Notes
-
[1]
Bourse Régionale des Valeurs Mobilières qui regroupe les huit pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA).
-
[2]
L’UEMOA regroupe huit pays de l’Afrique de l’Ouest que sont : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali Niger, Sénégal et Togo.
-
[3]
Les SICAV sont constituées sous forme de société et émettent des actions.
-
[4]
Les FCP sont des copropriétés qui ne disposent pas de personnalité juridique et émettent des parts.
-
[5]
Les SGO sont au nombre de 14 en fin 2016.
-
[6]
Le taux de rendement annuel moyen des différents fonds mutuels observés pendant une décennie s’échelonne entre 10% et 18,6% et les écarts-types observés vent de 9,2% à 25,5%.
-
[7]
L’indice Dow Jones est pris comme portefeuille de marché qui a sur la période d’observation un rendement moyen annuel de 16,5% et un écart-type de 20%.
-
[8]
Roll (1981), Banz (1981), Reinganum (1981), Chan et Chen (1991) et Amihud et Mendlesen (1991).
-
[9]
Dans beaucoup de cas, l’absence d’informations sur la valeur liquidative durant une longue période, nous a contraints à exclure certains fonds dans notre base.
1 – Introduction
1Les années 90 ont marqué un tournant décisif dans l’évolution des systèmes financiers africain en général et particulièrement ceux de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine, ou UEMOA [2], avec le recours aux marchés de capitaux dans le financement des économies. En effet, le Conseil des ministres de l’UEMOA a pris la décision de la création de la bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) le 17 décembre 1993, bien que cette dernière n’a pu démarrer ses activités que le 12 septembre 1998.
2Afin de faciliter l’investissement en actions et en obligations et d’impulser une dynamique de développement plus accru du marché, les autorités de régulation, à travers l’instruction n°21/99 du 2 juillet 1999 relative à la classification des organismes de placement collectif en valeurs mobilières, ont mis en place un cadre réglementaire permettant l’émergence et le développement des fonds mutuels à la BRVM. Ainsi, cette instruction dans son article 1er précise : la gestion collective des valeurs mobilières s’effectue au sein des Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) regroupés en :
- Sociétés d’Investissement à Capital Variable (SICAV [3]) ;
- Fonds Communs de Placement (FCP [4]) ;
- ou toute autre forme d’organisme de placement collectif en valeurs mobilières agréé par le Conseil Régional.
3Dans l’UEMOA, les fonds mutuels sont des portefeuilles de valeurs mobilières détenues collectivement par des investisseurs institutionnels ou particuliers qui en délèguent la gestion à une société de gestion d’OPCVM (SGO [5]).
4Les études empiriques portant sur la performance des fonds mutuels sont très nombreuses dans le monde (Ippolito, 1989 ; Grinblatt et Titman, 1994 ; Brown et Goetzmann, 1995 ; Malkiel, 2007) mais, depuis la mise en place de cette forme de gestion d’actifs à la BRVM, aucune étude scientifique ne s’est réellement penchée sur les stratégies et décisions d’investissement appliquées par les gestionnaires et encore moins sur l’évaluation de la performance de ces derniers. En conséquence, notre article ambitionne de combler ce vide et se propose d’analyser la performance des Fonds Communs de Placement (FCP) de la BRVM qui constituent l’essentiel de ce marché.
5La question centrale qui guide cette recherche, est donc : quelle appréciation peut-on avoir sur la performance globale des FCP de la BRVM ?
6D’autres questions spécifiques en découlent :
- Comment situer la performance des FCP de la BRVM par rapport à l’indice BRVM Composite ?
- Quel classement peut-on établir sur les fonds de la BRVM selon leurs niveaux de performance ajustée au risque ?
7Notre objectif dans cet article est double :
- porter un jugement sur la performance des fonds mutuels et la justification de leur raison d’être ;
- détecter les meilleurs fonds mutuels à travers un classement selon leur performance ajustée au risque.
8Dans cette recherche, nous nous intéressons, non seulement, à la performance des FCP de la BRVM en termes absolus (par rapport à l’indice BRVM Composite), mais aussi, à la performance en termes relatifs (par rapport aux concurrents).
9La suite de notre travail est organisée comme suit : nous posons, dans un premier temps, les fondements théoriques et empiriques des mesures de performance des fonds mutuels développés dans la littérature financière, dans un second temps nous présenterons l’industrie des fonds mutuels à la BRVM et enfin, nous terminerons par l’analyse de leur performance.
2 – Mesures théoriques et test empiriques sur la performance des fonds mutuels
10L’évaluation de la performance des FCP ne peut se limiter uniquement au rendement obtenu ; mais elle doit aussi tenir compte du risque encouru.
11Cette revue présente les principaux concepts théoriques et les tests empiriques relatifs à la performance des fonds mutuels.
2.1 – Mesures théoriques de la performance des fonds mutuels
12Les premiers indicateurs de mesure de la performance des fonds mutuels ont été élaborés dans les années 60 par Sharpe, Treynor et Jensen. Partant de leurs travaux, d’autres extensions ont été proposées. Présentons ici ceux retenus dans le cadre de cette étude.
2.1.1 – Ratio de Sharpe
13L’indice de Sharpe (1966) part de l’équation de la droite de marché qui, d’après la théorie de la séparation, stipule que dans un marché à l’équilibre, tous les portefeuilles détenus par les investisseurs sont des combinaisons de l’actif sans risque et du portefeuille de marché. Dans cette situation, le rendement espéré d’un portefeuille est égal au taux sans risque (Rf) augmenté d’une prime de risque rémunérant le risque du portefeuille. Ainsi nous aurons :
15RFM : rendement moyen du fonds,
16Rf : taux sans risque,
17RM : rendement moyen du marché,
18σM : écart-type (volatilité) du marché,
19σFM : écart-type (volatilité) du fonds, il représente la pente de l’équation de la droite de marché et exprime le prix unitaire du risque (accroissement du rendement espéré pour supporter une unité de risque).
20Pour la prise de décision, les investisseurs s’intéressent à la performance ajustée du fonds en le comparant à celle du marché. On peut déduire de l’équation (1) :
22L’indice de Sharpe est l’excès de rentabilité du fonds par rapport aux taux sans risque rapporté au risque du portefeuille. À l’équilibre, il doit être égal à l’indice représentatif du marché . Si , on dira que le fonds est plus performant que le marché.
23Le ratio de Sharpe pose cependant un problème d’application lorsque les primes de risque moyennes sont négatives (rentabilités des fonds inférieures au taux sans risque). Dans ce cas, les valeurs du ratio sont négatives et les comparaisons effectuées à travers le critère du ratio de Sharpe n’ont aucune signification.
2.1.2 – Ratio d’information
24Le ratio d’information (Grinold, 1989) permet d’estimer la performance du fonds par rapport à la performance de l’indice de référence, ajustée au risque de leur écart (RFM - RM). Le ratio d’information est égal à :
26L’erreur de réplication (tracking error) [σ(RFM - RM)] est une mesure relative de la déviation d’un portefeuille par rapport à son indice de référence. Cette mesure indique le risque de voir la performance du portefeuille dévier de celle de son indice de référence. En d’autres termes, plus la tracking error est faible et plus le portefeuille ressemble à son marché, tant en termes de risque que de performance. Au contraire, une tracking error élevée indique des écarts réguliers entre les performances du portefeuille et celles du marché.
27Si IR > 0, on peut conclure que le fonds bat régulièrement son marché de référence. Plus le ratio d’information est élevé, meilleure est la performance du portefeuille corrigée du risque, relativement à son marché.
2.1.3 – Ratio de Treynor Mazuy
28Les tests empiriques de Treynor Mazuy (1966) sur l’équation de Jensen remettent en question l’hypothèse de linéarité de la relation entre les rendements d’un portefeuille et ceux du marché. Ils ont proposé un modèle quadratique en introduisant un autre terme (le carré de l’excédent de rendement entre le fonds et l’indice de marché et son coefficient gamma) dans l’équation de Jensen (équation 4) :
30αFM : traduit l’habilité du gestionnaire à sélectionner des titres (security selection).
31γFM : traduit la capacité du gestionnaire à anticiper les mouvements du marché (market timing).
32εFMt : représente le rendement résiduel du fonds mutuel au cours de la période t.
33Il existe d’autres ratios (Modigliani-Miller, Roy, Sortino, Aftalion-Poncet, …), mais nous limitons notre exposé à ces trois indicateurs qui sont largement les plus utilisés dans la littérature et par les professionnels, et qui nous serviront à l’analyse de nos résultats.
2.2 – Tests empiriques sur la performance des Fonds mutuels
34Sharpe (1966) est le premier à tester empiriquement la performance des fonds mutuels, son étude portait sur 34 fonds et couvre la période allant de 1954 à 1963, en comparant le ratio de Sharpe des fonds [6] et le ratio de Sharpe du marché [7]. Il arrive à la conclusion suivante : sur les 34 fonds étudiés, 11 seulement ont des performances supérieures au marché tandis que les 23 restants sont battus par le marché.
35Jensen (1968), sur une étude allant de 1945 à 1964 et portant sur 115 fonds, confirme les tests de Sharpe en utilisant l’alpha. Il trouve que 39 fonds ont des alphas positifs et les 76 autres ont des alphas négatifs. L’alpha moyen qu’il a obtenu est de -1,1 % pour les rendements nets.
36Ippolito (1989), en étudiant 143 fonds sur la période 1965-1984 et en utilisant l’alpha de Jensen, parvient tout de même à des conclusions opposées. Ils observent que les fonds parviennent à battre le marché, car leur alpha moyen est de +0,81 %. Les résultats d’Ippolito (1989) ont été, par la suite, sévèrement critiqués parce qu’ils souffrent de deux biais majeurs : le biais de la petite taille et le billet de survivance.
Biais de la petite taille
37Elton et al. (1993), en partant des données d’Ippolito (1989), démontrent que ce dernier en prenant comme indice de référence le S&P 500 ne prend pas en compte les sociétés de petites tailles alors qu’il est prouvé dans plusieurs études empiriques [8] que le rendement moyen des actions des entreprises de petites tailles est supérieur à celui des autres (moyennes et grandes tailles).
38En éliminant ce biais, les auteurs arrivent aux conclusions suivantes :
Biais de survivance
39Ce phénomène a été signalé pour la première fois par Grinblatt et Titman (1989) et Brown et al. (1993). Ces auteurs expliquent que lors des études empiriques sur la performance à long terme des fonds mutuels, un certain nombre de fonds peuvent disparaître de l’échantillon pour plusieurs raisons (dissolution, absorption, fusion, changement de nom…).
40Les études empiriques retirent souvent dans l’échantillon les fonds qui ont disparu durant la période étudiée, or ceux-ci sont pour la plupart du temps les fonds qui ont eu les pires performances biaisant ainsi la performance globale de l’échantillon vers le haut.
41Carhart (1997) étudie la performance de 1892 Fonds sur une période de 30 ans (1962-1993) en prenant le soin d’éliminer ces deux biais. Il conclut que les Fonds, de manière générale, ne battent pas le marché, et il observe par ailleurs la non-persistance de la performance dans le long terme.
42Afin de donner des éléments de réponse à cette interrogation, nous formulons une l’hypothèse centrale selon laquelle les fonds mutuels de la BRVM sont en moyenne plus performants que le marché. Et plus spécifiquement, nous considérons que sur la BRVM :
3 – Données et résultats
43Nous présentons d’abord nos données et ensuite nous analysons et interprétons nos résultats.
3.1 – Présentation des données
44Nos données couvrent la période allant du 02 septembre 2013 au 16 décembre 2016 et concerne un échantillon de 13 FCP sur la base des publications de leurs valeurs liquidatives quotidiennes. Les données sont collectées à travers les publications du bulletin officiel de la cote de la BRVM (BOC) et au niveau de 5 SGO de la place (AFRICABOURSE ASSET MANAGEMENT, AFRICAM SA, CGF GESTION, BOA ASSET MANAGEMENT et SOGESPAR). La fréquence des publications n’étant pas régulière, nous avons éliminé les jours où il y avait au moins une donnée manquante afin d’harmoniser le nombre d’observations (469). Nous avons aussi observé puis corrigé des valeurs aberrantes probablement dues à un fractionnement de la valeur liquidative.
45Nous avons, par la suite, classé nos Fonds en trois catégories :
- les Fonds obligations (court et moyen, long termes) : 4
- les Fonds actions : 3
- les Fonds diversifiés : 6
46Après avoir procédé à l’organisation de notre base de données et à partir des valeurs liquidatives (VL) disponibles, nous avons déterminé les rentabilités journalières composées en continue des FCP de notre échantillon :
48Rt : rentabilité à t,
49Ln : logarithme népérien,
50VLt : valeur liquidative au jour t,
51VLt-1 : Valeur liquidative au jour t-1.
52Pour l’ensemble de la période, nous supposons que les rentabilités observées avec une fréquence quotidienne, sont identiquement et indépendamment distribuées (iid) ; la rentabilité annuelle s’obtient alors en multipliant la moyenne des rentabilités journalières par 252 et l’écart type annuel se calcule en multipliant l’écart type des rentabilités journalières par la racine carrée de 252.
Rentabilité et volatilité moyennes des FCP comparés au Benchmark
Fonds obligations | Fonds actions | Fonds diversifiés | BRVM Composite | |
---|---|---|---|---|
Rentabilité annuelle | 8,47 % | 19,72 % | 16,01 % | 17,08 % |
volatilité annuelle | 3,52 % | 12,28 % | 8,13 % | 12,92 % |
Rentabilité et volatilité moyennes des FCP comparés au Benchmark
53On constate que la rentabilité des Fonds dépasse en moyenne celle de l’indice, par contre l’indice surperforme en moyenne les Fonds obligations et diversifiées. En revanche, les écarts types des fonds sont en moyenne plus faibles que celui de l’indice. Bien entendu, les moyennes des rentabilités et des risques pris séparément ne sont pas suffisantes pour tirer quelques conclusions à propos de la performance des FCP et de la BRVM, c’est pourquoi, nous procédons par la suite à une comparaison par les mesures de performance ajustée au risque qui sont plus rigoureuses.
54Pour ce qui concerne le taux sans risque, nous avons pris la moyenne des taux des émissions obligataires de la Banque Ouest Africaine de Développement, ou BOAD, en 2016 : 5,5 %. Ce choix s’explique par le fait que la notation de la BOAD (BBB par Fitch Rating et Moody’s) est supérieure aux notations souveraines dans l’UEMOA qui sont en moyenne de l’échelle BB.
3.2 – Présentation des résultats et discussion
55Nous justifions nos choix sur les indicateurs retenus avant d’exposer les résultats de nos tests empiriques.
3.2.1 – Justification sur le choix des indicateurs retenus
56Les résultats de la performance de notre échantillon de Fonds mutuels de la BRVM ont ainsi été appréciés à travers trois indicateurs de mesure de performance ajustée au risque. Cela devrait permettre d’augmenter la robustesse des conclusions, en évitant qu’elles soient simplement liées au choix d’un critère particulier.
57Ratio de Sharpe modifié : la version modifiée du Ratio de Sharpe () utilisée dans le cadre notre étude, est inspirée des travaux de De Marchi (2006) BOAD ; elle est obtenue en appliquant un exposant au dénominateur de la formule classique :
59Avec la prime de risque moyenne :
61Où │PR│est la valeur absolue de la prime de risque moyenne. La valeur de l’exposant est donc égale à 1 si la prime de risque est positive, à – 1 si la prime de risque est négative.
62Nous privilégions le ratio de Sharpe à celui de Treynor parce que nous ne disposons pas suffisamment d’informations sur le degré de diversification des portefeuilles des SGO. Aussi, le nombre de titres de la BRVM est faible avec beaucoup de ces titres souffrant du manque de liquidité (les SGO concentrent leurs placements sur quelques tires).
63Ratio d’information : ce ratio est important parce qu’étant basé sur le risque relatif du fonds par rapport au marché. Il mesure la capacité d’un gestionnaire de fonds à générer de la surperformance par rapport à son risque spécifique.
65Ratio de Treynor-Mazuy : nous privilégions ce ratio au ratio de Jensen puisqu’il prend en compte deux dimensions importantes : la sélectivité (α) et le market timing (γ). De ce fait, il est plus complet que le ratio de Jensen, car il introduit une seconde variable explicative : le carré de la prime de rendement.
3.2.2 – Résultats des tests empiriques
3.2.2.1 – Estimation avec le ratio de Sharpe modifié
67À l’exception du Fonds Secutitas (-0,00129), tous les autres Fonds (AAM Capital Sur, AMM Obligatis et Placement Quiétude) ont des ratios de Sharpe modifiés (1,324, 2,052 et 1,805) supérieurs à celui du marché (0,8963). Le fonds le plus performant est AAM Obligatis et le moins performant est Secutitas.
Synthèse des résultats des fonds obligations avec le ratio de Sharpe modifié
Désignation | ||||
---|---|---|---|---|
Fonds Obligations | Rentabilité moyenne annuelle | Écart-type annuel | Ratio de Sharpe modifié | Class. |
AAM CAPITAL SUR | 9,23 % | 2,82 % | 1,32411796 | 3ème |
AMM OBLIGATIS | 12,63 % | 3,47 % | 2,05245968 | 1er |
SECURITAS | 3,34 % | 6,00 % | -0,0012951 | 4ème |
FCP PLACEMENT QUIETUDE | 8,68 % | 1,76 % | 1,80509775 | 2ème |
Moyenne | 8,47 % | 3,52 % | 0,844339 |
Synthèse des résultats des fonds obligations avec le ratio de Sharpe modifié
68Les Fonds actions présentent en moyenne des performances ajustées au risque total (1,1592) supérieures au benchmark (0,8963). Les Fonds Valoris et Placement Croissance parviennent à battre le marché avec des ratios de Sharpe modifiés de 2,2453 et 1,4675, respectivement. En revanche, le Fonds Sogevalor est moins performant que le marché. Le meilleur fonds d’après ce critère est Valoris et le moins performant est Sogevalor.
Synthèse des résultats des fonds actions avec le ratio de Sharpe modifié
Désignation | ||||
---|---|---|---|---|
Fonds actions | Rentabilité moyenne annuelle | Écart-type annuel | Ratio de Sharpe modifié | Class. |
VALORIS | 24,78 % | 8,58 % | 2,24532483 | 1er |
PLACEMENT CROISSANCE | 19,74 % | 9,70 % | 1,46750669 | 2ème |
SOGEVALOR | 14,63 % | 18,50 % | 0,49364274 | 3ème |
Moyenne | 19,72 % | 12,26 % | 1,15924841 |
Synthèse des résultats des fonds actions avec le ratio de Sharpe modifié
Synthèse des résultats des fonds diversifiés avec le ratio de Sharpe modifié
Désignation | ||||
---|---|---|---|---|
Fonds diversifiés | Rentabilité moyenne annuelle | Écart-type annuel | Ratio de Sharpe modifié | Class. |
AAM ÉPARGNE CROISSANCE | 8,31 % | 8,30 % | 0,3385 | 6ème |
EXPANSIO | 22,29 % | 8,29 % | 2,02551 | 1er |
ÉMÉRGENCE | 7,47 % | 4,23 % | 0,46585 | 5ème |
PLACEMENT AVANTAGE | 13,21 % | 5,04 % | 1,5314 | 2ème |
HORIZON | 18,54 % | 8,53 % | 1,5279 | 3ème |
SOGEAVENIR | 26,21 % | 14,32 % | 1,44588 | 4ème |
Moyenne | 16,01 % | 8,12 % | 1,29381 |
Synthèse des résultats des fonds diversifiés avec le ratio de Sharpe modifié
69Les fonds diversifiés battent en moyenne le marché avec un ratio de Sharpe moyen de 1,2938. Les fonds qui ont des performances supérieures au marché sont Expansio, Placement Avantage, Horizon et SogeAvenir. Quant aux fonds AMM Épargne Croissance et Émergence, ils présentent des performances ajustées au risque total inférieur à celle de l’indice BRVM Composite. Le meilleur fonds dans cette catégorie, d’après le ratio de Sharpe, est Expansio et le moins performant est AMM Épargne Croissance. D’après le critère du ratio de Sharpe modifié, les fonds les plus performants sont les fonds diversifiés (1,29381), suivis des fonds actions (1,15924) et les moins performants sont les fonds obligataires (0,84433).
3.2.2.2 – Estimation des résultats avec le ratio d’information
70Les risques supplémentaires des fonds obligataires par rapport au marché ne sont pas suffisamment rémunérés (0,9590). Les Fonds AMM Obligatis et Placement Quiétude battent le marché avec des ratios d’information respectivement de 3,6361 et 2,4044, tandis que les Fonds AAM Capital Sur (0,7111) et Secutitas (0,2190) sont moins performants. Le meilleur FCP dans cette catégorie est AMM Obligatis et le moins performant est Securitas.
71Les Fonds actions sont globalement plus performants que le marché. Excepté le FCP Sogevalor (0,5947), dont le tracking error n’est pas suffisamment rémunéré, les deux autres Fonds, Valoris et Placement Croissance, ont des performances ajustées au risque supérieures à celle du marché avec des ratios d’informations respectivement de 1,7327 et 2,0117. Le meilleur fonds est Placement Croissance et le moins performant est Sogevalor.
Synthèse des résultats des fonds obligations avec le ratio d’information
Désignation | ||||
---|---|---|---|---|
Fonds Obligations | RFM - RM | Ec-t (RFM - RM) | IR | Class. |
AAM CAPITAL SUR | 9,23 % | 12,98 % | 0,711 | 3ème |
AMM OBLIGATIS | 12,63 % | 3,47 % | 3,636 | 1er |
SECURITAS | 3,34 % | 15,27 % | 0,219 | 4ème |
FCP PLACEMENT QUIETUDE | 8,68 % | 3,61 % | 2,404 | 2ème |
Moyenne | 8,47 % | 8,83 % | 0,959 |
Synthèse des résultats des fonds obligations avec le ratio d’information
Synthèse des résultats des fonds actions avec le ratio d’information
Désignation | ||||
---|---|---|---|---|
Fonds actions | Rentabilité moyenne annuelle | Ec-t (RFM - RM) | IR | Class. |
VALORIS | 24,78 % | 14,30 % | 1,7327 | 2ème |
PLACEMENT CROISSANCE | 19,74 % | 9,81 % | 2,0117 | 1er |
SOGEVALOR | 14,63 % | 24,61 % | 0,5947 | 3ème |
Moyenne | 19,72 % | 16,24 % | 1,4463 |
Synthèse des résultats des fonds actions avec le ratio d’information
72Les Fonds diversifiés se situent en moyenne au même niveau de performance ajustée au risque que l’indice BRVM Composite. On constate, cependant, une grande disparité, en effet, le meilleur fonds (Horizon) a un ratio d’information de 1,9388 tandis que le moins performant (Placement Avantage) obtient un ratio de 0,5105. Selon le critère du ratio d’information, les meilleurs fonds mutuels de la BRVM sont les FCP actions, suivis des FCP diversifié et les moins performants sont les FCP obligations, avec des ratios d’information moyens respectivement de 1,4463, 0,9977 et 0,9590.
Synthèse des résultats des fonds diversifiés avec le ratio d’information
Désignation | Class. | |||
---|---|---|---|---|
Fonds diversifiés | Rentabilité moyenne annuelle | Ec-t (RFM - RM) | IR | |
AAM ÉPARGNE CROISSANCE | 8,31 % | 9,44 % | 0,88 | 4ème |
EXPANSIO | 22,29 % | 25,09 % | 0,888 | 3ème |
ÉMERGENCE | 7,47 % | 10,91 % | 0,685 | 5ème |
PLACEMENT AVANTAGE | 13,21 % | 25,88 % | 0,511 | 6ème |
HORIZON | 18,54 % | 9,56 % | 1,9388 | 1er |
SOGEAVENIR | 26,21 % | 24,20 % | 1,0828 | 2ème |
Moyenne | 16,01 % | 17,51 % | 0,9977 |
Synthèse des résultats des fonds diversifiés avec le ratio d’information
3.2.2.3 – Estimations des résultats avec le ratio de Treynor-Mazuy
73Concernant la sélectivité, les FCP AAM Capital Sur, Securitas et Placement Quiétude ont des coefficients de sélectivité de 0,019, 0,059 et 0,014. En revanche, le FCP AMM Obligatis a un coefficient de sélectivité négatif, soit -0,004. Le coefficient d’AMM Sur est significatif au seuil de 10 %, les coefficients de Securitas et Placement Quiétude sont significatifs au seuil de 1 % mais le coefficient d’AMM Obligatis n’est pas significatif.
Synthèse des résultats des fonds obligations avec le ratio de Treynor-Mazuy
brvmcomposite | brvmcomposite2 | F statistic | |
---|---|---|---|
aamcapitalsur | 0.019 (1.95)* | 1.427 (2.86)*** | 5.80 |
aamobligatis | -0.004 (0.35) | 1.068 (1.72)* | 1.57 |
securitas | 0.059 (2.78)*** | -2.400 (2.27)** | 6.68 |
placementquietude | 0.014 (2.25)** | (5.68)*** | 18.19 |
Synthèse des résultats des fonds obligations avec le ratio de Treynor-Mazuy
NB : * p<0.1 ; ** p<0.05 ; *** p<0.01.74Pour le market timing, ils ont tous des coefficients statistiquement différents de 0 (1,427 au seuil de 1% pour FCP AAM Capital Sur, 1,068 au seuil de 10% pour AMM Obligatis, -2,4 au seuil de 5% pour Securitas et 1,722 au seuil de 1% pour Placement Quiétude. Donc les FCP AAM Capital Sur, AMM Obligatis et Placement Quiétude anticipent bien l’évolution du marché tandis que le FCP Securitas ne fait pas preuve d’une bonne anticipation des évolutions du marché.
Synthèse des résultats des fonds actions avec le ratio de Treynor-Mazuy
brvmcomposite | brvmcomposite2 | F statistic | |
---|---|---|---|
valoris | 0.275 (9.89)*** | 4.945 (3.57)*** | 54.01 |
placementcroissance | 0.387 (12.94)*** | 1.430 (0.96) | 83.80 |
sogevalor | 0.496 (7.97)*** | 4.709 (1.52) | 32.54 |
Synthèse des résultats des fonds actions avec le ratio de Treynor-Mazuy
NB. * p<0.1 ; ** p<0.05 ; *** p<0.01.Synthèse avec la moyenne des fonds
brvmcomposite | brvmcomposite2 | F statistic | |
---|---|---|---|
obligations | 0.022 (3.31)*** | 0.454 (1.37) | 6.25 |
actions | 0.386 (13.26)*** | 3.695 (2.55)** | 89.98 |
diversifiés | 0.231 (13.45)*** | 2.187 (2.56)** | 92.62 |
Synthèse avec la moyenne des fonds
NB. * p<0.1 ; ** p<0.05 ; *** p<0.01.Synthèse des résultats des fonds diversifiés avec le ratio de Treynor-Mazuy
brvmcomposite | brvmcomposite2 | F statistic | |
---|---|---|---|
aamepargnecroissance | 0.228 (8.17)*** | -0.149 (0.11) | 33.44 |
expansio | 0.208 (7.49)*** | 5.225 (3.77)*** | 34.18 |
emergence | 0.060 (4.04)*** | -0.494 (0.66) | 8.50 |
placementavantage | 0.188 (11.95)*** | 2.293 (2.92)*** | 74.48 |
horizon | 0.296 (10.80)*** | 2.156 (1.58) | 59.05 |
sogeavenir | 0.405 (8.47)*** | 4.089 (1.72)* | 36.86 |
Synthèse des résultats des fonds diversifiés avec le ratio de Treynor-Mazuy
NB. * p<0.1 ; ** p<0.05 ; *** p<0.01.75Tous les FCP actions battent le marché en faisant une réelle capacité de sélection. En effet, les signes de leurs coefficients sont tous positifs et statistiquement significatifs (0,275 au seuil de 1% pour Valoris, 0,387 au seuil de 1 % pour Placement croissance et 0,496 au seuil de 1% pour Sogevalor. Pour l’anticipation du marché, les coefficients sont tous positifs mais seul celui de Valoris est significatif au seuil de 1% tandis que les deux autres ne sont pas significatifs.
76Tous les Fonds diversifiés de notre échantillon battent régulièrement le marché avec des coefficients de sélectivité positifs et significativement différents de 0 au seuil de 1%.
77Les FCP Expansio, Placement Avantage et SogeAvenir disposent de réelles capacités à anticiper les évolutions du marché avec des coefficients significatifs au seuil de 1%, 5% et 10%, respectivement. En revanche, les coefficients d’AAM Épargne Croissance, Émergence et Horizon ne sont pas significatifs.
78Globalement, les FCP de la BRVM ont des performances ajustées au risque supérieures expliquées en partie par une capacité de sélectivité avec des coefficients de 0,022 pour les Fonds obligataires, 0,386 pour les Fonds actions et 0,231 pour les Fonds diversifiés. Les Fonds actions et diversifiés arrivent à anticiper parfaitement les évolutions du marché avec des coefficients respectivement de 3,695 et 2,187, tous significatifs au seuil de 5%. En revanche, le coefficient n’est pas significatif pour les Fonds obligataires. On peut conclure que les meilleurs fonds sont les Fonds actions suivis des Fonds diversifiés et les Fonds obligataires sont les moins performants.
4 – Conclusion
79Cet article avait pour objectif d’analyser la performance des FCP de la BRVM sur la période allant du 02 septembre 2013 au 16 décembre 2016 à travers trois indicateurs de performance ajustés au risque : le ratio de Sharpe modifié, le ratio de Treynor-Mazuy et le ratio d’information.
80Nos résultats montrent globalement que la majorité des fonds sont plus performants que le marché selon ces trois critères.
81En ce qui concerne la sélectivité, on remarque que 84,62% de l’échantillon présente cette aptitude. 53,84% de l’échantillon disposent des capacités de market timing. Cela signifie que la majorité des SGO anticipent parfaitement les évolutions du marché.
82Nos résultats ont révélé en moyenne que les FCP actions sont plus performants, suivi des FCP diversifiés, les moins performants sont les FCP obligations.
83Cependant, deux limites majeures de cette étude, liées à la non disponibilité des données, [9] doivent être signalées :
- un horizon temporel assez court (moins de quatre ans), qui n’est pas assez satisfaisant pour juger de la performance à long terme des FCP de la BRVM ;
- un échantillon portant sur 13 FCP sur les 57 que compte le marché (22,8 % de la population) limite la portée générale des résultats de l’étude.
84Quelques pistes de recherche peuvent être dégagées de cette étude :
- les coefficients d’asymétrie et d’aplatissement montrent que la distribution des rendements des fonds ne suivait pas en général une loi normale, une étude sur la performance des fonds avec des mesures de performance conditionnelles s’avèrent très utiles (voir à ce sujet l’étude de Beaulieu, Gendron et Coggins, 2006) ;
- l’évaluation comparée de la performance des FCP de la BRVM : mesures conditionnelles versus mesures non conditionnelles ;
- la contribution des Fonds mutuels dans le développement des marchés de capitaux : cas de la BRVM ;
- la pro-cyclicité du marché et performance des fonds mutuels de la BRVM.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : performance ajustée au risque, Fonds Communs de Placement, Bourse Régionales des Valeurs Mobilières
Mise en ligne 29/11/2018
https://doi.org/10.3917/rcg.026.0075Notes
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[1]
Bourse Régionale des Valeurs Mobilières qui regroupe les huit pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA).
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[2]
L’UEMOA regroupe huit pays de l’Afrique de l’Ouest que sont : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali Niger, Sénégal et Togo.
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[3]
Les SICAV sont constituées sous forme de société et émettent des actions.
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[4]
Les FCP sont des copropriétés qui ne disposent pas de personnalité juridique et émettent des parts.
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[5]
Les SGO sont au nombre de 14 en fin 2016.
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[6]
Le taux de rendement annuel moyen des différents fonds mutuels observés pendant une décennie s’échelonne entre 10% et 18,6% et les écarts-types observés vent de 9,2% à 25,5%.
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[7]
L’indice Dow Jones est pris comme portefeuille de marché qui a sur la période d’observation un rendement moyen annuel de 16,5% et un écart-type de 20%.
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[8]
Roll (1981), Banz (1981), Reinganum (1981), Chan et Chen (1991) et Amihud et Mendlesen (1991).
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[9]
Dans beaucoup de cas, l’absence d’informations sur la valeur liquidative durant une longue période, nous a contraints à exclure certains fonds dans notre base.