Couverture de RDM_020

Article de revue

D'autres mondes sont possibles, pas une autre mondialisation

Pages 77 à 89

Notes

  • [1]
    Bernard Cassen, note Barillon [ 2001, p. 114], a pris l’habitude de se référer à l’autorité du « grand économiste », Keynes.
  • [2]
    Pour une analyse de la portée et des limites de ce projet, je renvoie à ma contribution (« Malaise dans l’association ») à l’ouvrage collectif Association, démocratie et société civile [ 2001].
  • [3]
    Il faut, écrit Pierre Tartakowski, secrétaire général d’ATTAC, « réformer totalement les institutions pour qu’elles réduisent réellement les inégalités [… ] Repenser l’OMC pour qu’elle ne s’occupe pas uniquement de son veau d’or. Démocratiser le FMI. Pousser la Banque mondiale à réellement s’occuper du développement » [cité dans Barillon, 2001, p. 34].
  • [4]
    George W. Bush déclarait le 14 février 2002 à Silver Spring devant l’administration de la météorologie que « parce qu’elle est la clef du progrès environnemental, parce qu’elle fournit les ressources permettant d’investir dans les technologies propres, la croissance est la solution, non le problème » [ Le Monde du 16 février 2002].
  • [5]
    Leur honnêteté et leur sincérité ne sont pas en cause, et je ne préjuge pas de la réponse à la question posée. Sans doute faut-il se féliciter aussi de la tentative d’Aminata Traoré pour développer en Afrique une prise de conscience des dangers de la mondialisation. En dépit de la tenue d’un forum social africain à Bamako en 2002, elle reconnaît elle-même « la très faible mobilisation de la société civile africaine dans la lutte contre l’ordre néolibéral » [Traoré, 2001]. Cette année encore, la présence africaine à Porto Alegre était aussi modeste que l’an passé (une quarantaine d’Africains et d’Africaines sur seize mille participants).
  • [6]
    On trouvera une bibliographie exhaustive des rapports et livres parus sur le sujet depuis le fameux rapport du Club de Rome dans Andrea Masullo [ 1998].
  • [7]
    Voir à ce sujet le n° 280 de la revue Silence [ 2002], et en particulier l’article de Mauro Bonaiuti, « À la conquête des biens relationnels ».
English version
« Aqui, um outro mundo è possivel se la gente quiser. »
Beto HERMANN.

1Le point de départ de cet article est un débat public avec René Passet au café philosophique de Lille, suite à son dernier livre Éloge du mondialisme par un « anti » présumé [ 2001] dont j’avais fait un compte rendu critique dans Le Monde diplomatique. On trouve effectivement dans cet ouvrage un plaidoyer pour un « authentique mondialisme » débouchant explicitement sur une autre mondialisation. J’écrivais en conséquence : « Parions que cette revendication de mondialisme ou d’une “autre mondialisation” (par en bas, humaine, etc.) ne manquera pas de susciter des débats dans le camp de la “société civile” » (et je pensais plus précisément aux groupes locaux d’ATTAC). La partie « humaniste » du plaidoyer amène en effet l’auteur à des envolées sentimentales que ne renieraient pas les bonnes âmes du FMI et de la Banque mondiale. Certains, dont le signataire du présent article, ne s’offusquent pas d’être traités d’antimondialistes. Sceptiques à l’égard d’un universalisme d’essence exclusivement occidental qui, sans s’identifier à la tyrannie des marchés, entraîne tout de même dans son sillage l’impérialisme culturel et le développement ethnocide, ils militent plutôt en faveur d’un « pluriversalisme », plus cohérent d’ailleurs avec la belle déclaration de René Passet, si on la prend au sérieux : « Nous refusons que les valeurs sociales, la culture, tout ce qui fait l’identité des peuples, puissent être réduites à la dimension de simples valeurs marchandes » [Passet, 2001, p. 143].

2Certes, il existe une quasi-unanimité à gauche (et même au centre) pour dénoncer les méfaits d’une mondialisation libérale, voire ultralibérale. Cette critique consensuelle s’articule autour de six points :

  1. la dénonciation des inégalités croissantes tant entre le Nord et le Sud qu’à l’intérieur de chaque pays;
  2. le piège de la dette pour les pays du Sud avec ses conséquences sur l’exploitation inconsidérée des richesses naturelles et la réinvention du servage et de l’esclavage (en particulier des enfants);
  3. la destruction des écosystèmes et la menace que les pollutions globales font peser sur la survie de la planète;
  4. la fin du welfare, la destruction des services publics et le démantèlement des systèmes de protection sociale;
  5. l’omnimarchandisation, avec les trafics d’organes, le développement des « industries culturelles » uniformisantes, la course à la brevetabilité du vivant;
  6. l’affaiblissement des États-nations et la montée en puissance des firmes transnationales comme « nouveaux maîtres du monde ».

3Les membres du mouvement dit « antiglobalisation » ( no global) à Seattle, à Gènes et ailleurs qui sont les vrais « empêcheurs de mondialiser en rond » clament très fort qu’« un autre monde est possible ». Ce slogan magnifiquement chanté et orchestré est devenu une sorte d’hymne du peuple antimondialiste à Porto Alegre. Toutefois, un autre monde, cela ne signifie pas nécessairement une autre mondialisation, mais plutôt une autre société. Soyons logiques : si l’histoire ne s’achève pas avec le triomphe actuel apparent du cocktail démocratie +marché à l’occidentale, il y a place pour d’autres mondes. Il importe alors de clarifier les choses et de voir ce que peut signifier une autre mondialisation, autrement dit une mondialisation non libérale, de voir les faiblesses et les limites d’un tel projet et de lui opposer une véritable « alternative » plurielle.

LE PROJET D’UNE MONDIALISATION NON LIBÉRALE

4D’évidence, être contre la mondialisation pilotée par le G 8, le gouvernement américain et les organisations de Bretton Woods, ne signifie pas, à strictement parler, être contre toute forme de mondialisation. On peut penser qu’une autre façon de mondialiser permettrait de porter remède aux six maux ci-dessus recensés de la libéralisation économique planétaire. L’économie capitaliste, pour l’appeler par son nom, le marché et même la spéculation ont pu, par le passé, être régulés et encadrés de façon relativement satisfaisante (aux yeux des bénéficiaires du premier monde). Pourquoi n’en serait-il pas de même aujourd’hui ? On peut, avec les souverainistes, imaginer qu’un retour à un cadre national revivifié par un souffle citoyen est souhaitable et possible.

5Toutefois, s’il faut bien sûr résister aux offensives qui visent à démanteler tout ce qui reste de la régulation étatique ancienne, on peut ne pas se faire trop d’illusions sur l’issue finale d’un combat qu’on a de bonnes raisons de croire « d’arrièregarde ». De façon plus réaliste, il n’est pas interdit de considérer que l’évolution récente est irréversible et qu’il est urgent d’infléchir le mouvement en l’encadrant. L’objectif même de Porto Alegre 2 n’était-il pas de faire des propositions concrètes et constructives pour humaniser la mondialisation et contre-balancer le forum économique de Davos ?

6La première forme de réaction à la mondialisation libérale par un retour au national est assez bien représentée en France par le projet chevènementiste. Il a sa cohérence, et quand on voit l’évolution de l’Europe, toujours plus libérale sur le plan économique, on comprend que la tentation du repli sur le pré carré est grande. Il n’y a toujours pas d’autre cadre que le cadre national pour mettre en œuvre une politique de régulation sociale qui implique un minimum de protectionnisme écologique, économique, social et culturel pour protéger la société de l’invasion du marché. Si le marché dicte sa loi, la démocratie est vidée de toute substance, le citoyen n’a plus de pouvoir et l’État n’est plus qu’un organe d’exécution et d’oppression. Restaurer un État démocratique est une perspective séduisante. Même si l’adhésion d’une certaine droite à la candidature de Chevènement l’en éloigne de plus en plus, le mouvement ATTAC lui-même à ses débuts n’était pas totalement exempt de la nostalgie souverainiste. Son leader, Bernard Cassen, a été conseiller de Chevènement, lequel a participé ostensiblement aux forums de Porto Alegre. Ce projet s’incarne aussi un peu partout en Europe sous des formes populistes et xénophobes beaucoup plus inquiétantes (Haider, Bossi, Le Pen, etc.), et le danger n’est pas mince d’une telle dérive même pour le chevènementisme.

7La seconde forme de réaction, celle qui domine très largement au sein de la mouvance du Forum social, est en faveur d’une autre mondialisation. Il s’agit de faire peser de tout son poids « la société civile globale » pour imposer une mondialisation régulée. Celle-ci peut être conçue au choix sur un mode franchement réformiste ou avec des accents plus révolutionnaires. Ce qui est dénoncé surtout dans l’actuelle mondialisation, c’est la dictature des marchés financiers, autrement dit la domination de la sphère spéculative sur la sphère productive. Comme l’exprime très bien Pascal Bruckner, « quelles que soient les mesures préconisées [… ] toutes visent à canaliser un capitalisme énergumène incapable de se réfréner et spendidement indifférent à tout souci de justice et d’équité. Il s’agit enfin d’achever la mondialisation et non de l’abolir » [cité in Barillon, 2001, p. 121]. Il conviendrait de rétablir dans ses droits supposés le « bon » capitalisme producteur de « vraies » richesses, sur le mauvais capitalisme marchand anglo-saxon, pour reprendre la distinction de Robert Boyer.

8Michel Barillon [2001, p. 115] en tire la leçon de façon très claire : « Le capitalisme anglo-saxon, écrit-il, aurait tendance à sacrifier le plein emploi, la justice et la cohésion sociales, les services publics, la qualité de l’environnement, l’intérêt des générations futures [… ] sur l’autel de la rentabilité à court terme, de l’individualisme possessif et de la compétitivité. Ce verdict constitue, semble-t-il, le stade ultime que la critique de l’ordre économique planétaire est supposée pouvoir atteindre de nos jours : dénoncer non pas le capitalisme en soi, mais le modèle qui s’impose par le jeu combiné de la crise et de la dynamique impulsée par les politiques économiques publiques “libérales” à l’échelle mondiale [… ] et aspirer à son remplacement par une forme “tempérée”. » D’où une nécessaire régulation.

9De quelle régulation s’agit-il ? Tout simplement de celle que l’on a déjà connue, et à vrai dire la seule concevable : la régulation keynéso-fordiste, revue et corrigée pour tenir compte tant du changement d’échelle que des leçons de l’expérience [1]. Ce projet n’est pas totalement nouveau. Willy Brandt en son temps avait lancé l’idée d’un keynésianisme à l’échelle mondiale pour remédier à la crise des années soixante-dix et réduire la fracture planétaire Nord/Sud. Bien sûr, il faudrait repeindre en vert ce programme pour tenir compte de l’esprit du temps et prendre en compte les problèmes environnementaux réels. Le projet pourrait adopter la forme d’une autre économie. Une économie non libérale, respectueuse de la reproduction de la biosphère et des hommes. S’agirait-il d’un autre capitalisme ? d’un autre marché ? Restons sérieux. Ce serait illusoire et irresponsable de vouloir en sortir, pensent les partisans de l’autre mondialisation. Personne ne remet vraiment en cause ni le Marché ni le capital après l’effondrement de l’expérience socialiste. Ceux-ci semblent les horizons indépassables de notre temps. Nous ne sommes pas néanmoins enfermés dans la fin de l’histoire et la pensée unique, car il est possible d’hybrider fortement ce capitalisme de marché et de lui imposer des normes à respecter. L’hybridation, c’est par exemple, celle proposée par Jean-Louis Laville et consorts d’une économie plurielle et solidaire reposant sur les trois pôles de la redistribution étatique, de la réciprocité associative et du marché concurrentiel. Le journal Le Monde du 9 octobre 2001 rend compte sous le titre « L’autre mondialisation » d’un colloque tenu à Québec sur la « globalisation de la solidarité ». « Il existe, lit-on dans l’article, un ensemble de forces sociales qui se veut porteur de contre-propositions à la mondialisation néolibérale. » Et d’évoquer toute une nébuleuse qui va des « talleres de production en Amérique latine aux greniers villageois et tontines africaines, en passant par les credit unions des pays anglophones, les systèmes de crédit solidaire de type Grameen Bank en Asie et les mutuelles en Europe et Amérique du Nord ». « Finance solidaire, commerce équitable, service de proximité, agriculture durable, gestion urbaine par les habitants et systèmes d’échanges locaux, autant de concepts – plus ou moins connus du grand public – qui s’efforcent de répondre à de véritables besoins sociaux, tout en mettant en œuvre une autre pratique de l’économie [2]. » Cette émergence d’un « tiers secteur » est susceptible, selon ses promoteurs, d’humaniser l’économie, surtout si elle est épaulée par des règles canalisant les forces aveugles du Marché.

10La régulation, quant à elle, serait celle imposée par une instance normative mondiale à mettre en place (à moins de subvertir celles qui existent déjà [3]… ) – par exemple, l’OMDS (Organisation mondiale du développement social) proposée par Ricardo Petrella et reprise par René Passet. Cette institution se chargerait en particulier, outre l’utilisation du produit de la taxe Tobin et la gestion des « biens publics mondiaux », de la redistribution de ce bien collectif qu’est la richesse due à l’utilisation du progrès technique. Le savoir scientifique et technique accumulé devrait constituer un véritable patrimoine commun de l’humanité.

11L’appropriation privative de ses applications est abusive et la confiscation par les nouveaux maîtres du monde des gains de productivité qui résultent de ce bien commun est un scandale qu’il convient de faire cesser.

12La base philosophique de ce « vrai » mondialisme n’est autre que la philosophie des Lumières avec les droits de l’homme, la démocratie et l’universalisme. L’Éloge du mondialisme de Passet est, en effet, d’abord un plaidoyer pour que « le public sache enfin où se trouvent les vrais mondialistes ». L’auteur oppose à la « mondialisation prédatrice » un « authentique mondialisme ». Celui-ci est définit par le Robert comme un « universalisme visant à constituer l’unité de la communautéhumaine ». Il en résulte que « toute mondialisation n’est donc pas mondialisme ». Traduisons : « l’internationale du fric » ne correspond pas à l’idéal des Lumières. Si l’inversion malheureuse des deux termes au fil de la plume (le mondialisme est prédateur page 81 et la mondialisation « véritable » page 145) brouille un peu le message, celui-ci reste clair. Il s’agit de construire la communauté humaine dont rêvaient les philosophes du XVIIIe siècle. C’est un projet de mondialisation humaniste comme le déclare le programme d’un colloque organisé les 23 et 24 novembre 2001 au Sénat par le Centre solidariste et dans lequel le conseil scientifique d’ATTAC était bien représenté. Sur le plan économique, ce projet alternatif se résume finalement assez bien dans le slogan du développement durable, repris dans les éditoriaux d’Ignacio Ramonet dans Le Monde diplomatique. Le développement durable rassemble en effet l’ensemble des bonnes intentions des partisans d’une autre mondialisation. « C’est le développement, écrit encore Passet [p. 106-107], qui donnera les moyens, aux pays les plus pauvres, de dépasser la phase du développement fondée sur les activités lourdes, consommatrices d’énergie, de matière, donc destructrice de l’environnement [… ] Mais quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, il n’y aura jamais de meilleur moyen d’assurer le respect des normes sociales et environnementales – au profit de tous les hommes – qu’un développement économique efficace et à finalité humaine. » Sans faire de procès d’intention à ces belles âmes, il est tout de même ennuyeux que la Banque mondiale et même Georges W. Bush ne disent pas autre chose [4]!

CRITIQUE DE CE POINT DE VUE

13On peut douter de l’existence d’une autre économie comme on peut douter de l’existence, de la consistance et de la pertinence de son sujet porteur : la « société civile mondiale ». La possibilité de faire de l’économie autrement tout en restant à l’intérieur du paradigme du marché et du capital n’est pas évidente. De même, rejeter l’hégémonie des marchés financiers tout en conservant le « bon » capitalisme est bien problématique. Le capitalisme financier est indissociable du capitalisme productif, comme la spéculation est indissociable de la décision d’investir. Je crois qu’il y a dans l’économie un noyau substantiel dont on peut certes limiter les effets, mais dont il me paraît impossible de changer la nature. Ajouter l’adjectif durable ou soutenable au projet développementiste, en particulier, peut-il être le remède aux maux dénoncés de la mondialisation dite libérale ?

14Au fond, beaucoup le pensent, et en particulier tous ceux qui prônent une autre mondialisation. Il faudrait finalement revenir au développement, déjà défini comme croissance économique humanisée, en le corrigeant encore, s’il y a lieu, de ses effets négatifs. Un développement « durable » ou « soutenable » apparaît ainsi comme la panacée tant pour le Sud que pour le Nord. C’est plus ou moins la conclusion de ce que nous avons entendu encore récemment à Porto Alegre. Cette aspiration naïve à un retour du développement pour construire une autre mondialisation témoigne à la fois d’une amnésie et d’une absence d’analyse sur la signification historique de ce développement.

15La nostalgie des Trente Glorieuses, cette ère de la régulation keynésofordiste qui fut celle de l’apothéose du développement, nous fait oublier qu’en mai 1968, c’est précisément cette société de « bien-être » qui était dénoncée comme société de consommation et société du spectacle n’engendrant que l’ennui d’une vie sans autre perspective que le « métro-boulot-dodo », fondée sur un travail à la chaîne répétitif et aliénant. Si on exalte encore volontiers les cercles vertueux de cette croissance qui constituait un « jeu gagnant-gagnant-gagnant », on oublie volontiers les deux perdants : le tiers monde et la nature. Certes, l’État gagnait, le patronat gagnait, et les travailleurs, en maintenant la pression, amélioraient leur niveau de vie; mais la nature était pillée sans vergogne (et nous n’avons pas fini d’en payer l’addition… ), tandis que le tiers monde des indépendances s’enfonçait un peu plus dans le sous-développement et la déculturation. On a donc de bonnes raisons de penser qu’une régulation keynésienne à l’échelle mondiale serait impossible et contradictoire. Il n’y a pas de jeu où tout le monde gagne qui soit compatible avec une économie capitaliste de marché. En tout état de cause, ce capitalisme régulé de l’ère du développement aura été une phase transitoire menant à la mondialisation.

16Si le développement, en effet, n’a été que la poursuite de la colonisation par d’autres moyens, la nouvelle mondialisation, à son tour, n’est que la poursuite du développement avec d’autres moyens. L’État s’efface derrière le marché. Les États-nations, qui s’étaient déjà faits plus discrets dans le passage du témoin de la colonisation au développement, quittent le devant de la scène au profit de la dictature des marchés (qu’ils ont organisée… ) avec leur instrument de gestion, le FMI, qui impose des plans d’ajustement structurel. Toutefois, si les « formes » changent considérablement (et pas que les formes), on est toujours en face de slogans et d’idéologies visant à légitimer l’entreprise hégémonique de l’Occident, et singulièrement des États-Unis aujourd’hui. Rappelons la formule cynique d’Henry Kissinger : « La mondialisation n’est que le nouveau nom de la politique hégémonique américaine. » Il n’y a pas dans cette approche de remise en question de l’imaginaire économique. On retrouve toujours l’occidentalisation du monde avec la colonisation des esprits par le progrès, la science et la technique. L’économicisation et la technicisation du monde sont poussées à leur point ultime. Or, c’est cela même qui constitue la source de tous les méfaits dont on accuse la mondialisation. C’est le développement réellement existant, celui qui domine la planète depuis deuxsiècles, qui engendre les problèmes sociaux et environnementaux actuels (à l’exception, sans doute, du sixième de notre catalogue introductif : l’affaiblissement de l’État-nation). Le développement n’est qu’une entreprise visant à transformer les rapports des hommes entre eux et avec la nature en marchandises. Il s’agit d’exploiter, de mettre en valeur, de tirer profit des ressources naturelles et humaines. Quel que soit l’adjectif qu’on lui accole, le contenu implicite ou explicite du développement, c’est la croissance économique, l’accumulation du capital avec tous les effets positifs et négatifs que l’on connaît : compétition sans pitié, croissance sans limite des inégalités, pillage sans retenue de la nature. Le fait d’ajouter le qualificatif « durable » ou « soutenable » ne fait qu’embrouiller un peu plus les choses. En ce moment même, circule un manifeste pour un développement soutenable signé par de nombreuses célébrités dont Jean-Claude Camdessus, l’ancien président du FMI !

17Alors, de qui se moque-t-on ?

18Ce qu’on appelle parfois « société civile mondiale » ou encore « l’internationale citoyenne » [ cf. Morin, 2001] est fait d’un bric-à-brac d’ONG du Nord, du Sud et (plus rarement) de l’Est. Et d’évoquer les 2800 organisations représentées à Porto Alegre en 2000, les 50 000 délégués de 2002, etc. Ces rassemblements hétéroclites, au demeurant fort sympathiques, sont très problématiques.

19« Les anthropologues, note Mike Singleton [2001, p. 126], qui ont non seulement observé de loin, mais participé de près aux manifestations complexes et contradictoires des dynamiques de la société dite civile, sont moins tentés que des théoriciens béats ou des politiciens opportunistes d’y voir une panacée ou une dernière planche de salut à l’endroit d’une mondialisation de plus en plus immonde. » Les forums dits mondiaux sont surtout faits de nous-mêmes (contestataires du Nord) et de quelques partenaires soigneusement sélectionnés du Sud qui sont plus ou moins nos reflets ou nos complices et à qui on offre le billet d’avion. Cela n’enlève rien à la portée du phénomène. Il est fondamental que la mondialisation, qui est la pointe avancée de l’occidentalisation du monde, soit contestée par des Occidentaux et des occidentalisés. Il est très important qu’il y ait aussi des « passeurs » et des passerelles entre les sociétés écrasées du Sud et les Occidentaux contestataires du Nord, tout en sachant que le risque de fraude et d’imposture est grand. Nos « partenaires » africains sont le plus souvent ces « maîtrisards » chômeurs reconvertis dans le business des ONG et que Jean-Pierre Olivier de Sardan qualifie de « courtiers du développement ».

20Les références pratiques invoquées – les mouvements de paysans sans terre, les Indiens des Chiapas et le sous-commandant Marcos, le mouvement Chipko, etc. – sont des cautions importantes, mais à utiliser avec précaution. Quant aux références théoriques telles qu’Amartya Sen, Mohamed Yunus, voire Vandana Shiva, ce sont des alibis produits par des universités occidentales et dont l’authenticité reste à évaluer [5]. Il est non moins important d’être conscient que la contestation islamiste, plus ou moins portée par le milliard de musulmans de la planète, en est totalement absente jusqu’à présent, comme en sont absents pour l’essentiel le continent africain et une large partie de l’Asie, la Chine en particulier; l’Amérique latine est un cas à part et qui n’est pas exempt d’ambiguïtés si l’on pense à l’importance des partis révolutionnaires « ringards » d’une part, et au rôle de figurants accordé aux peuples indigènes à Porto Alegre d’autre part. Il faut bien dire que pour beaucoup de ces victimes de la mondialisation, ces querelles de « Blancs » ne les intéressent pas. Ils ne se sentent pas vraiment concernés, et leurs projets de survie ou de résistance, quand ils existent, n’entrent pas dans nos schémas mentaux.

21Lorsque Passet s’insurge contre l’accusation d’antimondialiste, il se revendique explicitement de la tradition universaliste des Lumières. À porter au crédit de sa thèse : il y a incontestablement un certain divorce entre la mondialisation économique et la visée émancipatrice des Lumières. « Mondialisation et universalité, écrit Jean Baudrillard [ 1996], ne vont pas de pair, elles seraient plutôt exclusives l’une de l’autre. La mondialisation est celle des techniques, du marché, du tourisme, de l’information. L’universalité est celle des valeurs, des droits de l’homme, des libertés, de la culture, de la démocratie. La mondialisation semble irréversible, l’universel serait plutôt en voie de disparition. » Quand Baudrillard oppose ainsi le mondial à l’universel, il ne fait que constater une réalité. Toutefois, n’est-ce pas l’universalité de la science, de la technique et plus encore de l’économie, d’essence bien occidentale, qui a engendré cette mondialisation « diabolique »? Le cours de géographie d’Emmanuel Kant, paru en 1999 chez Aubier, vient à point nommé pour nous rappeler l’étroitesse ethnocentriste de l’universalisme chez le plus grand penseur des Lumières, avec son florilège de clichés racistes, et cela bien avant qu’on dérive vers la mondialisation heureuse et riche de diversité culturelle chère à Jean-Marie Messier. « La tournure des débats le montre, la plupart des détracteurs de la mondialisation partagent, avec ses partisans, la conviction que le monde occidental est porteur de valeurs universelles – le progrès, la raison, la science, la démocratie, les droits de l’homme… – qu’il importe de faire bénéficier à l’ensemble de l’humanité », note Michel Barrillon [ 2001, p. 187].

D’AUTRES SOCIÉTÉS, EN REVANCHE, SONT POSSIBLES

22Il est illusoire de penser retourner/détourner la mondialisation en la parant d’un adjectif, parce qu’il s’agit d’un slogan qui vise à masquer la réalité impitoyable de l’agression des firmes transnationales et de l’Empire américain contre les peuples. Quand à toute revendication un tantinet sociale ou environnementale, voire tout simplement citoyenne, on s’entend répondre par les porte-parole socialistes des nouveaux maîtres du monde qu’il n’est malheureusement pas possible d’y donner satisfaction, que ce n’est pas réaliste parce que mondialisation oblige (dernier exemple en date : l’élévation des minima sociaux pour les pauvres plutôt que la baisse des impôts pour les riches), on est bien forcé de conclure que la mondialisation désigne « la mondialisation réellement existante » et pas le vieil internationalisme prolétarien… Si une mondialisation « anti-utilitariste » est une contradiction dans les termes, reste que d’autres mondes sont possibles même s’il s’agit d’une utopie. Cela veut dire qu’on peut envisager une rupture avec l’occidentalisation du monde. Alors, il faut être conscient que cela signifie aussi sortir du développement fût-il durable, sortir de l’imaginaire économiste et économique, bref sortir de l’universalisme occidental.

23En fait, il existe un universalisme concurrent de l’universalisme occidental, et un projet d’autre mondialisation : celui de la mondialisation islamique.

24Dans son récent livre Jusqu’au bout de la foi, Naipaul décrit assez bien ce projet d’islamiser la modernité. De même que Lénine définissait le socialisme par l’équation « les soviets plus l’électrification », les ingénieurs islamistes, indonésiens ou pakistanais définissent leur projet par l’équation « la technoéconomie de pointe plus la sharia ». Là, on voit tout de suite que cette alternative est une fausse alternative. Le cœur de la mondialisation n’est pas remis en question, et la dimension culturelle qui lui est ajoutée n’est guère susceptible de plaire à tout le monde, pas plus que nos valeurs occidentales/chrétiennes. Pour eux, l’autre mondialisation social-démocrate que nous préconisons est tout aussi fallacieuse…

25Les adversaires de la mondialisation libérale devraient en tirer la leçon et éviter de tomber dans le piège de l’ethnocentrisme qui leur est tendu. On devrait commencer à savoir qu’il n’y a pas de valeurs qui soient transcendantes à la pluralité des cultures pour la simple raison qu’une valeur n’existe comme telle que dans un contexte culturel donné. Or même les critiques les plus déterminés de la mondialisation sont eux-mêmes, pour la plupart, coincés dans l’universalisme des valeurs occidentales. Rares sont ceux qui tentent d’en sortir. Et pourtant, on ne conjurera pas les méfaits du monde unique de la marchandise en restant enfermé dans le marché unique des idées. Il est sans doute essentiel à la survie de l’humanité, et précisément pour tempérer les explosions actuelles et prévisibles d’ethnicisme, de défendre la tolérance et le respect de l’autre, non pas au niveau de principes universels vagues et abstraits, mais en s’interrogeant sur les formes possibles d’aménagement d’une vie humaine plurielle dans un monde singulièrement rétréci.

26Il ne s’agit donc pas d’imaginer une culture de l’universel – qui n’existe pas–, il s’agit de conserver suffisamment de distance critique pour que la culture de l’autre donne du sens à la nôtre. Le drame de l’Occident est de n’avoir jamais pu se départir de deux attitudes qui, finalement, aboutissent au même résultat : nier la culture de l’autre ou nier la sienne propre au profit d’un universalisme très particulier. Certes, il est illusoire de prétendre échapper à l’absolu de sa culture et donc à un certain ethnocentrisme. Celui-ci est la chose la mieux partagée du monde. Là où l’affaire commence à devenir inquiétante, c’est quand on l’ignore ou qu’on le nie; car cet absolu est bien sûr toujours relatif.

27En bref, ne faut-il pas songer à remplacer le rêve universaliste, bien défraîchi du fait de ses dérives totalitaires, par un « pluriversalisme » nécessairement relatif, c’est-à-dire par une véritable « démocratie des cultures » dans laquelle toutes conservent leur légitimité sinon toute leur place ?

28Un tel projet implique précisément de rompre avec le paradigme économique et son dernier avatar, le développement durable, car notre mode de vie n’est ni soutenable ni équitable, pour s’orienter vers une véritable décroissance que rien n’interdit de présumer conviviale. De l’impossibilité d’une croissance illimitée ne résulte pas un programme de croissance nulle, mais celui d’une décroissance nécessaire. « Nous ne pouvons, écrit Nicholas Georgescu-Roegen, produire des réfrigérateurs, des automobiles ou des avions à réaction “meilleurs et plus grands” sans produire aussi des déchets “meilleurs et plus grands”» [cité in Bonaiuti, 2001, p. 63]. Bref, le processus économique est de nature entropique. « Le monde est fini, note Marie-Dominique Perrot [ 2001, p. 23], et le traiter, à travers la sacralisation de la croissance, comme indéfiniment exploitable, c’est le condamner à disparaître; on ne peut en effet à la fois invoquer la croissance illimitée et accélérée pour tous et demander à ce que l’on se soucie des générations futures. L’appel à la croissance et la lutte contre la pauvreté sont littéralement parlant des formules magiques tout autant qu’elles sont des mots d’ordre et des mots de passe(-partout). C’est l’idée magique du gâteau dont il suffit d’augmenter la taille pour nourrir tout le monde, et qui rend “innommable” la question de la possible réduction des parts de certains. » Notre surcroissance économique dépasse déjà largement la capacité de charge de la Terre. Si tous les citoyens du monde consommaient comme les Américains moyens, les limites physiques de la planète seraient largement dépassées [6]. Si l’on prend comme indice du « poids » environnemental de notre mode de vie « l’empreinte » écologique de celui-ci en superficie terrestre nécessaire, on obtient des résultats insoutenables tant du point de vue de l’équité dans les droits de tirage sur la nature que du point de vue de la capacité de régénération de la biosphère. En prenant en compte les besoins de matériaux et d’énergie, ceux qui sont nécessaires pour absorber les déchets et rejets de la production et de la consommation et en y ajoutant l’impact de l’habitat et des infrastructures nécessaires, les chercheurs travaillant pour le WWF (World Wildlife Fund) ont calculé que l’espace bioproductif par tête de l’humanité était de 1,8 hectare. Un citoyen des États-Unis consomme en moyenne 9,6 hectares, un Canadien 7,2, un Européen moyen 4,5. On est donc très loin de l’égalité planétaire et plus encore d’un mode de civilisation durable qui nécessiterait de se limiter à 1,4 hectare, en admettant que la population actuelle reste stable [ cf. Bologna, 2001, p. 86-88]. On peut discuter ces chiffres, mais ils sont malheureusement confirmés par un nombre considérable d’indices (qui ont d’ailleurs servi à les établir). Pour survivre ou durer, il est donc urgent d’organiser la décroissance. Quand on est à Rome et que l’on doit se rendre par le train à Turin, si on s’est embarqué par erreur dans la direction de Naples, il ne suffit pas de ralentir la locomotive, de freiner ou même de stopper, il faut descendre et prendre un autre train dans la direction opposée. Pour sauver la planète et assurer un futur acceptable à nos enfants, il ne faut pas seulement modérer les tendances actuelles, il faut carrément sortir du développement et de l’économicisme, comme il faut sortir de l’agriculture productiviste qui en est partie intégrante pour en finir avec les vaches folles et les aberrations transgéniques.

29Sortir de l’économie consiste à remettre en cause – en théorie et en pratique, mais surtout dans nos têtes – la domination de l’économie sur le reste de la vie.

30Cela doit certainement entraîner une renonciation à, une abolition et un dépassement de la propriété privée des moyens de production et de l’accumulation illimitée de capital. Cela doit encore aboutir par conséquent à un abandon du développement puisque ses mythes fondateurs, en particulier la croyance au progrès, auraient disparu. L’économie entrerait simultanément en décroissance et en dépérissement. La construction d’une société moins injuste serait à la fois la réintroduction de la convivialité, d’une consommation plus limitée quantitativement et plus exigeante qualitativement. Le gaspillage insensé des déplacements d’hommes et de marchandises sur la planète avec l’impact négatif correspondant sur l’environnement, celui non moins considérable de la publicité tapageuse et inutile, sinon nuisible, celui enfin de l’obsolescence accélérée des produits et des appareils jetables sans autre justification que de faire tourner toujours plus vite la mégamachine infernale constituent des réserves importantes de décroissance dans la consommation matérielle. Ces atteintes-là à notre niveau de vie ne peuvent être qu’un mieux-être. Il est même possible de concevoir une telle décroissance avec la poursuite de la croissance fétiche d’un revenu calculé de façon plus judicieuse. Cela est parfaitement compatible en théorie avec un sytème capitaliste de marché régulé par des normes strictes. Il est même envisageable de transformer la dématérialisation en véritables économies de matière et d’énergie. Il est aussi possible de développer le marché des biens relationnels écocompatibles de telle sorte « qu’à la décroissance des quantités physiques ne corresponde pas nécessairement une décroissance de la valeur de la production [7] ». Tout cela sans parler des dépenses militaires ni bien sûr du changement en profondeur de nos valeurs et de nos modes de vie, accordant plus d’importance aux « biens relationnels » et bouleversant nos systèmes de production et de pouvoir. Redécouvrir la vraie richesse dans l’épanouissement de relations sociales conviviales dans un monde sain peut se réaliser avec sérénité dans la frugalité, la sobriété, voire une certaine austérité dans la consommation matérielle. « Une personne heureuse, note Hervé Martin [ 1999, p. 15], ne consomme pas d’antidépresseurs, ne consulte pas de psychiatres, ne tente pas de se suicider, ne casse pas les vitrines des magasins, n’achète pas à longueur de journée des objets aussi coûteux qu’inutiles, bref, ne participe que très faiblement à l’activité économique de la société. » Une décroissance voulue et bien pensée n’impose aucune limitation dans la dépense des sentiments et la production d’une vie festive, voire dionysiaque. Comme le dit joliment Kate Soper [ 2001, p. 85], « ceux qui plaident pour une consommation moins matérialiste sont souvent présentés comme des ascètes puritains qui cherchent à donner une orientation plus spirituelle aux besoins et aux plaisirs. Mais cette vision est à différents égards trompeuse. On pourrait dire que la consommation moderne ne s’intéresse pas suffisamment aux plaisirs de la chair, n’est pas assez concernée par l’expérience sensorielle, est trop obsédée par toute une série de produits qui filtrent les gratifications sensorielles et érotiques et nous en éloignent. Une bonne partie des biens qui sont considérés comme essentiels pour un niveau de vie élevé sont plus anesthésiants que favorables à l’expérience sensuelle, plus avares que généreux en matière de convivialité, de relations de bon voisinage, de vie non stressée, de silence, d’odeur et de beauté… Une consommation écologique n’impliquerait ni une réduction du niveau de vie ni une conversion de masse vers l’extra-mondanité, mais bien plutôt une conception différente du niveau de vie lui-même ».

31D’autres mondes impliquent comme horizon la sortie de l’économie et de l’économisme. Notre monde actuel est en effet malade de l’économie, et pas seulement de l’économie libérale. Il faut sortir de nos têtes le prisme déformant qui nous fait tout appréhender sous l’angle économique. En d’autres termes, il nous faut décoloniser notre imaginaire en même temps que l’économique se réenchâsse concrètement dans le social. Cette sortie de l’histoire unidimensionnelle moderne et occidentale permettrait seule de réouvrir le futur et de redécouvrir la diversité des possibles dans les façons de vivre. Tel a bien été l’objectif du colloque « Défaire le développement, refaire le monde » organisé par « La Ligne d’horizon, association des amis de François Partant » qui a réuni 700 participants à l’UNESCO du 28 février au 3 mars 2002.

32La décroissance devrait être organisée non seulement pour préserver l’environnement, mais aussi pour restaurer le minimum de justice sociale sans lequel la planète est condamnée à l’explosion. Survie sociale et survie biologique paraissent ainsi étroitement liées. Les limites du « capital » nature ne posent pas seulement un problème d’équité intergénérationnelle dans le partage des parts disponibles, mais un problème d’équité entre les membres actuellement vivants de l’humanité.

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

  • BARILLON Michel, 2001, ATTAC. Encore un effort pour réguler la mondialisation, Climats.
  • BAUDRILLARD Jean, 1996, « Le mondial et l’universel », Libération du 18 mars.
  • BOLOGNA Gianfranco (sous la dir. de), 2001, Italia capace di futuro, WWF-EMI, Bologne.
  • BONAIUTI Mauro, 2001, La teoria bioeconomica. La « nuova economia » di Nicolas
  • Georgescu-Roegen, Carocci, Rome. — 2002, « À la conquête des biens relationnels », Silence n° 280, février.
  • BRUCKNER Pascal, 2001, Y a-t-il une alternative au capitalisme ?, Grasset.
  • KANT Emmanuel, 1999, Géographie, Aubier.
  • LATOUCHE Serge, 2001, « Malaise dans l’association », in LAVILLE J.-L. et alii, Association, démocratie et société civile, La Découverte/MAUSS/CRIDA.
  • MARTIN Hervé, 1999, La mondialisation racontée à ceux qui la subissent, Climats.
  • MASULLO Andrea, 1998, Il pianeta di tutti. Vivere nei limiti perchè la terra abbia un futuro, EMI, Bologne.
  • MORIN Edgar, 2001, « Porto Alegre : l’internationale citoyenne en gestation », Libération du 5 février.
  • PASSET René, 2001, Éloge du mondialisme par un « anti » présumé, Fayard.
  • PERROT Marie-Dominique, 2001, Mondialiser le non-sens, L’Âge d’homme, Lausanne.
  • Silence, 2002, « La décroissance », n° 280, février.
  • SINGLETON Mike, 2001, « Patrimoine (in)humain ?», in Patrimoine et co-développement durable en Méditerranée occidentale, Tunis, octobre.
  • SOPER Kate, 2001, « Écologie, nature et responsabilité », La Revue du MAUSS semestrielle n° 17 (« Chassez le naturel… »), 1er semestre.
  • TRAORÉ Aminata, 2002, Le Viol de l’imaginaire, Actes Sud/Fayard.

Notes

  • [1]
    Bernard Cassen, note Barillon [ 2001, p. 114], a pris l’habitude de se référer à l’autorité du « grand économiste », Keynes.
  • [2]
    Pour une analyse de la portée et des limites de ce projet, je renvoie à ma contribution (« Malaise dans l’association ») à l’ouvrage collectif Association, démocratie et société civile [ 2001].
  • [3]
    Il faut, écrit Pierre Tartakowski, secrétaire général d’ATTAC, « réformer totalement les institutions pour qu’elles réduisent réellement les inégalités [… ] Repenser l’OMC pour qu’elle ne s’occupe pas uniquement de son veau d’or. Démocratiser le FMI. Pousser la Banque mondiale à réellement s’occuper du développement » [cité dans Barillon, 2001, p. 34].
  • [4]
    George W. Bush déclarait le 14 février 2002 à Silver Spring devant l’administration de la météorologie que « parce qu’elle est la clef du progrès environnemental, parce qu’elle fournit les ressources permettant d’investir dans les technologies propres, la croissance est la solution, non le problème » [ Le Monde du 16 février 2002].
  • [5]
    Leur honnêteté et leur sincérité ne sont pas en cause, et je ne préjuge pas de la réponse à la question posée. Sans doute faut-il se féliciter aussi de la tentative d’Aminata Traoré pour développer en Afrique une prise de conscience des dangers de la mondialisation. En dépit de la tenue d’un forum social africain à Bamako en 2002, elle reconnaît elle-même « la très faible mobilisation de la société civile africaine dans la lutte contre l’ordre néolibéral » [Traoré, 2001]. Cette année encore, la présence africaine à Porto Alegre était aussi modeste que l’an passé (une quarantaine d’Africains et d’Africaines sur seize mille participants).
  • [6]
    On trouvera une bibliographie exhaustive des rapports et livres parus sur le sujet depuis le fameux rapport du Club de Rome dans Andrea Masullo [ 1998].
  • [7]
    Voir à ce sujet le n° 280 de la revue Silence [ 2002], et en particulier l’article de Mauro Bonaiuti, « À la conquête des biens relationnels ».
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