et Otton Ier. Rien n’est dit de ceux que l’évêque entretenait avec les grands du royaume. Cela se comprend aisément : cette date, les relations avec l’Empire avaient acquis une importance supplémentaire depuis qu’en 1007, l’évêque Liébert avait vu ses attributions publiques étendues par Henri II à l’ensemble du pagus du Cambrésis [35]. Mais d’autres sources permettent d’entrevoir les relations que Fulbert avait eu le souci de nouer en Francie occidentale, particulièrement avec le comte de Flandre Arnoul Ier (918 † 965).

15 Ainsi le 23 avril 938, Fulbert et Wicfrid, évêque de Thérouanne, accordèrent à contrecœur — et non sine tremore maximo — à la comtesse Adèle le droit de pénétrer dans l’enceinte monastique de Sithiu/Saint-Bertin pour aller prier devant l’autel du saint patron de la communauté afin de recouvrer la santé [36]. Selon le moine Folcuin qui rapporte l’épisode, l’évêque de Cambrai aurait ensuite figuré dans la liste des souscripteurs d’un acte du comte cédant aux moines le fisc de Mercq situé non loin de l’abbaye [37].

16 Mais c’est surtout dans le contexte des réformes monastiques menées conjointement par Arnoul Ier et Gérard de Brogne († 959) au sein des établissements monastiques du comté de Flandre qu’est mentionnée la présence de l’évêque de Cambrai [38]. Fulbert souscrivit le 8 juillet 941 la grande charte de restitution de biens accordée par le comte à l’abbaye gantoise de Saint-Pierre au Mont-Blandin [39]. Cet acte ouvre la voie à la restauration de la vie monastique menée ensuite sous la houlette de Gérard. Plus de dix ans plus tard, le 1er juin 952, Fulbert participa en compagnie de son confrère Raoul de Noyon-Tournai et de plusieurs abbés de la région (dont Gérard de Brogne) à l’ordination de Leudric comme abbé de Saint-Amand : cette cérémonie est considérée par les historiens comme le point de départ de la réforme de l’établissement désormais contrôlé par Arnoul Ier[40]. On sait enfin que Fulbert présida seul la cérémonie d’ordination de l’abbé Womar, successeur de Gérard au Mont-Blandin, en 953 [41]. On pourrait alors se demander si l’évêque de Cambrai ne mérite pas d’être compté parmi les proches du grand abbé réformateur. Mais tout s’oppose à une telle hypothèse. Gérard, on le sait, n’intervint qu’à une seule reprise dans le diocèse de Cambrai. À la demande du comte Gislebert et avec l’accord de l’évêque Étienne, il avait participé à la fondation de la communauté hennuyère de Saint-Ghislain au début des années 930 [42]. Si Fulbert et Gérard avaient été proches, il est difficile d’imaginer que le premier n’aurait pas fait appel au second. De même, peut-on concevoir que le rédacteur des Gesta ait passé sous silence une telle proximité qui pouvait en préfigurer une autre : celle qui, au moment où il écrit, unit Gérard Ier et le réformateur Richard de Saint-Vanne à l’œuvre dans plusieurs communautés des diocèses d’Arras et de Cambrai ? En définitive, rien ne permet de suivre le chanoine Hodüm suggérant que Fulbert aurait pu présenter Gérard au comte de Flandre [43].

17 La participation de Fulbert à plusieurs cérémonies liturgiques importantes dans les établissements contrôlés par le comte de Flandre n’est assurément pas un critère suffisant pour en faire un proche d’Arnoul Ier. On sait en effet que le gouvernement du diocèse de Tournai était exercé par l’évêque de Noyon et de multiples raisons pratiques pouvaient conduire le comte à faire appel aux services des évêques voisins. Mais un indice montre que les deux hommes tinrent à manifester leur attachement. Ils sont en effet inscrits ensemble dans une entrée du livre de confraternités de l’abbaye de Reichenau. L’évêque de Cambrai (Folbert) est cité avec son archidiacre Odelbald (Uodolboldus) ; l’évêque de Noyon, Transmar (Trasmerus), avec son archidiacre Bernacre (Pernacrus) ; le comte (Arnolfus) et son épouse (Adala) sont nommés avec leurs proches et leurs vassaux [44]. Pour Karl Schmid, cette inscription pourrait signaler le passage des deux évêques à Reichenau en 938 à l’occasion d’un pèlerinage à Rome, dans le contexte de l’alliance, autour d’Arnoul, de Louis IV, Hugues le Grand et Otton Ier contre le duc de Lotharingie Gislebert [45].

18 Il est en définitive important de noter qu’au moment où se nouait l’alliance avec le souverain ottonien, Fulbert ne négligeait pas les relations avec son puissant voisin flamand qui était en train d’imposer son autorité dans le diocèse d’Arras.

Fulbert dans ses diocèses

19 Les témoignages de l’activité proprement religieuse de Fulbert sont beaucoup moins nombreux [46]. Néanmoins ceux-ci donnent l’impression qu’il ne négligea pas le gouvernement de ses deux diocèses.

20 On rappellera d’abord que Fulbert est le premier prélat cambrésien dont l’entourage ne nous est pas complètement inconnu. Il a été question plus haut de l’archidiacre Odelbald, mentionné dans le livre de confraternités de l’abbaye de Reichenau, dans la charte d’Arnoul Ier du 8 juillet 941 et sans doute aussi dans la notice de plaid du 27 avril 941 ; peut-être même cet Odelbald était-il déjà en fonction au début des années 930 [47]. La notice judiciaire fournit de surcroît le nom d’un archiprêtre nommé Jean dont le ressort comprenait de toute évidence le domaine de Raillencourt (?). Mais c’est à propos de la petite cella de Wallers située dans les confins orientaux du diocèse que l’on commence à discerner les rouages de l’administration diocésaine. Depuis sa fondation, celle-ci était restée dans la dépendance du grand monastère de Lobbes [48]. Les Gesta et la Vie du saint local (Dodon) rapportent que les prédécesseurs de Fulbert n’avaient pas négligé la petite communauté [49]. Thierry avait célébré la cérémonie de dédicace de la nouvelle église en 844 à la demande de l’abbé Haribert de Lobbes [50]. Un demi-siècle plus tard, Dodilon avait envoyé « ses archidiacres » pour procéder à l’invention du corps de saint Dodon [51]. Fulbert quant à lui délégua au doyen du lieu, nommé Trésugin, le droit de présider, en compagnie des prêtres de son doyenné, une translation des reliques afin de les disposer plus avantageusement dans l’église. Trésugin avait été averti par le prévôt (provisor loci) de Wallers, nommé Leutbert, du désir que le saint avait manifesté miraculeusement [52]. Comme l’a souligné Alain Dierkens, l’épisode témoigne de l’organisation croissante de la hiérarchie ecclésiastique diocésaine dans le cours du xe siècle. L’évêque agit désormais, non plus par l’intermédiaire de l’archidiacre envoyé ponctuellement en mission, mais grâce à ce relais local qu’est le doyen de chrétienté [53].

21 Le souvenir de Fulbert est aussi associé à l’histoire de deux autres établissements du diocèse : Renaix (à une petite vingtaine de kilomètres au nord-est de Tournai) et Honnecourt (en amont de Cambrai en suivant l’Escaut). Renaix était un établissement royal au début du ixe siècle, d’abord affecté à la mission saxonne, puis entré dans la dépendance du grand monastère d’Inden/Cornelimünster fondé non loin d’Aix-la-Chapelle par Benoît d’Aniane en 816/817 [54]. Ceci explique l’arrivée de reliques de saint Hermès (que les moines d’Inden avaient acquises à Rome) à une époque qu’il est bien difficile de préciser — des traditions tardives font cependant état de la date du 6 juillet 860 [55] —, mais également leur retour à Inden, puis à Cologne, à cause des risques que leur faisaient courir les Normands en Flandre. En raison de ses relations avec la cour ottonienne, Fulbert eut cependant l’autorité nécessaire (mais ce ne fut pas sans difficulté) pour faire revenir à Renaix les précieuses reliques et les chanoines offrirent en retour à la cathédrale de Cambrai le domaine de Newehova[56]. Comme le suggère Brigitte Meijns, cet épisode fait sans doute référence à une restauration de la communauté sous l’égide de Fulbert. Quant à la communauté d’Honnecourt, il s’agit d’une fondation ancienne, attestée au viie puis dans le courant du ixe siècle. Au début du xie siècle les Gesta n’évoquent aucune intervention de Fulbert dans la vie de cette ancien établissement féminin transformé en communauté de chanoines lorsque l’auteur écrit son texte [57]. À la fin du xie siècle cependant, des traditions locales rapportées par la Vie de saint Lifard (un évêque insulaire du début du viie siècle, dont l’existence est sans doute purement imaginaire) prétendent que Fulbert aurait tenté de mettre la main sur ces reliques à l’occasion de leur translation de Trescault (où elles auraient été retrouvées) à Honnecourt situé non loin de là [58]. On pourrait se demander si ces traditions confuses ne se font pas, comme à Renaix, l’écho de la restauration de la communauté et de l’installation des chanoines par Fulbert au milieu du xe siècle. Deux dossiers arrageois accréditent cette hypothèse.

22 Depuis l’époque mérovingienne, l’évêque de Cambrai gouvernait aussi le diocèse d’Arras, mais dans des conditions qui nous échappent complètement faute de sources [59]. L’évêque devait assurément compter avec le rayonnement de la puissante communauté de Saint-Vaast (dont les revendications donneront bien du fil à retordre à l’évêque Liébert autour de l’an Mil) et peut-être déjà du chapitre cathédral. Ceci explique sans doute d’une part le silence des sources sur toute intervention de Fulbert à Arras même, mais aussi d’autre part l’intérêt appuyé qu’il porta aux environs de la cité. Au nom de Fulbert est en effet attachée la fondation de deux communautés de chanoines. Si l’on suit les Gesta, Fulbert procéda au Mont-Saint-Éloi (à la sortie d’Arras par l’ancienne voie romaine gagnant Thérouanne) à l’invention des reliques de l’évêque Vindicien († 713 ?) qui y aurait fondé un oratoire de son vivant [60]. Qu’une petite église existât avant l’épiscopat de Fulbert est vraisemblable (les Gesta prétendent que l’évêque Halitgaire y aurait été enterré en 830), mais rien n’indique qu’il existait une véritable communauté ni que l’on y honorait Vindicien d’un culte. La fondation d’une communauté canoniale et la promotion du culte d’un saint évêque sont alors hautement révélatrices de la volonté de Fulbert de mieux ancrer l’autorité épiscopale dans les environs immédiats d’Arras [61]. Cette initiative ne fut pas isolée : un acte du roi Lothaire donné à Laon en 977 (celui-ci a repris le contrôle de l’Artois, profitant de la jeunesse du comte de Flandre Arnoul II) rappelle que la communauté de Maroeuil (dans la vallée de la Scarpe, en amont d’Arras) avait été fondée (et dotée) par Fulbert et exige la restitution d’une partie du temporel sur lequel son successeur Tetdon avait alors mis la main. Il n’est peut-être pas inutile de préciser que l’acte a été donné à la demande de la reine, Emma, qui était par sa mère (l’impératrice Adélaïde) une princesse ottonienne [62]. Une nouvelle fois, il est tout à fait possible que Fulbert se soit contenté de restaurer une communauté plus ancienne (peut-être attestée dès 859). Au début du xie siècle, les Gesta rappellent en tout cas (mais sans citer Fulbert) qu’un lien étroit unit Maroeuil à la cathédrale de Cambrai depuis la donation (invérifiable) faite par sa fondatrice (mérovingienne ?) sainte Bertille [63].

Fulbert dans sa cité

23 L’auteur des Gesta rapporte un long récit, très circonstancié, de l’attaque de la cité par les Hongrois le 13 avril 953 (mais cette date est sujette à caution car on considère généralement que ces derniers traversèrent la région au printemps 955) [64]. Il ne cite pas sa source et il est donc difficile de savoir s’il puise ses informations dans la tradition orale du chapitre cathédral ou dans un récit écrit conservé dans les archives capitulaires. Dans un premier temps, les Hongrois assiégèrent la ville et pillèrent les faubourgs avant de tenter, sans succès, de s’emparer de la cité. Sous la direction d’un certain Odon, les Cambrésiens organisèrent alors une sortie et tuèrent le neveu du chef hongrois (nommé Bulgio) dont la tête fut exhibée au bout d’une lance placée sur la muraille de la cité. Les Hongrois proposèrent alors la paix pour récupérer la tête du malheureux. Les Cambrésiens refusèrent. La bataille se poursuivit ; la cathédrale fut incendiée et miraculeusement épargnée grâce à la hardiesse d’un clerc nommé Sarraldus qui se hissa sur le toit de l’édifice et y versa de l’eau. La hargne des assaillants se porta enfin sur Saint-Géry : l’église fut à son tour incendiée et plusieurs chanoines tués. Mais les Hongrois finirent par s’éloigner.

24 Plusieurs historiens se sont appuyés sur ce récit pour préciser certains points de la topographie et de l’architecture cambrésienne au milieu du xe siècle (le clocher de la cathédrale, la toiture de plomb de Saint-Géry) [65]. Mais est-ce son seul intérêt ? Le texte s’inscrit dans une tradition qui, comme l’a rappelé récemment Geneviève Bührer-Thierry, présente l’évêque du haut Moyen Âge comme le défenseur et le « garant de l’intégrité de sa cité » [66]. On peut comparer le portrait de Fulbert et celui que le prévôt Gerhard dresse, au milieu des années 980, d’Ulrich d’Augsbourg (923 † 973). Ce dernier eut en effet, tout au long de son épiscopat, à assurer la défense de sa cité (contre les opposants à Otton Ier, contre les Hongrois en 955, etc.) [67]. On ne manque alors pas d’être frappé par le soin qu’a eu l’auteur des Gesta de cantonner son modèle exclusivement dans le domaine spirituel. Naturellement Ulrich ne combat pas, mais il organise matériellement la défense de sa cité et il coordonne certaines opérations militaires. Rien de tel dans les Gesta où, à l’exception d’une mention fugitive et vague rappelant que Fulbert s’était assuré de la solidité de la muraille avant l’arrivée des Hongrois, l’auteur sépare bien la prière de l’évêque de la défense militaire assurée par les soldats. La victoire, donnée par Dieu grâce à l’intercession de la Vierge et de saint Géry, est le fruit de ces efforts.

25 Comment ne pas rappeler que notre auteur était très vraisemblablement le chapelain de l’évêque Gérard Ier auquel on doit une première définition des trois ordres de la société ? Il est difficile, dans ces conditions de ne pas lire le récit du siège de 956 comme une illustration de ce principe, affirmé par Gérard lors de l’assemblée réunie à Compiègne le 1er mai 1023 par Guérin de Beauvais et Béroud de Soissons, pour dénoncer les méfaits de la paix de Dieu et rapporté par notre auteur :

26

« L’état de la sainte Église consiste en deux personnes, l’une sacerdotale, l’autre royale. À l’une, il appartient de prier ; à l’autre de combattre. De telle sorte que c’est l’office des rois d’arrêter les séditions, d’apaiser les guerres, d’étendre les bienfaits de la paix. C’est celui des évêques d’avertir les rois de combattre vaillamment pour le salut de la patrie et de prier pour leurs victoires » [68].

27 Et c’est bien ainsi que les Gesta présentent le comportement de Fulbert devant les Hongrois en 955. On observe ici que l’actualité du milieu des années 1020 n’est pas sans influencer l’entreprise historiographique.

28 L’évêque mourut peu de temps après, en 956 si l’on suit le témoignage de Flodoard [69]. Il est inscrit au 17 août dans les nécrologes de la cathédrale de Cambrai [70].

29 Fulbert fut assurément un évêque d’Empire avant l’heure. Une bonne partie de cette étude s’est employée à rappeler les liens étroits noués avec la cour ottonienne, à tel point que le souverain saxon n’hésita pas à installer sur le siège vacant un candidat au profil franchement germanique : il s’agit de Bérenger († 962/963), né en Germanie et proche parent du souverain. Si Fulbert est le premier évêque à retenir aussi longuement l’intérêt des Gesta, c’est bien parce que son épiscopat annonce indéniablement ceux de ses successeurs Liébert et surtout Gérard Ier. Mais on se gardera de pousser trop loin le rapprochement qui peut aussi être fait dans un autre sens. On a ainsi rappelé que Gérard, dont l’auteur des Gesta fut si proche, a indéniablement fourni un modèle au portrait de son prédécesseur.

30 J’ai bien conscience de m’être livré ici à un exercice qu’affectionne peu Bernard Delmaire : considérées isolément, les sources relatives à l’épiscopat de Fulbert sont connues, éditées et exploitées depuis bien longtemps. J’espère cependant avoir rappelé que certains « traits originaux » du diocèse d’Arras tels que son dernier historien les a mis en valeur pour les xie-xive siècles [71] — similitudes avec les diocèses des bassins de l’Escaut, de la Meuse et du Rhin ; poids des traditions carolingiennes de la province de Reims — trouvent leur origine dans l’histoire commune de ce siège épiscopal et de celui de Cambrai pendant le haut Moyen Âge, ce que la documentation concernant l’épiscopat de Fulbert nous permet, même modestement, de saisir.


Annexe

Rubriques des chapitres consacrés à Fulbert dans le livre I des Gesta episcoporum Cameracensium (éd. L. Bethmann, p. 426-431)

70. Subintroducitur Fulbertus episcopus.
71. Contentio inter Isaac superbum comitem et Fulbertum episcopum ; tamen victore episcopo comes expellitur.
72. Quod, ubi imperator Otto precibus regis Luduwici super hostes satisfecit, Caemraci Fulbertum visitavit.
73. Otto imperator abbatiam sancti Gaugerici episcopo confert, et inde praeceptum subiectum corroborat (avec la copie de l’acte d’Otton Ier du 30 avril 947/948).
74. Amulricum comitem et filiam Isaac, quam matrimonio sibi duxit, episcopus pro consanguinitate seiunxit.
75. Quod Hungari hac vicina devastata, ad urbem usque venerunt. Quam cum non possent expugnare, omne suburbium cum templo sancti Gaugerici combusserunt.
76. Ubi sanctum Hermetum pristino loco restituere studuit.
77. Otto rex immunitates sanctae Mariae renovans, teloneum huius civitatis cum moneta episcopo contulit (avec la copie de l’acte d’Otton Ier du 30 mai 941).
78. Quod petenti regi sanctum Gaugericum et sanctum Autbertum episcopus sanctum Theodericum et alii viri corpus contelit (d’après la Vita Autberti, l. IV, ch. 31).
79. Quod in sinodo apud Engulenheim testimonio et auxilio Fulberti Artoldus restituitur, et Hugo expellitur (d’après Flodoard, Annales, a° 948).

Mots-clés éditeurs : Épiscopat du haut Moyen Âge, diocèse d'Arras et de Cambrai, Église d'Empire, Gesta episcoporum Cameracensium

Date de mise en ligne : 30/09/2014.

https://doi.org/10.3917/rdn.356.0525

Notes

  • [*]
    Charles Mériaux, maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’Université de Reims, département d’histoire, 57, rue Pierre Taittinger, 51096 Reims cedex.
  • [1]
    Par exemple : L. Vanderkindere, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, Bruxelles, 1902-1903, t. 2, p. 48-58 ; F. Vercauteren, Étude sur les civitates de la Belgique seconde. Contribution à l’histoire urbaine du Nord de la France de la fin du iiie à la fin du xie siècle, Bruxelles, 1934, p. 205-232 ; É. de Moreau, Histoire de l’Église en Belgique, t. 2, La formation de l’Église médiévale, 2e éd. Louvain, 1945, p. 8-25 ; Les diocèses de Cambrai et de Lille, P. Pierrard éd., Paris, 1978, p. 22-39 [H. Platelle] ; Histoire de Cambrai, L. Trenard éd., Lille, 1982, p. 11-42 [M. Rouche] ; F. G. Hirschmann, Stadtplanung, Bauprojekte und Grossbaustellen im 10. und 11. Jahrhundert. Vergleichende Studien zu den Kathedralstädten westlich des Rheins, Stuttgart, 1998, p. 128-144. — Je tiens à remercier Laurent Morelle pour sa lecture critique de cet article.
  • [2]
    E. van Mingroot, « Gérard Ier de Florennes », Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique [désormais cité : DHGE], t. 20, 1983, col. 742-751 ; id ., « Gérard II de Lessines », ibid., col. 751-755 ; Ph. Endmann, « Gerhard II. von Cambrai, ein Bischof im Schnittpunkt der Interessen von König, Papst und Stadt », Concilium medii aevi, t. 5, 2002, p. 77-118 (http://www.cma.d-r.de/5-02/endmann.pdf).
  • [3]
    Une première approche se lit dans H. Platelle, « Fulbert de Cambrai », DHGE, t. 19, 1981, col. 332-333.
  • [4]
    Gesta episcoporum Cameracensium, L. Bethmann éd., dans Monumenta Germaniae historica [désormais cité : MGH], Scriptores [désormais cité : SS], t. 7, Hanovre, 1846, p. 393-489 ; les ch. 70 à 79 (p. 426-431) du premier livre (l’histoire du siège jusqu’en 1012) sont entièrement consacrés à Fulbert dont l’activité est aussi ponctuellement évoquée dans le second livre (le tableau des communautés des deux diocèses en 1024/1025) ; sur l’œuvre, l’auteur (très vraisemblablement le propre chapelain de Gérard Ier) et la date de rédaction, voir E. van Mingroot, « Kritisch onderzoek omtrent de datering van de Gesta episcoporum Cameracensium », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 53, 1975, p. 281-332.
  • [5]
    On sait que la force de l’Église impériale résidait dans l’étroitesse des liens personnels noués entre la cour et certains prélats ; derniers bilans pour la Lotharingie : J. H. Forse, « Bruno of Cologne and the networking of the episcopate in tenth-century Germany », German History, t. 9, 1991, p. 263-279 ; L. Vones, « Erzbischof Brun von Köln und seine ‘Schule’. Einige kritische Betrachtungen », Köln. Stadt und Bistum in Kirche und Reich des Mittelalters. Festschrift für Odilo Engels zum 65. Geburtstag, H. Vollrath et St.Weinfurter éd., Cologne, 1993, p. 125-137.
  • [6]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 70, p. 426 ; Viluwa : aujourd’hui Sint-Stevens-Woluwe (M. Gysseling, Toponymisch woordenboeck van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (voor 1226), Bruxelles, 1960, t. 2, p. 1089).
  • [7]
    Les annales de Flodoard, Ph. Lauer éd., Paris, 1905 (Collection de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’histoire), a° 933, p. 57 ; Flodoard, Historia Remensis ecclesiae, M. Stratmann éd., Hanovre, 1998 (MGH, SS, 36), p. 417 ; Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 69, p. 426.
  • [8]
    Pour l’arrière-plan événementiel et politique des années 940-950, je renvoie une fois pour toutes aux ouvrages suivants : E. Dümmler et R. Köpke, Otto der Grosse, Leipzig, 1876 et Ph. Lauer, Le règne de Louis IV d’Outre-Mer, Paris, 1900 ; ainsi qu’aux synthèses récentes (en français) : K.-F. Werner, Histoire de France. Les origines (avant l’an mil), Paris, 1984, p. 524-531 ; C. Brühl, Naissance de deux peuples. Français et Allemands (ixe-xie siècles), Paris, 1994, p. 214-217 ; plus précisément pour notre propos : H. Sprömberg, « Die lothringische Politik Ottos des Grossen », Rheinische Vierteljahrsblätter, t. 11, 1941, p. 1-101.
  • [9]
    L’existence de privilèges de Pépin et de Charlemagne est attestée par l’acte de Louis le Pieux (Chartes originales antérieures à 1121 conservées dans le département du Nord, M. Courtois éd., mémoire de maîtrise inédit, Université de Nancy II, 1981, p. 33-34) qui sert ensuite de Vorurkunde à celui d’Arnoul (Die Urkunden Arnolfs, P. Kehr éd., Hanovre, 1940 (MGH, Diplomata regum Germaniae ex stirpe Karolinorum, 3), n° 127, p. 189-190) ; ces deux actes sont aussi transmis par les Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 39, p. 415-416 (816) et l. I, ch. 64, p. 423 (894).
  • [10]
    Dernière édition commentée de l’acte dans G. Despy, « Serfs ou libres ? Sur une notice judiciaire cambrésienne de 941 », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 39, 1961, p. 1127-1143.
  • [11]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 924, p. 25 repris dans Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. IV, ch. 19, p. 410-411 et dans Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 66, p. 424 ; I. Schröder, Die westfränkischen Synoden von 888 bis 987 und ihre Überlieferung, Munich, 1980 (MGH, Hilfsmittel, 3), p. 216-218. — Sur Isaac et les comtes de Cambrai, voir U. Nonn, Pagus und Comitatus in Niederlothringen. Untersuchungen zur politischen Raumgliederung im früheren Mittelalter, Bonn, 1983, p. 118-121.
  • [12]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 71, p. 426 ; F. Vercauteren, Étude sur les civitates…, op. cit. (n. 1), p. 218-220 ; je ne vois pas pourquoi M. Rouche (Histoire de Cambrai…, op. cit. (n. 1), p. 29) identifie le castellum avec l’ancien castrum romain, alors que le rédacteur des Gesta précise bien que l’enceinte a été agrandie par l’évêque Dodilon et qu’elle comprend désormais la communauté de Saint-Aubert (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 65, p. 424). — Analyse récente du conflit qui opposa l’évêque d’abord au comte puis au châtelain de Cambrai au xe et dans la première moitié du xie siècle : St. Patzold, « …Inter pagensium nostrorum gladios vivimus. Zu den ‘Spielregeln’ der Konfliktführung in Niederlothringen zur Zeit der Ottonen und früher Salier », Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtgeschichte. Germanistiche Abteilung, t. 118, 2001, p. 58-99, spéc. p. 66-82 ; le cas de Cambrai peut être replacé dans un cadre plus large (royaume de France, Germanie, Italie) grâce à O. Guyotjeannin, Episcopus et comes. Affirmation et déclin de la seigneurie épiscopale au nord du royaume de France (Beauvais-Noyon, xe – debut xiiie siècle), Paris/Genève, 1987, p. 48-66.
  • [13]
    Die Urkunden Konrad I., Heinrich I. und Otto I., Th. Sickel éd., Hanovre, 1879-1884 (MGH, Diplomata regum et imperatorum Germaniae, 1), n° 39, p. 125-126 qui reprend les dispositions du privilège de 816 ; l’éditeur soupçonne l’original de n’être qu’une copie contemporaine ; le privilège est également transmis dans les Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 77, p. 429-430.
  • [14]
    Widukind de Corvey, Res gestae Saxonicae, l. III, ch. 2 ; éd. et trad. allemande E. Rotter et B. Schneidmüller, Stuttgart, 1992, p. 164-165.
  • [15]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 72, p. 427.
  • [16]
    Die Urkunden Konrad…, op. cit. (n. 13), n° 100, p. 182-183 (il y a contradiction entre l’année de l’incarnation et l’indiction, mais l’éditeur opte pour cette dernière ; voir aussi infra, n. 23) ; conscient de l’importance et de la nouveauté de l’acte, le rédacteur des Gesta l’a inséré avant le privilège de 941 dans le dossier consacré à Fulbert (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch 73, p. 427) ; F. Vercauteren, Étude sur les civitates…, op. cit. (n. 1), p. 221-223 ; illustration et commentaire récent de cet acte dans Otto der Grosse, Magdeburg und Europa, M. Puhle éd., Mayence, 2001, t. 2, p. 167-168. — La manière dont l’auteur des Gesta choisit, insère et commente sa documentation diplomatique mériterait une étude à part entière : voir sur ce point l’étude récente de L. Morelle, « La mise en ‘œuvre’ des actes diplomatiques. L’auctoritas des chartes chez quelques historiographes monastiques (ixe-xie siècle) », dans Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans l’écriture médiévale, M. Zimmermann éd., Paris, 2001, p. 73-96.
  • [17]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. II, ch. 32, p. 462 : Hanc siquidem abbatiam [Maroilles] primus Otto imperator (…) tempore Fulberti episcopi habendam tradidit sanctae Dei matris aecclesiae Cameracensium ; A.-M. Helvétius, Abbayes, évêques et laïques, une politique du pouvoir en Hainaut au Moyen Âge (viie-xie siècles), Bruxelles, 1994, p. 260-263 et 268-271 ; le témoignage des Gesta n’était pas accepté pour la bonne raison qu’est conservé un acte de 920 par lequel Charles le Simple cède Maroilles à l’évêque Étienne (Recueil des actes de Charles le Simple (893-923), Ph. Lauer éd., Paris, 1943-1949 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), n° 106, t. 1, p. 253-255 ; ce diplôme pose plusieurs difficultés, mais était jugé sincère : cf. J.-M. Duvosquel, « La cession de l’abbaye de Maroilles en Hainaut par Charles le Simple à l’église de Cambrai (920) », dans Valenciennes et les anciens Pays-Bas. Mélanges offerts à Paul Lefrancq, Valenciennes, 1976, p. 175-180) ; la démonstration d’A.-M. Helvétius met en doute la véracité de l’acte et en attribue la forgerie à « l’ambitieux » Fulbert auquel les chanoines de Maroilles auraient répondu par la rédaction d’une Vita en l’honneur de leur saint patron (A.-M. Helvétius, « Réécriture hagiographique et réforme monastique: les premières Vitæ de saint Humbert de Maroilles (xe-xie siècles). Avec l’édition de la Vita Humberti prima », dans La réécriture hagiographique dans l’Occident médiéval. Transformations formelles et idéologiques, M. Goullet et M. Heinzelmann éd., Ostfildern, 2003, 195-230, à la p. 216).
  • [18]
    H. Zimmermann, « Frankreich und Reims in der Politik der Ottonenzeit », dans Festschrift zur Jahrtausendfeier der Kaiserkrönung Ottos des Grossen, t. 1, Graz/Cologne, 1962, p. 122-146, aux p. 126-137 ; A. Dumas, « L’Église de Reims au temps des luttes entre Carolingiens et Robertiens (888-1027) », dans Revue d’histoire de l’Église de France, t. 30, 1944, p. 5-38, aux p. 15-19 ; R. McKitterick, « The Carolingians kings and the see of Rheims, 882-987 », dans Ideal and Reality in Frankish and Anglo-Saxon Society. Studies presented to J. M. Wallace-Hadrill, D. Bullough, R. Collins et P.Wormald éd., Oxford, 1983, p. 228-249, aux p. 236-237.
  • [19]
    Commode présentation en français dans M. Sot, Un historien et son Église. Flodoard de Reims, Paris, 1993, p. 298-303 (avec renvoi à la bibliographie sur le sujet) ; le concile d’Ingelheim est documenté par le récit qu’en donne Flodoard dans ses annales (Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 948, p. 108-115), repris (et complété) dans son Histoire de l’Église de Reims (op. cit. (n. 7), p. 434-436) ; les actes du synode (Gesta synodalia) sont transmis de manière indépendante : MGH, Concilia, t. 6, E.-D. Hehl éd., Hanovre, 1987, p. 157-163 qui donne aussi l’ensemble des sources relatives à cette rencontre.
  • [20]
    Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. IV, ch. 35, p. 428-434 ; Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 149-157.
  • [21]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), p. 113 (Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 141) ; Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. IV, ch. 35, p. 435 ; l’importance de l’intervention de Fulbert a cependant échappé à Richer, Histoire de France (888-995), R. Latouche éd., t. 1, 1930 (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 12), ch. 79, p. 261 ; ce ne fut pas le cas de l’auteur des Gesta qui, suivant Flodoard, résume brièvement le déroulement du synode en soulignant la participation de l’évêque (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 79, p. 431).
  • [22]
    M. Sot, Un historien…, op. cit. (n. 19), p. 302-303.
  • [23]
    I. Schröder, Die westfränkischen Synoden…, op. cit. (n. 11), p. 228-229 (Château-Thierry, début 933), 229-230 (Fismes, fin 935), 246-251 (Soissons, 27 mars 941) et 259-266 (Mouzon, 13 janvier 948) ; Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 132-134 (idem) ; si l’on retient la date du 30 avril 948 pour le privilège d’Otton en faveur de l’église de Cambrai (voir supra n. 16), on comprend alors que Fulbert ne se soit pas senti obligé de se présenter à Mouzon le 13 janvier.
  • [24]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 950, p. 127 ; repris par Richer, Histoire…, op. cit. (n. 21), ch. 97, p. 286.
  • [25]
    Concilia, t. 6…, op. cit. (n. 19), p. 162 : CAP. XII. Omnis postmodum caveatur, ne aliquis christianus de propria cognatione uxorem ducat, sed huiusmodi copulam tamdiu fugiat, quoadusque series generationis recordari potest.
  • [26]
    P. Corbet, Autour de Burchard de Worms. L’Église allemande et les interdits de parenté (ixe-xiie siècle), Francfort-sur-le-Main, 2001, spéc. p. 56 (Ingelheim).
  • [27]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 74, p. 427 : (…) Fulbertus episcopus, eos, sponsum videlicet et sponsam, proximae cognitionis consanguinitate propinquos et ideo contra legem copulatos, facto consilio canonice ab invicem seiunxit, datoque poenitentiae modo, hoc tantum scelus admissum expiari precepit ; sur Amulric (qui n’aurait pas encore été comte de Valenciennes au moment de son mariage), voir J. Dhondt, « Note critique sur les comtes de Hainaut au dixième siècle », Annales du Cercle archéologique de Mons, t. 59, 1944, p. 123-144, spéc. p. 131-133 ; et U. Nonn, Pagus und comitatus…, op. cit. (n. 11), p. 131-132.
  • [28]
    P. Corbet, Autour de Burchard…, op. cit. (n. 26), p. 65-69 et 148-150 rappelle ainsi que l’évêque Gérard Ier adopta une position beaucoup plus souple en 1016 vis-à-vis de l’union du comte Régnier V de Hainaut et de la fille du comte Herman d’Ename (Gesta…, op. cit. (n. 4), l. III, ch. 10, p. 469).
  • [29]
    R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995, p. 316.
  • [30]
    Vita Autberti, J. Ghesquière éd., dans Acta sanctorum [désormais cité : AA SS] Belgii selecta, t. 3, Bruxelles, 1785, p. 538-565, l. IV, ch. 30-33, p. 562-564 ; Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 78, p. 430 ; l’attribution de la Vie d’Aubert à Fulbert de Chartres ne repose sur aucun argument convaincant.
  • [31]
    Synthèse récente dans Otto der Grosse, Magdeburg und Europa…, op. cit. (n. 16), t. 1, spéc. p. 343-443 (avec renvoi à l’immense bibliographie sur le sujet).
  • [32]
    H. Platelle, « Reliques circulant sous un faux nom : formalisme et religion populaire », dans La Religion populaire, Paris, 1979, p. 95-102, à la p. 96.
  • [33]
    B. Schwineköper et G.Wentz, Das Erzbistum Magdeburg, t. 1/1, Das Domstift St. Moritz in Magdeburg, Berlin/New York, 1972, p. 232 et 237 ; sur le calendrier-nécrologe de Magdebourg, aujourd’hui Bruxelles, Bibl. royale, ms. 1814-16, voir en dernier lieu Otto der Grosse, Magdeburg und Europa…, op. cit. (n. 16), p. 360-362.
  • [34]
    Flodoard, Historia…, op. cit. (n. 7), l. I, ch. 4, p. 71 : Beati denique Timothei ossa rex Otto concedente Artaldo archiepiscopo transferri fecit in Saxoniam et monasterium monachorum in eius instituit honore ; sur le culte des deux saints à Magdebourg, voir B. Schwineköper et G. Wentz, Das Erzbistum Magdeburg…, op. cit. (n. 33), p. 223, 229 et 239. — On pourrait bien sûr se demander si les deux évêques n’auraient pas spontanément offert des reliques au souverain, mais ce n’est pas ainsi que Flodoard et l’auteur de la Vie d’Aubert présentent les choses.
  • [35]
    Die Urkunden Heinrichs II. und Arduins, éd. H. Bresslau et alii, Hanovre, 1888-1893 (MGH, Diplomata regum et imperatorum Germaniae, 3), n° 142, p. 168-169.
  • [36]
    Folcuin, Gesta abbatum Sithiensium, O. Holder-Egger éd., dans MGH, SS, t. 13, Hanovre, 1881, p. 606-635, § 106, p. 627-628 ; sur les interdictions faites aux femmes de pénétrer dans l’enceinte monastique, voir J. Smith, « L’accès des femmes aux saintes reliques au haut Moyen Âge », Médiévales, t. 40, printemps 2001, p. 83-100, spéc. p. 98.
  • [37]
    Sur cet acte, voir L. Morelle, Autour de Folcuin de Saint-Bertin, mémoire inédit d’habilitation, Université de Paris I, 2001, p. 294-295.
  • [38]
    Sur la réforme de Gérard de Brogne : D. Misonne, « Gérard de Brogne », DHGE, t. 20, 1984, col. 724-740 et A. Dierkens, Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse (viie-xie siècles). Contribution à l’histoire religieuse des campagnes du haut Moyen Âge, Sigmaringen, 1985, p. 197-247.
  • [39]
    Diplomata belgica ante annum millesimum centesimum scripta, M. Gysseling et A. C. F. Koch éd., Bruxelles, 1950, n° 53, p. 144-156 ; sur cet acte, voir en dernier lieu G. Declercq, Traditievorming en tekstmanipulatie in Vlaanderen in de tiende eeuw. Het Liber Traditionum Antiquus van de Gentse Sint-Pietersabdij, Bruxelles, 1998, surtout p. 207-221 ; pour le contexte de la réforme de Saint-Pierre : A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 232-238.
  • [40]
    Annales Elnonenses, Ph. Grierson éd., Les annales de Saint-Pierre de Gand et de Saint-Amand, Bruxelles, 1937 (Commission royale d’histoire. Recueil de textes pour servir à l’étude de l’histoire de Belgique), p. 132-175, a° 952, p. 151 ; H. Platelle, « L’œuvre de saint Gérard de Brogne à Saint-Amand », Revue bénédictine, t. 70, 1960, p. 127-141 ; id ., Le temporel de l’abbaye de Saint-Amand des origines à 1340, Paris, 1962, p. 114-116 ; A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 215 et 240-241.
  • [41]
    Annales Blandinienses, Ph. Grierson éd., Les annales de Saint-Pierre de Gand…, op. cit. (n. 40), p. 1-73, a° 953, p. 19.
  • [42]
    En dernier lieu, voir A.-M. Helvétius, Abbayes…, op. cit. (n. 17), p. 213-234.
  • [43]
    A. Hodüm, « La réforme monastique d’Arnoul le Grand, comte de Flandre », Bulletin de la Société des antiquaires de la Morinie, t. 68, 1952-1957, p. 577-603, à la p. 591.
  • [44]
    Libri confraternitatum Sancti Galli, Augiensis, Fabariensis, P. Piper éd, Hanovre, 1884 (MGH, Necrologia Germaniae), p. 221 ; Das Verbrüderungsbuch der Abtei Reichenau, J. Autenrieth, D. Geuenich et K. Schmid éd., Hanovre, 1979 (MGH, Libri memoriales et necrologia, nova series, 1), p. 56 du fac-similé ; [O]dilbaldus et [B]ernacrus souscrivent la charte comtale de 941 avec le titre d’archidiacre (références supra n. 39).
  • [45]
    Karl Schmid, « Neue Quellen zum Verständnis des Adels im 10. Jahrhundert », dans Zeitschrift für Geschichte des Oberrheins, t. 108 (n. F. 69), 1960, p. 185-232, aux p. 208-210.
  • [46]
    Pour rassembler une documentation substantielle, il aurait fallu étendre considérablement l’étude comme l’a fait, pour les diocèses de Metz, Toul et Verdun, M. Parisse, « L’évêque impérial dans son diocèse. L’exemple lorrain aux xe et xie siècles », dans Institutionen, Kultur und Gesellschaft im Mittelalter. Festschrift für Josef Fleckenstein zu seinem 65. Geburtstag. L. Fenske, W. Rösener et Th. Zotz éd., Sigmaringen, 1984, p. 179-193.
  • [47]
    Voir supra n. 44 ; G. Despy, « Serf ou libre?… », op. cit. (n. 10), p. 1143 lit Oilbaldus, mais n’écarte pas Gilbaldus (p. 1129, n. 2) ; même hésitation d’O. Holder-Egger lorsqu’il édite le passage de l’Inventio et miracula Gisleni (dans MGH, SS, t. 15/2, Hanovre, 1888, ch. 4, p. 577) mentionnant le nom (Oilboldus? Gilbaldus ?) de l’archidiacre délégué par l’évêque Étienne lors de l’invention des reliques de saint Ghislain au début des années 930 (voir supra n. 42 pour les références utiles sur les origines de cette communauté).
  • [48]
    A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 100-102.
  • [49]
    Vita Dodonis, éd. R. De Buck, dans AA SS, octobre, t. 12, Bruxelles, 1867, p. 634-638 ; sur ce texte sans doute rédigé à Wallers à la fin du xe siècle, voir en dernier lieu A. Dierkens, « La production hagiographique à Lobbes au xe siècle », Revue bénédictine, t. 93, 1983, p. 245-259, à la p. 256.
  • [50]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 43, p. 417.
  • [51]
    Vita Dodonis…, op. cit. (n. 49), l. II, ch. 8-9, p. 636.
  • [52]
    Ibid., l. II, ch. 10-11, p. 636-637.
  • [53]
    A. Dierkens, « La création des doyennés et des archidiaconés dans l’ancien diocèse de Liège (début du xe siècle ?). Quelques remarques de méthode », Le Moyen Âge, t. 92, 1986, p. 345-365 à la p. 355, n. 60 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du xive siècle. Recherches sur la vie religieuse dans le Nord de la France au Moyen Âge, Arras, 1994, t. 1, p. 147 rappelle qu’il faut ensuite attendre l’extrême fin du xie siècle pour trouver mention des doyens cambrésiens.
  • [54]
    En dernier lieu : B. Meijns, Aken of Jeruzalem ? Het ontstaan en de hervorming van de kanonikale instellingen in Vlaanderen tot circa 1155, Leuven, 2000, t. 1, p. 256-265 et Ead., « Communautés de chanoines dépendant d’abbayes bénédictines pendant le haut Moyen Âge. L’exemple du comté de Flandre », Revue bénédictine, t. 113, 2003, p. 90-123, aux p. 103-111.
  • [55]
    M. Coens, « Un manuscrit perdu de Rouge-Cloître décrit d’après les notes d’Héribert Rosweyde et d’Aubert le Mire », Analecta Bollandiana, t. 78, 1960, p. 51-83, à la p. 59.
  • [56]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 76, p. 429 ; ibid., l. II, ch 44, p. 464-465 ; Newehova: aujourd’hui Nieuwenhove en Brabant (M. Gysseling, Toponymisch woordenboeck, op. cit. (n. 6), t. 2, p. 741.
  • [57]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 27, p. 412 ; l. II, ch. 10, p. 458.
  • [58]
    Vita Lietphardi, G. Henschenius éd., dans AA SS, février, t. 1, Anvers, 1658, p. 495-497, à la p. 496 ; la Vie est conservée dans un légendier du Saint-Sépulcre de Cambrai copié à la fin du xie siècle (D. Muzerelle et alii, Manuscrits datés des bibliothèques de France, t. 1, Cambrai, Paris, 2000, p. 102-103) : Médiathèque Cambrai, ms. 863 (767 I), fol. 200-203v° (le passage cité est au fol. 201r° et v°).
  • [59]
    Sur les circonstances obscures de cette union : B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 41-43 ; L. Kéry, Die Errichtung des Bistums Arras, 1093/1094, Sigmaringen, 1994, p. 211-225 et Ch. Mériaux, « De la cité antique au diocèse médiéval. Quelques observations sur la géographie ecclésiastique du Nord de la Gaule mérovingienne », Revue du Nord, t. 85, 2003, p. 595-609, aux p. 599-600. — Précisons que Fulbert est systématiquement appelé « évêque de Cambrai » dans les sources narratives et diplomatiques ; avant 1093, la double titulature apparaît dans les seuls actes en faveur des établissements du diocèse d’Arras, dont on ne conserve malheureusement aucun exemplaire pour l’épiscopat de Fulbert (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 53).
  • [60]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 28-33, p. 412-414 ; ibid., l. I, ch. 42, p. 416 ; ibid., l. II, ch. 18, p. 459-460 ; B. DElmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 199 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?…, op. cit. (n. 54), t. 1, p. 111-114 et 418-424 ; ead., « Des basiliques rurales dans le Nord de la France ? Une étude critique de l’origine mérovingienne de quelques communautés de chanoines », Sacris erudiri, t. 41, 2002, p. 301-340, aux p. 320-323.
  • [61]
    J.-P. Gerzaguet, « La fondation d’une communauté de moniales bénédictines à Étrun (diocèse d’Arras-Cambrai) en 1088 (?) », dans Retour aux sources. Textes, études et documents d’histoire médiévale offerts à Michel Parisse, Paris, 2004, p. 129-141 a fait une analyse similaire de la fondation de la communauté féminine d’Étrun, située entre le Mont-Saint-Éloi et Maroeuil, avant la restauration du diocèse d’Arras.
  • [62]
    Recueil des actes de Lothaire et de Louis V, rois de France (954-987), L. Halphen et F. Lot éd., Paris, 1908 (Chartes et diplômes relatifs à l’histoire de France), n° 41, p. 97-98 : quoddam cenobium a venerabili Fulberto presule sub regulari canonicorum norma nobiliter secus Attrebatum super Satis fluenta olim constructum fuisse, quod est situm in villa que dicitur Mareolum; l’acte de Lothaire est connu par le seul cartulaire de Maroeuil du xve siècle : B. Delmaire, « Cartulaires et inventaires de chartes dans le Nord de la France », dans Les cartulaires, actes de la table ronde organisée par l’École nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS (Paris, 5-7 décembre 1991), O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse éd., Paris, 1993, p. 311-322, à la p. 320. — Sur la communauté de Maroeuil : B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 198 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?…, op. cit. (n. 54), t. 1, p. 114-120 et 418-424 ; Ead., « Des basiliques rurales… », op. cit. (n. 60), p. 323-328.
  • [63]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. II, ch. 16, p. 459; la Vie de sainte Bertille (éd. J. Bolland, dans AA SS, janvier, t. 1, Anvers, 1643, p. 156-157) est une composition de la fin du xie siècle (H. Platelle, « Gautier, abbé du Saint-Sépulcre de Cambrai », DHGE, t. 20, 1984, col. 110-111).
  • [64]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. I, ch. 75, p. 428-429 ; A. D’Haenens, « Les incursions hongroises dans l’espace belge (954/955). Histoire ou historiographie ? », Cahiers de civilisation médiévale, t. 4, 1961, p. 423-440, à la p. 434 rappelle ainsi que le témoignage le plus fiable est celui que donne Folcuin (Gesta abbatum Lobbiensium, G. H. Pertz éd., Hanovre, 1841, ch. 25, p. 65-67) décrivant, lui aussi avec beaucoup de précision, l’attaque de Lobbes le 2 avril 955 ; voir aussi A. Dierkens, Abbayes et chapitres…, op. cit. (n. 38), p. 117.
  • [65]
    M. Rouche, « Topographie historique de Cambrai durant le haut Moyen Âge (ve-xe siècles) », Revue du Nord, t. 58, 1976, p. 339-347 ; J. Thiébaut, « Les cathédrales préromanes de Cambrai », dans L’art du haut Moyen Âge dans le nord-ouest de la France, M. Perrin et D. Poulain éd., Greifswald, 1993, p. 61-76.
  • [66]
    G. Bührer-THierry, « De saint Germain de Paris à saint Ulrich d’Augsbourg : l’évêque du haut Moyen Âge, garant de l’intégrité de sa cité », dans Religion et société urbaine au Moyen Âge. Études offertes à Jean-Louis Biget, Paris, 2000, p. 29-41.
  • [67]
    Ibid., p. 35-37.
  • [68]
    Gesta…, op. cit. (n. 4), l. III, ch. 27, p. 474 : Hoc etiam modo sanctae aecclesiae statum confundi, que geminis personis, regali videlicet ac sacerdotali, administrari precipitur. Huic enim orari, illi vero pugnare tribuitur. Igitur regum esse, seditiones virtute compescere, bella sedare, pacis commercia dilatare ; episcoporum vero, reges ut viriliter pro salute patriae pugnent monere, ut vincant orare (je cite la traduction de Faverot et Petit, Chronique d’Arras et de Cambrai par Baldéric, Valenciennes, 1836, p. 314) ; sur l’assemblée de Compiègne, voir surtout R. Bonnauddelamare, « Les institutions de paix dans la province ecclésiastique de Reims au xie siècle », dans Bulletin philologique et historique du CTHS. Années 1955 et 1956, 1957, p. 143-200 ; J.-F. Lemarignier, « Paix et réforme monastique en Flandre et en Normandie autour de l’année 1023. Quelques observations », dans Droit privé et institutions régionales. Études historiques offertes à Jean Yver, Rouen, 1976, p. 443-468 et les pages célèbres que lui a consacrées G. Duby, Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, Paris, 1978, p. 35-61 ; rappelons que le meilleur point de départ concernant l’épiscopat de Gérard Ier se lit dans E. van Mingroot, « Gérard Ier… », op. cit. (n. 2).
  • [69]
    Les annales de Flodoard…, op. cit. (n. 7), a° 956, p. 143.
  • [70]
    Médiathèque Cambrai, ms. 229 (219), fol. 38v° (martyrologe-nécrologe composé entre 1095 et 1113) et fol. 75r° (nécrologe rédigé entre 1113 et 1131) ; Médiathèque Cambrai, ms. 1161 (1039), fol. 54v° (nécrologe du tout début du xiiie siècle) ; les deux dernières entrées précisent que Fulbert dedit terra apud Durith contoris in usus ; sur ces nécrologes, voir en dernier lieu D. Muzerelle et alii, Manuscrits datés…, op. cit. (n. 58), p. 49 et 126-127.
  • [71]
    B. Delmaire, Le diocèse d’Arras…, op. cit. (n. 53), t. 1, p. 404.
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