1Personne n’ignore que les revues, et notamment les revues généralistes, se portent mal. La disparition récente des Temps modernes, de Vacarme et du Débat est là pour l’attester. Face à cette mévente, les éditions La Découverte ont décidé que dès janvier toutes les revues de sciences humaines et sociales qu’elles éditent (sauf Hérodote et Le Crieur) devraient passer à un format majoritairement numérique dès janvier 2021, les tirages papier ne se faisant qu’à la demande et à l’unité. Pourquoi pas ? C’était néanmoins plus ennuyeux pour La Revue du MAUSS que pour d’autres. Quoique, pour des raisons qui nous échappent, nous ne soyons plus diffusés par la FNAC depuis d’assez nombreuses années, nous continuons à vendre (un peu) en librairie. Et il nous semble que nombre de nos abonnés, qui ne sont pas uniquement des jeunes universitaires, loin de là, n’apprécieraient nullement de devoir nous lire en numérique.
2Cruel dilemme. Nous sommes, évidemment, très attachés à La Découverte, qui avait accepté depuis plus de trente ans de passer avec nous un contrat tout à fait exceptionnel, nous permettant de bénéficier de son nom et de tous ses services. Elle nous avait également ouvert les portes de Cairn, précieuses. Mais les inconvénients d’un passage immédiat au numérique l’ont emporté.
3Nous avons donc pris la décision d’accepter la proposition des éditions Le Bord de l’eau – que nous remercions vivement de sa confiance et de son enthousiasme – de reprendre la revue, et d’autant plus qu’elles publient déjà depuis 2009 la collection de la « Bibliothèque du MAUSS » et qu’elles ne croient pas du tout que les revues publiant sur papier soient nécessairement vouées à l’échec. Le prochain numéro de La Revue du MAUSS, le n° 57, paraîtra donc sous couverture Le Bord de l’eau. Pour nos abonnés, rien ne change, sauf le nom et l’adresse de l’expéditeur. Nous allons cependant profiter de cette circonstance imprévue pour apporter progressivement quelques modifications. La Revue du MAUSS était déjà passablement généraliste, puisqu’elle publiait des textes relevant d’un peu toutes les disciplines en science sociale et assumait clairement ses enjeux politiques et idéologiques. Mais elle était, et était largement vue comme, une revue de recherche. Elle le restera, mais elle deviendra plus clairement généraliste encore en s’ouvrant davantage à la littérature, à la culture et à l’actualité. Enfin, après quarante ans de travail au service de la revue, je passe la main à Philippe Chanial qui en deviendra le directeur. Je ne disparaîtrai pas pour autant (je suppose) mais je ne serai plus en première ligne.
4Longue vie à La Revue du MAUSS maintenue (contre vents et marées).
