Notes
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[1]
NDLR : actuellement la panne de croissance pourrait affecter les projets de Pékin.
1 Les rapports entre la Russie et la Chine furent tumultueux à des degrés divers jusqu’à ce qu’un apaisement intervienne en 1989, en concomitance avec l’insurrection estudiantine de la place Tian’anmen, sans qu’il y ait d’ailleurs de relation de cause à effet. Mikhaïl Gorbatchev, en tant que secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique s’était rendu spécialement à Pékin afin d’y rencontrer les dirigeants chinois dont le secrétaire général du Parti et président de la Commission militaire centrale, Hu Jintao, son alter ego. Il s’agissait de gommer définitivement les différentes contestations tournant parfois à l’affrontement, opposant les deux États depuis la déstalinisation, datant donc de plus d’une trentaine d’années. Le processus lancé en 1989 fut poursuivi sans relâche avec des hauts et des bas mais sans jamais enregistrer de recul.
2 Après avoir porté la réflexion sur les rapports entre les deux États afin de mettre en lumière les points de rapprochement comme de discorde, ainsi que leur raison, l’examen portera sur les différences de régime politique puis sur les obstacles à un rapprochement plus fécond, aussi bien dans le temps présent qu’en prospective.
Le tissu contractuel sino-russe
3 « Pacta sunt servanda, les traités doivent être respectés ». Cette maxime date de Rome, donc de plus de deux millénaires. Ce n’est certes pas pour autant que la maxime soit suivie d’un résultat positif. Cependant, pour le moins, la conclusion d’un traité indique une tendance, à défaut d’une volonté ferme de son observation, voire d’un revirement. En effet, il arrive parfois que les traités, bien que comportant toujours une clause de réajustement et de révision ou encore d’annulation, avec une date précise, ne soient pas observés ou plus simplement violés. Et en tout état de cause, ils sont tous chargés d’une dose de relativité. Ce n’est pas en vain que les Français ont introduit dans leur langue le verbe « maltraiter » qui a pris un sens général, loin de son objet sémantique premier. L’échec de la négociation sur le réchauffement climatique en offre un exemple patent au début du troisième millénaire, jusqu’à l’annonce d’une prochaine négociation, à Paris, avant la fin de l’année 2015. Les traités conclus sur le désarmement nucléaire en offrent un autre exemple tout aussi probant. La menace terroriste ne parvient pas à transcender les clivages politiques entre les États. En 1939, Français et Britanniques étaient liés par l’engagement mutuel de ne pas traiter séparément avec les Allemands. Les Français, unilatéralement, ont conclu un armistice en 1940 et se sont même lancés dans la voie de la collaboration avec l’ennemi. Les contradictions issues des prescriptions internationales contemporaines continuent à en faire foi. L’Europe et les États-Unis ont émis une série d’interdictions d’entrée sur leur territoire de responsables politiques et économiques russes, en rétorsion à leur prise de position négative à leur égard au sujet de l’Ukraine en 2014 et 2015. Et les mêmes s’offusquent de ce que les Russes prennent des mesures similaires à l’encontre de personnalités politiques occidentales. Où est la logique ? De plus, la performance est nettement en défaveur des Occidentaux. Ceux-ci, au 2 juin 2015, ont privé de visas 150 personnalités russes. La rétorsion de Moscou se contente de 89 victimes. Encore une fois, où est la logique ?
4 La Chine, dans cette affaire ne bronche pas : elle ne soutient ni n’élève aucun reproche à la Russie, quant à l’Ukraine. Elle agit comme si le problème ne la concernait pas. Or, la Chine professe le dogme de l’intangibilité des frontières, ce qui est en contradiction avec le rattachement de la Crimée à la Russie et aux troubles dans l’Est ukrainien, causés par les séparatistes soutenus par Moscou. La passivité de la Chine s’explique, tant par son alliance avec la Russie que par son hostilité latente à l’égard des États-Unis.
5 Trois traités lient formellement la Russie à la Chine.
6 L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) date de la fin des années 1990, après que, lors de sa visite à Pékin en 1989, Mikhaïl Gorbatchev, en tant que secrétaire général du Parti communiste soviétique, ait avancé le concept d’une normalisation des relations et une alliance. Le traité ouvre la voie à une organisation intergouvernementale. Les parties russes et chinoises, dès les premières négociations, mirent sur pied un accord puis évoquèrent la possibilité d’un traité qui fut finalement conclu. L’objet de ce traité était la coopération contre le terrorisme et le maintien tel quel des frontières. Les traités inégaux entre Russes et Chinois furent mis sous le boisseau : les deux parties s’engageant à ne plus en faire grief. Des manœuvres communes, notamment navales, furent organisées, dépassant l’objet initial du traité. L’OCS fut formalisée le 16 juillet 2001 en ayant donc comme membres fondateurs la Russie et la Chine, avec un élargissement au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan et à l’Ouzbékistan. Son siège fut fixé à Shanghai, où se tient son secrétariat. Un autre élargissement fut réalisé par l’adhésion, en tant qu’observateurs, d’États comme l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan, le 7 juin 2012.
7 L’OCS est particulièrement intéressante parce qu’elle est un forum de discussion réunissant entre autres l’Inde et le Pakistan, deux États qui n’en ont pas fini d’épuiser leur contentieux mutuel. Par ailleurs, l’Organisation permet aux Chinois ainsi qu’aux Russes, des discussions avec les anciennes républiques soviétiques d’Asie. L’OCS tient annuellement une réunion formelle, mais le Secrétariat agit en permanence, notamment en 2015, pour faciliter le souhait chinois d’élargir les compétences d’un système bancaire commun.
8 Un traité bilatéral sino-russe d’Amitié et de coopération fut institué, signé le 16 juillet 2001, puis ratifié. C’est dans le cadre de ce traité que fonctionne la coopération militaire sino-russe, parallèlement à l’OCS, tant dans le domaine des cessions d’armes et d’équipements que de la coopération entre états-majors. De fréquentes réunions permettent au ministère russe de la Défense de négocier avec son homologue chinois, la Commission militaire centrale dont le président est le secrétaire général du parti chinois et président de la République. En 2015, ce sont ainsi Vladimir Poutine, président de la Commission de défense russe et Xi Jinping, qui tiennent des pourparlers directs.
9 Ce traité est matérialisé par des manœuvres communes navales, mais aussi terrestres. Symboliquement, dans le cadre d’un geste de première importance, lors du défilé de la Victoire, le 9 mai 2015, Xi Jinping fut placé à la droite de Vladimir Poutine sur le mausolée de Lénine, place Rouge à Moscou. En 2013, année de son élection, le premier voyage officiel de Xi Jinping avait été pour Moscou, en mars.
10 L’organisation des BRICS, créée en 2009 à Ekaterinbourg, sur une initiative russe, réunit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud en tant que pays émergents. Il s’agit encore d’un forum de discussion qui prétend faire pièce à la Banque mondiale (BM) et au Fonds monétaire international (FMI). Les BRICS tiennent une réunion annuelle dans chacun des États-membres. Le but affiché est d’arriver à une planification commerciale et d’éviter toute concurrence inutile.
11 Parallèlement, le but fédératif et centralisateur, mais non proclamé, était de mettre sur pied une organisation apte à contrer le pacte transpacifique que les États-Unis avaient lancé avec leurs partenaires asiatiques. Les Chinois avaient suivi les Russes d’enthousiasme dans cette perspective.
12 Ce pacte transpacifique n’était jamais que la version asiatique du même système conceptuel éprouvé qui prévaut en Europe avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan). Les Américains étaient loin d’avoir en Asie des partenaires aussi fidèles, voire aussi dociles pour certains, qu’en Europe. Ce pacte n’en est encore qu’à un aspect velléitaire que les BRICS ont l’ambition de torpiller.
13 Dans ce duel avec les États-Unis, les Chinois, tout comme les Russes, avaient marqué un point.
14 Dans son système contractuel, Moscou avait dû enregistrer un échec sensible. En 1992, les Russes avaient pu organiser un traité de sécurité collective (OTSC) réunissant à la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. En somme, ce traité réunissait les républiques ex-soviétiques asiatiques à quelques républiques européennes aussi ex-soviétiques. Ce système demandait à être affiné et présageait le concept euro-asiatique mis au point au début des années 2010. Aux termes du traité, les parties prenantes se devaient aide et assistance mutuelle, y compris dans les domaines militaires.
15 Moscou avait échoué d’y amener Pékin. Pourtant, le concept de l’OTSC était semblable à celui du traité bilatéral sino-russe de 2001. Le refus chinois, s’explique par la présence de la Biélorussie, un État totalement européen, au sein de l’OTSC. Or, la Chine ne souhaite pas être entraînée dans une querelle européenne. Elle le démontre amplement par sa circonspection quant à son attitude dans les problèmes du séparatisme ukrainien, en dehors de son opposition à toute action susceptible de porter atteinte au concept de l’intangibilité des frontières, concept garant du maintien du Tibet et du Xinjiang ouïgour, dans l’ensemble chinois.
16 Cette même circonspection se retrouve dans l’attitude extrêmement prudente, observée par Pékin dans le problème syrien et la lutte contre Daech. Les Chinois estiment plus raisonnable de laisser faire les Russes et de se cantonner à l’espace asiatique proprement dit. Ils se livrent à un suivisme complet en ce qui concerne le vote des résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU, votant toujours comme les Russes, ou, à la rigueur, en s’abstenant, mais jamais contre eux. En cela, Xi Jinping se range aux leçons laissées en héritage par Deng Xiaoping, le père des « quatre réformes » qui ont hissé la Chine à un rang lui permettant de concurrencer les États-Unis.
Un atout maître chinois : le système bancaire
17 L’un des buts poursuivis par Pékin est de faire pièce à la Banque mondiale (BM) et au FMI, organismes estimés être trop inféodés aux pays riches occidentaux, notamment aux États-Unis.
18 En soutien à ses ambitions, la Chine s’adosse à une économie florissante [1]. Son PIB, en 2013, atteint quelque 13 400 milliards de dollars, accusant une croissance comprise entre 8 et 8,5 %. La croissance industrielle reste à deux chiffres. Les réserves de change, de 4 500 milliards de dollars en 2011, passent à 5 500 milliards en 2013, dont quelque 1 500 sont placés dans la dette américaine.
19 Si le yuan, de son nom officiel, le renminbi, reste inconvertible et au taux fixé de 6,27 pour 1 dollar, avec une marge de fluctuation de 1 %, il tend à devenir une monnaie internationale. La Banque du Peuple, banque centrale, l’institution financière suprême chinoise, nourrit l’ambition de faire du renminbi, une monnaie internationale sur le chemin d’une monnaie de réserve internationale à l’instar du dollar. L’entreprise vise très nettement à contrecarrer les États-Unis dans un domaine qui représente leur chasse gardée, depuis que le général de Gaulle, en son temps, avait cherché à faire admettre l’étalon-or et non le dollar comme référence.
20 Dans cette option, la Chine a recherché à se doter d’un système bancaire qui ait une envergure internationale, à défaut de pouvoir utiliser sa banque centrale, un système bancaire apte à faire pièce à la BM et au FMI.
21 Les performances russes tiennent en très peu de données pour établir une comparaison. La monnaie russe est tout aussi inconvertible. Cependant, elle vient de subir une dévaluation en 2015 et s’établit par référence au dollar à 55,6 roubles pour un dollar. Le PIB en 2013 s’élevait à 2 097 milliards de dollars et n’a guère bénéficié de croissance.
22 La comparaison du PIB per capita atténue fortement la disparité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, 10 millions de Chinois, sur 1,4 milliard, accaparent 65 % de la richesse nationale, ce qui n’est absolument pas le cas de la Russie… ; bien qu’existe une disparité du même genre mais en termes moins accentués.
23 Cependant, quoi qu’il en soit, la comparaison des situations économiques et financières avec la Russie est donc très claire. La disparité, une disparité écrasante, en termes absolus, est en faveur de la Chine.
24 C’est dans cette optique qu’en 1986, la Chine a fait son entrée à la Banque asiatique de développement (BASD), fondée en 1966. L’institution a comme projet un pipeline trans-Afghanistan et plus généralement le soutien au développement économique et social des pays asiatiques et du Pacifique. L’institution souffre de boulimie : elle est détenue par 67 États-membres, ce qui revient au constat de son inefficacité. La Russie n’en fait pas partie.
25 L’inefficacité de la BASD et la présence des États-Unis en son sein, ont conduit les Chinois à se rejeter sur les BRICS. Si l’organisation est due à une initiative russe, en 2014, les Chinois ont cherché à créer une banque des BRICS, par apport d’un milliard de dollars de chacun des pays membres. L’adhésion patina, seuls les Chinois remplissaient les conditions financières, les autres tenants étaient réticents, les Russes simplement parce qu’ils ne pouvaient matériellement soutenir l’effort.
26 Persistant dans son dessein, Pékin mit sous le boisseau la banque des BRICS et, le 24 octobre 2014, annonça la création de la « Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, Asian Infrastructure Investment Bank » (AIIB). Le but est toujours de concurrencer le FMI et la BM mais aussi la Banque asiatique de développement.
27 En 2014, les droits de vote des États-Unis au FMI et à la BM étaient respectivement de 16,75 % et de 16,21 %, contre 3,81 % et 4,85 % pour la Chine. De facto, Washington a un droit de veto. Pour la BASD, les droits de vote des États-Unis et du Japon sont de 15,56 % et de 15,67 % respectivement. Ceux de la Chine se limitent à 6,47 %. Le Congrès des États-Unis bloque depuis 2010 tout projet de réforme du FMI, ce qui représente un élément important dans l’obstination chinoise. Vingt et un États signent un mémorandum d’entente pour construire l’AIIB en octobre 2014 et fixent son siège à Pékin : la Chine, l’Inde, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Qatar, le Koweït et quinze autres États asiatiques. Au 15 avril 2015, la banque compte 57 États-membres dont la Russie et la France.
28 Taïwan a demandé son adhésion mais elle a été rejetée. La raison non proclamée est l’alignement trop fort de Taïpeh sur Washington. Les États-Unis, le Canada et le Mexique ont refusé d’adhérer, Washington étant particulièrement critique vis-à-vis du projet et faisant pression sur ses alliés pour qu’ils refusent également leur adhésion. L’option de Washington tient en ce qu’il convient de ne pas accepter une initiative étrangère dans une chasse gardée qu’est le système financier mondial que les États-Unis comptent bien conserver.
29 Nonobstant, le 21 mars 2015, la Grande-Bretagne fait savoir qu’elle rejoint l’AIIB. Trahison, proclame Washington dans les cercles restreints et feutrés où se rencontrent les grands financiers de Wall Street et de la City ! Il faut faire bon cœur contre mauvaise fortune, répond Londres qui sait qu’il entraîne ses vassaux. Alors, le dernier jour avant la date limite, le 31 mars 2015, pour devenir membre fondateur, Jacob Lew, secrétaire américain au Trésor, a annoncé la volonté de Washington de coopérer avec l’organisation. Les droits de vote sont fixés au prorata des PIB des pays membres.
30 L’AIIB officiellement a pour objet de favoriser les infrastructures des pays membres. En ce qui concerne la Chine, l’organisation s’inscrit dans la stratégie de la nouvelle « route de la soie » qu’elle développe.
L’énergie, problème chinois crucial
31 La Chine accuse des points de faiblesse, malgré son économie florissante. La richesse produite ne profite qu’à moins d’une dizaine de millions de ménages alors que le reste de la population, plus de 1,3 milliard d’individus, est dans une situation misérable, ce qui rejaillit sur la stabilité sociale du pays. Une partie importante des forces armées est dédiée au maintien de l’ordre. Jusqu’en 2015, Pékin est parvenu à gérer cette instabilité.
32 Cependant, la Chine présente un autre point de vulnérabilité, conditionnant sa croissance économique qu’il faut maintenir à tout prix, sous peine d’une augmentation en flèche de l’instabilité sociale : la satisfaction de ses besoins énergétiques. La consommation d’énergie primaire se décompose en 70 % à partir de la houille, 20 % des hydrocarbures et 10 % d’origine diverse, dont l’hydroélectricité et les centrales nucléaires. L’extraction domestique de la houille, en Chine même, couvre les besoins. La production d’électricité, à raison de 80 %, provient de cette origine. Il s’agit cependant d’une production extrêmement polluante, ce qui pose un problème, en prospective.
33 La consommation de pétrole, en augmentation constante de 10 % par an, atteint en 2015, 12 millions de barils par jour (mb/j). À rappeler qu’un baril équivaut à 158,98 litres. Le cours du brent qui oscille autour de 65 dollars le baril, après être monté à plus de 100 dollars, favorise l’industrie chinoise qui, avec les besoins américains, absorbe 50 % de la production mondiale.
34 La production interne chinoise onshore et offshore représente 45 % de la consommation et est en constante diminution. Les gisements s’épuisent. L’importation couvre les 55 % restants.
35 La Chine cherche à diversifier ses importations de manière à réduire sa vulnérabilité. Il n’en demeure pas moins que la majeure partie est réalisée à partir du golfe Arabo-Persique dont l’Arabie saoudite fournit 18,65 % des importations et l’Iran, près de 10 %. L’autre fournisseur important est l’Angola, à raison de 16,46 %. La Russie, pour sa part, ne représente que 5,93 %. Près de 80 % de ces importations transitent par le détroit de Malacca. À la vulnérabilité en matière d’approvisionnement dépendant des approvisionnements, s’ajoute ainsi une vulnérabilité stratégique.
36 La Chine ressent une menace américaine, depuis que le 5 janvier 2012, Washington a officiellement annoncé la bascule de sa puissance militaire vers le Pacifique. Elle partage donc avec la Russie sa méfiance, voire son hostilité à l’égard des États-Unis. La vulnérabilité cruciale en matière d’hydrocarbures est manifeste, en étant aux mains de la puissance navale américaine qui peut bloquer le détroit de Malacca à sa convenance. Les États-Unis peuvent aussi organiser des montées en puissance des régimes politiques de l’Indonésie et de la Malaisie, États commandant le détroit de Malacca, dans un sens hostile à la Chine.
37 Pékin ayant déjà des contentieux avec les États de la région au sujet des zones d’intérêt économique, dépendant d’îles et d’îlots contestés, se trouve dans une position délicate.
38 En revanche, la faiblesse des importations d’hydrocarbures russes est proprement inexplicable. Ayant une alliance formelle avec Moscou, Pékin pourrait très bien multiplier par trois ou quatre ses importations russes. Il y aurait alors, d’évidence, une dépendance potentielle vis-à-vis de la Russie. Mais une dépendance en la matière, d’un autre ordre mais d’une potentialité tout aussi réelle, existe déjà à l’égard des États-Unis et serait donc amoindrie.
39 * * *
40 La logique voudrait qu’ayant le même adversaire potentiel que sont les États-Unis, la Chine et la Russie mettent en ligne une alliance étroite. Or, il n’en est rien. Plutôt qu’une alliance, malgré les textes des traités, Pékin et Moscou pratiquent un partenariat entre eux.
41 Il est certain qu’il y a une divergence quant aux axes d’effort. Les Russes sont attachés à l’Europe, très simplement parce qu’ils sont européens. Mais ils ont des intérêts en Asie. Le même constat peut être fait à l’égard des Chinois mais dans une symétrie inversée. Ils sont asiatiques et n’ont en Europe que des intérêts.
42 La création de l’AIIB et son lancement, sont certainement un pavé jeté dans la mare de Wall Street. C’est bien ainsi que cette péripétie est comprise aussi bien à Wall Street qu’à la City. On ne peut l’ignorer de la part de la deuxième puissance économique du monde. La Russie l’avait compris, a adhéré et conseillé aux Républiques ex-soviétiques d’en faire autant.
43 En revanche, le manque de coopération sino-russe en matière d’hydrocarbures est proprement incompréhensible. Pourquoi Moscou et Pékin n’ont-elles pas dégagé depuis des années les ressources nécessaires à la construction d’oléoducs et de gazoducs qui rempliraient les besoins chinois et fourniraient aux Russes les devises dont ils ont tant besoin ?
Notes
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[1]
NDLR : actuellement la panne de croissance pourrait affecter les projets de Pékin.