Couverture de RDN_351

Article de revue

Les reines mérovingiennes ont-elles une politique territoriale ?

Pages 631 à 653

Notes

  • [*]
    Emmanuelle Santinelli, maître de conférences, Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis, Le Mont Houy, B.P. 311, 59313 Valenciennes cedex 9.
  • [1]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir. Étude sur l’Austrasie mérovingienne, Paris, 1987.
  • [2]
    Voir généalogie en annexe.
  • [3]
    P. Stafford, Queens, concubines and dowagers, Athens Georgia, 1983 ; S. Wemple, Women in frankish society, marriage and the cloister 500 to 900, Philadelphie, 1981, p. 63-70 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms 450-751, Londres-New York, 1994, p. 121-139 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels : the careers of Brunehild and Bathild in Merovingian history », dans Medieval women, D. Baker éd., Oxford, 1978, p. 31-77. La plupart des reines envisagées ont fait l’objet d’études ponctuelles dont les références seront ultérieurement données.
  • [4]
    E. Ewig, « Die fränkischen Teilungen und Teilreiche (511-613) » et « Die fränkischen Teilreiche im 7. Jahrhundert (613-714) », rééd. dans id., Spätantikes und fränkisches Gallien, I, Munich, 1976, p. 114-171 et p. 172-230 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 55-60 et p. 140-158.
  • [5]
    Grégoire de Tours, Decem libri historiarum, R. Büchner éd., 2 vol., Berlin, 1956, III, 1, p. 144.
  • [6]
    I. Wood, Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 58-59 ; Id, « Kings, Kingdoms and consent », dans Early medieval kingship, P.H. Sawyer, I. N. Wood ed., Leeds, 1977, rééd. 1979, p. 10-12 et p. 17-23 ; P. Geary, Le monde mérovingien. Naissance de la France, Paris, 1989, p. 117-118 ; R. Le Jan, Histoire de la France : origines et premier essor, 480-1180, Paris, 1996, p. 45.
  • [7]
    I. Wood, « Kings, Kingdoms and consent », op. cit. (n. 6), p. 26.
  • [8]
    Une reine ne conserve de pouvoir, après la mort de son époux, que par l’intermédiaire d’un fils sur lequel elle peut exercer une influence, E. Santinelli, Des femmes éplorées ? Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Lille, 2003, p. 357-388.
  • [9]
    I.Wood, « Kings, Kingdoms and consent », op. cit. (n. 6), p. 26. La répartition entre les quatre fils de Clovis peut être restituée à partir de la description du partage de 561, faite par Grégoire de Tours : op. cit. (n. 5), IV, 22, p. 224.
  • [10]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 127 ; M. Reydellet, La royauté dans la littérature latine, de Sidoine Apollinaire à Isidore de Séville, Rome, 1981, p. 389.
  • [11]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 6, p. 150-153 et 18, p. 170-175.
  • [12]
    G. Godefroid, Études franques, t. I, Paris, 1919, p. 265-356 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », op. cit. (n. 3) ; P. Stafford, Queens concubines and dowagers, op. cit. (n. 3), p. 146-148 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 126-136 ; D. Harrison, The Age of Abbesses and Queens, Lund, 1998, p. 130-148, p. 222-228, p. 290-295 ; E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 9), p. 359-360, p. 377-378.
  • [13]
    Lettres de Grégoire le Grand : Monumenta Germaniae Historica [désormais MGH]. Epistulae I, P. Ewald, L. M. Hartmann éd., Berlin, 1891 et MGH. Epistulae II, L. M. Hartmann éd., Berlin, 1899, n° VI, 5 (595), p. 383-384 ; n° VI, 55 (596), p. 430 ; n° VI, 57 (596), p. 431-432 ; n° VIII, 4 (597), p. 5-8 ; n° IX, 212 (599), p. 197 ; n° IX, 213, p 198-200 ; n° XI, 46 (601), p. 318-319 ; n° XI, 48 (601), p. 320-321 ; n° XI, 49 (601), p. 321-322 ; n° XIII, 7 (602), p. 371-373.
  • [14]
    Ibid., n° VI, 49 (596), p. 423-424 ; n° IX, 215 (599), p. 201-203 ; n° IX, 226 (599), p. 217-218.
  • [15]
    Ibid., à Thierry : n° XI, 47 (601), p. 319-320 ; n° XIII, 9 (602), p. 374-5 ; à Théodebert : n° XI, 50 (601), p. 322-323.
  • [16]
    I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 130.
  • [17]
    Jonas de Bobbio, Vita Colombani, B. Krusch éd., MGH. Scriptores rerum Merovingicarum [désormais SRM] 4, Hanovre, 1902 (BHL, 1898) I, 18, p. 86.
  • [18]
    Frédégaire, Chronique, édition de J. M. Wallace-Hadrill, reprise et traduite par O. Devillers, J. Meyers, Frédégaire, Chronique des temps mérovingiens, Turnhout, 2001, c. 16, p. 78. Conformément à ce qui avait été prévu par le pacte d’Andelot (587), Childebert II avait hérité du royaume de son oncle (592), E. Santinelli, « Continuité ou rupture : l’adoption dans le droit mérovingien », Médiévales, 35, automne 1998, p. 14-16.
  • [19]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 129.
  • [20]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 36, p. 292. L’initiative vient peut-être de Brunehilde, voir infra (III).
  • [21]
    Liber Historiae Francorum, B. Krusch éd., MGH. SRM 2, c. 37, p. 306.
  • [22]
    I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 131 et p. 134 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 44-45.
  • [23]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 39, p. 116.
  • [24]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 45.
  • [25]
    Comme d’une manière générale les successions mérovingiennes, I. Wood, « Kings, Kingdoms and consent », op. cit. (n. 6), p. 14.
  • [26]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3) ; J. Dubois, « Sainte Bathilde, vers 625-680, reine de France 641-655, fondatrice de l’abbaye de Chelles », Paris et Île-de-France, Mémoires, t. 32, 1981, p. 13-30 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 197-202 ; J.-P. Laporte, « La reine Bathilde ou l’ascension sociale d’une esclave », dans La femme au Moyen Âge, M. Rouche, J. Heuclin éd., Maubeuge, 1992, p. 147-169 ; D. Harrison, The Age of Abbesses, op. cit. (n. 12), p. 307-311 ; E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 361 et p. 371.
  • [27]
    Vita Bathildis, B. Krusch éd., MGH. SRM 2, Hanovre, 1888 (BHL, 905), c. 5, p. 487.
  • [28]
    P. Geary, Le monde mérovingien, op. cit. (n. 6), p. 218 ; J.-P. Laporte, « La reine Bathilde », op. cit. (n. 26), p. 150.
  • [29]
    Liber Historiae Francorum, op. cit. (n. 21), c. 44, p. 317 ; Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), Continuations, c. 1, p. 202.
  • [30]
    E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 358-362.
  • [31]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 27), c. 5, p. 487.
  • [32]
    Liber Historiae Francorum, op. cit. (n. 21), c. 45, p. 317 ; Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), Continuations, c. 2, p. 202.
  • [33]
    L. Levillain, « La succession d’Austrasie au viie siècle », Revue historique, t. 112, 1913 ; L. Dupraz, Le royaume des Francs et l’ascension politique des maires du palais au déclin du viie siècle (656-680), Fribourg, 1948, notamment p. 149-150, p. 162-163 et p. 240-244 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 48-50 ; F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 180 ; P. Geary, Le monde mérovingien, op. cit. (n. 6), p. 221-224 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 223-224 ; E. Santinelli, « Continuité ou rupture », op. cit. (n. 18), p. 16-17.
  • [34]
    E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 362-363.
  • [35]
    Venance Fortunat, Poèmes, M. Reydellet éd. et trad., Paris, 1994, introduction, p. IX-X. Il serait notamment passé à Mayence, Cologne et Trèves.
  • [36]
    Par exemple : Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IV, 14, p. 212 et VII, 10, p. 102. Plus tardivement, Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 57-58, p. 144-149.
  • [37]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IV, 51, p. 270.
  • [38]
    Ibid., VI, 4, p. 8.
  • [39]
    Ibid., VI, 4, p. 6-8 ; VIII, 21, p. 190 ; IX, 20, p. 260 ; IX, 36, p. 292.
  • [40]
    Vita Colombani, op. cit. (n. 17), c. 19, p. 87.
  • [41]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 36, p. 102-104 (Brocariacum et Epoisses) ; c. 39-40, p. 116-119 (Metz et Worms) ; c. 42, p. 120 (villa d’Orbe).
  • [42]
    Ibid., c. 79-80, p. 180-183. E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 361.
  • [43]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 89, p. 194.
  • [44]
    E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 369-372.
  • [45]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 27), c. 4, p. 485-487 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 47.
  • [46]
    MGH. Diplom., n° 38, p. 35 (Stirpiniacum : Etrepagny) ; n° 39, p. 36 (Grisciacum : Crécy-en-Ponthieu) ; n° 40, p. 38 (Captonnacum : Chatou-sur-Seine).
  • [47]
    Acta sancti Aunemundi, Acta Sanctorum sept. VII, c. 2-3, p. 744.
  • [48]
    Vita S. Bathildis, op. cit. (n. 27), c. 6-8, p. 488-493.
  • [49]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 17, p. 170 et X, 31, p. 408.
  • [50]
    Ibid., V, 14, p. 300 ; V, 18, p. 312-322 ; V, 49, p. 370-380 ; VI, 32, p. 54-58 ; VI, 35, p. 60-62 ; VIII, 9, p. 170.
  • [51]
    Ibid., V, 40, p. 354 ; VI, 4, p. 6 ; VI, 37-38, p. 66-68 ; IX, 19, p. 258.
  • [52]
    Ibid., VI, 38, p. 68.
  • [53]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 53.
  • [54]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 19, p. 82 et c. 24, p. 88.
  • [55]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 54.
  • [56]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 21, p. 84. La chronique évoque aussi la confiscation des biens d’Uncellen, pour avoir participé à l’assassinat de Protadius, fidèle de Brunehilde, c. 28, p. 94.
  • [57]
    Vita Colombani, op. cit. (n. 17), I, c. 19, p. 89, c. 21 p. 92 et c. 23, p. 97.
  • [58]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 61-67 ; J.-P. Laporte, « La reine Bathilde », op. cit. (n. 26), 149-153.
  • [59]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 54 ; F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 155.
  • [60]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 18, p. 174 et X, 31, p. 408.
  • [61]
    Fortunat, Vie de Sainte Radegonde, Y. Chauvin, G. Pons éd. et trad., Paris, 1995 (BHL 7048), c. 3, p. 65 et c. 12, p. 74-75 ; Baudovinie, Vita Radegundis, B. Krusch éd., MGH. SRM 2, Hanovre, 1888, (BHL 7049), c. 3-5, p. 380-382 ; Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 7, p. 152-154 et IX, 42, p. 310. Voir J. Fontaine, « Hagiographie et politique, de Sulpice Sévère à Venance Fortunat », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 62, n° 168, janvier-juin 1976, p. 113-140 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 136-139 ; D. Harrison, The Age of Abbesses, op. cit. (n. 12), p. 87-95 et p. 280-285.
  • [62]
    Lettres de Grégoire le Grand, op. cit. (n. 13), n° XIII, 7, p. 371-373 et XIII, 11 à 13, p. 376-381.
  • [63]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 55 ; E. Ewig, « Résidences et capitales pendant le haut Moyen Âge », id., Spätantikes, op. cit. (n. 4), I, p. 385.
  • [64]
    J. Barbier, « Les actes royaux mérovingiens pour Saint-Médard de Soissons : une révision », dans Saint-Médard. Trésors d’une abbaye royale, Paris, 1996, p. 179-241, notamment p. 192-195 et p. 229 ; R. Le Jan, « Les douaires des reines franques (vie-xe siècle) », rééd. dans Ead., Femmes, pouvoir et sociétés, dans le haut Moyen Âge, Paris, 2001, p. 68-88.
  • [65]
    J. Barbier, « Les actes royaux », op. cit. (n. 64), PJ nos 4 et 6, p. 229.
  • [66]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 31), c. 7-9, p. 489-493.
  • [67]
    L. Levillain, « Études sur l’abbaye de Saint-Denis à l’époque mérovingienne II », Bibliothèque de l’École des Chartes [désormais BEC], n° 86, 1925, p. 49-50 ; E. Ewig, « Das Privileg des Bischofs Berthefrid von Amiens für Corbie von 664 und die Klosterpolitik der Königin Bathild », rééd. dans Id., Spätantikes II, p. 107 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 69 ; S. Sato, « Chrodebert concéda-t-il le premier privilège épiscopal pour Saint-Martin de Tours ? une problématique méconnue », dans Haut Moyen Âge, Culture, éducation et société. Études offertes à Pierre Riché, M. Sot éd., Paris, 1990, p. 173 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 200.
  • [68]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 31), c. 9, p. 493.
  • [69]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 54, p. 140.
  • [70]
    S. Sato, « Chrodebert », op. cit. (n. 67), p. 174.
  • [71]
    L. Levillain, « Études sur l’abbaye de Saint-Denis à l’époque mérovingienne III », BEC, n° 87 (1926), p. 20-97 ; S. Sato, « Chrodebert », op. cit. (n. 67), p. 174.
  • [72]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 79, p. 180-182.
  • [73]
    E. Ewig, « Das Privileg », op. cit. (n. 67), p. 111, note 93 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 69.
  • [74]
    Voir les cartes n° 1 et 2 en annexe.
  • [75]
    H. W. Goetz, « Concept of realm and frontiers from late Antiquity to early Middle Ages : some preliminary remarks », dans The transformation of Frontiers, from Late Antiquity to the Carolingians, W. Pohl, I.Wood, H. Reimitz éd., Leyde-Boston-Cologne, 2001, p. 76-78.
  • [76]
    Par exemple, Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IV, 17, p. 218 ; IV, 42, p. 254-256 ; IV, 47, p. 236 ; IV, 49, p. 264 ; V, 5, p. 288 ; VI, 1, p. 4 ; VI, 11, p. 26 etc. Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 20, p. 82 ; c. 31, p. 96 ; c. 42, p. 120, c. 57, p. 130 etc.
  • [77]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 6, p. 150.
  • [78]
    Sur le rôle des femmes, et notamment les veuves, dans la vengeance, E. Santinelli, Des femmes éplorées ?, op. cit. (n. 8), p. 314-317, et plus particulièrement les pages 315-316 relatives à Clotilde.
  • [79]
    P. Geary, Le monde mérovingien, op. cit. (n. 6), p. 145 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 89 et p. 127 ; F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 170.
  • [80]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 20, p. 262-264.
  • [81]
    Ibid., IV, 42, p. 256 : Les Saxons parviennent sur la rive du Rhône pour se rendre dans le royaume du roi Sigebert ; VIII, 30, p. 202 : à l’annonce d’une attaque des Wisigoths, Gontran confie au duc Leudegisèle la province d’Arles et installe plus de 4 000 hommes aux frontières pour les garder ; mêmes types d’expressions IV, 47, p. 264 ; IV, 49, p. 268 ; V, 5, 286-288 ; VI, 11, p. 26 ; VI, 41, p. 74 ; VIII, 18, p. 184-186 ; IX, 9, p. 238 ; IX, 32, p. 284. Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 20, p. 82 ; c. 31, p. 96 ; c. 38, p. 116 ; c. 47, p. 130 ; c. 53, p. 140 ; c. 57, p. 144-146.
  • [82]
    Pour une approche plus nuancée, voir l’article de F. Guizard-Duchamp dans ce même volume.
  • [83]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), VI, 19, p. 38 : Chilpéric qui craint des attaques fait poster des gardiens près du pont sur l’Orge, dans la cité parisienne.
  • [84]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 114.
  • [85]
    Ibid., p. 132-134 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 61 ; A. R. Lewis, « The dukes of the Regnum Francorum, a.d. 550-751 », Speculum, 51, 1976, p. 381-410.
  • [86]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), VI, 4, p. 6.
  • [87]
    Ibid., IV, 46, p. 260-262.
  • [88]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 196.
  • [89]
    J.-P. Brunterc’h, « Le duché du Maine et la marche de Bretagne », dans La Neustrie, H. Atsma éd., Sigmaringen, 1989, I, p. 40.
  • [90]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 32, p. 284 et IX, 36, p. 292.
  • [91]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 170.
  • [92]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 32, p. 284.
  • [93]
    C’est ce que montre R. Le Jan pour les reines du xe siècle : « D’une cour à l’autre : les voyages des reines de Francie au xe siècle », Ead., Femmes, pouvoir et société, op. cit, p. 48-50.
  • [94]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 20, p. 260.
  • [95]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 35, p. 100.
  • [96]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 20, p. 260-266.
  • [97]
    Voir l’article de C. Mériaux, dans le présent volume.

1Le pouvoir repose au haut Moyen Âge davantage sur le contrôle des richesses et des hommes que de l’espace. Fabienne Cardot est la première à avoir placé, au centre de ses recherches, la dimension spatiale, à partir de l’étude de l’Austrasie mérovingienne [1]. Elle montre notamment comment, au cours du vie siècle, émergent puis s’affirment tria regna au sein du royaume mérovingien. Plusieurs indices révèlent cependant que le souci de contrôler des territoires et la perception de l’espace existent dès le règne de Clovis, même si la maîtrise de l’espace est encore faible. Clovis et ses successeurs ont-ils pour autant une politique territoriale, c’est-à-dire une politique réfléchie de contrôle de l’espace du (ou des) royaume(s) et de ses frontières ?

2La réflexion sera ici menée à partir du rôle joué par une catégorie spécifique de souverains mérovingiens, les reines, dans la mesure où plusieurs d’entre elles ont disposé d’une part importante de l’autorité aux vie-viie siècles [2]. La place, le rôle et l’influence des reines mérovingiennes, au sein du palais comme en dehors, commencent à être mieux connus [3], mais la question de leur intervention dans le contrôle et la maîtrise des territoires ainsi que des frontières a, jusqu’à présent, peu retenu l’attention, si ce n’est de manière ponctuelle. La présente analyse envisagera trois facettes du rôle des reines sur ce plan : d’une part, leur intervention dans les partages du regnum ; d’autre part, les moyens utilisés pour contrôler les territoires sous leur autorité ; enfin, leur façon d’envisager les frontières.

I – Les reines et le regnum : pour ou contre les partages

3Le regnum est, à plusieurs reprises, partagé entre les fils du souverain défunt, ou du moins certains d’entre eux [4]. L’objectif n’est pas ici de faire l’histoire de tous ces partages, mais d’analyser le rôle que les reines ont pu y jouer. Trois d’entre elles semblent avoir orienté, ou voulu orienter, les choix : Clotilde, Brunehilde et Bathilde.

A – Clotilde, le partage de 511 et les événements de 524

4Le premier partage du royaume mérovingien a été réalisé en 511, comme le rapporte Grégoire de Tours, plus de soixante-dix ans après :

5

« Après le décès du roi Clovis, ses quatre fils, c’est-à-dire Thierry, Chlodomir, Childebert et Clotaire, recueillent son royaume et le partagent entre eux en tenant la balance égale » [5].

6Le royaume est donc partagé entre les quatre fils légitimes de Clovis. Si le partage du royaume entre les fils du roi a longtemps été considéré comme une coutume franque, il apparaît aujourd’hui que les modèles de succession ont probablement été beaucoup plus divers chez les Francs du ve siècle. Il est notamment possible que, dans certaines tribus, seul l’aîné ait succédé à son père. C’était peut-être le cas chez les Francs de Tournai dont la royauté revient successivement à un seul individu, Childéric, puis Clovis [6]. En 511, seul l’aîné des fils de Clovis, Thierry, est majeur et il a révélé ses talents militaires en participant à la conquête du royaume des Wisigoths : il n’est pas impossible qu’il ait espéré recueillir tout l’héritage de son père. C’était compter sans Clotilde, mariée à Clovis vers 493, mère des trois autres fils de Clovis. Clotilde, soutenue par l’épiscopat, est très probablement intervenue pour défendre les intérêts de ses fils et leur obtenir une part d’héritage [7]. La naissance d’héritiers de mères différentes amène les reines à intervenir pour défendre ou protéger les droits de leurs enfants, surtout lorsqu’ils sont jeunes, et en même temps leur propre position [8].

7La difficulté consiste cependant à comprendre la signification exacte du terme regnum, et donc à savoir ce que se partagent équitablement les fils de Clovis : le royaume ou la royauté ? un territoire ou le pouvoir ? Le terme recouvre probablement les deux aspects. Chacun des fils de Clovis récupère une partie de l’autorité, des trésors, des revenus et des fidèles royaux, ainsi que des territoires : le partage territorial était un moyen d’éviter les conflits qui auraient pu opposer les fils de Clotilde à leur demi-frère [9]. Ce serait donc une reine qui serait à l’origine de la pratique du partage territorial du royaume. Les royaumes qui en résultent ne correspondent cependant pas alors à des entités territoriales : Grégoire de Tours les désigne par le nom de leur roi et non par des noms géographiques [10].

8Quelques années plus tard, Clotilde semble à nouveau prétendre exercer un contrôle sur les royaumes échus aux fils de Clovis et sur leur affectation. En 524, à la mort de Chlodomir, elle recueille ses trois jeunes fils. Selon Grégoire de Tours, Childebert aurait craint que sa mère ne les dote du royaume de leur père : il se serait entendu avec Clotaire pour éliminer leurs neveux et se partager entre eux le royaume de leur frère, ce qui fut fait, après que Clotilde se fut prononcée en faveur de la mort de ses petits-fils plutôt que de leur tonsure [11]. Il est difficile de connaître exactement le rôle de Clotilde dans cette sombre histoire : ce qui importe ici, c’est que pour un évêque de la fin du vie siècle, une reine était susceptible d’intervenir dans la répartition des pouvoirs et des territoires entre ses fils, voire ses petits-fils. Après la mort de Grégoire de Tours (594), la reine Brunehilde semble exercer un contrôle comparable.

B – Brunehilde entre Austrasie et Burgondie : les successions de 596 et 613

9Après la mort de Sigebert (575), Brunehilde parvient à s’affirmer comme maîtresse de l’autorité pendant la minorité de son fils Childebert II et elle conserve ensuite une forte influence, celui-ci devenu majeur. À la mort de Childebert (596), elle n’abandonne pas le pouvoir et entend l’exercer au nom de ses petit-fils, Thierry et Théodebert [12]. Les sources ne sont cependant pas claires sur la répartition du pouvoir entre les trois membres de la famille et son évolution. La correspondance de Grégoire le Grand révèle les relations qu’entretient le pape avec Brunehilde, entre 595 et 602 [13]. Elle montre aussi que plusieurs lettres sont adressées, en 596 et 599, à Thierry et Théodebert, destinataires associés [14], puis à partir de 601 à l’un ou à l’autre [15]. Cela laisse supposer, d’une part, que Brunehilde apparaissait, aux yeux du pape, comme une force essentielle, si ce n’est la principale, dans le royaume [16] et, d’autre part, que Thierry et Théodebert ont probablement d’abord régné conjointement sous l’autorité de leur grand-mère, avant qu’un partage ne devienne effectif, peut-être en 600 ou 601, au moment de la majorité de Thierry. Les lettres de Grégoire ne donnent cependant pas de précision sur l’étendue territoriale de l’autorité des uns et des autres : les trois Mérovingiens sont, avant, comme après 601, dits roi(s) ou reine des Francs et le pape évoque leur regnum sans autre détail. Jonas de Bobbio qui écrit, vers 640, la Vita Colombani et la chronique de Frédégaire, achevée vers 642, précisent la répartition des lots : Selon la première de ces sources,

10

« après la mort de Childebert, alors qu’il était dans les années de la jeunesse, ses deux fils, Théodebert et Thierry, régnèrent avec leur grand-mère, Brunehilde : Thierry obtint le royaume des Burgondes et Théodebert reçut le gouvernement du royaume des Austrasiens » [17].

11Selon la seconde,

12

« Childebert mourut quatre ans après avoir reçu le royaume de Gontran et ses fils, Théodebert et Thierry, recueillirent son regnum. Théodebert obtint l’Austrasie, avec Metz pour capitale ; Thierry reçut le royaume de Gontran en Burgondie, avec Orléans pour capitale » [18].

13Childebert avait deux fils et son héritage était composé de deux ensembles dont l’identité s’était progressivement constituée [19] : le royaume hérité de son père et celui de son oncle. Chacun des fils reçut l’un d’eux et, comme les auteurs écrivent à une époque où le cadre spatial des tria regna s’est affirmé, ils le transposent à la fin du vie siècle et précise le contenu territorial de chaque ensemble : l’Austrasie pour le premier ; la Burgondie pour le second. Aucune source n’évoque l’intervention de Brunehilde dans ce partage. Il semble cependant que celui-ci ait été prévu du vivant de Childebert. Selon Grégoire de Tours, Childebert aurait constitué en 589 un sous-royaume pour son fils Théodebert, autour des cités de Soissons et de Meaux [20], au sud-ouest de l’Austrasie. Lorsque Childebert hérite de la Burgondie en 592, il était logique de prévoir que l’héritage de l’Austrasie reviendrait à Théodebert et celui de la Burgondie à Thierry.

14Le Liber Historiae Francorum, dont la rédaction est achevée en 727, laisserait supposer qu’une telle répartition devint même effective du vivant de Childebert :

15

« En ce temps, Childebert, roi d’Austrasie, avait deux fils : l’aîné, Théodebert, né d’une concubine, et le plus jeune, Thierry, né de la reine. Il envoya ce dernier avec sa grand-mère Brunehilde en Burgondie, dans le royaume du grand roi Gontran » [21].

16Si cette donnée, fournie plus d’un siècle après les événements, s’avérait exacte, il est fort probable, du fait de l’influence qu’elle avait sur Childebert et de son désir d’exercer le pouvoir, que Brunehilde n’ait pas été étrangère à cette répartition des pouvoirs qui lui permettait, d’une part, d’exercer à nouveau une autorité directe, au nom d’un roi mineur et, d’autre part, d’étendre son réseau de fidélités à la Burgondie. Après la mort de Childebert, Théodebert étant encore mineur, Brunehilde aurait assumé le gouvernement de l’Austrasie en plus de celui de la Burgondie, jusqu’à ce que Théodebert, devenu majeur, revendiquât le pouvoir et sa part d’héritage, soutenu par une partie de l’aristocratie austrasienne. La reine, alors chassée d’Austrasie, aurait gagné la Burgondie et la cour de Thierry. Après y avoir imposé son autorité, elle aurait poussé son petit-fils à éliminer les oppositions austrasiennes. Thierry, victorieux, devient maître de l’Austrasie comme de la Burgondie, mais meurt peu après (613) [22]. Selon la chronique de Frédégaire,

17

« Brunehilde était à Metz avec les quatre fils de Thierry : Sigebert, Childebert, Corbus et Mérovée. Elle s’efforçait d’établir Sigebert dans le regnum de son père » [23].

18Brunehilde n’entend élever à la royauté que l’aîné des quatre fils de Thierry, considérés comme héritiers, ce qui implique l’unité de l’Austrasie et de la Burgondie. Son choix peut s’expliquer aisément. Thierry II, né en 587, est âgé de vingt-six ans à sa mort et ne laisse donc que de jeunes fils, alors qu’une partie de l’aristocratie d’Austrasie et de Burgondie est hostile à Brunehilde et que le roi de Neustrie, Clotaire II, s’apprête à attaquer. Contrairement à Clotilde, qui avait réservé une part d’héritage à chacun de ses trois fils, mineurs à la mort de leur père, Brunehilde privilégie l’unité, du moins dans l’immédiat [24], de manière à ne pas disperser les forces. La différence s’explique par le contexte [25]. Les choix de Bathilde ne s’expliquent pas autrement.

C – Bathilde entre la Neustrie-Burgondie et l’Austrasie : les successions de 657 et 662

19Mariée, peut-être dès 648, au roi de Neustrie-Burgondie, Clovis II, elle exerce une grande influence sur lui [26]. Selon la Vita Bathildis, rédigée peu après la mort de la reine (680),

20

« Comme il [le roi Clovis] avait laissé à la postérité plusieurs fils avec leur mère, son fils Clotaire assuma après lui la royauté des Francs, avec l’aide de conseillers éminents, Chrodebert, évêque de Paris, le seigneur Audouin [Ouen] et le maire du palais Ebroïn, entre autres seigneurs » [27].

21La vita n’accorde aucun rôle à Bathilde dans cette succession qui privilégie encore une fois l’aîné des fils légitimes, seul à être élevé à la royauté. L’auteur place cependant, auprès du jeune roi, trois hommes, dont deux (Chrodebert et Ouen) figurent parmi les fidèles les plus proches de la reine [28]. Le Liber historiae Francorum et la continuation de la chronique de Frédégaire, rédigés au début du viiie siècle, soulignent plus clairement le rôle de Bathilde : les Francs élèvent à la royauté Clotaire pour gouverner avec sa mère [29]. En 657, à la mort de Clovis II, les trois fils de Bathilde sont encore mineurs et le principe de la « régence » de la reine mère n’existe pas, même si on observe au cours du viie siècle une évolution qui tend à associer celle-ci au gouvernement d’un fils mineur [30]. Bathilde se trouve donc dans une situation qui est loin d’être assurée pour elle, alors que de puissants groupes aristocratiques cherchent à défendre et accroître leurs intérêts et qu’en Austrasie, la mort de Sigebert III, en 656, a provoqué une situation troublée. Il n’est donc pas improbable, comme ce fut le cas pour Brunehilde à la mort de Childebert II, que Bathilde, femme de forte personnalité elle aussi, soit intervenue dans la succession et se soit prononcée en faveur d’un héritier unique : moyen de mieux protéger l’héritage de son époux au profit de sa descendance, mais aussi, par conséquent, de conserver plus sûrement sa position. Cette intervention pourrait être confirmée par une autre remarque de la Vita Bathildis : plus tard,

22

« les Austrasiens, à l’instigation de la reine Bathilde, et suivant le conseil des anciens, acceptèrent, par souci de paix, que son fils Childéric devienne roi d’Austrasie » [31].

23Le Liber historiae Francorum et le premier continuateur de Frédégaire, moins précis et plus neutres, se contentent de mentionner que Childéric est élevé à la royauté qu’il assume aux côtés du duc Vulfoald [32]. Les sources, peu nombreuses et équivoques sur la succession de 662 en Austrasie, ont donné lieu à des interprétations historiques diverses [33]. S’il reste difficile de mesurer exactement le rôle de Bathilde, il importe de constater que l’auteur de la vita, qui n’écrit qu’une vingtaine d’années seulement après les événements, souligne la participation active de la reine, que celle-ci ait l’initiative du parti adopté ou qu’elle l’ait seulement accepté. L’élévation à la royauté de Childéric II est par ailleurs assortie de son mariage avec la fille de Sigebert III et de Chimnechilde, négocié par les deux reines mères, avec le consentement des aristocrates qui les soutiennent. Si l’accord prévoit que Childéric II, encore mineur, règne en Austrasie sous la tutelle de sa belle-mère et tante, la reine Chimnechilde, et du parti aristocratique austrasien qui lui est lié (auquel appartient le duc Vulfoald) [34], il n’en demeure pas moins le fils de Bathilde : celle-ci ne trouve d’intérêts à cet arrangement que dans l’influence qu’elle est susceptible d’exercer sur Childéric et, par son intermédiaire, dans un espace qui échappait alors à son autorité. Cette influence, si tant est qu’elle ait réellement existé, a été de courte durée, puisque d’une part, Bathilde est écartée du gouvernement de Neustrie-Burgondie peu après, vers 664-665, et que d’autre part, Childéric II et sa femme, Bilihilde, sont assassinés en 675.

24Aux vie-viie siècles, certaines reines, à la forte personnalité, ont donc réussi à jouer un rôle décisif dans les successions au profit de rois mineurs, en favorisant le partage ou au contraire l’unité du regnum de manière à assurer, voire à renforcer, leur position et celle de leur descendance. Elles se sont par ailleurs efforcées de contrôler les espaces placés sous leur autorité.

II – Les reines et le contrôle des territoires sous leur autorité

25Les rois mérovingiens ont rapidement conscience de l’étendue de leur royaume. Ils s’attachent à en assurer le contrôle en le parcourant, se déplaçant de palais en villae royales, en y nommant évêques, comtes et ducs et en y contrôlant des monastères. Il s’agit donc d’analyser comment les reines, qui ont pu exercer l’autorité, notamment au nom de leurs fils ou petits-fils mineurs, ont entrepris de maîtriser l’espace et, dans une perspective de gender, de comparer les moyens utilisés avec ceux des rois.

A – Se montrer

26Les déplacements des rois mérovingiens sont liés à des exigences d’ordre économique, social et religieux, mais aussi politique : c’est le moyen pour le roi de se montrer aux populations, de leur imposer son autorité et de maîtriser l’espace. On souhaiterait établir les circuits réalisés par les rois de manière à mieux saisir les zones réellement contrôlées, mais les sources précisent rarement où se trouve le roi. Les informations concernant les lieux fréquentés par les reines sont encore plus lacunaires. Le croisement de celles glanées ici ou là permet cependant d’avancer quelques hypothèses.

27Les poèmes de Fortunat révèlent que celui-ci était présent à Metz, au printemps 566, pour le mariage du roi Sigebert et de Brunehilde, et laissent supposer qu’il aurait ensuite accompagné Sigebert, dans une tournée de son royaume, peut-être, selon Marc Reydellet, « pour présenter la reine à ses sujets » [35]. Les sources révèlent de telles tournées, réalisées par les nouveaux rois [36] et qui s’apparentent à une prise de possession rituelle de l’espace. Si l’hypothèse de Marc Reydellet se vérifiait, cela signifierait que la reine est associée à ce pouvoir de nature territoriale. Or, elle peut se justifier : les contemporains insistent sur le fait que Sigebert se distingue de ses frères parce qu’il n’a qu’une seule reine, d’une part, d’origine royale, d’autre part, ce qui laisse supposer une association plus étroite de la reine au roi, si ce n’est au pouvoir royal. Après son arrivée en Austrasie, Grégoire de Tours ne mentionne plus Brunehilde du vivant du roi, si ce n’est pour préciser que, lorsque Sigebert entra à Paris, en 575, elle vint l’y rejoindre avec leur fils [37]. Cette précision n’est pas négligeable : elle associe Brunehilde aux expéditions, si ce n’est aux conquêtes, entreprises contre Chilpéric. Un autre passage révèle, par ailleurs, l’influence dont a dû jouir Brunehilde sur Sigebert [38], ce qui implique qu’elle l’ait suivi dans un certain nombre de ses déplacements, même si Grégoire de Tours ne le mentionne pas explicitement. Les localisations attestées de Brunehilde, après la mort de Sigebert et une fois son autorité rétablie en Austrasie, sont un peu plus diversifiées : Champagne, villa de Besslingen, Andelot, Strasbourg, où elle se trouve le plus souvent avec son fils Childebert [39]. La vita Colombani la mentionne, au début du viie siècle, avec son petit-fils Thierry, dans les villae burgondes de Brocariacum puis d’Époisses [40], de même que la chronique de Frédégaire qui y ajoute, pour l’année 613, Metz, Worms et la villa d’Orbe dans le pagus du Transjura [41]. L’éloignement de ces lieux implique par ailleurs des déplacements intermédiaires.

28Les reines semblent accompagner leurs fils et leurs petits-fils dans leurs déplacements, comme elles accompagnaient auparavant leur époux. Mais, dans la mesure où ces descendants ont été souvent mineurs, elles sont probablement davantage intervenues dans leur organisation. C’est du moins ce que suggère la chronique de Frédégaire à propos de Nanthilde. Après la mort de Dagobert Ier (639), les royaumes de Neustrie et de Burgondie échoient à son fils mineur, Clovis II, au nom duquel elle les gouverne avec le maire du palais Aega [42]. En 643, après la mort d’Aega,

29

« la reine Nanthilde se rend à Orléans avec son fils, et convoque l’ensemble des seigneurs, évêques, ducs et aristocrates de Burgondie. Après les avoir ralliés un à un, elle institue à la dignité de maire du palais dans le royaume de Burgondie, le franc Flaochad, élu par l’ensemble des évêques et des ducs » [43].

30Selon le chroniqueur, c’est donc la reine qui se déplace et c’est elle qui, au nom de son fils, agit en maître de l’autorité royale, comme un roi l’aurait fait, et accomplit les principaux actes de souveraineté, réalisés par le roi avant son veuvage [44]. Cela se manifeste notamment par des déplacements pour imposer l’autorité royale, ici à l’aristocratie burgonde, réunie pour l’occasion dans l’une des principales cités de Burgondie.

31À la génération suivante, il en est, semble-t-il, de même pour Bathilde. Le début de la vita Bathildis montre la reine dans son rôle de maîtresse du palais, veillant sur l’entourage royal, notamment les jeunes nutriti et disposant d’une partie du trésor royal [45], ce qui implique qu’elle se déplace avec le roi, même si ces déplacements sont mal éclairés, comme le règne de Clovis II de manière générale. Après la mort de celui-ci, les voyages de Bathilde et de son fils Clotaire III sont attestés par quelques diplômes qui mentionnent leur présence dans tel ou tel palais [46]. Les acta sancti Aunemundi, dont la première rédaction remonterait au viie siècle, rapportent que lorsque l’évêque Aunemund de Lyon et son frère, préfet de Lyon, sont accusés de trahison, ils comparaissent dans une assemblée réunie dans la villa royale de Mareuil, près d’Orléans, en présence de la reine Bathilde et de Clotaire III [47] qui se sont donc déplacés pour l’occasion ou ont profité d’un séjour pour exercer la justice. Bathilde, devenue veuve et exerçant, au nom de son fils mineur, une large part de l’autorité [48], continue donc de se déplacer comme elle l’avait fait, jusqu’en 657, aux côtés de Clovis II, et c’est parce que son autorité est trop grande que le maire du palais, Ebroïn, soutenu par un puissant parti aristocratique, profite de la majorité de Clotaire III (664-665), pour l’écarter du pouvoir en la contraignant à se retirer à Chelles.

32Les reines, lorsqu’elles sont associées par leur époux au pouvoir ou, devenues veuves, l’assume en partie, au nom de leur fils mineur, semblent donc se déplacer dans le royaume, aux côtés de leur mari, puis, avec un plus grand pouvoir de décision, avec leur fils : en se montrant, elles partagent ou exercent l’autorité royale et contribuent à l’ancrer dans l’espace. Les lieux dans lesquels elles apparaissent constituent autant de points d’appui pour l’autorité royale.

B – Placer ses fidèles

33Les rois mérovingiens s’appuient sur des réseaux de fidélités pour asseoir leur autorité. Ils confient une partie de leur pouvoir à des aristocrates qui participent à l’encadrement et à la protection des populations. Ils désignent notamment les comtes, les ducs et les évêques qui constituent autant de relais de leur autorité à l’échelon local et contribuent ainsi à maîtriser l’espace. Les sources montrent que les reines participent à ces désignations : il s’agit d’en évaluer la logique.

34Si Grégoire de Tours mentionne l’intervention de Clotilde dans la désignation de certains évêques de Tours [49] et évoque un réseau d’alliés (et d’ennemis) pour Frédégonde [50], il donne davantage d’informations pour Brunehilde. Après la mort de Sigebert (575), la reine compte parmi ses fidèles, Elafius, évêque de Châlons, Loup, duc de Champagne, Innocent, comte de Gévaudan, Sichaire, habitant de Tours [51]. Il est cependant difficile de savoir, du fait du peu de données sur ces personnages, s’il y a un lien entre leur appartenance au réseau de fidélités de la reine et les territoires qu’ils contrôlent. Grégoire de Tours précise cependant, qu’à la mort de l’évêque de Rodez qui a réveillé des rivalités pour sa succession, Innocent, comte de Gévaudan, a fini par l’emporter, avec l’appui de la reine Brunehilde [52]. La reine soutient donc la candidature de l’un de ses fidèles qui, en devenant évêque de Rodez, lui permet de mieux maîtriser cette dépendance austrasienne en Aquitaine [53]. Une fois arrivée à la cour de Thierry, vers 600, elle semble avoir pratiqué la même politique dans le cadre du royaume de Burgondie, si l’on en croit la chronique de Frédégaire. Elle aurait ainsi nommé Didier, l’un de ses parents, évêque d’Auxerre, et Protadius, patrice du pagus à l’est du Jura et des Scotinges [54]. Il n’est, par ailleurs, pas impossible qu’elle ait joué un rôle dans l’élection d’Aridius sur le siège de Lyon [55]. Ces nominations permettent à la reine et à son petit-fils de disposer d’autant de points d’appui dispersés dans le royaume. Il est cependant difficile de dire si Brunehilde, comme les souverains en général, utilise simplement des fonctions vacantes pour récompenser ses fidèles ou s’il y a, derrière ces affectations, une logique territoriale. Lorsqu’elle s’appuie sur la fidélité d’un individu, est-ce simplement pour le soutien que celui-ci peut apporter ou pour les territoires qu’il contrôle ? Lorsqu’elle sanctionne un ennemi, entre autres en annexant ses biens au fisc, s’agit-il de condamner un crime ou de récupérer des territoires dont la localisation peut être stratégique ? La chronique de Frédégaire rapporte, en effet, que « le patrice Aegyla (…) fut tué, bien qu’innocent, à l’instigation de Brunehilde, uniquement par cupidité, pour qu’elle adjoigne ses richesses au fisc » [56]. L’acte de Brunehilde ne peut évidemment pas s’expliquer par la cupidité : il constitue un acte politique qui n’est probablement pas sans rapport avec les possessions d’Aegyla, mais que l’on ne peut cependant expliquer par manque d’information sur ce patrice et la localisation de ses biens. La vita Colombani montre, par ailleurs, que Brunehilde et son petit-fils Thierry disposent de fidèles à Besançon, à Orléans et à Nantes [57].

35Un demi-siècle plus tard environ, Bathilde s’appuie aussi sur un réseau de fidélités, indispensable pour exercer le pouvoir, constitué du vivant même de Clovis II, parmi les laïcs et surtout les évêques qui fréquentent la cour [58]. Parmi les prélats figurent Éloi et Ouen, évêques respectivement de Noyon-Tournai et de Rouen à partir de 641, ainsi que Chrodebert qui accède au siège de Paris peu avant la mort de Clovis II, probablement grâce à l’influence de la reine. Devenue veuve en 657, Bathilde s’attache dans la continuité de ce qu’elle a probablement fait du vivant de Clovis II, comme l’avait fait déjà avant elle Brunehilde, mais aussi l’ensemble des rois depuis Clovis I, à placer ses fidèles sur les sièges épiscopaux au fur et à mesure de leur vacance. Elle serait ainsi notamment intervenue dans la désignation de Genès, abbé au palais, comme évêque de Lyon, en 658, de Léger sur le siège d’Autun, vers 662-663, d’Erembert sur celui de Toulouse, entre 657 et 664, et probablement de Sigobrand sur celui de Paris, vers 663. Or, les évêques, par l’influence qu’ils peuvent exercer sur leurs fidèles et le réseau à la fois familial, de voisinage et de fidélités au centre duquel ils se trouvent, contribuent à ancrer le pouvoir royal dans les territoires qui relèvent de leur siège [59]. Si on est davantage renseigné sur les évêques, éclairés par la littérature hagiographique, Bathilde utilise aussi très certainement, comme Brunehilde et les souverains en général avant elle, les fonctions séculières pour asseoir son pouvoir sur le plan territorial. Les reines, comme les rois, ne menaient peut-être pas une politique logique ni même consciente, il n’empêche que le contrôle de certaines fonctions par l’intermédiaire de fidèles permettait de maîtriser plus étroitement l’espace sous leur domination : contrôle renforcé par le biais des monastères.

C – Contrôler les monastères

36Les fondations monastiques qui se multiplient à partir de la seconde moitié du ive siècle et surtout au viie siècle, s’inscrivent dans le contexte de christianisation de l’Occident, mais elles constituent aussi des points d’appui et d’ancrage politiques dont se servent les rois pour contrôler leur regnum, tout en bénéficiant du soutien spirituel de la communauté et du prestige que procure de tels gestes. Le contrôle des monastères, par le biais de leur fondation ou des donations qui lient la communauté au donateur royal, contribue donc, avec les déplacements royaux et l’octroi de fonctions locales à des fidèles, à la maîtrise de l’espace par le pouvoir royal. Or, les reines semblent avoir joué un rôle essentiel sur ce plan, avec une distinction cependant entre les reines du vie siècle qui s’appuient sur les monastères de manière très ponctuelle et Bathilde qui mène une politique monastique à beaucoup plus grande échelle.

37Grégoire de Tours évoque les largesses de Clotilde à l’égard des églises et des monastères, mais sans préciser les communautés qui en bénéficient à l’exception de la cathédrale de Tours [60]. Les sources relatives à Radegonde soulignent aussi sa générosité à l’égard des monastères (sans préciser davantage lesquels), ainsi que sa piété qui pouvait préparer sa conversion et sa retraite à Poitiers où elle fait fonder un monastère. Or, elles suggèrent aussi que Clotaire Ier n’est pas complètement étranger au devenir de son épouse [61], qui continue ensuite d’intervenir, depuis sa retraite, dans les affaires du royaume des Francs. Si le monastère de Poitiers devient un centre spirituel étroitement lié à la dynastie mérovingienne, il constitue aussi, par l’intermédiaire de la reine Radegonde, un point d’appui politique en Aquitaine, partagée entre les fils de Clovis et considérée comme annexe des royaumes dont le cœur est situé au nord de la Loire, donc mal maîtrisée.

38À la génération suivante, Brunehilde est à l’origine de trois fondations religieuses à Autun pour lesquelles elle a bénéficié du soutien de l’évêque Syagrius et du pape Grégoire le Grand qui en confirme, en 602, les privilèges [62]. Selon Janet Nelson, cet intérêt de la reine pour Autun s’inscrit dans une évolution amorcée par Gontran qui décalait vers l’est le cœur du royaume [63]. Les recherches de Josiane Barbier ont par ailleurs mis en lumière les liens de Brunehilde avec Saint-Médard de Soissons. La reine a donné à l’abbaye, où se trouve inhumé son époux, les villae de Morsain et de Cuisy situées dans le Soissonais et sans doute issues des biens qu’elle avait reçus de Sigebert à titre de dos[64]. La date des donations reste mal établie [65], mais dans le contexte conflictuel qui caractérise l’ensemble de cette période, l’acte de Brunehilde peut apparaître comme un moyen d’assurer la protection de ses biens, tout en bénéficiant du soutien de la communauté et donc d’un point d’appui politique dans une région annexée, en 564, par Sigebert aux dépens de Chilpéric.

39Si les premières reines mérovingiennes s’appuient sur un certain nombre de communautés religieuses pour asseoir leur pouvoir territorial, Bathilde associe plus systématiquement les monastères qui deviennent, d’une manière générale au viie siècle, des éléments essentiels de pouvoir. Selon la vita Bathildis, la reine aurait fondé le monastère féminin de Chelles dans le Parisis ainsi que le monastère masculin de Corbie dans la paroisse d’Amiens. Elle aurait par ailleurs donné une grande étendue forestière issue du fisc et d’autres biens à Philibert qui y édifie le monastère de Jumièges. Elle aurait fait, en outre, de larges donations aux monastères de Corbion, de Fontanelles, de Logium, de Luxeuil ainsi qu’aux autres monastères de Burgondie, de même qu’à Jouarre, à Faremoutiers et aux basiliques et monastères de la ville de Paris. Enfin, elle aurait confirmé les privilèges et concédé des immunités à Saint-Denis, Saint-Germain, Saint-Médard, Saint-Pierre, Saint-Aignan, Saint-Martin et à tous les autres de sa connaissance [66]. Ces derniers monastères ont été identifiés avec Saint-Denis au nord de Paris, Saint-Germain d’Auxerre, Saint-Médard de Soissons, Saint-Pierre (-le-Vif) de Sens, Saint-Aignan d’Orléans et Saint-Martin de Tours [67]. Or, les dispositions prises par Bathilde en faveur de ces seniores basilicae permettent d’émanciper les communautés de la tutelle épiscopale et de les placer sous la protection royale : il en résulte des liens plus étroits entre royauté et monastères, confirmés par les privilèges accordés par les évêques concernés qui nous sont parvenus. La politique de la reine est présentée par la vita d’un point de vue religieux [68]. Sans remettre en cause sa facette spirituelle, elle a aussi des implications politiques qui n’ont probablement pas échappé à Bathilde. La sélection des basiliques ne relève pas du hasard. La chronique de Frédégaire rapporte qu’en 626, Godin, qui a encouru la colère de Clotaire II, est condamné par celui-ci à faire le tour des principaux lieux saints, où il devait renouveler le serment de lui être fidèle : Saint-Médard de Soissons, Saint-Denis de Paris, Saint-Aignan d’Orléans, Saint-Martin de Tours [69]. La similitude des deux listes est frappante. Shoichi Sato en a conclu à l’existence d’« une catégorie spécifique de basiliques dont les fonctions cultuelles étaient les plus fréquentées par la maison royale, et avec lesquelles celle-ci entretenait une relation particulièrement étroite » [70]. La confirmation par Clovis II, en 654, du privilège accordé, en 652, par l’évêque Landry de Paris à Saint-Denis [71] montre que cette politique a été inaugurée du vivant du roi. Elle a été ensuite systématisée par Bathilde qui l’a par ailleurs étendue aux nouvelles fondations, notamment à Corbie. La reine restaure aussi la laus perennis, dont la pratique instituée par Dagobert à Saint-Denis était tombée en désuétude [72] et l’organise dans les autres communautés, à commencer par les seniores basilicae, ce qui s’inscrit dans une politique qui lie davantage la royauté au sacré. Or, ces basiliques sont réparties dans six diocèses différents et les communautés qui bénéficient des largesses de la reine dans trois ou quatre autres [73] : elles permettent de quadriller le territoire et, par conséquent, d’en favoriser le contrôle.

40La superposition des cartes localisant les déplacements des reines, les zones contrôlées par leurs fidèles et les monastères auxquels elles sont liées montrent, dans les cas de Brunehilde et de Bathilde (pour lesquelles on a le plus de renseignements), que celles-ci se sont attachées à inscrire leur autorité dans l’espace d’une manière ou d’une autre. Ces lieux, relais de l’autorité royale à l’échelon local, connus par le hasard des sources et donc probablement plus nombreux dans la réalité, produisent un maillage du territoire qu’il est difficile de penser inconscient [74]. Si les reines, comme les rois, sont conscientes de l’étendue du royaume et s’attachent à s’en assurer le contrôle, elles en perçoivent aussi, même si c’est moins nettement, les limites.

III – Les reines et les frontières

41Les sources montrent que les hommes ont conscience que les royaumes sont séparés par des frontières [75] qui peuvent être franchies à l’occasion de déplacements, de fuites ou d’attaques [76]. Il est cependant plus difficile de savoir comment ils la perçoivent (de manière continue ? linéaire ? sous forme de zones ?…), et si elle est visible. L’objectif sera ici d’analyser comment les reines envisagent les frontières et quel rôle elles ont joué pour les modifier, les protéger, les définir.

A – Modifier les frontières

42Les rois, qui disposent d’un pouvoir quasi-absolu, décident de la guerre, notamment des guerres de conquêtes. Les reines, pourtant écartées des affaires militaires parce que femmes, ne semblent pourtant pas tout à fait exclues de ce domaine réservé aux hommes. Selon Grégoire de Tours, la campagne des Francs de 524 contre les Burgondes (qui devait aboutir dix ans plus tard, à l’intégration du royaume à celui des Francs, et donc à repousser les frontières) aurait été décidée par Clotilde : elle aurait exhorté ses fils à venger la mort de ses parents [77] tués, en 491, par son oncle Gondebaud qui aspirait à dominer seul le royaume des Burgondes. Il n’est d’ailleurs pas impossible que, parmi les raisons qui ont poussé Clovis à intervenir dans ce royaume, vers 500, il y ait eu déjà une pression de la part de Clotilde. Le désir de vengeance [78] de Clotilde ne constitue pas la motivation principale des interventions franques en Burgondie qui s’expliquent d’abord par la volonté d’expansion. Mais, aux yeux de Grégoire de Tours, cela constitue néanmoins une justification acceptable à la campagne qui attribue de ce fait à la reine un rôle déterminant.

43Un demi-siècle plus tard, il n’est pas exclu, même si ce n’est pas la principale raison de l’offensive de Sigebert, que Brunehilde ait aussi incité son mari à venger le meurtre de sa sœur et donc à attaquer Chilpéric. Si la guerre civile qui oppose les fils de Clotaire Ier a commencé bien avant le meurtre de Galswinthe (vers 570-571) [79], celui-ci constitue une nouvelle occasion pour reprendre les conflits qui aboutissent, après plusieurs retournements de situation, à une offensive austrasienne dans le royaume de Chilpéric qui était sur le point de passer sous l’autorité de Sigebert lorsque celui-ci est assassiné (575). Avant cela, la médiation de Gontran a permis à Brunehilde de récupérer les biens que Chilpéric avait donnés à sa sœur Galswinthe, au moment de leur mariage, à savoir les cités de Bordeaux, Limoges, Cahors, Lescar et Tarbes [80] : la domination de l’Austrasie en Aquitaine s’en trouve étendue aux dépens des Neustriens. Cette transaction montre, en outre, que les royaumes ne se présentent pas comme des ensembles territoriaux compacts : d’une zone qui en constitue le cœur dépendent des espaces de domination disséminés, hérités ou conquis par les souverains, ce qui complique le dessin des frontières mais aussi leur protection.

B – Protéger les frontières

44Si les sources mentionnent le passage d’un regnum à l’autre en utilisant des expressions qui traduisent un déplacement dans un autre territoire et le passage d’une frontière [81], elles détaillent peu cette dernière. La frontière semble parfois correspondre à un fleuve (notamment le Rhône et la Loire) et prend donc un aspect linéaire [82]. Elle apparaît comme un obstacle naturel, ce qui en facilite la défense, sans que l’on sache précisément sur quoi celle-ci s’appuie (postes frontières ? fidèles ? pont fortifiés [83] ? etc.). Parfois la frontière semble beaucoup plus floue et correspondre à une zone mal définie. Tel est le cas pour l’Austrasie, où Fabienne Cardot distingue les frontières septentrionale et méridionale, adossées à des massifs forestiers (forêt Charbonnière et massif vosgien) et les frontières ouvertes de l’Ouest et l’Est [84], plus vulnérables et fluctuantes d’un règne à l’autre. Pour assurer la protection des secondes, les souverains ont souvent eu recours à l’installation de ducs [85]. Le rôle joué par Brunehilde semble montrer que les reines sont en mesure d’utiliser les mêmes expédients. On a vu que Brunehilde comptait, parmi ses fidèles, Loup, duc de Champagne [86]. Or, si l’on suit Grégoire de Tours, Loup apparaît déjà du vivant de Sigebert avec la fonction de duc, mais lors d’une mission qui lui est confiée à Marseille [87]. Par ailleurs, l’auteur ne mentionne aucun duc de Champagne avant Loup. On peut donc en déduire que la reprise des attaques neustriennes contre l’Austrasie, après la mort de Sigebert, a certainement entraîné la création d’un duché de Champagne, à laquelle la reine n’est probablement pas étrangère, confié à Loup [88]. Il n’est pas impossible qu’au siècle suivant, Bathilde ait joué un rôle dans l’organisation ou la réorganisation du duché du Maine dont les sources de la seconde moitié du viie siècle mettent en lumière le rôle essentiel dans la protection des régions entre Seine et Loire contre les Bretons [89].

45En dehors de la création de duchés, les souverains utilisent, comme moyen de protection d’une frontière, le sous-royaume, dont il faut peut-être attribuer l’institution à Brunehilde. Grégoire de Tours rapporte que le roi Childebert II songea à envoyer à Soissons son fils aîné nommé Théodebert, et, un peu plus loin, qu’en 589, il envoya celui-ci, acquiesçant à la requête des principaux personnages de Soissons et de Meaux qui avaient sollicité cette faveur [90]. Or, les deux cités sont sous domination austrasienne depuis peu [91]. Situées à la frontière, elles font, semble-t-il, l’objet de pillages et d’actes d’hostilité de la part des Neustriens et ne sont pas à l’abri de complots organisés en association avec ceux-ci. La mise en place d’un sous-royaume, confié à un roi mérovingien, âgé de quatre ans, certes, mais entourés de comtes, intendants, palatins, gouverneurs, et autres personnes susceptibles d’imposer l’autorité royale, pouvait apparaître comme un moyen de mieux maîtriser la frontière, tout en faisant une concession à l’aristocratie locale, désireuse d’autonomie et sûrement soucieuse de la défendre. Or, selon Grégoire de Tours, Gontran craint que tout cela ne soit une manœuvre, à l’initiative de Brunehilde, pour faire entrer Théodebert à Paris et lui enlever son royaume. La reine se disculpe de cette accusation [92], mais l’anecdote révèle que les contemporains reconnaissaient l’influence de Brunehilde et que, sans avoir forcément l’objectif de s’emparer du royaume de Gontran, elle n’était pas étrangère à la création du sous-royaume.

46Les informations relatives à la protection des frontières sont peu nombreuses et concernent d’abord la zone de contact entre Neustrie et Austrasie. Elles semblent cependant indiquer que les reines, comme les rois, s’en sont préoccupées, tout en les considérant comme des espaces périphériques au sein des royaumes. Les reines ont cependant aussi participer à la définition des frontières.

C – Participer à la définition des frontières

47Certains actes des souverains contribuent à préciser la localisation des frontières. C’est le cas notamment des rencontres entre rois, organisées à la frontière des royaumes lorsqu’ils sont en position d’égalité – tout déplacement royal dans un autre royaume étant révélateur de faiblesse [93] –, ou lors de négociations territoriales. Le cas de Brunehilde montre que, là encore, les reines mérovingiennes sont susceptibles de participer aux unes et aux autres. En 587, Brunehilde rencontre Gontran, aux côtés de Childebert – et de Faileuba –, à Andelot, à peu près à mi-chemin sur la route Metz-Chalon, pour régler toutes les questions qui pouvaient engendrer un conflit entre eux [94]. Une trentaine d’années plus tard, c’est dans la même région qu’est organisée une nouvelle rencontre entre Burgondes et Austrasiens. La chronique de Frédégaire rapporte que, vers 608,

48

« (…) une entrevue fut prévue entre Colroy et Saintois pour que ces deux reines [Brunehilde et Bilichilde] se rencontrent pour discuter de la paix entre Thierry et Théodebert » [95].

49Les deux frères sont en conflit depuis quelques années. On ne sait pourquoi ils confient les négociations de paix l’un à sa femme, l’autre à sa grand-mère, mais cela traduit l’influence et le rôle des reines, susceptibles de négocier la paix, comme les rois, sur la frontière (le Saintois étant situé au sud de Toul, dans le royaume de Thierry, et le Colroy, dans les Vosges sous domination de Théodebert). L’entrevue n’a pas eu lieu. Il n’en demeure pas moins que certains lieux sont reconnus localisés sur la frontière que les reines contribuent à identifier en y rencontrant les souverains voisins, sans que l’on en perçoive cependant clairement les contours.

50Elles contribuent, en outre, parfois à la définition de la frontière, en participant aux négociation territoriales. Brunehilde n’est probablement pas étrangère au pacte d’Andelot – qu’elle conclut, en 587, aux côtés de son fils Childebert, avec Gontran –, qui règle les contentieux territoriaux et, par conséquent, les limites de l’Austrasie et de la Burgondie. Grégoire de Tours qui avait été l’un des médiateurs en a reproduit le texte [96]. Les clauses territoriales fixent la répartition des cités et châteaux, avec territoire et population, issus du partage du royaume de Charibert († 567), à l’avantage de Gontran qui gagne aussi, peut-être pour rémunérer son soutien, la jouissance des cités de Galswinthe qu’avait récupérées Brunehilde. Les frontières des royaumes correspondent aux limites des cités que l’on connaît cependant mal concrètement [97].

Conclusion

51Les reines mérovingiennes, lorsqu’elles sont douées d’une forte personnalité, sont susceptibles d’intervenir dans la répartition des territoires entre les héritiers du roi et de privilégier tantôt le partage, tantôt l’unité, pour assurer, voire renforcer, leur position et celle de leur descendance. Mariées, certaines d’entre elles sont associées au pouvoir territorial du roi. Veuves, lorsqu’elles parviennent à exercer l’autorité au nom d’un fils ou d’un petit-fils mineur, elles s’attachent à organiser le contrôle des territoires sous leur domination, en s’y déplaçant, en confiant à leurs fidèles des charges assorties de pouvoirs locaux, en se liant – surtout à partir du viie siècle – à des monastères qu’elles fondent ou auxquels elles accordent des privilèges divers. Les lieux qu’elles fréquentent, où sont placés leurs fidèles, où sont fondés leurs monastères, où sont localisés ceux qui bénéficient de leurs concessions ne sont peut-être pas choisis consciemment et relèvent, pris indépendamment, du hasard, mais juxtaposés ils aboutissent à quadriller l’ensemble du royaume d’autant de points d’appui et de relais du pouvoir royal. Les reines apparaissent enfin conscientes des frontières, de la nécessité de les protéger et de la possibilité de les modifier, même si leur action sur ce plan est moins nette. En ce sens, elles ont, me semble-t-il, une politique territoriale qui n’apparaît pas véritablement différente de celle de leurs homologues masculins.


Carte n° 1

Lieux contrôlés par Brunehilde reine d’Austrasie (566-613) et de Burgondie (592-613)

Carte n° 1

Lieux contrôlés par Brunehilde reine d’Austrasie (566-613) et de Burgondie (592-613)

Carte n° 2

Lieux contrôlés par Bathilde, reine de Neustrie-Burgondie (v. 648-680)

Carte n° 2

Lieux contrôlés par Bathilde, reine de Neustrie-Burgondie (v. 648-680)

Généalogie des Mérovingiens simplifiée (ve-viie siècles)

tableau im3

Généalogie des Mérovingiens simplifiée (ve-viie siècles)


Mots-clés éditeurs : reines mérovingiennes, succession, territoire, frontière, pouvoir

Mise en ligne 02/10/2014

https://doi.org/10.3917/rdn.351.0631

Notes

  • [*]
    Emmanuelle Santinelli, maître de conférences, Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis, Le Mont Houy, B.P. 311, 59313 Valenciennes cedex 9.
  • [1]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir. Étude sur l’Austrasie mérovingienne, Paris, 1987.
  • [2]
    Voir généalogie en annexe.
  • [3]
    P. Stafford, Queens, concubines and dowagers, Athens Georgia, 1983 ; S. Wemple, Women in frankish society, marriage and the cloister 500 to 900, Philadelphie, 1981, p. 63-70 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms 450-751, Londres-New York, 1994, p. 121-139 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels : the careers of Brunehild and Bathild in Merovingian history », dans Medieval women, D. Baker éd., Oxford, 1978, p. 31-77. La plupart des reines envisagées ont fait l’objet d’études ponctuelles dont les références seront ultérieurement données.
  • [4]
    E. Ewig, « Die fränkischen Teilungen und Teilreiche (511-613) » et « Die fränkischen Teilreiche im 7. Jahrhundert (613-714) », rééd. dans id., Spätantikes und fränkisches Gallien, I, Munich, 1976, p. 114-171 et p. 172-230 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 55-60 et p. 140-158.
  • [5]
    Grégoire de Tours, Decem libri historiarum, R. Büchner éd., 2 vol., Berlin, 1956, III, 1, p. 144.
  • [6]
    I. Wood, Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 58-59 ; Id, « Kings, Kingdoms and consent », dans Early medieval kingship, P.H. Sawyer, I. N. Wood ed., Leeds, 1977, rééd. 1979, p. 10-12 et p. 17-23 ; P. Geary, Le monde mérovingien. Naissance de la France, Paris, 1989, p. 117-118 ; R. Le Jan, Histoire de la France : origines et premier essor, 480-1180, Paris, 1996, p. 45.
  • [7]
    I. Wood, « Kings, Kingdoms and consent », op. cit. (n. 6), p. 26.
  • [8]
    Une reine ne conserve de pouvoir, après la mort de son époux, que par l’intermédiaire d’un fils sur lequel elle peut exercer une influence, E. Santinelli, Des femmes éplorées ? Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Lille, 2003, p. 357-388.
  • [9]
    I.Wood, « Kings, Kingdoms and consent », op. cit. (n. 6), p. 26. La répartition entre les quatre fils de Clovis peut être restituée à partir de la description du partage de 561, faite par Grégoire de Tours : op. cit. (n. 5), IV, 22, p. 224.
  • [10]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 127 ; M. Reydellet, La royauté dans la littérature latine, de Sidoine Apollinaire à Isidore de Séville, Rome, 1981, p. 389.
  • [11]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 6, p. 150-153 et 18, p. 170-175.
  • [12]
    G. Godefroid, Études franques, t. I, Paris, 1919, p. 265-356 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », op. cit. (n. 3) ; P. Stafford, Queens concubines and dowagers, op. cit. (n. 3), p. 146-148 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 126-136 ; D. Harrison, The Age of Abbesses and Queens, Lund, 1998, p. 130-148, p. 222-228, p. 290-295 ; E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 9), p. 359-360, p. 377-378.
  • [13]
    Lettres de Grégoire le Grand : Monumenta Germaniae Historica [désormais MGH]. Epistulae I, P. Ewald, L. M. Hartmann éd., Berlin, 1891 et MGH. Epistulae II, L. M. Hartmann éd., Berlin, 1899, n° VI, 5 (595), p. 383-384 ; n° VI, 55 (596), p. 430 ; n° VI, 57 (596), p. 431-432 ; n° VIII, 4 (597), p. 5-8 ; n° IX, 212 (599), p. 197 ; n° IX, 213, p 198-200 ; n° XI, 46 (601), p. 318-319 ; n° XI, 48 (601), p. 320-321 ; n° XI, 49 (601), p. 321-322 ; n° XIII, 7 (602), p. 371-373.
  • [14]
    Ibid., n° VI, 49 (596), p. 423-424 ; n° IX, 215 (599), p. 201-203 ; n° IX, 226 (599), p. 217-218.
  • [15]
    Ibid., à Thierry : n° XI, 47 (601), p. 319-320 ; n° XIII, 9 (602), p. 374-5 ; à Théodebert : n° XI, 50 (601), p. 322-323.
  • [16]
    I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 130.
  • [17]
    Jonas de Bobbio, Vita Colombani, B. Krusch éd., MGH. Scriptores rerum Merovingicarum [désormais SRM] 4, Hanovre, 1902 (BHL, 1898) I, 18, p. 86.
  • [18]
    Frédégaire, Chronique, édition de J. M. Wallace-Hadrill, reprise et traduite par O. Devillers, J. Meyers, Frédégaire, Chronique des temps mérovingiens, Turnhout, 2001, c. 16, p. 78. Conformément à ce qui avait été prévu par le pacte d’Andelot (587), Childebert II avait hérité du royaume de son oncle (592), E. Santinelli, « Continuité ou rupture : l’adoption dans le droit mérovingien », Médiévales, 35, automne 1998, p. 14-16.
  • [19]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 129.
  • [20]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 36, p. 292. L’initiative vient peut-être de Brunehilde, voir infra (III).
  • [21]
    Liber Historiae Francorum, B. Krusch éd., MGH. SRM 2, c. 37, p. 306.
  • [22]
    I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 131 et p. 134 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 44-45.
  • [23]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 39, p. 116.
  • [24]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 45.
  • [25]
    Comme d’une manière générale les successions mérovingiennes, I. Wood, « Kings, Kingdoms and consent », op. cit. (n. 6), p. 14.
  • [26]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3) ; J. Dubois, « Sainte Bathilde, vers 625-680, reine de France 641-655, fondatrice de l’abbaye de Chelles », Paris et Île-de-France, Mémoires, t. 32, 1981, p. 13-30 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 197-202 ; J.-P. Laporte, « La reine Bathilde ou l’ascension sociale d’une esclave », dans La femme au Moyen Âge, M. Rouche, J. Heuclin éd., Maubeuge, 1992, p. 147-169 ; D. Harrison, The Age of Abbesses, op. cit. (n. 12), p. 307-311 ; E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 361 et p. 371.
  • [27]
    Vita Bathildis, B. Krusch éd., MGH. SRM 2, Hanovre, 1888 (BHL, 905), c. 5, p. 487.
  • [28]
    P. Geary, Le monde mérovingien, op. cit. (n. 6), p. 218 ; J.-P. Laporte, « La reine Bathilde », op. cit. (n. 26), p. 150.
  • [29]
    Liber Historiae Francorum, op. cit. (n. 21), c. 44, p. 317 ; Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), Continuations, c. 1, p. 202.
  • [30]
    E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 358-362.
  • [31]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 27), c. 5, p. 487.
  • [32]
    Liber Historiae Francorum, op. cit. (n. 21), c. 45, p. 317 ; Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), Continuations, c. 2, p. 202.
  • [33]
    L. Levillain, « La succession d’Austrasie au viie siècle », Revue historique, t. 112, 1913 ; L. Dupraz, Le royaume des Francs et l’ascension politique des maires du palais au déclin du viie siècle (656-680), Fribourg, 1948, notamment p. 149-150, p. 162-163 et p. 240-244 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 48-50 ; F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 180 ; P. Geary, Le monde mérovingien, op. cit. (n. 6), p. 221-224 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 223-224 ; E. Santinelli, « Continuité ou rupture », op. cit. (n. 18), p. 16-17.
  • [34]
    E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 362-363.
  • [35]
    Venance Fortunat, Poèmes, M. Reydellet éd. et trad., Paris, 1994, introduction, p. IX-X. Il serait notamment passé à Mayence, Cologne et Trèves.
  • [36]
    Par exemple : Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IV, 14, p. 212 et VII, 10, p. 102. Plus tardivement, Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 57-58, p. 144-149.
  • [37]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IV, 51, p. 270.
  • [38]
    Ibid., VI, 4, p. 8.
  • [39]
    Ibid., VI, 4, p. 6-8 ; VIII, 21, p. 190 ; IX, 20, p. 260 ; IX, 36, p. 292.
  • [40]
    Vita Colombani, op. cit. (n. 17), c. 19, p. 87.
  • [41]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 36, p. 102-104 (Brocariacum et Epoisses) ; c. 39-40, p. 116-119 (Metz et Worms) ; c. 42, p. 120 (villa d’Orbe).
  • [42]
    Ibid., c. 79-80, p. 180-183. E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 361.
  • [43]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 89, p. 194.
  • [44]
    E. Santinelli, Des femmes éplorées ? op. cit. (n. 8), p. 369-372.
  • [45]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 27), c. 4, p. 485-487 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 47.
  • [46]
    MGH. Diplom., n° 38, p. 35 (Stirpiniacum : Etrepagny) ; n° 39, p. 36 (Grisciacum : Crécy-en-Ponthieu) ; n° 40, p. 38 (Captonnacum : Chatou-sur-Seine).
  • [47]
    Acta sancti Aunemundi, Acta Sanctorum sept. VII, c. 2-3, p. 744.
  • [48]
    Vita S. Bathildis, op. cit. (n. 27), c. 6-8, p. 488-493.
  • [49]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 17, p. 170 et X, 31, p. 408.
  • [50]
    Ibid., V, 14, p. 300 ; V, 18, p. 312-322 ; V, 49, p. 370-380 ; VI, 32, p. 54-58 ; VI, 35, p. 60-62 ; VIII, 9, p. 170.
  • [51]
    Ibid., V, 40, p. 354 ; VI, 4, p. 6 ; VI, 37-38, p. 66-68 ; IX, 19, p. 258.
  • [52]
    Ibid., VI, 38, p. 68.
  • [53]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 53.
  • [54]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 19, p. 82 et c. 24, p. 88.
  • [55]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 54.
  • [56]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 21, p. 84. La chronique évoque aussi la confiscation des biens d’Uncellen, pour avoir participé à l’assassinat de Protadius, fidèle de Brunehilde, c. 28, p. 94.
  • [57]
    Vita Colombani, op. cit. (n. 17), I, c. 19, p. 89, c. 21 p. 92 et c. 23, p. 97.
  • [58]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 61-67 ; J.-P. Laporte, « La reine Bathilde », op. cit. (n. 26), 149-153.
  • [59]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 54 ; F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 155.
  • [60]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 18, p. 174 et X, 31, p. 408.
  • [61]
    Fortunat, Vie de Sainte Radegonde, Y. Chauvin, G. Pons éd. et trad., Paris, 1995 (BHL 7048), c. 3, p. 65 et c. 12, p. 74-75 ; Baudovinie, Vita Radegundis, B. Krusch éd., MGH. SRM 2, Hanovre, 1888, (BHL 7049), c. 3-5, p. 380-382 ; Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 7, p. 152-154 et IX, 42, p. 310. Voir J. Fontaine, « Hagiographie et politique, de Sulpice Sévère à Venance Fortunat », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 62, n° 168, janvier-juin 1976, p. 113-140 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 136-139 ; D. Harrison, The Age of Abbesses, op. cit. (n. 12), p. 87-95 et p. 280-285.
  • [62]
    Lettres de Grégoire le Grand, op. cit. (n. 13), n° XIII, 7, p. 371-373 et XIII, 11 à 13, p. 376-381.
  • [63]
    J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 55 ; E. Ewig, « Résidences et capitales pendant le haut Moyen Âge », id., Spätantikes, op. cit. (n. 4), I, p. 385.
  • [64]
    J. Barbier, « Les actes royaux mérovingiens pour Saint-Médard de Soissons : une révision », dans Saint-Médard. Trésors d’une abbaye royale, Paris, 1996, p. 179-241, notamment p. 192-195 et p. 229 ; R. Le Jan, « Les douaires des reines franques (vie-xe siècle) », rééd. dans Ead., Femmes, pouvoir et sociétés, dans le haut Moyen Âge, Paris, 2001, p. 68-88.
  • [65]
    J. Barbier, « Les actes royaux », op. cit. (n. 64), PJ nos 4 et 6, p. 229.
  • [66]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 31), c. 7-9, p. 489-493.
  • [67]
    L. Levillain, « Études sur l’abbaye de Saint-Denis à l’époque mérovingienne II », Bibliothèque de l’École des Chartes [désormais BEC], n° 86, 1925, p. 49-50 ; E. Ewig, « Das Privileg des Bischofs Berthefrid von Amiens für Corbie von 664 und die Klosterpolitik der Königin Bathild », rééd. dans Id., Spätantikes II, p. 107 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 69 ; S. Sato, « Chrodebert concéda-t-il le premier privilège épiscopal pour Saint-Martin de Tours ? une problématique méconnue », dans Haut Moyen Âge, Culture, éducation et société. Études offertes à Pierre Riché, M. Sot éd., Paris, 1990, p. 173 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 200.
  • [68]
    Vita Bathildis, op. cit. (n. 31), c. 9, p. 493.
  • [69]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 54, p. 140.
  • [70]
    S. Sato, « Chrodebert », op. cit. (n. 67), p. 174.
  • [71]
    L. Levillain, « Études sur l’abbaye de Saint-Denis à l’époque mérovingienne III », BEC, n° 87 (1926), p. 20-97 ; S. Sato, « Chrodebert », op. cit. (n. 67), p. 174.
  • [72]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 79, p. 180-182.
  • [73]
    E. Ewig, « Das Privileg », op. cit. (n. 67), p. 111, note 93 ; J. Nelson, « Queens as Jezebels », art. cit. (n. 3), p. 69.
  • [74]
    Voir les cartes n° 1 et 2 en annexe.
  • [75]
    H. W. Goetz, « Concept of realm and frontiers from late Antiquity to early Middle Ages : some preliminary remarks », dans The transformation of Frontiers, from Late Antiquity to the Carolingians, W. Pohl, I.Wood, H. Reimitz éd., Leyde-Boston-Cologne, 2001, p. 76-78.
  • [76]
    Par exemple, Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IV, 17, p. 218 ; IV, 42, p. 254-256 ; IV, 47, p. 236 ; IV, 49, p. 264 ; V, 5, p. 288 ; VI, 1, p. 4 ; VI, 11, p. 26 etc. Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 20, p. 82 ; c. 31, p. 96 ; c. 42, p. 120, c. 57, p. 130 etc.
  • [77]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), III, 6, p. 150.
  • [78]
    Sur le rôle des femmes, et notamment les veuves, dans la vengeance, E. Santinelli, Des femmes éplorées ?, op. cit. (n. 8), p. 314-317, et plus particulièrement les pages 315-316 relatives à Clotilde.
  • [79]
    P. Geary, Le monde mérovingien, op. cit. (n. 6), p. 145 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 89 et p. 127 ; F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 170.
  • [80]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 20, p. 262-264.
  • [81]
    Ibid., IV, 42, p. 256 : Les Saxons parviennent sur la rive du Rhône pour se rendre dans le royaume du roi Sigebert ; VIII, 30, p. 202 : à l’annonce d’une attaque des Wisigoths, Gontran confie au duc Leudegisèle la province d’Arles et installe plus de 4 000 hommes aux frontières pour les garder ; mêmes types d’expressions IV, 47, p. 264 ; IV, 49, p. 268 ; V, 5, 286-288 ; VI, 11, p. 26 ; VI, 41, p. 74 ; VIII, 18, p. 184-186 ; IX, 9, p. 238 ; IX, 32, p. 284. Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 20, p. 82 ; c. 31, p. 96 ; c. 38, p. 116 ; c. 47, p. 130 ; c. 53, p. 140 ; c. 57, p. 144-146.
  • [82]
    Pour une approche plus nuancée, voir l’article de F. Guizard-Duchamp dans ce même volume.
  • [83]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), VI, 19, p. 38 : Chilpéric qui craint des attaques fait poster des gardiens près du pont sur l’Orge, dans la cité parisienne.
  • [84]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 114.
  • [85]
    Ibid., p. 132-134 ; I. Wood, The Merovingian Kingdoms, op. cit. (n. 3), p. 61 ; A. R. Lewis, « The dukes of the Regnum Francorum, a.d. 550-751 », Speculum, 51, 1976, p. 381-410.
  • [86]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), VI, 4, p. 6.
  • [87]
    Ibid., IV, 46, p. 260-262.
  • [88]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 196.
  • [89]
    J.-P. Brunterc’h, « Le duché du Maine et la marche de Bretagne », dans La Neustrie, H. Atsma éd., Sigmaringen, 1989, I, p. 40.
  • [90]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 32, p. 284 et IX, 36, p. 292.
  • [91]
    F. Cardot, L’espace et le pouvoir, op. cit. (n. 1), p. 170.
  • [92]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 32, p. 284.
  • [93]
    C’est ce que montre R. Le Jan pour les reines du xe siècle : « D’une cour à l’autre : les voyages des reines de Francie au xe siècle », Ead., Femmes, pouvoir et société, op. cit, p. 48-50.
  • [94]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 20, p. 260.
  • [95]
    Frédégaire, Chronique, op. cit. (n. 18), c. 35, p. 100.
  • [96]
    Grégoire de Tours, op. cit. (n. 5), IX, 20, p. 260-266.
  • [97]
    Voir l’article de C. Mériaux, dans le présent volume.
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