Couverture de RCG_028

Article de revue

Le partage de la rente pétrolière au Congo dans un jeu à somme constante

Pages 14 à 40

Notes

  • [1]
    Okamba, E. (2017). Evaluation des risques des régimes fiscaux pétroliers. 15eme congres Oriane, gestion des Risques, sep 2017, Bayonne, France. <hal-01592909>, p.12.

1 – Introduction

1L’histoire est entachée des injustices, des tensions et violences liées aux partages des richesses, faisant apparaître des rapports de force entre entités qui sont en jeu. Ces rapports de force s’auto-entretiennent par le jeu de la mondialisation dont la firme multinationale, serait l’acteur ou le joueur principal.

2L’Afrique et le Congo en particulier serait le théâtre de ce jeu à cause de ses potentialités pétrolières. Les choix du Congo et du sujet sont justifiés par l’exploitation du pétrole, qui contribuerait à la richesse nationale à, entre 75 et 80% du PIB selon les différentes études, et par son partage qui se ferait contractuellement avec les compagnies étrangères dans une asymétrie d’information du fait de l’incapacité du Congo de s’affranchir et de maîtriser les techniques et savoirs-faire en industrie. De la recherche au XIXème siècle à l’exploitation du pétrole aux XXème et XXIème siècles, le Congo a connu plusieurs crises sociales, économiques et financières, rationnant ses choix du fait de la faiblesse des marges de manœuvres liées aux partages des rentes, et à la nature des contrats dont l’équilibre ou l’équité semble discutable en raison des performances économiques escomptées par le Congo depuis 2016.

3La suite de ce travail, outre la conclusion, est organisée autour de trois (3) points que sont : (2) la revue littéraire, problématique, hypothèse et objectifs, (3) la méthodologie et (4) l’analyse des résultats, menaces crédibles des équilibres de Nash et implications économiques.

2 – Revue littéraire, problématique, hypothèses et objectifs

2.1 – Revue de littérature et discussions conceptuelles

4Théoriquement, l’équité dans les contrats est contestable du fait de l’asymétrie de l’information (Akerlof, 1970) dans des jeux supposés à information incomplète et imparfaite dont la modélisation des interactions dépend de la nature du jeu et des rapports de force entre joueurs. Les jeux peuvent être à sommes multiples dans l’hypothèse d’une concurrence normale, à sommes constantes et à sommes nulles dans l’hypothèse des duels et s’inscrivent dans l’incomplétude des contrats (Hart, 1995 ; Hart et Holmström, 1987, 2010) liée à l’incertitude de certains joueurs de maîtriser la structure du jeu constituée des joueurs, des stratégies des joueurs, des règles du jeu, des éventuels gains et des motivations. L’imperfection suppose que les joueurs font des choix stratégiques de façon simultanée. L’équilibre parfait dans les contrats n’est pas effectif selon l’information détenue par les joueurs. En asymétrie de l’information, différents types de contrats incomplets sont possibles selon les théories de l’agence, d’aléa moral, des coûts de transaction (Coase et Oliver, 2002), de sélection adverse et des incitations (Holmström, 2017), entre entités de l’enjeu.

5L’asymétrie suppose l’incomplétude, une inégalité dans un contrat et une injustice sociale dont les théories essaient de rétablir la justice autour de la loi du « tout et/ou rien » parétienne, du principe « d’égalitarisme » rawlsienne, de concept de « capabilité » amartyaienne », de la politique du « care » trontienne, de la théorie du « revenu universel », de l’ESS, de la sollicitude, de l’informalité pour l’intégration des vulnérabilités (Kagni et al., 2017). Le partage semble générer les inégalités qui sont inévitables dans les économies (Pickety, 2018 ; Kagni et al., 2017) à cause de l’égoïsme et de l’individualisme, et auraient valu une subdivision internationale des rapports de force entre continents, régions, pays, firme, en forts et faibles, riches et pauvres, en matière de croissance et de développement.

6Le partage suppose un équilibre susceptible d’éviter l’implosion du monde (Mars, 2018), de limiter les dérives conflictuelles. L’équilibre parfait lié aux jeux à information complète et parfaite fidèle, aux hypothèses de concurrence pure et parfaite, est confronté à l’opportunisme et la rationalité limitée des agents d’Herbert Simon (Vandangeon, 2015) qui semble compromettre l’efficacité du marché (Holmström et al., 2013). L’interventionnisme, dont le poids est de 4,64 sur 10 en 2015 (avec 10, l’État minimal, selon CATO institut), aurait hypothéqué la propriété privée (degré de 34,80 sur 100 en 2017 avec 100 la protection maximale selon Heritage Foundation) et l’entrepreneuriat (degré de 32,10 sur 100 en 2017 avec 100 la liberté d’entreprendre toujours selon Heritage Foundation) au Congo. Cet interventionnisme aurait ruiné les entreprises publiques du fait de la corruption dont le degré est estimé à 30,5 sur 100 en 2017 (avec 100 le degré le plus faible selon Heritage Foundation). La défaillance du marché et la faiblesse des institutions (Kagni et al., 2017) au Congo, seraient à l’origine de l’incomplétude des contrats dont les équilibres seraient garantis par des experts internationaux qui inciteraient les institutions (Holmström, 2017) à signer certains contrats. Les coûts de transaction (Coase, 1937 ; Williamson, 2002) sont énormes surtout dans la recherche et l’exploitation du pétrole.

7Deux types de contrats sont en vigueur au Congo, le contrat de concession et le contrat de partage de production. Les contrats de concession ont prévalu jusqu’en 1990. À partir de 1990, le Congo a opté pour les contrats de production à cause des arbitrages et choix que les gouvernements peuvent faire selon les recherches. En effet, le régime de concession serait favorable par rapport au régime de production quand le cours du dollar est compris entre 15 et 35$, le régime de production serait plus favorable au-delà de 35$ (Lamotte et al., 2011), du fait que les pays de l’OPEP régulent les productions, soit à la hausse, soit à la baisse, pour stabiliser les prix.

8Le modèle qui prévaut est celui de la sélection adverse pour le Congo. Ce modèle est valable pour les compagnies pétrolières qui s’entendent, du fait que les technologies offshores ne soient pas maîtrisées par les pays producteurs du pétrole, d’adopter des comportements opportunistes pour maximiser leur profit avec des barrières à l’entrée qui empêchent la concurrence et les meilleurs choix des partenaires (Ikama, 2013). La sous-information de la partie congolaise est préjudiciable surtout que les institutions et le capital humain sont faibles, pour obtenir une meilleure information lors de la négociation des contrats avec les compagnies pétrolières (Werebrouk, 1979).

9Zoutenet et al. (2017) montrent dans le cadre du Tchad que le « verre est à moitié plein » lors du partage de la rente pétrolière. Du fait de la non maîtrise des technologies et des barrières à l’entrée des éventuels concurrents, les pays producteurs du pétrole, selon le modèle lié à la théorie de l’agence, sont obligés de signer les contrats avec les compagnies pétrolières qui prennent des risques dans la recherche et l’exploitation du pétrole.

10Les rentes à en tirer dépendront des négociations des contrats (Okamba, 2017 ; Ossiala, 2015) qui restent incomplets du fait de la sous-information et crises économiques et financières que traversent la plupart des pays en développement (Ossiala, 2015), producteur du pétrole. Avec le « verre à moitié plein » et les fluctuations des cours de matières premières au niveau international, les pays comme l’Algérie (Ormani et al., 2016), le Congo (Lamotte et al., 2011) seraient victimes du syndrome hollandais, car il n’y aurait pas d’effets d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie et que les institutions sont faibles pour améliorer les performances et le bien-être des populations.

2.2 – Problématique, hypothèses, objectif

11L’incomplétude des contrats semble une règle dans les pays en développement comme le Congo à cause de la faiblesse des institutions, du capital humain, de l’entrepreneuriat, de la recherche, des innovations, des savoirs-faire qui constituent un frein à l’accumulation et à la maitrise des technologies, ainsi qu’à l’affranchissement des progrès techniques. La rationalité étant limitée, l’expertise par la partie congolaise entraîne les coûts de transaction qui nous amène à la question fondamentale de savoir, à partir du type de jeu mis en évidence, si les équilibres dans les contrats de partage de la rente pétrolière en asymétrie d’information entre le Congo et les compagnies pétrolières sont stables dans le temps ? La sélection adverse par le Congo suffit-elle pour rétablir l’équilibre contractuel susceptible d’optimiser la performance de l’économie congolaise ?

12L’instabilité des équilibres serait imputable à la consolidation de l’asymétrie de l’information dans la négociation des contrats du fait de l’incomplétude et de l’imperfection de l’information. Ce qui rationne les finances publiques dans un engrenage des trappes improductives liées à la faiblesse des institutions et à la défaillance du marché. L’objectif est de montrer que le partage de la rente pétrolière s’est transformé en duels, du fait de la recherche des équilibres dans les contrats par le Congo à travers les coûts de transaction et de mettre en évidence les concepts d’équilibre qui seraient instables dans le temps. On utilise la théorie des jeux pour modéliser l’interaction entre le Congo et les compagnies pétrolières, mettre en évidence les implications en matière d’instabilité des équilibres dans l’économie congolaise.

3 – Méthodologie

3.1 – Formalisation et données

13La base des données qui est utilisée, est celle mise en œuvre par O. Lamotte et T. Porcher [1]. Le contrat de partage de production, au Congo, est un contrat qui vise le partage de production entre l’État et la société pétrolière étrangère. Cette clé de répartition n’est pas arbitraire, elle est le fruit de travail entre les experts de l’État et ceux de la société. La part qui revient à la société, s’appelle brut equity ou part de la société pétrolière. La part de la société pétrolière étrangère telle que repartie dans l’arbre économico-financier, est constituée du cost-stop et du profit-oil de la compagnie.

14Le cost-stop, pour le contrat de partage de production se définit comme l’ensemble des dépenses engagées pour le compte du pays producteur par la société pétrolière afin de donner une vie économique a un gisement jugé économiquement rentable.

15En effet, les coûts pétroliers sont récupérés selon l’ordre des catégories ci-après :

  • coûts pétroliers au titre des travaux d’exploration ;
  • coûts pétroliers au titre des travaux de développement ;
  • coûts pétroliers au titre des travaux de production.

16Enfin, des coûts pétroliers au titre des provisions pour la couverture des coûts des travaux d’abandon. Ces coûts pétroliers sont récupérés chaque année (cost-stop) à un taux qui est négocié entre les deux parties pour être remboursés totalement pendant une période de cinq à sept ans. Le cost-oil est composé de 80% de Capex : (explo 30% ; 50% développement) et d’Opex 20% (production).

17Le profit-oil de la société pétrolière dans le contrat de partage de production, pour chaque zone de permis se présente de la façon suivante.

18Si la part de production nette effectivement affectée au remboursement des coûts pétroliers est égale ou supérieur à 50% de cette production nette, la part du profit-oil de l’opérateur est de 50% du profit-oil.

19Si la part de production nette effectivement affectée au remboursement des coûts pétroliers est inférieure à 50% de cette production nette, la part de l’opérateur est de 35% du profit-oil sur la partie de ce profit-oil comprise entre la quantité d’hydrocarbures liquides correspondant au remboursement des couts pétroliers de 50% de la production nette ; sur la partie restante du profit-oil, le contracteur recevra 50%.

3.1.1 – Formalisation de la redevance minière proportionnelle, du profit-oil et des gains du contracteur

20La redevance minière proportionnelle est égale à 15% pour les hydrocarbures liquides, payée au plus tard le vingt de chaque mois n+1 pour la production du mois n. Le contrat de partage de production permet au pays producteur de partager la production avec un contractant, après déduction des coûts engagés par la compagnie pétrolière. Les termes du contrat de partage de production sont : le profit-oil (W) ; le prix de cession officiel (P.C.O) par lequel, les quantités d’hydrocarbures sont valorisées en fonction d’un prix devant refléter le prix réel du marché (F.O.B), arrêté par l’État après concertation avec la compagnie opérante. Ce prix fiscal négocié pour l’exercice N, s’obtient par le rapport des coûts pétroliers engagés par la compagnie dans un champs pétrolier durant l’année N-1 sur les réserves avérées en N dans ce même champ ; le taux de remboursement des coûts pétroliers engagés par la compagnie pétrolières ou cost-stop (t1) et le taux de redevance minière proportionnelle (t2). Le profit-oil de l’État est de façon générale égal à :

21
W = 50% × (pco – ((t1 × pco) + (t2 × pco))) + (t2 × pco).

22À cette part, il y a lieu d’ajouter les incitations encore appelées revenus exceptionnels dus aux hausses inattendues du prix de baril ou de production (windfall profit) « sourire de Dieu », qui peuvent apparaître selon les circonstances du marché, ils sont deux : excess-oil et le super excess-oil.

23L’Excess-oil est le gain au-dessus du seuil de prix haut, quand le cost-stop qui assure le remboursement des coûts pétroliers devient excédentaire après déduction de ces coûts. Cet excédent est partagé à part égale entre l’État et la compagnie opérante soit :

24
E = 50% × (pvp/2) – (pvp × t1) – (pvp × t2)

25Avec : E = excess-oil ; pvp = seuil du prix haut ; t1 taux de redevance proportionnelle ; t2 taux de provision d’investissements diversifiés ;

26Le super Excess-oil est défini comme la différence entre la production nette valorisée au prix fixé et cette même production nette valorisée au prix haut.

27Si le prix haut est compris entre 10 et 14$, la part de chaque partie est multipliée par 7$/baril.

28Si ce prix est inférieur à 10$, chaque part est multipliée par le 7/10 du prix.

29Lorsque le prix réel (pco) est supérieur au prix de négociation prévu (pvp = 22$/baril), c’est-à-dire le chiffre d’affaires au-dessus du seuil de prix haut, c’est le super Excess qui est partagé entre les parties à 66% pour l’État et à 34%, pour l’opérateur.

30La part du pays producteur s’obtient de la manière suivante :

31
C = 66% (pco – pvp) – (pco×t1 - pvp×t1) – (pco×t2 – pvp×t2).

32Le gain de l’État par baril est alors W1 = W + C + E, et celui de la compagnie pétrolière W2 = pco – (W + C + E).

33Le gain de l’État en volume est obtenu par le rapport :

34
(W + C + E) x100/PVR ;

35et celui de l’opérateur par le rapport :

36
1 – (W + C + E) x 100/PVR.

37Le seuil de 22$/baril est déterminé depuis le premier janvier de l’année de départ du puit et son actualisation trimestrielle par application de l’indice déflateur du produit intérieur brut des États-Unis d’Amérique, s’effectue par la formule suivante :

38Seuil prix haut n = Seuil de prix au premier janvier de l’année de départ du puits x indice prix PIB USAn-1 / indice valorisé du trimestre.

39Cette formalisation du partage, mise en œuvre par les parties est une incitation pour le Congo de signer les contrats avec les compagnies pétrolières (Holmström, 2017) avec un équilibre relatif des parties. Il permet de limiter l’asymétrie d’information et mettre en évidence un équilibre de Nash pour lequel aucun joueur de regrette son choix. Cette formulation est illustrée par les graphiques et la matrice de jeu dans la suite de ce travail.

3.1.2 – Illustration, representation du jeu et méthodes

40Ces données présentent un avantage particulier, de couvrir le régime de concession et de partage de production et ont été obtenues sur l’ensemble des structures administratives de l’État et privées en relation avec l’industrie pétrolière du Congo, sur la période de 1970 à 2000.

41Le graphique suivant illustre l’évolution des prix du pétrole en fonction des contrats.

Figure 1

Simulation des contrats pétroliers

Figure 1

Simulation des contrats pétroliers

Source : Lamotte et Porcher (2011), op. cit.

42Les couples de gains de la République du Congo et de la compagnie pétrolière, sont obtenus par une projection orthogonale des différents points de l’une des courbes (concession ou partage de production), dans chaque intervalle des prix sur l’axe des gains de la République du Congo.

43Les affrontements entre la compagnie pétrolière (CP) et la République du Congo (RC) peuvent être analysés sous forme d’un jeu à information complète et imparfaite du fait de l’interaction et la connaissance des situations mutuelles de ces deux entités. N={CP, RC} représente l’ensemble des joueurs ; Gi={P10, PN, P22}, i∈N représente l’ensemble de stratégies avec P10, les prix qui procure des revenus à chaque joueur quand le prix du baril de pétrole est inférieur à 10$ ; PN, le prix qui procure des revenus normaux au joueur quand le prix du baril de pétrole est égal à 22$ ; et P22, le prix qui procure des revenus au joueur quand le prix du baril de pétrole est supérieur à 22$. La situation de chaque joueur Ti, i∈N serait la fonction de paiement de chaque joueur et uj (Pk,Pj), j∈Ti le paiement du joueur j. Ainsi :

45k × j ∈ Gi × Gi et ukj(Pk,Pj) ∈ R le paiement du joueur j par rapport au joueur k.

46La représentation de la matrice du jeu est illustrée par le tableau des paiements ci-dessous.

Tableau 1

Matrice du jeu

République du Congo (RC)
B1B2B3
Compagnies pétrolière (CP)A1(98, 2)(97, 3)(95, 5)P10
A2(93, 7)(92, 8)(90, 10)PN
A3(80, 20)(70, 30)(40, 60)P22
P10PNP22

Matrice du jeu

Source : O. Lamotte et T. Posher, 2011.

47Avec : P10 : prix inférieur à 10$ ; PN : prix normal ; P22 : prix supérieur à 22$.

48Sur cette matrice, chaque profil de stratégies ou confrontation de stratégies procure un couple de gains dont la première composante constitue le gain du joueur ligne (CP) et la deuxième composante le gain du joueur colonne (RC).

49La modélisation de l’interaction entre les deux joueurs nécessite plusieurs méthodes dont la dominance qui consiste pour chaque joueur d’éliminer ses stratégies dominées fortement et faiblement ; les stratégies pures et d’autres qui consistent pour chaque joueur d’anticiper sur une meilleure réponse aux choix de l’autre et d’autres approches dans l’hypothèse de multiplicité et d’absence d’équilibres. Ces choix se font à travers une structure de préférence totalement pré-ordonnée avec les propriétés de compacité et de complétude.

3.2 – Applications des méthodes dans la recherche des équilibres de Nash

50Un équilibre entre les deux joueurs (CP et RC) serait, selon Nash est une situation dans laquelle chaque joueur choisit sa meilleure réponse compte tenu du choix de l’autre, et le profil de stratégies retenues serait mutuellement cohérent pour chaque joueur sans que personne ne regrette son choix. C’est un état stationnaire où aucun joueur n’a intérêt à dévier individuellement, sachant la stratégie de l’autre. Ne pas dévier individuellement veut dire que les individus font un choix optimal qui maximise leur utilité compte tenu de la stratégie de l’autre.

51Les conditions d’existence, d’unicité et de stabilité de cet équilibre s’imposent pour éviter les menaces crédibles susceptibles de compromettre l’exécution des contrats et une coordination entre joueur.

3.2.1 – Recherche de l’équilibre Nash par la méthode de dominance et en stratégies pures

52La méthode de dominance sur la matrice de jeu nous procure le profil de stratégies suivant : (A1, B3) ≡ (95, 5). En termes réaction dont une fonction est attribuée à chaque joueur, la meilleure réponse au choix de l’autre en stratégies pures, nous procure le même profil abritant simultanément les deux fonctions de réaction.

53L’unicité et l’existence de cet équilibre suppose une coordination entre joueur modélisant leur préférence, encore il faut qu’elle soit stable dans le temps.

54Ainsi, si on observe la matrice, on remarque que quel que soit le profil de stratégies, la somme des composantes de chaque couple de gains nous procure une même constante qui est égale à 100. Ce qui présage un jeu à somme constante susceptible d’être transformé en jeu à somme nulle, c’est-à-dire en duel entre le Congo et les compagnies pétrolières, car malgré l’expertise, la partie cachée de l’iceberg laisse une place énorme aux doutes sur les équilibres des contrats pétroliers.

3.2.2 – Jeu à somme constante et à somme nulle

55L’utilité du joueur CP (U(CP)), si on s’en tient à la réaction du joueur RC, est telle que : U(CP) = 100 – U(RC) quel que soit le profil. Et, celle du joueur RC (U(RC)) est telle que : U(RC) = 100 - U(CP) quel que soit le profil.

56On suppose que le joueur CP qui maitrise l’information ne peut pas transférer son utilité même à une transformation affine près du fait de l’aléa moral, car son but est d’optimiser à n’importe quel prix son utilité, quel que soit la situation du jour RC.

57Le joueur RC ne pouvant transférer son utilité, ne peut que constater un manque à gagner (MG) dont l’utilité peut être traduite par : MG(R.C) = U(RC) – 100 quel soit U(CP).

58La matrice du jeu précédente se transforme en :

60Il s’agit d’un jeu à somme nulle dont la recherche d’équilibre peut se faire sur les gains d’un joueur, par exemple ceux du joueur CP, soit sur la structure suivante :

62Le joueur RC est le joueur minimisant car voudra minimiser le maximum de perte. Le joueur CP est le joueur maximisant car voudra obtenir un maximum de gain en minimisant les risques de recherche et d’exploration de pétrole en offshore.

63La stratégie du joueur RC au sens de Von Neumann et Morgenstern est le minmax, celle du joueur CP est le Maximin.

64Pour le joueur CP, les projections « min » sur chaque ligne de la matrice précédente nous donne : {95 ; 90 ; 40}. Le classement par l’argument « max » est tel que 95 > 90 > 40, correspondant à A1 >A2> A3, avec A1 l’élément optimal de la chaine de préférence.

65Pour le joueur RC, les projections « max » sur chaque colonne de la matrice nous procure le vecteur suivant {98, 97, 95}. Le classement par l’argument « min » nous donne 95 > 97 >98, correspondant à B3 >B2 > B1 avec B3 la stratégie optimale de la chaine de préférence. Ainsi, le profil (A1 ; B3) correspond à l’équilibre de Nash dans un jeu à somme nulle car :

66
Maximin = minmax ≡ 95

67C’est un comportement neumannien dont la valeur du jeu est 95. C’est un point selle, un état stationnaire dont le profil (A1, B3) ≡ (95, -95) constitue un équilibre dans un jeu à somme nulle pour lequel les gains de l’un sont les pertes de l’autre.

4 – Analyse des résultats, menaces crédibles des équilibres de Nash et implications économiques

68L’équilibre obtenu est susceptible d’être menacé par des paramètres exogènes et endogènes liés aux vulnérabilités des pays producteurs et aux aléas de la mondialisation.

4.1 – Analyse des résultats et menaces crédibles des équilibres de Nash

69L’analyse des résultats obtenus pose le problème de l’équilibre contractuel dans une situation d’asymétrie d’information, malgré les incitations liées à la sélection adverse qui consiste à choisir le type de contrat selon le prix du baril du pétrole.

4.1.1 – Analyse des résultats

70Quelle que soit la méthode utilisée, il existe un seul et unique profil des stratégies susceptible de modéliser l’interaction entre le Congo et les compagnies pétrolières. C’est le profil :

71
(A1, B3) ≡ (95, 5)

72Sur ce profil de stratégies, le Congo voudrait optimiser ces gains à plus de 22$ le baril, mais n’escompte qu’un gain de 5$ par baril et les compagnies pétrolières veulent optimiser leur gain dont la valeur représente 95$ le baril en minimisant le prix du baril à 10$. La part de la rente pétrolière du Congo semble insignifiante par rapport à celle des compagnies pétrolières

73Il s’agit d’un équilibre de Nash en stratégies dominantes et pures. Un point où aucun joueur ne regretterait pas son choix, l’opportunisme du joueur CP semble faire regretter le joueur RC de ses choix du fait des crises socio-économiques et financières qu’il traverse.

74Ce profil confirme l’hypothèse de Lamotte et Porcher du choix du régime de production quand le prix du baril de pétrole est de P22, et justifie le modèle de sélection adverse qui incite le Congo à passer les contrats avec les compagnies pétrolières. Par contre du fait de l’aléa moral les compagnies pétrolières, elles sont obligées de jouer sur le cost-oil susceptible de ramener le prix du baril à P10 du fait des risques qu’elles prennent en recherche et en exploitation du pétrole en offshore.

75La stratégie du Congo à un baril de pétrole supérieur à 22$ est illusoire car il est ramené toujours à 10$ par la compagnie pétrolière à cause du cost-oil, les intérêts des préfinancements ; la méthode de calcul ; l’asymétrie d’informations, les cours internationaux des matières premières, les coûts de transaction hypothétiques entre le 1er centime et le dernier qui ramène les choix de la compagnie pétrolière à la stratégie P<10$.

76La valeur ajoutée étant nulle sur la matière première, le profit-oil reste insignifiant pour optimiser les gains de la partie congolaise. La menace est ainsi latente car le monopole dont jouissent les compagnies pétrolières peut être passager selon la stratégie du vainqueur, le syndrome hollandais et les fluctuations des cours mondiaux.

4.1.2 – Menaces crédibles des équilibres

77Une menace est crédible si le Congo pratique la stratégie du vainqueur qui contraint les concurrents de jouer A3 quand le prix du baril est au-delà de 22$. Si la concurrence joue cette stratégie, le Congo gagnera 20$ s’il joue A1, 30 $ le baril s’il joue A2 et 60$ s’il joue A3. On suppose que l’information est complète.

78Dans l’hypothèse d’une incomplétude, c’est-à-dire de signer les deux types de contrats (concession et partage de production), un jeu bayésien de deux types est mis en évidence. L’équilibre dans un jeu bayésien est conditionnel, un équilibre est mis en évidence dans le contrat de concession et un autre dans le contrat de partage de production. Les fluctuations des cours mondiaux selon l’offre des pays producteurs seraient une menace crédible de l’équilibre de Nash.

79Les pays producteurs, selon les avantages de l’un ou l’autre contrat en sélection adverse, peuvent augmenter ou baisser l’offre de pétrole pour espérer augmenter ou baisser le prix du baril de pétrole. Ces menaces crédibles supposent l’instabilité des équilibres de Nash.

80Mais, comme les compagnies pétrolières ont mis des barrières à l’entrée du marché d’exploitation du pétrole du fait de l’asymétrie de l’information et que les pays producteurs sont victimes du « syndrome hollandais », il semble que ce marché ne soit plus contestable du fait de l’entente entre les compagnies (Ikama, 2013).

81La menace serait sociale du fait de l’ampleur des crises socio-économique, politique, financière et institutionnelle que le Congo traverse. Les compagnies pétrolières peuvent aussi menacer l’équilibre de Nash par leur opportunisme lié à l’aléa moral, qui permet de ramener le prix du baril en dessous de 10$.

82Quel que soit le contrat dans le domaine pétrolier, du fait de la longueur de la chaine de valeur, les manipulations sont latentes par les intermédiaires remettant en cause la stabilité des équilibres contractuels et budgétaires des pays producteurs ainsi que le financement de leurs économies, d’où le recourt à d’autres sources de financement.

4.2 – Implications économiques

83La République du Congo, pour faire face à ses besoins de financement et répondre à ses dépenses publiques, a recourt aux préfinancements pétroliers (dette gagée), auprès des compagnies pétrolières étrangères.

84Les compagnies pétrolières sont favorables à cette demande de préfinancements pétroliers du fait qu’elles peuvent capter une grande partie des gains du Congo à un prix de baril de pétrole supérieur à 22$ au-delà de gain normal (Excess-oil) ou de gain du chiffre d’affaires au-dessus du seuil de prix haut (super Excess-oil). Comme le pétrole semble hypothéqué par les préfinancements, quand le baril est à moins de 10$, toute renégociation quand le prix du baril s’envole au-delà de 22$ est vaine, car les compagnies pétrolières captent tous les gains du fait du transfert de propriété provisoire lié aux hypothèques.

85Ces préfinancements pétroliers sont octroyés sur la base des conditions dont seules les compagnies pétrolières connaissent les contenus, ces prêts apparaissent comme une autorisation faite aux compagnies pétrolières d’exploiter le pétrole sans contrepartie, anéantissant toutes les stratégies du Congo susceptible de générer une embellie financière qui ne servirai qu’aux remboursements des engagements vis-à-vis des compagnies pétrolières.

86Selon Lamotte et Porcher (2011) :

87

Le Congo n’est pas maître des prix de ses ressources. Il ne maitrise ni le prix normal et le volume de la production de son pétrole, ni le prix de vente, car les compagnies pétrolières pratiquent le secret sur les prix auxquels elles vendent à leurs sociétés mères ou à des sociétés sœurs. Les prix de vente du pétrole congolais sont donc des prix de transfert, des prix comptables. La commercialisation réalisée par la société nationale ne permet pas non plus à l’État congolais d’accéder à une information précise sur le prix de vente. En effet, la société nationale ne peut commercialiser le pétrole qu’au moment où il est déjà sur le navire, faute de pouvoir ré-stocker d’importantes quantités de pétrole et donc d’en subir les coûts de transbordement, de stockage, de nouveau raccordement. La société nationale n’est pas maître de la chronique des ventes qui est établie par chaque compagnie pétrolière. Mais, connaissant le plan de livraison, la société nationale pratique la prévente c’est à dire que la société vend le pétrole dont elle dispose de trois mois à un an d’avance avant sa production. Elle doit donc accepter un rabais couvrant le risque de l’acheteur ».

88Ces résultats semblent être confortés par les analyses de Werrebrouk (1979), qui montrent la sous-information du Congo dans la gestion de la rente qui serait faite par les compagnies pétrolières. Il pense aussi que la rente pétrolière n’est pas uniquement partagée entre le pays producteur et les compagnies pétrolières, mais il y a un troisième acteur (les pays consommateurs) qui capte toujours sa part de rente pétrolière. Pour Werrebrouck, la compagnie pétrolière ne joue que le rôle d’interface entre les pays producteurs et les pays consommateurs, car les pays producteurs ne sont que des gros consommateurs finaux, où une grande partie du cost-oil composée par les consommables des pays producteurs via les compagnies pétrolières sont produits exclusivement par les pays consommateurs, du fait qu’ils sont les seuls détenteurs de la technologie.

89La création des organisations telles que l’O.P.E.P., à l’origine des différentes évolutions des termes contractuels, ne sont qu’une illusion pour des pays producteurs de vouloir capter la part de rente pétrolière des pays consommateurs, puisque ces organisations sont soumises et apparaissent vulnérables à la riposte des pays consommateurs qui se traduit par les différentes crises énergétiques observées à chaque choc pétrolier.

90Les compagnies pétrolières concèdent les évolutions des termes contractuels, pour empêcher les pays producteurs de se tourner vers d’autres acteurs, qui peuvent favoriser le spectre de la « Malédiction des vainqueurs », synonyme de la naissance de la concurrence, qui pourrait couter cher aux compagnies en attendant la mise en place d’une nouvelle stratégie par ces derniers.

91Les relations contractuelles entre le Congo et les compagnies pétrolières sont basées sur l’asymétrie d’information, au vu des proportions (95 ; 5) qui présagent un équilibre de Nash dans le partage des gains. Cette asymétrie d’information, consolidée par les fluctuations des cours mondiaux, amplifie le cycle d’endettement dû aux préfinancements pétroliers.

92Les stratégies des compagnies pétrolières peuvent être déstabilisantes pour une économie rentière, dès lors que le prix du pétrole semble dépendre de la stratégie des compagnies pétrolières, dans la mesure où les compagnies pétrolières semblent pratiquer le jeu des pays consommateurs. Si la compagnie pétrolière apparaît comme l’acteur disposant de l’information complète et parfaite, la République du Congo se contenterait pour l’instant de jouer en dominé c’est-à-dire de rationaliser son économie sous la réalité que lui impose les compagnies pétrolières internationales.

5 – Conclusion

93L’asymétrie d’informations dans le partage de la rente pétrolière en général, la fluctuation des cours mondiaux, les méthodes de partage, l’opportunisme, la malédiction liée aux ressources naturelles, les préfinancements pétroliers, l’incontestabilité des marchés liés aux ressources naturelles du fait des collisions des compagnies pétrolières, la faiblesse des institutions des pays producteurs de pétrole, la faiblesse de l’entrepreneuriat et la défaillance des marchés sont autant des menaces crédibles des équilibres de Nash qui remettent en cause la stabilité des relations contractuelles.

94Ce déséquilibre contractuel surtout dans les économies mono-produits comme celle du Congo, rationne les finances publiques et fait recourir les pays à l’endettement pour financer leurs économies. Mais, ces financements tombent souvent dans les trappes improductives des économies de rente sujettes aux captations et aux prédations internes et externes qui compromettent le bien-être des populations à cause de la défaillance du marché et de la faiblesse des institutions. Rétablir le marché et l’efficacité des institutions est un gage pour une diversification de l’économie congolaise, avec la mise en œuvre des zones économiques spéciales que le Congo est en passe de mettre en place pour attirer les IDE avec les appuis des expériences du secteur informel et de la coopération chinoise.

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : équilibre de Nash, partage de rente, asymétrie de l’information, contrats, jeux, instabilité

Mise en ligne 14/01/2020

https://doi.org/10.3917/rcg.028.0014

Notes

  • [1]
    Okamba, E. (2017). Evaluation des risques des régimes fiscaux pétroliers. 15eme congres Oriane, gestion des Risques, sep 2017, Bayonne, France. <hal-01592909>, p.12.
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