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Article de revue

Estaires et Merville dans les années 1920 d'après leurs registres historiques de paroisse

Pages 413 à 422

Notes

  • [*]
    — Teddy DERONCQ, maître en histoire, DEA d’histoire contemporaine, thèse en cours, 1, rue du Général de Gaulle, 59253 La Gorgue.
  • [1]
    — A donné lieu à l’article « L’intérêt des registres historiques de paroisse aux XIXe et XXe siècles, l’exemple du diocèse d’Arras », Actes du 91e Congrès National des sociétés savantes, Rennes, t. III, 1969, p. 7-21, repris dans Le Temps retrouvé, Revue du Nord, Hors série, coll. Histoire, n° 14, 1998, p. 47-58.
  • [2]
    — Il pourrait toutefois être utile d’opérer un examen systématique de la série J, pour toutes les communes du département : on y trouve parfois des notes de curés (ainsi J / 150, Merville, notes de l’abbé Vanhove).
  • [3]
    — Archives diocésaines de Lille (en cours de traitement).
  • [4]
    — Il faut ajouter que certains manuscrits ont été égarés, ainsi des « Annales de l’Église de Wasquehal », exploitées notamment par Émile Vignoble dans son ouvrage Le Ferrain au fil du temps, une histoire de Wasquehal, Wasquehal, 1987.
  • [5]
    — Seules les 96 premières pages portent des notes.
  • [6]
    — L’abbé Dupont (1945-1951), n’y a rien écrit. À l’issue de ce ministère, il devint Évêque auxiliaire de Lille.
  • [7]
    — Aimablement communiqué par René Massiot.
  • [8]
    — T. DERONCQ, « Aspects de la pratique et de la vie religieuse à Estaires et à Merville durant les années 1920 à travers leurs livres de paroisse respectifs », sous la dir. de Jacques Prévotat, Lille 3, 118 p., 2000 ; le manuscrit de l’abbé Boëdt fut l’objet du mémoire de maîtrise T. DERONCQ, « Le livre de paroisse de l’abbé Jules-Hippolyte Boëdt, curé d’Estaires (1882-1913) », sous la dir. de Bernard Ménager et de Jacques Prévotat, Lille 3, 1999, 180 p.
  • [9]
    — À une cinquantaine de kilomètres à l’est de sa source et à une quinzaine de kilomètres du grand centre textile d’Armentières.
  • [10]
    — De 4500 à 5500 habitants, si l’on défalque de Merville les paroisses de Le Sart et de Caudescure.
  • [11]
    — À l’étiage des campagnes vendéennes, selon l’expression de F. BOULARD.
  • [12]
    — P. PIERRARD (dir), Histoire des diocèses de Cambrai et de Lille, Beauchesne, Paris, 1978, p. 300 ; « une zone de faiblesse » pour J.-M. MAYEUR, L’abbé Lemire (1853-1928), un prêtre démocrate, Casterman, Tournai, 1968, p. 102.
  • [13]
    — S’explique en partie par le peu de migrants qui se sont implantés dans ces paroisses ; cf. « les grèves de 1903-1905, révélatrices du détachement ouvrier ? » in T. DERONCQ, « Le livre de paroisse de l’abbé Jules-Hippolyte Boëdt, curé d’Estaires (1882-1913) », sous la dir. de Bernard Ménager et de Jacques Prévotat, Lille 3, 1999, p. 105-110.
  • [14]
    — Cf. notre paragraphe « L’indolent XXe siècle », id., p. 110-113.
  • [15]
    — Le sort des populations nous est notamment connu par un récit inédit et anonyme vraisemblablement rédigé en 1919, se présentant sous la forme d’un petit essai biographique des curés mervillois de 1849 à 1919, 4 pages photocopiées, archives des Amis du Vieux Merville.
  • [16]
    — Selon l’abbé Vaillant. Cf. notre mémoire de DEA, annexe D, « le rétablissement du culte », p. 113-114.
  • [17]
    — Les dossiers des archives départementales (série 1 V) et diocésaines (série D) sont, soit manquants, soit négligeables et difficilement exploitables.
  • [18]
    — Le manuscrit original du journal paroissial de Merville n’a pu être localisé. Il semble, selon le spécialiste de l’histoire de Merville, René Massiot, à qui l’on doit cette reproduction effectuée il y a une vingtaine d’années, qu’il n’ait toutefois pas été détruit depuis.
  • [19]
    — Il va de soi, eu égard à l’ampleur (96 pages contre 30) et à la nature des documents, que leurs apports respectifs apparaissent très inégaux.
  • [20]
    — La création d’un patronage ou d’une œuvre de piété se subordonne à l’existence d’un toit ou d’une salle d’œuvre pour l’accueillir ou à la confection d’un support cultuel (chapelle, statue, etc.).
  • [21]
    — Tant la graphie (d’un seul jet chaque année) que des éléments du récit le démontrent.
  • [22]
    — On n’observe, d’ailleurs, et sauf événements particuliers, guère de différence d’ampleur dans le récit entre 1919 et 1928.
  • [23]
    — En prenant l’exemple de l’année 1923.
  • [24]
    — De même que le toast prononcé lors du banquet du 18 juillet 1926, à l’occasion d’un concours régional de gymnastique.
  • [25]
    — En conclusion, lors de son discours d’adieu aux paroissiens, prononcé le 4 mars 1930, il pourra afficher sa fierté devant le travail accompli : « j’ai travaillé pendant douze ans au relèvement de la paroisse ».
  • [26]
    — Citons à titre d’exemples : « Les œuvres en 1919 », « 1920, troisième église provisoire », ou encore « Travaux de l’année 1921 ».
  • [27]
    — Dès lors, le manuscrit n’indique plus le numéro des chapitres mais se limite à l’année (à partir de 1923). De même, le relevé des résultats de l’ouvroir s’achève en 1925.
  • [28]
    — Cf. la thèse de C. BONAFOUX-VERRAX, « La Fédération Nationale Catholique (1924-1944) », 3 t., Institut d’Études Politiques de Paris, 1998 (sous la dir. de Serge Berstein).
  • [29]
    — Il ajoute que « l’examen des incidences du conflit sur la vie religieuse constitue un thème de réflexion d’une importance exceptionnelle », « La vie religieuse en France pendant la première guerre mondiale », dans J. DELUMEAU (dir.), Histoire vécue du peuple chrétien, t. II, « Vers quel christianisme ? », 1979, Toulouse, Privat, p. 179-193.
  • [30]
    — On se voit contraint d’indiquer ici les grandes lignes et d’alléger le récit des références aux deux principales sources manuscrites.
  • [31]
    — On peut, par extrapolation et d’après des calculs approximatifs, évaluer les taux de pascalisants à 80 % en ce qui concerne Merville contre 70 % pour Estaires au milieu de la décennie.
  • [32]
    — C’est ainsi que seule une « infime minorité » s’abstient de suivre les exercices de la mission prêchée à Merville en février 1928.
  • [33]
    — Cf. « Statistiques du temps pascal (1921-1929) », T. DERONCQ, idem, annexes B.a et B.b, p. 107-108.
  • [34]
    — On se réfère ici aux confessions comptabilisées à Estaires lors de l’Adoration Perpétuelle et aux effectifs des œuvres de piété, la section masculine de la confrérie du Très Saint Sacrement en particulier.
  • [35]
    — S’inscrit dans un phénomène d’affadissement de la piété observé dès le début du siècle.
  • [36]
    — Quels qu’ils soient, sexuels, générationnels ou de nature sociologique.
  • [37]
    — Les discours, qui font ici une bien maigre place à ces dichotomies, laissent penser qu’elles sont désormais admises dans l’esprit de tous et notamment celui des curés.
  • [38]
    — Ceci n’est pas à proprement parler un caractère neuf, mais il nous semble acquérir une ampleur nouvelle durant la décennie étudiée.
  • [39]
    — Cité par P. VAILLANT, op. cit., p. 32.
  • [40]
    — Je tiens à remercier Jacques Prévotat qui a guidé et motivé mes travaux de maîtrise puis de DEA et assume la conduite de ma thèse, ainsi que Yves-Marie Hilaire, qui a sollicité cet article. Tous deux ont bien voulu relire ces pages et me prodiguer de précieux conseils dans leur élaboration.

1 On a mesuré, au lendemain de la communication d’Yves-Marie Hilaire au 91e Congrès National des Sociétés Savantes [1], l’intérêt des registres historiques de paroisse, leur richesse concernant le diocèse d’Arras (une très grande proportion a été conservée), et les perspectives de recherche qu’ils offrent en matière d’histoire religieuse. Il est à regretter, toutefois, que peu de chercheurs aient creusé cette veine, et nous aient privés en la circonstance d’une recension systématique de ce type de sources.

2 Les archives du département du Nord, qu’elles soient publiques ou privées, font pâle figure par rapport au département voisin. Les archivistes du fonds départemental ne peuvent que déplorer l’absence de tout registre, même sous une forme photocopiée [2]. Les archives diocésaines, sur lesquelles on pourrait légitimement fonder davantage d’espoirs, ne sont pas mieux loties, seul un registre conséquent sur Mouvaux étant conservé [3]. En ce domaine, le fonds de l’Évêché apparaît relativement pauvre et le chercheur s’intéressant à l’histoire religieuse du diocèse semble bien démuni s’il veut enraciner ses recherches dans la vie religieuse proprement dite et se plonger dans le vécu des croyants et de leurs prêtres.

3 Il reste donc, à qui veut approcher des documents qui n’ont pas tous disparu, à se tourner vers les particuliers. Dispersés et de caractère quelque peu confidentiel, ces volumes posent d’évidentes difficultés de localisation puis d’approche [4]. Conviction, patience et persuasion permettent cependant d’avoir accès à de précieux manuscrits et de professer un certain optimisme. C’est ainsi que des recherches sur un secteur géographique réduit ont porté leurs fruits, concernant notamment les paroisses Saint-Waast d’Estaires et Saint-Pierre de Merville :

4

  • Jules Hippolyte Boëdt, « Mon ministère dans la paroisse depuis le jour de mon installation (1882-1913) », manuscrit original de 306 p. (170 x 105 mm), conservé par B. Bève (Estaires).
  • Paul Vaillant, « Histoire de la reconstitution de la paroisse d’Estaires (1919- 1930) », manuscrit original d’environ 150 p. [5] (220 x 180 mm), conservé par M. Depuydt (Estaires).
  • « Journal paroissial de Merville », tenu de 1919 à 1962 par les curés Lecœuche, Marsil, et Macker [6], exemplaire photocopié de 49 p., cercle historique Les Amis du Vieux Merville[7].

5 Cet article sera fondé sur l’examen des deux documents contemporains : le registre de l’abbé Vaillant et, au sein du registre mervillois, les notes de l’abbé Lecœuche, prises entre 1919 et 1928, qui ont donné matière au chapitre présenté dans notre mémoire de DEA [8].

6 Situées au cœur de la vallée de la Lys [9], aux confins de la Flandre intérieure et du pays d’Alleu, Estaires et Merville se prêtent idéalement à l’étude. Cités d’importance similaire [10], voisines seulement de quelques kilomètres, elles forment une communauté de terroir « mi-rurale, mi-industrielle » (Yves-Marie Hilaire), autant par leur structure socio-économique que par leur culture politique et un enracinement religieux propre aux pays de Chrétienté, enjeu de l’étude. Car autant ce secteur se distingue par sa ferveur [11], autant l’industrie moderne, depuis le milieu du XIXe siècle, s’y est massivement implantée en imposant sa mutation de civilisation : logiquement, la Lys et sa vallée furent rapidement perçues comme une « zone rouge » [12]. Les répercussions sur la foi passent alors par l’émancipation progressive de la population ouvrière (qu’on aurait tort, toutefois, de surévaluer [13]) et par une forme d’apathie religieuse que l’on a observée au tournant du siècle chez les pratiquants réguliers ou « observants » (Gabriel Le Bras) [14] : voilà qui propose d’emblée de vastes perspectives de recherche.

7 En août 1914, le tocsin sonne la mobilisation générale. Dès lors, les destinées des deux communes, situées aux abords du front des opérations, seront étroitement liées : elles connaîtront l’occupation britannique, le reflux allemand puis l’évacuation du territoire au printemps 1918. Au retour de l’exil, les auteurs comme leurs contemporains [15] ne manquent pas de revenir sur l’aspect désolé des paysages, sur les pénibles conditions de vie, de ravitaillement et de logement. Quant au culte, il s’improvise dans des locaux de fortune. La cave d’une brasserie accueillera à Merville les premiers fidèles de mars à mai 1919, tandis que le premier sanctuaire estairois ne sera rien d’autre qu’un « hangar démantibulé » [16].

8 La place manque ici pour revenir en détail sur les biographies de ces deux curés — d’ailleurs bien délicates à établir [17] — qui prennent en charge ces paroisses dévastées. Outre le fait qu’à Merville l’abbé Lecœuche fut le Doyen de son confrère estairois et qu’ils eurent ainsi à se côtoyer et à œuvrer ensemble au quotidien, les deux auteurs appartenaient à la même génération. Six années séparent ces prêtres ordonnés aux débuts de la Troisième République et les deux paroisses qu’ils évoquent ici seront leurs dernières cures. Leurs parcours se confondent étroitement : s’ils viennent de communes rurales environnantes (Steenbecque et Neuf-Berquin), ils ont exercé auparavant leur ministère en milieu urbain. Au-delà de ces itinéraires voisins, on ne négligera pas l’année et le contexte de leurs installations respectives dans les paroisses : le prêtre mervillois est en place depuis 1908 alors que l’abbé Vaillant fut nommé curé de l’église Saint-Waast en janvier 1919. Ce dernier prend donc contact avec la population au terme du conflit mondial : il s’agit dès lors pour lui de s’imposer parmi ses paroissiens tandis que l’abbé Lecœuche a, lui, connu la guerre et l’exil au milieu de ses fidèles.

LES MANUSCRITS

9 Les deux documents présentent l’intérêt immédiat d’être des témoignages de première main, inédits et inconnus des spécialistes ainsi que de l’autorité diocésaine. Ceux-ci, selon toute vraisemblance, ont connu un nombre très réduit de lecteurs et sont la propriété, pour l’un, d’un particulier détenteur par ailleurs d’une grande masse de documents, pour l’autre, d’un cercle historique [18]. En outre, ils fournissent une juste illustration de ce qu’il est permis d’attendre de ce type de sources, qui, grossièrement, peuvent se classer en deux familles : le registre proprement dit, d’une part, que chacun des desservants successifs annote et qui s’apparente à des annales de la paroisse en question, à une sorte de journal paroissial. D’autre part, l’œuvre plus personnelle, chronique isolée du ministère d’un prêtre qui se fait alors plus prolixe et déborde du cadre étroit du registre, tout en manifestant généralement certaines prétentions littéraires.

10 Nonobstant cette divergence substantielle, les documents sont comparables. Leur conception fondamentale — chroniques paroissiales —, leurs auteurs — prêtres exactement contemporains — et le contexte général de leur tenue — paroisses voisines confrontées à la reconstruction d’après guerre —, expliquent un contenu informatif et des thèmes abordés communs : œuvres de circonstance, elles sont chargées en partie de témoigner du travail de la reconstruction dont les curés ont la charge.

11 Qu’apportent, en effet, ces manuscrits comme éléments « bruts » [19] ? Essentiellement des enseignements d’histoire locale. Pour une large part, ils retracent la chronologie de la reconstruction matérielle de l’ensemble des infrastructures catholiques (Églises provisoires jusqu’aux édifices définitifs, écoles, patronage, salles d’œuvres, etc.). Au-delà des détails financiers et des plaintes face aux difficultés rencontrées, ces questions éclairent, à Estaires surtout — et d’une manière toutefois très insuffisante —, les rapports avec les autorités civiles. Enfin, au fil des notes, on glane quelques éléments divers : composition de la population locale, positionnement politique — très approximatif — des desservants, ou expressions des mentalités populaires.

12 On lit par ailleurs les épisodes marquants de la vie paroissiale et religieuse, lesquelles forment un tout. La fonction des registres s’apparente dès lors à celle des coutumiers : actes paroissiaux, grandes saisons chrétiennes, événements religieux non réguliers et « exceptionnels » (missions, bénédictions de cloches, etc.) y trouvent un support privilégié. La vie paroissiale s’identifie à la vie des œuvres et les curés ne manquent pas d’évoquer le rétablissement des confréries et groupements catholiques, auxquels sont étroitement associées les questions matérielles [20]. On ne peut qu’entrevoir, derrière quelques évocations des fidèles, de leur nombre, de leur ferveur ou de leurs inclinations en matière de dévotions, l’expression — ou les expressions, tant elles sont diverses — de la piété populaire. Ces appréciations, d’un grand intérêt pour l’historien, sont en effet ici très fragmentaires : la reconstruction a considérablement amoindri cette fonction pourtant capitale des registres paroissiaux. La question centrale, pour les curés, ne semble plus être le problème de la déchristianisation et ils ne livrent guère le fruit de leurs interrogations sur la situation de la pratique religieuse, comme pouvaient le faire leurs prédécesseurs ; les difficultés quotidiennes, les soucis matériels impliquent que le prêtre témoigne en priorité de sa fonction de bâtisseur et accessoirement de son action apostolique.

13 Peu de divergences formelles entre les deux ouvrages : le format commun et la nature du support — cahier broché — en font des manuscrits voisins. La graphie, d’une manière générale, est claire et soignée, quoique plus hasardeuse chez le prêtre mervillois. Chronique annuelle de facture classique, le récit est composé en paragraphes successifs — dont certains bénéficient de titres mis en relief — selon la trame événementielle, sans souci apparent de cohérence thématique chez l’abbé Lecœuche, tandis que le curé estairois s’essaie pour les années 1919-1923, on le verra plus loin, à une rédaction plus élaborée. Celle-ci intervenait d’un trait [21] au terme de chaque année, généralement fin décembre ou début janvier, bénéficiant donc d’un recul relatif.

Journal paroissial de Merville

14 L’abbé Lecœuche s’inscrit dans la continuité de l’histoire de l’église de Merville, même s’il inaugure le présent registre. Il se plie chaque année à l’exercice imposé, sans zèle particulier. Le journal propose ainsi une structure très cohérente, ne comprenant guère de digressions, les impressions personnelles et jugements sur les faits exposés étant réduits à leur plus simple expression. « Prédications suivies par un très grand nombre de paroissiens », « Fêtes splendides », tels sont, aux côtés de rares indications chiffrées, les éléments les plus explicites que fournit, généralement en moins de cinq lignes, l’abbé Lecœuche. Dominent en toute logique les informations types (Statistique des sacrements / temps pascal / avancée des travaux paroissiaux) et la relation des temps forts de la vie de l’église locale. Aussi, au fil des années, la forme du texte demeure-t-elle homogène [22], conservant les mêmes caractères, excepté lorsqu’un événement d’importance se produit, telle l’inauguration de l’église ou une mission paroissiale. Les paragraphes, s’ils ne sont pas ordonnés uniformément, s’ordonnent schématiquement de cette manière [23] :

15

  • Adoration perpétuelle.
  • Statistique du temps pascal.
  • Résurrection matérielle (École Saint-Robert et nouvelle église provisoire).
  • Bénédiction d’une cloche.
  • Changement de vicaire (simple évocation sans commentaires).
  • Prédications préparatoires à la Toussaint.
  • Statistique paroissiale (nombre de baptêmes, mariages et enterrements chrétiens).
  • Suite de la résurrection matérielle (tour d’horizon complet, des monuments publics aux bâtiments religieux).

Histoire de la reconstitution de la paroisse d’Estaires

16 Le manuscrit estairois constitue un essai plus personnel et plus élaboré. Il s’agit ici d’un témoignage de type « journal personnel » dans lequel l’auteur se livre plus volontiers. Voilà un homme manifestement opposé, sinon au régime, tout au moins à l’« atmosphère ambiante », genre de considérations qu’on ne retrouve pas à Merville. De la même manière, on apprend beaucoup de ses sentiments, notamment sur l’avancée des travaux matériels, mais surtout — en ce qui concerne notre présent objet — sur l’attitude chrétienne des Estairois. Le récit est plus fouillé : évocation des élections municipales, réceptions des autorités diocésaines (pour lesquelles il consigne ses rapports, généralement in extenso[24]), description du mobilier cultuel, décompte des titres de presse lus dans la paroisse, détails sur les finances paroissiales (dont les résultats de l’ouvroir Saint-Joseph), projections et conférences, etc.

17 Les titres successifs des premières pages affirment d’ailleurs une véritable démarche historique. Sur la page de garde figure le titre : « Livre Journal, Histoire de la Reconstitution de la Paroisse d’Estaires ». Plus loin, le premier chapitre porte in limine l’inscription : « Livre Journal. Monographie de la paroisse d’Estaires », précédée de l’indication « Réinstallation des œuvres de la paroisse d’Estaires ». Si les intentions de l’auteur ne peuvent être sondées avec certitude, on peut affirmer qu’il était convaincu que la période qui s’annonçait allait être lourde en soucis de toutes sortes, que son ministère prendrait vraisemblablement un caractère d’exception, s’exerçant dans des conditions particulièrement difficiles. C’est une nouvelle ère qui s’annonce en ces mois d’automne 1919, lorsque ce « premier curé d’Estaires après la Grande Guerre » célèbre l’« ouverture [de l’]oratoire », en maître d’œuvre de la renaissance, voire de la fondation d’une nouvelle paroisse. Dans ces conditions, il apparaît que le dessein historique de l’auteur ne pût que se confondre étroitement avec le désir logique de rappeler les étapes de sa propre action [25].

18 Il suffit d’ailleurs, pour conforter cette impression, d’indiquer que la rédaction n’a pas débuté en 1919 mais probablement dans les premières années de la décennie suivante. Ceci devra être pris en considération : lorsque le curé inaugure son livre-journal, la reconstruction est entreprise depuis plusieurs années ; celle-ci est sur la bonne voie, cette première phase nous est donc racontée avec le recul nécessaire aux récits historiques. On comprend mieux également la différence de qualité dont on ne peut que convenir sur l’ensemble. La stricte division en chapitres cohérents et ordonnés [26], au style agréable et recherché, éventuellement — et même sans doute — préparés, vaut pour les années 1919 à 1923. Ensuite, le fil de la plume, à l’évidence, rend l’ouvrage plus indigeste, causant d’ailleurs ajouts, ratures, imprécisions, fautes d’orthographe et surtout brut classement chronologique par années successives [27] à l’instar du manuscrit mervillois.

19 Aussi le document du Père Vaillant, s’il contient des passages forts intéressants et des indications essentielles à l’histoire de la paroisse, n’en présente-t-il pas moins des pages de qualité inégale. Parallèlement à la hiérarchisation et à la rigueur de la rédaction qui s’effritent, on observe que la densité des notes et la valeur du récit s’atténuent considérablement au cours de la décennie. Les dernières années contiennent ainsi la recension systématique des conférences et des réunions de la Fédération Nationale Catholique, qui présente un intérêt certain quant à l’histoire de ce mouvement et des élites chrétiennes [28], mais il est à déplorer, parallèlement, la quasi disparition des considérations sur la foi locale. Plusieurs raisons peuvent être ici invoquées : achèvement de l’essentiel de la reconstruction — et ainsi matière moindre —, manque progressif d’ardeur pour cet exercice contraignant ou encore maladie et faiblesse physique qui amèneront le Chanoine à se retirer.

QUELQUES ENSEIGNEMENTS SUR LA VIE RELIGIEUSE DE CES PAROISSES DANS LES ANNÉES 1920

20 Notre travail de DEA ne prétendait pas exploiter l’entière substance de ces documents. Nous avons donc opté pour l’étude de la pratique et de la vie religieuse de ces paroisses, laquelle ne s’appuyait d’ailleurs que sur d’insuffisantes et fragmentaires indications. Pour autant, ayant exploité dans le cadre d’un diplôme de maîtrise un riche registre concernant Estaires et couvrant trois décennies (des années 1880 à l’aube de la Grande Guerre), il nous était permis de saisir certains aspects de l’évolution des mentalités religieuses sur un demi-siècle. Une question fondamentale se profilait en arrière-plan, que Jean-Marie Mayeur a ainsi formulée : « en quelle mesure la crise [de 1914- 1918] a-t-elle pu jouer, comme souvent en histoire, un rôle de révélateur et d’accélérateur à la fois ? » [29]. Il était donc peu satisfaisant de se lancer dans une analyse comparée et systématique de ces deux paroisses moyennes. Les divergences, bien évidemment, furent mises en exergue — tout en apparaissant relativement réduites —, mais, eu égard à la cohérence du contexte d’étude, nous avons privilégié une approche commune dans un souci d’apporter des conclusions générales et ouvertes.

21 Quels enseignements peut-on retenir de cette décennie qui suit la première guerre mondiale ? [30] En premier lieu, il faut souligner que le nombre de pratiquants saisonniers est demeuré élevé, notamment au regard d’autres paroisses de même nature. Le conformisme religieux reste puissant : le peuple qui se rend à la messe chaque dimanche et communie à Pâques [31] se confond toujours étroitement avec l’ensemble de la communauté locale [32]. Il n’est pas rare de compter un millier de fidèles aux offices dominicaux, notamment aux jours de communion générale. Le niveau de la pratique a peu évolué depuis la guerre ; les données, quoique éparses, démontrent qu’un rattrapage s’est opéré après la rupture du conflit mondial — ce dernier ayant entraîné la suspension du culte et le repli vers une foi plus intérieure et confidentielle — puis le retour de tous les exilés. Ensuite, la stabilité semble l’emporter jusqu’au début des années 1920, le thème de l’immobilité revenant d’ailleurs à de nombreuses reprises sous la plume des deux commentateurs, en particulier dans leur évocation des exercices annuels [33].

22 Pour autant, à y regarder de plus près et en s’inscrivant dans le moyen terme — à partir des années 1880 —, il est manifeste que les chiffres mettent en évidence une réduction notable (près d’un quart par rapport au début du XXe siècle) [34] des pratiquants actifs qui se confessent, communient, participent aux offices mineurs et s’impliquent dans les dévotions plus spécifiques et plus exigeantes : on tend à penser que l’écart entre les minorités ferventes et les conformistes a pu se creuser d’une manière conséquente. Quant à la ferveur paroissiale, il semble établi, hormis la messe et les grandes célébrations catholiques (Pâques, Fêtes de Noêl, etc.) lors desquelles un enthousiasme quasi unanime s’exprime, que les fidèles témoignent d’une piété moindre [35], encore qu’il soit bien délicat d’apprécier et de mettre en parallèle des « atmosphères » spirituelles.

23 Il suffirait cependant de porter un regard attentif aux rites de passage et à leur évolution pour confirmer cette tendance générale : d’une part, l’accroissement du volume des naissances et des mariages qui échappent à la sanction de l’Église, et, de l’autre, les libertés prises avec les prescriptions catholiques en ce qui concerne les délais de baptêmes, auparavant scrupuleusement observés.

24 En matière de dimorphisme religieux [36], si ceux-ci ne se sont pas véritablement accentués, on lit chez ces prêtres une forme de résignation, notamment en matière de différenciations sociologiques [37]. La reconstruction matérielle et l’arrivée d’une masse ouvrière importante a vraisemblablement anéanti tout espoir de reconquête ouvrière devant l’indifférence d’une main-d’œuvre majoritairement extra-locale. Pour autant, une part non négligeable d’ouvriers n’a pas abandonné toute pratique religieuse : les missions, par exemple, sont l’occasion pour certains de renouer avec des exercices dont l’impact demeure sensible.

25 La guerre, sans contredit, a brusqué une multitude d’évolutions amorcées dans les années 1910. Elle imprime d’abord — faut-il le souligner ? — sa marque au catholicisme populaire de l’époque. La Toussaint en est l’élément emblématique, dont la ferveur est soulignée unanimement. Mais on constate par ailleurs l’importance grandissante des cérémonies qui allient religion et sentiment national.

26 En effet, au niveau de la religion populaire, l’aspect démonstratif semble un caractère relativement nouveau qui s’exprime à travers des célébrations à la fois collectives, patriotiques et dramatisées [38]. Les multiples processions permettent à l’Église de s’approprier l’espace civil tandis que s’y presse l’ensemble des acteurs de la cité : ces occasions d’adhésion générale sont particulièrement significatives. Un double mouvement — opposé — se profile : l’Église s’efforce, au moyen de fêtes et manifestations d’envergure (congrès, célébrations théâtralisées, etc.), d’afficher son poids dans la société et la Nation ; dans cette optique, le nombre a toute sa signification et sa symbolique. Mais parallèlement, on note une contraction notable des effectifs qui composent l’élite catholique. Celle-ci se compose de troupes resserrées, certes, mais davantage dévouées et impliquées dans le débat politico-religieux. Dans ce domaine, pour citer le propos d’un Père Jésuite lors d’une conférence donnée en septembre 1922 au comité catholique estairois, « ce n’est pas le chiffre qui compte (...). L’avenir n’appartient pas au chiffre, mais au zèle déployé » [39]. Une forme de militantisme religieux auquel les paroisses avaient globalement échappé au début du siècle s’exprime désormais avec force à travers l’emblématique Fédération Nationale Catholique, mais aussi d’autres groupements, gymnastique, patronages ou Jeunesse Catholique, au sein desquels ces enjeux ne sont jamais absents [40].


Mots-clés éditeurs : paroisses, vie religieuse, registres historiques, catholicisme, Histoire contemporaine

Date de mise en ligne : 27/11/2014

https://doi.org/10.3917/rdn.340.0413

Notes

  • [*]
    — Teddy DERONCQ, maître en histoire, DEA d’histoire contemporaine, thèse en cours, 1, rue du Général de Gaulle, 59253 La Gorgue.
  • [1]
    — A donné lieu à l’article « L’intérêt des registres historiques de paroisse aux XIXe et XXe siècles, l’exemple du diocèse d’Arras », Actes du 91e Congrès National des sociétés savantes, Rennes, t. III, 1969, p. 7-21, repris dans Le Temps retrouvé, Revue du Nord, Hors série, coll. Histoire, n° 14, 1998, p. 47-58.
  • [2]
    — Il pourrait toutefois être utile d’opérer un examen systématique de la série J, pour toutes les communes du département : on y trouve parfois des notes de curés (ainsi J / 150, Merville, notes de l’abbé Vanhove).
  • [3]
    — Archives diocésaines de Lille (en cours de traitement).
  • [4]
    — Il faut ajouter que certains manuscrits ont été égarés, ainsi des « Annales de l’Église de Wasquehal », exploitées notamment par Émile Vignoble dans son ouvrage Le Ferrain au fil du temps, une histoire de Wasquehal, Wasquehal, 1987.
  • [5]
    — Seules les 96 premières pages portent des notes.
  • [6]
    — L’abbé Dupont (1945-1951), n’y a rien écrit. À l’issue de ce ministère, il devint Évêque auxiliaire de Lille.
  • [7]
    — Aimablement communiqué par René Massiot.
  • [8]
    — T. DERONCQ, « Aspects de la pratique et de la vie religieuse à Estaires et à Merville durant les années 1920 à travers leurs livres de paroisse respectifs », sous la dir. de Jacques Prévotat, Lille 3, 118 p., 2000 ; le manuscrit de l’abbé Boëdt fut l’objet du mémoire de maîtrise T. DERONCQ, « Le livre de paroisse de l’abbé Jules-Hippolyte Boëdt, curé d’Estaires (1882-1913) », sous la dir. de Bernard Ménager et de Jacques Prévotat, Lille 3, 1999, 180 p.
  • [9]
    — À une cinquantaine de kilomètres à l’est de sa source et à une quinzaine de kilomètres du grand centre textile d’Armentières.
  • [10]
    — De 4500 à 5500 habitants, si l’on défalque de Merville les paroisses de Le Sart et de Caudescure.
  • [11]
    — À l’étiage des campagnes vendéennes, selon l’expression de F. BOULARD.
  • [12]
    — P. PIERRARD (dir), Histoire des diocèses de Cambrai et de Lille, Beauchesne, Paris, 1978, p. 300 ; « une zone de faiblesse » pour J.-M. MAYEUR, L’abbé Lemire (1853-1928), un prêtre démocrate, Casterman, Tournai, 1968, p. 102.
  • [13]
    — S’explique en partie par le peu de migrants qui se sont implantés dans ces paroisses ; cf. « les grèves de 1903-1905, révélatrices du détachement ouvrier ? » in T. DERONCQ, « Le livre de paroisse de l’abbé Jules-Hippolyte Boëdt, curé d’Estaires (1882-1913) », sous la dir. de Bernard Ménager et de Jacques Prévotat, Lille 3, 1999, p. 105-110.
  • [14]
    — Cf. notre paragraphe « L’indolent XXe siècle », id., p. 110-113.
  • [15]
    — Le sort des populations nous est notamment connu par un récit inédit et anonyme vraisemblablement rédigé en 1919, se présentant sous la forme d’un petit essai biographique des curés mervillois de 1849 à 1919, 4 pages photocopiées, archives des Amis du Vieux Merville.
  • [16]
    — Selon l’abbé Vaillant. Cf. notre mémoire de DEA, annexe D, « le rétablissement du culte », p. 113-114.
  • [17]
    — Les dossiers des archives départementales (série 1 V) et diocésaines (série D) sont, soit manquants, soit négligeables et difficilement exploitables.
  • [18]
    — Le manuscrit original du journal paroissial de Merville n’a pu être localisé. Il semble, selon le spécialiste de l’histoire de Merville, René Massiot, à qui l’on doit cette reproduction effectuée il y a une vingtaine d’années, qu’il n’ait toutefois pas été détruit depuis.
  • [19]
    — Il va de soi, eu égard à l’ampleur (96 pages contre 30) et à la nature des documents, que leurs apports respectifs apparaissent très inégaux.
  • [20]
    — La création d’un patronage ou d’une œuvre de piété se subordonne à l’existence d’un toit ou d’une salle d’œuvre pour l’accueillir ou à la confection d’un support cultuel (chapelle, statue, etc.).
  • [21]
    — Tant la graphie (d’un seul jet chaque année) que des éléments du récit le démontrent.
  • [22]
    — On n’observe, d’ailleurs, et sauf événements particuliers, guère de différence d’ampleur dans le récit entre 1919 et 1928.
  • [23]
    — En prenant l’exemple de l’année 1923.
  • [24]
    — De même que le toast prononcé lors du banquet du 18 juillet 1926, à l’occasion d’un concours régional de gymnastique.
  • [25]
    — En conclusion, lors de son discours d’adieu aux paroissiens, prononcé le 4 mars 1930, il pourra afficher sa fierté devant le travail accompli : « j’ai travaillé pendant douze ans au relèvement de la paroisse ».
  • [26]
    — Citons à titre d’exemples : « Les œuvres en 1919 », « 1920, troisième église provisoire », ou encore « Travaux de l’année 1921 ».
  • [27]
    — Dès lors, le manuscrit n’indique plus le numéro des chapitres mais se limite à l’année (à partir de 1923). De même, le relevé des résultats de l’ouvroir s’achève en 1925.
  • [28]
    — Cf. la thèse de C. BONAFOUX-VERRAX, « La Fédération Nationale Catholique (1924-1944) », 3 t., Institut d’Études Politiques de Paris, 1998 (sous la dir. de Serge Berstein).
  • [29]
    — Il ajoute que « l’examen des incidences du conflit sur la vie religieuse constitue un thème de réflexion d’une importance exceptionnelle », « La vie religieuse en France pendant la première guerre mondiale », dans J. DELUMEAU (dir.), Histoire vécue du peuple chrétien, t. II, « Vers quel christianisme ? », 1979, Toulouse, Privat, p. 179-193.
  • [30]
    — On se voit contraint d’indiquer ici les grandes lignes et d’alléger le récit des références aux deux principales sources manuscrites.
  • [31]
    — On peut, par extrapolation et d’après des calculs approximatifs, évaluer les taux de pascalisants à 80 % en ce qui concerne Merville contre 70 % pour Estaires au milieu de la décennie.
  • [32]
    — C’est ainsi que seule une « infime minorité » s’abstient de suivre les exercices de la mission prêchée à Merville en février 1928.
  • [33]
    — Cf. « Statistiques du temps pascal (1921-1929) », T. DERONCQ, idem, annexes B.a et B.b, p. 107-108.
  • [34]
    — On se réfère ici aux confessions comptabilisées à Estaires lors de l’Adoration Perpétuelle et aux effectifs des œuvres de piété, la section masculine de la confrérie du Très Saint Sacrement en particulier.
  • [35]
    — S’inscrit dans un phénomène d’affadissement de la piété observé dès le début du siècle.
  • [36]
    — Quels qu’ils soient, sexuels, générationnels ou de nature sociologique.
  • [37]
    — Les discours, qui font ici une bien maigre place à ces dichotomies, laissent penser qu’elles sont désormais admises dans l’esprit de tous et notamment celui des curés.
  • [38]
    — Ceci n’est pas à proprement parler un caractère neuf, mais il nous semble acquérir une ampleur nouvelle durant la décennie étudiée.
  • [39]
    — Cité par P. VAILLANT, op. cit., p. 32.
  • [40]
    — Je tiens à remercier Jacques Prévotat qui a guidé et motivé mes travaux de maîtrise puis de DEA et assume la conduite de ma thèse, ainsi que Yves-Marie Hilaire, qui a sollicité cet article. Tous deux ont bien voulu relire ces pages et me prodiguer de précieux conseils dans leur élaboration.

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