États-Unis : subventions aux populations pauvres et démolition-reconstruction
1La question de la mixité sociale apparaît dans l’agenda politique américain à partir des années 1960, sous l’influence du mouvement des droits civiques. En 1974 est mis en place le programme Section 8. Il s’agit de distribuer des bons de logement à des ménages à bas revenu afin de leur permettre d’emménager dans des quartiers moins défavorisés. En 2005, près de deux millions de ménages bénéficiaient de ce programme. Cependant, certaines familles utilisaient cette subvention pour emménager dans des quartiers aussi pauvres que ceux qu’elles avaient quittés. C’est pour répondre à ce problème qu’a été établi un programme expérimental, Moving to opportunity for fair housing (1992). Ce projet est une généralisation au niveau fédéral de l’expérience Gautreaux (entre 1976 et 1998), qui avait pour objectif d’encourager les ménages noirs du centre ville de Chicago à emménager dans des « quartiers blancs ». Dans le cadre de Moving to opportunity, les bons de logement ne sont utilisables que dans des quartiers où moins de 10 % de la population est considérée comme pauvre.
2Parallèlement, une politique d’offre, à travers le programme HOPE IV (Housing opportunities for people everywhere, 1994), se développe. HOPE IV vise à encourager les populations des classes moyennes à habiter dans les zones les plus défavorisées, à travers des opérations de destruction-reconstruction.
Royaume Uni : rénovation urbaine et diversification du régime foncier
3Un des effets de la politique du « right to buy » (1984) de Margaret Thatcher a été de favoriser la formation de « poches de pauvreté ». Dès son arrivée au pouvoir en 1997, le gouvernement travailliste fait de la mixité sociale une de ses priorités. Le partenariat public-privé devient un des outils principaux de cette politique. Tony Blair lance en 1998 le programme New deal for communities, qui intègre un volet important de rénovation urbaine.
Une autre stratégie adoptée est la diversification du régime foncier. L’accès à la propriété est encouragé dans les quartiers les plus défavorisés. À Londres par exemple, le Maire Boris Johnson souhaite que 60 % des nouveaux « logements abordables » construits soient des logements sociaux locatifs et que les 40 % restants soient des copropriétés ou des logements intermédiaires.
Pays-Bas : constitution d’une offre d’habitat diversifiée
4Comparé aux États-Unis et au Royaume-Uni, le niveau de ségrégation urbaine aux Pays-Bas est faible. Cela est dû à la composition du marché immobilier néerlandais : plus de la moitié des logements du pays est gérée par l’État. Par conséquent, il n’y a pas d’association entre logement public et pauvreté. Néanmoins, la mixité sociale figure sur l’agenda politique. En 1994 est lancée la politique des grandes villes (Grotestedenbeleid ou GSB). Elle préconise la destruction des logements sociaux les plus délabrés et la construction de logements de haute qualité afin d’attirer des acheteurs venant de quartiers plus riches et de retenir les habitants de ces quartiers en situation de mobilité sociale ascendante. Ce programme s’est d’abord concentré sur les quatre principales villes du pays, avec le « G4 » (Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Utrecht). Il s’est ensuite étendu à 32 autres villes, le « G32 ».
5Les politiques de dispersion des résidents « à problème » sont beaucoup plus contestées aux Pays-Bas qu’aux États-Unis. Elles demeurent par conséquent assez marginales, seules quelques villes la mettant en œuvre. L’exemple du projet pilote Rotterdam zet door est en ce sens significatif. Les populations dont le revenu est moins de 20 % supérieur au salaire minimum n’ont pas le droit de s’installer dans des quartiers très pauvres. Cette politique est extrêmement controversée. Elle est perçue comme discriminatoire à l’égard des populations issues de l’immigration, sur-représentées parmi les populations à bas revenu.
Bibliographie
- Cole I. et Goodchild B. (2001), « Social mix and the “balanced community” in British housing policy – a tale of two epochs » GeoJournal.
- Musterd S. et Andersson R. (2005), « Housing mix, social mix, and social opportunities », Urban Affairs Review, vol. 40, n° 6, p. 761-790.
- Van Kampen R. et Priemus H. (1999), « Undivided cities in the Netherland : present situation and political rhetoric », Housing Studies, vol. 14, n° 5, p. 641 - 657.
- http://www.london.gov.uk/sites/default/files/uploads/Housing_Strategy_Final_Feb10.pdf.