1Comment définir clairement le concept de « croissance verte » ?
2De prime abord, le concept d’économie verte peut paraître flou, au périmètre mal défini. Il se décline en fait selon une double dimension : une dimension réglementaire d’une part, plutôt négative car elle met en exergue la contrainte environnementale et les risques qu’elle peut faire peser sur l’activité économique et la croissance ; une dimension économique d’autre part, mettant en avant les opportunités de profit et d’investissement des nouvelles éco-activités. Le terme « croissance verte » suggère ainsi que la contrainte devient opportunité.
3Quel peut être le rôle de la puissance publique dans le verdissement de la croissance ?
4Au-delà du cadre fiscal et réglementaire, les États disposent d’outils variés pour verdir la croissance. Le gouvernement peut par exemple réduire les subventions préjudiciables à l’environnement, comme les subventions aux prix et à la production des combustibles fossiles, qui étaient, en 2008 et au niveau mondial, d’un montant supérieur à 650 milliards de dollars.
5L’État peut également agir sur l’offre d’investissement en promouvant les investissements socialement responsables, qui associent aux objectifs financiers des critères sociaux et environnementaux. Le rôle de l’État porte alors en grande partie sur l’amélioration de l’information et de la transparence. La loi Grenelle 2 de 2010 (articles 224 et 225) s’inscrit dans cette logique dans la mesure où elle vise à renforcer les obligations de transparence et d’information pour les entreprises et les sociétés de gestion.
6Mais les pouvoirs publics pourraient aller au-delà et promouvoir les labels socialement responsables sur les marchés financiers : à l’instar des labels « commerce équitable Max Havelaar », un label « finance responsable » pourrait voir le jour, en lieu et place des nombreux labels « investissement socialement responsable » existant aujourd’hui. Il serait décerné par une autorité indépendante dotée d’une forte légitimité sur les marchés financiers, avec des critères précis et transparents.
7En quoi la crise peut-elle être l’occasion pour le gouvernement de verdir la croissance ?
8On peut d’abord constater que la crise ne semble pas avoir ralenti le développement de l’économie verte. Partout dans le monde, un certain nombre de filières vertes (biocarburants, smart grids, captage et stockage du carbone …) sont aujourd’hui en train de se développer. Un rapport de New Energy Finance pour le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) montre que les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont augmenté de presque un tiers en 2009. L’année dernière, un montant record de 211 milliards de dollars a été investi dans les énergies renouvelables, dont 72 milliards de dollars dans les pays en développement, soit une augmentation d’environ un tiers par rapport à 2009 et de 540 % depuis 2004.
9La crise représente un véritable défi pour le verdissement de la croissance. Il s’agit tout d’abord, à la suite des résultats en demi-teinte de la conférence de Copenhague (décembre 2009), de parvenir à un accord international pour la lutte contre le changement climatique assurant un prix du carbone prévisible et qui harmonise les politiques nationales. Il faut également développer des politiques industrielles de soutien à l’innovation verte. Enfin, il est important, à moyen terme, de « verdir les formations » pour développer les métiers de l’économie verte afin de donner aux entreprises le capital humain nécessaire à la croissance verte.