Notes
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[1]
Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale, éd. James Guillaume, Paris, Imprimerie nationale, 1891-1958, 7 tomes en 8 vol. ; ensuite abrégé : Guillaume.
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[2]
Guillaume, t. V, p. 208. Le Mierre était un auteur dramatique et poète reçu à l’Académie française en 1781.
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[3]
Voir Michèle Sacquin, « Les manuscrits littéraires du xviiie siècle à la BNF », Genesis, n° 34, 2012, p. 151-162.
-
[4]
François Moureau, « Du bon usage des manuscrits et des autographes littéraires : le cas du xviiie siècle », dans Le Manuscrit littéraire, son statut du Moyen Âge à nos jours, « Travaux de littérature publiés par l’ADIREL », n° XII, Klincksieck, 1998, p. 196-210.
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[5]
Hermine de Saussure, Étude sur le sort des manuscrits de J.-J. Rousseau, Neuchâtel, H. Messeiller, 1974, p. 10. Voir aussi R.-A. Leigh, « Les manuscrits disparus de Jean-Jacques Rousseau. Quelques observations et quelques fragments retrouvés », Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, n° 34, 1956-1958.
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[6]
Voir l’article de Nathalie Ferrand, infra, p. 70-79.
-
[7]
François Moureau, « Les inédits de Rousseau et la campagne de presse de 1778 », Dix-huitième siècle, n° 12, 1980, p. 411-425.
-
[8]
Le manuscrit a été déposé par Boothby à la British Library. Son admiration pour Rousseau a été immortalisée par le portrait, peint par Joseph Wright of Derby en 1781 et conservé à la Tate Gallery, représentant le baronet romantiquement allongé dans un bois, un livre de son mentor à la main.
-
[9]
Philippe Lejeune, « Rousseau coupé », dans Catherine Viollet et Claire Bustarret (dir.), Genèse, censure et autocensure, Paris, CNRS éditions, 2005, p. 37-58. Concerne les manuscrits et les éditions des Confessions.
-
[10]
Voir la liste de ces manuscrits restés inédits au début de la Révolution dans « Notice sur les ouvrages de musique composés par J.-J. Rousseau », Œuvres complètes, Paris, Furne, 1835-1836, t. III, p. 447-448. Une grande partie de ces manuscrits sont demeurés inédits.
-
[11]
BNF, Musique, Res. Vm7 667. Voir l’article de Cécile Reynaud, infra, p. 80-88.
-
[12]
Voir Roger Barny, Rousseau dans la Révolution. Le personnage de Jean-Jacques et les débuts du culte révolutionnaire (1787-1791), Oxford, Voltaire Foundation, 1986.
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[13]
Composé en octobre 1791, il compta vingt-quatre membres jusqu’en août 1794, puis seize seulement. Lakanal y siégea 12 mois par intermittence à partir de février 1793. Le décret du 22 août 1794 donna à tous les comités, celui de la marine excepté, la faculté de prendre des « arrêtés exécutoires » sans en référer à la Convention.
-
[14]
Guillaume, t. V, p. 43.
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[15]
Guillaume, t. V, p. 90.
-
[16]
Guillaume, t. IV, p. 978.
-
[17]
Guillaume, t. V, p. 106.
-
[18]
Guillaume, t. V, p. 127 ; t. VI, p. 939.
-
[19]
Guillaume, t. VI, p. 938.
-
[20]
Guillaume, t. IV, p. 237.
-
[21]
Dom Germain Poirier (1724-1803), bénédictin de Saint-Maur, garde des archives à l’abbaye de Saint-Denis, puis à Saint-Germain-des-Prés, sous-bibliothécaire à l’Arsenal (1796). Gagné aux idées révolutionnaires, il sera membre de la Commission des monuments puis de la Commission temporaire des arts au côté d’Ameilhon, son collègue à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il visita avec zèle les bibliothèques d’émigrés et d’ecclésiastiques à la recherche de manuscrits.
-
[22]
Dom Poirier, rapport à la Commission temporaire des arts daté du 5 prairial an II (24 mai 1794), dans « Papiers de Dom Poirier relatifs à diverses bibliothèques d’émigrés à Paris (1792 – an III) », BNF, Manuscrits, Français 20843 (f. 143).
-
[23]
Le ministre de l’Intérieur était le chimiste Jean-Antoine Chaptal.
-
[24]
Voir M. Sacquin, « Comment le manuscrit de La Nouvelle Héloïse a échappé à la BN », Revue de la Bibliothèque nationale, n° 32, été 1989, p. 70-72 et « La Bibliothèque nationale et les manuscrits d’auteurs pendant la Révolution française et sous l’Empire », dans Le Manuscrit littéraire, son statut du Moyen Âge à nos jours, op. cit., p. 249-258.
-
[25]
Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer, présenté à la Convention le 14 fructidor an II, et les 3 brumaire et 24 frimaire an III (24 octobre et 14 décembre 1794), Paris, Imprimerie nationale, s. d.
-
[26]
Voir M. Sacquin, « Comment le manuscrit de La Nouvelle Héloïse a échappé à la BN », art. cit.
-
[27]
Martin-Sylvestre Boulard (1750-1809), auteur d’un Traité de bibliographie. Voir Frédéric Barbier, Sabine Juratic, Annick Mellerio, et al., Dictionnaire des imprimeurs, libraires et gens du livre à Paris (1701-1789). A-C, Genève, Droz, 2007.
-
[28]
Marie-Charlotte Hippolyte de Campet de Saujon, par son mariage comtesse de Boufflers (1724-1800). Salonnière, anglophile, elle reçut tous les philosophes dont Rousseau. Arrêtée durant la Terreur, elle est acquittée par le tribunal révolutionnaire. C’était une grande amie de Madeleine Angélique de Neufville de Villeroy (1707-1787), deuxième épouse de Claude-François de Montmorency maréchal de Luxembourg.
-
[29]
BNF, Manuscrits, Français 20843, Papiers de « Dom Poirier », f. 24.
-
[30]
Ibid., f. 39.
-
[31]
Bibliothèque de l’Assemblée nationale, Ms P. 7077 (nos 1433-1438).
-
[32]
Extrait du Moniteur universel cité par Guillaume, t. VI, p. 933.
-
[33]
Ibid.
-
[34]
Bibliothèque de l’Assemblée nationale, MS 1494.
-
[35]
Il s’agit de la lettre 18 de la IIIe partie. BNF, Manuscrits, NAF 28006. Ce manuscrit est consultable en ligne sur Gallica avec les manuscrits de la bibliothèque de l’Assemblée nationale.
-
[36]
Guillaume, t. V, p. 89. Voir infra.
-
[37]
H. de Saussure, Étude sur le sort des manuscrits de J.-J. Rousseau, op. cit., p. 17.
-
[38]
Bibliothèque de l’Assemblée nationale, MS S 6049, relié en 2 volumes.
-
[39]
Voir H. de Saussure, Rousseau et les manuscrits des Confessions, Paris, E. de Boccard, 1958, p. 4. H. de Saussure se trompe sur l’année de remise du manuscrit qu’elle date de 1795, en revanche elle décrit précisément le manuscrit qu’elle a vu à la bibliothèque de l’Assemblée nationale et signale qu’il porte les souscriptions des membres de la commission Lakanal.
-
[40]
Décade philosophique, littéraire et politique, 1794, t. III, p. 62.
-
[41]
Guillaume, t. IV, p. 977.
-
[42]
Ibid., p. 969.
-
[43]
BNF, Manuscrits, NAF 25700 (1) et (2).
-
[44]
Louise-Antoinette Denoyer, Mme Pierre Masuyer, mère de Claude-Louis Masuyer (1759-1794), député de Saône-et-Loire, girondin, guillotiné sous la Terreur.
-
[45]
Guillaume, t. V, p. 142.
-
[46]
Guillaume, t. V, p. 90.
-
[47]
Décade philosophique, littéraire et politique, 1794, t. III, p. 244. Sur les péripéties de la première édition, les réticences de Wielhorsky et la censure de Vergennes, voir H. de Saussure, Rousseau et les manuscrits des Confessions, op. cit., p. 24.
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[48]
BNF, Manuscrits, NAF 26234.
-
[49]
H. de Saussure, Rousseau et les manuscrits des Confessions, p. 20.
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[50]
Ibid., p. 22.
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[51]
Ibid., p. 26.
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[52]
Archives nationales, MM983, f. 22.
-
[53]
Guillaume, t. V, p. 197.
-
[54]
Guillaume, t. V, p. 208. Il faut aussi signaler que des renseignements auraient été pris sur un manuscrit du Contrat social acquis par Chapelier à la vente Mirabeau (PV du 4 novembre 1794, dans Guillaume, t. V, p. 201).
-
[55]
Guillaume, t. V, p. 504.
-
[56]
La première publication du texte complet du manuscrit de l’Assemblée nationale se trouve dans l’édition de 1817 chez Déterville et Lefèvre.
-
[57]
Décade philosophique, littéraire et politique, 1797, t. XII, p. 478.
-
[58]
Joseph-Marie Quérard, La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que des littérateurs étrangers qui ont écrit en français, plus particulièrement pendant les xviiie et xixe siècles, Paris, Firmin Didot père et fils, 1836, t. VIII, p. 224.
-
[59]
Le manuscrit de l’Assemblée nationale est une autre version achetée en 1819 sous l’administration de Druon (1811-1833) qui fit beaucoup pour Rousseau.
Pierre-Michel Alix, d’après Jean-François Garneray, Jean-Jacques Rousseau en buste, aquatinte, 1791
Pierre-Michel Alix, d’après Jean-François Garneray, Jean-Jacques Rousseau en buste, aquatinte, 1791
1La lecture des procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale [1], mais aussi celle du Moniteur et de la Décade philosophique, littéraire et politique, le journal des idéologues, fait apparaître une effervescence particulière autour des papiers de Rousseau pendant l’année 1794. Elle surgit à la faveur de deux phénomènes convergents : l’intérêt grandissant pour les manuscrits littéraires d’une part, l’extraordinaire popularité du philosophe de l’autre, et se développe dans le contexte exceptionnel et inédit des confiscations révolutionnaires qui fournissent les dépôts littéraires, créés pour l’occasion, en archives et manuscrits divers. Certes les manuscrits enluminés, les chartriers, les Mémoires et en général tout ce qui a un intérêt historique retient d’abord l’attention des bibliothécaires. Cependant la recherche systématique de manuscrits littéraires, au sens moderne du terme, surtout lorsqu’ils sont inédits, n’est pas négligeable. C’est ainsi qu’un membre du Comité d’instruction publique responsable de la section des bibliothèques, le conventionnel Jean-Baptiste Massieu est chargé, le 10 novembre 1794, de « prendre des mesures pour procurer à la Nation les manuscrits de J.-J. Rousseau, Helvétius, Le Mierre, Mably, Chamfort, Vicq d’Azyr et autres auteurs modernes célèbres [2] ». Cette démarche témoigne de la place, encore modeste, des manuscrits d’auteurs dans la politique culturelle de la Révolution. L’expression « patrimoine national » apparaît même dans un rapport sur les archives du poète Jean-Baptiste Gresset retrouvées à Amiens [3].
La situation à la veille de la Révolution
2« Dans l’histoire de la codicologie, écrit François Moureau, le xviiie siècle marque une étape essentielle pour les manuscrits littéraires modernes : ils deviennent des documents signifiants et des objets de collection [4]. » Cette affirmation se vérifie pendant la seconde moitié du siècle et marque les timides débuts d’une longue évolution. Certes la circulation manuscrite des textes s’était poursuivie pour des raisons de coût, de pratiques de sociabilité et de censure : le succès des gazettes manuscrites, l’abondance des manuscrits de théâtre recherchés des collectionneurs et la multiplication des manuscrits clandestins sont là pour en témoigner. En revanche l’imprimé avait presque fait disparaître le manuscrit d’auteur, l’auctoritas ayant quitté la plume du rédacteur pour le plomb de l’imprimerie où les manuscrits étaient le plus souvent détruits, cependant que les écrivains, à quelques notables exceptions près, Montesquieu par exemple, ne se souciaient guère de leurs avant-textes. Il ne nous reste pratiquement aucun manuscrit autographe de Voltaire et si Diderot a conservé une partie des siens, c’est qu’en raison de la censure il n’imprima plus aucune œuvre à partir de 1759, se contentant de les « publier » sous forme de copie manuscrite dans la célèbre « Correspondance littéraire » de Grimm et Meister. À la fin du siècle cependant, des écrivains comme Louis-Sébastien Mercier, Restif de la Bretonne ou le marquis de Sade – ce dernier dans un contexte carcéral bien particulier – n’ont pas détruit tous leurs manuscrits et leurs brouillons.
3Les manuscrits de Rousseau occupent une place à part. Jean-Jacques est connu pour s’être soucié de ses manuscrits, ce qui était encore exceptionnel parmi les écrivains de son époque. Il a donné lui-même des détails sur sa façon de travailler et l’apparence de ses manuscrits depuis les brouillons jusqu’aux copies les plus soignées. Il a beaucoup voyagé et déménagé et ses manuscrits avec lui [5]. Il s’était préoccupé très tôt de leur devenir, chargeant son ami le pasteur genevois Paul-Claude Moultou de l’édition posthume de ses œuvres dès 1761 et écrivant dans le même sens, huit ans plus tard, à l’éditeur neuchâtelois Pierre-Alexandre Du Peyrou. En 1778, il remet à Moultou différents manuscrits dont l’exemplaire dit « de Genève » du manuscrit des Confessions. À cause de sa manie de la persécution, mais aussi de la censure de l’époque, il a multiplié les copies et déposé ses manuscrits pour les sauvegarder chez des amis tels Moultou, Du Peyrou, le marquis René de Girardin ou l’abbé de Condillac. Lui-même ne conservait pas ses brouillons une fois l’impression terminée, il se faisait seulement donner un exemplaire imprimé qu’il annotait et corrigeait en vue de son édition générale [6].
4Après la mort de Rousseau, Du Peyrou, Moultou et Girardin sont chargés de l’édition de ses œuvres en tant qu’exécuteurs testamentaires. La question de la publication des inédits se pose alors [7]. L’édition à Lichfield en français par Brooke Boothby d’une des quatre copies autographes des Dialogues, ne contenant que le premier dialogue, que le philosophe lui avait confiée – l’ensemble sera publié à Genève en 1782 – provoque un vif mécontentement [8]. La publication des Confessions, dont des lectures de salon avaient révélé le caractère choquant ou indiscret entraîne un débat autour de la personnalité de leur auteur et Germaine Necker prend sa défense imitée par Isabelle de Charrière. Ainsi que l’a souligné Philippe Lejeune, Rousseau autobiographe fut aussitôt censuré et pendant longtemps [9].
5À la veille de la Révolution, les manuscrits de Rousseau étaient répartis, à quelques exceptions près, sur lesquelles nous reviendrons, entre Du Peyrou à Neuchâtel, Moultou à Genève et Girardin à Ermenonville, ce dernier ayant récupéré à la mort du philosophe des manuscrits que Thérèse Levasseur lui réclamait régulièrement.
6En 1781, Pierre-Antoine Benoît avait remis à la bibliothèque du roi un volume relié contenant les manuscrits de musique qu’il avait fait graver, en partie seulement [10], sous le titre Consolation des misères de ma vie ou Recueil d’airs, romances et duos pour une édition in-folio au bénéfice de l’hospice des Enfants-trouvés et de Thérèse Levasseur. Girardin figurait en tête des signataires de l’attestation d’authenticité [11]. Il sera plusieurs fois question de ces inédits musicaux au Comité d’instruction publique.
La sacralisation du philosophe et de ses manuscrits
7Dans les premières années de la Révolution, l’auteur du Contrat social et de L’Émile fait l’objet d’un véritable culte [12]. En 1789 paraît la première biographie de Rousseau par Antoine de Barruel-Beauvert. Dès juillet 1790, l’Assemblée constituante décrète que le buste de Rousseau sera placé dans la salle des séances. L’année suivante, Louis Sébastien Mercier fait paraître De J.-J. Rousseau considéré comme un des premiers auteurs de la Révolution. À la même époque, de 1788 à 1793, il publie chez Poinçot les Œuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau en 37 volumes ornés de planches, en collaboration avec Brizard, de L’Aulnaye et Le Tourneur. Le 27 août 1791, la panthéonisation de Rousseau est proposée, peu après celle de Voltaire, à la suite d’une pétition de trois cents signatures, à l’initiative, semble-t-il, de Ginguené. Pas un rapport sur une réforme de l’instruction publique, pas un projet de constitution qui ne se réfère à Jean-Jacques quelle que soit la tendance de son auteur, chaque parti trouvant le citoyen de Genève à sa porte. De 1791 à 1795, le Comité d’instruction publique [13] met en place un système d’éducation nationale à travers des projets s’élaborant autour des idées d’égalité et de laïcité, tâche ambitieuse puisqu’il s’agit, entre raison et utopie, de former un homme « régénéré » pour constituer un « nouveau peuple ». La figure de l’auteur de L’Émile et du Contrat social surplombe les débats ainsi qu’en témoigne le rapport de Lakanal du 29 fructidor an II (15 septembre 1794) sur la panthéonisation du philosophe :
C’est en quelque sorte la Révolution qui nous a expliqué le Contrat social. Il fallait donc qu’un autre ouvrage nous amenât à la révolution, nous élevât, nous instruisît, nous façonnât pour elle ; et cet ouvrage, c’est Émile, le seul code d’éducation sanctionné par la nature [14].
Charles François Adrien Macret, d’après Moreau le Jeune, Arrivée de Jean-Jacques Rousseau aux champs Élysées, 1782
Charles François Adrien Macret, d’après Moreau le Jeune, Arrivée de Jean-Jacques Rousseau aux champs Élysées, 1782
Berthault, d’après Girardet, Apothéose de J.-J. Rousseau. Translation au Panthéon, le 11 octobre 1794 (20 vendemiaire an III), 1802
Berthault, d’après Girardet, Apothéose de J.-J. Rousseau. Translation au Panthéon, le 11 octobre 1794 (20 vendemiaire an III), 1802
9Malgré ces efforts, plus de trois ans se sont écoulés entre la pétition de l’été 1791 et la réalisation du projet à l’automne 1794. Ce retard est dû à la mauvaise volonté de Girardin qui tient à garder à Ermenonville la dépouille prestigieuse et touristiquement attractive de Rousseau et peut-être aussi aux réticences de Robespierre dont on a dit qu’il jalousait ce « père de la Révolution » auxquels tous se référaient. Thérèse Levasseur en revanche, qui était en délicatesse avec les amis de Rousseau depuis son idylle avec un palefrenier anglais de Girardin, compte sur la Convention pour la remettre à sa place de veuve éplorée et lui accorder une substantielle pension. Elle donne son accord, le 11 avril 1794, pour le transfert au Panthéon, ruinant ainsi définitivement les efforts de Girardin. Les restes de Jean-Jacques Rousseau sont alors déclarés propriété nationale et la décision du transfert est votée le 14 avril. Il faut cependant attendre le 9 thermidor pour que l’entreprise commence à se réaliser, avec la présentation du rapport de Lakanal, le 15 septembre. La cérémonie a lieu le 11 octobre 1794 avec un succès qui contraste avec l’échec de celle consacrée à Marat.
10Depuis le printemps, le Comité d’instruction publique avait vu arriver plusieurs manuscrits du philosophe du fait des confiscations mais aussi grâce à des dons. Ce premier « fonds » Rousseau suscite un intérêt égal à la popularité de l’écrivain, intérêt qui se concrétise par diverses mesures au moment de la panthéonisation.
11Un autre rapport de Lakanal, présenté le 27 septembre, soulignait l’intérêt, plus politique qu’archivistique, des manuscrits de Rousseau :
Il n’est pas douteux, d’après les renseignements parvenus à votre Comité, qu’il n’existe dans des portefeuilles particuliers des manuscrits de Jean-Jacques Rousseau qui n’ont pas encore éclairé l’Europe. Nous avons lieu de croire que les dépositaires de ces ouvrages précieux n’en frustreront pas plus longtemps leur pays, l’art de jouir de ces trésors, c’est de les répandre à propos et c’est aux Français régénérés qu’il appartient surtout de posséder les ouvrages du philosophe qui a amené la Révolution de la liberté [15].
13À la suite de cette déclaration militante, Lakanal est chargé de collationner les manuscrits en vue de l’édition de tous les inédits. Sans le formuler, Lakanal regarde à l’évidence vers la Suisse : Genève où, depuis le décès de Moultou en 1787, ses enfants avaient commencé à disperser ses papiers, et Neuchâtel où Du Peyrou meurt le 13 novembre 1794. La date de la panthéonisation avait été choisie pour coïncider avec l’arrivée des représentants de la jeune république genevoise dont on ne sait s’ils apprécièrent cette partie du rapport ; ils en eurent connaissance puisqu’il fut immédiatement publié par l’Imprimerie nationale sous le titre : Convention nationale. Rapport sur J.-J. Rousseau, fait au nom du Comité d’instruction publique, par Lakanal, dans la séance du 29 fructidor. Imprimé par ordre de la Convention nationale et envoyé aux départemens, aux armées et à la république de Genève.
14Le 28 septembre, Grégoire, ne voulant pas être en reste, évoque les manuscrits de Rousseau devant la Convention, résumant leur situation avec quelques inexactitudes et exhortant en conclusion ses « camarades du mont Blanc à faire faire des recherches dans leur département ; on y retrouvera sûrement encore quelques manuscrits de Jean-Jacques : je sais qu’il en existe à Chambéry ». Cette allocution est publiée dans Le Moniteur [16].
15Le 2 octobre 1794, le libraire Poinçot est autorisé à copier et collationner les manuscrits pour compléter l’édition des Œuvres complètes [17]. Le 12 octobre, René de Girardin lit une note revenant sur le sujet [18]. Le lendemain, un décret de la Convention décide que les manuscrits ayant servi à la dernière édition des œuvres de Jean-Jacques seront déposés à la Bibliothèque nationale. À cette occasion, le protestant Boissy d’Anglas fait une déclaration qui reprend le rapport de Lakanal :
Il est un autre monument à élever à la gloire de J.-J. Rousseau : c’est de déposer ses manuscrits dans la Bibliothèque nationale. Il y a dix ans, lorsqu’on imprima ses œuvres, que les éditeurs s’engagèrent, par un écrit entre eux, à déposer ses manuscrits dans la bibliothèque d’un peuple libre. Jusqu’à présent, ils n’avaient pu le trouver ; aujourd’hui il existe : c’est le peuple français. Je propose que la Convention fasse demander ces manuscrits à l’un des éditeurs, habitant Neuchâtel en Suisse [19].
17La Bibliothèque nationale, « bibliothèque d’un peuple libre » (on songe à la « bibliothèque des États-Unis de l’Europe » du testament de Victor Hugo) était donc destinée à héberger un mythique « fonds Rousseau ». Mais il y a loin de la coupe aux lèvres comme nous le verrons.
En quête des manuscrits de Jean-Jacques
Les manuscrits d’Hérault de Séchelles
18Le procès-verbal du 20 avril 1794 mentionne que :
[…] feu Hérault, représentant du peuple, était possesseur des manuscrits de l’Émile et de l’Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, écrits de la main de cet écrivain célèbre et qu’il serait intéressant de veiller à leur conservation ; il propose qu’il soit arrêté que la Commission des arts se transportera chez feu Hérault pour recueillir lesdits manuscrits ainsi que le portrait de Mme de Warens et les transporter à la Bibliothèque nationale et en tirer récépissé. Cette proposition est adoptée [20].
20Le girondin Hérault de Séchelles avait été guillotiné le 5 avril. C’est Dom Poirier [21], membre de la section de bibliographie, qui est chargé de cette mission. Son rapport sur sa visite au domicile de Hérault, le 1er prairial an II (20 mai 1794), indique qu’il s’agit d’un second examen et précise que « les deux manuscrits d’Émile et de La Nouvelle Héloïse » et le portrait de Mme de Warens se trouvaient dans la commode de la chambre à coucher et qu’ils ont été « déposés au Comité d’instruction publique [22] ». Notons que Dom Poirier parle de deux manuscrits, c’est-à-dire des manuscrits des deux œuvres et ne donne aucune indication sur le nombre de volumes saisis. Comme il n’était pas homme à oublier des manuscrits, on peut donc partager l’avis de Guillaume qui estime que tous les manuscrits de Rousseau ont été saisis, c’est-à-dire L’Émile et les quatre volumes contenant les six parties de La Nouvelle Héloïse. Or si L’Émile et deux volumes de La Nouvelle Héloïse sont restés dans la bibliothèque du Comité, les deux premiers volumes et le portrait de Mme de Warens ont été rendus à la mère du conventionnel en vertu du décret du 14 floréal an III (3 mai 1795) qui ordonnait la restitution des biens des condamnés. Le désordre qui régnait alors, et qui est signalé à la même époque dans les procès-verbaux du Comité d’instruction publique, aurait permis de prétendre que les autres manuscrits avaient disparu. Mme Hérault mourut le 31 août 1798 et la vente de ses livres eut lieu le 16 novembre 1801. La Notice des livres après le décès du citoyen Hérault de Séchelles…, porte, au verso de la page de titre, l’indication suivante : « Feu M. de Séchelles fit de nombreuses recherches et de longs voyages pour se les procurer, et le manuscrit de la Nouvelle Héloïse lui coûta en Hollande 24 000 livres. » Les deux volumes furent achetés par le libraire Rivière pour la somme dérisoire de 700 francs. Le 27 octobre 1802, Rivière engage des tractations avec la Bibliothèque nationale par l’intermédiaire du ministère de l’Intérieur [23]. Il demande 12 000 francs : « Ce prix ne vous paraîtra sûrement pas exagéré si vous considérez que je peux l’obtenir d’un étranger [souligné dans le manuscrit] et peut-être davantage [24]. » L’argument-chantage de la vente à l’étranger, déjà évoquée par Grégoire dans son Rapport sur le vandalisme [25] lors de la vente de la collection Pâris à Londres, pouvait avoir du poids. Tel ne fut pourtant pas le cas. La réponse du bibliothécaire Jean Caperonnier au ministre, le 11 décembre 1802, manque d’enthousiasme. Le prix qu’il juge raisonnable d’accepter est de 1 500 francs, 2 000 francs à la rigueur si le paiement se fait avec des livres tirés des dépôts nationaux. « Le citoyen Rivière doit être d’autant moins difficile qu’il existe d’autres manuscrits autographes de Jean-Jacques Rousseau, ce qui en est le seul mérite, et qu’ainsi le sien n’est pas unique. » Rivière ne trouvant pas d’acheteur, il relance les négociations un an et demi plus tard en rabaissant ses prétentions à 4 500 francs. Sa lettre demeure sans réponse et trois ans passent. Le chef de la division des fonds et de la comptabilité écrit en termes pressants au directeur de la Bibliothèque impériale :
La fixation du crédit de la Bibliothèque impériale portée dans le budget de l’an XIII à 30 000 permet expressément des achats extraordinaires de livres. Permettez que dans cette heureuse circonstance, je vous renouvelle ainsi qu’à Messieurs vos collègues, l’intérêt que je prends à la proposition que vous a faite M. Rivière de son manuscrit de la Nouvelle Héloïse en 2 vol. et que vous avez acceptée provisoirement en attendant la connaissance de vos ressources [26]…
Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse, « copie personnelle », vol. II, lettre II à Milord Édouard
Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse, « copie personnelle », vol. II, lettre II à Milord Édouard
22Rivière demandait 4 800 francs mais la bibliothèque proposa 1 500 ou 1 800 francs et l’affaire en resta là. Le premier volume figure dans la vente du duc de Newcastle en juin 1937, cependant que le second passa dans la collection Louis Barthou (vente 1935, n° 22), puis dans la collection Pierre Leroy (vente Sotheby’s, 27 juin 2007, n° 96) avant d’être acquis par un collectionneur privé, ni la BNF, ni la Bibliothèque de Genève, ni la Fondation Bodmer n’ayant pu suivre les enchères.
23On ne peut que déplorer le manque d’enthousiasme des bibliothécaires de la BN et se féliciter de la négligence, ou de l’habileté de ceux du Comité d’instruction publique qui ont permis à la bibliothèque de l’Assemblée nationale de conserver les deux derniers volumes de la « copie personnelle » contenant les quatrième, cinquième et sixième parties de La Nouvelle Héloïse.
La copie de La Nouvelle Héloïse de la maréchale de Luxembourg
24Le 3 juillet 1794, l’imprimeur-libraire Martin-Sylvestre Boulard [27] signale au comité que :
Ce rapport est contresigné par Massieu [29]. L’incontournable Dom Poirier est chargé de récupérer les manuscrits dont l’inventaire est conservé dans ses archives [30]. Cette célèbre copie, reliée avec les dessins de Gravelot, se trouve à la bibliothèque de l’Assemblée nationale [31].Il se trouve chez la femme Boufflers [28], condamnée, un manuscrit de La Nouvelle Héloïse écrit de la main de Jean-Jacques Rousseau dans lequel on a inséré les dessins originaux de Gravelot ; que dans la même bibliothèque il y a des manuscrits du même auteur, entre autres sa correspondance avec la vieille maréchale de Luxembourg, correspondance où il se trouve des anecdotes très curieuses et surtout des lettres qui prouvent l’authenticité du manuscrit de La Nouvelle Héloïse. Le Comité d’instruction publique a envoyé cet avis à la Commission des arts, qui arrête que la section de bibliographie sera chargée de recueillir ce manuscrit, qui sera confronté avec quelques lettres écrites de la main de Jean-Jacques Rousseau qui existent chez Malesherbes, et qu’il sera remis au Comité d’instruction publique qui en fera l’usage qu’il convient.
Les brouillons de La Nouvelle Héloïse
25Il existe plusieurs récits de leur arrivée au Comité d’instruction publique. Celui du Moniteur est le plus détaillé :
Le 15 fructidor an II (1er septembre 1794), le citoyen Lejeune offre au nom du citoyen Girod, salpêtrier de la République à Mignod-Villars, district d’Arbois, département du Jura, le manuscrit original des lettres de La Nouvelle Héloïse. La Convention nationale décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin de ce don, et le renvoi du manuscrit au Comité d’instruction publique [32].
27Celui des procès-verbaux de la Convention nationale dit seulement que « le représentant du peuple Lejeune, qui a été en commission dans le département du Jura, remet sur le bureau le manuscrit des lettres de La Nouvelle Héloïse qu’il a recueilli dans ce département », mais Girod est orthographié Girard [33].
28Lejeune est à l’évidence Sylvain-Phalier Lejeune, dit Lejeune de l’Indre (1758-1827), montagnard envoyé par le Comité de salut public dans le Doubs et le Jura à la fin de 1793. Rappelé après le 9 thermidor, il est accusé de détournement de biens saisis ; jugé et emprisonné, il doit son salut à l’amnistie du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). On le voit donc se présenter, dès son retour à Paris, devant la Convention nationale avec l’offrande propitiatoire d’un manuscrit du grand Jean-Jacques. On s’interroge sur l’identité de Girard ou Girod, qualifié de « salpêtrier de la République » : le précieux document aurait donc été trouvé fortuitement dans une cave par un homme, dont l’identité importe peu, qui l’aurait remis à l’intègre Lejeune. Il y avait bien des Girod à Mignovillard, petit village jurassien du canton de Nozeroy. Parmi eux les Girod, seigneurs de Novillars, établis à Besançon, dont Claude-François Girod, conseiller au parlement de Besançon à la fin de l’Ancien Régime et qui avait deux fils émigrés. Ce Girod n’en échappa pas moins à la guillotine installée par le conventionnel Lejeune. Dut-il son salut à la remise du manuscrit ? Ce n’est qu’une hypothèse. Une note écrite à l’époque du Directoire par un employé de la bibliothèque du Corps législatif en tête du volume indique que « les fragments de cette première copie ont été trouvés informes dans les papiers de Jean-Jacques Rousseau et offerts dans cet état à la Convention nationale. On les a classés d’après le manuscrit donné par l’auteur à Mme la maréchale de Luxembourg et déposé ensuite à la bibliothèque du Corps législatif [34]. » Reste à savoir comment ce précieux manuscrit, malheureusement incomplet – la BNF a fait, en 2005 seulement, l’acquisition d’un fragment important [35] – a ou aurait abouti en Franche-Comté.
Le manuscrit des Confessions apporté par Thérèse Levasseur
29Le 25 septembre 1794, Thérèse Levasseur se présente à la barre de la Convention pour remettre un paquet cacheté contenant un manuscrit de Rousseau. Ce paquet portait une suscription précisant qu’il avait été remis par l’auteur pour n’être ouvert qu’en 1801. Une confusion, vite dissipée, s’ensuit avec le manuscrit des Dialogues ayant appartenu à Condillac [36].
30Il s’agit du manuscrit trouvé par Girardin sur le bureau de Rousseau à sa mort et qu’il avait gardé par-devers lui malgré les réclamations de Du Peyrou qui disposait d’un acte par lequel Thérèse lui avait remis tous les manuscrits [37]. Le 27 septembre, Lakanal lit son rapport : le manuscrit apporté par Thérèse deux jours plus tôt est celui des Confessions [38], il s’agit d’une copie autographe postérieure à l’impression portant les noms et non les initiales seulement des personnes citées avec « quelques variantes de rédaction et de pensée ». La suscription n’est pas de la main de Rousseau mais de celle de Girardin [39]. Le commentaire de la Décade philosophique, littéraire et politique est plus intéressant, il évoque des « […] variantes de rédaction qui ne sont pas sans intérêt, parce que si sa première idée était celle du génie, il l’effaçait pour la remplacer par le sentiment. Ce manuscrit pourra servir utilement lorsqu’on fera une nouvelle édition des Confessions de Jean-Jacques Rousseau, mais il n’offre pas des différences assez considérables pour le livrer à l’impression [40]. »
31Ayant évoqué les manuscrits conservés par la bibliothèque de l’Assemblée nationale, nous devons faire un retour en arrière pour évoquer ceux que le Comité d’instruction publique n’a pas retrouvés ou n’a pas conservés.
Le manuscrit Condillac des Dialogues
32Le 24 août 1794, un certain Jussieu, habitant Lyon et de passage à Paris, écrit au Comité d’instruction publique afin de signaler l’existence d’un manuscrit détenu par sa cousine germaine, la citoyenne Mably, nièce de Condillac.
Il y a dans ma famille un dépost prétieux fait par Jean-Jacques Rousseau sous ce titre : « Depost fait à l’amitié par Jean-Jacques Rousseau, pour être ouvert en 1800 » [41].
34Condillac le laissa à sa nièce qui le déposa chez un notaire à Beaugency puis, à la mort de ce dernier, le manuscrit passa dans une autre étude.
35Le comité fit répondre à Jussieu sur le champ en l’invitant à lui procurer le document en question [42]. Il est ensuite plusieurs fois fait mention de ce manuscrit mais il ne figure pas dans les papiers de Dom Poirier et aucun rapport n’indique s’il a été réellement examiné.
36Nous savons qu’il s’agissait du cahier autographe daté de février 1776, première « copie au net », selon la formule de Rousseau, de ces « Anti-Confessions » que l’écrivain, dans son délire de persécution, avait tenté de déposer en février 1776 sur le maître-autel de Notre-Dame dans une chemise portant la célèbre suscription « Dépôt remis à la Providence ». Des grilles en défendant l’accès, il le remit finalement à Condillac, à charge de ne pas le publier avant la fin du siècle. Condillac plaça le tout dans une enveloppe scellée portant l’inscription de sa main « Dépôt fait à l’amitié… ». De l’hospice de Beaugency où il se trouvait à la fin du xixe siècle, le manuscrit mythique passa successivement au xxe siècle dans deux collections privées avant d’entrer à la BNF en 1996 par dation [43].
Les « cahiers » Masuyer
37Le 18 octobre 1794, Lakanal, qui a certainement lu les commentaires de la Décade sur le manuscrit des Confessions, présente « quinze cahiers écrits en entier de la main de ce grand homme offerts par la citoyenne Masuyer [44], veuve ou mère du représentant [45] » :
La lecture des manuscrits de Jean-Jacques Rousseau, l’auteur du Contrat social et de l’Émile fournit naturellement une réflexion qu’on n’a pas faite jusqu’ici dans les divers jugements qu’on a portés sur le caractère de ce grand homme ; son premier jet dans la composition est toujours une pensée ingénieuse, mais il l’efface ensuite pour y substituer le sentiment. Dans toutes les ratures de ses ouvrages, le langage du cœur est substitué à celui de l’esprit [46].
Texte de la main de Condillac sur l’enveloppe contenant le manuscrit des Dialogues de Jean-Jacques Rousseau
Texte de la main de Condillac sur l’enveloppe contenant le manuscrit des Dialogues de Jean-Jacques Rousseau
39Commentant ce rapport, la Décade fait des observations d’une étonnante modernité qui préfigurent presque la génétique textuelle :
[…] ils renferment divers morceaux qui n’ont jamais paru, et les germes des principales productions de son génie. On y voit, dit-il, les premiers jets des pensées de ce philosophe, et les modifications qu’elles ont éprouvées avant d’avoir cette perfection admirable de style, qu’on trouve dans tout ce qui est sorti de sa plume. Ce sera là un excellent traité de l’art d’écrire. Il ajoute qu’il espère offrir bientôt l’original de l’ouvrage des lettres de Rousseau sur le gouvernement de Pologne ; il fut, dans le temps, communiqué par l’auteur à Necker, qui le fit copier et mettre au net. Cet ouvrage est d’autant plus précieux qu’il s’y trouve plusieurs passages importants, qui n’ont pas été imprimés, parce qu’ils parurent trop forts au despotisme [47].
41L’article n’est pas signé. Peut-être est-il de Jean-Baptiste Say, rédacteur en chef du périodique, dont les archives, conservées à la BNF, nous apprennent qu’il travaillait à la rédaction d’un « Traité de l’art d’écrire » [48].
42Que dire de « l’original de l’ouvrage des lettres de Rousseau sur le gouvernement de Pologne » annoncé par Lakanal ? On sait que le manuscrit original des Considérations sur le gouvernement de Pologne, que Rousseau avait remis au comte Wielhorsky, se trouve à Cracovie [49]. Du Peyrou avait en sa possession « un manuscrit sur la Pologne de 200 pages », ainsi qu’il l’écrit à Girardin le 27 septembre 1778. Ce dernier lui répond le 4 octobre en mentionnant dans la liste des manuscrits qu’il possède un manuscrit raturé sur la Pologne, un « brouillon incomplet » de 87 pages in-4° dont les pages 83 à 86 manquent, trouvé dans les papiers de Rousseau après sa mort. Il est aussi probable que Rousseau avait remis un manuscrit à Moultou en même temps que celui des Confessions et de ses autres œuvres en 1778 [50]. Enfin le catalogue de la bibliothèque de Mirabeau (1792) mentionne que « l’original de cet ouvrage a été communiqué par J.-J. Rousseau à M. Necker » mais H. de Saussure fait table rase de cette légende : Rousseau n’ayant jamais eu de contact avec Necker, il ne peut s’agir que du manuscrit de Moultou qui logeait chez les Necker lorsqu’il séjournait à Paris [51]. En tout cas ce manuscrit, aujourd’hui disparu, a probablement fait partie de ceux qui ont été dispersés à la mort de Moultou en 1787 par ses enfants.
Chemises contenant le manuscrit des Dialogues confié à Condillac par Rousseau
Chemises contenant le manuscrit des Dialogues confié à Condillac par Rousseau
43Le Journal de la bibliothèque du Comité d’instruction publique conservé aux Archives nationales mentionne le dépôt fait par Lakanal des cahiers Masuyer à la bibliothèque du Comité le 4 brumaire an III (25 octobre 1794) et décrit : « deux petits cartons de vieux parchemins contenant quinze petits registres en cahiers qui renferment des notes écrites de la main de J.-J. Rousseau ». Dans la marge de droite, une note précise que « la citoyenne Masuyer qui était propriétaire de ces manuscrits les a retirés de la bibliothèque d’après un arrêté du Comité qui l’y autorisait [52] ».
44D’après les procès-verbaux du Comité d’instruction publique, il semble que la citoyenne Masuyer, n’ayant pas obtenu le prix escompté pour ses cahiers, les a donc récupérés le 6 floréal an III (25 avril 1795) de sorte que l’on ignore ce qu’ils sont devenus. Entretemps Lakanal, aidé de deux collaborateurs, avait recopié ces manuscrits en vue d’une édition.
Les avatars de l’édition Lakanal
45Le 2 novembre 1794, le Comité avait confié à Lakanal la tâche « de faire faire les travaux nécessaires pour extraire des divers manuscrits de Jean-Jacques Rousseau les ouvrages qui ne sont pas imprimés, afin de les livrer au public [53] » tout en chargeant Massieu, le 8 novembre suivant, de « prendre des mesures pour procurer à la nation les manuscrits de divers écrivains dont J.-J. Rousseau [54] ».
46Mais l’intérêt pour les manuscrits de Rousseau s’était émoussé peu à peu dans une atmosphère de confusion générale. Dans la séance du 21 février 1795 de la Convention nationale, la remarque est faite « qu’il n’est parvenu depuis très longtemps à votre Comité d’instruction publique que quelques volumes de Jean-Jacques Rousseau, tous dépareillés et un de ses manuscrits ». Et l’intervenant ajoute :
À l’aide d’une surveillance continuelle, on peut espérer de mettre fin aux scandaleuses soustractions qui ont eu lieu jusqu’à cet instant et que vous vous empresserez de réprimer [55].
48Le rapport de Lakanal est publié sans date, à l’imprimerie Baudouin, sans doute à la fin de 1796 ou au début de 1797 sous la forme d’une brochure in-8° de 7 p. intitulée Publication des manuscrits de J.-J. Rousseau, par Lakanal.
J’ai été chargé par divers arrêtés du Comité d’instruction publique de la Convention nationale, de faire procéder au dépouillement d’un grand nombre de manuscrits autographes de J.-J. Rousseau. Ce travail avait pour but d’extraire de ces manuscrits réunis dans la bibliothèque du Comité d’instruction publique, et dans plusieurs autres dépôts littéraires, tout ce qui n’avait pas été publié. […] Ce travail, fait avec un soin éclairé, a fourni 17 cahiers de 20 pages chacun. Deux renferment des additions considérables au Contrat social ; trois des additions à l’Émile ; trois à l’Héloïse ; deux aux Confessions ; deux aux écrits sur la musique ; un renferme des vues générales sur l’agriculture, le commerce et les finances ; deux contiennent des notes sur les personnages cités par l’auteur, et la clef de ses écrits, ou la nomenclature des noms qui n’y sont indiqués que par les lettres initiales. Avec ces extraits, on publie un grand nombre de lettres écrites par le philosophe de Genève à plusieurs savants, gens de lettres et artistes, qui ont bien voulu me les communiquer et me permettre de les donner au public. […] Un grand nombre de ces extraits font partie du grand ouvrage annoncé dans les premières pages du Contrat social et dont le Contrat social n’est lui-même qu’un extrait : ce sont les matériaux d’un édifice que l’auteur n’eut pas le temps d’élever mais auquel il travailla toute sa vie. […] Ce sont donc, comme on le voit, des articles travaillés avec soin, que nous nous proposons de donner au public, et non des esquisses informes. Nous ne nous sommes pas servis de quelques manuscrits chargés de notes marginales et interlinéaires, qui contiennent les premiers jets des pensées de l’auteur ; ces manuscrits d’ailleurs forment une propriété particulière réclamée par les propriétaires et à laquelle nous ne nous permettons pas de toucher. Aucun des articles que nous publions n’a été imprimé. Les manuscrits, au nombre de vingt-six, dont ils sont tirés, n’ont été confiés qu’aux agents immédiats du Comité d’instruction publique. Poinçot, pour l’édition in-4° des Œuvres de Rousseau, Didot jeune pour la magnifique édition de la veuve Maisonneuve, n’ont eu à leur disposition et n’ont compulsé que les manuscrits qui ont appartenu à Madame de Luxembourg, les fragments de l’Héloïse apportés du Jura, et l’exemplaire des Confessions [56] offerts à la Convention nationale par la veuve de Jean-Jacques. Le travail des commissaires du comité d’instruction n’a porté sur aucun de ces manuscrits déjà connus [57].
50L’ouvrage devait être publié en souscription au prix, élevé, de 72 livres pour l’édition in-4°.
51Le projet n’aboutit pas. En 1836, Quérard, après avoir repris le rapport Lakanal, conclut :
[…] l’éditeur n’ayant pas obtenu de souscriptions suffisantes pour couvrir les frais de l’entreprise, M. Lakanal ne publia pas ces manuscrits [58].
53À l’époque où sont publiées ces lignes, Lakanal était rentré depuis trois ans en France après un long séjour aux États-Unis. Il meurt en 1845 dans la pauvreté, sans avoir tenté de reprendre son projet. Il s’était remarié à soixante-seize ans avec une femme de trente ans dont il avait eu un fils l’année suivante. On ignore à ce jour ce que sont devenus ses cahiers.
54En dépit des « scandaleuses soustractions » signalées en 1795, le bilan est riche pour la bibliothèque du Comité d’instruction publique devenue bibliothèque du Corps législatif puis du Conseil des Cinq-Cents, l’actuelle bibliothèque de l’Assemblée nationale : trois états successifs de La Nouvelle Héloïse, incomplets il est vrai pour les deux premiers, L’Émile et Les Confessions.
55Les pertes ont été nombreuses : le manuscrit Condillac des Dialogues récupéré deux siècles plus tard par la BNF [59], les cahiers Masuyer rendus à leur propriétaire, les cahiers de l’équipe Lakanal, un grand nombre de brouillons dont la lettre 18 de la troisième partie de La Nouvelle Héloïse rachetée en 2005 par la BNF, ceux qui se trouvent à la bibliothèque de la Sorbonne, à la BPU de Genève ou toujours en mains privées comme la lettre 22 de la deuxième partie de La Nouvelle Héloïse, récemment passée en vente, ainsi que les deux volumes de la copie personnelle contenant les trois premières parties.
56Quant à la Bibliothèque nationale, où devaient être déposés tous les manuscrits de Rousseau, elle n’a rien obtenu. À la fin de la Révolution, seul lui demeure le recueil de manuscrits musicaux entré en 1781.
57Qu’en conclure ? Dans le contexte agité des confiscations révolutionnaires et compte tenu du désordre qui régnait dans les dépôts, ce résultat n’est peut-être pas si médiocre qu’il le semble au premier abord. Une telle démarche de prospection et de rassemblement des manuscrits d’un auteur contemporain n’avait jamais été tentée auparavant par une institution publique et il faudra attendre longtemps pour que cette expérience, qui nous paraît très moderne, soit renouvelée. Notons toutefois que la recherche et la préservation des manuscrits étaient alors tributaires de l’existence ou tout du moins du projet d’une entreprise éditoriale. C’est parce que Lakanal n’a pas trouvé de souscripteurs que la bibliothèque du Comité a refusé d’acheter les cahiers Masuyer, décision qui a pu influencer, en dehors de toute considération idéologique, les bibliothécaires de la Bibliothèque nationale.
58On est encore loin de l’intérêt pour les manuscrits littéraires qui se développera au milieu du xixe siècle pour s’épanouir à la fin du xxe siècle avec l’invention et le succès de la génétique textuelle.
Notes
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[1]
Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale, éd. James Guillaume, Paris, Imprimerie nationale, 1891-1958, 7 tomes en 8 vol. ; ensuite abrégé : Guillaume.
-
[2]
Guillaume, t. V, p. 208. Le Mierre était un auteur dramatique et poète reçu à l’Académie française en 1781.
-
[3]
Voir Michèle Sacquin, « Les manuscrits littéraires du xviiie siècle à la BNF », Genesis, n° 34, 2012, p. 151-162.
-
[4]
François Moureau, « Du bon usage des manuscrits et des autographes littéraires : le cas du xviiie siècle », dans Le Manuscrit littéraire, son statut du Moyen Âge à nos jours, « Travaux de littérature publiés par l’ADIREL », n° XII, Klincksieck, 1998, p. 196-210.
-
[5]
Hermine de Saussure, Étude sur le sort des manuscrits de J.-J. Rousseau, Neuchâtel, H. Messeiller, 1974, p. 10. Voir aussi R.-A. Leigh, « Les manuscrits disparus de Jean-Jacques Rousseau. Quelques observations et quelques fragments retrouvés », Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, n° 34, 1956-1958.
-
[6]
Voir l’article de Nathalie Ferrand, infra, p. 70-79.
-
[7]
François Moureau, « Les inédits de Rousseau et la campagne de presse de 1778 », Dix-huitième siècle, n° 12, 1980, p. 411-425.
-
[8]
Le manuscrit a été déposé par Boothby à la British Library. Son admiration pour Rousseau a été immortalisée par le portrait, peint par Joseph Wright of Derby en 1781 et conservé à la Tate Gallery, représentant le baronet romantiquement allongé dans un bois, un livre de son mentor à la main.
-
[9]
Philippe Lejeune, « Rousseau coupé », dans Catherine Viollet et Claire Bustarret (dir.), Genèse, censure et autocensure, Paris, CNRS éditions, 2005, p. 37-58. Concerne les manuscrits et les éditions des Confessions.
-
[10]
Voir la liste de ces manuscrits restés inédits au début de la Révolution dans « Notice sur les ouvrages de musique composés par J.-J. Rousseau », Œuvres complètes, Paris, Furne, 1835-1836, t. III, p. 447-448. Une grande partie de ces manuscrits sont demeurés inédits.
-
[11]
BNF, Musique, Res. Vm7 667. Voir l’article de Cécile Reynaud, infra, p. 80-88.
-
[12]
Voir Roger Barny, Rousseau dans la Révolution. Le personnage de Jean-Jacques et les débuts du culte révolutionnaire (1787-1791), Oxford, Voltaire Foundation, 1986.
-
[13]
Composé en octobre 1791, il compta vingt-quatre membres jusqu’en août 1794, puis seize seulement. Lakanal y siégea 12 mois par intermittence à partir de février 1793. Le décret du 22 août 1794 donna à tous les comités, celui de la marine excepté, la faculté de prendre des « arrêtés exécutoires » sans en référer à la Convention.
-
[14]
Guillaume, t. V, p. 43.
-
[15]
Guillaume, t. V, p. 90.
-
[16]
Guillaume, t. IV, p. 978.
-
[17]
Guillaume, t. V, p. 106.
-
[18]
Guillaume, t. V, p. 127 ; t. VI, p. 939.
-
[19]
Guillaume, t. VI, p. 938.
-
[20]
Guillaume, t. IV, p. 237.
-
[21]
Dom Germain Poirier (1724-1803), bénédictin de Saint-Maur, garde des archives à l’abbaye de Saint-Denis, puis à Saint-Germain-des-Prés, sous-bibliothécaire à l’Arsenal (1796). Gagné aux idées révolutionnaires, il sera membre de la Commission des monuments puis de la Commission temporaire des arts au côté d’Ameilhon, son collègue à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il visita avec zèle les bibliothèques d’émigrés et d’ecclésiastiques à la recherche de manuscrits.
-
[22]
Dom Poirier, rapport à la Commission temporaire des arts daté du 5 prairial an II (24 mai 1794), dans « Papiers de Dom Poirier relatifs à diverses bibliothèques d’émigrés à Paris (1792 – an III) », BNF, Manuscrits, Français 20843 (f. 143).
-
[23]
Le ministre de l’Intérieur était le chimiste Jean-Antoine Chaptal.
-
[24]
Voir M. Sacquin, « Comment le manuscrit de La Nouvelle Héloïse a échappé à la BN », Revue de la Bibliothèque nationale, n° 32, été 1989, p. 70-72 et « La Bibliothèque nationale et les manuscrits d’auteurs pendant la Révolution française et sous l’Empire », dans Le Manuscrit littéraire, son statut du Moyen Âge à nos jours, op. cit., p. 249-258.
-
[25]
Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer, présenté à la Convention le 14 fructidor an II, et les 3 brumaire et 24 frimaire an III (24 octobre et 14 décembre 1794), Paris, Imprimerie nationale, s. d.
-
[26]
Voir M. Sacquin, « Comment le manuscrit de La Nouvelle Héloïse a échappé à la BN », art. cit.
-
[27]
Martin-Sylvestre Boulard (1750-1809), auteur d’un Traité de bibliographie. Voir Frédéric Barbier, Sabine Juratic, Annick Mellerio, et al., Dictionnaire des imprimeurs, libraires et gens du livre à Paris (1701-1789). A-C, Genève, Droz, 2007.
-
[28]
Marie-Charlotte Hippolyte de Campet de Saujon, par son mariage comtesse de Boufflers (1724-1800). Salonnière, anglophile, elle reçut tous les philosophes dont Rousseau. Arrêtée durant la Terreur, elle est acquittée par le tribunal révolutionnaire. C’était une grande amie de Madeleine Angélique de Neufville de Villeroy (1707-1787), deuxième épouse de Claude-François de Montmorency maréchal de Luxembourg.
-
[29]
BNF, Manuscrits, Français 20843, Papiers de « Dom Poirier », f. 24.
-
[30]
Ibid., f. 39.
-
[31]
Bibliothèque de l’Assemblée nationale, Ms P. 7077 (nos 1433-1438).
-
[32]
Extrait du Moniteur universel cité par Guillaume, t. VI, p. 933.
-
[33]
Ibid.
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[34]
Bibliothèque de l’Assemblée nationale, MS 1494.
-
[35]
Il s’agit de la lettre 18 de la IIIe partie. BNF, Manuscrits, NAF 28006. Ce manuscrit est consultable en ligne sur Gallica avec les manuscrits de la bibliothèque de l’Assemblée nationale.
-
[36]
Guillaume, t. V, p. 89. Voir infra.
-
[37]
H. de Saussure, Étude sur le sort des manuscrits de J.-J. Rousseau, op. cit., p. 17.
-
[38]
Bibliothèque de l’Assemblée nationale, MS S 6049, relié en 2 volumes.
-
[39]
Voir H. de Saussure, Rousseau et les manuscrits des Confessions, Paris, E. de Boccard, 1958, p. 4. H. de Saussure se trompe sur l’année de remise du manuscrit qu’elle date de 1795, en revanche elle décrit précisément le manuscrit qu’elle a vu à la bibliothèque de l’Assemblée nationale et signale qu’il porte les souscriptions des membres de la commission Lakanal.
-
[40]
Décade philosophique, littéraire et politique, 1794, t. III, p. 62.
-
[41]
Guillaume, t. IV, p. 977.
-
[42]
Ibid., p. 969.
-
[43]
BNF, Manuscrits, NAF 25700 (1) et (2).
-
[44]
Louise-Antoinette Denoyer, Mme Pierre Masuyer, mère de Claude-Louis Masuyer (1759-1794), député de Saône-et-Loire, girondin, guillotiné sous la Terreur.
-
[45]
Guillaume, t. V, p. 142.
-
[46]
Guillaume, t. V, p. 90.
-
[47]
Décade philosophique, littéraire et politique, 1794, t. III, p. 244. Sur les péripéties de la première édition, les réticences de Wielhorsky et la censure de Vergennes, voir H. de Saussure, Rousseau et les manuscrits des Confessions, op. cit., p. 24.
-
[48]
BNF, Manuscrits, NAF 26234.
-
[49]
H. de Saussure, Rousseau et les manuscrits des Confessions, p. 20.
-
[50]
Ibid., p. 22.
-
[51]
Ibid., p. 26.
-
[52]
Archives nationales, MM983, f. 22.
-
[53]
Guillaume, t. V, p. 197.
-
[54]
Guillaume, t. V, p. 208. Il faut aussi signaler que des renseignements auraient été pris sur un manuscrit du Contrat social acquis par Chapelier à la vente Mirabeau (PV du 4 novembre 1794, dans Guillaume, t. V, p. 201).
-
[55]
Guillaume, t. V, p. 504.
-
[56]
La première publication du texte complet du manuscrit de l’Assemblée nationale se trouve dans l’édition de 1817 chez Déterville et Lefèvre.
-
[57]
Décade philosophique, littéraire et politique, 1797, t. XII, p. 478.
-
[58]
Joseph-Marie Quérard, La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que des littérateurs étrangers qui ont écrit en français, plus particulièrement pendant les xviiie et xixe siècles, Paris, Firmin Didot père et fils, 1836, t. VIII, p. 224.
-
[59]
Le manuscrit de l’Assemblée nationale est une autre version achetée en 1819 sous l’administration de Druon (1811-1833) qui fit beaucoup pour Rousseau.