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Article de revue

L'effet du premier pas : la récompense d'une intention plus que d'une action

Pages 389 à 405

Notes

  • [1]
    En passant au crible le parcours des hommes qui incarnent le mieux la réussite dans les affaires, Villette et Vuillermot [2005] mettent l’accent sur leurs conduites « prédatrices ». Plus prosaïquement, sur l’ébranlement subi par le sentiment d’équité dans un cadre de compétition plus rude, voir Fischbacher et al. [2009].
  • [2]
    Le jeu est explicité selon les termes de Berg et al. [1995]. La dotation initiale n’est pas toujours de 10 et le multiple n’est pas forcément de 3.
  • [3]
    Camerer mentionne ici une expérience de Jacobsen et Sadrieh.
  • [4]
    Le mécanisme incitatif s’appuyait essentiellement sur la satisfaction de participer à une expérience scientifique.
  • [5]
    Un test du khi-deux égal à 23.9 conduit à rejeter au seuil de 5 % l’hypothèse d’absence de différence entre les résultats des deux jeux.
  • [6]
    Il est impossible de ne pas citer à cet endroit les travaux pionniers de Mauss, en particulier son Essai sur le don [1991 (1923-1924)]. Un cadeau oblige à une forme de réciprocité de la part de celui qui le reçoit. Mais, chez Mauss, « ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s’obligent mutuellement, échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales » (p. 150). Ce n’est pas le cas dans notre expérience.
  • [7]
    S’appuyant parfois sur des études comparatives menées au niveau international, les travaux de Lynn sont extrêmement méthodiques et exhaustifs sur la relation client-serveur [voir, par exemple, Lynn, 2003]. Ce qui est variable est le rapport de proportionnalité entre la qualité du service et le montant du pourboire. L’ordre de la séquence « repas puis pourboire » n’est pas remis en cause. C’est un fondement de son analyse.
  • [8]
    Selon Gianotti, Knoch et al. [2009], le niveau d’activité du cortex préfrontal est un excellent indicateur de l’inclination au risque : il est faible chez ceux qui sont attirés par les conduites risquées et faible pour ceux dont l’aversion au risque est avérée.
  • [9]
    En s’appuyant sur les recherches en neurobiologie, Fehr [2009] distingue la confiance de l’inclination au risque. L’ocytocine est une hormone peptidique impliquée dans les comportements prosociaux et coopératifs. Elle favorise la confiance sans nécessairement encourager la prise de risque dans un contexte qui ne serait pas lié à des relations sociales.
  • [10]
    Sur la relation entre pourboire et risque, voir Holland [2009].
  • [11]
    Doit-on y voir une manifestation du courage, vertu bourgeoise, selon Mc Closkey [2006] ?

Introduction

1Le dilemme du prisonnier est une situation de jeu caractérisée par le fait que la stratégie de dénonciation est dominante pour chacun des joueurs tandis qu’une coopération mutuelle leur procurerait des gains d’un montant supérieur. La répétition du jeu permet de sortir de cette impasse, ainsi que l’illustrent les travaux d’Axelrod [1984, 2006] mais, dans un jeu à un coup, les questions de réputation ou de confiance réciproque ne peuvent intervenir. L’éventuelle punition des comportements non coopératifs n’est pas envisageable. Dans ce cadre du dilemme du prisonnier à un coup, Tversky et Shafir [1992] ont conduit des expériences qui paraissent réduire encore davantage les perspectives de coopération : quand l’expérimentateur informe les joueurs du choix de leurs vis-à-vis au moment où ils prennent leur propre décision, le pourcentage de ceux qui coopèrent diminue significativement. Si cela se comprend aisément quand l’autre joueur a opté pour la dénonciation, cela paraît plus étrange lorsqu’on sait que celui-ci avait décidé de coopérer – le taux de coopération passant alors de 40 % à 16 %. Tversky et Shafir expliquent ce phénomène par un « effet de disjonction » et une « pensée quasi magique » (p. 463), comme si la coopération d’un joueur pouvait induire celle de l’autre lorsqu’ils jouent simultanément.

2Le propos de cet article est de montrer que, dans un jeu à un coup, la coopération est malgré tout susceptible de s’avérer payante. En l’occurrence, le risque que constitue le choix de cette stratégie est capable d’induire un comportement coopératif chez l’autre joueur. Pour autant que le jeu ne soit pas à somme nulle, auquel cas une telle attitude serait à l’évidence suicidaire, communiquer que l’on s’engage dans la coopération peut « obliger » l’autre sur le plan moral et se trouver à l’origine d’un dénouement satisfaisant d’après les deux points de vue. Cette idée est plutôt contre-intuitive puisque, à partir du moment où l’horizon temporel de l’interaction est court, il semble a priori plus recommandé de négocier « en posant un revolver sur la table », en faisant étalage de sa puissance qu’en se mettant volontairement dans un état de dépendance par rapport à son interlocuteur.

3Il est d’ordinaire admis que la coopération engendre un risque [Murnighan et Weber, 2008], soulevant un problème de « passager clandestin » (free rider) [Elster, 1985]. La question traitée ici est plutôt : est-ce que le risque, un risque assumé, peut engendrer en retour une coopération ? En un sens, notre travail prolonge l’expérience de Tversky et Shafir. Le joueur y était informé de la décision de son vis-à-vis mais la raison pour laquelle il bénéficiait de cette information privilégiée n’était pas explorée. Nous procéderons à l’investigation de la situation dans laquelle le joueur sait que cette information tire son origine d’un choix délibéré de l’autre joueur : ce ne sera alors plus à une baisse mais à une hausse du taux de coopération que l’on assistera. L’argumentation se déroulera en trois temps. Pour commencer, la logique comportementale du premier joueur sera examinée par le biais d’un modèle théorique, le « jeu du pourboire » (1). Ensuite, la validité de cette stratégie, qui consiste à prendre l’initiative de transformer un dilemme du prisonnier classique en un dilemme du prisonnier séquentiel, sera testée à travers une expérience (2) dont les résultats seront ensuite commentés (3).

Le modèle du « jeu du pourboire »

4Ce jeu met en relation un serveur de restaurant et un client. Le serveur dispose de deux stratégies : fournir un service dequalité, ce qui lui occasionnerait un effort, ou s’en abstenir afin d’économiser son énergie. Le client possède également deux options : verser un pourboire en fin de repas au serveur ou ne pas le faire. Les deux hommes ne se connaissent pas et il n’y a rien qui laisse présager que le client puisse devenir un habitué du restaurant. Le jeu est représenté ci-dessous (jeu 1) sous sa forme extensive :

figure im1

5La solution qui se dégage est « mauvais service, pas de pourboire ». En effet, puisque le versement du pourboire est postérieur à l’effort du serveur, le client n’a aucun intérêt à faire preuve de bienveillance et, cela, le serveur le sait. Bien sûr, il arrive que des pourboires soient versés. Cela suppose uniquement que le serveur a pris un risque, qu’il a fait un pari sur le sens de la réciprocité, sur les valeurs morales du client. Il a misé sur le fait que bénéficier d’un service de qualité sans manifester en retour une marque de gratitude ferait culpabiliser le client au point de réduire ses gains. Dans le nouveau jeu ci-dessous (jeu 2), la perte est de 3 et la solution devient « bon service, pourboire » :

figure im2

6Dans cette configuration, la satisfaction que le client va retirer de sa soirée au restaurant dépend in fine du goût du risque du serveur, de son tempérament d’entrepreneur. Si le client juge ce repas important, cette stratégie n’est peut-être pas appropriée. Plutôt que miser sur la disposition d’esprit du serveur, il peut décider d’agir lui-même en entrepreneur et de prendre effectivement à son compte la charge du risque. Il suffit, pour ce faire, qu’il verse le pourboire en s’installant, au moment où le serveur le place à table. En procédant de la sorte, il accomplit une véritable rupture avec les usages qui veulent que le pourboire vienne récompenser l’application du serveur. Mais le souci du client n’est pas de s’instaurer en juge suprême de la confrérie des serveurs, encore moins de respecter quelque coutume en vigueur dans le monde de la restauration. Dans le nouveau jeu qui se met en place (jeu 3), il rassure donc le serveur en jouant en premier. Avec les gains associés au jeu 1, la représentation du jeu est la suivante :

figure im3

7La solution « pourboire, pas de service » s’explique évidemment par le fait que, une fois le pourboire versé, le serveur n’a plus aucune incitation à produire d’effort. Si le client s’est engagé dans cette voie, c’est parce qu’il spécule sur le sens moral et l’existence d’un principe de réciprocité chez le serveur : percevoir un pourboire sans offrir un service de qualité en guise de remerciement serait la cause de tourments équivalents à une baisse de ses gains. C’est d’ailleurs en ce sens qu’il inverse la charge du risque. Le jeu 4 intègre cette perte possible du serveur, évaluée ici à 3 :

figure im4

8La solution « pourboire, service » comble les attentes du client. Son pari s’est donc avéré gagnant au bout du compte.

9Dans la mesure où il sort des sentiers battus, où son sens de l’innovation est facteur de progrès, le client correspond au profil de l’entrepreneur tel qu’il a été défini par Schumpeter. Il faut se souvenir que l’économiste autrichien distingue cinq types d’innovations [1999 (1911)] : un nouveau produit, une nouvelle méthode, un nouveau marché, une nouvelle source de matière première et une nouvelle organisation. Que la redéfinition des règles de l’interaction mérite d’être intégrée à la catégorie des nouvelles méthodes ou qu’elle en constitue une à part peut faire l’objet de discussion. Il n’empêche qu’en éliminant l’incertitude inhérente à la situation, en offrant une garantie au serveur, la démarche du client ouvre clairement la voie à une prestation de services de restauration plus sereine. Une question demeure posée toutefois : dans les faits, l’investissement du client sera-t-il payé de retour ? Il convient désormais d’examiner si le modèle est adapté à la réalité.

L’expérimentation du modèle

10Konrad Lorenz a identifié, dans les sociétés animales, des « déclencheurs qui mettent en activité (des) mécanismes sociaux inhibant l’usage des armes à l’égard du congénère » [1970 (1965), p. 117]. Un « acte de soumission », tel le chien offrant la partieintérieure de son cou à son adversaire, permet de neutraliser les « pulsions d’agressivité » et de désamorcer les conflits. Par rapport à notre problématique, de multiples dissemblances existent. Il doit être notamment souligné que, chez les animaux, ces comportements sont observables dans les relations dominant-dominé. Il n’est pas certain que, dans le milieu des affaires, ce type de stratégie puisse être recommandé. Il est même à craindre que cela ne déclenche une envie irrésistible de tirer profit de la situation chez les autres agents. Les plus grands « prédateurs » n’appartiennent pas forcément aux espèces animales [1]. Dans le cadre de cette étude, il est postulé au contraire que celui qui s’expose – le client au restaurant – ne le fait pas à partir d’une position de faiblesse, comme pour entériner pacifiquement un état de fragilité. Il est solide et ne cherche nullement à susciter un sentiment de pitié, de commisération. Il souhaite que son interlocuteur entende qu’il s’engage par choix, qu’il prend un risque afin d’évacuer toute possibilité de tension. Si l’idée de « soumission librement consentie » ne renvoyait pas à d’autres travaux en sciences sociales, c’est-à-dire à une signification très connotée et radicalement différente, elle décrirait idéalement le mécanisme mental à l’œuvre en la circonstance.

11Dans le domaine de l’économie expérimentale, le « jeu de l’investissement » fait office de référence incontournable dans l’évaluation de la réciprocité et du sens de l’équité. Il revient à mettre en relation deux participants, A et B, qui reçoivent une dotation initiale identique, par exemple 10 euros. A peut choisir d’envoyer tout ou partie de cette somme à B, lequel en reçoit un multiple, disons le triple [2]. B doit alors décider s’il renvoie des euros à A et pour quel montant. Si A préfère conserver sa dotation initiale, chacun reste avec la sienne. Ce jeu a ainsi été utilisé dans l’intention d’examiner l’évolution du degré de confiance en fonction de certaines modalités de l’interaction [Meidinger et al., 2001], dans une perspective interculturelle de comparaison entre les Français et les Allemands [Willinger et al., 2003] ou afin de caractériser le comportement desdirigeants d’entreprise [Fehr et List, 2004]. Dans la synthèse que Camerer [2003] présente sur le sujet, il ressort que la somme que B restitue à A est en moyenne légèrement supérieure à l’investissement initial – elle représente environ 110 % de ce montant – même si quelques études font état de taux de remboursement exceptionnellement haut ou bas au regard de ce standard.

12Puisqu’il est destiné à détecter les comportements fondés sur la confiance, le « jeu de l’investissement » requiert un dispositif dans lequel le statut des deux participants est logiquement asymétrique. Il n’est donc pas surprenant que les joueurs A, qui sont pourtant tous conscients qu’ils peuvent augmenter leur dotation en envoyant une somme à B, évoquent pour la moitié d’entre eux les notions de « charité » et d’« altruisme » envers ce dernier [Camerer, 2003, p. 88 [3]], des termes qui, d’ordinaire, ne figurent pas dans le vocabulaire des investisseurs. Du côté des joueurs B, les montants retournés aux A témoignent mieux que n’importe quel discours de leur lecture du jeu. En effet, s’ils considèrent que les A sont d’authentiques investisseurs, les B sont supposés accepter plus volontiers un partage équitable de l’intégralité du surplus créé. En revanche, si les B estiment que la situation décrit d’abord un rapport de force qui leur est éminemment favorable, leur sens de la réciprocité peut quasiment se limiter au remboursement de l’avance de fonds. La moyenne des sommes renvoyées accrédite nettement ce scénario. Ce déséquilibre est entièrement approprié quand le but est d’isoler expérimentalement la confiance. Ce n’est plus le cas dès lors que l’objectif est d’évaluer l’impact d’une conception entrepreneuriale du risque.

13Il importe de garder à l’esprit que l’attitude du client du restaurant n’est pas dictée par un état d’infériorité. Il n’opte pas pour le risque par défaut. Il ne peut être confondu avec le participant au « jeu de l’investissement » qui, en un sens, a eu la malchance d’être désigné pour jouer le rôle de A car il aurait mille fois préféré se trouver dans la peau de B. Le regard que le serveur pose sur le client est donc fatalement différent de celui de B sur A. Cette distinction relative aux conditions initiales est essentielle. Il faut déjà rappeler que Kahneman et Tversky [1981] ont mis en évidence l’existence d’« effets de contexte » (framing effects) de diversessortes au moment de la prise de décision des agents. L’expérience qui a été conduite dans le cadre de cet article a consisté simplement à tester le sens de la réciprocité dans un dilemme du prisonnier où un joueur a choisi de jouer en premier, sans y être contraint, afin d’inciter l’autre à être coopératif. En d’autres termes, le dessein est d’évaluer les effets de ce contexte spécifique sur les comportements des individus puis d’en proposer quelques éléments d’explication.

14Dans leur protocole expérimental, Tversky et Shafir [1992] précisent qu’ils indiquent parfois aux joueurs, qui sont confrontés à un dilemme du prisonnier, de quelle manière l’autre s’est comporté. Notre jeu est très proche. Il s’agit d’un dilemme du prisonnier joué de façon séquentielle. Les participants bénéficient d’une information privilégiée à propos de la décision de l’autre joueur. Chez Tversky et Shafir, cet avantage est toujours fourni par l’expérimentateur. Ici, une information supplémentaire est fournie au joueur : à certains moments, il apprend que cette faveur dont il jouit provient d’une décision de son vis-à-vis, même si l’information demeure véhiculée par l’expérimentateur. Le participant est alors averti que celui qui lui fait face a tenu à jouer en premier et à lui divulguer son choix, c’est-à-dire coopérer ; une telle initiative pouvant d’ailleurs difficilement se comprendre autrement. L’hypothèse qui est testée dans notre jeu est la suivante : est-ce que, dans ces conditions, les joueurs relèvent leur niveau de coopération et se comportent donc différemment de ce que Tversky et Shafir ont observé dans leur cadre expérimental ?

15Pour ce qui est du déroulement du jeu, l’expérience est caractérisée par sa simplicité extrême. Des étudiants en Bachelor de Negocia, répartis en cinq groupes de trente à quarante, se sont vu présenter quinze jeux à un coup. Les instructions ont été distribuées par écrit au début de l’expérience et ont été lues jeu par jeu. Il était interdit aux étudiants de communiquer entre eux comme de revenir en arrière une fois passés au jeu suivant. Les récompenses distribuées aux participants relevaient exclusivement de l’ordre symbolique [4]. À l’intérieur de cet ensemble, s’intercalaient deux dilemmes du prisonnier classiques (jeux 1, 7) et leur version séquentielle, avec les deux origines possibles au privilège de jouer en second quiétait accordé au joueur : une démarche de l’expérimentateur (jeux 3,5) ou une initiative de l’autre joueur (jeux 9, 11). Au final, c’est 324 triades de jeux, collectées auprès de 162 étudiants, qui se sont trouvées exploitables.

type de jeu attitudejeu simultané standardjeu séquentiel grâce à une information livrée par l’expérimentateurjeu séquentiel sur initiative de l’autre joueur
coopération134 (41 %)72 (22 %)178 (55 %)
non-coopération190 (59 %)252 (78 %)146 (45 %)
figure im5

16Les deux premières colonnes du tableau ci-dessus correspondent à l’expérience de Tversky et Shafir – elles permettent d’en vérifier la conclusion – et la troisième à la nôtre. Sans surprise, les données collectées corroborent les conclusions de Tversky et Shafir : lorsque le participant est simplement informé par l’expérimentateur de la décision de l’autre joueur, le taux de coopération chute de manière drastique, en diminuant de 41 % à 22 %. Mais, plus intéressant que cela, les résultats de l’expérience confirment la validité de l’hypothèse que nous avons testée : la proportion des participants au jeu qui adoptent une attitude coopérative, sachant que l’autre joueur a choisi de leur transmettre l’information, augmente significativement : il passe à 55 %. Lorsqu’on effectue une comparaison du rapport coopération/non-coopération entre les deux situations (dilemme du prisonnier et jeu séquentiel sur l’initiative de l’autre joueur), il est quasiment inversé : 41-59 contre 55-45 [5]. La stratégie de la prise de risque entrepreneuriale paraît manifestement prometteuse.

17À la fin du jeu, des discussions ont été entamées avec des étudiants ayant opté pour la coopération. Les mots qui revenaient le plus fréquemment dans leur bouche étaient « équité » et « culpabilité ». Ce retour est confirmé par les résultats d’une expérience additionnelle : les 162 étudiants ont été soumis à une dernière triade, incluant jeu standard (jeu 13) et jeu séquentiel avec ses deux variantes (jeux 14 et 15), dans laquelle l’expression « dilemme du prisonnier » ainsi que les termes « coopérer » et « dénonciation »étaient employés. Le nombre d’étudiants ayant choisi de coopérer en jeu standard est passé à 102 (63 %) et même à 140 en jeu séquentiel (86 %).

type de jeu attitudejeu simultané standardjeu séquentiel sur initiative de l’autre joueur
coopération102 (63 %)140 (86 %)
non-coopération60 (37 %)22 (14 %)
figure im6

18Il n’est pas anodin de constater que chacune de ces expériences excluait toute forme de relation interpersonnelle. Cette caractéristique de l’économie expérimentale – examiner des phénomènes supposés purs, indépendamment des facteurs personnels ou sociaux, ou encore des canaux de communication qui leur sont rattachés – fait d’ailleurs partie des reproches récurrents qui lui sont adressés. Et il n’est pas exagéré de supputer que l’adjonction de la dimension interpersonnelle tendrait plutôt à favoriser l’apparition de sentiments tels que le sens de l’équité ou la culpabilité ; autrement dit, la coopération.

19Néanmoins, l’interprétation de ces expériences ne s’appuiera pas sur cette dimension interpersonnelle. Celle-ci ne fait que renforcer l’argumentation sans en constituer le cœur. D’après Lévinas, le visage de l’autre est le point de départ de l’éthique. Mais « c’est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet. La meilleure façon de rencontrer autrui, c’est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! » [Lévinas, 2006 (1982), p. 79]. Ne pas connaître au préalable son interlocuteur n’empêche donc pas que l’on puisse se sentir responsable de lui. D’une certaine manière, la transition entre le normatif, la pensée lévinassienne, et le positif, la réalité des conduites humaines, est permise par les travaux en économie expérimentale. Le plus souvent isolés dans des salles dédiées, les joueurs ne voient pas et ne savent pas qui sont les individus avec lesquels ils sont supposés interagir. Et il se trouve que nombre d’explications des comportements bienveillants ou coopératifs, qui sont effectivement enregistrés, reposent sur le sens de l’équité et l’altruisme. C’est même leur principale explication.

Interprétation

20Par souci de réciprocité [6], l’homme est ainsi susceptible de renoncer de son plein gré à son propre bien-être dans le cadre de ses relations avec autrui. Selon Rabin [1993], le sens de la réciprocité peut se manifester dans deux perspectives différentes : l’une positive, afin de récompenser les personnes considérées comme sympathiques ; l’autre négative, afin de punir celles qui sont jugées sous un jour défavorable. La combinaison de ces deux formes de réciprocité est qualifiée de « réciprocité dure ». Il est naturel que la réciprocité négative attire davantage l’attention. Il s’agit de comprendre pourquoi certains optent pour des comportements qui leurs sont coûteux et cela uniquement dans l’intention de sanctionner d’autres personnes. Fehr et Gächter [1997] ont mis au jour ce type de conduite lorsque des individus font preuve d’un égoïsme qui s’exerce au détriment de l’intérêt collectif. L’objectif est alors de forcer les tricheurs, les déviants, les « passagers clandestins » à adopter des attitudes plus coopératives. Il n’empêche que les deux aspects de la réciprocité – la « réciprocité dure » – sont observables et remplissent une fonction utile en société [Fehr, Fischbacher et al., 2002 ; Gintis, 2000], y compris dans les jeux à un coup [Gächter et Herrmann, 2009]. Ils renforcent la coopération entre les êtres. Mais une précision s’impose : les circonstances dans lesquelles s’établit la relation entre les individus doivent être regardées comme cruciales dans l’évaluation de la réciprocité.

21Dans cette optique, Rabin affirme le rôle des intentions des individus [1993, p. 1289]. Lorsqu’une personne est forcée de coopérer dans un jeu de type dilemme du prisonnier, si l’autre le sait et le dénonce, le résultat « coopération, dénonciation » peut être considéré comme un équilibre d’équité ; la coopération du premier ne pouvant être assimilée à de la bienveillance. Falk et Fischbacher [2006] procèdent au même constat. Dans le « jeu de l’ultimatum réduit », par exemple, une personne sera moins encline à accepterune somme de 2 – celui qui propose s’appropriant un montant de 8 – si un partage de 5-5 est possible que lorsque l’autre option offerte au premier joueur est de conserver 2 et d’offrir 8. Dans le cas du « jeu du pourboire », les intentions du client par rapport au serveur sont limpides : le soulager de toute inquiétude sur l’issue du jeu. En fait, la générosité d’un individu est supposée engendrer des émotions chez leur destinataire qui se traduiront en retour par un comportement plus coopératif. Petit [2009] a observé que des sujets qui ont visionné un extrait de film, avant de participer au « jeu de l’ultimatum », réagissaient différemment aux propositions qui leur étaient formulées dans le jeu selon que l’extrait en question avait suscité en eux des émotions positives (joie, gaîté…) ou négatives (colère, indignation…). Les dispositions mentales dans lesquelles se trouve l’individu semblent ainsi déterminantes au moment où il décide de coopérer ou non. Une expérience menée par Goranson et Berkowitz [1966] peut être interprétée dans la même perspective : avoir reçu une aide préalable modifie l’attitude que l’on adopte lorsqu’il s’agit de prêter soi-même assistance à quelqu’un, et cela d’autant plus significativement quand la personne à aider est celle qui nous a porté secours. De ce point de vue, le serveur ne peut que se sentir particulièrement bien disposé envers le client.

22Comme le note Bonein [2008, p. 204], « semblable à un jeu de miroirs, l’individu s’identifie à autrui en internalisant ses propres normes afin d’anticiper la réponse formulée, tout en restant conscient que l’autre en fait tout autant ». Dans le « jeu du pourboire » comme dans le nôtre, le comportement du joueur qui s’engage témoigne d’intentions généreuses, d’une sincère volonté de coopérer et de désamorcer toute forme de tension entre les individus. Elle se traduit par un état d’esprit, une disposition à la coopération qui n’existait pas auparavant chez son interlocuteur. Rien n’obligeait le premier à adopter cette attitude qui le met lui-même dans une situation périlleuse. Cette prise de risque qui ne peut être associée à aucune sorte de nécessité joue forcément un rôle déterminant dans la perception qu’en a le second. La « magie » de la réciprocité opère : elle est ici synonyme de coopération. En ce sens, jouer en premier s’avère être une stratégie payante.

23Mais une question se pose alors. Puisque cette stratégie suggère des résultats prometteurs, pourquoi n’est-elle pas utilisée plus souvent ? Il faut dire, tout d’abord, qu’elle n’est pas routinière. Elleexige en effet un renversement de perspective [7]. Ensuite, il est clair que de nombreuses personnes développent une aversion au risque. Il s’agit évidemment d’attitudes individuelles [8]. Pourtant, Falk et al [2011] font ressortir quelques caractéristiques générales : des facteurs tels que le sexe, l’âge, la taille et l’éducation semblent posséder un certain pouvoir explicatif dans l’analyse du rapport au risque. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, il y avait plus de chances que le client du restaurant soit un homme d’âge moyen et de grande taille qu’une femme âgée de petite taille. Bohnet et al [2008] poussent la réflexion plus loin. Prendre un risque dans le cadre de relations sociales équivaut à se rendre « vulnérable » au comportement d’autrui [9]. Si la confiance est accordée à tort, un sentiment de trahison naîtra. Or leur étude, menée dans plusieurs pays, fait état d’une « aversion à la trahison » assez prononcée, plus qu’une aversion au risque, puisque perdre une somme quand l’autre joueur n’a finalement pas coopéré est jugé beaucoup plus insupportable que perdre la même somme dans un jeu de hasard. En d’autres termes, la stratégie proposée ne va pas de soi. Et c’est pour cela que son éventuelle adoption exige un effort, une réflexion et peut-être une formation.

Conclusion

24Le paiement en avance est considéré historiquement comme la première forme de pourboire. Brenner [2001] et Azar [2007] expliquent qu’il s’agissait initialement de s’assurer une promptitude de service. Le second souligne à cette occasion combien les transformations dans les modalités d’acquittement du pourboire dépendent des normes sociales. Qu’il soit désormais versé après la prestation du service escompté témoigne que la relation client-fournisseur, le partage des risques et même le rapport au temps ont évolué de manière générale [10]. Hors pourboire, la promotion des partenariats durables, parfois sur un mode quasi incantatoire, peut ainsi être perçue a contrario comme le signe d’une crainte de comportements opportunistes liée à une réduction de l’horizon temporel (multiplication des partenariats potentiels, mondialisation…). Il est vrai que le rétablissement de la confiance, le partage des bénéfices (« gagnant-gagnant »), et donc des risques, sont effectivement susceptibles de s’appuyer sur la durée et la répétition de l’interaction.

25En dehors du fait que toutes les relations économiques ne sont pas supposées se reproduire, c’est-à-dire permettre un recours à la longue période, une piste supplémentaire est évoquée dans cet article. Tout aussi prescriptive que la voie du durable, une prise de risque calculée, non obligée ou exigée par les us et coutumes, dans laquelle l’individu s’expose sciemment dans le but de satisfaire son vis-à-vis, semble augurer des résultats intéressants. Il ne s’agit pas d’une attitude fondée sur un optimisme béat. Elle repose davantage sur des mécanismes psychologiques tels que le déclenchement d’un sentiment de gratitude et, sinon, de culpabilité [11]. Bien sûr, cette solution ne pourrait pas fonctionner en toute circonstance. Ainsi, le montant des gains du jeu ne serait probablement pas sans impact sur la consistance des états d’âme pesant sur un individu tenté par un refus de réciprocité. Mais, avec les résultats qui ont été obtenus, cette piste mérite au moins d’être creusée davantage.

Bibliographie

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Notes

  • [1]
    En passant au crible le parcours des hommes qui incarnent le mieux la réussite dans les affaires, Villette et Vuillermot [2005] mettent l’accent sur leurs conduites « prédatrices ». Plus prosaïquement, sur l’ébranlement subi par le sentiment d’équité dans un cadre de compétition plus rude, voir Fischbacher et al. [2009].
  • [2]
    Le jeu est explicité selon les termes de Berg et al. [1995]. La dotation initiale n’est pas toujours de 10 et le multiple n’est pas forcément de 3.
  • [3]
    Camerer mentionne ici une expérience de Jacobsen et Sadrieh.
  • [4]
    Le mécanisme incitatif s’appuyait essentiellement sur la satisfaction de participer à une expérience scientifique.
  • [5]
    Un test du khi-deux égal à 23.9 conduit à rejeter au seuil de 5 % l’hypothèse d’absence de différence entre les résultats des deux jeux.
  • [6]
    Il est impossible de ne pas citer à cet endroit les travaux pionniers de Mauss, en particulier son Essai sur le don [1991 (1923-1924)]. Un cadeau oblige à une forme de réciprocité de la part de celui qui le reçoit. Mais, chez Mauss, « ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités qui s’obligent mutuellement, échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales » (p. 150). Ce n’est pas le cas dans notre expérience.
  • [7]
    S’appuyant parfois sur des études comparatives menées au niveau international, les travaux de Lynn sont extrêmement méthodiques et exhaustifs sur la relation client-serveur [voir, par exemple, Lynn, 2003]. Ce qui est variable est le rapport de proportionnalité entre la qualité du service et le montant du pourboire. L’ordre de la séquence « repas puis pourboire » n’est pas remis en cause. C’est un fondement de son analyse.
  • [8]
    Selon Gianotti, Knoch et al. [2009], le niveau d’activité du cortex préfrontal est un excellent indicateur de l’inclination au risque : il est faible chez ceux qui sont attirés par les conduites risquées et faible pour ceux dont l’aversion au risque est avérée.
  • [9]
    En s’appuyant sur les recherches en neurobiologie, Fehr [2009] distingue la confiance de l’inclination au risque. L’ocytocine est une hormone peptidique impliquée dans les comportements prosociaux et coopératifs. Elle favorise la confiance sans nécessairement encourager la prise de risque dans un contexte qui ne serait pas lié à des relations sociales.
  • [10]
    Sur la relation entre pourboire et risque, voir Holland [2009].
  • [11]
    Doit-on y voir une manifestation du courage, vertu bourgeoise, selon Mc Closkey [2006] ?
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